Plusieurs jours interminables s’étaient déjà écoulés depuis l’annonce de cette terrible nouvelle. La vie avait repris son cours à peu près normalement pour Astride, bien que ses pensées aillent systématiquement vers la même personne : Gabriel. Il n’avait pas pris la peine de répondre à sa dernière lettre et cette absence totale de réaction l’avait profondément blessé. Elle n’avait d’ailleurs pas su s’ils allaient bien se voir durant le week-end et avait attendu anxieusement pendant la durée totale de celui-ci qu’il veuille bien lui donner signe de vie. Malheureusement, ça n’avait pas été le cas. La poufsouffle s’était donc contentée de passer son samedi et son dimanche, assise sur la chaise qu’elle occupait la plupart du temps à la bibliothèque, le regard dans le vide, tournant négligemment les pages d’un bouquin. Comment en avaient-ils pu en arriver là ? Elle n’en avait vraiment aucune idée. Peut-être que sa trop grande implication dans ses études avait conduit à leur perte, Gabriel imaginant sans doute qu’elle était trop souvent loin de lui et qu’il passait en second. C’était vrai, Astride ne pouvait pas le nier, sa réussite passait avant toute chose et avant tout le monde mais elle avait toujours pensé que le jeune homme avait la même façon de voir les choses qu’elle de ce côté-là au moins. Et puis, si ce n’était pas le cas, pourquoi ne pas lui en avoir touché deux mots, tout simplement ? La jeune fille n’avait pas l’impression d’être un véritable monstre et elle aurait très bien pu comprendre qu’elle avait des choses à changer dans son comportement si elle voulait que son couple aille bien. Son couple… Quelle ironie. Ils n’en avaient certainement été jamais un au final et elle avait été la seule cruche, incapable de s’en rendre compte.

Après ce week-end plus qu’interminable, Astride s’était enfin décidée à prendre les choses en main. Cette histoire altérait sa concentration et elle ne pouvait pas se permettre de négliger ses études à cause d’un parfait crétin. Cependant, tant qu’elle n’aurait pas eu de réponse aux trop nombreuses questions qu’elle se posait, la jeune fille savait qu’elle ne serait pas en paix.  Elle avait besoin de voir Gabriel et ne pouvait pas franchement attendre qu’il daigne lui accorder un peu d’attention et se rappelle qu’ils avaient à se voir très prochainement. La poufsouffle choisit donc de prendre les devants et c’est relativement tôt dans la matinée qu’elle se dirigea vers la volière pour prendre un des hiboux de l’école. Elle y écrivit soigneusement sa missive et envoyé le volatile chercher son désormais ex-copain dans l’école encore endormie.


Le week-end lui avait sans doute paru long, mais ce n’était rien en comparaison de la journée qui s’annonçait. Les cours s’enchainaient au même rythme que d’habitude, mais Astride était tout simplement incapable de se concentrer tant elle était nerveuse. Elle tournait et retournait sa plume entre ses mains, faisait tomber sa baguette trois fois par cours, rougissait comme une tomate lorsque les autres élèves se retournaient pour la regarder et hésitait à aller s’enfermer dans les toilettes entre chaque cours pour tenter de se noyer dans une des cuvettes. Mais sécher un cours n’était pas dans ses habitudes et elle ne voulait pas que ce soit Gabriel qui gagne ou qu’elle puisse lui prouver qu’il avait réussi à lui faire beaucoup de mal. C’était le cas, bien sûr, mais elle ne voulait pas le lui montrer. Dans cette histoire, elle avait été franche, honnête et droite. Elle avait peut-être eu du mal à se lancer, devait certainement se montrer maladroite de temps à autres, mais jamais elle n’avait pensé avoir énormément de défauts et de choses à se reprocher. Manifestement elle s’était trompée.  Qui plus était, ils avaient un certain nombre de cours en commun que ce soit avec Bonnie seule, Gabriel seul ou avec tous les deux en même temps. Pendant toute la durée de la semaine, elle ne leur avait pas adressé un seul regard se contentant de s’asseoir à une table le plus vite possible en gardant les yeux rivés sur le professeur pendant la durée totale de la leçon. En relisant certains de ses cours, elle avait réalisé que certaines de ses phrases n’étaient pas complètes ou qu’elle avait répété deux fois la même, mais peu importait, elle avait réussi à tenir le coup et c’était tout ce qui importait.

Toutefois, Astride accueillit la fin de la journée avec un soulagement non dissimulé, laissant tomber l’idée d’avaler quoi que ce soit, elle se rendit directement dans la salle qu’elle avait indiqué sur sa lettre et déballa ses affaires. Elle ne voulait pas laisser croire au jeune homme qu’elle l’attendait avec impatience aussi se força-t-elle à commencer son devoir de potions, se rendant tout de même bien vite compte qu’elle était incapable de réfléchir correctement. Le plus difficile pour elle était de se demander en permanence si Gabriel allait venir ou s’il allait la laisser bêtement là comme si elle n’existait plus pour lui. Etrangement, ça ne l’étonnerait pas plus que ça, pendant ce long laps de temps, elle avait eu tout le loisir d’intégrer l’erreur monumentale qu’elle avait pu faire en jugeant si facilement et si gentiment le comportement du tout gentil gryffondor. C’était facile pour lui de se faire plaindre et ensuite détruire la vie de ceux qui avaient essayé de lui tendre la main à un moment ou à un autre et elle était vraiment pressée d’entendre les explications qu’il avait à lui fournir à ce sujet. Lorsque la porte grinça, révélant l’entrée du rouge et or, la jeune fille releva la tête, sentant son cœur s’emballer plus qu’elle ne l’aurait souhaité.

« Salut. » Murmura-t-elle simplement.

Cette soirée promettait de ne pas être la meilleure de sa vie, mais elle n’avait pas le choix et elle en était bien consciente. Peut-être qu’après cette discussion, elle pourrait enfin reprendre le cours normal de sa vie et que le poids de plus en plus lourd qui lui pesait sur l’estomac aurait fini par disparaitre. Astride se rendait bien compte qu’elle se montrait sans doute un peu trop optimiste sur ce coup-là, mais c’était la seule façon pour elle d’essayer de conserver un minimum de positivisme, elle n’imaginait pas une seule seconde pouvoir terminer et réussir son année en restant dans cet état.

Gabriel ne s'était jamais senti aussi mal que depuis qu'il avait reçu la lettre d'Astride lui posant des questions sur une lettre qu'elle avait reçu accidentellement et qui ne lui était malheureusement pas destinée. Mais pourquoi ce satané Cupidon n'avait pas fait son boulot correctement ? Pourquoi est-ce que c'est Astride qui avait récupéré la lettre que Gabriel avait écrite à Bonnie ? Pourquoi avait-il un karma aussi pourri ? Mais surtout pourquoi avait-il décidé, juste à ce moment là, d'écrire à Bonnie ? Est-ce qu'il aurait mieux valu qu'il se contente d'une lettre anonyme ? Est-ce qu'il aurait mieux valu qu'il s'abstienne ? Mais aurait-ce était vraiment mieux ? Certes il n'aurait pas eu cette conversation inévitable avec sa petite amie, mais aurait-ce était vraiment mieux pour autant ? Comment Gabriel était passé de solitaire sans ami et encore moins sans petite amie à aimer deux filles en même temps ? D'ailleurs est-ce vraiment possible d'en aimer deux ? Gabriel avait envie de s'enterrer six pieds sous terre, honteux d'avoir osé faire sa à sa petite amie. Comment avait-il pu la traiter ainsi ? N'avait-elle pas le droit à un minimum de respect ? Pourtant il n'était pas homme à se comporter comme ça, alors pourquoi l'avait-il quand même fait ? C'est à n'y rien comprendre décidément. Quand il avait écrit à Bonnie, le jeune Baxter n'avait pas songé un seul instant que ça pourrait blesser Astride, pourtant c'était évident que ça le ferait inévitablement. A croire que quand il pense à l'une, son cerveau se déconnecter et plus rien n'existe à part cette personne. Quand il est avec Astride ou pense à elle, il ne songe qu'à elle et à elle seule. Et c'était tout aussi vrai pour Bonnie …

Après avoir pris son courage à deux mains, Gabriel avait décidé de tout dire à Astride, trouvant qu'elle méritait de le savoir. Mentir était de toute façon inenvisageable, il n'était peut être pas le garçon gentil qu'il se croyait, mais il était encore loin d'aimer faire volontairement du mal à ceux qu'il tient. Seulement écrire dans une lettre qu'il allait tout lui dire et le faire, il y avait une marge, un univers même. Comment allait-il aborder la chose ? Comment allait-elle réagir ? Allait-elle comprendre ? Bien sur que non elle n'allait pas comprendre, elle allait le haïr et elle aurait tout à fait raison. Gabriel a tenté mille et une fois de penser à autre chose plutôt qu'au weekend où il allait devoir se jeter à l'eau. Le jeune Baxter aurait peut être dû répondre à la lettre d'Astride mais ayant usé tout son courage pour la première, il n'avait pas pu se résoudre à le faire pour la seconde, alors il avait préféré attendre le weekend pour la voir. Bien évidemment, n'ayant pas répondu à la lettre, la jeune Whitby n'avait aucune idée s'il était d'accord ou disponible pour cette entrevue … quel idiot. C'est que bien trop tard qu'il pensa à se détail et honteux de ne pas lui avoir répondu avant, il préféra s'abstenir de faire quoi que ce soit, il en avait déjà trop fait. Samedi passa, puis Dimanche le suivie et aucune nouvelle d'Astride. Aurait-il dû lui écrire ? Avait-elle tenté de le joindre ? Il n'avait rien reçu mais il avait peut être loupé le message ailé. Bien entendu, au fond de lui, Gabriel savait que s'il s'était rendu comme à son habitude, à la bibliothèque, il l'aurait très certainement croisé, mais le courage ne lui vint pas ce weekend là et pour la première fois de sa vie, la bibliothèque qui était en général son sanctuaire devint son pire cauchemar. Le jeune Préfet préféra rester cloîtrer dans sa salle commune à tenter de mener à bien son expérience en cours mais il ne réussit qu'à se planter un nombre incalculable de fois, ce qui l'obligea à chaque fois à recommencer.


Contre toutes attentes, le fameux messager ailé finit par arriver le lundi matin tôt. Gabriel était encore en train de dormir quand il sentit quelque chose le mordiller. En ouvrant les yeux, il faillit faire une crise cardiaque, se retrouvant nez à nez avec le hibou d'Astride. Après s'être remis de son effroi, le jeune Baxter récupéra le message et le déplia. Il était court et dénué de toute sympathie, ce qui était tout à fait normal. Oublier leur entrevue ? Comment aurait-il pu, il n'avait pensé qu'à ça, espérant naïvement qu'elle finirait par oublier ou se lasser, sait-on jamais. Gabriel relu plusieurs fois la missive avant de se passer une main sur son visage. Dans quelle galère s'était-il encore fourré ? Ne pouvait-il pas être un garçon normal ? Avec une relation normale avec une fille bien ? Non il fallait qu'il gâche tout, comme d'habitude. Le jeune homme finit par se lever pour se préparer, l'envie d'aller en cours était inexistante, pour la première fois de sa vie. La journée lui parut une éternité, comme si le temps lui même s'était ligué contre lui. Le jeune Baxter s'était mis à l'opposé de la jeune Bonnie durant tout leurs cours en commun et s'était débrouillé pour se trouver toujours derrière Astride, à deux ou trois tables d'elle. Rien que de la savoir en colère contre lui, ça le bouffait mais pourtant elle était dans son droit, c'était lui le salaud, il fallait qu'il assume maintenant. Malgré le temps qui s'égrainait à une allure d'escargot, la fin de journée finit par arrivée et l'entrevue avec Astride aussi. Plus il avançait vers l'une des vieilles salles inutilisées et moins il avait envie d'être là. Etrangement, limite il préférait aller se balade dans la forêt interdite plutôt que d'être ici, au moins les bêtes sauvages le dévoraient vite et elles ne prendraient pas leur temps pour se venger. Après plusieurs crises de panique et une multitude de changement d'avis, Gabriel finit par arriver devant la porte d'entrée. Après s'être passé une main sur le visage, Gabriel poussa la porte qui grinça sur ses gongs. Le jeune homme entra et il découvrit Astride en train de bosser.

« Salut. »

Le cœur du jeune Baxter s'emporta tout seul et le rouge lui monta tout de suite au visage, ce qui l'enchanta au plus haut point comme vous pouvez l'imaginer. Après une grande inspiration, le jeune homme s'avança vers sa future très certainement ex petite amie et tenta d'esquisser un pâle sourire qui ressemblait plus à une grimace qu'à un sourire

« Salut ... »

Et voilà, il était là, devant elle. Il ressemblait étrangement au Gabriel qu’elle avait toujours connu, le même regard, la même façon de se tenir, tout concordait. Mais à quoi s’attendait-elle de toute façon ? Ce n’était pas parce qu’elle venait de découvrir qu’il n’était pas ce qu’elle pensait, que son physique allait se métamorphoser et qu’il allait prendre l’apparence d’un petit diable. Franchement, sur ce coup-là, elle ne faisait pas preuve de beaucoup de logique, certes, il l’avait trahie et de la pire des façons qui soit, mais outre les révélations difficiles à encaisser qu’il venait de lui faire, elle devait bien reconnaitre qu’il était resté le même garçon que celui qu’elle avait rencontré dans le parc à la fin de l’année dernière. Ça ne risquait pas de lui rendre les choses faciles, c’était le moins qu’on puisse en dire. Après tout ce qu’ils avaient vécus ensemble depuis des mois et des mois, la poufsouffle peinait à imaginer qu’il puisse s’être comporté de la sorte. Elle imaginait encore qu’il allait lui crier « poisson d’Avril » avant de la prendre dans ses bras, mais ce n’était pas vrai et il fallait qu’elle parvienne à se raisonner.

« Salut ... »

Cette entrée en matière ressemblait bien à Gabriel, en même temps, elle ne pouvait pas s’attendre à ce qu’il fasse véritablement preuve d’assurance, il ne le faisait déjà pas en temps normal, ce n’était pas pour réussir à se montrer un peu courageux en de pareilles circonstances, ça ne lui ressemblerait absolument pas. D’un côté, Astride était un peu contente qu’il ne lui ait pas masqué sa véritable personnalité, certes, il avait été un véritable monstre avec elle, mais il n’avait pas cherché à lui mentir de A à Z et elle parvenait encore à se dire que toute leur relation n’avait pas été basée uniquement sur le mensonge. Après tout, le rouge et or était et resterait son premier petit ami et même si leur relation devait s’arrêter là, elle voulait garder de bons souvenirs de ce qu’avait pu être cette première relation amoureuse. La jeune fille avait l’habitude de faire difficilement confiance aux gens et dans sa vie amoureuse, elle n’avait jamais eu beaucoup de chance, mais elle ne devait en aucun cas se laisser dépasser par un échec jusqu’à se renfermer totalement sur elle-même. Depuis qu’elle était à Poudlard, Astride avait fait de gros progrès à ce niveau-là, elle avait appris à se lier avec les gens et surtout à sortir de la bulle qu’elle s’était créée au fil des années. Il était donc hors de question qu’elle y retourne surtout pas par la faute d’une seule et même personne.

« J’ai eu peur que tu décides de me poser un lapin. » Avoua-t-elle simplement. « Merci d’être venu. »

Il pouvait nier en bloc, jurer qu’il n’avait pas eu du tout l’intention de ne pas la voir, mais elle aurait beaucoup de mal à croire. Ce n’était qu’un lâche et le fait qu’elle ait dû prendre les devants pour provoquer cette rencontre lui prouvait qu’il n’était pas capable d’assumer seul ses actes. Quel dommage, et dire qu’il aurait pu être le garçon bien de cette école, le petit ami parfait, que toutes les filles enviaient. Il en était bien loin, finalement, et Astride était tombée de très haut en le réalisant. Depuis ces fameuses vacances de Noël, la jeune fille ne pouvait s’empêcher de penser à la chance qu’elle avait et aux opportunités qu’elle venait de découvrir avec cette relation naissante. Gabriel et elle étaient tellement similaires, ils avaient tant de choses à partager que leur histoire ne pourrait être que merveilleuse. Mais finalement, ils étaient beaucoup moins semblables au jeune homme qu’elle avait pu l’imaginer. Déjà, elle était droite et honnête, chose dont le rouge et or ne pourrait jamais se vanter, elle assumait ses erreurs et pensait que la fidélité était quelque chose de primordial dans un couple, tout ça, il l’avait balayé d’un geste de main et n’en semblait pas perturbé plus que ça.

« Je suppose que tu as plein de choses à me dire et j’ai des tonnes de questions à te poser. »

Sauf qu’elle préférait évidemment qu’il parle d’abord, qu’il lui explique comment tout cela s’était déroulé, comment il avait rencontré la fille qui avait pris sa place dans son cœur et ce qu’il avait fait avec cette jeune fille plus ou moins inconnue. Il était hors de question qu’elle passe des heures et des heures à jouer aux devinettes sans qu’il ose lui donner la moindre réponse et se répande en excuse toutes les dix secondes. Elle trouvait inutile qu’il lui dise à quel point il était désolé, le mal était fait et si véritablement il avait des regrets, il n’avait qu’à réfléchir à la conséquence que pouvaient avoir ses actes au préalable. Il n’en avait pas été capable ? C’était son problème à présent, elle n’avait aucune envie de lui pardonner, la blessure était trop récente, trop fraiche pour qu’elle puisse le faire en toute honnêteté. Astride tenait à garder un minimum de principes, elle ne voulait pas lui mentir, ni faire en sorte qu’il puisse lui reprocher quoi que ce soit, ce n’était absolument pas dans son intérêt. Elle avait bien conscience que sur ce coup-là, les torts étaient loin d’être partagés, il n’y avait pas eu de signe avant-coureur, rien qui puisse la laisser croire que son couple était au bord d’un précipice. La poufsouffle n’aurait donc rien pu faire pour le préserver et elle en avait pris pleinement conscience pendant ses longues heures de réflexion.

« Je me suis fiée aux rumeurs pour une fois, et je ne sais pas trop si j’ai eu raison, c’est Bonnie n’est-ce pas ? Je veux dire, l’autre fille, c’est elle ? Je lui en ai parlé et elle a tout nié, mais j’en reste persuadée. »

Et s’il se mettait à lui mentir lui aussi ? La poufsouffle savait qu’elle ne le supporterait pas. Elle avait déjà eu du mal à lui faire dire ce qu’il avait sur le cœur, et encore, il était loin de lui avoir tout avoué pour le moment, mais si en plus, il revenait sur ses paroles et essayait de camoufler une partie de l’histoire, la poufsouffle ne savait pas du tout comment elle réagirait. C’était le moment pour Gabriel de se racheter une conduite, de repartir de zéro et de faire en sorte de se remettre sur le droit chemin dès maintenant. Il restait évidemment à savoir s’il en était capable et Astride n’en était pas franchement convaincue pour le moment. Le rouge et or avait toujours eu du mal à s’exprimer, préférant de très loin se renfermer sur lui-même lorsque la situation lui échappait et dans les moments où il aurait dû prendre son courage à deux mains, il prenait bien trop souvent la fuite, évitant une confrontation désagréable. Cependant, il était venu et c’était déjà une petite victoire que la jeune fille ne pouvait pas contester.

« Sans cette lettre, est-ce que tu m’aurais tout dit ? »

Cette question n’admettait pas vraiment de réponse. Astride était persuadée que ce n’était pas le cas. Si ça l’avait été, il n’aurait probablement pas mis autant de temps, sachant qu’elle lui en avait laissé largement assez pendant qu’elle se torturait afin de savoir si oui ou non elle devait lui demander des explications. Elle avait laissé s’écouler plus d’un mois après la Saint-Valentin, un long mois pendant lequel elle n’avait pas eu autant de nouvelles qu’elle l’espérait. Seulement, elle voulait tout de même l’entendre, quitte à recevoir un énième coup au cœur, ce ne serait probablement pas le dernier.

Que faisait-il là ? Plus les secondes passaient et plus il avait envie de fuir. Lâche lui ? Oui totalement mais pas que. Gabriel n'assumait strictement rien à ce qui était en train de se passer et il avait l'impression que c'était la vie d'un autre qu'il était en train de vivre et non pas la sienne. Depuis quand sa vie était-elle devenue si compliquée ? Certes elle n'a jamais été vraiment simple, mais quand il pouvait compter ses amis sur les doigts d'une main au moins il savait que rien ou presque ne pouvait lui arriver par leur biais, mais maintenant que tout était différent, sa vie avait pris un tournant qu'il n'appréciait que moyennement. En fait sa vie partait en sucette depuis le début de l'année, depuis l'annonce de sa nomination au poste de préfet. Pourquoi lui ? Qu'est-ce qu'il s'était passé dans la tête de sa Directrice pour qu'elle le nomme à cette place ? Etait-ce pour lui prouver qu'il en était capable ? Et alors même si c'est le cas ça ne veut pas dire qu'il le vit bien. Après sa nomination, le jeune Baxter s'était rapproché d'Astride qui n'était à l'époque qu'une simple et vague connaissance. Tout a basculé entre eux à Noël, durant les vacances, quand ils se sont embrassés. Normalement tout aurait été super si Bonnie était sortie de ses pensées, mais ça n'arriva jamais et maintenant il se retrouve à devoir expliquer à sa petite amie qu'il ressentait des sentiments pour une autre fille qu'elle et qu'il n'arrivait pas à se l'enlever de la tête. Mais étrangement, en cet instant, Bonnie était bien loin d'être dans ses pensées, seule Astride s'y trouvait et peut être pour la dernière fois.

« J’ai eu peur que tu décides de me poser un lapin. Merci d’être venu. »

Elle avait de quoi avoir peur, Gabriel n'était pas connu pour être quelqu'un de courageux, elle avait pu le remarquer dès leur première rencontre. Au moins elle ne pourra pas dire qu'elle l'ignorait, il avait été très clair avec elle sur ce sujet. Il n'éprouve aucune honte à avouer qu'il est un trouillard et qu'il n'a rien à faire sans la maison du courage. Seulement être un trouillard c'était bien beau mais quand il faut y aller, faut y aller comme disait son père. Il faut savoir prendre la responsabilité de ses actes et ne pas s'enfuir juste parce que c'est dans sa nature. Gabriel soupçonnait son père de lui dire ça pour lui expliquer que s'il avait voulu, quand sa femme était tombée enceinte, il aurait pu prendre la poudre d'escampette et lui laisser le gamin dans les bras, mais au lieu de ça il avait pris ses responsabilités. Limite Gabriel se demandait si son père n'exigeait pas de lui qu'il le remercie pour cet acte de courage. Non mais franchement, il y a des gens, ils ne doutent de rien … Gabriel étrangement préférait se perdre dans ses souvenirs concernant sa famille plutôt que de supporter de devoir faire encore plus souffrir une fille qu'il aimait. Non décidément le jeune homme n'était vraiment pas fait pour être en couple ou avoir une quelconque relation sociale avec une personne.

« Je … je te devais bien ça … même si …. enfin soyons franc j'ai aucune envie d'être là … »

Gabriel ou l'art de parler aux femmes. C'était tout lui ça, d'être maladroit jusqu'à dans ses paroles. Astride risquait de mal prendre ses propos et elle aurait bien raison, le jeune homme n'était qu'un abruti de première et un empoté. Mais comment lui en vouloir en cet instant de faire des gaffes alors qu'il était super nerveux. Il allait devoir dire à une fille qu'il aime profondément que malgré tout son amour pour elle et toute sa volonté pour que cette histoire marche, qu'il ressent quand même un amour similaire pour une autre fille qu'il ne connait pas ou à peine. Pourtant discuter avec Bonnie fut juste merveilleux, même s'il n'était pas le garçon le plus à l'aise du monde, il n'arrive à se souvenir que des bons moments. Pourtant tout cela était du passé quand il se retrouvait en face d'Astride et seule la culpabilité de pouvoir ressentir la même chose pour deux filles le bouffait.

« Je suppose que tu as plein de choses à me dire et j’ai des tonnes de questions à te poser. »

Au moins on ne pourra pas reprocher à Astride de tourner autour du pot, elle était plutôt du genre à rentrer directement dans le vif du sujet sans passer par de préambule. Etait-ce bien ou mal ? Gabriel ne saurait le dire, mais ce qui est sûr c'est que s'il n'arrivait pas à se lancer seul, elle prendrait un grand plaisir à l'y aider, pour mieux le détruire ensuite. Mon dieu comment pouvait-il donner le mauvais rôle à Astride en cet instant alors que c'était lui l'abjecte personnage ?

« Je … je m'en doute … »

Wouha quel grand début que voilà, grâce à cette phrase ou cette ébauche de phrase, Gabriel a su expliquer à Astride ce qu'il se passait dans sa tête de piaf et maintenant tout est clair pour elle … ou pas. Elle attendait des réponses et elle espérait peut être ne pas à avoir à lui tirer les vers du nez, seulement il n'est là que parce qu'il n'a pas vraiment le choix alors il ne faut pas trop en attendre de lui non plus. S'il se mettait pas à fuir, ce serait un miracle.

« Je me suis fiée aux rumeurs pour une fois, et je ne sais pas trop si j’ai eu raison, c’est Bonnie n’est-ce pas ? Je veux dire, l’autre fille, c’est elle ? Je lui en ai parlé et elle a tout nié, mais j’en reste persuadée. »

Aux rumeurs ? Quelles rumeurs ? Gabriel savait qu'elles avaient tendance à courir vite dans cette école, mais il ignorait qu'il y avait une ou des rumeurs sur lui. Comme quoi, ne pas s'intéresser à la vie du château, ça n'avait pas que des bons côtés. Que disaient ces fameuses rumeurs ? A part qu'il était un imbécile ? En tout cas ce qui est sûr c'est que ces fameuses rumeurs ou le flaire intraitable d'Astride avaient visé juste, il s'agissait bien de Bonnie. Comment l'avait-elle deviné ? Pourtant jusqu'à tout récemment, ils ne s'étaient jamais vraiment adressé la parole. Elle lui a parlé ? Gabriel n'en revenait pas, elle avait osé lui parler ? Bon c'est bon, à la fin de cette conversation il pouvait sauter de la tour d'Astronomie, c'était fini pour lui. Qu'allait-elle penser de lui ? Qu'il n'était qu'un pauvre type qui ne savait pas traiter correctement sa copine, ce qu'il était au final … Comment avait-il pu en arriver là ?

« Les rumeurs ? Quelles rumeurs ? Bonnie ? Qu'est-ce … qu'est-ce que tu lui as dis ?» Commença-t-il d'abord un brin paniqué, avant de se rappeler que ce n'était pas à lui d'être scandalisé, révolté ou en colère. Il ne devait pas poser des questions mais y répondre. « Je … je ne sais franchement pas ce que disent ses rumeurs, ni ce que tu lui as dis, mais … mais oui, c'est bien à Bonnie que j'ai …. j'ai écrit la lettre … seulement elle ne l'a jamais reçu alors tu m'étonnes qu'elle est niée vu qu'avant que tu lui dises que je lui avais écrit, elle l'ignorait totalement … »

Gabriel pourrait aussi se pendre, parce que la défenestration c'est bien et rapide mais ça à tendance à défigurer un peu et vu qu'il n'est pas complètement vilain, ça serait dommage de tout gâcher en mourant. Il pourrait aussi s'étouffer, se noyer, ingurgiter un poison, se couper les veines ou fuir … c'est pas mal la fuite, ça fait moins mal et étrangement ça ne demande pas d'affronter la Mort, ce qui arrangeait pas mal le jeune Baxter. Bon certes au bout de quelques kilomètres, après avoir mis suffisamment de distance entre cette école et lui, il allait vite se rendre compte qu'il allait se perdre et paniquer …

« Sans cette lettre, est-ce que tu m’aurais tout dit ? »

Gabriel resta sans voix – ce qui n'était pas complètement rare chez lui – et il regarda Astride avec la bouche à moitié ouverte, tel un poisson rouge. Qu'est-ce qu'elle voulait qu'il lui dise ? Oui ? Non ? Peut être ? Qu'est-ce qu'il en savait lui sincèrement ?

« Heu … sincèrement ? … Je … je … je sais pas … peut être …. enfin je suppose qu'à un moment donné je te l'aurais dis, mais je sais pas quand …  »

« Je … je te devais bien ça … même si …. enfin soyons franc j'ai aucune envie d'être là … »

Sérieusement ? Mais quel enfoiré ! Il n’avait aucunement le droit de lui dire ça, ils n’auraient jamais eu à être ici s’il n’avait pas joué à celui-qui-sera-le-plus-idiot. Tout ça était entièrement de sa faute et il n’avait pas le droit de lui avouer qu’il n’avait aucune envie d’avoir à tenir cette conversation. Qu’est-ce que ça voulait dire d’ailleurs ? Qu’il aurait préféré ne plus jamais la revoir et continuer sa vie avec la pouffe qui lui servait de remplaçante ? C’était une attitude de personne immature, incapable d’assumer ses responsabilités et ça ne correspondait en rien au Gabriel qu’elle avait eu l’impression de connaitre. Celui qu’elle avait embrassé dans la forêt, non loin de chez grands-parents était bien différent du garçon qui se trouvait en face d’elle en ce moment et elle était dégoutée de s’être trompée à ce point-là. Elle avait l’impression de déchanter de plus en plus au fur et à mesure que le temps s’écoulait, d’abord cette lettre d’aveux, puis le silence radio et maintenant cette rencontre qui commençait bien mal.

« Et moi, alors ? Je ne crois pas que tu sois le plus à plaindre dans cette histoire, et soyons honnête, je suis loin de compatir. »

Astride essayait tant bien que mal de garder un ton ferme, faisant croire que cette histoire ne l’atteignait pas plus que ça et qu’elle était tout simplement en colère mais loin d’être blessée par l’attitude du jeune homme. Lui faire comprendre qu’il avait réussi son coup le ferait certainement jubiler, non ? Bon, d’accord, peut-être pas, en tout cas, pas s’il n’avait pas tant changé que ça, mais avec ce que la poufsouffle avait vu de son petit-ami, elle n’était malheureusement plus sûre de rien et doutait même qu’il ait un jour, vraiment voulu être avec elle. Au fond, Astride était bien loin de réussir à garder le calme qu’elle essayait de montrer, elle avait tout simplement envie de prendre ses jambes à son coup et d’aller s’effondrer sur son lit pour pleurer. Tant pis, si elle passait pour une pauvre crétine amoureuse, tant pis si Anabela allait raconter à toute l’école ce qu’elle avait vu, Yasha et Kayla seraient, toutes les deux, là pour la consoler et elle avait grandement besoin de réconfort.

« Je … je m'en doute … »

Et c’était tout ? Elle avait fait l’effort de lui écrire un mot pour lui demander de venir, de faire le premier pas en lui posant directement la question à propos de la lettre étrange et anonyme qu’elle avait reçu, d’engager la conversation une fois qu’il avait fini par montrer le bout de son nez et il n’était pas capable d’enchainer plus de trois mots sans bégayer. Il allait vraiment falloir qu’il se reprenne parce qu’à ce rythme-là, elle allait finir par ne plus pouvoir se contrôler et à le passer par la fenêtre. Elle avait besoin des réponses qu’il pouvait très bien lui donner sans qu’elle ait à extirper chacune d’entre elles avec de longues et interminables question. Astride voulait tout simplement qu’il lui raconte comment tout cela avait pu arriver, ce qu’elle avait fait pour qu’il se désintéresse d’elle, combien de temps il avait mis pour trouver cette autre fille et tomber dans ses filets. Etait-ce bien difficile pour le gryffondor de comprendre ce qui la tracassait ? Elle n’en avait pas l’impression et pourtant il se bornait à ne rien dire, restant légèrement en retrait comme si s’approcher risquait de provoquer sa propre perte.

« Les rumeurs ? Quelles rumeurs ? Bonnie ? Qu'est-ce … qu'est-ce que tu lui as dit ? Je … je ne sais franchement pas ce que disent ses rumeurs, ni ce que tu lui as dit, mais … mais oui, c'est bien à Bonnie que j'ai …. j'ai écrit la lettre … seulement elle ne l'a jamais reçu alors tu m'étonnes qu'elle est niée vu qu'avant que tu lui dises que je lui avais écrit, elle l'ignorait totalement … »

Astride croisa les bras, mécontente que la conversation prenne une telle tournure. Alors maintenant, il s’inquiétait de ce que pouvait savoir sa nouvelle chérie à propos de lui ? Pauvre petit chou, son image de gentil garçon allait en prendre un coup, mais de toute façon, ce n’était pas comme si Bonnie ignorait qu’il n’était pas un cœur à prendre, tout ce qu’elle avait pu lui dire ne changeait probablement rien à ce qu’elle pensait. La poufsouffle n’avait pas oublié le qualificatif choisit par la vipère pour décrire son petit-ami. L’Apollon de la bibliothèque… Non mais franchement, si Gabriel était son fantasme qu’elle ne se gêne pas pour le lui prendre, le rouge et or ne semblait attendre que ça, qu’il ait une copine ou non. Ils se connaissaient depuis une éternité en plus, rien ne lui disait que ce petit jeu de séduction ne durait pas depuis des mois et des mois ni qu’elle n’était pas une simple pièce de puzzle destinée à faire grandir une certaine jalousie. Cooper avait probablement eu le même rôle auprès de la serpentard d’ailleurs, mais qu’avait-elle fait pour mériter un pareil traitement ? Pas grand-chose, malheureusement.

« Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? T’auras qu’à aller la voir, tu lui demanderas, après tout, vous allez certainement avoir un bel avenir ensemble. » Déclara-t-elle sans chercher à masquer son ironie. « Donc tu ne lui avais jamais adressé la parole avant ? Comment peux-tu aimer une fille avec laquelle tu n’as jamais eu aucun contact ? Ça n’a pas de sens. »

Au moins, la conversation commençait à prendre une tournure intéressante, il lui avait avoué que c’était bien Bonnie, ce qui expliquait déjà beaucoup de choses. En revanche, elle n’était pas persuadée qu’ils n’aient pas conscience des sentiments respectifs qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. Il était évident que la vipère n’était pas indifférente au charme de Gabriel et l’inverse était tout aussi vrai puisque le rouge et or avait choisi de la faire souffrir sans même savoir si ce qu’il ressentait pour elle était réel. Enfin, ça, c’était tout simplement ce qu’il voulait lui faire croire, ça ne voulait pas du tout dire qu’il était sincère et la jeune fille préférait se méfier des révélations qu’il venait de lui faire. Quelque chose ne collait pas, elle avait imaginé qu’elle entrait dans cette salle pour avoir des explications de son petit-ami qui l’avait trompé et en réalité, Astride réalisé que mis à part cette lettre, il n’y avait jamais rien eu entre eux. De toute façon, pour elle, une déclaration d’amour, même non reçue suffisait à parler de trahison. Il avait fait le premier pas vers une autre fille qu’elle et c’était quelque chose que la poufsouffle n’était pas prête de lui pardonner.

« Heu … sincèrement ? … Je … je … je sais pas … peut être …. enfin je suppose qu'à un moment donné je te l'aurais dit, mais je sais pas quand … »

Super, merci beaucoup Gabriel, voilà qui lui apportait un immense éclaircissement. D’un autre côté, elle devait bien reconnaitre que c’était une question à laquelle il était difficile d’apporter une vraie réponse. Ce n’était qu’une simple supposition, elle lui demandait d’imaginer ce qu’il aurait pu se passer si tout c’était déroulé comme le jeune homme l’avait prévu. Avant d’envoyer cette fichue lettre, il n’avait vraisemblablement pas pensé aux conséquences qu’il pourrait y avoir derrière, sinon il se serait peut-être abstenu d’écrire une telle chose ou alors, il aurait juste prouvé une fois de plus qu’il n’était pas quelqu’un de bien et elle n’aurait probablement su que par un pur hasard qu’il sortait avec deux filles en même temps. Elle ne pouvait même pas se dire « le connaissant, il aurait… » parce que finalement, elle ne connaissait pas son petit-ami, elle avait vu seulement ce qu’elle voulait voir, se réjouissant de tomber sur un garçon aussi merveilleux alors qu’elle avait eu tellement peu de chance en amour jusque-là. Mais non, finalement, elle devait bien reconnaitre que sa poisse la poursuivait encore et toujours et elle n’était pas sûre de pouvoir s’en défaire un jour.

« Ouais en gros tu aurais attendu bien sagement que l’une de nous se doute de quelque chose, je crois que tu confonds courage et sincérité. Ce n’est pas si dur que ça de dire à une personne que tu ne l’aimes plus si c’est le cas, ça évite des souffrances inutiles. J’aurais préféré que tu me parles plutôt que tu me trahisses. »

Certes, si ce qu’il venait de lui dire était vrai, il ne l’avait pas vraiment trahie, mais il avait eu le projet de le faire et c’était exactement la même chose. Astride n’avait pas fini de lui en vouloir, elle avait besoin d’une personne à blâmer pour pouvoir ne pas se sentir coupable. Elle se connaissait fort bien et savait donc pertinemment qu’à partir du moment où elle se poserait des questions sur elle-même, la poufsouffle trouverait mille et une choses à se reprocher qu’elles soient réelles ou simplement dues à son imagination, il était hors de question qu’elle se tienne pour responsable de tout ce qu’il venait de se passer, elle était victime non coupable, il n’y avait rien à dire là-dessus.

Est-ce que c'était le fait d'être ici qui lui posait le plus de problème ou de se rendre compte qu'il venait de blesser une personne qu'il aimait profondément ? Certes devoir essuyer des cris, des larmes, des reproches, des insultes ou autres ne l'enchantait pas spécialement mais le fait de faire souffrir une fille merveilleuse qui ne méritait pas tout cela était très certainement la pire chose qu'il est pu faire jusqu'à présent. Pourquoi avoir écrit cette lettre ? S'il savait que ça allait faire souffrir Astride, pourquoi l'avoir écrit ? Pour voir si Bonnie ressentait les mêmes choses que lui ? Mais si cela avait été le cas, il aurait fait quoi ? La question était là. S'il se rendait compte qu'il pouvait avoir Astride et Bonnie, laquelle choisir ? En serait-il seulement capable ? Certes il aimait Bonnie depuis bien plus longtemps qu'Astride mais il avait passé plus de temps avec la Jaune & Noire et il avait découvert une personne formidable, avec pleins de points en commun et il en était tombé véritablement amoureux … Non en fait le jeune Baxter se rendait compte qu'il s'était mis tout seul dans de beau drap, peut être involontairement mais de façon inconscient il avait cherché une solution à ce problème : les faire le détester toutes les deux, ainsi plus besoin de choisir vu qu'il n'y aurait plus personne à aimer …

« Et moi, alors ? Je ne crois pas que tu sois le plus à plaindre dans cette histoire, et soyons honnête, je suis loin de compatir. »

En ayant été le plus honnête du monde, Gabriel s'était attendu naïvement à ce qu'Astride apprécie sa franchise, mais il avait visé à côté et avait froissé la jeune Whitby, non sans raison. Evidemment qu'elle était la plus à plaindre, il n'avait jamais prétendu le contraire. Il voulait juste signaler que si cela n'avait tenu qu'à lui et qu'il aurait écouté son courage inexistant, il aurait pris ses jambes à son cou et ne serait jamais venu. Mais l'aurait-il fui pour le restant de sa scolarité ? Le jeune homme en aurait bien était capable, même s'il se serait maudit jusqu'à la fin de ses jours. En fait plus il réfléchissait et plus il se trouvait monstrueux. Il n'arrêtait pas de se plaindre de cette situation désagréable mais il en était l'unique cause. Sans la lettre envoyée à Bonnie, Astride ne lui en voudrait pas et ils n'en seraient pas là aujourd'hui. Mais finalement, le fait de pouvoir s'ouvrir à Astride aujourd'hui n'est pas une bonne chose ? Au moins il pourra être totalement franc avec elle et la laisser décider si elle a encore envie de continuer à sortir avec lui, malgré tout, ou le laisser se débrouiller tout seul, ne voulant plus entendre parler du jeune Baxter.

« Je … je ne voulais pas dire ça … Je sais bien que … que tout est de ma fau...faute! »

Le bégaiement s'intensifiait avec le stress, ils étaient mal parti et c'était pile se qu'il fallait pour continuer à énerver profondément sa petite amie. Pourquoi cela devait-il le prendre maintenant ? Ca ne pouvait pas attendre plus tard ? Lors d'une conversation avec Flynn par exemple. Non il fallait que ça tombe pile au milieu d'une dispute... enfin d'une dispute … Astride était furax mais Gabriel lui voulait se faire tout petit. C'était peut être leur toute première dispute et très certainement leur dernière à ce rythme là. Et dire qu'il ne pensait pas pouvoir faire du mal à une personne qu'il aimait, à croire qu'il avait tort sur toute la ligne. Astride ne méritait pas ça, elle méritait quelqu'un qui la considère mieux que lui, il ne valait décidément rien en tant que petit ami, il était peut être préférable qu'il reste seul, ainsi il ne blesserait personne.

« Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? T’auras qu’à aller la voir, tu lui demanderas, après tout, vous allez certainement avoir un bel avenir ensemble. Donc tu ne lui avais jamais adressé la parole avant ? Comment peux-tu aimer une fille avec laquelle tu n’as jamais eu aucun contact ? Ça n’a pas de sens. »

Gabriel ne comprenait vraiment pas où voulait en venir Astride. Comment ça se que ça pouvait lui faire ? Même s'il était coupable de toute cette histoire, il avait quand même le droit de savoir ce qu'Astride avait dit à Bonnie, au moins pour savoir comment agir devant la belle rousse. Visiblement il lui devait déjà des excuses et la promesse de ne jamais plus croiser son chemin pour ne plus jamais qu'elle entende parler de lui, ce serait déjà le minimum … changer d'école serait peut être finalement préférable. Un bel avenir ensemble ? Le jeune Baxter avait dû mal à imaginer un bel avenir avec quiconque au vu de ce qui était en train de se passer, il allait finir seul ses vieux jours et ce serait peut être préférable, au moins il ne fera de mal à personne. Et dire que c'était la seconde fois qu'il sortait avec quelqu'un et la première fois qu'il était amoureux de la personne et voilà comment cela allait se terminer, par des cris et une envie de ne plus jamais revoir le jeune homme … c'était du beau.

« Un bel avenir ensemble ? Je … je comprend pas … Et oui, avant qu'elle me rende mon manuel, je ne lui avais jamais parlé et ce n'est pas prêt d'arriver de nouveau … quand à mes sentiments je … je sais pas … je n'ai jamais compris ni même … cherchais … »

Comme si en l'écoutant Gabriel avait cherché volontairement à tomber amoureux d'une de ses amies, par ennui ou par défi. Comme si l'amour cela se maîtriser, c'est nouveau. Le jeune Baxter ne savait vraiment plus comment dire les choses et ne comprenait vraiment pas ce qu'était en train d'insinuer Astride. Pensait-elle qu'ils se connaissaient mieux qu'il ne le prétendait ? Mais comment cela aurait-il pu être possible ? Et surtout s'ils se connaissaient mieux, est-ce qu'elle pensait qu'ils avaient eu une relation ensemble ? Salaud oui mais pas à ce point là quand même. Jamais il n'aurait osé faire ce genre de chose et puis sincèrement rien que la présence de Bonnie le comblait de joie et le mettait dans tous ces états, comment pouvait-il ne serait-ce que songer à l'embrasser ? Cela revenait limite à faire un arrêt cardiaque.

« Ouais en gros tu aurais attendu bien sagement que l’une de nous se doute de quelque chose, je crois que tu confonds courage et sincérité. Ce n’est pas si dur que ça de dire à une personne que tu ne l’aimes plus si c’est le cas, ça évite des souffrances inutiles. J’aurais préféré que tu me parles plutôt que tu me trahisses. »

Gabriel restait sans voix face aux propos d'Astride. Pensait-elle vraiment qu'il ne l'aimait plus ? Bon certes écrire une déclaration d'amour à une autre fille pouvait laisser penser cela, mais c'était pourtant bien loin de la vérité. Mais comment le lui dire ? Dans les films, l'homme s'approcherait de sa bien aimée et avec un sourire, la prendrait dans ses bras, attraperait son visage et tout en la fixant, lui avouerait qu'il n'a jamais cessé de l'aimait et qu'elle est la seule femme de sa vie … Bon lui ce n'est pas le cas et en plus, même s'il tentait de faire un truc dans ce genre là, les mots ne sortiraient pas et Astride le repousserait. Non vraiment, il n'arrivait pas à savoir comment réagir avec elle. Cela dit elle avait raison, il confondait courage et sincérité et il n'avait ni l'un, ni l'autre.

« Peut être que … que tu as raison sur un point … je ne sais pas ce que j'aurais fait si tu ne l'avais pas appris … surtout si Bonnie ne répondait pas à ma lettre … Mais … » Gabriel ne savait pas comment lui dire ça sans qu'elle pense qu'il se moquait d'elle ou qu'il tentait de se racheter « Mais … je … je n'ai jamais cesser de t'aimer … Je sais que … que les faits sont contre moi, mais ce n'est pas parce que j'ai écrit à Bonnie que forcément je ne t'aime pas … Je ne sais pas comment c'est possible mais … en toute sincérité : je vous aime toutes les deux … C'est peut être d'ailleurs finalement pour ça que j'ai fais tout ça … enfin tu vois pour que finalement je n'ai pas à choisir … non pas que vous m'aimiez forcément toutes les deux mais … enfin vous l'auriez forcément su … par moi … en vous le disant … les rumeurs ou je ne sais quoi encore et j'aurais … j'aurais ruiné toutes mes chances et … »

Pathétique n'est pas encore suffisamment fort pour exprimé ce qu'était vraiment ce cher Baxter. Il s'enfonçait tout seul et il ne s'en rendait même pas compte … non en fait c'est faux, il s'en rendait compte mais de toute façon il savait qu'il ne s'en sortirait jamais donc autant tout dire une bonne fois pour toute.

« Je … je ne voulais pas dire ça … Je sais bien que … que tout est de ma fau...faute! »

Elle n'allait pas dire le contraire, mais elle commençait presque à s'en vouloir de le pousser à culpabiliser alors que visiblement, il était encore assez grand pour savoir qu'il avait eu tort. D'accord, ils étaient encore jeune et elle avait lu des tonnes de livres sur l'adolescence qui disaient que les émotions des jeunes de moins de dix-huit ans étaient multipliées par dix par rapport à ce que pouvait éprouver un adulte, mais elle se pensait tout de même capable d'avoir un comportement de jeune fille censée et ne pas hurler sur son petit-ami pendant des heures. En plus, elle était la première à dire que la violence n'arrangeait rien, ce n'était pas pour ne pas mettre en pratique ses sages conseils. Elle se souvenait parfaitement avoir accroché un élève bien plus âgé elle au plafond des trois-balais et savait pertinemment qu'elle n'avait pas eu la meilleure réaction possible. Elle s'était promis de ne plus jamais se laisser dépasser par ses émotions que ce soit la colère, la tristesse ou même autre chose de plus joyeux. Bien sûr, elle pouvait se permettre de les exprimer, elle n'avait pas un cœur de pierre et n'était pas capable de taire tout ce qu'elle ressentait, mais elle pouvait tout de même pas se permettre de tout extérioriser en permanence, ça ne lui rendrait pas service.

« Pour le coup, j'aurais du mal à dire le contraire, mais dans le doute... Pendant qu'on y est, est-ce que tu as quelque chose à me reprocher ? Je préfère le savoir maintenant, comme ça, tout est dit et on peut vraiment discuter. »

Elle n'avait pas envie de se faire descendre, ce n'était pas du tout le but de sa question, mais aussi courte qu'ait pu être leur relation, elle pensait être capable de dire que Gabriel avait des défauts mais aussi des qualités et il devait en être de même pour lui. S'il n'était pas capable de le dire, alors ça voulait certainement dire qu'il ne la connaissait pas du tout, ou même pire qu'il ne s'était jamais intéressé à elle. Astride préférait ne pas envisager cette solution, autant pour conserver sa naïveté que pour se rassurer. Elle avait bien trop pris l'habitude d'être manipulée, surtout pour ce qui était des devoirs qu'on lui demandait de faire ou d'autres services du même genre. Elle avait parfaitement conscience de ça et en général, ça ne la dérangeait même pas. La poufsouffle avait toujours aimé faire plaisir aux autres et savoir qu'elle y parvenait lui donnait le sentiment d'être au moins utile pour quelqu'un ou pour quelque chose. Elle avait sûrement tort de croire que parce que les autres élèves pouvaient se tourner vers elle s'ils en avaient besoin, lui donnait une quelconque importante, mais elle avait envie d'y croire. Elle ne demandait rien si ce n'était un peu de reconnaissance.

« Un bel avenir ensemble ? Je … je comprend pas … Et oui, avant qu'elle me rende mon manuel, je ne lui avais jamais parlé et ce n'est pas prêt d'arriver de nouveau … quand à mes sentiments je … je sais pas … je n'ai jamais compris ni même … cherchais … »

Vraiment, elle ne comprenait pas, il était en train de lui dire qu'il était tombé amoureux d'une fille qu'il avait vu en tout et pour tout une seule fois. Et si cette histoire de bouquin datait d'avant la Saint Valentin, ça voulait dire qu'ils n'avaient eu aucun contact depuis et qu'il était pourtant toujours convaincu de ses sentiments pour elle. Ça n'avait pas le moindre sens, comment pouvait-il éprouvé quoi que ce soit pour Bonnie dans ce cas ? Certes, elle avait fait un peu la même chose lorsqu'il s'agissait d'Alexander, mais elle n'avait eu personne à ses côtés à ce moment-là et il était alors encore très simple pour elle de rêver au Prince Charmant et d'imaginer qu'il pouvait être ce garçon en particulier. Pour Gabriel, c'était un peu différent, il était censé avoir déjà trouvé le bonheur et visiblement ce n'était pas le cas puisqu'il parvenait encore à s'imaginer dans les bras d'une autre. Elle ne savait pas franchement ce qu'elle avait pu faire pour qu'il puisse avoir envie de ces moments d'évasion et elle n'était pas tout à fait certaine d'avoir envie de le savoir. Cependant, elle avait conscience que dans cette histoire quelque chose n'allait pas, il ne lui restait plus qu'à découvrir ce que ça pouvait bien être.

« Dans ce cas, je ne comprends pas... » Rétorqua-t-elle. « Comment peux-tu comparer les sentiments que tu étais censé éprouver pour moi à ceux qui te poussent vers une fille à qui tu n'as jamais parlé et à qui tu penses ne plus jamais avoir à faire ? C'est un peu déroutant. »

Et irritant également, il était très difficile pour Astride de simplement se dire que Bonnie n'avait rien fait du tout pour que ça arrive et que toutes les reproches par lettres qu'elle avait pu lui faire ne rimaient ne fait à rien. Et puis... Si l'explication qu'il allait lui donner lui faisait regretter d'avoir posé la question ? C'était tout à fait possible, voire même presque certain. Elle n'avait pas franchement envie d'être comparée à son amie, elle avait bien souvent envié la jeune serpentard notamment pour ses facultés intellectuelles hors du commun, mais jamais elle n'avait imaginé qu'elles puissent se retrouver en concurrence directe, se contentant pendant toute sa scolarité de la seconde place qu'elle voulait bien lui laisser. Et puis, ce n'était pas comme si elle lui passait devant dans toutes les matières, son niveau était un peu meilleure en botanique, matière qui l'avait toujours passionnée et elle était fière d'être la meilleure élève de sa classe dans ce domaine. Il n'y avait jamais eu de vrai sentiment de jalousie entre les deux amies, et c'était certainement grâce à ça qu'elles avaient pu construire une véritable amitié et non pas la feindre en espérant secrètement que l'une d'entre elle se plante pour que l'autre soit la meilleure. Elles s'entendaient tellement bien... Elles avaient beau s'être éloigné ces derniers temps, elle ne pouvait pas laisser Gabriel mettre un terme à des années de bonne entente simplement parce qu'il avait décidé de montrer son véritable visage. Malgré ça, elle avait pour l'instant un peu de mal à pardonner à la vipère, mais elle espérait qu'elle ne tarderait pas à faire un pas en avant.

« Peut être que … que tu as raison sur un point … je ne sais pas ce que j'aurais fait si tu ne l'avais pas appris … surtout si Bonnie ne répondait pas à ma lettre … Mais … Mais … je … je n'ai jamais cesser de t'aimer … Je sais que … que les faits sont contre moi, mais ce n'est pas parce que j'ai écrit à Bonnie que forcément je ne t'aime pas … Je ne sais pas comment c'est possible mais … en toute sincérité : je vous aime toutes les deux … C'est peut être d'ailleurs finalement pour ça que j'ai fais tout ça … enfin tu vois pour que finalement je n'ai pas à choisir … non pas que vous m'aimiez forcément toutes les deux mais … enfin vous l'auriez forcément su … par moi … en vous le disant … les rumeurs ou je ne sais quoi encore et j'aurais … j'aurais ruiné toutes mes chances et … »

D'habitude les difficultés qu'éprouvait le jeune homme pour s'exprimer clairement ne la dérangeait pas plus que ça, mais là, elle aurait certainement vendu sa meilleure amie pour avoir une vraie explication, claire, distincte, sans qu'il tourne autour du pot pendant dix minutes. Cependant, elle pouvait s'estimer heureuse, il avait arrêté les phrases toutes simples qui ne lui donnaient pas la moindre explication, maintenant elle savait et ce qu'elle venait d'apprendre ne lui plaisait pas du tout. Comme quoi, elle avait vraiment besoin de savoir ce qu'il avait dans la tête, elle était très loin de la vérité. Elle qui était venue en croyant qu'il allait mettre un terme à leur relation et lui avouer qu'il préférait rester avec sa copine numéro deux était bien obligé de reconnaître qu'il n'en était rien. Gabriel n'avait pas encore fait son choix et c'était encore plus affreux que tout ce qu'elle avait pu imaginer. Qu'était-elle censée faire maintenant ? Attendre que les sentiments qu'il éprouvait deviennent un peu plus clairs ? Le laisser décider par lui-même de qui faisait battre son cœur ? Astride ne se sentait franchement pas capable de faire preuve d'autant de tolérances. Elle ne voulait pas lui donner l'occasion de ne pas la choisir, et elle ne voulait pas souffrir du choix qu'il aurait forcément à faire. Décidément, cette conversation était bien plus délicate que ce qu'elle avait pu imaginer.

« C'est bien joli tout ça, sauf que ça ne me convient pas. Je ne veux pas de petit-ami pour le plaisir d'en avoir un, je m'en suis passée pendant seize ans et je crois que je peux continuer encore un peu. Je ne crois pas mériter d'être considérée comme une pâtisserie posée sur un plateau qu'on peut décider de choisir ou de jeter selon son bon vouloir. J'aimerais pouvoir dire que j'ai une place privilégiée dans le cœur de quelqu'un, être spéciale, pour une fois dans ma vie. Je ne crois pas que tu sois ce quelqu'un... Tu comprends ? »

Était-elle en train de le larguer ? Peut-être que oui, peut-être que non, elle ne savait pas vraiment à quoi ressembler une rupture alors c'était un peu difficile à dire. Tout ce qu'Astride savait était qu'elle voulait enfin pouvoir s'exprimer et lui répéter ce qu'elle pensait tout bas sans vraiment oser lui en faire part. Elle pensait toujours que parler était la clé, qu'ils devaient en passer par-là pour qu'ils puissent aller de l'avant. Avec ce qu'elle venait d'avouer, elle allait passer pour la méchante, celle qui avait décidé de cette rupture, mais tant pis, c'était sans doute mieux comme ça.

Ce n'était pas la première fois que Gabriel se détestait, en fait il n'avait jamais cessé de se haïr pour une raison X ou Y, mais il n'avait jamais ressentit ça aussi fort auparavant. Voir Astride chercher à comprendre une chose qu'il était tout bonnement incapable de lui expliquer, ça le tuer. Pourquoi ne pouvait-il pas être le gars qui assurait, rien qu'une fois. Le gars normal qui prend sa copine entre quatre yeux et lui dit tout ce qu'il a sur le cœur ? Pourquoi ne peut-il pas être le gars qui rassure sa petite amie, qui lui promet que tout va s'arranger, qu'il n'aime qu'elle et qu'elle a toujours été unique au final dans sa vie ? Gabriel avait envie de se donner des claques, pour se réveiller, pour réagir, seulement il n'y arrivait pas, il rêvait éveillé et c'était très désagréable. Qu'est-ce qu'y le faisait le plus chier finalement ? Le fait qu'il est perdu définitivement les deux filles qu'il aimait ? Qu'il se rende compte qu'il n'est pas mieux qu'un autre gars, voir qu'il est bien pire parce qu'il manipule sans le vouloir une fille qu'il aime pour lui briser le cœur ? Comment a-t-il pu en arriver ? C'est Hayley qui va être déçu de son attitude et qui va se détourner de lui et elle aurait bien raison … Qu'est-ce qu'y ne va pas chez lui ?

« Pour le coup, j'aurais du mal à dire le contraire, mais dans le doute... Pendant qu'on y est, est-ce que tu as quelque chose à me reprocher ? Je préfère le savoir maintenant, comme ça, tout est dit et on peut vraiment discuter. »

Gabriel la regarda sans comprendre. Pourquoi lui demandait-elle ça ? Alors qu'il était le seul et l'unique coupable dans cette histoire. Certes elle avait quelques défauts, comme tous le monde, mais ils n'étaient en rien coupable dans cette histoire. Gabriel dû prendre un instant rien que pour digérer la question, avant de réfléchir à ce qu'il allait bien pouvoir lui dire. Attendait-elle vraiment à ce qu'il lui balance tout ses défauts ? Comme si ça allait le dédouaner ? Comme s'il pouvait prendre ses défauts pour les brandir comme preuve qu'elle a été une petite amie indigne et que c'est à cause de ça qu'il a dû s'en aller voir ailleurs ? C'était peut être un monstre, mais pas encore à ce point là, il a fait des erreurs dans sa vie et il est prêt à les assumer, même si ça voulait dire devoir faire une croix sur Astride.

« Je … quoi ? Non … non rien du tout, c'est de ma faute, rien que ma faute. Tu n'as rien fais dans cette histoire, ta seule erreur a été de me choisir, rien de plus ! »

Son but n'était ni de la descendre en flèche pour expliquer ses erreurs, ni qu'elle soit touchée par ses propos, il ne disait que ce qu'il pensait vraiment. Il ne s'est jamais trouvé digne de la jeune fille et il venait de le prouver. Bien entendu il aurait préféré réagir autrement et ne pas lui faire ce coup bas, mais visiblement ça a été plus fort que lui. Gabriel essayait de réfléchir au comment il en été arrivé là, mais n'y arrivait pas, c'était comme ça, il n'avait pas pu s'empêcher de vouloir profiter d'une occasion comme la Saint Valentin pour se déclarer aux deux jeune filles qu'il aimait, sans même réfléchir aux conséquences ensuite. C'était assez rare que son cerveau se déconnecte, mais pour le coup, il l'avait bien lâché, il n'y avait pas à dire. Peut être que la lettre anonyme qu'il avait reçu quelques temps avant lui avait donné espoir que Bonnie pouvait l'aimait, allez savoir …

« Dans ce cas, je ne comprends pas... Comment peux-tu comparer les sentiments que tu étais censé éprouver pour moi à ceux qui te poussent vers une fille à qui tu n'as jamais parlé et à qui tu penses ne plus jamais avoir à faire ? C'est un peu déroutant. »

Mais comment lui répondre qu'il ne sait pas, qu'il n'a jamais compris lui même comment il pouvait être attiré par elle de cette façon. Après tout être amoureux d'Astride c'était normal, ils avaient passé du temps ensemble, un lien s'était créé et leur relation avait finalement pris un tour logique. Mais Bonnie il n'y avait aucune logique dans cette histoire. Ils ne s'étaient jamais parlé en presque six ans d'études ensemble et pourtant au fur et à mesure, il était tombée sous son charme. Imaginant dans ses rêves ses beaux yeux bleus, sa chevelure rousse qui devait être soyeuse. Il imaginait même son parfum qu'il ressentait de temps en temps quand elle passait près de lui. C'était un tout chez elle, elle était belle, intelligente, douée en tout … Quand elle posait son regard sur lui, il avait juste l'impression de rêver, d'être sur un nuage, ça ne s'expliquait pas. Mais après tout, l'amour a-t-il vraiment une logique ? J'en doute.

« Déroutant ? Parce que … tu crois que ce n'est pas déroutant pour moi ? Tu crois que je n'ai pas cherché à comprendre ou à oublier ? Que ça me plait d'être départagé entre deux personnes ? D'être incapable de me contrôler ? Quand je suis avec toi, il n'y a que toi, c'est très simple, pas de prise de tête, je ne pense absolument pas à elle. Malheureusement l'inverse est tout aussi vrai et je n'arrive pas à me l'expliquer. Moi qui aime tout comprendre, tout analyser, tout expliquer, je suis incapable de savoir ce qu'il se passe dans ma tête, je pète un câble...  »

Quand Gabriel est paniqué, énervé, dérouté ou juste sous une forte émotion, on peut tout de suite le voir à la couleur de son visage, ainsi qu'à la tonalité de sa voix et à sa vitesse. Il devient rouge et se met à parler très vite, ne trébuchant pour une fois sur aucun mot, mais les disant tellement vite qu'on avait parfois du mal à le comprendre. Ce qui était bien cela dit avec lui c'est qu'on pouvait être sûr qu'il ne mentait pas, en étant bien incapable en temps normal mais plus encore quand il est dans cet état. Ne rien comprendre à cette histoire et ne pas pouvoir donner d'explication satisfaisante à Astride le bouffait plus qu'elle ne pourrait le croire, seulement c'était l'apocalypse dans sa tête et pour le moment ce n'était pas prêt de s'arrêter.

« C'est bien joli tout ça, sauf que ça ne me convient pas. Je ne veux pas de petit-ami pour le plaisir d'en avoir un, je m'en suis passée pendant seize ans et je crois que je peux continuer encore un peu. Je ne crois pas mériter d'être considérée comme une pâtisserie posée sur un plateau qu'on peut décider de choisir ou de jeter selon son bon vouloir. J'aimerais pouvoir dire que j'ai une place privilégiée dans le cœur de quelqu'un, être spéciale, pour une fois dans ma vie. Je ne crois pas que tu sois ce quelqu'un... Tu comprends ? »

Evidemment que ça ne lui convenait pas, à qui ça pourrait convenir ? Elle tenait peut être à lui, mais pas au point d'attendre bien sagement qu'il prenne une décision, c'était compréhensible et Gabriel ne s'attendait pas à autre chose, malheureusement d'ailleurs. Le truc c'est qu'elle avait une place privilégiée dans sa vie, seulement elles étaient deux à l'avoir et pour le moment il n'arrivait pas à départager. En entendant ses derniers propos, Gabriel prit un sacrés coup. Il s'y attendait certes mais le fait qu'elle le lui dise prenait maintenant tout son ampleur, c'était officiel, plus aucune possibilité de retourner en arrière ou de la faire changer d'avis. Gabriel baissa le visage et ferma les yeux un cours instant, avant de s'approcher d'une armoire pour y glisser dessus. Se retrouvant au sol, il ramena ses jambes à lui, gardant encore un instant le silence, dégoûté, non pas de la décision tout à fait censée d'Astride, mais parce qu'il en était la seule cause et qu'il se détestait pour ça.

« Je comprend … et même … même si ça fait mal de l'entendre, je crois … que … que tu as raison. Je ne te mérite pas et tu vaux largement mieux qu'un pauvre type comme moi … je … je suis tellement désolé. Je n'ai jamais voulu te faire ça, ni que ça se termine comme ça … »

Il ne jouait pas les gars compréhensif pour la faire culpabiliser ou changer d'avis, il le pensait vraiment. Il espérait juste qu'elle ne le prenne pas pour un menteur, parce que même si malheureusement d'une certaine façon il l'avait été, il ne l'était pas constamment.

« Je … quoi ? Non … non rien du tout, c'est de ma faute, rien que ma faute. Tu n'as rien fais dans cette histoire, ta seule erreur a été de me choisir, rien de plus ! »

La jeune fille esquissa un pâle sourire. Gabriel paraissait sincère et c'était bien ça qui lui faisait le plus de peine. A croire que même sans commettre d'erreur on n'avait pas forcément le droit au bonheur. C'était sa première relation amoureuse, elle aurait pu faire un maximum de faux pas, passer des heures et des heures à s'excuser pour toutes les boulettes qu'elle avait pu faire pendant la courte durée de leur relation. Mais non, il n'avait visiblement rien à lui reprocher, elle n'avait pas encore commis de faute grave, ni de faute tout court, visiblement, et pourtant, il trouvait qu'il y avait bien mieux ailleurs. C'était plutôt comique finalement, elle aurait pu vouloir l'étriper, mais pourtant, malgré toute la colère qu'elle pouvait éprouver à ce moment précis, elle avait encore envie de croire qu'ils pourraient vivre de bons moments ensemble, que tout n'était pas terminé entre eux. Il était sans doute stupide de se raccrocher à une simple illusion et Astride le savait mieux que personne, elle avait cru au Prince Charmant, elle avait imaginé que le rouge et or pourrait être le garçon qui la rendrait heureuse, mais à force de croire tout est n'importe quoi, elle allait finir par vivre une vie de désillusion et ce n'était pas franchement une bonne idée.

« Déroutant ? Parce que … tu crois que ce n'est pas déroutant pour moi ? Tu crois que je n'ai pas cherché à comprendre ou à oublier ? Que ça me plait d'être départagé entre deux personnes ? D'être incapable de me contrôler ? Quand je suis avec toi, il n'y a que toi, c'est très simple, pas de prise de tête, je ne pense absolument pas à elle. Malheureusement l'inverse est tout aussi vrai et je n'arrive pas à me l'expliquer. Moi qui aime tout comprendre, tout analyser, tout expliquer, je suis incapable de savoir ce qu'il se passe dans ma tête, je pète un câble... »

Alors c'était vraiment ça, il était partagé entre deux personnes, à parts égales, comme si tout ce qu'ils avaient pu vivre tous les deux ne faisaient pas le poids face à ses sentiments naissants pour une autre personne. Astride essayait vraiment de comprendre mais elle avait beaucoup de mal à y parvenir. Malheureusement pour elle, ce n'était pas le genre d'explication qu'elle pourrait trouver dans un bouquin. Habituellement, lorsqu'elle ne comprenait pas quelque chose, la jeune fille se précipitait à la bibliothèque, ouvrait des dizaines de gros bouquins où elle finissait inévitablement par trouver une solution à son problème. Bien sûr, ce n'était pas toujours facile, il lui fallait parfois plusieurs semaines de recherches avant de mettre la main sur ce qu'elle recherchait, mais elle parvenait tout de même à avancer parce qu'elle était sûre et certaine qu'elle finirait par trouver une réponse. Dans le cas présent, elle n'était plus certaine de rien, elle avait simplement envie de quitter la pièce et de trouver un moyen d'oublier toute cette histoire. Sauf que ce n'était pas dans ses possibilités, elle devait faire face, aussi difficile que ça puisse être, c'était le prix à payer si elle voulait tourner la page et écrire un nouveau chapitre.

« Je ne sais pas Gabriel, je ne comprends rien du tout à tout ça. On a quand même vécu plein de choses ensemble, quand je me couche le soir, je souris bêtement en repensant à tous les bons moments qu'on a pu passer, et qu'est-ce qu'elle a fait elle pour mériter que tu t'y intéresses à part t'avoir rendu un bouquin ? Et puis, est-ce que tu la connais vraiment ? Tu sais qui elle est ? Tu connais ses goûts ? Ses sentiments pour toi ? Je veux dire, on a appris à se connaître avant de sortir ensemble et même maintenant, on en apprend encore, qu'est-ce qui fait que tu peux la considérer comme mon égale ? »

Était-elle assez claire ? Astride avait l'impression qu'elle posait un peu trop de questions mais devant la réticence de Gabriel à y répondre concrètement sans prendre des chemins détournés, la jeune fille préférait frapper un grand coup, histoire d'être certaine que la conversation prendrait la bonne tournure. Elle ne voulait pas blablater pendant des heures sans but, elle voulait avoir le récit complet de ce qui était arrivé au rouge et or, savoir exactement comment il en était arrivé là et qu'est-ce qu'elle avait réussi à louper pendant qu'elle flottait sur son nuage rose au beau milieu du pays des Bisounours. Parce que c'était bien là le problème, Astride avait l'impression qu'elle avait simplement voulu profiter du moment présent, qu'elle avait trouvé enfin trouvé le bonheur et qu'elle n'avait pas pensé un seul instant qu'il pourrait être entaché aussi facilement. En définitive, la poufsouffle s'était montrée affreusement naïve et elle ne pouvait que s'en mordre les doigts. Elle qui avait pourtant l'habitude de toujours prévoir le pire, ses angoisses parlant d'abord pour elle, se retrouvait dans une situation qu'elle n'avait pas pu prévoir même dans ses pires cauchemars. Mais ça ne changeait rien au fait qu'elle devait y faire face.

« Je comprend … et même … même si ça fait mal de l'entendre, je crois … que … que tu as raison. Je ne te mérite pas et tu vaux largement mieux qu'un pauvre type comme moi … je … je suis tellement désolé. Je n'ai jamais voulu te faire ça, ni que ça se termine comme ça … »

Ça ressemblait vraiment à une rupture, mais Astride ne voulait pas que ce soit la fin de leur relation. Malgré toute la rancœur qui l’oppressait, elle voulait toujours croire que le rouge et or était un garçon bien. Il avait peut-être perdu le contrôle pour le moment, mais ça arrivait sûrement tout à n'importe qui, il ne devait pas être le seule garçon à s'être retrouvé confronté à un tel dilemme. Il fallait simplement qu'il reprenne ses esprits, se rende compte qu'il était simplement stupide et tout rentrerait dans l'ordre, comme si rien ne s'était jamais passé. Là encore, c'était une vision bien optimiste des choses, mais avec une pseudo rupture qui lui pendait au nez, la poufsouffle réalisait enfin que ce n'était pas du tout ce qu'elle voulait. Mettre fin à tout ça était beaucoup trop simple et elle refusait catégoriquement de prendre la solution de facilité. Tant pis si elle finissait par en souffrir, elle n'aurait pas de regrets au moins. Elle n'avait aucune envie de passer à côté de son histoire d'amour simplement parce qu'elle avait été trop lâche pour assumer un rôle difficile à tenir. Elle ne voulait pas être celle qui se battrait contre Bonnie, mais elle estimait qu'elle avait le droit à l'espoir et ce n'était pas en renonçant qu'elle pourrait y prétendre.

« Je ne veux pas que ça se termine. Je sais que ce que je viens de dire ressemblait un peu à une rupture et je sais qu'on en est pas loin, seulement, je t'aime toujours et je n'ai pas l'intention de te jeter dans les bras d'une autre fille. Je mérite d'être heureuse comme tout le monde et je crois que je devrais me battre pour la personne à laquelle je tiens. » Déclara la jeune fille avec sérieux. « Je déteste mettre des ultimatums, mais là, je ne crois pas avoir d'autres alternatives, tu vas devoir faire un choix, et rapidement. Je ne passerais pas mes vacances d'été dans l'incertitude, j'ai besoin d'avoir des réponses. »

Comment allait-il le prendre ? Est-ce qu'il pourrait lui en vouloir de le mettre au pied du mur alors qu'il était déjà totalement perdu ? Certainement, mais il devait aussi s'efforcer de comprendre qu'elle n'avait pas d'autre choix. Bien sûr, Astride aurait pu faire n'importe quoi d'autre, se montrer compréhensive, lui laisser du temps, mais c'était le meilleur moyen pour que cette situation s'éternise et elle ne voulait pas lui laisser le temps de se torturer. Il devait faire le choix et le bon, de préférence et pour ça il ne devait pas avoir besoin de plusieurs années. Le plus tôt serait le mieux.

Gabriel resta silencieux quelques instants, perdant son regard dans ce qui les entourait. Pourquoi avoir choisi une pièce si lugubre pour cette conversation ? Pourquoi avoir choisi une vieille salle inutilisée pour rompre ? Etait-ce un message ? Un signe ? Lui faisait-il honte ? Remarquez il y avait de quoi, il avait honte de lui même et n'arrivait pas à se comprendre lui même. Gabriel va-t-il finir pour Astride comme cette pièce à l'école ? Inutilisée, inexistante, inutile ? Finira-t-elle par se souvenir de lui comme d'un gars qui n'en valait vraiment pas la peine ? Arrivera-t-elle à se souvenir des bons moments passés ensemble ? Le haïra-t-elle toute sa vie ? Non pour ça il faudra qu'il est un tant soit peu d'importance à ses yeux et c'était mal parti. Le jeune Baxter ne savait pas comment il avait pu arriver si bas, écrire à une fille qu'il ne connait même pas pour lui avouer des sentiments dont il ne comprenait pas lui même. Mais qu'avait-il cru ? Qu'elle lui sauterait au cou ? Qu'elle lui avouerait que c'était des sentiments partagés ? Et même si cela avait été le cas, qu'aurait-il fait ? Le plus évident c'était qu'elle se rie de lui et qu'elle le fuie à jamais, mais même si cela avait été le cas, elle aurait forcément dit à Astride ce que lui avait avoué Gabriel et son histoire avec la belle brune aurait pris fin sur le champ … Pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi briser le cœur d'une fille qu'il aime, pour tenter d'atteindre celui d'une fille qui ne connait même pas son existence ? Maintenant ce qui est sûr c'est que Bonnie ne va plus vouloir lui parler et lui même n'osera de toute façon plus jamais poser les yeux sur elle, trop honteux de toute cette histoire. Quel vile individu il était devenu, comment avait-il pu en arriver là ? Lui même l'ignorait.

« Je ne sais pas Gabriel, je ne comprends rien du tout à tout ça. On a quand même vécu plein de choses ensemble, quand je me couche le soir, je souris bêtement en repensant à tous les bons moments qu'on a pu passer, et qu'est-ce qu'elle a fait elle pour mériter que tu t'y intéresses à part t'avoir rendu un bouquin ? Et puis, est-ce que tu la connais vraiment ? Tu sais qui elle est ? Tu connais ses goûts ? Ses sentiments pour toi ? Je veux dire, on a appris à se connaître avant de sortir ensemble et même maintenant, on en apprend encore, qu'est-ce qui fait que tu peux la considérer comme mon égale ? »

Gabriel n'osa même pas lever ses yeux vers Astride, trop honteux de se rendre à l'évidence qu'elle avait totalement raison. Lui le savait, pourquoi son cœur ne pouvait-il pas le comprendre ? Sa tête lui disait que tout cela était ridicule, qu'il fallait se rendre à la raison et arrêter d'écouter ce cœur qui déraillait complètement. Astride avait entièrement raison, ils avaient appris à ce connaître et leurs sentiments avaient naquis puis avaient évolué au fil de leurs rencontres, il ne pouvait pas en dire de même avec Bonnie. Elle avait juste fait son apparition dans sa vie et rien de plus et pourtant cela avait suffit pour le rendre complètement fou d'elle et ce depuis le premier jour ou presque. Il avait été charmé par son regard bleuté, ses cheveux roux, son sourire angélique, sa façon de se plonger dans un livre, sa passion pour les études, sa soif de connaissance, sa timidité, sa patience, son courage de vivre dans une maison qui est à l'opposée de ce qu'elle est et bien plus encore. C'était deux amours bien différents, Gabriel n'est pas tombé amoureux d'Astride du jour au lendemain, de premier abord il la trouvait très jolie mais sans chercher plus loin. C'est après avoir discuté avec elle qu'il s'est rendu compte que c'était une jeune fille qui était habitée par la même soif de savoir que lui, par son envie d'en savoir toujours plus, par sa curiosité, son regard curieux et parfois rêveur, son sourire sympathique, toujours prête à dire quelque chose, n'importe quoi pour rompre le silence, patiente avec lui, attendant qu'il finisse ses phrases, ne le jugeant pas sur sa timidité ou ses complexe. Pendant que lui se trouvait stupide, elle le trouvait merveilleux et c'était magique d'avoir l'impression d'être quelqu'un dans les bras d'une personne. Certes il n'avait pas prévu de tomber amoureux d'elle parce qu'il n'avait pas cru possible d'aimer deux personnes à la fois, pourtant Astride, sans même s'en rendre compte, avait fait sa place dans son cœur et maintenant elle y était encrée. Avait-il envie qu'elle s'en aille ? Non bien sûr que non, il aimait la savoir auprès de lui, il se sentait plus fort, plus sur de lui … alors pourquoi avoir écrit cette lettre ? Pourquoi avoir joué avec le feu ? Parce qu'il avait peur d'oublier Bonnie ?

« Non … non c'est pas ça … c'est … comment dire … c'est différent. » Commença Gabriel, tentant de rassembler ses idées pour être clair, ne sachant pas comment tout cela allait être accueilli … mal, très certainement mais il fallait être honnête, c'était le plus important. « Bonnie, le … le premier jour où je l'ai vu, j'ai tout de suite était attiré par elle … j'ai jamais osé lui parler de peur de … de la déranger et vu qu'elle ne venait pas à moi … je me suis dis que je ne l'intéressais pas et je n'ai jamais cherché plus loin. Toi c'est … différent. Je te trouvais brillante, sûre de toi, souriante, tu avais l'air d'être quelqu'un de bien et tu n'étais pas dénuée de charme, mais je ne … je ne sais pas, je te voyais comme un exemple à suivre. Et puis on s'est croisé dans le parc et j'ai découvert une jeune fille gentille, souriante, bavarde et surtout qui ne me jugeait pas sur mes défauts plus qu'apparent. J'ai apprécié discuter avec toi, je me sentais de plus en plus à l'aise et plus nous nous voyons et plus je me sens bien. Tu me donnes le sourire, tu me fais rire, tu me donnes l'impression d'être … quelqu'un, alors que ça n'a jamais été le cas auparavant. J'ai le sourire après t'avoir vu, je suis heureux. »

Certes cela ne l'aidera peut être pas, peut être qu'elle restera dans le flou, mais lui aussi l'est. Il sait qu'il l'aime, il sait que ce n'est pas un amour illogique, ils l'ont construit à deux cet amour et ils y tiennent tous les deux. Bonnie c'est différent, c'est irrationnel, c'est illogique, c'est persistant, c'est enivrant, c'est obsessionnel. Gabriel sait qu'il n'aura jamais aucune chance avec la belle rousse qui n'a que faire de lui, alors pourquoi s'acharne-t-il avec elle ? Pourquoi risque-t-il son histoire d'amour avec Astride pour Bonnie ? Il fallait qu'il se ressaisisse, qu'il l'oublie. Il lui écrirait en rentrant dans son dortoir pour s'excuser de tout cela et lui promettre qu'elle n'entendra plus jamais cette histoire. Le jeune Baxter espère qu'il n'aura pas endommagé leur amitié, ce serait tellement stupide. Si Astride ne voulait plus de lui, il l'aurait bien mérité, mais il fallait quand même qu'il lui prouve qu'il n'est pas de ces gars qui vont d'une copine à l'autre rien que pour le plaisir …

« Je ne veux pas que ça se termine. Je sais que ce que je viens de dire ressemblait un peu à une rupture et je sais qu'on en est pas loin, seulement, je t'aime toujours et je n'ai pas l'intention de te jeter dans les bras d'une autre fille. Je mérite d'être heureuse comme tout le monde et je crois que je devrais me battre pour la personne à laquelle je tiens. Je déteste mettre des ultimatums, mais là, je ne crois pas avoir d'autres alternatives, tu vas devoir faire un choix, et rapidement. Je ne passerais pas mes vacances d'été dans l'incertitude, j'ai besoin d'avoir des réponses. »

Gabriel resta sans voix, n'en croyant pas ses oreilles. Il mit un moment avant de réaliser qu'Astride ne se moquait pas de lui ou que ce n'était pas une illusion. Le jeune préfet releva son regard pour le porter vers sa petite amie. Alors comme ça elle ne voulait pas rompre avec lui ? Pourtant c'était bien ce qu'elle avait dis quelques instants plus tôt non ? Astride l'aime toujours ? Mon dieu mais comment est-ce possible ? Gabriel n'en revenait pas, comment pouvait-elle encore l'aimer après le sale coup qu'il venait de lui faire ? Le jeter dans les bras d'une autre fille ? Qui ? Il n'y avait personne d'autre, Bonnie devait très certainement le détester et il n'y avait aucune autre fille qui l'intéressait. Gabriel avait l'impression de rêver, Astride voulait se battre pour le garder à ses côtés … c'était la première fois qu'il avait l'impression de vraiment compter pour une personne, en dehors de sa sœur cela allait s'en dire, c'était inimaginable, incroyable, magique et très déstabilisant. Pourquoi voulait-elle se battre pour lui ? Il ne la méritait pas …

« Tu … tu es sérieuse ? » Commença-t-il par lui dire, non pas pour l'ultimatum mais pour le faire qu'elle avait envie de se battre pour lui, qu'elle l'aimait toujours et qu'elle avait envie que leur histoire continue. Gabriel écarquilla les yeux étonnés, mais heureux, car oui il l'était, heureux de voir qu'elle l'aimait toujours et qu'elle avait, malgré tout, envie de continuer à être avec lui. Son cœur reprenait presque un rythme normal, même s'il devait prochainement faire un choix décisif, sans changer d'avis toutes les trente secondes. « Je … oui je comprend et je … je vais faire mon choix, je te le promet ! » dit-il avec un sourire aux lèvres, mais les larmes aux yeux, ne sachant plus s'il devait rire ou pleurer.

« Non … non c'est pas ça … c'est … comment dire … c'est différent. Bonnie, le … le premier jour où je l'ai vu, j'ai tout de suite était attiré par elle … j'ai jamais osé lui parler de peur de … de la déranger et vu qu'elle ne venait pas à moi … je me suis dis que je ne l'intéressais pas et je n'ai jamais cherché plus loin. Toi c'est … différent. Je te trouvais brillante, sûre de toi, souriante, tu avais l'air d'être quelqu'un de bien et tu n'étais pas dénuée de charme, mais je ne … je ne sais pas, je te voyais comme un exemple à suivre. Et puis on s'est croisé dans le parc et j'ai découvert une jeune fille gentille, souriante, bavarde et surtout qui ne me jugeait pas sur mes défauts plus qu'apparent. J'ai apprécié discuter avec toi, je me sentais de plus en plus à l'aise et plus nous nous voyons et plus je me sens bien. Tu me donnes le sourire, tu me fais rire, tu me donnes l'impression d'être … quelqu'un, alors que ça n'a jamais été le cas auparavant. J'ai le sourire après t'avoir vu, je suis heureux. »

Pour le coup, Gabriel était vraiment impressionnant. Non seulement, il avait réussi à contrôler ses angoisses et à parler sans bégayer, mais en plus il avait prononcé plus de mots dans cette simple explication que durant son année toute entière. Même si ce n'était pas le moment de remercier le jeune homme pour quoi que ce soit, Astride se sentait reconnaissante. Elle avait craint pendant un moment qu'il soit impossible de lui extirper ne serait-ce qu'un bout d'information intéressante, alors qu'il faisait manifestement tout son possible pour réussir à la sortir du brouillard. Bon, d'accord, ça ne marchait pas forcément bien depuis le début de leur conversation, mais au moins, ils essayaient vraiment et c'était un réel soulagement pour la jeune fille. Un couple normal se serait certainement lancé dans une dispute sans fin, chacun cherchant à prouver à l'autre qu'il avait raison, mais pas eux, et Astride trouvait ça étrangement rassurant. Lorsqu'elle était encore en train d'attendre le rouge et or, elle avait imaginé jouer la comédie, faire celle qui n'était pas atteinte par son comportement mais simplement en colère parce qu'elle avait été trahie, mais finalement, elle reconnaissait sans mal que l'honnêteté était une bien meilleure arme pour résoudre les conflits.

« C'est marrant que tu dises ça, j'ai eu exactement la même impression lorsque je t'ai rencontré, je te trouvais trop bien pour moi, tu avais l'air tellement adorable, sans aucun défaut. J'ai peut-être des qualités, mais je dois reconnaître avoir une certaine tendance à devenir langue de vipère et ça ne doit pas être la seule chose que j'ai à me reprocher. » Déclara simplement la jeune fille. « Mais pour le coup, tu ne crois pas que tu confonds une simple attirance avec des vrais sentiments amoureux ? C'est possible qu'elle te plaise, Bonnie est loin d'être laide, je suis tout à fait d'accord, mais je ne suis pas certaine que tu puisses vraiment parler d'amour dans ton cas. »

Finalement, elle commençait peut-être à comprendre ce qu'il se passait dans la tête du jeune homme. Il avait eu une sorte de coup de cœur pour Bonnie, mais ce n'était probablement pas ce qu'il pouvait appeler des sentiments amoureux, en tout cas, elle essayait de s'en convaincre. Si, comme elle l'imaginait, elle avait raison, alors ça simplifiait peut-être un peu les choses. Oui, elle devrait sortir avec un garçon qui préférait, au moins physiquement, une autre fille, mais tout n'était pas toujours rose dans un couple, elle savait qu'il lui faudrait apprendre à faire des concessions et à se battre pour que ça fonctionne. Ça serait certainement un peu compliqué au début, mais si c'était le prix à payer pour pouvoir passer tous ces moments de bonheur en compagnie de Gabriel, elle était prête à le faire sans aucune hésitation. Seulement, même avec toute la bonne volonté du monde, la poufsouffle ne pouvait absolument rien faire si lui aussi n'y mettait pas un peu du sien. Il avait besoin d'un peu de temps et si après ça, il était encore convaincu des sentiments qu'il éprouvait pour la serpentard, alors il ne servait à rien qu'ils continuent, elle ne pouvait pas faire fonctionner cette relation toute seule, elle n'était pas assez stupide pour ne pas s'en rendre compte.

« Tu … tu es sérieuse ? Je … oui je comprend et je … je vais faire mon choix, je te le promet ! »

Il avait vraiment l'air étonné... D'un autre côté, il y a à peine une poignée de seconde, elle venait presque de lui dire que tout était fini entre eux. Bien sûr, elle ne le pensait pas vraiment, elle voulais simplement lui faire comprendre qu'elle ne pouvait pas continuer comme ça, que cette situation ne lui convenait pas et qu'il était dur pour elle d'y faire face. Cependant, Astride n'avait jamais voulu couper les ponts d'un seul coup, ça aurait été déraisonnable de sa part. Cette histoire était encore trop récente pour qu'ils puissent prendre assez de recul sur ce qu'il venait de se passer et donc sur la bonne décision à prendre. Les parents de la jeune fille lui avaient appris qu'on ne résolvait pas un problème en un quart de secondes, surtout lorsqu'on se retrouvait à hésiter entre deux solutions distinctes. Pour une fois, leurs conseils un peu étranges allaient lui servir et elle comptait bien faire preuve d'un maximum de maturité. Ça n'avait rien de très simple, il lui fallait rassembler un certain courage pour réussir à résister à l'envie de tout balancer pour enfin se vider la tête de toutes les questions qui l'assaillaient en permanence. Il devenait de plus en plus difficile pour la poufsouffle de réussir à se rassurer, mais elle arrivait encore à se dire que tout finirait forcément par s'arranger quelle que soit l'issue du débat intérieur de son petit-ami.

« Bien sûr que je suis sérieuse ! A dire vrai, je suis un peu comme toi, là tout de suite, maintenant, je ne sais pas trop ce que je veux, mais ce dont je suis certaine, c'est que je n'ai pas envie de tout gâcher parce qu'on aura pris une décision hâtive, je préfère nous laisser le temps de la réflexion. »

Allait-il vraiment comprendre de quoi elle voulait parler ? Rien n'était moins sûr et Astride n'avait aucune envie de passer pour une gamine capricieuse qui ne savait pas réellement ce qu'elle voulait. Finalement, cette conversation ne les menait pas à grand-chose si ce n'était à une accumulation de doutes et de suppositions sans fin. Elle savait désormais que lorsqu'elle quitterait cette salle, elle serait encore en attente d'une vraie réponse. La décision finale de Gabriel serait leur seule possibilité de repartir sur des bases nouvelles et elle l'attendait avec impatience. Sa seule certitude actuellement n'était pas bien joyeuse, elle savait simplement que leur relation ne tenait qu'à un fil fragile qui menaçait de se briser. Et même si le choix du rouge et or était de rester avec elle, leur serait-il possible de reconstruire quelque chose ? La confiance de quelqu'un n'était jamais facile à gagner et Astride ne l'accordait pas à n'importe qui, si elle mourrait d'envie de l'accorder de nouveau au gryffondor, elle n'était pas certaine d'en être capable. Ça faisait quand même beaucoup de questions sans réponses et pour une adolescente de seulement dix-sept ans, c'était bien trop difficile à gérer. De toute façon, ce n'était là que des suppositions, tout reposait sur les épaules du jeune homme pour le moment et la poufsouffle avait hâte que la situation évolue.

« Quand est-ce que je peux espérer d'avoir une vraie réponse de ta part ? »

C'était ce qu'on appelait mettre la pression mais Astride n'avait pas vraiment le choix, elle ne voulait pas trainer cette histoire avec elle pendant des mois. Ça risquait d'influer de façon très négative sur ses révisions d'examens et sur son obtention. Pas une seule fois depuis le début de sa scolarité, la poufsouffle avait fait passer quoi que ce soit avant ses études et elle n'avait pas du tout l'intention de commencer maintenant. Elle savait par expérience qu'au niveau relationnel, elle n'avait pas beaucoup de chance et si elle devait essuyer uniquement des échecs dans ce domaine, elle voulait au moins se rassurer en sachant que sa vie professionnelle, elle, était un succès.

Plus la conversation avancée et plus elle prenait un tournant étrange, voir inenvisageable pour le jeune Baxter et pourtant. Lui qui pensait rejoindre Astride pour qu'elle le largue dans les règles de l'art, il se retrouvait à discuter avec elle de ses raisons et à tenter de trouver une solution. Qu'avait-il fait pour mériter une fille comme elle ? Rien et c'était bien ça le pire. Si leur histoire réussissait à traverser cette épreuve, il pourrait dire sans mal qu'il avait trouvé une perle rare avec comme plus gros défaut d'aimer un garçon qui ne la méritait pas. Gabriel ne savait plus où il en était et cela durait depuis un moment déjà. En fait toute sa sixième année ne se passait pas comme il l'avait prévu. D'abord il apprenait avant de commencer les cours qu'il était préfet, chose qu'il n'avait jamais envisagé et surtout pas maintenant. Il n'était pas prêt, certes il avait fait un énorme travail sur lui durant les grandes vacances mais cela ne suffisait pas pour qu'il mérite ce poste, il aurait dû normalement montrer qu'il avait changer et prouver aux autres qu'il pouvait être quelqu'un d'intéressant lui aussi et que peut être lors de sa septième année, il pourrait avoir le privilège d'être préfet mais pas avant. Rien qu'en ça, sa vie avait prit un tournant dont il ne s'attendait pas et qui ne lui plaisais guère. Ensuite sa rencontre et son rapprochement avec Astride, qui avait remit en question ses sentiments pour Bonnie et sa capacité à aimer deux personnes en même temps qui le déroutait totalement. Normalement quand on rencontre une personne et qu'on tombe amoureux d'elle, on devrait plus pouvoir être en émoi devant une autre personne, si ? Sinon ça veut dire qu'il y a un problème à quelque part, non ? Avec Gabriel il y en avait plus d'un problème, mais ce n'était pas le moment de les étaler. Le fait qu'il ne pouvait plus se rendre aussi souvent à la bibliothèque le perturbait beaucoup et ne plus passer aussi longtemps sur une de ses expériences ne lui plaisait guère, tout ça pour un poste qu'il ne voulait pas …

« C'est marrant que tu dises ça, j'ai eu exactement la même impression lorsque je t'ai rencontré, je te trouvais trop bien pour moi, tu avais l'air tellement adorable, sans aucun défaut. J'ai peut-être des qualités, mais je dois reconnaître avoir une certaine tendance à devenir langue de vipère et ça ne doit pas être la seule chose que j'ai à me reprocher. Mais pour le coup, tu ne crois pas que tu confonds une simple attirance avec des vrais sentiments amoureux ? C'est possible qu'elle te plaise, Bonnie est loin d'être laide, je suis tout à fait d'accord, mais je ne suis pas certaine que tu puisses vraiment parler d'amour dans ton cas. »

Trop bien pour elle ? Comment avait-elle pu croire une chose pareille ? Gabriel n'arrivait pas à comprendre que tous le monde ne le voyait pas comme il se voyait. Certaines personnes ne le considéraient pas comme un raté de première, comme une pauvre victime à martyriser, comme une personne à l'intellect moyen. Astride visiblement faisait partie de ces personnes qui pensaient qu'il y avait beaucoup de choses bien chez le jeune homme, loin de n'avoir que des qualités, il restait néanmoins un garçon intéressant et visiblement attirant, au moins aux yeux de la belle brune. Gabriel ne pourra pas prétendre qu'Astride n'a que des qualités, comme n'importe qui sur terre, elle possède aussi des défauts, mais cela n'entache en rien l'idée qu'il a d'elle. Quant à de l'amour ou une simple attirance pour Bonnie, Gabriel ne saurait le dire car il ne comprend pas vraiment comment il peut aimer une personne qu'il ne connait pas. Si comme Astride le prétend ce n'est qu'une simple attirance, alors pourquoi n'a-t-il pas arrêté de penser à elle quand il est sorti avec Astride ? Cela aurait dû cesser normalement non ?

« Je … je ne sais pas » Commença par dire Gabriel. La jeune Whitby posait le doigt sur une chose intéressante, prenant toute cette histoire sous un angle différent, tout nouveau pour lui. Le jeune Baxter prit un instant pour réfléchir, se demandant si c'était aussi simple que ça ? Il en doutait un peu « Peut-être … sincèrement je ne saurais te le dire, je ne me comprend pas moi même, mais … si c'est vraiment qu'une histoire de simple attirance alors … alors pourquoi cela n'a-t-il pas cessé quand on est sorti ensemble ? Après tout je n'avais plus … plus de raison de penser à elle vu que j'étais avec … avec toi ! »

Ses phrases étaient un peu plus entre-coupées que précédemment mais il restait encore clair dans ses propos, c'était plutôt une bonne chose pour pouvoir démêler cette histoire et avancer. Si Astride avait raison alors toute cette histoire allait rapidement prendre fin et ils pourraient reprendre le cours de leur existence normalement, comme si rien – ou presque – ne s'était passé. Mais si elle avait tort et qu'il s'agissait bien de véritables sentiments à l'égare de la jeune Bonnie, alors leur histoire serait terminée et Gabriel pourrait dire adieu à Astride qui ne risquait très certainement plus d'avoir envie de lui parler. Maintenant ce qu'il lui restait à faire était très simple – si on pouvait se permettre de le dire ainsi – il fallait qu'il se pose et réfléchisse sur toute cette histoire, pesant le pour et le contre, réfléchissant sur ce qui lie Astride à Gabriel et Bonnie à Gabriel. Au vu du peu de temps qu'il avait passé avec la belle rousse, il n'y avait que peu de chance que dans cette partie elle gagne, mais sait-on jamais, le cœur a ses raisons que la raison ignore...

« Bien sûr que je suis sérieuse ! A dire vrai, je suis un peu comme toi, là tout de suite, maintenant, je ne sais pas trop ce que je veux, mais ce dont je suis certaine, c'est que je n'ai pas envie de tout gâcher parce qu'on aura pris une décision hâtive, je préfère nous laisser le temps de la réflexion. »

Il était tout à fait normal que la jeune Astride ne sache pas ce qu'elle voulait vraiment en cet instant. Plaquer son copain était facile à dire mais plus compliqué à faire quand des sentiments y étaient mêlés. Gabriel aimait sincèrement Astride et visiblement l'inverse était tout aussi vrai, ce qui expliqué la seconde chance qu'elle offrait au jeune homme, mais pour combien de temps ? Et s'il décidait de se focaliser uniquement sur elle, la choisissant au lieu de Bonnie, acceptera-t-elle vraiment de le reprendre ? Peut être que pendant le temps de réflexion de Gabriel, Astride aurait aussi pris le temps de réfléchir et de voir que cette histoire n'était pas faite pour elle ou que le Gryffondor visiblement ne la méritait pas, s'en rendant finalement compte. Gabriel se contenta de hocher la tête, ne voyant rien à rajouter à tout cela. Il ne la forçait pas à rester à ses côtés et il savait très bien que même s'il la choisissait, rien ne lui était acquis, mais déjà rien que l'idée qu'il n'avait pour le moment rien perdu le soulageait grandement et l'aidera très certainement à réfléchir.

« Quand est-ce que je peux espérer d'avoir une vraie réponse de ta part ? »

Là était la question, quand lui donnerait-il la réponse ? En cet instant Gabriel n'en n'avait aucune idée. Maintenant c'était bien trop tôt, comme dans les jours qui venaient, mais en même temps il ne pouvait pas se permettre de laisser traîner trop longtemps cette histoire. Etant tous les deux en sixième année, ils n'avaient pas les révisions pour les BUSEs, mais les ASPICs approchant à grand pas, il fallait songer à commencer à tout revoir dès maintenant. Mais réviser sans avoir pris de décision n'était pas une bonne chose, pour eux deux, il fallait donc donner sa réponse avant.

« Lundi … lundi prochain au plus tard tu auras ma réponse …  »

Gabriel espérait juste pouvoir offrir une réponse à ce moment là …

« Je … je ne sais pas. Peut-être … sincèrement je ne saurais te le dire, je ne me comprend pas moi même, mais … si c'est vraiment qu'une histoire de simple attirance alors … alors pourquoi cela n'a-t-il pas cessé quand on est sorti ensemble ? Après tout je n'avais plus … plus de raison de penser à elle vu que j'étais avec … avec toi ! »

Astride haussa les épaules, légèrement prise au dépourvu. Non pas qu'elle ne pouvait pas expliquer sa façon de voir les choses, mais elle trouvait vraiment étrange que Gabriel réfléchisse de cette manière. Croyait-il vraiment que lorsqu'on tombait amoureux ça supprimait tous les sentiments qu'on pouvait avoir pour d'autres personnes ? Elle n'en avait jamais eu l'impression, sauf qu'il y avait un grand écart entre ressentir une vague attirance pour quelqu'un et décider de lui envoyer une lettre d'amour pour le lui avouer. Elle avait été attiré par Alexander et elle le trouvait toujours relativement beau mais elle savait parfaitement qu'elle n'irait pas lui envoyer une lettre pour lui déclarer sa flamme parce qu'elle aimait Gabriel et qu'elle ne voulait en aucun cas lui faire du mal. Comme quoi, ils étaient deux personnes bien différentes quels que soient les points communs qu'ils puissent avoir. Ça n'aurait pas été si grave si seulement il n'avait pas envoyé cette fichue lettre. Tout était parti de là finalement et elle aurait souhaité pouvoir revenir en arrière.

« Malheureusement, être avec une personne ne t'empêche pas d'être attiré par une autre, ça ne remet pas forcément en cause tes sentiments pour moi, si je pensais que c'était le cas, on ne serait pas là en train de discuter. Je veux bien me battre mais pas pour des causes perdues. »

Avait-elle été désagréable ? Ce n'était franchement pas son but, mais il était possible que le jeune homme interprète mal ses propos. Elle n'avait certes aucune envie de se battre pour une cause perdue, mais elle trouvait que Gabriel en valait la peine justement. Ce n'était pas tous les jours qu'elle se retrouvait en compétition avec une autre fille et que cette autre fille était l'une de ses plus proches amies, ou avait été en tout cas, parce qu'on ne pouvait pas franchement dire que c'était toujours vrai à l'heure actuelle. La dernière fois qu'elle avait vu la vipère remontait à avant les vacances d'été et depuis, elles n'avaient jamais eu l'occasion de vraiment se recroiser. Oh, bien sûr, elles se voyaient régulièrement en cours et étaient assises non loin l'une de l'autre lorsqu'elles étaient à la bibliothèque, mais malgré ça, elles semblaient tout de même avoir mis une distance entre elles deux puisqu'elles se contentaient de se voir sans réellement prendre le temps de se parler. Ça ne dérangeait pas Astride, encore moins maintenant qu'elle savait que Bonnie était sa rivale, mais il était tout de même dommage de voir qu'une amitié pouvait être gâchée parce qu'elle ne faisait aucun effort pour l'entretenir. Elle n'était peut-être pas la seule coupable, mais les torts étaient partagés.

« Lundi … lundi prochain au plus tard tu auras ma réponse … »

Lundi prochain ? Ce n'était pas dans très longtemps, elle pourrait certainement survivre jusque-là sans avoir envie de pleurer tous les soirs lorsqu'elle irait se coucher et tous les matins lorsqu'elle se réveillerait. A dire vrai, Astride se surprenait elle-même, ce genre d'histoire aurait pu lui rendre la vie dure, elle n'était pas l'une de ses filles fortes qui pouvaient changer de garçon aussi souvent que de sous-vêtements et le fait que son amoureux lui montre qu'il n'était pas aussi droit que ce qu'il lui avait laissé entendre aurait dû la détruire. Au lieu de ça, elle se découvrait une maturité toute nouvelle et une force qu'elle n'avait pas soupçonné jusqu'ici. Si elle était triste ? Oui, bien sûr, elle aurait nettement préféré que tout se déroule à merveille et qu'ils puissent vivre leur vie de couple sans qu'une tierce personne vienne interférer, mais elle réussissait à donner le change et à ne pas délaisser le reste de sa vie parce qu'un seul petit bout ne tournait plus rond. Peut-être aurait-ce été différent si elle avait dû faire cette découverte après de longs mois ou même plus d'une année et c'était pourquoi elle était tout de même ravie d'avoir réussi à éclaircir cette histoire avant qu'elle ne soit trop attachée au jeune homme.

« Très bien, je l'attendrais alors. »

Avait-elle véritablement le choix de toute façon ? Astride savait qu'à part attendre, elle ne pouvait pas faire grand-chose. Il était hors de question qu'elle tente de l'influencer de quelque manière que ce soit, elle voulait que le choix vienne de lui et non pas qu'il le fasse pour lui faire plaisir et le regrette aussi. Lundi, ils seraient définitivement fixés. Si Gabriel lui avouait qu'il voulait être avec elle, alors ils pourraient sans doute essayer de recoller les morceaux de leur relation brisée. Ça prendrait du temps, c'était certain, mais la Poufsouffle n'avait rien contre le fait d'essayer, elle n'attendait que ça, même. Si au contraire il lui disait qu'il ne pouvait pas se sortir Bonnie de la tête ce serait tout simplement terminé entre eux et autant la jaune et noir avait peur que ça puisse se produire, autant elle savait que c'était une solution de facilité qui lui permettrait de définitivement tourner la page et elle en avait besoin. Et si jamais il lui disait ne pas avoir réussi à choisir, alors ce serait à elle de mettre définitivement un terme à leur relation, elle ne pouvait pas rester dans l'incertitude pendant de longs mois, c'était impossible. Quoi qu'il puisse se passer, elle serait donc fixé lundi et c'était aussi angoissant que rassurant.

« Tu as quelque chose à ajouter ? Personnellement, je n'ai rien de plus à dire, alors si c'est également ton cas, je vais aller dormir, il est déjà tard. »

Croisant les bras, la jeune fille attendit bien gentiment qu'il daigne lui donner une réponse. Elle avait la nette l'impression que cette soirée était beaucoup trop longue à son goût et il était grande temps qu'elle y mette un terme. De toute façon, elle avait posé toutes les questions possibles et imaginables, les répéter une fois de plus ferait simplement tourner la conversation en rond et ça n'avait pas le moindre intérêt. Gabriel serait certainement d'accord avec elle, il ne semblait pas avoir pris de décision pour le moment et tant que ça ne serait pas fait, ils ne pourraient pas faire comme si de rien n'était.

Gabriel ne comprenait plus rien à toute cette histoire et la seule chose qu'il avait finit par découvrir c'était que si c'était ça « grandir », « devenir adulte », alors il ne voulait définitivement pas en passer par là. Malheureusement, comme il était en train de le découvrir, on ne choisit pas de grandir ou de rester un enfant pour l'éternité, on suivait le mouvement, on évoluait avec le temps et on se rendait compte bien trop tard qu'on était plus celui qu'on avait été hier et ni celui qu'on sera demain. Avant cette année, Gabriel n'y connaissait rien aux filles et même si Bonnie n'avait jamais vraiment quitté ses pensées, il n'avait jamais cherché à approfondir cette relation avec elle, la laissant de côté, vivant avec, mais depuis qu'il sortait avec Astride, les choses changeaient, il avait eu envie – l'espace d'un instant – de voir ce que sa vie aurait pu être s'il avait avoué ses sentiments à la serpentard. Bien entendu il n'y avait pas de mauvaises intentions derrière ce geste et il n'avait même pas songé aux conséquences. Maintenant qu'il voyait où tout cela l'avait conduit, il avait regretté amèrement d'avoir écrit cette lettre mais étrangement il n'était pas mécontent que ce soit Astride qui l'ait reçu et non Bonnie, non pas que l'idée de voir son couple se briser en mille morceaux l'enchantait particulièrement mais au moins il n'avait pas eu à réellement choisir entre les deux filles, ce qui n'était pas une si mauvaise chose. Encore que cette histoire n'était pas complètement terminée, il fallait qu'il décide ce qu'il avait envie de faire, continuer avec Astride et tentait de recoller les morceaux et de lui faire oublier toute cette histoire ou passer à autre chose, réalisant que c'était peut être simplement un signe que leur histoire n'avait aucun sens …

« Malheureusement, être avec une personne ne t'empêche pas d'être attiré par une autre, ça ne remet pas forcément en cause tes sentiments pour moi, si je pensais que c'était le cas, on ne serait pas là en train de discuter. Je veux bien me battre mais pas pour des causes perdues. »

Gabriel & Astride ne voyaient pas les choses de la même façon, ils n'avaient pas la même logique. Pour Astride l'un n'empêchait pas l'autre, il pouvait très bien trouver Bonnie jolie et aimer Astride alors que pour Gabriel, soit il en aimait une, soit l'autre mais pas les deux. Normalement dans les livres, quand un garçon tombe amoureux d'une fille, il n'y a plus qu'elle à ses yeux et personne ne peut rivaliser, alors pourquoi cela ne pourrait pas être vrai dans la réalité ? Pourquoi Astride ne pourrait pas être l'unique objet de son attention ? La vie sentimentale était un véritable calvaire et visiblement il n'était pas au bout de ses peines. Rentrer dans les ordres ne serait peut être pas une si mauvaise idée, moins de problème en perspective, rien que le plaisir d'étudier, d'expérimenter et de découvrir de nouvelles choses, sans se prendre la tête sur ce que veut ou non sa copine et ce qu'on veut. Bien entendu les ordres ne le tentait pas spécialement, il avait entendu de drôle de choses à ce sujet et l'idée de rester enfermé avec d'autres hommes toute sa vie ne le tentait absolument pas.

« Si tu le dis … » Dit Gabriel d'un ton distant et distrait. Non pas qu'il ne voulait pas croire sa copine, au contraire ça expliquerait beaucoup de choses, mais c'était encore difficile pour lui de tout intégrer, il allait lui falloir plus de temps pour découvrir et comprendre les choses de la vie. « Comment tu fais pour … tout comprendre ? »

Gabriel savait qu'il n'y avait pas de solution miracle et que ce qu'allait lui dire Astride ne l'aiderait en rien, mais il avait eu besoin de lui poser la question. Ce dont il avait besoin, c'était du temps et Astride allait lui en donner. Jusqu'à lundi, jour où il lui donnerait sa décision finale, il n'y avait que peu de chance qu'il la croise. Certes ils allaient avoir des cours en commun, mais la jeune fille allait très certainement l'éviter, non pas pour le blesser, mais plutôt pour lui laisser de l'air, pour ne pas lui mettre la pression, pour le laisser à ses réflexions, en tout cas c'était ce qu'il croyait.

« Très bien, je l'attendrais alors. »

Astride devait faire beaucoup d'efforts pour garder son calme et pour attendre sa réponse. La situation ne devait pas être vraiment facile pour elle, pourtant elle donnait l'impression de maitriser la situation, que tout cela ne la touchait pas vraiment, qu'elle gérait. Bien entendu ce n'était qu'une impression qu'avait Gabriel et la réalité devait être tout autre, mais elle l'impressionnait à cet instant, tout comme elle le terrifiait. Non pas qu'une personne qui savait se maitriser lui faisait vraiment peur, mais plutôt parce que ça l'intimidait. Elle réussissait là où il échouait totalement. Astride qui avait donné l'impression au début de leur relation d'être aussi novice que lui avait finalement beaucoup évoluée et elle semblait beaucoup plus à l'aise dans cette situation peut sympathique. A croire qu'elle avait évolué plus vite que lui ou qu'il n'était définitivement pas fait pour ce genre de choses, au choix.

« Tu as quelque chose à ajouter ? Personnellement, je n'ai rien de plus à dire, alors si c'est également ton cas, je vais aller dormir, il est déjà tard. »

Non il n'avait rien à rajouter de plus, mise à part qu'elle le laissait sans voix. Gabriel tourna son regard vers elle, légèrement étonné avant de faire un signe négatif de la tête. Non ils en avaient fini pour ce soir et Gabriel ne savait pas vraiment si ça s'était bien passé finalement ou pas. Il ne savait pas où ils en étaient et pour le moment c'était lui qui avait les cartes entre les mains, ce qui l'effrayait encore plus. Si elle l'avait largué au moins il n'aurait pas été celui qui avait pris la décision finale, cela aurait été largement plus simple et plus lâche également.

« Heu … non … je … je n'ai rien d'autre à dire. Je … je vais rester un peu ici … mais … mais tu peux partir ! »

Cette salle se trouvait étrangement parfaite pour réfléchir un peu, reprendre son souffle et réaliser ce qui était en train de se passer entre eux. Peut être qu'un peu de calme et de solitude allait l'aider … visiblement ce ne serait pas pour ce soir une bonne nuit de sommeil, mais plutôt une nuit agitée et longue.

« Si tu le dis … Comment tu fais pour … tout comprendre ? »

Gabriel semblait plus que sceptique et c’était bien normal. Cependant, Astride cherchait avant tout à rester positive. Si elle commençait à se dire que les sentiments que le jeune homme avait pu avoir pour elle avaient totalement disparu, alors elle ne pourrait plus vouloir reconstruire quelque chose avec lui. Elle préférait nettement se dire que ce n’était qu’une passade, une petite chose sans importance qu’il n’aurait aucun mal à oublier. C’était sans doute un peu trop simpliste comme solution, mais si ça pouvait lui permettre de ne pas pleurer toutes les larmes de son corps en constatant tout ce qu’elle avait perdu, alors c’était sans doute la meilleure chose qu’elle avait à faire. Le rouge et or ne comprendrait sans doute pas pourquoi elle agissait de la sorte, pesant ses mots, cherchant à garder son calme en toutes circonstances et elle savait que beaucoup de personnes à sa place se seraient mises à hurler et c’était ce qu’elle avait eu l’intention de faire avant de voir Gabriel entrer dans la pièce. Cependant, elle réalisait que tant qu’elle parvenait à traiter la situation avec un minimum de détachement, elle en souffrait beaucoup moins.

« Je ne comprends pas tout, loin de là, j’essaie simplement de relativiser. » Expliqua-t-elle patiemment. « Je pense que c’est plus intelligent que de craquer même si c’est moins simple. »

Non, en effet, ça n’avait rien de facile. Elle passait par différentes émotions en peu de temps et avait beaucoup de mal à les maitriser. Depuis qu’elle avait reçu la lettre de Gabriel confirmant les doutes qu’elle avait mis du temps à accepter, son cerveau semblait travailler constamment et c’était bien souvent désagréable. Parfois, elle se sentait vraiment triste, elle avait simplement envie de s’isoler et de pleurer toutes les larmes de son corps, d’autres fois, elle sentait une colère sourde l’envahir et elle avait juste besoin d’envoyer promener tout le monde, professeurs comme élèves pour s’isoler du reste du monde. L’indifférence était venue s’installer elle aussi, et elle avait connu de longues heures pendant lesquelles elle ne faisait tout simplement rien puisqu’elle se désintéressait de tout, même de ce qui la passionnait le plus. Astride avait eu de la chance malgré tout, cette nouvelle situation n’avait pas grandement influé sur sa scolarité, puisque quel que soit son état moral, elle s’était toujours poussée à aller en cours, surtout pour montrer au rouge et or que ses propos n’avaient pas réussi à l’atteindre, bien que ce soit complètement faux.

« Heu … non … je … je n'ai rien d'autre à dire. Je … je vais rester un peu ici … mais … mais tu peux partir ! »

Astride se sentait presque soulagée. Cette désastreuse conversation touchait enfin à sa fin. Elle allait pouvoir reprendre un rythme de vie presque normal et c’était quelque chose qui lui avait manqué. Certes, jusqu’au lundi suivant, elle aurait du souci à se faire, et elle savait pertinemment qu’elle ne serait pas tranquille sans une réponse ferme et définitive de la part de Gabriel. Toutefois, la Poufsouffle se sentait délestée d’un poids énorme. Même s’il avait mis un peu de temps à réussir à s’exprimer correctement, le rouge et or lui avait enfin donné une explication à toute cette histoire et elle lui en était reconnaissante. Bien sûr, elle lui en voulait de lui faire subir ça et elle en voulait encore plus à Bonnie parce qu’elle ne pouvait rien lui reprocher mais que c’était tout de même à cause d’elle qu’elle se retrouvait là. Toutefois, pouvoir ordonner tous les éléments qu’elle avait en main lui permettait de comprendre un peu mieux ce qu’il s’était passé et c’était un réel soulagement. Elle n’avait plus à reconstituer des milliers de puzzles fictifs en se demandant lequel concordait, elle avait la vérité et qu’elle lui plaise ou non elle devrait l’accepter.

« D’accord, mais tu pourrais choisir un endroit plus engageant, tu sais. »

Il voulait certainement trouver un bon moyen de se punir, il avait l’air tellement désolé qu’il en était presque attendrissant. Bien entendu, ce n’était pas pour ça qu’elle lui pardonnerait si facilement, il devait réaliser par lui-même à quel point il l’avait fait souffrir et ce n’était pas en retournant auprès de lui en un claquement de doigt qu’il apprendrait véritablement de ses erreurs. Qui plus était, elle ne voulait pas avoir l’air d’être trop attachée au jeune homme, s’il se rendait compte qu’elle était prête à tout pour rester à ses côtés, il serait peut-être capable de bien pire que ce qu’il venait de lui faire subir et Astride ne voulait pas prendre ce risque. Tournant les talons, la jeune fille prit la direction de la sortie, essayant tant bien que mal d’ignorer l’énorme boule qui se trouvait dans son ventre. Elle avait la vague impression de quelque chose d’inachevé et c’était vraiment très désagréable. Alors que sa main touchait la poignée de la porte, elle se ravisa, et retourna vers le rouge et or qui n’avait pas bougé d’un pouce. Elle le sera brièvement dans ses bras, avant de reculer, souriant légèrement malgré l’étrangeté de ce moment. Il était grand temps de partir à présent.

« A lundi. »

Cette fois-ci, Astride ne retourna pas sur ses pas. De toute façon, jusqu’à ce qu’arrive le lundi suivant, elle ne pourrait rien faire mis à part attendre et tenter de vivre une vie la plus normal possible que ce soit compliqué ou non. Elle comptait, bien sûr, sur le soutien de ses amis, notamment celui d’Hecate mais la Serdaigle ne semblait pas vouloir lui donner de nouvelles ces derniers temps et bien qu’elle en éprouve un peu de peine, elle savait que son amie devait préparer ses ASPICs et qu’il était important qu’elle réussisse. Dès que tout ça serait terminée, elles pourraient de nouveau passer du temps ensemble et se raconter tout ce qu’elles avaient loupé. Astride avait vraiment hâte que ce moment arrive, elle avait besoin de parler à quelqu’un. Refoulant les larmes qui lui montaient soudainement aux yeux, la jeune fille pressa le pas pour arriver plus rapidement dans sa salle commune. Elle avait réussi à rester stoïque pendant toute la conversation, mais elle savait qu’elle ne pourrait pas le rester éternellement.