Cela faisait plusieurs jours qu'ils étaient coincés ici, en l'an ilnesavaitpluscombien19. Plusieurs jours qu'il était au service du Concierge de l'école... Il avait d'ailleurs mis un moment à comprendre que si on le regardait différemment mais qu'il n'était pas pour autant chassé de l'école, c'était parce que sa combinaison était celle de l'assistant de celui qui aurait normalement dû être son pire ennemi mais comme il fallait passer inaperçu et bien il faisait sagement ce qu'on lui demandait... C'était horrible. Il avait rapidement perdu la trace de ses camarades de galère, réussissant seulement à les croiser par moment. Il se souvenait qu'elles allaient loger à Poufsouffle si bien qu'il passait dans les environs plus de temps que nécessaire mais en vain... Contrairement à son habitude, l'inquiétude se faisait sentir. Son insouciance n'avait pas tenue bien longtemps ici, lors qu'il ne savait pas toujours comment s'en sortait Rhiannon, ce qu'elle faisait, si elle avait des ennuis... Sans parler des deux gamines qui, manque d'adultes responsables et agréables, étaient un peu sous sa responsabilité... Chacun devait faire son petit bonhomme de chemin dans son coin, vaquer tant bien que mal à ses occupations... Et quelles occupations !

Il avait passé les heures précédentes à s'improviser magicanicien alors qu'il n'avait jamais fait ça de sa vie puisqu'il n'y avait pas la moindre technologie magique à son époque ! Enfin, ça avait du bon puisqu'il finissait par savoir désactivement les sortes de caméras et de micros magiques qu'il y avait de poster un peu partout dans l'école, ça pourrait peut-être se révéler utile à un moment ou à un autre... Ca n'avait pas été si simple de se mettre dans le bain, son supérieur lui avait demandé à plusieurs reprises où est-ce qu'il avait appris son job sans qu'il n'ose lui dire qu'il n'avait jamais rien appris du tout, et encore moins dans cette optique-là, et puis il lui avait fallu surveiller des retenues, chose atroce lorsqu'on avait plutôt l'habitude d'y être convié de l'autre côté du bureau... Il avait été contraint également de réparer de nombreuses choses cassées par les élèves et/ou animaux, de confisquer des farces et attrapes nouvelle génération sans jouer avec derrière puisqu'il ''fallait apprendre le métier''. Les avantages n'étaient pas nombreux, et à part lui faire comprendre que Jefferson avait la vie dure, ça ne servait pas à grand chose. Il n'avait pas pour autant l'intention de renoncer à sa vie de trouble-fête pour autant, mais peut-être en viendrait-il à lui filer un coup de main pour réparer les dégâts, à l'avenir...

Heureusement, une nouvelle était venue égayer sa journée. Glissé discrètement dans le tiroir de son bureau provisoire, un petit mot l'attendait bien sagement. Il l'avait déplié à la va-vite et avait eu la joie de reconnaître l'écriture de son amie, qui le conviait à une entrevue discrète à l'extérieur du château, là où ils ne pourraient pas être surpris ensemble. Non, le concierge même s'il n'était qu'assistant n'était pas autorisé à fraterniser avec les élèves. C'était bien dommage d'ailleurs ! Après avoir questionné son maître concierge pour savoir où il pourrait trouver une combinaison de civil ''puisque sa valise restait introuvable'', ce dernier lui avait bien gentiment passé l'une des siennes après l'avoir programmée pour qu'elle lui convienne parfaitement. Il n'en avait pas attendu tant et ne lui laissa pas le temps de changer d'avis qu'il avait déjà disparu dans le couloir pour retrouver sa chambre. Enfin, il fallait le dire vite, c'était plutôt un placard à balais avec un lit et une fenêtre numérique qui ne donnait pas vraiment sur le dehors mais sur un mur mais qui affichait plus ou moins ce qu'il voulait. Du coup, il avait depuis son lit une jolie vue sur Ballycastle. Il n'aurait jamais pu imaginer que son chez lui lui manquerait autant. Sa soeur, même, lui manquait... La lumière s'allumait dès qu'il entrait dans la pièce et s'éteignait dès qu'il en sortait ou qu'il lui disait bonne nuit tandis que l'heure s'affichait dès qu'il regardait fixement un mur plus de trois secondes. C'était pratique. Mais ça ne valait pas le papier démodé et les posters en tout genre qui recouvraient les murs de sa vraie chambre... Les vieilles photos dénudées de Linda Lovelace, Marilyn Monroe et autres jolies filles du genre qu'il avait trouvé dans les affaires de son grand-père, dans de vieilles valises au grenier, ses vieilles housses de couette avec Mickey, Spiderman et compagnie ou l'affreux tapis qui servait il y a fort longtemps de circuit pour ses petites voitures lui paraissaient être la meilleure décoration du monde. Qu'il avait hâte de rentrer !

En moins de temps qu'il n'en aurait fallu pour le dire, Flynn avait revêtu sa nouvelle tenue futuriste et s'était fait la malle au plus vite. Il était hors de question que Rhiannon ne l'attende aujourd'hui, aussi avait-il pris tous les ascenseurs qui se trouvaient à sa portée pour retrouver le hall d'entrée. On était Samedi, et même si les vacances n'existaient pas ici, les week-ends eux avaient la vie dure, si bien qu'il était difficile de se frayer un chemin parmi la foule qui s'entassait toujours davantage, quittant le château à la queue-leu-leu en scannant un espèce de badge qu'il ne pouvait pas voir d'ici. Si la blonde était coincée là-dedans, il allait y en avoir pour un moment avant qu'elle ne puisse le rejoindre... Mais il ne pouvait rien y faire, il passa donc devant toute la file d'élèves et traversa le parc aussi rapidement que possible pour rejoindre les grilles grandes ouvertes. Dehors, c'était plus calme, plus désert aussi... Doucement, il rejoignit un banc posé un peu plus loin, à l'écart de Pré-Au-Lard et s'y assit. Il ne restait plus qu'à l'attendre bien gentiment. D'ailleurs... C'était leur premier vrai rendez-vous en dehors de l'école, et cette idée, qui ne lui avait pas traversé l'esprit jusque là, se fit étrangement euphorisante.

Les jours s’écoulaient particulièrement lentement. Rhiannon, après quelques faux pas plus ou moins énormes, avait fini par s’adapter à sa nouvelle vie d’écolière futuriste et utilisait les différents outils que cette nouvelle technologie mettait à sa disposition, comme si elle avait fait ça toute sa vie, ou presque. Il lui arrivait parfois d’avoir des ratés, comme lorsqu’elle était restée comme une nouille devant la porte de sa salle commune en se disant qu’elle allait avoir du mal à rentrer sans connaitre les quelques mots qu’il fallait certainement prononcer pour avoir accès à cette salle avant de réaliser que tout était électronique et qu’il suffisait d’identifier son empreinte digitale pour pouvoir y pénétrer. D’ailleurs, elle s’était vraiment demandée comment il était possible que la porte s’ouvre alors que techniquement, elle n’était pas à Poufsouffle, mais comme elle n’avait pas réussi à s’expliquer ce mystère, elle s’était contentée de se dire que la vie était bien faite et qu’elle devait profiter de cette chance au lieu de se poser des questions. Bref, elle commençait à s’intégrer véritablement à son univers et à y trouver ses marques.

Cependant, la vipère avait bien autre chose en tête. Ils avaient fait plein de recherches dans le but de trouver un stratagème pour rentrer chez eux, et jusqu’ici, ils n’avaient vraiment rien trouvé de très concluant. La jeune fille commençait très fortement à penser qu’elle allait rester coincée là toute sa vie et ce n’était pas pour lui plaire. La bibliothèque qu’elle n’avait vu que deux ou trois fois durant sa « vraie » scolarité était brusquement devenue sa meilleure amie. Elle y avait cherché une potion pour retourner dans le temps, des informations sur les retourneurs de temps, un engin qui lui aurait permis de faire un bon dans le passé, voire même des bonbons qui changeaient les années, mais elle n’avait pour l’instant rien vu qui lui saute aux yeux. La nuit, elle rêvait d’avoir cette petite étincelle de génie qui puisse lui permettre de se dire « ah mais oui ! » comme si la miraculeuse solution était en fait une évidence même. Mais non, ça aurait été trop facile et le temps commençait à devenir vraiment long.

Le pire dans tout ça était certainement de devoir partager ses journées avec des gamines. Les deux Poufsouffle, ou fausses Poufsouffle, qu’elle côtoyait depuis le début de cette aventure était bien gentilles, mais elles n’en restaient pas moins des premières années et elle aurait donné n’importe quoi pour retrouver ses deux meilleures amies qu’elle avait été pourtant contente de laisser un peu de côté pendant ses vacances. Ce n’était pas de la méchanceté, elle les adorait, mais elle trouvait que mettre un peu de distance même avec des personnes dont elle ne pouvait pas se passer habituellement, était bénéfique dans toute relation. Mais pour le coup, ce qui n’était pas du tout bénéfique était l’absence de Flynn. Elle avait cru qu’elle pourrait rester avec lui mais ils avaient été rapidement séparés et elle n’avait pas pu le retrouver. De toute façon, elle avait appris un peu après qu’elle n’en avait pas le droit et devant son air dépité, ses nouvelles camarades de dortoir avaient gloussé, pensant sans doute qu’une nouvelle histoire d’amour était en train de voir le jour. Rhiannon les avait ignorées, mais, en se promenant dans le parc l’après-midi même, elle avait recroisé un nouvel élève sur sa planche volante ce qui lui avait rappelé instantanément la promesse qu’elle s’était faite le premier jour de leur aventure. Ni une ni deux, elle s’était empressée de lui écrire un mot, persuadée qu’il le trouverait avant le début du week-end. Elle avait hâte de retrouver son ami.

Le jour J étant enfin arrivé, Rhiannon s’empressa de suivre la foule d’élèves qui convergeait vers le village. Comme pour tout, il fallait noter sa présence à l’aide d’un badge, signe, une fois de plus, que le moindre de leurs faits et gestes étaient épiés en permanence. Ça avait quelque chose de rassurant dans le sens où rien ne pouvait leur arriver avec ce trop-plein de surveillance, mais il était particulièrement agaçant de ne pas être un minimum libre de ses mouvements et elle ne savait pas si elle aurait pu supporter sept années complètes dans ces conditions. Cependant, la jeune fille se plia aux règles qui avaient été mises en place et fit la queue pendant de trop longues minutes avant de pouvoir rejoindre son ami. Elle le voyait de loin, assis sur un banc, la chevelure rousse ne trompant pas. A plusieurs reprises, elle essaya de lui faire un vague signe de la main, ne sachant pas, vu la distance s’il lui tournait le dos ou non. Devant l’absence de réponse, elle abandonna, se contentant de bousculer un peu les élèves devant elle pour rejoindre Flynn au plus vite. Des murmures agacés parcoururent la file mais elle parvint enfin à s’en dégager et alla rapidement s’assoir aux côtés du rouge et or qui devait déjà l’attendre depuis une éternité.

« Salut. » Dit-elle simplement, un peu essoufflée de s’être tant pressée. « J’espère que tu ne m’as pas trop attendu, ces contrôles permanents commencent à me taper sur le système, je ne suis pas certaine de pouvoir les supporter encore longtemps. On devrait pas rester là d’ailleurs, ça fait un bout de temps qu’on est ici, je suis sûre que beaucoup d’élèves te reconnaissent maintenant et on a pas le droit de discuter ensemble. »

C’était complètement débile comme règle, d’ailleurs. Ils avaient le même âge, et de nombreux centres d’intérêts communs en plus d’une joie de vivre contagieuse, sauf que s’ils s’étaient rencontrés dans le futur, ils n’auraient pas eu le droit d’être amis et n’auraient probablement même pas essayés, se pliant simplement aux règles qui leur étaient imposées. Elle trouvait un peu radical de séparer tout ce petit monde comme si une hiérarchie avait été instaurée au sein de l’école. Non, vraiment, même si elle trouvait qu’il y avait plein de gadgets vraiment intéressants, elle n’aimait pas spécialement cette époque. Tout était devenu bien trop froid et organisé à la minute près, il n’y avait pas de place pour la spontanéité et l’imprévu, et c’était vraiment dommage. Cependant, les autres élèves semblaient avoir l’habitude de vivre comme ça et elle aurait été prête à parier qu’ils auraient eu la même impression négative en découvrant leur époque actuelle, enfin plus si actuelle que ça, mais elle espérait bien qu’elle pourrait y retourner très vite.

« J’ai apporté ça. » Déclara-t-elle en sortant la planche volante de son sac. « Je pensais qu’on pourrait l’essayer ensemble, j’ai pas osé tenter toute seule et puis, j’ai besoin de me détendre un peu, pas toi ? »

Si, c’était certain, avec tout le boulot qu’il devait avoir et la perspective effrayante de rester coincé ici pour les soixante-dix prochaines années, le jeune garçon devait avoir envie de se changer les idées lui aussi et elle allait tout faire pour leur permettre de s’amuser un peu comme avant. Après tout, pour ce qui était de s’amuser et de passer de bons moments, ils étaient plutôt doués normalement, il ne restait plus qu’à prouver que même en 10019, ils étaient capables de conserver intacte leur humour et leur bonne humeur.

« Salut. J’espère que tu ne m’as pas trop attendu, ces contrôles permanents commencent à me taper sur le système, je ne suis pas certaine de pouvoir les supporter encore longtemps. On devrait pas rester là d’ailleurs, ça fait un bout de temps qu’on est ici, je suis sûre que beaucoup d’élèves te reconnaissent maintenant et on a pas le droit de discuter ensemble. »

Flynn sursauta légèrement en entendant la voix de Rhiannon si près de lui. Il ne l'avait pas vu arriver, trop plongé dans ses pensées pour y faire attention... Il l'accueillit toutefois avec un sourire rayonnant, ravi de pouvoir enfin passer un moment en sa compagnie. Seul en sa compagnie serait plus juste puisqu'il avait eu quelques rares occasions de la côtoyer tout de même, mais de manière bien trop professionnelle à son goût, et bien trop entourée également. Non, il ne l'avait pas attendue bien longtemps, une quinzaine de minutes tout au plus mais c'était compréhensible. Son nouveau statut d'homme à tout faire de l'école lui donnait quelques libertés, comme celle de sortir comme bon lui semblait sans être obligé de montrer patte blanche juste avant. La présence de son amie le rassura légèrement. Elle allait bien, ou tout du moins elle en avait l'air. La suite de ses paroles fut moins agréable mais malheureusement bien vraie. Il hocha la tête et se releva, prêt à fuir, à s'enfoncer davantage encore dans la campagne anglaise. Ca ne servait à rien de tenter le diable lorsqu'on pouvait l'éviter.

« Ouais, t'as raison. On d'vrait s'enfoncer dans les champs. Y'a jamais personne dans les champs normalement. D'un autre côté, faut s'dire que c'est que de courte durée, on s'ra bientôt d'retour chez nous. »

S'il avait été relativement optimiste à son arrivée ici, c'était un peu différent désormais. Les jours passaient sans que rien ne change, si bien qu'il commençait réellement à se demander si quelqu'un en 2019 était en train de les chercher... Visiblement non. Enfin, c'était ce que tout laissait à croire en tout cas. Pour les filles, ça ne devait pas être mieux. Quant aux étudiants, à part Gaïa, ils devaient s'en foutre un peu, trop occupés à roucouler pour remarquer qu'ils étaient toujours coincés ici. Il ne les appréciait pas beaucoup, mine de rien. Les impressions qu'ils lui laissaient n'étaient jamais très bonnes... Heureusement pour la troisième, elle avait rapidement trouvé de la compagnie lorsqu'ils s'étaient séparés. Pour la connaître, il savait que Lauren était une chouette fille, et qu'elle n'avait pas dû l'ignorer comme les deux autres avaient pu le faire. A moins que leur comportement aie changé entre leur atterrissage ici et leur expédition, mais il y avait peu de chance qu'un tel miracle arrive...

« J’ai apporté ça. Je pensais qu’on pourrait l’essayer ensemble, j’ai pas osé tenter toute seule et puis, j’ai besoin de me détendre un peu, pas toi ? »

Le Gryffondor ouvrit de grands yeux en voyant ce que la jeune fille sortait de son sac. La plupart des élèves en avait une semblable, et depuis le début il n'avait qu'une envie : pouvoir en confisquer une pour essayer. Manque de chance, c'était autorisé dans l'enceinte de Poudlard et même dans le château, si bien qu'il n'avait pas trouvé de raison valable pour la récupérer. Enfin, visiblement c'était de l'histoire ancienne, puisque Rhiannon y était parvenue, elle, sans qu'il ne sache comment. Ils retrouvaient enfin leurs occupations habituelles, périlleuses et divertissante. Tout eux, en quelque sorte. Peut-être que l'école les fournissait aux élèves ? Mais il n'avait pas croisé le moindre stock, et beaucoup de gens n'en utilisaient pas. Il finissait par reconnaître un peu les visages des élèves de l'école, surtout les cancres qu'il croisait relativement souvent...

« Comment t'as eu ça ? » s'étonna t-il sans oser lâcher le skate volant des yeux comme s'il risquait de s'envoler tout seul. « Allez ! Viens ! C'pas tous les jours qu'on pourra faire ça ! »

« Ouais, t'as raison. On d'vrait s'enfoncer dans les champs. Y'a jamais personne dans les champs normalement. D'un autre côté, faut s'dire que c'est que de courte durée, on s'ra bientôt d'retour chez nous. »

La jeune fille hocha la tête et s’empressa de prendre la direction indiquée par Flynn, non sans jeter un coup d’œil derrière elle pour voir si certains élèves ne les avaient pas déjà remarqués. Tous semblaient bien trop occupés à établir un plan de bataille pour leur nouveau week-end de liberté pour s’occuper d’eux et pour la première fois depuis qu’elle était arrivée ici, Rhiannon se surprit à remercier le haut niveau de surveillance de l’école qui permettait aux jeunes de son âge de se transformer en puces surexcité à chaque fois qu’on les lâchait un peu. Les pauvres, ils ne devaient pas vraiment savoir ce qu’était faire une bêtise, sécher un cours, ou plein d’autres choses qui lui étaient vraiment très simples d’habitude. D’ailleurs, à bien y réfléchir, elle n’avait jamais vu aucun couple dans les couloirs. Le règlement stipulait-t-il qu’un bisou ne devait pas avoir lieu dans le château sous peine de renvoi ? En tout cas, elle n’en aurait pas été étonnée. Poudlard était devenu une sorte de couvent pour adolescents trop sages, pour le coup, elle aurait presque regretté d’être une sorcière.

« J’espère. » Répondit-elle en soupirant. « De toute façon, je me vois pas vivre ici toute ma vie, au départ, j’étais un peu impressionnée, mais je ne trouve pas que Poudlard ait changé en bien, pas toi ? »

Elle ne savait pas trop pourquoi elle posait la question, en fait, Flynn avait toujours été un trouble-fête, il devait supporter que très moyennement de ne pas pouvoir faire les quatre cents coups et la vipère ne le comprenait que trop bien. Si elle-même trouvait sa situation difficile à supporter, alors qu’elle était moins du genre à mettre la pagaille, en temps normal, elle ne pouvait pas imaginer l’ennui suprême que devait éprouver son ami durant ses longues journées de labeur. Que faisait-il finalement ? Elle n’avait pas eu l’occasion de le constater, faute de le croiser, mais elle avait bien compris qu’il devait passer ses journées à effectuer différentes tâches pour venir en aide au concierge, un retournement de situation qui ne devait probablement pas lui plaire. Fort heureusement, ils allaient pouvoir profiter de leur journée pour penser à autre chose et peut-être même tenter d’oublier un peu l’organisation quasi-militaire de leur nouvel établissement scolaire. Rhiannon s’était à peine éloignée de l’enceinte du château de quelques mètres qu’elle ressentait déjà bien plus de libertés que ces derniers jous.

« Comment t'as eu ça ? Allez ! Viens ! C'pas tous les jours qu'on pourra faire ça ! »

Comme elle l’avait imaginé, Flynn semblait particulièrement enthousiaste à l’idée de tester un nouveau gadget. C’était tout à fait compréhensible, il était bien du genre cascadeur et en tant que membre de l’équipe de quidditch, ne pas pouvoir voler un peu devait lui manquer. En tout cas, Rhiannon aurait bien aimé remonter sur un balai pendant ces vacances, si elle n’avait pas imaginé avoir besoin de ce petit plaisir pendant le voyage qui promettait d’être assez excitant pour qu’elle n’ait pas besoin de trouver un moyen de substitution pour obtenir des sensations fortes, il lui apparaissait très clairement qu’elle aurait était bien inspiré d’emporter son balai avec elle. Mis-à-part Zéphyr, elle n’avait rien conservé de son époque et elle se surprenait à constater que certaines petites choses sans signification particulière puissent lui manquer finalement. Pour ce qui était de son chat, elle n’avait malheureusement pas franchement l’occasion de le croiser puisqu’il avait pris la fuite durant leur exploration du château et n’avait pas daigné venir la retrouver. Rhiannon avait bien sûr essayé de le retrouver mais sans succès, si bien qu’elle préférait tout simplement occulter sa présence pour masquer son inquiétude.

« Je crois qu’on a tous eu un objet de cette époque dans nos sacs, sauf que j’ai mis un peu de temps à comprendre ce que c’était, et puis, quand je l’ai su, t’étais déjà plus là, alors… Toute seule, ça aurait été beaucoup moins drôle. »

D’ailleurs, maintenant qu’elle y repensait, son ami n’avait-il pas eu la chance de retrouver son balai dans son propre sac lorsqu’ils avaient fait l’inventaire des objets récupérés à leur arrivée ? Elle n’en était plus trop sûre, mais quelque chose lui disait qu’elle était dans le vrai. Cette première journée dans le futur avait été riche en émotions, raison pour laquelle elle n’arrivait pas à s’en vouloir d’avoir une mémoire quelque peu défaillante. Enfin, peu importait, qu’il ait eu son balai ou pas ne changeait rien à leur situation actuelle puisqu’il ne pouvait décemment pas le sortir tranquillement dans le parc pour l’utiliser. Un balai devait être complètement démodé à présent et si Rhiannon trouvait dommage que les traditions aient été si facilement balayées, elle savait aussi que s’afficher de la sorte reviendrait à tendre le bâton pour se faire battre, chose totalement stupide. Depuis quelques jours, ils étaient tous parvenus à se faire une petite place dans ce monde qu’ils ne connaissaient pas. Ce n’était pas facile tous les jours, certes, mais la vipère essayait de se persuader que leur problème avait une solution et en attendant, il n’aurait pas été judicieux de réduire tous leurs efforts à néant.

« Tu crois qu’on peut tenir à deux sur ce truc ? »

La planche semblait relativement mince mais en se serrant un peu et avec un équilibre parfait, ils devraient pouvoir se débrouiller. Sauf que ni l’un ni l’autre n’avait pris la peine d’essayer l’un de ces engins depuis leur arrivée et Rhiannon sentait déjà les chutes se matérialiser sur le chemin semé d’embûches qu’ils s’apprêtaient à emprunter. Ils avaient peut-être l’habitude d’être dans les airs assez souvent grâce à leur passion commune pour le vol, mais il aurait été stupide de se rendre compte que ça n’avait absolument rien à voir avec ce qu’ils avaient toujours connu.

« J’espère. De toute façon, je me vois pas vivre ici toute ma vie, au départ, j’étais un peu impressionnée, mais je ne trouve pas que Poudlard ait changé en bien, pas toi ? »

Flynn hocha doucement la tête. Elle était loin d'avoir tort... Si ça avait été tout d'abord amusant de voir tous ces changements, d'en profiter, de découvrir cet univers qui ressemblait tant aux jeux vidéos, ça l'était beaucoup moins maintenant qu'il fallait se fondre dans la masse et faire comme tous les petits sorciers de cette époque. Ils n'avaient rien à faire là, tous autant qu'ils étaient. Ici, tout était beaucoup trop lisse, trop millimétré. Il n'y avait pas de place pour la spontanéité, pour l'enfance et tout ce qui allait avec. Dans les couloirs, c'était plus flagrant qu'ailleurs. Là où normalement les élèves les plus jeunes auraient dû se chamailler ou râler pour aller en cours comme tous les jeunes de leur âge, ici ils se contentaient de garder le nez plongé dans un bouquin entre deux heures de classe. Même leurs études devaient être rentabilisées. Personne ne s'amusait vraiment, même s'il y avait encore quelques irréductibles fauteurs de trouble qui semaient légèrement la panique dans le bâtiment... Et puis, c'était quoi cette nouvelle manie de "plus de vacances" ? Celui qui avait instauré ça méritait à coup sûr les pires châtiments que le monde puisse porter.

« C'trop superficiel, ici. J'suis étonné qu'y'ait pas de case "bavarder", "voir ses amis", "être content" sur leurs emplois du temps... » soupira le Gryffondor. « T'imagines pas à quel point j'm'ennuie. Même Quick m'manque, c'pour dire ! »

Les heures passaient affreusement lentement malgré la multitude de choses à faire un peu partout dans l'école... Il n'avait jamais connu ça à Poudlard. Généralement, l'ennui ne le prenait qu'en vacances, quand il était privé de sortie, qu'il glandouillait devant les dessins animés qui passaient à la télé. Au château, il y avait toujours un truc à faire, que ce soit une bêtise ou un passage secret à découvrir... Il n'osait pas imaginer ce que c'était pour elle. La pauvre Rhiannon devait avoir une vie vraiment pourrie ici, avec les cours à n'en plus finir et les devoirs à rallonge que tout le monde semblait se taper ici, sans parler des deux crétines qui devaient sûrement la suivre en permanence comme deux moutons abandonnés par le reste de leur troupeau. Enfin, il n'eut pas le temps d'y réfléchir davantage qu'elle sortit une planche volante de son sac. Il n'eut pas à chercher bien longtemps à quoi ça servait tant il y en avait partout à cette époque. Enfin un après-midi digne de ce nom ! Ca faisait des jours qu'il n'en avait plus connu. Si tout s'annonçait comme prévu, jamais il n'aurait assez de temps pour remercier suffisamment son amie. Elle était fidèle à elle-même, et c'était plaisant de voir que tout n'avait pas changé dans cette affaire. Et puis, elle aurait très bien pu se débrouiller toute seule ou avec les autres filles qui avaient été embarquées dans la même galère, mais non, elle avait préféré attendre gentiment de le retrouver. Plus touché qu'il n'aurait jamais pu le penser, le rouquin détourna le regard, feignant de regarder ce qu'il se passait plus loin, pour éviter de rougir bêtement.

« Je crois qu’on a tous eu un objet de cette époque dans nos sacs, sauf que j’ai mis un peu de temps à comprendre ce que c’était, et puis, quand je l’ai su, t’étais déjà plus là, alors… Toute seule, ça aurait été beaucoup moins drôle. »

Il ne put s'empêcher de rire tandis qu'il s'éloignait doucement du banc pour suivre le chemin qui s'enfonçait dans la campagne. Ils ne seraient pas trop dérangés, normalement. Il fallait s'éloigner au maximum du village, où tous les élèves allaient se précipiter pour profiter de leur légère liberté. N'empêche, à la loterie des objets, tous n'avaient pas eu la même chance. Entre la montre GPS de Lily et le truc volant de Rhiannon, il ne savait pas trop comment prendre la présence de sa licorne. Bien, bien entendu, mais elle ne lui était pas d'une utilité exceptionnelle, bien au contraire. Pour l'instant, elle était posée sur son lit et attendait bien sagement qu'il lui trouve un intérêt mais il n'était pas convaincu qu'une telle chose puisse arriver un jour. Le début d'agitation de Pré-au-Lard s'estompait au fur et à mesure que les  mètres défilaient, bientôt ça ne serait plus qu'un lointain souvenir et tout irait pour le mieux. Ils étaient amis depuis des mois, des années même, c'était stupide de ne plus leur autorisé le moindre contact du jour au lendemain. Bien sûr, personne ne savait qu'ils étaient amis mais tout de même... Vivement qu'ils puissent rentrer en 2019 ! Retrouver leur vie, leur amitié autorisée, et tout ce qui allait avec...


« C'doit pas être bien dur à utiliser, c'truc. Y'a plein d'première année qui en font. »

Après quelques minutes de marche et un regard en arrière, le jeune homme trouva qu'ils s'étaient bien assez éloignés du reste du monde et lâcha son sac dans l'herbe juste au bord du chemin. Qu'en diraient les gens s'ils étaient aperçus ici, à l'écart, tous les deux ? Ils risquaient sûrement d'avoir des problèmes. Il n'avait aucun mal à se souvenir de ce qui était arrivé au pauvre Professeur Londubat... Il n'avait aucune envie de subir la même chose alors qu'il se contentait simplement de passer un moment avec l'une de ses plus proches amies... Mais non, ça n'arriverait pas. Il n'y avait pas de raison. Pourquoi un élève s'amuserait-il à venir jusqu'ici sans savoir qu'ils y étaient déjà ? Ou alors... Ne pouvait-on pas les voir grâce ou à cause des montres GPS ? Son regard s'assombrit légèrement tandis qu'il sentait une certaine inquiétude monter. Il s'inquiétait certainement pour rien. Tout irait pour le mieux du monde, et leur après-midi serait mémorable sans qu'il y ait la moindre conséquence à cela par la suite. Et ce serait génial. Finalement, Rhiannon le sortit de son débat intérieur.

« Tu crois qu’on peut tenir à deux sur ce truc ? »

Il haussa les épaules avec une certaine impatience. C'était peut-être un peu dangereux de se risquer à deux là-dessus sans même savoir comment on faisait pour tenir à un. De ce qu'ils avaient dû en voir tous les deux, ça semblait affreusement simple, mais il savait par expérience qu'il y avait des choses qui paraissaient simple mais qui ne l'étaient pas forcément, comme viser les anneaux au Quidditch, faire du roller, embrasser une fille...

« J'sais pas trop. Au pire, t'peux jouer les cobayes, s'tu tombes j'te rattrape ! »

Le membre 'Il était une fois...' a effectué l'action suivante : Le Hasard

'Le Hasard' : 6

« C'trop superficiel, ici. J'suis étonné qu'y'ait pas de case "bavarder", "voir ses amis", "être content" sur leurs emplois du temps... T'imagines pas à quel point j'm'ennuie. Même Quick m'manque, c'pour dire ! »

La jeune fille ne put s’empêcher de piquer un fard lorsque son ami mentionna le nom de Ryan. Et dire qu’elle avait été un peu amoureuse d’un crétin pareil. Bon, en réalité, elle ne se le reprochait pas vraiment. Il était le genre de garçon plein d’assurance qui faisait craquer les filles qui ne le connaissaient pas, mais lorsqu’on creusait un peu pour découvrir qui se cachait sous le garçon enjôleur qui accumulait les conquêtes et n’était jamais célibataire, ce qu’on trouvait n’était pas franchement beau à voir. Fort heureusement pour Rhiannon, elle n’avait pas avoué ce petit béguin ni au principal intéressé ni à ses amies proches, de peur de leur réaction, et vu comme elle se mordait les doigts de s’être fait avoir si facilement, il valait mieux qu’elle soit la seule à avoir eu vent de cette information. La vipère choisit donc de rester silencieusement, évitant ce sujet de conversation problématique alors qu’elle essayait de dissimuler son visage pour qu’il prenne de nouveau une couleur quasiment normale. S’il remarquait quelque chose, elle pourrait toujours mettre ça sur le compte de la chaleur bien que ça ne soit pas forcément très crédible, mais tant pis.

« C'doit pas être bien dur à utiliser, c'truc. Y'a plein d'première année qui en font. »

Oui, enfin ça ne voulait malheureusement rien dire. Rhiannon avait déjà fait du sport pendant ses vacances d’été rien que pour pouvoir s’évader un peu de la maison et mettre de la distance entre sa mère et elle, et en se retrouvant dans le groupe des débutants avec des gamins, elle s’était rendue compte que ses quelques années de plus ne lui apportaient pas de facilités supplémentaires. Elle en avait d’ailleurs été particulièrement vexée et ça faisait longtemps qu’elle ne s’était pas inscrite à un camp d’été moldu tant elle craignait de se rendre de nouveau ridicule. Et puis, la vipère avait la chance d’avoir souvent Elian à ses côtés, lorsqu’il n’était pas avec la garce qui lui servait désormais de petit-ami, et sa bonne entente avec son frère suffisait à lui faire passer un été particulièrement agréable. Cette année, les choses avaient été un peu différentes et rien que l’idée suffisait à lui faire perdre le sourire, mais elle ne voulait pas laisser sa bonne humeur disparaitre à cause de sombres pensées encore une fois ressassées, il était donc primordial qu’elle se concentre sur leur après-midi de détente plutôt que sur les récentes embrouilles entre son frangin et elle.

« Ouais, mais c’est comme nos grands-parents avec le téléphone portable, nous on a toujours vécu avec alors ça parait hyper simple, même si on en utilise pas à l’école, alors qu’eux, ils ont l’impression qu’ils arriveront jamais à s’en servir. » Expliqua-t-elle avec le plus grand sérieux. « Tu vois ce que je veux dire ? »

Rhiannon n’avait pas vécu d’expérience de ce genre, mais elle se souvenait très bien de certains discours de ses amis d’école primaire qui semblaient être un peu dépités par l’incapacité de leurs grands-parents d’utiliser la nouvelle technologie. Pour ce qui était des anciens téléphones, ça allait encore, tout le monde semblait savoir les utiliser désormais, mais pour toutes les nouveautés, les plus de soixante ans semblaient complètement manchots, à tel point que c’en était presque agaçant. La jeune fille se demandait ce qu’il se passerait si elle devait revoir un jour ses anciennes amies de primaire avec lesquelles elle s’entendait tellement bien. Il y avait fort à parier qu’elles seraient totalement différentes à présent, alors qu’il y a quelques années, elles partageaient tous leurs secrets et leurs jeux d’enfants. Quoi qu’il en soit, elle n’avait de toute façon pas la possibilité de leur révéler qu’elle étudiait dans une école de magie parce qu’elle était une sorcière, il était donc finalement préférable que leur amitié ait pris fin, elle n’aurait pas supporté de leur dissimiler une si grande partie de sa vie.

« J'sais pas trop. Au pire, t'peux jouer les cobayes, s'tu tombes j'te rattrape ! »

C’était vraiment très gentil de la part de Flynn. La vipère le connaissait assez pour savoir qu’il devait avoir vraiment hâte d’essayer ce drôle de moyen de locomotion et de tester ses limites en essayant de ne pas se casser la figure. Et puis, très honnêtement, Rhiannon n’avait pas envie de monter toute seule dessus. Si elle avait trouvé amusant de faire cette expérience avec son ami, c’était pour tester avec lui et pas toute seule, alors malgré toute la gentillesse de la proposition, la Serpentard la déclina d’un signe de tête, tout en étudiant du regard la taille de la petite planche qu’elle tenait toujours entre les mains. En effet, tenir dessus allait être particulièrement compliqué, mais c’est justement ça qui était amusant. Ça lui rappelait beaucoup le jour où elle avait tenté de faire de la trottinette sur le trottoir devant la maison en compagnie de son grand-frère, ils avaient fini par se ramasser lamentablement et malgré la douleur procurée par son genou écorché, elle n’avait pas pu s’empêcher de rire aux éclats tant ils avaient dû se rendre ridicule devant les voisins qui étaient, pour la plupart, en train de profiter du soleil dans leur jardin.

« Oh non ! C’est plus drôle si on essaye à deux ! Au pire, on tombera ensemble, c’est pas très grave, on n’en mourra pas. » Répondit-elle avec légèreté. « Il faut tomber pour mieux se relever. »

Sur ces bonnes paroles, la jeune fille retourna la planche pour étudier son fonctionnement et ne tarda pas à tomber sur une sorte de bouton au design étrange qu’elle enfonça avec une légère inquiétude, se demandant si elle n’aurait pas mieux fait de tester son nouveau gadget avant histoire de savoir s’il fonctionnait bel et bien. Fort heureusement pour Rhiannon, les lignes blanches sur les côtés de l’engin s’illuminèrent et lorsqu’elle posa son nouveau jouet par terre, elle eut le plaisir de réaliser qu’il restait en suspension à quelques centimètres du sol. C’était déjà un très bon début, mais les ennuis ne faisaient que commencer. La jeune fille s’aida d’abord des épaules du jeune homme pour monter dessus sans se casser la figure et essaya de bouger doucement ses jambes pour voir ce que ça donnait. Pas de doute, c’était bien avec les pieds qu’elle dirigeait l’engin et déterminait la vitesse. Ravie de cette constatation, elle redescendit afin de se poster de l’autre côté de la planche pour ne pas créer de déséquilibre lorsqu’ils grimperaient dessus tous les deux. Une fois positionnée, elle attrapa une main de Flynn et s’empressa de compter jusqu’à trois, priant pour qu’ils adoptent une coordination parfaite.

« C’est bon, tu te tiens bien ? » Demanda-t-elle lorsqu’ils furent enfin installés. « Attention, je décolle ! »

Bien, première étape totalement réussie, ils n’avaient plus qu’à démarrer. Et c’est ce que s’empressa de faire la jeune fille en courbant légèrement le dos vers l’avant et en pliant ses genoux pour prendre un peu de vitesse. Rien ne lui disait que c’était de cette façon-là qu’il fallait s’y prendre, mais il ne coutait rien d’essayer.

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'Le Hasard' : 1, 4

« Ouais, mais c’est comme nos grands-parents avec le téléphone portable, nous on a toujours vécu avec alors ça parait hyper simple, même si on en utilise pas à l’école, alors qu’eux, ils ont l’impression qu’ils arriveront jamais à s’en servir. Tu vois ce que je veux dire ? »

Le jeune homme hocha la tête en riant tandis qu'il se disait qu'elle ne connaissait vraiment pas ses grands parents, qui passaient leur journée visés devant leur écran d'ordinateur, qui leur envoyaient des textos quasiment tous les jours et même des MMS avec des photos sans importance mais qui faisaient toujours plaisir quand même. Son grand-père avait même pris l'habitude de s'incruster lors des après-midis jeux vidéos pour "killer du zombie", ce qui craignait un peu comme expression mais avait le mérite de les faire rire. Des vrais petits jeunes, bien plus à l'aise avec les nouvelles technologies que ses propres parents ou même que sa soeur et lui parfois puisqu'ils passaient les trois quarts de leur année à l'intérieur du château. S'ils avaient les bases, ils n'étaient pas des inconditionnels non plus. Enfin, toujours était-il qu'il visualisait sans trop de mal ce qu'elle voulait dire. A la base, c'était plus pour se montrer optimiste que pour y croire vraiment, il se doutait bien que cette expérience ne serait pas de tout repos. Là était d'ailleurs l'intérêt. A quoi bon passer un après-midi à faire un truc bien si y'avait pas le moindre risque à le faire ?

« Oh non ! C’est plus drôle si on essaye à deux ! Au pire, on tombera ensemble, c’est pas très grave, on n’en mourra pas. Il faut tomber pour mieux se relever. »

Si Rhiannon se mettait à philosopher maintenant, ils n'étaient pas sortis de l'auberge ! Toutefois, elle n'avait pas tort. Il la regarda retourner sa planche puis appuyer sur un bouton. C'était peu prudent, si ça se trouve c'était un truc d'explosion automatique ou autre chose de tordu dans le genre. Mais non, les lumières se mirent à clignoter puis restèrent allumées et la planche se mit à flotter à quelques centimètres du sol. Wow ! C'était dément ! Et dire qu'ils allaient vraiment monter dessus ! En fait, ils étaient peut-être coincés dans cette époque pour il ne savait combien de temps mais au moins, ils pouvaient essayer ce truc trop bien ! Ca n'avait pas que des mauvais côtés d'être là en fin de compte. Bon, plus de mauvais que de bons mais inutile de se désespérer pour rien... Il aida la Serpentard à se hisser sur son nouveau jouet et la regarda faire ses premiers essais avec des yeux émerveillés. C'était vraiment trop bien ! Quand il rentrerait dans leur époque normale, il essayerait de construire un truc comme ça. Il n'était pas convaincu d'y parvenir mais en disséquant un balai et en mettant les trucs volants sur un skate, c'était peut-être faisable...? Ca ne lui coûterait rien d'essayer. Elle redescendit de la planche et en fit le tour avant de remonter et de le faire monter à son tour. Par Merlin, c'était difficile de garder l'équilibre là-dessus ! Il s'étonna légèrement lorsque sa main se glissa dans la sienne tandis que son coeur venait de faire un bond dans sa poitrine, il la serra doucement ce qu'on pouvait largement mettre sur le compte d'un équilibre précaire à garder par tous les moyens.

« C’est bon, tu te tiens bien ? Attention, je décolle ! »

Excité comme une puce, il n'attendait que le décollage. C'était peut-être la dernière chose qu'ils feraient de leur vie mais au moins, ils l'auraient faite ! Et rien que ça, ça en valait la peine. Comment les gens allaient être dégoûtés à la rentrée, lorsqu'il leur dira qu'il avait fait du skate-board volant avec Rhiannon pendant les vacances !

« Ouais, ouais, vas-y ! »

Le décollage se passa merveilleusement bien, sans la moindre petite secousse anormale, sans la moindre chute... Ils s'élevèrent doucement, quittant enfin pour de vrai le plancher des vaches. Ils arrivèrent rapidement à plus de deux mètres, une altitude fort basse en balai mais qui, pour l'instant, leur semblait raisonnable à cause du manque d'habitude. Si tout se passait bien, ils dépasseraient la cime des arbres dans quelques minutes et risqueraient inconsciemment de mourir à chaque geste mais avec le sourire. Prudemment, ils se mirent à avancer, doucement tout d'abord, puis un peu plus vite, puis vraiment vite. Leur équilibre ne leur faisait pas défaut et la sensation était aussi grisante que perturbante. Malheureusement, l'insouciance des premiers instants ne dura pas. Un arbre, sorti de nulle part, se dressa droit sur leur trajectoire. S'ils ne faisaient rien, c'était la collision assurée et avec elle probablement de véritables dégâts...

« Attention, arbre droit devant ! » plaisanta t-il tout d'abord en s'imaginant qu'ils l'éviteraient au dernier moment comme ils l'auraient fait avec un balai, avant de constater que ni l'un ni l'autre n'était vraiment habilité à faire dévier la trajectoire de ce truc. « Tourne, tourne ! »

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'Le Hasard' : 2, 2

« Ouais, ouais, vas-y ! »

La jeune fille ne se le fit pas dire deux fois et décolla rapidement. Elle fut la première étonnée de réaliser que tout se passa très bien pour commencer. Ils quittèrent le sol plus vite qu'elle l'avait imaginé et sans y revenir immédiatement alors que la planche continuait son ascension. C'était une petite victoire, mais aussi minime soit-elle, elle en était particulièrement fière. De toute façon, il n'en fallait pas beaucoup pour l'enthousiasmer et savoir que dans quelques minutes, si elle se sentait assez à l'aise, elle pourrait aller s'amuser dans les nuages toujours avec son ami qui semblait être aussi aux anges qu'elle. Sauf qu'il y avait un léger bémol dans tout ça, à savoir : est-ce que ces planches étaient bien faites pour ça ? La plupart des élèves qu'elle avait vu circuler avec à l'extérieur du château ou même l'intérieur restaient au ras du sol, volant un peu plus haut seulement lorsque la foule leur bloquait le passage. Lorsque c'était un balai, Rhiannon avait entièrement confiance, c'était solide, fiable, et elle savait pertinemment que jamais un de ces engins ne la trahirait quelles que soient les pirouettes et les galipettes qu'elle puisse faire. Mais pour cette petite planche en plastique ou en tout cas dans un matériau pas forcément solide, ne lui inspirait pas une grande confiance. Tout ce qu'elle pouvait espérer, c'était qu'elle tienne le coup sans les éjecter lamentablement à la moindre secousse.

« Attention, arbre droit devant ! Tourne, tourne ! »

Rhiannon reprit rapidement ses esprits en entendant les hurlements un peu hystériques de son ami, seulement, c'était déjà trop tard. Embarquée dans ses pensées et ses envies de liberté, elle avait complètement oublié de regarder devant elle et donc, avait été totalement incapable de voir l'énorme tronc d'arbre qui venait de se matérialiser d'un seul coup devant eux. Bien sûr, la vipère essaya de l'éviter, elle plia les genoux au maximum pour dévier la trajectoire qui devait les emmener droit dans le tronc, mais elle réalisa bien vite qu'ils n'avaient pas franchement la chance de les voir s'en sortir. La dernière chose qu'elle put faire fut de fermer les yeux, attendant bien gentiment le choc qui de toute façon serait inévitable. Étrangement, ce fut moins rude que ce qu'elle avait imaginé. Ils avaient perdu de l'altitude avant de tomber, et qui plus était, elle eut la chance d'atterrir sur une surface un peu molle qui amortit agréablement sa chute. Cependant, sa respiration se bloqua pendant un petit moment, moment pendant lequel elle resta bien sagement allongée sans bouger, tâchant de retrouver ses esprits. Ses nombreuses chûtes de quidditch, et autres lui avaient appris depuis longtemps comment réagir quand ça devait arriver et c'était la raison pour laquelle elle parvenait à rester si zen. C'est seulement lorsqu'elle constata que tout allait bien qu'elle se retourna pour chercher son ami du regard.

« Flynn ? T'es où ? » Demanda-t-elle en constatant immédiatement son absence. « Si c'est une blague c'est pas drôle. »

Son ami n'était manifestement pas à ses côtés, chose particulièrement étrange puisqu'elle était quasiment certaine qu'il n'avait pas eu le réflexe de sauter de la planche avant le choc. Non pas qu'elle le pensait trop stupide pour avoir cette excellente idée, ce n'était absolument pas le cas, mais il n'était pas évident de prendre le temps de réfléchir dans ces moments-là. Qui plus était, la vipère était sûre que, même s'il avait pu l'envisager, il ne se serait jamais permis de l'abandonner à son triste sort et qu'il aurait sans doute préféré rester avec elle voire prendre le tronc d'arbre à sa place plutôt que de sauter pour sauver sa peau. La verte et argent ne put s'empêcher de pencher la tête en arrière pour regarder derrière elle de façon à pouvoir rester allongée. Ne voyant absolument rien, elle se décida enfin à se remettre debout, prenant un peu de hauteur sur la situation. C'est seulement à cet instant précis, qu'elle constata avec horreur que son ami n'avait pas eu envie de se cacher mais se trouvait tout simplement en-dessous d'elle. Et dire que quelques secondes auparavant elle remerciait le ciel de lui avoir donné de quoi amortir sa chute. Maintenant, elle s'en voulait affreusement, elle avait dû lui faire encore plus mal, elle n'était pas spécialement grosse mais le choc contre le sol couplé à la grosse masse qui lui était tombée dessus ne devait franchement pas lui avoir fait du bien. Rhiannon s'agenouilla aux côtés du rouge et or et lui tapota sur la joue, ne sachant pas vraiment s'il était dans les pommes ou simplement dans les vapes.

« Je suis trop désolée, hein, je voulais vraiment pas t'écrabouiller, je t'assure. » S'excusa-t-elle avec sincérité. « Tu vas bien, n'est-ce pas ? Hein ? Dis-moi quelque chose, tu me fais peur, là... »

En vérité, la jeune fille paniquait complètement ne sachant pas trop si elle devait appeler les secours et alors se faire remonter les bretelles parce qu'elle « fricotait avec les interdits » ou si elle devait simplement attendre que son ami reprenne ses esprits avant d'alerter la tête entière. Trop d'anxiété ne leur apporterait rien de bon mais une attitude trop zen et détendue pourrait être dangereuse si Flynn avait vraiment quelque chose de grave. Bref, ils étaient dans une situation bien délicate dont elle espérait se sortir rapidement, voire très rapidement.

L'arbre se rapprochait d'eux à une vitesse inquiétante sans que rien ne bouge, ni lui ni eux. Le choc paraissait inévitable, si bien que le jeune homme ferma fortement les yeux, prêt s'encastrer dans le pauvre tronc qui n'avait rien demandé à personne. Pourtant, il ne se passa pas de grande collision comme on pouvait s'y attendre. Il eut l'impression de gagner en vitesse et de perdre en altitude, ce qui n'avait pas beaucoup de sens puisqu'ils étaient censés se bouffer le tronc qui les attendait. Après quelques secondes qui lui parurent une éternité, il atterrit violemment, le nez dans l'herbe. Alors qu'il s'apprêtait à se relever aussitôt pour ne pas montrer à la Serpentard que la réception avait été rude, il se prit quelque chose sur le dos, ce qui lui coupa totalement la respiration. Comprenant qu'il s'agissait en réalité de son amie, il n'eut pas le courage de la dégager de sur lui, peut-être était-elle plus mal en point que lui encore ? Elle n'en avait pas l'air comme ça, mais elle n'était pas d'une légèreté sans égale ! Il n'irait pas le lui dire, surtout qu'elle était bien jolie comme elle était alors l'inciter à ressembler à toutes ces pauvres filles qu'on croisait dans les couloirs aurait été une idée complètement débile mais tout de même !

« Flynn ? T'es où ? Si c'est une blague c'est pas drôle. »

Il essaya de bouger suffisamment le bras pour lui faire comprendre qu'il était tout simplement en train de lui servir de matelas de fortune mais sa tentative resta vaine. Quant à le lui faire savoir avec des mots, c'était même pas la peine d'essayer, il peinait déjà suffisamment à respirer comme ça alors inutile de perdre son souffle dans l'espoir qu'elle parvienne à le comprendre. La tronche dans l'herbe ne devait probablement pas aider à la compréhensibilité en plus. La pauvre devait penser qu'il avait pris la fuite pendant qu'il en avait eu l'occasion, qu'il s'en était sorti indemne et l'avait laissée là sans même prendre la peine de vérifier qu'elle allait bien... Pourtant, ça ne lui aurait jamais traversé l'esprit ! Dans le fond, elle devait sûrement le savoir, ils finissaient par se connaître, enfin du moins il l'espérait... Alors si c'était bel et bien le cas, elle devait imaginer qu'il lui était arrivé quelque chose de grave pour qu'il ne réponde pas, pour la laisser seule comme ça... Mais non... Non plus. Il allait bien. Relativement bien... Il sentait comme un poids peser sur lui, mais c'était on ne pouvait plus normal étant donné la présence de la jeune femme. A part ça, il avait un peu mal à la tête, et des fourmis dans tous ses membres... Rien de dramatique. Il avait connu bien pire au Quidditch, notamment à cause d'Hecate et de ses cognards fous... Elle avait eu une dent contre lui, elle... Ils ne se connaissaient pourtant que de vue, c'était bizarre mais bon... Finalement, Rhiannon eut la gentillesse de se relever, prenant appui sur lui pour y arriver plus facilement. Par Merlin qu'elle faisait mal ! Quand elle finit par être totalement loin de lui, il eut l'impression de revivre, respirant plus normalement, retrouvant doucement et totalement ses esprits. Il n'osa pas vraiment bouger, le temps de se remettre de ses émotions. C'était une bonne idée de skate tout de même !

« Je suis trop désolée, hein, je voulais vraiment pas t'écrabouiller, je t'assure. Tu vas bien, n'est-ce pas ? Hein ? Dis-moi quelque chose, tu me fais peur, là... »

Sur quoi elle se mit à lui tapoter la joue, ce qui eut le don de le faire rire malgré l'inquiétude de la pauvre Verte et Argent. Ce n'était pas du tout moqueur, loin de là. Il préféra ne pas la laisser paniquer davantage et s'assit dans l'herbe tant bien que mal. Il fallait reconnaître que tous ses muscles lui paraissaient douloureux mais au delà de ça, il n'y avait rien à signaler. Il serait bon pour de bonnes courbatures à son réveil le lendemain mais il y avait de grandes chances qu'il s'en sorte malgré tout. Les joues un peu rouges, des brins d'herbe coincés dans les cheveux, de la terre plein le visage et sa combinaison, le spectacle n'était pas génial, mais au moins, il allait bien. Elle était touchante à s'inquiéter. Il lui adressa un sourire rayonnant, quoi qu'un peu absent. Il peinait à comprendre comment ils avaient pu atterrir si loin de l'arbre qui avait manqué de les tuer...

« Ouais, ouais, j'vais bien, t'inquiètes. » la rassura t-il en s'étirant dans l'espoir que ses bras et ses jambes se dégourdissent un minimum. « Et toi, rien d'casser ? »

Il décida finalement de se relever et tendit la main à la jeune fille pour l'aider à en faire de même. Ca, c'était de l'après-midi ! C'était vraiment digne de ce nom, rien à voir avec les pauvres heures perdues du reste du temps où il devait jouer les elfes de haute-technologie dans tout le château sans même pouvoir profiter de son amie, du village, ou de sa majorité acquise peu de temps auparavant et dont il avait espéré jouir à loisir durant les grandes vacances... C'était un peu raté pour cette fois, à moins qu'ils ne retournent rapidement en 2019 mais il fallait avouer qu'il peinait à garder espoir désormais. Peut-être retrouveraient-ils un jour leur époque bien aimée, mais ce n'était pas pour tout de suite. Ils n'étaient pas même pas sûrs que quelqu'un soit actuellement en train de les chercher, quelque part par chez eux ! Il était question de visiter le monde magique, mais tous avaient compris qu'il s'agissait d'un voyage au travers du pays, voire à l'étranger mais absolument pas ce genre de voyage-là !

« C'était mortel ! Faut trop qu'on r'commence ! Sans l'arbre... D'ailleurs comment on a fait pour arriver là ? Y'a un truc éjectable ? »

« Ouais, ouais, j'vais bien, t'inquiètes. Et toi, rien d'casser ? »

A dire vrai, aux premiers éclats de rire du jeune homme, Rhiannon avait été immédiatement rassurée. Le rouge et or n'était peut-être pas particulièrement sérieux, mais il y avait fort à parier qu'il aurait évité de se marrer s'il avait eu un bras ou une jambe cassé ou autre chose d'encore plus grave. Certes, ça pouvait être aussi un rire nerveux, mais la Serpentard préférait se dire que tout allait bien dans le meilleur des mondes, qu'ils pourraient tout bientôt remonter sur la planche et faire une nouvelle tentative. Fort heureusement, Flynn venait de lui confirmer qu'il allait véritablement bien, ce qui était étonnant compte tenu du fait qu'après le choc du sol, il avait eu le droit à un poids supplémentaire puisqu'elle lui était tombé dessus. A sa place, elle se serait certainement retrouvée comme une grosse loque, incapable de faire le moindre mouvement. En même temps, le Gryffondor avait l'habitude de préparer des coups foireux et de les mettre en application avec un pourcentage de réussite plus ou moins élevé ce qui pouvait expliquer que les années passées l'aient endurci. Il devait relativement souvent recevoir des coups, et il y avait fort à parier que le jeune homme était la plupart du temps couvert de bleus et de bosses.

« Ouf, j'ai eu peur de t'avoir écrabouillé, moi ça va, comme garçon, je ne sais pas, mais comme matelas tu es idéal. » Le charria-t-elle avec un sourire. « T'as de la chance que je ne sois pas obèse quand même. »

Une fois la frayeur passée, la jeune fille ne pouvait s'empêcher de trouver leur situation relativement comique. Il fallait quand même remettre les choses dans leur contexte. Ils se trouvaient dans une époque qui leur était inconnue, de nombreuses années après leur mort à tenter de faire voler une planche qu'ils venaient tout juste de découvrir en se ramassant comme deux idiots. Qui plus était, il lui était simple de s'imaginer avec une centaine de kilos supplémentaires, tombant lamentablement sur Flynn en l'écrasant à moitié. Ça faisait un peu grosse pomme qui tombait de son arbre et si elle ne s'était pas retenue, elle se serait presque mise à rire devant son ami qui n'aurait certainement pas compris pourquoi elle se comportait de cette façon. En même temps, ce n'était pas totalement de sa faute. Elle avait l'impression d'avoir fait plus attention à son comportement ces quelques derniers jours que durant sa vie entière, pas étonnant, donc, à ce qu'elle finisse par craquer. Elle se demandait d'ailleurs, comment Flynn pouvait ne pas avoir encore eu envie de se jeter du haut de la tour d'astronomie, pour peu qu'elle existe encore. Mais ce n'était évidemment pas la question qu'elle allait lui poser, elle ne voulait pas lui donner de mauvaises idées.

« C'était mortel ! Faut trop qu'on r'commence ! Sans l'arbre... D'ailleurs comment on a fait pour arriver là ? Y'a un truc éjectable ? »

Rhiannon n'y avait pas vraiment pensé jusqu'ici, mais il était vrai que la question était bien loin d'être idiote. En vérité, elle ne savait pas trop à quoi elle s'était attendue. Bien sûr, l'arbre, elle l'avait vu arriver et elle avait fermé les yeux en attendant le choc, mais une fois l'événement passé, elle n'avait pas du tout songé au fait que la chute ne ressemblait pas du tout à ce qu'elle aurait dû envisager dans un premier temps. Enfin, ce n'était probablement pas très important, le principal était qu'ils étaient toujours en forme et prêt à recommencer leurs bêtises en toute tranquillité puisque aucun élève de l'école n'avait eu la mauvaise idée de venir voir par ici ce qu'il pouvait bien se passer. En même temps, ce serait jouer de malchance, l'endroit dans lequel ils se trouvaient n'avait rien de très attrayant. La plupart des élèves qui sortaient de l'école lors des rares autorisations se précipitaient vers les boutiques pour pouvoir refaire le plein de sucreries, vêtements ou autres babioles inutiles mais qui devaient sembler totalement indispensables pour des élèves lambda. Au moins, ça leur permettait de conserver un minimum leur tranquillité.

« Bah en fait, j'en sais rien, je m'attendais à me retrouver la tronche dans le tronc, mais avec toute cette technologie, j'imagine qu'ils ont inventé plein de trucs pour qu'on ne puisse pas prendre ce risque, peut-être un airbag invisible ? En tout cas, on lui doit une fière chandelle. »

De toute façon, le meilleur moyen de le savoir était certainement de réitérer l'expérience. Si, comme elle venait de l'envisager, cette fameuse planche était équipée d'une technologie moderne censée les protéger de tout et n'importe quoi, ils pouvaient tout se permette sans craindre de vraiment s'amocher ou pire de se tuer. Cependant, Rhiannon n'était pas du genre à prendre peur pour une simple petite chute. Si son ami avait été blessé dans leur accident, elle n'aurait probablement pas réagi de la même façon, mais là, elle avait surtout envie de remonter en selle et de retenter l'expérience qui, à défaut d'avoir été concluante, lui avait permis de ressentir de nouveau un minimum de liberté. Elle l'avait perdu en arrivant dans cette époque et elle était plus que fière d'avoir réussi à trouver le moyen de se tirer de ce mauvais pas, même s'ils étaient encore loin d'un retour chez eux qu'elle attendait avec de plus en plus d'impatience. C'est donc une Rhiannon plus que motivée qui s'empressa d'aller récupérer leur skateboard volant pour le ramener auprès d'eux. Il était grand temps d'aller de nouveau retrouver les oiseaux.

« Prêt à recommencer ? »

Un large sourire sur le visage, la jeune fille se prépara psychologiquement à faire une nouvelle tentative, probablement avec une chute à la clé, mais pour le coup, ça n'avait pas la moindre importance à ses yeux.

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'Le Hasard' : 1

« Ouf, j'ai eu peur de t'avoir écrabouillé, moi ça va, comme garçon, je ne sais pas, mais comme matelas tu es idéal. T'as de la chance que je ne sois pas obèse quand même. »

Flynn posa sur elle un regard faussement blasé et leva les yeux au ciel. C'était le compliment le plus pourri qu'elle aurait pu trouver un jour, qui avait envie de se faire comparer à un matelas même si c'était pour en vanter l'utilité, mais il ne put se retenir de rire bien longtemps. S'il était un matelas idéal alors, voilà que sa vie valait la peine d'être vécue... D'un autre côté, il espérait de tout son cœur ne jamais resservir d'amortisseur de chute à qui que ce soit, ne serait-ce à Rhiannon. C'était une sensation désagréable que de sentir quelqu'un vous arriver à pleine vitesse dessus sans que vous ayez la possibilité de l'éviter. Enfin, même s'il y avait eu possibilité, il ne l'aurait probablement pas fait de peur qu'elle se fasse mal. Elle devait très certainement le savoir, après tant d'années à avoir partager ses conneries et tout ce qu'il y avait avec, il était difficile de passer à côté de cette face parfois trop présente de sa personnalité. Sa bonté finirait par le perdre, un jour, mais ça n'était pas très important puisqu'il n'aurait au moins pas le moindre regret à supporter.

« Comme garçon aussi, t'es juste trop jeune pour l'remarquer, c'tout. » répliqua t-il d'un ton exagérément râleur qui trahissait sans mal son amusement.

Il était loin d'en penser le plus petit mot, il n'y avait qu'à voir le fiasco qu'avait été son aventure avec Hailey pour comprendre qu'il n'avait rien du garçon idéal. En ami, il devait être plutôt doué mais ça s'arrêtait bien là, et il n'avait jamais fait le moindre effort pour que ça change et n'était certainement pas prêt à en fait ! C'était un peu déstabilisant une fille qui était censée être plus qu'une copine... Il n'avait jamais été très proche de la Gryffondor avant qu'ils se mettent ensemble pour il ne savait toujours pas trop quelle raison, mais du moment où ils avaient décidé de former un ''couple'', il avait passé le plus clair de ses journées à l'éviter et depuis... Ils faisaient ce qu'ils pouvaient pour ne pas trop se croiser même si ce n'était pas toujours évident en partageant la même salle commune. Bonjour et puis c'était tout. Mais c'était largement suffisant et à en croire l'absence de la jeune femme à ses côtés, elle devait en penser la même chose. Une fois, Fiona lui avait dit que sa future femme serait probablement sortie de l'asile peu de temps avant leur mariage puisqu'il n'y avait qu'une folle pour vouloir s'unir à lui pour la vie, et plus les années passaient moins il avait de mal à y croire, mais comme il ne se voyait pas traîner une fille derrière lui jusqu'à la fin de ses jours, ça ne le dérangeait pas le moins du monde.

« Bah en fait, j'en sais rien, je m'attendais à me retrouver la tronche dans le tronc, mais avec toute cette technologie, j'imagine qu'ils ont inventé plein de trucs pour qu'on ne puisse pas prendre ce risque, peut-être un airbag invisible ? En tout cas, on lui doit une fière chandelle. »

Il hocha la tête. C'est vrai qu'ils avaient eu une chance de malade sur ce coup-là ! Sans l'espèce de truc qui leur avait permis de s'en sortir vivant, ils auraient probablement été bon pour un séjour à l'infirmerie, et pas le plus agréable d'entre eux ! Sans compter les conséquences que ça aurait pu avoir sur leur vie dans la société futuriste. Ils n'avaient pas le droit de sympathiser, et même s'ils avaient tendance à l'oublier, ça pourrait très certainement mal tourner s'ils étaient surpris en train de faire les crétins sur une planche volante... Alors risquer de mourir sur une planche volante... Merlin, ça aurait été horrible ! La Verte et Argent alla récupérer leur monture qui avait terminé sa course un peu plus loin, visiblement en bon état. C'était doté d'une intelligence artificielle ce truc ou... ? Ca leur sauvait la vie, et ça sauvait la sienne en même temps, si c'était pas merveilleux ça ! En tout cas, il n'y avait aucune raison pour ne pas retenter leur chance. Avec un peu de chance, les arbres ne décideraient pas de se dresser au beau milieu de leur chemin sur un coup de tête sans même leur laisser l'occasion de tourner. Cette fois, leur vol serait parfait ! Aussi bien qu'ils en étaient capable en balai ! Et ils étaient doués sur un balai, aussi bien l'un que l'autre... Dommage qu'il n'ait pas pensé à ramener le sien... Il était resté dans sa chambre, sagement posé derrière la porte.

« Prêt à recommencer ? »

La question se posait-elle réellement ? Le sourire de la jeune femme faisait plaisir à voir, il avait l'impression de retrouver véritablement son amie, un peu plus effacée depuis qu'ils étaient arrivés là. Mais en avait-elle le choix, de toute façon ? Elle ne pouvait strictement rien faire à part subir la situation, tant bien que mal. Comme eux tous d'ailleurs... Ils étaient tous dans la même galère. Enfin, c'était un truc à vivre au moins une fois dans sa vie ! Qui pouvait se vanter d'avoir pris un ascenseur à Poudlard et fait du skate volant dans les champs ? Ils ne devaient pas être très nombreux en 2019 ! Et eux, ils pourraient. Et ouais !

« Et comment ! »

Il laissa Rhiannon s'installer une nouvelle fois et grimpa à son tour. Comme la première fois, le décollage se passa sans encombre, ils prirent de l'altitude le plus délicatement du monde, comme s'ils avaient fait ça toute leur vie... C'était là, que ça allait se compliquer !

Spoiler:

Le membre 'Flynn H. Spencer' a effectué l'action suivante : Le Hasard

'Le Hasard' : 6, 6