William entra dans Poudlard d'un pas vif. Il monta les marches deux par deux et franchit les paliers en courant. Il avait pour habitude d'être en retard mais jamais à ce point. Cela devait faire bien trente minutes qu'Aisling l'attendait au bout d'un petit couloir sur un banc. C'était l'endroit où les deux amis aimaient se retrouver après les cours ou à la fin de la journée. William était heureux de la voir tant sa journée fut terrible. Premièrement ce cours de Sortilège qui ne débutait pas, puis cette rencontre au stade de Quidditch qui fut ennuyant et enfin ce froid ! Jamais il n'eut aussi froid de sa vie. Malgré la chaleur retrouvée au sein de l'école, Will avait toujours les lèvres légèrement bleutés et le bout des doigts endoloris. Enfin il arriva face au banc où, comme toujours son amie l'attendait.

" Je suis désolé Aisling mais j'ai eu une affreuse journée. J'ai presque l'impression que les forces du mal se sont liguées contre moi. Sans rire ce fut affreux et éprouvant. Heureusement que tu es là sinon je ne sais pas comment j’aurais pu me relaxer ces jours-ci !"

En effet, le jeune Duggerstone avait bien du mal avec l'emploi du temps et les cours qui s'enchaînaient. De plus, il ne parvenait pas à s'endormir le soir. A force de lire, son imagination ne cessait de fonctionner, il n'y avait plus une seule seconde qui passait sans qu'il ne réfléchisse. Néanmoins, Aisling était autant là pour lui que lui pour elle. Ils se complétaient bien, ils s'entraidaient et ils tenaient grâce à cela. Les BUSEs stressaient énormément William et cela se sentait. Jamais Aisling ne l'avait vu comme ça. Mais au fur et à mesure que la discussion se déroulait les esprits s'apaisaient et Will redevenait joyeux et calme comme toujours. Aisling n'attendait qu'une seule chose, en général, en début de conversation.

" Ah oui, j'allais oublier ! J'ai tes friandises. Il ne me restait plus que quelques chocogrenouilles et des dragees-surprises de la dernière réunion à la salle commune. Mais je pense que ça va pouvoir te caler pour une petite heure. "

Will connaissait bien Aisling, cela faisait déjà plusieurs années qu'ils se côtoyaient. Il savait que celle-ci avait toujours faim. Elle n'était pas grosse pourtant mais qu'est-ce qu'elle mangeait ! C'était incroyable de garder une telle ligne avec tout ce qu'elle engloutissait. Cependant c'était toujours un plaisir pour lui de lui ramener quelques friandises, puis elle était tellement désagréable quand elle avait faim qu'il préférait être son dealer de mal bouffe plutôt que de subir sa fureur. De toute manière chaque moment passé avec elle lui embellissait la journée. Enfin quelqu'un de sympathique, souriant et sincère. William croisait tellement d'hypocrites qu'il profitait de la franchise spontanée de son amie. De plus cela lui permettait de redevenir le jeune garçon qu'il ne montrait à personne d'autre. Pour quelques minutes il redevenait ce garçon qui allait au petit jardin de Londres jouer à la balançoire avec sa copine Irlandaise. C'était à chaque fois des petits moments de pur plaisir.

Aisling dévorait les chocogrenouilles les unes après les autres. Elles n'avaient aucune chance de s'échapper, leur fin était inévitable, jamais elles ne pourraient survivre à l'ogresse Irlandaise. William la regarda en rigolant et s’assit sur le banc à côté d'elle.

" Alors qu'est-ce que tu me racontes ? "

La maladresse. Cela suivra certainement Aisling toute sa vie. Pas une seule journée ne se passera sans que celle-ci ne se cogne quelque part. Déjà petite, elle tombait toujours du toboggan. Elle a toujours été une petite sauvageonne. Elle courait de partout sans s'arrêter. William avait d'ailleurs souvent du mal à la suivre. Aujourd'hui encore, elle s'était débrouillée pour déchirer sa robe et s'égratigner le bras. A force, elle pourrait vraiment se faire mal si elle ne faisait pas attention. Ce n'était pas étonnant qu'elle se blesse souvent. Cette fille était tellement déterminée qu'elle avançait dans les couloirs toujours droite comme un pic et ne regardait que devant elle. Malheureusement les couloirs tournent et les gens avancent de toute part également. Le destin voulait qu'elle ne se fasse que très rarement vraiment mal. Elle s'était déjà cassé le poignet à plusieurs reprise et foulé la cheville un nombre incalculable de fois mais cela s'arrêtait là. William, lui, faisait toujours attention où il posait les pieds. Vu que son amie lui montrait parfaitement ce qu'il ne fallait pas faire, Will s'essayait au calme. Il avait remarqué qu'Aisy, fofolle, ne faisait jamais attention à ses gestes mais c'est ce qui faisait d'elle une fille. Avec son caractère de cochon et sa force, si elle ne retombait pas au stade de l'enfant à chaque blessure, alors on pourrait bien croire qu'elle était un véritable bonhomme. Elle n'avait jamais eu peur de quoi que ce soit. Elle s'essayait même aux sports de combat et allait se battre contre les gros durs de son école. La seule chose qui pouvait la calmer en fin de journée, c'était les petites sucreries que Will lui apportait.

" Chais réuchi à avoir ma venchanche chur l'autre pimbêche là ! "

Quoi qu'il puisse arriver Aisling ne lâchait jamais l'affaire. Si elle avait faim, elle mangerait ! Et cela même si elle devait parler en même temps, ce qu'elle prouvait très bien à Will à cet instant même. Cela n’écœurait pas du tôt William, bien au contraire il trouvait cela mignon. C'était ces instants de faiblesse et de douceur qu'il aimait chez elle. Mais à l'instant même où elle arrêtait de manger c'était reparti de plus belle.

"Oui enfin, je disais, j'ai enfin eu ma revanche sur l'autre pimbêche, Sarah. À coups de Bombabouses, oui monsieur, un vrai carnage ! Et puis j'ai à moitié agressé un pauvre Serdaigle qui avait eu la mauvaise idée de me regarder de travers. J'ai eu un Troll à mon dernier examen d'étude des runes mais bon, pour ce que ça sert, je m'en fiche ! Et puis je crois que c'est à peu près tout ! Et toi, sale journée alors ? "

Aisy était redevenue la bonne vieille guerrière qu'il connaissait. Cela faisait rire William. Elle était bien l'une des seules à ne jamais jouer de rôle. Elle était bien plus féroce que tous ici, elle en voulait et Will savait pertinemment que, grâce à cela, elle réussirait toujours dans la vie. C'est une battante et, même si à l'heure actuelle elle excellait dans la bêtise, un jour elle deviendrait une grande dame de ce monde. Il était bien plus confiant qu'elle au sujet de son avenir et souvent il la réconfortait. C'était les rares moments de l'année où lui-même se laissait aller à la normalité. Will se laissait aller à côté d'elle sur le banc. Il soufflait et se massait les tempes pour enlever cette migraine qui lui attaquait le cerveau depuis ce début d'après-midi. Les yeux fermés et la tête baissée, Will essayait de se reposer quand Aisling se rapprocha de lui et le prit dans ses bras. William se sentait bien ici. C'était certainement pour lui l'endroit le plus reposant et agréable que la terre ait connu. Il pouvait alors s'abandonner complètement. Malgré l'impression de gros dur que donnait son amie, Aisy était une fille au grand cœur.

" Tu sais Aisy, tu n'as pas besoin de t'énerver aussi souvent. Tu ne devrais pas réagir comme ça auprès des autres. Tu devrais te montrer bien plus solide qu'eux en les ignorants. Je sais que c'est difficile pour toi mais bientôt tu comprendras ce que j'essaye de te dire. En attendant je te remercie d'être là pour moi. Les journées sont de plus en plus longues et difficiles. Les BUSEs s’approchant à grands pas, je dois travailler encore plus. Tu sais j'aimerais être le meilleur mais c'est pas facile. Tu sais que t'es un bon coussin en faite ? "

Will n'aimait se délivrer de trop et finissait souvent ses phrases par une petite blague ou moquerie quand il sentait qu'il allait trop loin. Il appréciait l'instant présent et comptait bien en profiter. Les yeux fermés et à moitié couché sur Aisling, il en profitait pour rêvasser quelques instants encore.