Cette sortie à Pré-au-Lard, Rhiannon l’attendait avec une impatience grandissante. C’était le cas de beaucoup d’élèves qui avaient l’impression que dès qu’ils passaient les grilles du château, ils retrouvaient un semblant de liberté, ou de ceux qui retrouvaient des amis là-bas, il n’était donc pas si étonnant que la vipère soit aussi excitée qu’eux à l’idée de pouvoir s’évader à son tour. Sauf que dans le cas de la jeune fille, ce n’était ni un ami, ni la liberté qui la poussaient à se rendre dehors mais surtout sa nouvelle lubie. Depuis un mois déjà, elle préparait sa nouvelle idée avec attention. Elle avait noté dans son petit carnet à idées, les étapes nécessaires à sa réalisation et s’était attelée à la tâche dès que possible. Les cours d’histoire de la magie, par exemple, étaient une véritable bénédiction pour son cerveau qui pouvait réfléchir à toute autre chose, délaissant sans aucun mal les paroles barbantes du professeur qui se trouvait en face d’elle. Plusieurs fois, elle s’était fait prendre et son enseignant l’envoyait bien souvent en retenue, décrétant qu’il n’était pas autorisé de passer le cours à rêvasser sans prendre la moindre note. Si seulement il savait… Rhiannon aurait voulu leur expliquer qu’elle ne rêvassait pas, mais cherchait simplement un moyen de sauver le monde et qu’ils la remercieraient probablement plus tard. Seulement, la jeune fille avait bien conscience que sa noble cause ne touchait qu’une petite minorité de personnes et que les autres étaient trop égoïstes pour comprendre pourquoi ça lui tenait à cœur. Tant pis, les retenues lui permettaient de passer du bon temps avec Flynn et c’était déjà mieux que rien.

De bonne heure ce matin-là, Rhiannon était déjà en route. Avant de partir, elle avait enroulé une longue écharpe autour de son cou pour éviter de finir en bonhomme de neige et avait donné ses dernières recommandations à son chat : « ne fais pas de bêtises, ne mange pas le canari de la fille de cinquième année, ne boude pas, je vais te ramener une surprise. » Zéphyr l’avait regardé avec un air idiot, mais la vipère, satisfaite de son élève, avait franchi les portes du dortoir avec le cœur léger. En plus, elle n’avait pas menti sur ce coup-là, c’était bien pour Zéphyr qu’elle voulait aller en ville. Le mois dernier, elle s’était pris de passion pour la nourriture bio pour animaux et avait décrété qu’en tant que mascotte de sa future association, son chat devait être sensibilisé à la noble cause qu’elle défendait. La jeune fille s’était donc renseignée à ce sujet et après de multiples échanges de hiboux, elle avait enfin trouvé une animalerie sorcière susceptible de lui fournir ce qu’elle recherchait. Ni une, ni deux, Rhiannon avait passé commande et attendait désormais de recevoir son précieux colis. Seulement, après plusieurs jours d’attente, elle n’avait toujours pas reçu ce qu’elle désirait et avait donc imaginé qu’elle aurait plus de chances si elle se rendait au bureau de poste de Pré-au-Lard. Ce ne serait pas la première fois qu’elle recevait une de ses livraisons là-bas, et elle préférait de très loin aller chercher plutôt que d’alerter la boutique directement. Elle leur signalerait de toute façon leur erreur à la commande suivante, mais elle espérait pouvoir se débrouiller par elle-même pour ce qui était de retrouver la première.

Quelques longues minutes plus tard, un trajet dans un petit reste de neige, une pétition signée par le personnel de la poste de Pré-au-Lard et un énorme paquet de croquettes bio pour chat dans les bras, Rhiannon marchait d’un pas beaucoup moins vif vers le château, se demandant comment elle avait pu être aussi bête. Visiblement, il devait y avoir une taille à choisir pour le paquet, parce qu’elle ne se souvenait pas avoir commandé huit kilos de croquettes en une seule fois… La vipère était obligée de faire de nombreuses pauses, puisque le paquet sans poignée glissait toutes les dix secondes, l’empêchant de mettre un pied devant l’autre. En plus, le poids était tout de même conséquent et Rhiannon n’avait pas le gabarit nécessaire à ce genre d’occupation. C’est donc en pestant, râlant, maudissant les descendants de son chat sur plusieurs générations que la vipère progressait lentement vers le château. Une chose était sûre, elle ne se ferait par avoir deux fois, mais de toute façon, avant que son idiot de chat ait enfourné la totalité de la portion qu’elle venait de lui acheter, il se passerait un sacré bout de temps. Cependant, la serpentard restait très fière de son choix, elle était comme une révolutionnaire luttant pour que son idée soit respectée… Quoi de plus noble que la cause pour laquelle elle se battait ? Alors oui, pour l’instant ce n’était pas évident, mais elle pourrait ajouter cette atroce souffrance à la liste de toutes celles qu’elle avait endurées pour venir en aide aux pauvres animaux maltraités dans le monde. Ça lui donnait même une super idée de discours... « Rhiannon la jeune martyre », ça sonnait plutôt bien comme titre ? Il faudrait certainement qu’elle en discute avec Elian, histoire d’être sûre de pouvoir appliquer cette idée, mais elle ne voyait pas pourquoi ça ne serait pas possible, après tout, elle avait toujours agi pour sa cause et rien que pour elle, tous les sacrifices étaient bons pour qu’elle ait une signature de plus sur sa pétition et il était hors de question qu’elle y renonce uniquement parce que son frangin était contre. Pour le moment, elle touchait du bois, Elian était son fan numéro un et l’avait toujours aidé à mettre en place les actions qu’elle voulait mener, elle ne pouvait absolument rien lui reprocher à ce niveau-là.

C’est tout en réfléchissant à la façon dont elle pourrait toucher la sensibilité des autres élèves que la vipère avançait vers le château. Elle avait déjà traversé une bonne partie du village, et maudissait celui qui avait décidé le déplacement de sa salle commune, monter les escaliers risquait de ne pas être une partie de plaisir loin de là. Tant pis, au moins elle marquerait les esprits, d’autres élèves de sortie à Pré-au-Lard se tournaient déjà sur son passage, lui arrachant un sourire satisfait. On allait parler d’elle et c’était tout ce que Rhiannon voulait.

Naïa avait promis à Livy qu'elle viendrait faire un tour avec elle à Pré-au-Lard pour cette nouvelle sortie. Les deux jeunes filles avaient prévu de faire les boutiques, de passer boire un verre aux Trois Balais, avant de rentrer tranquillement au château. La jeune Rosenberg n'était pas si naïve qu'on pourrait le croire, elle savait très bien qu'à partir du moment où elles poseraient le pied aux Trois Balais, elle pourrait la jouer en solo, à moins que l'idée de tenir la chandelle la ravisse à ce point là. En effet, le beau serveur qui travaillait là bas depuis la rentrée n'était rien d'autre que ce cher Elliott, le petit prêtre qui était depuis quelques temps déjà le petit ami de la jeune Melrose. Livy avait eu envie de l'épingler à son tableau de chasse et depuis quelques mois c'était chose faite, seulement, au grand étonnement de tous le monde, elle ne l'avait pas encore jeté comme une vieille chaussette au détriment d'une autre proie. Est-ce que c'était vraiment sérieux entre eux ? Il fallait le croire, même si on ne pouvait pas vraiment dire qu'ils passaient beaucoup de temps ensemble, pas aux dernières nouvelles en tout cas. Naïa connaissait bien Livy, peut être pas autant qu'elle connaissait June, mais elle savait que son amie n'était pas le genre de personne à tomber facilement amoureuse. Elle adorait jouer avec les hommes, elle décidait qui tomberait dans ses filets et faisait tout pour que ça arrive. Les deux jeunes filles avaient un beau palmarès, seulement Naïa était tombée amoureuse de certains de ses ex ou y tenait encore, alors que Livy non. Comme quoi, malgré toutes les rumeurs qui courraient à son sujet, Naïa était peut être une trainée, mais une trainée qui accordait tout de même une certaine importance à certains de ces copains. Cooper par exemple avait été le premier, cela ne s'était pas toujours super bien passé, essentiellement à cause de Naïa, mais finalement, la jeune fille en avait gardé un bon souvenir du jeune homme et aimait avoir de temps en temps des nouvelles de lui, même si cela se faisait de plus en plus rare. Tyler avait été un de ceux à qui elle avait le plus tenu, mais également le plus détestait par la suite. Aujourd'hui tout cela ne lui faisait plus ni chaud, ni froid, mais il fut un temps où c'était compliqué pour elle de penser à lui. Sans l'amnésie de Victor, Naïa serait peut être encore avec lui. Est-ce qu'elle le regrettait ? Pas vraiment vu qu'à l'heure actuelle elle flottait sur un petit nuage. La jeune Rosenberg a vécu une mauvaise période, mais depuis elle a remonté la pente et elle est parfaitement heureuse. Elle a le meilleur des petits amis et ne le changerait pour rien au monde.

Comme convenu, les deux jeunes filles se retrouvèrent dans le Hall d'entrée. Naïa ne savait absolument pas où pouvait se trouvait Seth et encore moins Elian mais vu qu'elles étaient censées passer une journée entre fille, la jeune vipère laissa tout cela de côté, elle les retrouverait bien plus tard dans la journée, voir en début de soirée pour le Serdaigle vu qu'ils se trouvaient dans la même maison. Les amies commencèrent la journée comme prévu par faire les magasins. Prêt-à-porter, magasin de Quidditch pour acheter des produits pour l'entretien de leur balais et battes, antiquaire pour des pièces que Naïa chercher pour son ami qui lui avait trafiqué ses cognards. C'était grâce à lui qu'elle savait maintenant comment faire et qui lui avait appris mille et un petit tours pour entrer par effraction dans une maison, ouvrir un coffre – les plus simple, elle était loin de pouvoir ouvrir les plus complexe – débrancher certaines alarmes et toutes ces petites choses qu'une personne lambda n'avait pas besoin, mais qui amusait beaucoup la jeune fille. Certes avec la magie, tout cela pouvait être fait tout aussi rapidement, mais c'était le savoir faire qu'elle recherchait et apprendre les techniques moldues n'était pas forcément désagréable, bien au contraire parfois cela pouvait se trouvait être amusant, voir divertissant. Elle était encore loin de pouvoir entrer par effraction chez quelqu'un, mais elle s'y attelait dès qu'elle rentrer chez elle. En parlant de rentrer chez elle, Naïa espérait que Brutus se portait bien. Normalement ses parents avaient pour ordre de s'en occuper mais elle savait qu'ils détestaient les animaux, ils seraient donc bien capable de le nourrir qu'une fois sur deux ou quand ils y pensent. Cependant, Naïa était rassurée, il n'était pas le genre de chien à se laisser faire, il serait se faire rappeler à leur bon plaisir. Il était bien comme sa maîtresse, ou plutôt sa seconde maîtresse puisque le premier avait disparu prématurément … Naïa ne voulait pas songer à cette histoire, elle avait été épouventable et la seule chose de positive qui en était ressortir c'était le chien qui l'avait adopté, sans qu'elle sache pourquoi … peut être qu'il avait compris qu'elle lui avait sauvé la vie, allez savoir.

L'envie de s'asseoir autour d'une tasse bien chaude attira le duo de choc et c'est sans hésiter qu'elles entrèrent aux Trois Balais. Le salon de Thé de Madame Pieddodu aurait pu être plus approprié si Livy n'avait eu envie d'aller rendre une petite visite à son copain. Les filles s'installèrent au bar et c'est dans la joie que commencèrent leur discussion. Après un bon quart d'heure, Naïa se rendit compte petit à petit qu'elle était en trop dans l'histoire et s'éclipsa donc gentiment pour les laisser entre eux. Elle devait de toute façon passer chercher des croquettes pour Brutus afin de les envoyer à ses parents pour qu'ils lui les donnent. Elle n'aurait aucune preuve qu'ils le feront bien, mais au moins elle aurait la conscience tranquille. Une fois le petit paquet de friandises pour son chien acheté, la jeune fille décida qu'il était temps de rentrer au château. C'est au bout de la rue, en direction du château que Naïa reconnue la silhouette blonde devant elle. Elle était encore à une centaine de mètres d'elle mais elle n'avait aucun doute sur l'identité de cette personne, c'était Julietta, la petite sœur d'Elian. Dire que Naïa était ravie de la croiser serait euphémisme, elle sautait littéralement de joie – ironie quand tu nous tiens – pourtant malgré cette envie de la voir et de lui parler, l'envie d'entrer dans un magasin quelconque en attendant qu'elle rentre au château l'assaillit. A la base Naïa n'avait rien de particulier contre la jeune Wallace, elle n'existait pas vraiment à ses yeux, seul son frère avait toujours compté pour elle. En même temps quoi de plus normal, ils avaient tous les deux le même âge, alors c'était presque normal qu'ils s'entendent bien. Dans leur cas, ils s'entendent même plus que bien puisque ça faisait 16 ans qu'ils étaient inséparable, les meilleurs amis du monde, les trois mousquetaires avec Seth, et à l'heure d'aujourd'hui, en couple. Comment avait réagit Julietta quand elle apprit qu'Elian était avec Naïa ? Mal très certainement, elle devait avoir maudit la terre entière, dommage que la jeune Rosenberg n'avait pas pu être là pour profiter du spectacle. Depuis que la famille Wallace s'était installée en Ecosse pour se rapprocher des Rosenberg, la petite dernière de la famille leur en voulait à mort et étrangement sa haine se porta essentiellement sur Naïa. A la base la jeune fille pensa qu'elle passerait et puis avec le temps et l'animosité de la jeune dernière des Wallace, elle développa elle aussi de l'animosité envers Julietta.

Que faire donc ? Allait à sa rencontre pour subir son venin et pouvoir peut être se défouler un peu, tout en pensant qu'Elian risquait de détester de les voir se prendre la tête pour rien, ou rester bien tranquillement à l'écart de la petite peste ? Elle risquait de mettre beaucoup de temps à rentrer au vue du sac qu'elle portait, Naïa n'avait pas envie d'attendre des plombes alors elle décida d'aller à sa rencontre, au pire, elle pourrait toujours la planter là et retourner au château. C'est donc armée de son sourire que Naïa arriva aux côtés de la jeune Rahan.

« Tu viens de dévaliser un magasin ? » lui demanda-t-elle d'un ton amusé mais non moqueur.

Rhiannon avait la nette impression que sa journée ne pouvait pas être pire. Non seulement, elle devait avoir l'air d'une vraie imbécile à porter son paquet de croquettes pour chat dans les rues de Pré-au-Lard, avec une difficulté manifeste mais en plus, elle était encore loin d'arriver au château, où il lui faudrait monter toute une série de marches avant de pouvoir enfin s'arrêter et souffler un peu. Il y avait bien la lévitation qui lui aurait permis de transporter tout ça nettement plus simplement, mais la jeune fille craignait que le sac ne se perce et répande la totalité de son contenu sur le sol, sous les regards moqueurs des élèves qui auraient le plaisir d'assister à la scène. Non, elle n'avait pas le choix, elle devait continuer à marcher en prenant un air totalement décontracté et non pas celui d'une vache asthmatique. Rhiannon avait toujours pris soin de son image. En tant que future leader d'un monde meilleur, elle savait que son apparence pouvait avoir son importance. Si elle se montrait simple, naturelle et sûre d'elle, la vipère pensait avoir beaucoup plus de chances de remporter tous les suffrages. Certes, c'était sans doute encore loin devant elle, mais les élèves qui étaient à l'école en ce moment même avec elle, auraient la possibilité de s'exprimer bien des années plus tard, et peut-être se souviendraient-ils de leur camarade de classe qui leur avait fait si bonne impression. La jeune fille s'efforçait donc de suivre en permanence la ligne de conduite qu'elle s'était fixée sans jamais déraper une seule seconde, même si dans de nombreuses situations, comme celle qu'elle était en train de vivre, ne pas craquer n'était pas forcément très simple.

Une apparition soudaine d'une vipère qu'elle connaissait bien lui fit comprendre qu'en réalité, elle n'avait pas encore touché le fond quelques minutes auparavant, mais qu'à présent, c'était certainement le cas. Naïa Rosenberg en personne se dirigeait vers elle tout naturellement, comme si elle venait de voir sa meilleure copine. En même temps, elle sortait avec son frère, elle pouvait donc imaginer que leurs relations s'étaient grandement améliorée suite à son nouveau statut auprès du jeune homme. En parlant d'Elian, pourquoi n'était-il pas avec elle ? D'accord, elle aurait détesté les voir ensemble, elle n'avait pas du tout envie de constater de visu leurs sentiments respectifs, les imaginer était déjà bien assez traumatisant pour la vipère, mais pour le coup, elle aurait bien eu besoin d'un petit coup de main. Cependant, Rhiannon eut beau faire un large tour d'horizon pour voir si son frangin n'allait pas rejoindre sa dulcinée encourant, il semblait qu'il n'avait pas du tout l'intention de se montrer, ou en tout cas, pas avant qu'elle lui ait envoyé une lettre de menace pour le cas où il continuerait à la snober comme il le faisait depuis quelques temps. La serpentard se résigna donc à attendre la mort Naïa, de pied ferme, sans se départir de son sourire. Elle avait toujours en tête les paroles écrites à Elian à qui elle avait affirmé que sa relation naissante lui faisait un plaisir fou et qu'elle espérait qu'il serait heureux avec la jeune fille. Il était hors de question qu'elle gâche tous ses efforts pour être une petite sœur merveilleuse dès maintenant alors que c'était leur première confrontation. Il y en aurait certainement plein d'autres, même si elle espérait que leur relation ne durerait pas assez longtemps pour qu'elle ait droit au Noël en famille. Plutôt mourir.

« Tu viens de dévaliser un magasin ? »

Très drôle, vraiment. Elle était censée s'écrouler de rire dans l'instant ou bien un petit ricanement léger suffirait ? La jeune fille se contenta d'élargir son sourire faute de mieux, posant le lourd paquet à ses pieds avant de faire face à la vipère. Ce n'était probablement pas elle qui lui proposerait son aide pour quoi que ce soit. Rhiannon n'y comptait pas trop et espérait simplement qu'elle était venue la saluer et partirait rapidement vers d'autres horizons. Le seul problème était qu'elle n'était pas sûre du tout que la vipère n'ait pas adopté la même tactique qu'elle en ce qui concernait leurs relations tendues. Après tout, d'après ce qu'on disait au château, cette idiote de première était passée maître dans l'art de l'hypocrisie, ce qui se confirmait lorsqu'on réalisait qu'elle avait réussi à faire tomber Elian à ses pieds. Il était donc tout à fait envisageable qu'elle choisisse d'user et d'abuser de ce précieux don qu'elle avait pour pouvoir faire croire à tout le monde qu'elle adorait plus que tout sa petite future belle-sœur. Dans ce cas, Rhiannon savait qu'elle devrait totalement changer ses plans et peut-être même tenter les rendez-vous arrangés pour son frère, espérant secrètement qu'il tombe amoureux d'une autre fille -il ne serait pas difficile de trouver mieux que Naïa- et finisse par tromper sa petite amie actuelle. Si la vipère ne tuait pas Elian en guise de représailles, ce plan ne pouvait qu'être une réussite et elle n'en voyait de toute façon aucun autre qui puisse lui permettre, sans trop passer pour la méchante, d'évincer la vipère du tableau.

« J'avais juste commandé des croquettes pour mon chat. » Expliqua-t-elle sur un ton qu'elle voulait amical. « J'ai fait quelques petites erreurs dans les proportions, visiblement. »

C'était même un doux euphémisme, elle pourrait sûrement tâcher de revendre son énorme portion dans le château ou d'en distribuer aux autres chats pour qu'ils deviennent eux aussi végétariens ou se passionnent d'un seul coup pour la nourriture bio et obligent leur maîtres à se ranger de son côté. Enfin, c'était bien beau tout ça, mais elle avait bien conscience qu'elle se berçait d'illusions. Le jour où elle aurait enfin la possibilité de s'aider des animaux pour sa cause n'était pas encore arrivé, même si elle espérait fortement qu'il ne tarderait pas trop. Rhiannon n'avait aucun mal à s'imaginer posant pour un magasine en compagnie d'une espèce protégée ou participant à des émissions de télé diverses et variées par le biais desquelles elle pourrait véhiculer une image positive de son action à travers le monde. La vipère aurait aimé pouvoir accélerer le temps. Pour le moment, elle ne pouvait rien faire, elle n'avait pas de moyen, pas de pouvoir, pas de soutien, elle n'était qu'une petite fille et personne ne prendrait en considération la moindre de ses paroles. Quand elle serait enfin passée dans le monde des adultes, là, par contre, son opinion compterait enfin et elle pourrait véritablement faire bouger les choses. Il lui tardait de pouvoir mettre en application toutes les idées qui lui passaient par la tête, mais elle savait que la patience était certainement sa plus grande alliée dans sa réussite. Il ne lui restait plus qu'à se raccrocher à une seule conviction : Un jour, elle réussirait vraiment.

« Et toi, qu'est-ce que tu viens faire ici ? »

En vérité, la jeune fille n'en avait pas grand-chose à faire, elle se contentait de poser la question par politesse, espérant qu'à la fin de cet échange poli d'usage, Naïa déciderait de la planter là pour continuer à faire ses emplettes dans le village. Après tout, les sorties à Pré-au-Lard n'étaient pas si nombreuses que ça, il fallait donc qu'elle en profite un maximum pendant qu'elle en avait encore la possibilité. Rhiannon croisait les doigts pour que cette fois-ci, au moins, elle pense de la même façon qu'elle.

Les deux jeunes filles ne s'aimaient pas et c'était de notoriété publique. Quand Elian & Naïa n'étaient qu'amis, cela ne posait pas vraiment de problème, la jeune Rosenberg tenait sa langue en présence du jeune Wallace, mais dès qu'il avait le dos tourné, Naïa se faisait plaisir en la cherchant bien volontiers. Seulement maintenant les choses étaient un peu différente, Elian était bien plus que son meilleur ami, la jeune Vipère l'aimait et ne voulait pas le décevoir ou lui faire croire qu'il allait devoir choisir entre sa sœur ou elle. Naïa savait que ce n'était absolument pas intelligent de lui demander ça, elle n'y gagnerait rien, à part lui faire du mal plus qu'autre chose. S'imaginer devoir choisir entre Seth et Elian, c'était juste impossible, elle ne pouvait pas choisir et si elle y était forcée, elle serait dans le regret de choisir son frère. Même si elle tenait plus que tous à Elian, son frère était d'une certaine façon sa seule famille et l'unique objet de son amour et son admiration sans borne. Personne ne pouvait rivaliser avec l'aîné des Rosenberg, il était un peu comme son jumeau et Elian le savait. Par contre à choisir entre ses parents et lui, il n'y avait pas photo, elle choisirait Elian sans aucun problème. C'était peut être très mesquin de sa part de penser cela, mais lui donner la vie ne leur octroie pas le droit d'être aimé d'elle, ça se mérite. Elle les respecte, il n'y a pas de problème, mais les aimer c'est encore autre chose. S'ils se mettaient encore une fois au milieu de son chemin, elle n'hésiterait pas à se débarrasser d'eux et ça son père le sait parfaitement, il serait bien capable de faire la même chose, même pour la chair de sa chair. Sa mère en aurait le cœur brisé, c'est un fait, elle qui leur a offert tous l'amour qu'elle n'a pas su donner à leur père – qui ne le cherchait cependant pas de toute façon – qu'elle n'a jamais aimé, juste respecté parce que c'est un homme puissant, fière et courageux et qu'il lui a offert deux beaux enfants. La famille Rosenberg a toujours été une famille bien étrange, tous les membres sont légèrement siphonnés et Naïa doit certainement avoir la palme, étant la pire de tous. Tuer un homme, elle sait déjà ce que cela fait, alors qu'elle avait à peine Quinze ans à cette époque. Cela dit c'était un accident et techniquement elle n'était pas la seule dans cette histoire, ils étaient donc deux coupables, en légitime défense. Mais la jeune fille ne compte pas le nombre de fois où elle a tenté d'empoisonner sa tante, personne qu'elle déteste au plus haut point. Peut être qu'un jour, la jeune Julietta finira sur sa liste noire, c'était de l'ordre du possible, surtout si elle était la cause de sa rupture avec Elian …

« J'avais juste commandé des croquettes pour mon chat. J'ai fait quelques petites erreurs dans les proportions, visiblement. »

Petites erreurs dans les proportions ? Au vue de la taille du paquet, Naïa avait envie de dire que c'était pur euphémisme de dire que ce n'était qu'une simple petite erreur. Quand on voyait le paquet de friandises que la jeune Rosenberg avait dans mon sac et son paquet de croquettes, on ne pouvait qu'en rire. Bon certes un paquet normal de croquettes est toujours plus gros que son paquet de friandises vu que les usages sont différents, mais cela restait tout de même bien ridicule de dire petite erreur quand elle paraissait pourtant énorme. Enfin il ne fallait pas vexer Princesse Julietta, elle avait toujours raison et quand ce n'était pas vrai, elle faisait un caprice pour quand même obtenir gain de cause. Bien entendu Naïa pensait ça alors qu'elle n'était pas mieux, mais elle aimait bien se foutre de sa gueule, même si malheureusement les mots qui lui titillaient les lèvres ne pourraient pas les franchir. La sixième année allait donc devoir user de diplomatie – appelait aussi hypocrisie, mais ça le faisait moins selon les gens – pour répondre à cela. Mais que lui dire ? Que ce n'était pas bien grave, qu'au moins elle aurait une bonne réserve pour les années à venir ? Elle allait avoir besoin de plusieurs chats avant d'arriver à finir son paquet. En plus, peut être qu'avec le temps les croquettes seraient moins bonnes, peut être qu'elles ne se conservaient pas, allez savoir. Ou mieux encore – et là ce serait vraiment drôle – son chat refuse de les manger parce qu'il les trouve dégueulasse. Acheter un paquet de cette taille là avait dû lui coûte cher, c'est assez étonnant qu'elle est pas capté au moment de les payer … Enfin l'argent et elle devait faire deux, étant très certainement pourrie gâtée, elle devait être habituée à obtenir ce qu'elle voulait. Et puis ce n'était très certainement pas son argent mais celui de ses parents, après tout elle avait quoi ? 11 ? 12 ans ? Peut être 13 maximum.

« Je vois ça … tu vas pouvoir en nourrir des chats … »

Ou faire exploser le sien pourquoi pas. Ca fera toujours une vermine de moins dans leur salle commune, ça sera toujours ça de pris. En plus leurs chats ne peuvent pas s'encadrer, Agammemnon ne peut pas voir en peinture le nuisible qui lui sert de chat. Naïa avait gardé le sourire quand elle lui avait dis cela, comme si c'était une phrase sympathique, légèrement amusée mais pas moqueuse, alors que franchement il n'y avait que moquerie en moi pour elle. La jeune Rosenberg ne sait pas comment Elian peut être autant aveugle pour ne pas voir que sa précieuse petite sœur est une peste de première et une manipulatrice hors-pair. Cela dit il trouve Naïa parfaite alors qu'elle en est l'opposée … oui je crois que ce cher Wallace a un grave problème avec l'amour, il le rend aveugle, à moins que ce soit ça qui l'attire. Cela dit Elian a beau être l'homme parfait aux yeux de la vipère, il est loin d'avoir que des qualités, mais c'était justement ça qu'elle aimait, elle pouvait être qui elle était avec lui, sans devoir se cacher sous un masque de mensonges. Mais avec sa sœur c'était différent, finalement les deux jeunes filles avaient quelques points en commun, mais qui ne pourraient pas les rapprocher, au contraire, elles n'étaient que méfiance et hypocrisie.

« Et toi, qu'est-ce que tu viens faire ici ? »

Comme si cela l'intéressait vraiment la raison qui avait poussé Naïa à venir à Pré-au-Lard. Julietta n'avait qu'indifférence pour elle et même si son sourire disait le contraire, Naïa savait que ce n'était qu'une pure apparence sympathique, rien de plus. Pourtant la jeune Rosenberg ne pouvait pas ignorer sa réponse ou s'en aller, se serait bien trop facile, la jeune Wallace aurait gagné et il en était hors de question. En apparence les deux jeunes filles devraient bien s'entendre, tous le monde devrait le penser. Dans la réalité, elles se détesteraient mais ne le montreraient qu'en priver, loin des oreilles indiscrète. L'amour parfait entre « peut être future belles soeurs » c'était beau à voir. Le mieux serait les repas de famille dans quelques temps, si le couple Rosenber/Wallace perdurait. Autant chez les Rosenberg ça ne serait pas très fun, puisqu'il n'y avait personne à faire enrager. Autant chez les Wallace, Naïa allait pouvoir se faire plaisir à être attentive aux moindre désir de son Adoré, rien que pour rendre dingue la petite dernière des Wallace. Elle serait toute douce, toute sourire, toujours un mot aimable, proposant son aide dès que l'occasion se présenterait. Elle passerait pour la belle fille parfaite pour leurs parents, même si elle avait déjà la côte auprès d'eux. Après tout, Naïa était un excellent parti pour leur fils, ils ne pouvaient pas imaginer mieux. La famille de Naïa avait une maison d'édition qui marchait très bien, des firmes multinationales des deux côtés de sa famille, un bel héritage des deux côtés, surtout celui de sa mère, on ne pouvait pas rêver mieux. Le père de Naïa et celui d'Elian se connaissaient depuis l'enfance et jamais rien ne les avait séparer, même pas le mariage de M. Wallace avec une moldue. Pourtant Orion aurait pu avoir toutes les raisons de s'indigner, étant un sang-pur, mais il passa au dessus de cela, préférant le bonheur de son ami plutôt qu'une dispute stupide. Naïa garda donc son beau sourire pour répondre à Julietta.

« Je suis venue avec Livy pour passer une après-midi entre amies. Nous avons fais les magasins et là elle passe un peu de temps avec son copain !»

N'importe qui passant dans le coin pourrait croire que c'est une simple discussion entre deux personnes qui s'apprécient. Mais si on connaissait vraiment les deux protagonistes on ne douterait pas que cette discussion n'avait aucune intérêt en soit, sauf de faire perdre son temps à l'autre.

« Je vois ça… tu vas pouvoir en nourrir des chats… »

Comme si ce qu'elle allait faire de son stupide paquet de croquettes pouvait intéresser Naïa. En vérité, la jeune fille n'avait certainement rien à faire de ce qu'elle lui racontait et restait à ses côtés juste pour l'enquiquiner. Après tout, même si le reste du monde, Elian y compris, ignorait qu'elles ne pouvaient pas s'encadrer, entre elles, il n'y avait aucun mal entendu à ce sujet. Dès que la Rosenberg ouvrait la bouche, Rhiannon était prise d'une subite envie de la tuer, de la gifler ou de lui faire subir une quelconque torture. C'était probablement stupide de réagir de cette façon, mais rien à faire, elle ne pouvait s'empêcher de détester la jeune fille, c'était plus fort qu'elle. En plus, en théorie, mis à part être responsable de son déménagement, elle ne lui avait rien fait. Elle ne s'était pas moquée d'elle, ne l'avait pas attaquée sur son physique, sur sa cause, sur n'importe quoi d'autre qui aurait pu la blesser. Son seul tort, en définitive était d'être trop présente dans sa vie de famille. Rhiannon n'avait jamais demandé à ce qu'elle en fasse partie sauf que personne n'avait pris le temps de savoir quel était son avis sur le sujet, et c'était sans doute ça qui la blessait le plus. C'était sans doute loin derrière elle, mais la rancœur était toujours là et elle n'était pas prête de s'en aller.

« Ouais, c'est ce que je me disais aussi, c'est une façon relativement intéressante d'utiliser mon argent de poche. » Déclara la jeune fille avec un léger sourire. « Je m'y ferais pas prendre deux fois. »

Toute sa fortune, ou en tout cas, sa fortune non destinée au sauvetage des animaux, était passée dans cet achat et elle ne se voyait absolument pas en train d'envoyer une lettre à ses parents pour leur expliquer ce qu'il s'était passé. De toute façon, elle savait déjà ce qu'ils répondraient et rien que l'imaginer suffisait à l'agacer, ça ne servait donc à rien de tenter le coup. Sa mère avait toujours été la personne la plus énervante qu'elle connaisse, toujours à la réprimander, à chercher la petite bête. Tout ce qu'elle faisait n'était probablement jamais assez bien pour elle puisqu'elle trouvait toujours quelque chose à y redire. En plus, elle était toujours en train d'essayer de la convertir pour qu'elle devienne une gentille petite croyante comme elle. Poudlard permettait de faire une trêves entre elles, histoire qu'elles puissent arrêter de se chamailler, même pendant un court laps de temps. Quand Rhiannon lui écrivait, elle restait bien souvent évasive, cherchant à faire une lettre banale qu'elle aurait pu tout aussi bien envoyer à une simple connaissance. Sa mère répondait de la même façon, évitant ainsi les conflits, et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

« Je suis venue avec Livy pour passer une après-midi entre amies. Nous avons fais les magasins et là elle passe un peu de temps avec son copain ! »

Pourquoi avait-il fallu qu'elle la lâche aussi ? Rhiannon ne connaissait pas franchement Livy, simplement de vue et avait juste conscience que la vipère avait totalement sa place à serpentard. De toute façon, elle ne comprenait pas les gens qui essayaient de diviser les serpentards en mettant d'un côté les gentils qui ne méritaient pas d'aller dans cette maison et les méchants qui devaient en faire absolument partie. Elle-même faisait souvent partie des gentils, sur le papier, mais elle savait pertinemment qu'elle n'avait pas été envoyé là par hasard. Serpentard était la maison des plus grands et elle était fière d'en faire partie. Certes, il y a quelques années, elle ne disait pas la même chose, elle avait vu son rêve d'atterrir avec son frère, s'éloigner en un claquement de doigt et elle avait eu beaucoup de mal à accepter l'idée de devoir rester loin de lui assez régulièrement. Dans le train, déjà, elle avait aimé imaginer comment serait leur vie à deux, ils pourraient se retrouver dans la salle commune le matin, aller petit-déjeuner ensemble... Le Choixpeau en avait décidé autrement, malheureusement. Ce n'était pas plus mal en vérité, cette décision qu'elle n'aurait jamais été capable de prendre seule, lui avait permis de s'émanciper assez pour avoir sa propre vie, ses propres amies et lui apprendre à se débrouiller seule. Avec Elian pour veiller sur elle, Rhiannon n'aurait jamais eu à faire ce que devait apprendre chaque élève lambda.

« Ah parce qu'elle a un copain, elle. Étonnant. »

C'était une véritable petite peste cette Livy, elle ne voyait pas quelle personne saine d'esprit aurait bien pu vouloir d'elle. Mais bon, si elle venait à Pré-au-Lard pour le voir, ce n'était certainement pas un élève de Poudlard et elle imaginait sans mal un homme de dix ou vingt ans de plus qu'elle, que Livy essaierait de séduire pour son argent ou pour sa soi-disant maturité alors qu'elle ressemblait encore à une gamine. Enfin, ce n'était pas son problème de toute façon, elle n'était pas son amie et n'avait pas à juger ses relations. De ce côté-là, elle avait déjà donné avec tout ce qui arrivait à Hailey en ce moment, son histoire étrange avec Flynn, la réaction d'Aldreda, encore plus bizarre, face à cette grande nouvelle, tout ça lui paraissait un peu embrouillé et elle avait beau se pencher sur la question, elle ne comprenait pas comment la gryffondor avait pu s'enliser dans un tel bourbier. Rhiannon savait qu'elle ne ferait aucune reproche à sa meilleure amie. Elle devait déjà se sentir assez coupable comme ça et si elle était venue pour leur demander de l'aide, c'était sûrement pour obtenir un peu de soutien et non pas pour se faire enguirlander comme Aldreda avait eu envie de le faire. La vipère était tout de même impatiente de voir comment les choses allaient évoluer entre eux, il fallait à tout prix qu'Hailey se bouge vite pour éviter un drame inutile.

« Je pensais essayer le poste de poursuiveur au prochain match, j'imagine qu'on fera équipe. »

C'était vraiment ce qui s'appelait meubler une conversation. Dans ce genre de situation, il fallait trouver tant bien que mal les sujets qu'elles pouvaient avoir en commun pour que Rhiannon arrive à ne plus penser à la relation qu'elle entretenait avec son frère. Toutefois, il n'était pas aisé d'y arriver et les discussions banales dans ce style ne pouvaient pas s'éterniser sans que l'envie subite de crever les yeux de la vipère lui prenne. Heureusement pour cette peste de Rosenberg, elle était une pacifiste et était déterminée à le rester.

Pourquoi était-elle aller la voir déjà ? Naïa avait oublié tellement discuter avec Julietta l'ennuyait au plus haut point. La jeune Wallace était sur son passage et pour se rendre au château, elle aurait été obligé de passer à côté d'elle et ne pas lui parler aurait donné matière à Julietta pour la descendre auprès d'Elian. Bien entendu Elian aurait gentiment rassuré sa sœur en lui disant que Naïa était peut être pressée à ce moment là ou qu'elle ne l'avait pas vu, mais entendre cette histoire une nouvelle fois ne tentait pas plus Naïa alors elle avait décidé de prendre les devant pour entamer elle même la conversation. Bien entendu elle n'avait rien à lui dire, mais ça c'était encore autre chose, rien que le plaisir de lui imposer sa présence et non l'inverse la comblait. Il en fallait peu pour être heureux comme disent les moldus et pour une fois c'était assez vrai.

« Ouais, c'est ce que je me disais aussi, c'est une façon relativement intéressante d'utiliser mon argent de poche. Je m'y ferais pas prendre deux fois. »

C'est fou comme les deux savaient être hypocrites quand la situation l'exigeait. Rhiannon aurait pu l'envoyer paître ou lui dire simplement que porter le paquet était déjà suffisamment pénible, si elle pouvait le faire sans que personne ne la dérange ce serait bien. Mais elle savait que Naïa ne raterait pas l'occasion de le signaler à son frère et ce avec grand plaisir. C'était enfantin oui et alors ? Chacun ses petits plaisir après tout. Naïa apprit en tout cas que Julietta avait de l'argent de poche et que c'était avec ce dernier qu'elle avait acheté son paquet de croquettes. Argent gaspillait selon Naïa mais elle n'était peut être pas la personne la mieux placée pour faire la morale, elle n'était pas la personne la plus économe qui existe. La jeune Rosenberg aimait les belles choses et dès qu'elle voyait quelque chose lui taper dans l'oeil, elle le convoitait. C'était valable autant pour les robes, les habits en général, les chaussures, les sacs, les bijoux et les garçons. Sa plus belle acquisition pour l'instant était sans nulle doute Elian, car c'était inattendue, surtout pour Naïa, qu'il la voit autrement que comme sa meilleure amie. Comme quoi on a de la chance ou on n'en a pas.

« Espérons que ton chat les aime, sinon ce serait le bouquet … »

Naïa avait dit cela avec un sourire amical et un ton légèrement amusé mais non moqueur. Pourtant si son chat ne les mangeait pas, elle risquait de bien se foutre de la gueule de la jeune Wallace. Tant qu'elle ne tentait pas d'empoisonner son propre chat avec ses croquettes, tout irait pour le mieux, il ne manquerait plus que le sien les apprécie, ce serait le bouquet. De toute façon en ce moment elles ne partageaient pas la même salle commune, ce qui faisait des vacances à la jeune Rosenberg. D'ailleurs Rhiannon savait-elle que Naïa avait été envoyé temporairement chez les Serdaigle ? Si ce n'est pas le cas, elle risque encore moins de l'apprécier quand elle sera qu'à la différence d'elle, Naïa peut passer beaucoup de temps avec Elian et qu'elle ne s'en prive pas.

« Ah parce qu'elle a un copain, elle. Étonnant. »

Julietta avait demandé à Naïa ce qu'elle faisait dans le coin et la jeune vipère lui avait répondu qu'elle était venue avec son amie Livy qui était restée en arrière pour passer un peu de temps avec son copain. Combien de temps cette histoire allait durer ? Naïa n'en n'avait aucune idée, mais si elle écoutait Livy, ils ne risquaient pas de finir l'année ensemble. D'un côté c'était dommage, Elliott était plutôt sexy comme garçon, si on passait outre le fait qu'il avait dans l'intention de devenir prêtre. D'ailleurs où en était-il maintenant avec cette histoire ? Cela serait amusant de le voir rentrer dans les ordres juste après sa relation avec la jeune Melrose. Naïa ne savait pas si Livy apprécierait mais ça risquerait d'amuser grandement la jeune Rosenberg. Visiblement Julietta n'était pas au courant de cette histoire, en soit ce n'était pas très étonnant, mais quand même, elle pourrait se tenir un peu plus informée. Ce que Naïa remarqua sans trop de mal c'est la façon dont elle lui répondit, comme si c'était si étonnant que Livy soit avec quelqu'un.

« Elle sort avec Elliott depuis un moment déjà, un peu avant qu'il ne quitte Poudlard il me semble ! »

Un moment … tout était relatif cela allait s'en dire. Pour des filles comme la Melrose ou la Rosenberg, dès qu'on passait le cap des six mois, on pouvait employer sans problème le terme « un moment » car leur relation ne durait pas souvent. Combien de temps Naïa était-elle restée avec Cooper ? Un an ? Deux tout au plus, c'était sa plus longue relation, mais la plus chaotique également. Pauvre Cooper, Naïa lui en a fait voir de toutes les couleurs, elle n'a pas été très sympa avec lui, pourtant ce n'était même pas une histoire de ne pas l'apprécier puisque Naïa a toujours un bon souvenir du jeune homme, c'était juste sa nature inconstante qui parlait. Est-ce que cela sera pareil avec Elian ? Si elle croise quelqu'un qui lui plait, l'aguichera-t-elle par plaisir de le voir réagir positivement à ses avances ? Seulement si elle faisait ça, c'est Elian qu'elle perdrait et pas seulement en tant que petit ami et ça, Naïa ne pouvait l'admettre. De toute façon avant que la jeune Rosenberg trouve quelqu'un qui arrive à la cheville de son bel écossais, il y avait de la marge.

« Je pensais essayer le poste de poursuiveur au prochain match, j'imagine qu'on fera équipe. »

Le poste de poursuiveur ? Non elle n'était pas sérieuse ? Naïa espérait que ce n'était qu'une plaisanterie mais il y avait peu de chance avec Julietta. La jeune Rosenberg allait devoir ronger son frein bien plus longtemps qu'elle ne le pensait. D'abord Naïa avait vu débarquer un beau jour Rahan pour tester le poste d'attrapeur et maintenant elle voulait jouer au même poste qu'elle ? Le cauchemar continue. Elian va voir en cette entreprise un bon moyen de nous rapprocher, un nouveau point en commun, mais moi je ne vois là qu'une occasion de voir sa tête un peu trop souvent à mon goût. Devoir être sa coéquipière, lui faire des passes et en rattraper, lui faire confiance pour tenter de marquer … est-ce que Naïa va le supporter ? Pour le moment elle devait jouer la fille contente de cette nouvelle alors qu'elle avait juste envie de la crucifier …

« Jouer en tant qu'attrapeur ne te plait plus ? Pourtant tu nous avais permis de gagner le match … Mais … c'est bien, on sera au même poste … »

Déjà que de savoir que c'était grâce à Rahan qu'ils avaient gagné leur match, c'était déjà trop pour la jeune Rosenberg, savoir maintenant que si des buts étaient marqués grâce à elle, ça lui donnerait l'envie de tout arrêter, décrocher alors que c'était un domaine qu'elle adorait vraiment. Julietta ou la capacité de vous dégoûter de votre sport favoris.

« Espérons que ton chat les aime, sinon ce serait le bouquet … »

Et comment... Zéphyr avait toujours été un chat particulièrement difficile et Rhiannon ne l'ignorait pas. En plus, il pouvait être tout gentil avec n'importe quel étranger qu'il croisait, mais avec elle, c'était une toute autre histoire. Il lui menait la vie impossible, refusant toujours, par principe de faire ce qu'elle lui demandait, même si c'était de s'asseoir gentiment sur son lit pour qu'elle puisse le brosser. Il adorait ça, à chaque fois qu'elle le faisait, il ronronnait en balançant sa queue de gauche à droite, râlant quand elle faisait mine de s'arrêter prématurément. Mais pour qu'il vienne, il fallait à chaque fois une longue lutte acharnée durant laquelle la vipère essayait de le prendre dans ses bras pendant qu'il se débattait, lançant des coups de griffes dans tous les sens pour qu'elle ne parvienne pas jusqu'à son lit. Oh, elle réussissait, bien entendu, mais ses blessures de guerres étaient visibles sur ses poignets et ses mains quand ce n'était pas carrément son visage qui était touché. Ça n'empêchait évidemment pas la jeune fille d'adorer son chat, mais ça, personne ne le comprenait.

« Ne t'inquiètes pas pour ça, j'ai l'habitude de son sale caractère et j'ai plein d'astuces pour réussir à l'amadouer. »

Plutôt que le corps à corps, Rhiannon préférait utiliser la ruse pour réussir à le faire venir lorsqu'il ne voulait pas. Le problème restait que Zéphyr était un chat plutôt intelligent, il fallait donc bien calculer son coup pour ne pas lui mettre la puce à l'oreille mais la jeune fille était bien placée pour savoir que certaines petites choses lui tenaient particulièrement à cœur. Elle avait eu la chance de découvrir assez rapidement à quel point son chat était gourmand. Bien sûr, lorsqu'il s'agissait de croquettes ou de pâté, il pouvait être assez compliqué, faisant le difficile pour un rien et refusant catégoriquement de manger en sachant très bien qu'il ferait culpabiliser la vipère. Cependant, il avait un grand faible pour le poisson et autres friandises que Rhiannon lui ramenait régulièrement de la grande salle après le déjeuner. Ça n'avait sans doute pas amélioré son poids qui ne cessait d'augmenter d'année en année, mais niveau communication, ils commençaient à devenir assez doués. Il fallait simplement espérer que le vétérinaire de lui demande pas un régime.

« Elle sort avec Elliott depuis un moment déjà, un peu avant qu'il ne quitte Poudlard il me semble ! »

Elliott ? Jamais entendu parler. En même temps, s'il n'était plus à Poudlard, ça voulait dire qu'il était en septième année pendant qu'elle-même ne revenait que pour la seconde fois à Poudlard. D'accord, elle avait toujours eu son grand-frère à ses côtés ce qui lui avait permis de connaître rapidement des élèves un peu plus âgés qu'elle à Poudlard, mais ce n'était pas pour autant qu'elle avait essayé de se faire de nombreux amis parmi eux, ce n'était absolument pas son but. En plus, parmi les « grands », il y avait bien sûr Naïa Rosenberg qu'elle détestait profondément et comme elle devait déjà la supporter lorsqu'elle rentrait chez elle pour les vacances d'été, elle était toujours bien contente de pouvoir s'évader un peu en restant avec son propre groupe d'amis. Ce n'était peut-être pas flagrant comme ça, mais la jeune fille détestait se montrer aussi hypocrite. Elle aurait aimé dire à la vipère ses quatre vérités et la planter là, mais elle savait que ce n'était pas possible si elle ne voulait pas que la paisible relation qu'elle entretenait avec son frère, se dégrade à vue de nez.

« Je ne sais même pas qui c'est. » Répondit-elle en haussant les épaules. « Tant mieux pour elle, en tout cas. »

En vérité, elle n'en avait absolument rien à faire. Pourquoi cherchait-elle désespérément à meubler la conversation ? Elle n'en avait pas la moindre idée, mais elle s'énervait elle-même. En réalité, la vipère n'ignorait pas qu'elle aurait certainement mieux fait de se taire, à moins que Naïa ne cherche à engager véritablement la conversation, elle serait alors partie d'elle-même, la laissant bien gentiment vaquer à ses occupations. Mais non, cette empêcheuse de tourner en rond croyait certainement bien faire en venant la voir et Rhiannon en bonne idiote avait voulu parler pour prouver qu'elle ne la détestait pas ce qui était loin d'être vrai. Très franchement, elle ne pouvait pas imaginer un seul instant qu'une personne saine d'esprit puisse les croire amies. Après tout, il était tout de même flagrant qu'elles n'étaient pas les meilleures amies du monde, non ? Visiblement pas, et il était vrai que vu de loin, cette conversation pouvait sembler être celle que deux connaissances qui commençaient tout juste à s'apprécier pouvait partager. Personne ne savait qu'elles rêvaient probablement l'une comme l'autre de commettre un meurtre et qu'elles auraient aimé être loin d'ici. Tant mieux, après tout, il serait plus simple de donner le change auprès d'Elian.

« Jouer en tant qu'attrapeur ne te plait plus ? Pourtant tu nous avais permis de gagner le match … Mais … c'est bien, on sera au même poste … »

Rhiannon esquissa un sourire, fière de son petit effet. Naïa avait beau avoir réagit correctement, les courtes pauses qu'elle avait fait en plein milieu de sa phrase laissaient penser qu'elle avait dû faire un effort surhumain pour lui dire qu'elle était contente de la voir jouer à ses côtés. Parfait, au moins, elles seraient deux à rentrer dans leur dortoir en étant d'une humeur de chien, et très franchement, elle était contente que ce sentiment puisse être partager. Il était même probable que la sixième année compte les jours qui la séparaient du match en priant pour qu'elle se casse quelque chose et ne puisse pas y participer. Rhiannon, quant à elle, se fichait un peu de ses partenaires de quidditch, du moment qu'elle pouvait s'amuser un peu. Ça avait toujours été son sport préféré, elle aimait aussi bien s'entrainer simplement avec la totalité de son équipe ou avec le professeur Bloodworth que participer à de vrais matchs pendant lesquels des dizaines d'élèves auraient les yeux braqués sur eux. A chaque fois, elle avait l'impression de se sentir pousser des ailes, c'était une sensation trop agréable pour qu'elle puisse y renoncer et encore moins pour Naïa.

« C'est pas que ça ne me plait plus, j'aimerais juste essayer de jouer à différents postes, Bloodworth dit que je suis loin d'être mauvaise, j'aimerais vérifier ses dires et en plus, j'ai pas franchement aimé devoir me battre contre ma meilleure amie la dernière fois, j'aimerais éviter de recommencer. » Expliqua la vipère. « Je ne sais pas trop ce que ça va donner, franchement, mais ça ne coûte rien d'essayer, je ne crois pas que les serpentards soient à la première place pour le moment. »

Rhiannon ne cherchait absolument pas à se vanter pour le coup, elle voulait simplement bien faire comprendre à Naïa que ce n'était pas parce qu'elle n'avait jamais joué à ce poste qu'elle était forcément une nullité sur pattes. Certes, la vipère allait certainement monter sur ses grands-chevaux parce qu'elle jouait en tant que poursuiveur depuis de nombreuses années maintenant mais la serpentard n'était pas prête à se laisser faire. Elles verraient bien comment se passerait le match. Elle avait hâte d'y être, mais surtout hâte d'être loin de la sixième année.

Toute cette discussion ne rimait à rien et les deux vipères en étaient parfaitement conscientes seulement aucune des deux ne se résoudrait à planter l'autre sur place même si c'était leur rêve le plus cher. Naïa ne pouvait pas voir la jeune Wallace en peinture et l'inverse était tout aussi vrai. Pourquoi rester alors ? Pour décourager l'autre. Pour avoir des armes à utiliser auprès d'Elian. Par plaisir de la faire chier. Et pour de multiples autres raisons dans ce genre. Si encore Rhiannon était quelqu'un de sympathique, Naïa pourrait faire un effort pour ne pas la détester, mais même pas. Cette jeune vipère lui était totalement antipathique et son envie de toujours montrer qu'elle apprécier Naïa devant Elian la rendait malade. Cela dit l'inverse était tout aussi vrai, Naïa n'avait jamais critiqué Julietta devant Elian, ne voulant pas le blesser, pourtant dieu sait que l'envie était bien là, la dévorant à petit feu.

« Ne t'inquiètes pas pour ça, j'ai l'habitude de son sale caractère et j'ai plein d'astuces pour réussir à l'amadouer. »

L'empoisonner petit à petit ? Lui lancer un sortilège pour le stupéfier ? Le rouer de coup ? Le gaver jusqu'à ce qu'il ne puisse plus s'enfuir ? Naïa imaginait mille et une technique pour « amadouer » son crétin de chat. La jeune Rosenberg n'aimait pas les gens, mais n'avait rien de particulier contre les animaux, tant qu'ils restaient loin d'elle, tout irait pour le mieux. Il existait néanmoins quelques exceptions, comme le chien qu'elle avait adopté l'année dernière, qu'elle avait découvert dans les ruelles mâles famées. N'importe qui l'aurait laissé derrière lui, surtout quand on savait qu'il était à l'homme qui avait tenté de leur faire du mal, à Scipion et elle. Pourtant sans savoir pourquoi mais Naïa s'était tout de suite sentie proche de lui. Il était imposant, il pouvait être méchant quand on le lui demandait, sinon il restait un être calme et obéissant et c'était tout ce qu'aimait la jeune fille. Elle aimait quand ils étaient bien dressée, s'étant elle même occupée de dresser Hadès, pour qu'il obéisse au doigt et à l'oeil et Brutus était pareil.

« Je ne sais même pas qui c'est. Tant mieux pour elle, en tout cas. »

Naïa n'avait rien trouvé à dire aux propos de Julietta. Parler de son chat allait bien un moment mais il ne fallait pas trop abuser non plus, la courtoisie avait aussi ses limites. Alors la jeune Rosenberg avait préféré laisser passer son tour, Rhiannon apprécierait très certainement de ne pas en avoir rajouter une couche, donnant l'illusion que toute cette histoire allait prendre fin rapidement. Le sujet dériva sur la présence de Naïa à Pré-au-Lard. La jeune fille expliqua qu'elle y était avec une de ses meilleures amies, mais qu'elle avait dû la laisser en arrière car elle passait un moment avec son copain. Copain qui visiblement restait un parfait inconnu aux yeux de la jeune Wallace. C'était relativement compréhensible quand on connaissait un peu mieux Elliott qui, mise à part le fait qu'il était beau comme un dieu, avait la fâcheuse tendance à être ennuyant au possible. Si on laissait son physique de côté, il restait un jeune homme tout à fait bateau, parlant trop de religion au goût de la jeune Rosenberg et étant bien trop sage. Non si on devait se souvenir des septièmes années qui s'en étaient allés à l'université, on se rappellerait beaucoup plus avec plaisir le jeune Alexander Maddox, beau brun au sourire ravageur qui avait plus de victime lors de sa scolarité que Katrina. Il y avait également Zora, qu'on pourrait presque comparer à l'égale féminin du jeune Maddox quand on regardait la liste de ses conquêtes. Il y avait eu aussi Cooper, mais si Naïa s'en souvenait c'était qu'ils avaient quand même partagés de bons moments ensemble, comme de moins bons.

« Un gars qui voulait devenir prêtre en sortant de Poudlard et qui a fini serveur aux Trois Balais. C'est lui qui te sert en général quand tu y vas ! »

Julietta devait s'en moquait royale de ce que Naïa lui racontait mais il fallait bien répondre à une ou deux de ses phrases pour faire semblant de continuer la conversation, sinon autant la planter là tout de suite, ça irait plus vite. Même si l'idée lui plaisait beaucoup, elle ne pouvait pas se le permettre, sa relation avec Elian était encore trop nouvelle pour se permettre ce genre de geste, même s'ils se connaissaient depuis toujours et que c'était des choses qui pouvaient arriver, de ne pas toujours aimer la famille de l'autre. Autant leur père était une personne que Naïa appréciait beaucoup et la relation qu'il entretenait avec son propre père était vraiment exceptionnelle pour elle, rappelant la relation qu'Elian entretenait avec elle mais surtout et essentiellement avec Seth son frère.

« C'est pas que ça ne me plait plus, j'aimerais juste essayer de jouer à différents postes, Bloodworth dit que je suis loin d'être mauvaise, j'aimerais vérifier ses dires et en plus, j'ai pas franchement aimé devoir me battre contre ma meilleure amie la dernière fois, j'aimerais éviter de recommencer. Je ne sais pas trop ce que ça va donner, franchement, mais ça ne coûte rien d'essayer, je ne crois pas que les serpentards soient à la première place pour le moment. »

Dommage que l'idée de carrément quitter l'équipe de Quidditch ne la sied point, au moins ça aurait pu grandement plaire à la jeune Rosenberg. Pour Naïa le Quidditch c'était son domaine, c'était son truc à elle, pourquoi il avait fallut que la dernière des Wallace décide de s'y mettre aussi ? Bon certes elle a tout autant le droit d'aimer en faire, mais elle aurait au moins pu attendre que Naïa s'en aille pour commencer, non ? Pour le coup, c'était fort dommage qu'elle n'est pas le droit d'être à la batte, sinon elle se serait fait un plaisir de toucher Rhiannon en faisant genre que c'était un accident. Même si Julietta n'en croirait pas un mot, Elian lui la croirait et c'était tout ce qui comptait.

« On a autant de chance que Serdaigle et Poufsouffle de remporter la coupe. Je suis persuadée que cette année encore, la coupe sera à nous, on a une bonne équipe, il n'y a pas de raison qu'on ne la garde pas ! »

Naïa n'avait pas envie de parler de son potentiels talents dans les différents postes, elle s'en foutait royale en fait. Pour elle, elle n'était qu'une nuisible qui s'amusait à lui pourrir l'existence et malheureusement au rythme où cela allait, ça risquait d'être ça pendant encore longtemps. Naïa ouvrit son sac pour chercher sa bouteille d'eau car elle doit bien avouer qu'entre faire les boutiques et « parler » avec Rahan lui avait donné soif. La jeune sixième année découvrit à côté de sa bouteille une petite fiole et un sourire apparut lentement sur ses lèvres. Elle voulait la garder pour les petites « expériences » qu'elle comptait faire avec Isis mais elle avait trouvé un meilleur moyen de l'utiliser.

« Tu dois avoir soif de porter ce gros sac. Attends j'ai une bouteille d'eau au fond de mon sac il me semble ! »

Bon certes Rahan n'était pas naïve, elle savait que la gentillesse et Naïa ça faisait deux mais elle pourrait croire que c'était pour faire plaisir à Elian que la jeune Rosenberg faisait tout cela. Elle se tourna légèrement de biais, pour ne pas qu'elle voit ce qu'elle était en train de faire et pendant que elle faisait semblant de chercher sa bouteille, elle versait quelques gouttes de la fiole dans l'eau, refermait la fiole et la jetait dans le sac et refermait la bouteille. Le sérum de vérité avait été volé quelques jours plus tôt dans la réserve du professeur de potion. Normalement il aurait dû servir plus tard mais l'envie de savoir ce que pensait vraiment Rhiannon donnait envie à Naïa de s'en servir maintenant.

« Tiens ... » Lui dit-elle en lui tendant la bouteille « Elle n'est pas empoisonnée si ça peux te rassurer … je n'avais pas prévu de te croiser ! » reprit-elle avait humour !

« Un gars qui voulait devenir prêtre en sortant de Poudlard et qui a fini serveur aux Trois Balais. C'est lui qui te sert en général quand tu y vas ! »

Rhiannon se contenta de hocher la tête bien que cette information supplémentaire ne lui apprenne absolument rien. Et pour cause, elle ne mettait jamais les pieds aux Trois-Balais. Elle avait bien trop peur de ce qu’il pouvait y avoir dans son verre et n’était pas du genre à suivre comme un mouton les autres élèves simplement parce que c’était un endroit cool. Enfin si, elle l’aurait probablement fait rien que pour être un peu remarquée. La vipère avait toujours tout fait pour essayer d’amadouer de nouvelles personnes et peut-être réussir à les rallier à sa cause, mais elle n’avait jamais eu l’impression que ceux qui se rendaient dans un endroit pareil étaient les plus aptes à comprendre la grande cause qu’elle défendait et bien qu’elle estimait que tout le monde pouvait la rejoindre dans sa lutte, elle ne s’était jamais lancée dans de grandes explications face à de parfaits ignares. Il était de toute façon inutile de le dire à Naïa, elle n’en avait probablement rien à faire et elle n’avait pas franchement envie de lui raconter sa vie.

« On a autant de chance que Serdaigle et Poufsouffle de remporter la coupe. Je suis persuadée que cette année encore, la coupe sera à nous, on a une bonne équipe, il n'y a pas de raison qu'on ne la garde pas ! »

Pour une fois, c’était un sujet de conversation sur lequel elles pouvaient se mettre d’accord. Gagner la coupe de quidditch leur tenait toutes les deux à cœur et Rhiannon savait que dans ce domaine, Naïa ne lui ferait pas de coups bas. Pourtant, ça allait être vraiment très bizarre d’avoir la jeune fille comme coéquipière, de devoir lui faire des passes, de se réjouir avec elle des réussites mais de pleurer ensuite un éventuel échec. Franchement, elle n’avait pas envie que ça puisse devenir une habitude. La vipère ne serait jamais son amie, même si elle se pliait en quatre pour lui faire plaisir. Cependant, après une longue hésitation, elle avait décrété qu’il n’était pas normal qu’elle se prive d’un changement de poste dont elle avait plus qu’envie, simplement parce que cette garce faisait partie de la même équipe qu’elle. Et puis, elle devait se dire que cette nouvelle l’agaçait également et qu’elle ne serait pas la seule à devoir faire des efforts si elles voulaient avoir une chance de donner la victoire à leur équipe. S’apprécier était impossible, mais collaborer, ça, normalement, elles pouvaient le faire.

« Tu dois avoir soif de porter ce gros sac. Attends j'ai une bouteille d'eau au fond de mon sac il me semble ! »

Stop, stop, stop… Naïa Rosenberg venait de se montrer prévenante et agréable ? Du jamais vu. Rhiannon en venait presque à se demander si elle n’était pas allée faire un tour dans un univers parallèle. Totalement sceptique, elle ne put réagir, se contentant de regarder simplement le dos de la vipère, courbé au-dessus du sac dans lequel elle semblait fouiller. Elle aurait eu presque moins peur si sa camarade lui avait sorti un couteau en la menaçant de la décapiter si elle ne la laissait pas vivre sa relation avec Elian, mais si elle lui donnait vraiment la bouteille d’eau, un internement à Sainte Mangouste s’imposait. Ou alors, elle faisait simplement ça pour prouver au serdaigle qu’elle pouvait faire de gros efforts et qu’elle allait pouvoir s’entendre avec toute la famille et peut-être même, un jour, en faire partie. Dans ce cas, la vipère ne pouvait que s’incliner devant une telle hypocrisie. Elle-même arrivait déjà avec quelques difficultés à se montrer à peu près sympathique lorsqu’elles devaient discuter ensemble, mais pour ce qui était du côté serviable, elle était certaine d’être incapable de montrer ne serait-ce qu’un minimum de dévotion.

« Tiens ... Elle n'est pas empoisonnée si ça peut te rassurer … je n'avais pas prévu de te croiser ! »

Très drôle, vraiment… Si seulement elle savait combien de fois Rhiannon avait souhaité sa mort et toutes les techniques de tortures toutes plus violentes les unes que les autres qu’elle avait pu imaginer pour elle. Rien ne lui disait que ce n’était pas réciproque, mais cet accès de gentillesse la faisait presque culpabiliser. Toujours un peu sous le choc, elle s’empara tout de même de la fameuse bouteille, remerciant Naïa dans un murmure presque inaudible. Elle but la première gorgée avec une légère appréhension, n’étant pas forcément certaine que la blague de l’empoisonnement en soit vraiment une. L’eau était fraiche et plutôt bonne, en tout cas, suffisamment pour qu’elle se permette de boire une seconde gorgée, puis une troisième. La vipère avait visé juste, trimballer son sac sur plusieurs mètres n’avait pas été simple et elle commençait à avoir vraiment soif. Grâce à ça, elle allait pouvoir reprendre sa route vers le château avec une volonté qu’elle n’avait jamais eu jusqu’à maintenant, pensant simplement au côté ridicule de sa situation. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi Naïa avait voulu lui donner un coup de main, mais peu importait, elle n’allait pas analyser ce court moment de gentillesse, c’était peut-être le seul auquel elle aurait droit, il aurait été dommage de tout gâcher.

« Elle est bizarre ton eau, ça fait plein de frissons partout quand tu la bois, ça me faisait un peu le même effet quand je regardais Ryan, avant, depuis que je suis arrivée à l’école, je crois que c’est le seul garçon qui a réussi à me plaire, j’ai toujours tout fait pour attirer son attention, mais ça n’a jamais fonctionné jusqu’à maintenant, je n’arrive qu’à me rendre ridicule. Et puis, soyons honnêtes, il ne m’attire plus autant qu’avant, je trouve qu’il a bien changé et c’est vraiment dommage. En plus, j’ai fait des trucs complètement dingues pour lui, une fois j’ai voulu mettre une mini-jupe et des talons super hauts pour voir si je lui taperais dans l’œil, résultat, en passant devant lui, je suis tombée lamentablement et ma jupe, un peu trop serrée s’est déchirée. Enfin, je l’intéresse tellement pas que je ne pense pas qu’il s’en souvienne, mais qu’est-ce que j’ai pu avoir honte… Une horreur ! Mais bon, ce n’est pas pire que la fois où j’ai dû faire un discours devant tout un tas de personnes pour une collecte de fonds et que j’ai oublié tout ce que je devais dire, je crois que c’est bien ce qui m’angoisse le plus au monde, j’en ai fait des cauchemars pendant des semaines. Je crois que je finirais par aller voir un thérapeute cet été si ça ne va pas mieux, ça peut être très handicapant pour mon avenir, et je ne veux pas laisser une simple phobie me mettre des bâtons dans les roues. Et puis, si je suis arrivée à serpentard, c’est parce que j’ai un vrai rôle de leader à jouer, c’est évident, je voulais tellement aller à serdaigle, pourtant… Du coup, j’espère vraiment qu’ils perdront la coupe cette année, ça leur ferait les pieds, et au moins, je serais un peu moins jalouse des élèves qui ont eu la place que je voulais. »

Mais qu’est-ce qui lui arrivait, elle n’avait aucune envie de dire tout ça ! Les mots semblaient sortir de sa bouche de façon totalement incontrôlée. C’était tellement étrange, jamais une telle chose ne lui était arrivée avant, elle avait l’impression que les barrières, qu’elle mettait autour des pensées qui n’appartenaient qu’à elle, venaient soudainement de se rompre, se déversant simplement sans qu’elle ne puisse rien faire pour l’en empêcher. Tout cela était vraiment déstabilisant et pourquoi est-ce que ça devait lui arriver à elle, et pourquoi maintenant ? Naïa n’était pas le meilleur interlocuteur pour un visage de sac, enfin elle n’était pas le meilleur interlocuteur tout court, elle était bien trop égocentrique pour en avoir quoi que ce soit à faire de tout ce qu’elle pourrait lui raconter. Oh non, ne pas penser à la vipère, elle était juste à côté d’elle et Rhiannon se savait incapable de résister à l’envie de dire à voix haute ce qu’elle pensait tout bas. Décidément, ce n’était pas son jour de chance, d’abord ce maudit sac de croquettes et maintenant ça… Pourtant, elle ne se souvenait pas avoir brisé un miroir récemment.

« Tu veux que je te dise ? Je trouve que tu n’es qu’une pouffe sans cœur, manipulatrice et désagréable. Je ne comprends vraiment pas ce qu’Elian peut te trouver, tu n’as aucune personnalité, t’es plate, et le pire dans tout ça, c’est que tu te crois merveilleuse, au-dessus de tout le monde. Si seulement tu voyais comment la plupart des gens te perçoivent ici, ça te mettrait une grande claque et je pense qu’elle est nécessaire. Depuis que je suis petite je souhaite tellement fort que tu disparaisses et malheureusement, plus j’en ai envie et plus tu sembles t’accrocher. Je peux savoir qu’est-ce que ma vie a de si merveilleuse pour que tu veuilles à tout prix t’y accrocher ? Tu n’es pas une Wallace et tu ne le seras jamais, ça ne sert à rien d’essayer de vouloir faire partie de ma famille, tu es loin de faire le poids et tu ne mériteras jamais ta place quand bien même tu ferais tous les efforts du monde. Il y a quelques années, j’ai voulu empoisonner ton assiette. C’était juste avant le déménagement et je pensais que comme ça, tu ne pourrais plus me pourrir la vie, mais ma mère m’a surpris dans la cuisine et je me suis fait démonter. C’était une bêtise, je le sais, mais franchement, je serais la première à me réjouir de te savoir morte. J’en ai tellement assez de gaspiller toute mon énergie à te souhaiter tout le malheur du monde. Tout tourne toujours autour de Naïa Rosenberg, la fille incapable de regarder autre chose que son nombril, pas étonnant que tu aies perdu tous tes amis, j’attends avec impatience qu’Elian descende de son nuage rose et voit de ses propres yeux à quel point il s’est voilé la face. Et ça arrivera, crois-moi, tu es incapable de t’attacher à quelqu’un, et encore moins d’aimer. »

La vipère s’arrête net, à bout de souffle, consciente qu’elle avait légèrement dépassé les bornes. Jamais il ne lui serait venu à l’idée de déballer tout ce qu’elle avait sur le cœur à la vipère, elle savait que ça pourrait avoir de lourdes conséquences sur la relation qu’elle entretenait avec son frère, mais étonnamment, elle était bien loin de s’en faire pour le moment, elle se sentait vraiment bien et se fichait des conséquences de ses actes. Ca faisait des années qu’elle ressentait toute cette rancœur envers Naïa et elle sentait libérée d’un poids à présent, si le prix à payer était une engueulade avec son frère, elle ne regrettait rien.

Naïa n'avait jamais cherché volontairement à passer du temps avec Rhiannon, quand elle le faisait c'était qu'elle était forcée. La jeune Rosenberg entendait encore ses parents lui dire de faire un effort et de s'intéresser aux autres membres Wallace, en dehors d'Elian, car ils le méritaient tous tout autant, seulement aux yeux de l'aînée des Rosenberg, c'était Elian qui en valait la peine et c'était tout. Aujourd'hui rien n'avait changé, Naïa préférait passer du temps avec Elian et évitait ses sœurs, même si la pire de toutes étaient bien Rhiannon qui la détestait tout autant et qui le montrait bien quand elle en avait l'occasion. L'envie de lui parler actuellement était inférieur à zéro, mais vu qu'elle se trouvait sur son passage, elle ne pouvait pas ne pas lui parler de peur qu'Elian lui reproche son désintérêt pour sa précieuse petite sœur. Qu'est-ce qu'elle ne ferait pas pour le jeune Wallace, c'était incroyable comme elle s'était adoucie depuis qu'elle roucoulait dans ses bras, heureusement qu'elle n'avait pas changé sinon la jeune Rosenberg aurait pu ne pas se reconnaître elle même. Oui elle tenait à lui et à leur relation mais l'occasion était bien trop belle pour ne pas passer à côté. Si Julietta voulait la détester, autant lui donner les bonnes raisons de le faire. Le veritasserum était glissé dans sa bouteille et Rhiannon en buvait à grandes gorgées, se dont se délectait la sixième année. Bientôt, elle allait tout lui balancer et la jeune Rosenberg allait avoir les armes nécessaire pour la discréditer aux yeux de son merveilleux grand frère.

« Elle est bizarre ton eau, ça fait plein de frissons partout quand tu la bois, ça me faisait un peu le même effet quand je regardais Ryan, avant, depuis que je suis arrivée à l’école, je crois que c’est le seul garçon qui a réussi à me plaire, j’ai toujours tout fait pour attirer son attention, mais ça n’a jamais fonctionné jusqu’à maintenant, je n’arrive qu’à me rendre ridicule. Et puis, soyons honnêtes, il ne m’attire plus autant qu’avant, je trouve qu’il a bien changé et c’est vraiment dommage. En plus, j’ai fait des trucs complètement dingues pour lui, une fois j’ai voulu mettre une mini-jupe et des talons super hauts pour voir si je lui taperais dans l’œil, résultat, en passant devant lui, je suis tombée lamentablement et ma jupe, un peu trop serrée s’est déchirée. Enfin, je l’intéresse tellement pas que je ne pense pas qu’il s’en souvienne, mais qu’est-ce que j’ai pu avoir honte… Une horreur ! Mais bon, ce n’est pas pire que la fois où j’ai dû faire un discours devant tout un tas de personnes pour une collecte de fonds et que j’ai oublié tout ce que je devais dire, je crois que c’est bien ce qui m’angoisse le plus au monde, j’en ai fait des cauchemars pendant des semaines. Je crois que je finirais par aller voir un thérapeute cet été si ça ne va pas mieux, ça peut être très handicapant pour mon avenir, et je ne veux pas laisser une simple phobie me mettre des bâtons dans les roues. Et puis, si je suis arrivée à serpentard, c’est parce que j’ai un vrai rôle de leader à jouer, c’est évident, je voulais tellement aller à serdaigle, pourtant… Du coup, j’espère vraiment qu’ils perdront la coupe cette année, ça leur ferait les pieds, et au moins, je serais un peu moins jalouse des élèves qui ont eu la place que je voulais. »

Ryan ? Naïa en resta sans voix. Alors comme ça Rhiannon avait flashé sur Ryan Quick, leur préfet actuel …. Ce n'était pas la première qui l'avouait et ce ne serait certainement pas la dernière. Certes Naïa ne pouvait lui enlever son charme naturel, mais leur incapacité à dialoguer sans s'énerver gâchait complètement le tableau aux yeux de la jeune Rosenberg qui préférait se noyer dans le lac noir plutôt que de sortir avec lui. Les rumeurs avaient beau circuler sur le compte de ce cher Slevin qui plaisait à toutes les midinettes de Poudlard, visiblement leur préfet le talonnait sans difficultés. Y avait-il un concours de prévu entre eux pour savoir lequel allait gagner ? A vérifier. Naïa nota dans sa tête les exploits que la jeune Wallace avait fait pour attirer l'attention du jeune Quick et se marra d'avoir des anecdotes amusantes à balancer à Livy dès qu'elle la croiserait. L'histoire de sa collecte de fond et de son trou de mémoire passa par contre complètement au dessus de la jeune vipère qui s'en moquait complètement. Les déboires amoureux avaient de l'intérêt, le reste aucun.

« Tu veux que je te dise ? Je trouve que tu n’es qu’une pouffe sans cœur, manipulatrice et désagréable. Je ne comprends vraiment pas ce qu’Elian peut te trouver, tu n’as aucune personnalité, t’es plate, et le pire dans tout ça, c’est que tu te crois merveilleuse, au-dessus de tout le monde. Si seulement tu voyais comment la plupart des gens te perçoivent ici, ça te mettrait une grande claque et je pense qu’elle est nécessaire. Depuis que je suis petite je souhaite tellement fort que tu disparaisses et malheureusement, plus j’en ai envie et plus tu sembles t’accrocher. Je peux savoir qu’est-ce que ma vie a de si merveilleuse pour que tu veuilles à tout prix t’y accrocher ? Tu n’es pas une Wallace et tu ne le seras jamais, ça ne sert à rien d’essayer de vouloir faire partie de ma famille, tu es loin de faire le poids et tu ne mériteras jamais ta place quand bien même tu ferais tous les efforts du monde. Il y a quelques années, j’ai voulu empoisonner ton assiette. C’était juste avant le déménagement et je pensais que comme ça, tu ne pourrais plus me pourrir la vie, mais ma mère m’a surpris dans la cuisine et je me suis fait démonter. C’était une bêtise, je le sais, mais franchement, je serais la première à me réjouir de te savoir morte. J’en ai tellement assez de gaspiller toute mon énergie à te souhaiter tout le malheur du monde. Tout tourne toujours autour de Naïa Rosenberg, la fille incapable de regarder autre chose que son nombril, pas étonnant que tu aies perdu tous tes amis, j’attends avec impatience qu’Elian descende de son nuage rose et voit de ses propres yeux à quel point il s’est voilé la face. Et ça arrivera, crois-moi, tu es incapable de t’attacher à quelqu’un, et encore moins d’aimer. »

Enfin le plus intéressant arrivé et Julietta se lâchait et balançait tout ce qu'elle avait sur le cœur par rapport à Naïa. Une pouffe sans cœur ? Manipulatrice et désagréable ? Oui sur ces points elle n'avait pas tort, au moins elle l'avait bien cerné, on ne pourrait pas le lui reprocher. Visiblement ça la faisait rager que Naïa sorte avec Elian et le montrait sans aucun problème, ce qui faisait plutôt marrer la jeune Rosenberg qui se délectait du spectacle. Au moins elle ne mâchait pas ses mots, il n'y avait aucun doute, Rahan ne l'aimait pas et ne l'aimerais jamais. Tenté de l'empoisonner ? Ce qui était sûr c'est qu'elle ne toucherait plus jamais un plat que la jeune Wallace allait lui proposer à l'avenir et elle se méfierait toujours de ce qui pourrait se trouver dans son assiette la prochaine fois qu'elle serait conviée à manger à la table de la famille Wallace.

« Hé ben on peut dire que tu n'y vas pas par quatre chemins pour me dire ce que tu as sur le cœur. Je pourrais en être ravie et t'en féliciter si tu n'étais pas aussi indélicate et peu sympathique. La prochaine fois je me passerais de t'offrir à boire si c'est pour être remerciée de cette façon là. »

Naïa joua les vexée alors qu'elle ne l'était pas, elle venait de noter mentalement toute la conversation et allait s'empresser de tout raconter à son frère aîné et ainsi avoir le beau rôle dans cette histoire. Elle imaginait déjà la tête déconfite qu'elle allait prendre, les larmes de crocodiles qui allaient perler à ses beaux yeux bleus quand elle allait lui raconter toute l'histoire et lui dire comment elle s'était sentie si humiliée et si attristée de constater que Rhiannon ne l'aimait pas alors qu'elle avait toujours tout fait pour lui faire plaisir. Quelle délectation pouvoir la mettre plus bas que terre et lui reprocher tous les malheurs du monde, sans oublier l'histoire de Ryan qui allait être le clou du spectacle. Rien que l'idée de voir la tête d'Elian se décomposer et de l'imaginer se mettre en colère contre sa sœur lui déclencha un frisson de plaisir. Naïa lui arracha la bouteille des mains pour la refermer.

« Je suis en tout cas vraiment amusée de voir que tu me reproches d'être une pouffe manipulatrice et sans cœur alors que tu t'es épris d'un garçon qui l'est tout autant que moi. Enfin je suis d'accord sur un point, tu n'existeras jamais aux yeux de Ryan, il les préfère à Serdaigle … maison que tu n'as jamais pu intégrer … Dommage pour toi !»

Dire ne serait-ce qu'un centième de se que l'on pense à une personne ça à toujours le don de soulager un peu et on pouvait dire que Naïa était satisfaite d'avoir l'occasion de le faire, même si c'était loin de lui suffire, c'était toujours ça de pris.

« Hé ben on peut dire que tu n'y vas pas par quatre chemins pour me dire ce que tu as sur le cœur. Je pourrais en être ravie et t'en féliciter si tu n'étais pas aussi indélicate et peu sympathique. La prochaine fois je me passerais de t'offrir à boire si c'est pour être remerciée de cette façon-là. »

Voir Naïa jubiler l’énervait au plus haut point et s’être fait berner si facilement était encore pire pour la jeune vipère qui n’acceptait pas du tout d’avoir révélé sa vie privée si facilement à sa pire ennemie. D’un autre côté, il lui paraissait normal qu’elle ne se soit pas méfiée, elles avaient une conversation banale comme deux personnes civilisées et si elle avait rêvé de voir Naïa disparaitre le plus vite possible, jamais elle n’aurait envisagé faire quoi que ce soit pour l’y aider. Visiblement, ce n’était pas une vision des choses que partageait cette garce de serpentard, bien au contraire. Elle avait véritablement bien réussi son coup, la forçant à révéler ce que même ses plus proches amies ignoraient. Bien sûr, ce n’était pas la fin du monde, elle ne lui avait pas raconté toute sa vie et savait que le côté égocentrique de la Rosenberg l’empêcherait de se souvenir de tout ce qu’elle venait de lui dire. Cependant, elle détestait s’être mise à nue si facilement alors qu’elle était du genre à se montrer relativement discrète. Fort heureusement, elle avait réussi à dissimuler des informations importantes et en était plus que satisfaite, ça lui faisait des armes en moins à utiliser contre elle.

« Oh pitié, épargne-moi ton petit numéro, il n’y a aucun spectateur et tu n’arriveras jamais à me convaincre de ta bonne foi. » Rétorqua-t-elle sèchement. « Veritaserum, n’est-ce pas ? C’est bien joué. »

Autant qu’elle jubile autant de feindre une surprise qui n’en était pas une. Elle pouvait sourire, danser, faire la danse de la joie, la narguer en lui faisant bien comprendre qu’Elian allait être le premier mis au courant de cette histoire, mais jouer les petites filles innocentes ne lui allait pas du tout et si elle croyait la berner, elle se mettait le doigt dans l’œil. Rhiannon se sentait encore capable de savoir si elle avait été manipulée ou non et il était difficile de ne pas faire le lien entre la bouteille d’eau gentiment prêtée par Naïa et le flot de paroles ininterrompu qu’elle avait déversé ensuite. Elle était loin d’être idiote et à défaut d’avoir sentie l’entourloupe, elle l’avait compris en deux secondes, le temps que le choc passe. Autant mettre cartes sur tables à présent, il n’y avait pas de spectateur, personne pour témoigner de ce qu’il venait de se produire, ce serait sa parole contre celle de la Rosenberg devant son frère, mais à l’heure actuelle, elles savaient toutes les deux ce qu’il venait de se passer, il était donc totalement inutile de jouer les hypocrites.

« J’imagine que tu vas rapporter tout ça à mon frère alors ? Tu ne te rends pas service, vraiment. Tu ne fais que confirmer ce que je pensais, tu ne ressens rien pour lui, ou alors, tu t’aimes tellement plus que tu es prête à faire souffrir le garçon que tu es censé aimer pour satisfaire tes propres intérêts. C’est tout simplement pitoyable. Tu ne le mérites pas. »

Rhiannon ne s’attendait pas à ce que la vipère comprenne ce qu’elle était en train de lui dire, à part son nombril, elle ne regardait pas grand-chose et était donc particulièrement incapable de comprendre ses erreurs. Elle avait un caractère affreux et l’aurait certainement toujours quoi qu’il puisse se passer dans sa vie. Elle était heureuse avec Elian ? Eh bien elle serait celle qui mettrait fin à leur bonheur, puisqu’elle semblait décider à rester la même garce que d’habitude. A quoi pouvait-il bien lui servir de prouver à la troisième année qu’elle avait raison ? Rhiannon en avait toujours été convaincue, attendant simplement une preuve de ce qu’elle avançait. Désormais, elle l’avait la preuve et elle n’avait même pas eu à faire des pieds et des mains pour l’avoir. Si encore, elle avait tenté de s’interposer entre les deux tourtereaux, elle aurait éventuellement pu comprendre que Naïa se sente menacée, mais elle n’avait rien fait, absolument rien fait et si son couple coulait, la serpentard en serait entièrement responsable.

« Je suis en tout cas vraiment amusée de voir que tu me reproches d'être une pouffe manipulatrice et sans cœur alors que tu t'es épris d'un garçon qui l'est tout autant que moi. Enfin je suis d'accord sur un point, tu n'existeras jamais aux yeux de Ryan, il les préfère à Serdaigle … maison que tu n'as jamais pu intégrer … Dommage pour toi ! »

Ah ça y était, elle allait lui ressortir toutes ses révélations sur un plateau d’argent en s’amusant de ce qu’elle pouvait ressentir. Elle n’avait pas l’intention de dire quoi que ce soit à propos du choix de maison qu’avait fait le Choixpeau. Elle avait été très en colère en entendant le nom des serpentards retentirent dans la salle, non seulement parce qu’elle n’allait pas rejoindre son frère et qu’il était la personne qui comptait le plus au monde pour la jeune fille, mais également parce qu’elle allait encore et toujours se coltiner Naïa, coup du sort qu’elle avait eu beaucoup de mal à accepter. Puis, elle avait rencontré Sky, Aldreda, elle avait commencé à se faire des amis et sa colère avait fini par s’estomper petit à petit. Si elle était toujours un peu jalouse des gens qui avaient eu la chance dont elle n’avait pas bénéficié, elle avait accepté le choix du Choixpeau et ne cherchait plus à s’y opposer. Si Naïa croyait l’agacer de cette façon, elle se trompait fortement. Rhiannon restait stoïque, cherchant à tout prix à ne pas s’énerver. Il fallait qu’elle se raccroche à une idée toute simple : dans cette histoire, elle n’était que la victime, pas la coupable, la serpentard ne pouvait rien contre elle.

« Je m’étais éprise, tout le monde fait des erreurs, tu devrais le savoir mieux que personne. »

Naïa Rosenberg était presque une erreur à elle toute seule tellement elle en avait commis. Et le pire dans tout ça était qu’elle ne s’en rendait même pas compte, ce qui était pire que tout à ses yeux. Comment son frère pouvait-il espérer construire une relation durable avec quelqu’un qui ne se remettait jamais en question ? Elle n’avait que quatorze ans, mais elle avait plus de maturité que n’en aurait jamais al vipère et il était bien dommage pour elle qu’elle soit incapable de s’en rendre compte.

Naïa ou comment montrer au monde entier qu'ils n'étaient rien à ses yeux que de vulgaires pantins. La jeune demoiselle n'avait jamais ressentit le moindre remord dans sa vie ou le moindre regret, tous ce qu'elle faisait, elle l'assumait toujours à cent pour cent et se rassurait constamment en se persuadant qu'elle si elle devait le refaire, elle le referait sans problème, ce qui était bien malheureusement vrai. La jeune Rosenberg se trouvait formidable et son tempérament de feu n'avait jamais été un problème pour elle malgré tous les ennuis qui lui avait rapporté. Selon la jeune vipère, si c'était arrivé, c'était forcément écrit quelque part et rien ni personne ne pouvait le changer. En plus elle arrivait toujours à s'en sortir, alors pourquoi s'inquiéter de quelconques retombées ? Si ce n'était pas le fruit du hasard, c'était papa Rosenberg qui la sortait du guêpier dans lequel sa chère et adorable petite fille s'était fourrée et la seule chose qu'il lui disait c'était de faire plus attention la prochaine fois de ne pas se faire prendre. Jamais ses parents ne lui avaient fait la morale parce qu'elle avait fait une bêtise ou une vilaine chose, ils trouvaient étrangement cela normal, voir même naturel. Pour eux, l'homme était vicieux et méchant par nature, pourquoi vouloir qu'il change ? Au contraire, autant exploiter ses aspects là de leur personnalité pour arriver au plus haut. La famille n'avait qu'un seul objectif dans la vie, écraser les gens autour d'eux pour arriver au sommet de la chaine alimentaire et si ce n'était pas Orion Rosenberg qui y arriverait, ce serait ses héritiers.

« Oh pitié, épargne-moi ton petit numéro, il n’y a aucun spectateur et tu n’arriveras jamais à me convaincre de ta bonne foi. Veritaserum, n’est-ce pas ? C’est bien joué. »

Qu'est-ce que cela pouvait bien faire à Naïa de convaincre Rhiannon de sa bonne foi ? Elle se fichait de savoir si la jeune fille la croyait ou non, elle préférait plutôt assurer ses arrières au cas où une tierce personne les écoutait sans qu'elles ne le sachent. Il fallait toujours nier, quoi qu'il arrive, cela évite beaucoup d'ennuis. La jeune Rosenberg avait remarqué ça dans les films moldus, tous plus débiles les uns que les autres selon la jeune fille d'ailleurs. Pourquoi le méchant balançait toujours tous ses plans à la fin, quand il avait le héros entre ses mains ? Une bonne balle dans la tête du gentil et l'histoire était réglée. Non il fallait palabrer et raconter sa vie pour laisser le temps au gentil de s'en sortir d'une façon plus tordue, chanceuse au possible et exagérée. Pourtant malgré cette redondance dans ce scénario stupide de fin, les scénaristes continuaient à écrire des navets et les gens allaient les voir, tout content et se demandant comment se finirait le film suivant … stupides moldus !

« Désolée mais je ne vois absolument pas de quoi tu parles. Assumes tes propos au lieu de tenter de t'accrocher aux branches. »

C'était un gros mensonges, cela allait s'en dire et les deux jeunes filles le savaient pertinemment mais jamais Naïa ne l'avouerait, pas maintenant du moins. Tant qu'elle n'était pas obligée d'avouer quoi que ce soit, elle se garderait bien de dire la vérité. Quel intérêt de toute façon de dire la vérité ? Ca jouait toujours en la défaveur de la personne qui a voulu s'amender de sa faute, autant mentir, ça revenait au même mais au moins pendant un moment la personne en face est prit d'un doute et c'est ce doute qui peut parfois faire toute la différence. Naïa enfourna la bouteille dans son sac agrandit par magie et le referma bien soigneusement. La bouteille serait jetée à la première occasion, nettoyée de son contenu et la fiole de veritsserum serait mit en lieu sûre pour une prochaine fois. Il n'en restait pas énormément mais suffisamment pour un prochain coup bas.

« J’imagine que tu vas rapporter tout ça à mon frère alors ? Tu ne te rends pas service, vraiment. Tu ne fais que confirmer ce que je pensais, tu ne ressens rien pour lui, ou alors, tu t’aimes tellement plus que tu es prête à faire souffrir le garçon que tu es censé aimer pour satisfaire tes propres intérêts. C’est tout simplement pitoyable. Tu ne le mérites pas. »

Naïa se contenta tout d'abord d'arquer un sourcil en réponse à la belle tirade de la jeune Wallace. Qu'est-ce que cela pouvait lui faire ce qu'elle pensait d'elle et de son couple ? Sincèrement cette vermine ne servait à rien et si Naïa en n'avait de nouveau la possibilité, elle l'évincerait avec plaisir. Sa présence dans sa vie n'avait que trop durée et depuis sa nouvelle relation avec son frère, elle lui pesait de plus en plus. Allait-elle devoir la supporter jusqu'à la fin de sa vie ? Si c'était le cas, heureusement que les accidents sont si vite arriver, sinon elle aurait obligé Elian a s'exiler loin de son poison de sœur. La jeune Rosenberg finit par lever les yeux au ciel, se demandant pourquoi elle continuait à lui parler alors qu'elle avait obtenu tout ce qu'elle voulait d'elle.

« Ma chère Julietta, tu ne peux pas savoir comme ton avis m'indiffère au plus haut point. Ce que tu penses me passe largement au dessus et mes intentions vis à vis de ton frère, ainsi que mes sentiments ne te regardes en rien et tu seras bien assez tôt ce que je te réserve ! »

Ce que la jeune Wallace pouvait taper sur le système de la jeune Rosenberg. Naïa trouvait cela fort agaçant que la jeune Rhiannon donne toujours son avis comme s'il devait régner en maître dans les esprits des gens. Elle arrivait peut être à ses fins avec sa famille, mais il en serait bien différent avec Naïa qui s'en moquait royalement. C'était d'ailleurs fort agaçant de la voir faire un caprice parce qu'elle n'obtenait pas ce qu'elle veut et voir Elian se plier en quatre pour satisfaire sa misérable petite sœur. Naïa trouvait qu'Elian avait énormément de qualité, mais le trouvait extrêmement faible quand il s'agissait de son poison de petite sœur. Il allait falloir que sa change, surtout si Elian & Naïa devaient rester ensemble. Cela risquait d'être dur mais pas forcément impossible selon la jeune Rosenberg.

« Je m’étais éprise, tout le monde fait des erreurs, tu devrais le savoir mieux que personne. »

Tu devrais le savoir mieux que personne ? Si ça ce n'était pas une belle petite attaque, la jeune Rosenberg ne s'y connaissait pas. Naïa esquissa un sourire amusée, avant de se permettre de répondre à Rhiannon.

« Une erreur de ce genre s'ensuit souvent d'une autre et d'une autre et d'une autre … un vrai cercle vicieux. J'ai hâte de voir quel sera le nom de ta prochaine erreur. Visiblement tu flashes sur des gars plus vieux et qui ne poseront jamais un seul regard sur toi. Je parierais donc sur Adam ou pourquoi pas Slevin ou Scipion, dans le genre mauvais garçons on ne fait pas mieux ! »

« Désolée mais je ne vois absolument pas de quoi tu parles. Assume tes propos au lieu de tenter de t'accrocher aux branches. »

C’était vraiment ridicule ? Que voulait-elle lui prouver en niant de la sorte ? Qu’elle était capable de se défendre face à son frère ? Qu’elle était vraiment très douée pour mentir ? Rhiannon n’en savait trop rien, mais une chose était sûre, Naïa n’était décidément pas la personne qu’elle appréciait le plus. La vipère n’avait pas franchement de qualité, mais en revanche, elle cumulait tous les défauts possibles et imaginable, elle mentait aussi facilement qu’elle respirait et était d’une telle arrogance qu’elle donnait des envies de meurtre à tous ceux qui la croisaient. Non, franchement, elle n’arrivait pas à comprendre ce que son frère lui trouvait. Ce n’était pas ses oignons, elle n’avait jamais voulu intervenir dans leur relation, laissant son ainé se dépatouiller comme il pouvait. Il était certain qu’Elian finirait par ne plus se faire d’illusion au sujet de la jeune fille, elle en était convaincue, seulement, elle aurait voulu qu’il s’en rende compte par lui-même et non pas avec son aide. C’était pour cette raison qu’elle avait fait en sorte de rester loin d’eux, simple spectateur de leur pitoyable rapprochement.

« C’est vrai que lorsqu’il s’agit d’assumer ses actes, tu as beaucoup de conseils à donner. »

Ironie quand tu nous tiens… Rhiannon commençait à perdre patience. Elle avait vraiment beaucoup de mal à comprendre comment cette affreuse garce pouvait lui donner des leçons de morale, à croire qu’à force de mal agir, elle finissait par ne même plus distinguer le bien du mal, considérant simplement qu’elle agissait selon sa conscience, rien de plus. C’était regrettable, encore plus si elle devait continuer à sortir avec son frère. Franchement, pour qui se prenait-elle ? Dans l’entourage de la jeune fille, Naïa était la personne la moins apte à pouvoir donner des leçons et pourtant, elle se le permettait sans aucun problème, comme si tous les reproches qu’elle pourrait lui faire étaient totalement légitimes. Peut-être avaient-elles déjà passé de longues années ensemble, mais ça avait été sous la contrainte et Rhiannon refusait de compter la vipère parmi ses proches. Quoi qu’il puisse arriver dans la vie de la Rosenberg, elle resterait toujours une intruse et tout ce qu’elle pourrait faire n’y changerait rien. Oh, elle ne doutait pas que Naïa puisse avoir de très bonnes idées pour l’écarter de sa petite vie parfaite, seulement, elle ne comptait pas se laisser faire si facilement.

« Ma chère Julietta, tu ne peux pas savoir comme ton avis m'indiffère au plus haut point. Ce que tu penses me passe largement au-dessus et mes intentions vis à vis de ton frère, ainsi que mes sentiments ne te regarde en rien et tu seras bien assez tôt ce que je te réserve ! »

Rhiannon se fichait bien de ce qu’elle pouvait lui réserver, mais pour quelqu’un qui juste avant voulait passer pour une petite sainte, Naïa semblait avoir bien du mal à garder cette ligne de conduite. Vouloir prouver à tout prix son innocence pour ensuite enchainer par des menaces très explicites n’avait absolument aucun sens et la jeune fille aurait certainement dû réfléchir un peu avant d’ouvrir la bouche. Qui plus était, la troisième année était vraiment très loin d’avoir peur de la Rosenberg. Elle savait pertinemment qu’elle ne pourrait pas s’attaquer physiquement à elle de peur de perdre Elian définitivement, et pour ce qui était de l’utilisation de son cerveau, Rhiannon doutait qu’elle en soit vraiment capable, ce qui lui portait à croire qu’elle était en sécurité pour le moment. De toute façon, les menaces ne l’avaient jamais vraiment beaucoup perturbée. Elle savait que dans le milieu dans lequel elle souhaitait évoluer plus tard, il y avait toujours pas mal de concurrence et qu’elle serait forcément confronté à des grands malades révolutionnaires prêts à tout pour la détrôner. Il était donc hors de question qu’elle montre le moindre signe de faiblesse.

« Si tu te fiches de ce que je pense et de mon existence, pourquoi est-ce que tu t’évertues à vouloir m’évincer ? »

Après tout, cette question était totalement légitime. Comment pouvait-elle clamer haut et fort son indifférence alors qu’elle était en permanence en train de concocter de nouveaux plans visant à lui rendre la vie impossible ? Pour quelqu’un qui voulait lui montrer qu’elle ne comptait absolument pas, elle était justement en train de lui prouver le contraire. Si encore Rhiannon l’avait cherchée d’une manière ou d’une autre, la provoquant ouvertement pour subir son courroux, mais ce n’était absolument pas le cas. La petite vipère était restée bien sagement dans son coin sans bouger le moindre petit doigt pour intervenir dans leur relation. Son seul tort, si elle devait vraiment s’en trouver un, était d’avoir dit du mal de la jeune fille lorsqu’elle se trouvait avec ses deux meilleures amies, mais elle n’avait pas l’impression que ce soit une raison suffisante pour vouloir la faire brûler en enfer. Il était normal qu’elle se tourne vers les personnes qui comptaient le plus pour elle lorsqu’elle avait besoin de vider son sac, ce n’était pas pour autant qu’elle avait élaboré un plan d’attaque visant à détruire la vie de Naïa sans lui laisser la moindre chance de s’en sortir. Non, vraiment, elle ne comprenait pas.

« Une erreur de ce genre s'ensuit souvent d'une autre et d'une autre et d'une autre … un vrai cercle vicieux. J'ai hâte de voir quel sera le nom de ta prochaine erreur. Visiblement tu flashes sur des gars plus vieux et qui ne poseront jamais un seul regard sur toi. Je parierais donc sur Adam ou pourquoi pas Slevin ou Scipion, dans le genre mauvais garçons on ne fait pas mieux ! »

Naïa semblait oublier à qui elle s’adressait. Ce genre de propos pourrait très bien être blessant pour des filles de son âge, celles qui étaient en mal d’amour et toujours seules, mais Rhiannon était bien loin d’appartenir à cette catégorie. Si elle avait été légèrement attirée par Ryan, c’était surtout un coup de foudre d’adolescente et elle savait pertinemment qu’il était trop vieux pour elle et surtout bien trop différent. Elle avait mis du temps à ouvrir les yeux mais avec les récents événements et les rumeurs qui avaient circulé à son sujet, elle n’avait pu que se rendre compte qu’il n’était vraiment pas fait pour elle. La sixième année arrivait donc bien après la bataille et ses attaques glissaient sur elle sans vraiment l’atteindre. Une fois de plus, la Rosenberg venait de lui prouver qu’elle s’intéressait à son nombril beaucoup plus qu’aux autres. Si elle y avait véritablement prêté attention, elle serait certainement en mesure de trouver les bons éléments pour l’atteindre. Pour une fois, ça l’arrangeait bien. Une chose était sûre ce n’était pas aujourd’hui qu’elle changerait d’opinion vis-à-vis de la jeune fille.

« C’est bien ce que je disais, visiblement tu t’y connais vraiment bien. » Rétorqua-t-elle. « Simplement, tu sembles oublier que contrairement à toi, je ne passe pas ma vie à courir après des garçons beaucoup trop bien pour moi. Tu devrais changer de stratégie, parce que si c’est comme ça que tu penses m’atteindre, tu te trompes fortement. »

Désolée de briser tes rêves petite Rosenberg… Naïa devrait au moins s’estimer heureuse qu’elle lui signale à quel point elle avait tort avant qu’elle s’évertue à passer des heures à lui lancer des piques tout aussi inefficaces les unes que les autres. Bon, d’accord, Rhiannon savait pertinemment que la vipère n’était pas du genre à s’agenouiller devant elle pour la remercier, mais elle avait au moins la satisfaction d’avoir agi de la meilleure façon possible. Elle ne voulait pas rentrer dans cette petite guerre stupide et elle espérait que Naïa finirait par le comprendre.

Naïa ne pensait pas que passer un moment avec Julietta serait aussi ennuyeux. Lui avoir fait un mauvais coup n'était qu'une simple parade pour éviter l'ennui, rien de plus. C'était très drôle mais maintenant il fallait passer à la seconde étape parce que là ça recommençait à être chiant. Rhiannon était bien gentille mais tenir une conversation avec elle donnait des envies de suicide. Cette gamine voulait toujours avoir le dernier mot et montrer à tous le monde qu'elle était mieux que les autres, plus intelligente, plus volontaire, plus impliquée. Pour le moment tous le monde lui pardonnaient d'être aussi fatigante parce qu'elle était jeune, mais cette excuse ne tiendrait plus très longtemps. La jeune Rosenberg avait grand espoir qu'Elian se rende compte que sa précieuse petite sœur n'était qu'une petite peste insignifiante comme les autres et la laisserait de côté. Bien entendu c'était trop beau pour que ce soit possible un jour mais Naïa aimait à rêver qu'un jour ça arriverait et s'il fallait qu'elle s’immisce dans leur vie pour évincer ce lien trop fort à son goût alors elle le ferait et sans aucun scrupule.

« C’est vrai que lorsqu’il s’agit d’assumer ses actes, tu as beaucoup de conseils à donner. »

D'une certaine façon on ne pouvait pas nier que Rhiannon avait raison, mais pas entièrement. Ce n'est pas tant que Naïa n'assumait pas ses actes, c'était qu'elle n'avouerait pas haut et fort ce qu'elle avait fait pour ne pas que ça se retourne contre elle. A trop se venter, on finit souvent par déchanter et ce n'était pas au goût de la jeune Rosenberg de chuter de son petit nuage. Bien entendu à force de jouer des mauvais tours aux gens, on finit immanquablement par se faire prendre à son petit jeu, mais c'était un risque que Naïa était pour le moment prête à prendre. Mais pour combien de temps ? Là était la question, car quand Elian se rendra compte qu'elle s'est jouée de lui, il risque de ne pas bien le prendre et ce sera peut être déjà trop tard pour faire machine arrière et le regretter. Mais pour le moment Naïa ne songeait pas à sa potentielle défaite, elle ne voyait qu'un long amusement à l'horizon et c'est tout ce qui l'intéressait.

« Mais j'assume toujours tous ma chère Julietta, mais à ma façon ! »

Ce qui encore une fois n'était pas complètement faux, Naïa finissait immanquablement par assumer ses erreurs et à les avouer mais c'était bien souvent quand on la prenait la main dans le sac, pas avant ou très rarement. Les aveux ce n'étaient pas trop son truc et elle le faisait bien souvent à contre cœur ou avec une idée en tête. Parfois certaines personnes étaient plus clémentes si on avouait avant ses torts, en prenant un air vraiment désolé. Bien entendu ce n'était que pure comédie, mais ça ce n'était qu'un détail insignifiant.

« Si tu te fiches de ce que je pense et de mon existence, pourquoi est-ce que tu t’évertues à vouloir m’évincer ? »

C'était une excellente question, pourquoi vouloir l'évincer si Naïa se fout complètement d'elle. Et la réponse était toute simple, parce qu'Elian tenait à cette petite peste et que Naïa tenait à Elian. Même si Rhiannon n'avait rien fait pour les séparer, Naïa pressentait qu'un jour elle le ferait, elle se mettrait en travers de sa route pour « protéger » son frère d'elle et lui éviter de faire une erreur monumentale, comme par exemple se marier avec elle. Bien entendu ce n'était pas de sitôt que ça arriverait mais c'était un avenir potentiel qu'il ne fallait pas écarter trop vite. Naïa tenait beaucoup à Elian, bien plus qu'aux autres garçons avec qui elle était sortie, cela signifiait donc beaucoup pour elle. En plus leurs familles sont déjà proche, ça ne ferait que souder cette union déjà existante. Rhiannon ne pouvant pas encadrer Naïa, pourrait avoir envie de saboter cette union rien que pour faire chier Naïa et ça, il en était hors de question, donc au lieu d'attendre que ce soit elle qui frappe, autant frapper la première. En plus voir sa sale tête toute la sainte journée lui donnait des hauts le cœur, ça ne pourrait que lui faire du bien de ne plus jamais la voir. Si elle ne peut pas l'éliminer physiquement, elle peut toujours l'envoyer très loin jusqu'à la fin de sa scolarité. Peut être qu'avec de la chance elle prendrait goût à cet endroit éloigné et ne voudra plus en revenir ….

« Parce que même si pour le moment tu t'occupes de tes affaires, tu restes une vipère et je n'ai pas envie qu'un beau jour tu te rendre compte que tu peux mordre toi aussi ! »

Lui parler d'Elian ne servait à rien, Naïa ne voulait pas lui donner des armes pour la reprendre encore une fois et lui parler de son frère et du fait qu'elle ne le mérite pas, qu'elle devrait le laisser partir, qu'il finira par se rendre compte qu'elle est néfaste et blablabla. Naïa en avait soupé de tout cela, elle n'avait pas envie d'entendre de nouveau ce couplet. Oui Elian était quelqu'un de bien et Naïa quelqu'un de mauvais, mais ne dit-on pas que les contraire s'attire ? Et puis il pourrait avoir du bon sur elle, la faire changer … un jour … peut être. Et puis Elian a beau être quelqu'un de bien, il n'est pas non plus un ange, les conneries, la plupart elle les a fait avec lui alors il ne faut pas croire qu'il n'y a que Naïa qui s'y connait dans ce domaine. S'il est le meilleur ami des enfants Rosenberg ce n'est pas pour rien et si le père Wallace est le meilleur ami d'Orion Rosenberg, ce n'est pas non plus par hasard.

« C’est bien ce que je disais, visiblement tu t’y connais vraiment bien. Simplement, tu sembles oublier que contrairement à toi, je ne passe pas ma vie à courir après des garçons beaucoup trop bien pour moi. Tu devrais changer de stratégie, parce que si c’est comme ça que tu penses m’atteindre, tu te trompes fortement. »

S'y connaître vraiment bien en quoi ? En garçon ? Ou juste en mauvais garçon ? Pour ça ce n'était pas bien compliqué, il suffisait d'écouter les rumeurs et de voir le nombre d'entre eux en retenue et on pouvait savoir qui était un garçon bien et qui ne l'était pas. On ne verra jamais Gabriel Baxter en retenue, par contre on pourra compter presque chaque semaine la présence de Flynn, Scipion et Slevin. A croire qu'ils ont leur place réservée, encore que cela fait un moment que Naïa ne l'a pas vu en retenue, à croire qu'il se tient à carreau ou plutôt qu'il a trouvé de bons pigeons pour plonger à sa place. Ah il n'y a pas à dire, il est doué pour manipuler les filles crédules pour qu'elles se fassent choper à sa place, c'était étrangement moins efficace avec les garçons mais Naïa avait aussi ses petites astuces pour ne pas plonger.

« Je cours peut être après des garçons trop bien pour moi mais à la différence de toi, ils finissent par tomber dans mes filets, la preuve avec ton frère. Toi jusqu'à présent tu as réussi à quoi ? »

« Mais j'assume toujours tous ma chère Julietta, mais à ma façon ! »

La jeune fille leva les yeux au ciel, s’apprêtant à lui lancer une remarque cinglante lorsqu’un chat maigrichon trottina vers elle pour venir se frotter à ses jambes. Attendrie, Rhiannon s’arrêta net, posant le sac devant elle pour extraire une poignée de son contenu qu’elle donna à la bestiole. Elle n’avait jamais pu résister aux animaux quels qu’ils soient, elle avait l’impression qu’ils faisaient presque partie de sa famille, aussi cherchait-elle à se faire aimer dès qu’elle en rencontrait un. Qui plus était, si cette pause inattendue donnait l’idée à Naïa de ne pas s’attarder davantage, ça ne pourrait leur être que bénéfique à l’une comme à l’autre. La conversation ne prenait pas vraiment la tournure rêvée et elle craignait qu’une dispute vienne altérer sa bonne humeur. En théorie, ce n’était pas très grave, mais la vipère savait pertinemment qu’il était impossible de discuter avec Naïa et que l’éviter était le meilleur moyen de retrouver un semblant de sérénité. Elle n’avait jamais cherché à être sur son chemin et n’avait aucune envie d’y rester. Malheureusement, en relevant les yeux, elle comprit immédiatement que la jeune fille n’avait pas la moindre envie de bouger et que cette conversation allait donc se poursuivre encore pendant un moment qu’elle le veuille ou non.

« Rhiannon. » Corrigea-t-elle machinalement. « Si par « à ta façon », tu veux dire attendre d’être au pied du mur pour battre des cils devant Elian et espérer qu’il te pardonne, je ne crois pas que ce soit la meilleure solution. »

Attirés par l’odeur de la nourriture, deux autres chats vinrent rejoindre leurs compagnons. Malgré l’étrangeté de la situation, Rhiannon était vraiment heureuse qu’un événement de ce genre vienne lui donner un peu de bonheur. La serpentard n’était pas le genre de personne qu’elle était ravie de voir et sans cette intervention, ses nerfs auraient certainement commencé à lâcher. Un chiot de couleur étrange et sans collier vient se joindre à la fête, pendant un instant, tentant lui aussi de gouter à la nourriture que lui tendait la vipère. Il finit par tout recracher par terre en toussotant ce qui amusa follement la vipère qui commençait presque à oublier qu’elle était toujours en train de discuter avec Naïa. Lorsqu’enfin elle se rappela de sa présence, elle se força tant bien que mal à se remettre debout, sachant pertinemment que plus elle trainait, plus ma conversation risquait de s’éterniser. La serpentard savait que ce n’était pas en mettant les voiles qu’elle l’enquiquinerait, sinon elle ne serait déjà plus là, mais si elle rejoignait sa salle commune de substitution, elle ne pourrait pas la suivre, c’était le meilleur moyen d’échapper à la jeune fille.

« Parce que même si pour le moment tu t'occupes de tes affaires, tu restes une vipère et je n'ai pas envie qu'un beau jour tu te rendre compte que tu peux mordre toi aussi ! »

Un large sourire apparut sur le visage de la jeune fille, alors qu’elle tentait tant bien que mal de refermer le sac pour réussir à le transporter. Il était toujours aussi lourd malgré sa distribution de Noël tardive. Après quelques secondes d’effort, elle réussit à le coincer sous son bras et se remit en marche. Un trou sur le côté du sac s’était formé et des oiseaux ne tardèrent pas à repérer le lieu du festin, cependant, Rhiannon n’y fit pas attention, se contentant de marcher droit vers le château comme si sa vie en dépendait. Et puis, après tout, si le contenu du sac était un peu plus léger, ça ne ferait pas de mal à qui que ce soit, elle n’était pas sûre de pouvoir terminer tout ça avant la fin de l’année scolaire et ce gros sac ne logerait jamais dans sa valise. Evidemment, Naïa la suivait toujours, n’esquissant pas le moindre geste pour lui venir en aide. Il était hors de question que la jeune fille le lui demande, elle ne voulait rien lui devoir, avoir une dette envers la vipère était presque pire que d’avoir tenté de se suicider. Elle réprima un soupir, priant pour que la route vers le château soit plus courte qu’elle l’imaginait.

« Donc tu me considères comme une menace potentielle ? C’est flatteur et vraiment très drôle, je ne pensais pas être capable de t’effrayer. »

C’était bien ce que Naïa venait de dire, non ? Qu’elle pourrait un jour se comporter comme une vipère et qu’elle préférait l’entraver avant qu’elle apprenne à se servir de ses différentes qualités. Donc, elle considérait qu’elle pouvait potentiellement lui nuire d’une façon ou d’une autre et ça plaisait beaucoup à la jeune fille. Elle avait toujours eu l’habitude d’être traitée comme la petite dernière, celle dont personne ne se souciait vraiment en fin de compte. Ce n’était pas plus mal dans certains cas, elle n’était jamais grondée pour les bêtises, par exemple et pouvait attendrir n’importe qui. Mais elle grandissait et ne jamais pouvoir prendre part aux conversations d’adultes parce qu’elle restait le bébé de la famille commençait sérieusement à l’agacer. Elle était une grande fille et était capable de suivre n’importe quelle discussion. Le pire dans tout ça restait probablement son frère qui se montrait toujours beaucoup trop protecteur et l’étouffait à moitié. Ça ne partait pas d’une mauvaise intention, elle en était convaincue mais ce n’en était pas moins désagréable. Naïa était peut-être la pire des garces, mais elle venait de reconnaitre qu’elle ne la considérait plus comme une enfant et c’était un très beau compliment.

« Je cours peut être après des garçons trop bien pour moi mais à la différence de toi, ils finissent par tomber dans mes filets, la preuve avec ton frère. Toi jusqu'à présent tu as réussi à quoi ? »

Non, la grande différence c’était surtout que Rhiannon ne s’abaissait pas à courir après les garçons comme un petit chien en mal d’amour. C’était tout simplement ridicule de sa part de vouloir prouver sa supériorité simplement avec son nombre de conquêtes. Et puis, c’était évident qu’en se comparant à une fille de quatorze ans, elle aurait inévitablement dessus, mais si se comparer aux plus petits était un moyen pour elle de montrer qu’elle était la meilleure, et bien soit, elle n’avait pas la moindre envie de casser son délire. Naïa ne se rendait visiblement pas compte à quel point elle était pathétique et c’était vraiment dommage pour elle. Ça n’avait pas vraiment d’importance pour Rhiannon, en tout cas, pas en temps normal, mais là, elle avait un peu de mal. Elle sortait avec son frère quand même et si elle devait le détruire elle faisait du mal à la vipère en même temps. Sauf que bien sûr, elle n’avait aucunement l’intention de lui expliquer ce raisonnement, il lui ferait bien trop plaisir, et puis, elle était visiblement en train de chercher à l’atteindre et si elle avait presque réussi en mentionnant la maison dans laquelle elle avait été provisoirement envoyée, elle était très loin de réussir à l’heure actuelle et Rhiannon n’avait aucune envie de lui donner un coup de main.

« A ne pas tomber aussi bas. » Déclara-t-elle très sérieusement. « Mais bon, si te comporter comme une trainée peut faire ta fierté, tant mieux, de toute façon, tu ne peux pas te permettre d’avoir beaucoup plus d’ambition. »

Naïa était une fille pathétique qui n’avait absolument rien accompli de sa courte vie. Alors qu’elle veuille comparer avec elle des succès qui n’existaient que dans son imagination lui donnait plutôt envie de rigoler. Elle ne se plierait pas à un concours aussi stupide, ça n’avait aucun sens et ce combat ne les mènerait à rien. Son idée première restait la fuite et elle comptait bien réussir, cette conversation commençait vraiment à s’éterniser et tourner en rond en essayant de toucher l’autre était un jeu dangereux auquel elle préférait ne pas jouer.

Spoiler:

Les deux jeunes filles avaient envie d'être loin l'une de l'autre mais aucune ne faisait réellement de gestes dans ce sens là. Rhiannon reprit le chemin du château, très certainement dans l'espoir de voir Naïa rester en arrière, mais cette dernière n'était pas du genre à attendre bien sagement qu'on lui dise de venir au pied pour avancer. Et puis soyons sérieux, Julietta serait aller en direction du village, Naïa l'aurait laissé faire, mais là elles allaient dans la même direction, inévitablement elle devait donc la suivre et continuer cette si charmante discussion qui lui donnait des envies de meurtres.

« Rhiannon. Si par « à ta façon », tu veux dire attendre d’être au pied du mur pour battre des cils devant Elian et espérer qu’il te pardonne, je ne crois pas que ce soit la meilleure solution. »

Rhiannon, Julietta, le morpion, quelle différence cela faisait ? Aucune aux yeux de Naïa qui préférait même ne pas la nommer et l'oublier, mais malheureusement la vie lui rappelait toujours qu'elle existait et qu'elle graviterait toujours autour d'elle, qu'elles le veuillent ou non. Parfois la jeune Rosenberg se demandait pourquoi son père était ami avec le père Wallace, si cela n'avait pas été le cas, elle n'aurait jamais eu à la supporter. Fort heureusement le fait que cela la rapproche d'Elian avait le don de faire oublier ce petit désagrément et tant qu'ils seront ensemble, Naïa pourra potentiellement le supporter. La jeune fille vit un chat s'approcher d'elles et sans qu'elle s'y attende, Rhiannon décida de la nourrir. Le regard un peu étonné, Naïa la regarda faire et n'apprécia que moyennement d'en voir d'autres débarquer. L'air de rien, la jeune Rosenberg reprit la parole, ignorant ces créatures poilues qui commençaient à être légèrement envahissante, un peu trop à son goût.

« Faudra-t-il encore arriver à me mettre au pied du mur. Tu sais je ne suis pas à Serpentard pour rien. A l'instar de notre emblème le serpent, la taille de mon ennemi ne me dérange absolument pas, je suis capable d'arriver au bout, même s'il faut du temps et de la patience. Je mord quand je me sens menacer et je suis d'une nature très venimeuse comme tu le sais déjà. »

J'envie d'en envoyer valser l'envahie mais elle se retient. Un chien arriva et Julietta le nourrit aussi, mais cette sale bête vomie, ce qui Naïa trouva fort dégoûtant. La jeune recula de quelques pas et foudroya autant les animaux que la Wallace qui en avait l'air de s'en foutre royalement. La mère Theresa sorcière allait vraiment commencer à lui courir sur les écailles si elle continuait à distribuer cette horreur à tous les animaux du quartier. Fort heureusement pour elle, la gamine décida de reprendre sa route et s'est non sans déplaisir que Naïa la suivie. Elles allaient dans la même direction et plus vite elles arrivaient au château et plus vite leurs chemins se sépareraient naturellement. Naïa ne proposa pas à Rahan de l'aider à porter son sac, elle l'avait acheté c'était à elle maintenant de s'en débrouiller. Mais le trou en bas allait très certainement l'aider à l'alléger un peu. Maintenant c'était au tour des piafs de se réunir autour d'elles, si l'un d'eux décidé de se lâcher sur la Rosenberg, la jeune fille se jurait de rôtir les piafs et Rhiannon par la même occasion, un vrai buffet royal. Suivre Julietta ne fut pas difficile au vu de l'allure où elle allait, mais malheureusement la conversation ne changea pas d'un pouce, étant toujours aussi ennuyeuse.

« Donc tu me considères comme une menace potentielle ? C’est flatteur et vraiment très drôle, je ne pensais pas être capable de t’effrayer. »

Est-ce que Naïa la considérait comme une menace potentielle ? Oui évidemment, elle n'était pas si stupide que ça. Peut être qu'aujourd'hui elle était insignifiante, mais cela ne voulait pas dire que ça allait être toujours le cas. Elle allait finir par grandir, prendre plus d'assurance et peut être que l'envie de se venger de Naïa allait la prendre. Même si Naïa se préparait à ce jour, il fallait rester prudent et garder à l'esprit que la jeune Wallace pourrait la surprendre en usant de stratagème que la jeune Rosenberg n'aurait jamais imaginé de sa part. Naïa leva les yeux au ciel en voyant la jeune Wallace réagir de cette façon. Elle avait l'air d'être contente de pouvoir effrayer Naïa, comme si c'était une chose impensable. Naïa ne cachait pas que certaines personnes pouvaient lui faire peur, mais cela ne voulait pas dire qu'elle allait se laisser faire, au contraire, elle les tenait à l'oeil et était prête à tout pour frapper la première et en général, quand elle attaquait, elle ne faisait pas dans la demi mesure, il fallait le demander à Astride, elle était bien placée pour le savoir. Si cela donnait des idées à la jeune Wallace, ce n'était pas son but et elle allait vite lui remettre les idées en place à cette stupide gamine.

« A l'heure actuelle tu ne m'effraies pas, tu grandis et je ne sais pas ce dont tu pourrais être capable. Par contre tu sais de quoi moi je suis capable. A l'image qu'on a du serpent je sais être vicieuse, je broie mes ennemis sans aucune difficulté et je n'éprouve aucune pitié, ne change jamais d'avis, quand je charge, je vais jusqu'au bout … ne l'oublies jamais !»

De toute façon Rhiannon aurait du mal à l'oublier, Naïa l'ayant prouvé à de nombreuses reprises et n'étant pas du genre à changer du jour au lendemain pour qui que ce soit, Rhiannon comme n'importe qui n'était pas à l'abri de son courroux. Même si Naïa aimait Elian, il lui était difficile de changer d'avis sur Rahan et si c'était elle qui frappait la première, Naïa se mettrait à sa poursuite, avec ou sans l'aval d'Elian et il y avait de forte chance qu'elle arrive à ses fins. C'était risqué mais Naïa n'était pas le genre de personne à s'en rendre vraiment compte et c'était qu'une fois qu'elle avait perdu quelqu'un qu'elle se rendait compte de l'ampleur de la situation. Cela dit cela ne changeait rien pour elle, elle était ainsi et très certainement personne n'arriverait à la changer.

« A ne pas tomber aussi bas. Mais bon, si te comporter comme une trainée peut faire ta fierté, tant mieux, de toute façon, tu ne peux pas te permettre d’avoir beaucoup plus d’ambition. »

Il était facile de voir des filles comme Rahan ou Astride portaient un jugement sur les agissements de la jeune Rosenberg quand on savait qu'elles n'étaient jamais sorties avec qui que ce soit. Il fallait entendre Astride avec ses beaux principes et la voir aujourd’hui courir après son Gabriel. Même en sortant avec lui elle n'arrivait pas à le satisfaire pleinement vu que selon les rumeurs, il s'était tapé d'autres filles en même temps. Pourtant cela n'avait pas l'air de déranger la jeune Whitby qui s'était visiblement assise sur ses beaux principes pour garder le préfet à ses côtés. Certes il était plutôt beau garçon, on ne pouvait pas le lui enlever, mais de là à tout pardonner, il y avait quand même des limites. Quant à Rahan, elle n'était jamais sortie avec personne, s'était amouraché du pire type que Poudlard avait connu et c'était elle qui faisait la morale ? C'était amusant à entendre.

« De la part d'une fille qui n'a encore rien fait de sa vie à part avoir une grande gueule, c'est fort amusant de t'entendre parler d'ambition. C'est pas parce que tu distribues des badges que ça fait de toi une révolutionnaire. Et si je suis une traînée alors on doit considérer ton frère comment ? »

Spoiler:

« Faudra-t-il encore arriver à me mettre au pied du mur. Tu sais je ne suis pas à Serpentard pour rien. A l'instar de notre emblème le serpent, la taille de mon ennemi ne me dérange absolument pas, je suis capable d'arriver au bout, même s'il faut du temps et de la patience. Je mords quand je me sens menacée et je suis d'une nature très venimeuse comme tu le sais déjà. »

Là, pour le coup, elle n’avait pas tout à fait tort. D’accord, Rhiannon restait convaincue que jamais elle n’aurait dû lui faire boire cette stupide potion, mais pour ce qui était de mettre la vipère au pied du mur, ça allait sûrement s’avérer légèrement plus complexe qu’elle ne l’avait imaginé au départ. Et pour cause, si elle détestait la jeune fille c’était pour d’excellentes raisons. Elle avait véritablement un mauvais fond, ne reculait devant aucune basse pratique et mentait comme un arracheur de dent sans véritablement se soucier de la portée que pourraient avoir ses mensonges. Alors avant que la Serpentard arrive à lui faire avouer ses crimes sans elle-même se comporter comme une véritable garce, il allait se passer un certain temps. Il était hors de question qu’elle entre dans le jeu malsain de Naïa, si elle s’abaissait à son niveau, elle perdrait toute crédibilité et ce n’était absolument pas ce qu’elle voulait. Le mieux était encore de réussir à raisonner la Rosenberg pour qu’elle comprenne par elle-même dans quelle situation elle était en train de se mettre. C’était une opération particulièrement délicate, mais la vipère avait tout de même envie d’essayer, après tout, la sixième année avait tout de même réussi à conserver deux neurones, peut-être parviendrait-elle à les connecter.

« Eh bien, j’ai hâte de te voir m’évincer, ça va être comique. Je ne vois pas pourquoi tu veux à tout prix me voir couler, franchement. D’accord, on est pas les meilleures amies du monde, mais je ne t’ai rien fait, tu pourrais simplement me laisser tranquille, ça serait tout aussi bien et ça éviterait que tu aies à réfléchir trop longuement à la façon dont tu t’y prendras pour me rendre la vie impossible. » Dit-elle avec sérieux. « C’est stupide, et tu le sais, si encore j’avais cherché à t’atteindre, pourquoi pas, mais ce n’est pas le cas. J’estime qu’attendre que mon idiot de frère ouvre ses yeux et ses oreilles est le mieux que je puisse faire, tu n’as donc rien à craindre et je ne crois pas que t’en prendre à une fille de quatorze ans soit une très bonne chose pour ta crédibilité déjà pas forcément en hausse ces temps-ci. »

Avait-elle était suffisamment convaincante ? Rhiannon n’en avait pas la moindre idée, mais elle espérait très fortement avoir fait mouche, au moins un minimum. Elle avait toujours été relativement charismatique et pour une fois que cette qualité pouvait lui servir à quelque chose, elle aurait aimé l’exploiter au maximum. De toute façon, ce ne serait pas la dernière fois qu’elle l’utiliserait puisque avec toutes les interventions publiques qu’elle projetait de faire dans un avenir lointain, elle aurait souvent l’occasion de persuader la foule de sa bonne foi avec des discours plus ou moins élaborés. Aussi paradoxal que ça puisse paraitre, la vipère aimait se retrouver devant une audience autant qu’elle en avait peur. Bien sûr, ça lui paraissait toujours particulièrement inquiétant, elle craignait d’oublier ce qu’elle voulait dire, de bafouiller, ou pire encore de ne pas être approuvée ou huée par ceux qui l’écouteraient. Cependant, avant de monter sur l’estrade, elle avait toujours la même adrénaline qui lui donnait le courage nécessaire pour affronter le publique du regard sans devenir rouge comme une tomate. Au fil du temps, elle était devenue de plus en plus à l’aise et elle espérait très fortement le rester. Malheureusement, les personnes comme Naïa n’étaient pas celles à qui elle souhaitait s’adresser d’habitude et il y avait fort à parier qu’elle balaierait ses propos d’un simple haussement d’épaules.

« A l'heure actuelle tu ne m'effraies pas, tu grandis et je ne sais pas ce dont tu pourrais être capable. Par contre tu sais de quoi moi je suis capable. A l'image qu'on a du serpent je sais être vicieuse, je broie mes ennemis sans aucune difficulté et je n'éprouve aucune pitié, ne change jamais d'avis, quand je charge, je vais jusqu'au bout … ne l'oublies jamais ! »

Ce n’était pas parce qu’elle grandissait qu’elle allait soudainement devenir une odieuse garce pleine de rancœur. Jusqu’à maintenant, elle n’avait pas beaucoup changé, l’adolescence ne lui faisant pas forcément le même effet qu’à beaucoup d’autres jeunes de son âge. Les garçons ne l’intéressaient pas comme ça, si ce n’était pour une simple admiration platonique. D’ailleurs, elle n’en parlait pratiquement pas, préférant ses longs plaidoyers sur l’importance de la nature et de sa sauvegarde. Les changements que l’on pouvait constater chez elle restaient plus physiques que mentaux et ça ne la dérangeait absolument pas. Au contraire, elle aimait se dire qu’elle ressemblerait bientôt aux femmes qu’elle voyait régulièrement à la télévision en espérant être un jour à leur place. Rhiannon s’était intéressée très jeune à la politique et à la popularité positive ou négative donnée par les médias. Elle s’était toujours dit que c’était quelque chose qu’elle chercherait à exploiter plus tard et elle réfléchissait déjà à un moyen de faire augmenter sa popularité dans les sondages. Et puis, Naïa à son âge, était déjà aussi détestable, ce qui prouvait bien qu’on ne devenait pas comme elle du jour au lendemain simplement en prenant un an de plus, ce qui était assez rassurant.

« Je ne l’oublierais pas. » Promit la jeune fille, un léger sourire aux lèvres. « J’espère que tu réalises à quel point tu es ridicule. »

Bon, d’accord, elle devait bien reconnaitre que ce genre de menace était un peu inquiétant. Elle détestait se dire qu’elle avait quelqu’un auprès d’elle qui pourrait vouloir lui planter un couteau dans le dos au moment où elle s’y attendrait le moins. Toutefois, le trop plein d’assurance de Naïa était risible. Elle semblait vraiment oublier qu’elle n’était qu’une simple adolescente de dix-sept ans et que ses capacités étaient loin d’égaler celles qu’elle s’appropriait pour effrayer les autres élèves. Il était tout à fait vrai que la Rosenberg était méchante par nature et qu’elle était capable du pire simplement par plaisir mais surtout par désir de vengeance. Cependant, Rhiannon restait persuadée qu’elle possédait de nombreuses failles et qu’il ne lui faudrait pas creuser énormément pour parvenir à les trouver. Elle était humaine, elle possédait des faiblesses et elle n’était certainement pas capable de les dissimuler aux yeux de tous. Son frère, par exemple, constituait un évident talon d’Achille. Elle lui avait toujours été particulièrement dévouée et la vipère avait passé assez de temps en compagnie des deux frangins pour savoir qu’ils étaient incapables de vivre l’un sans l’autre. Si jamais les choses venaient à mal tourner, elle saurait vers qui se tourner.

« De la part d'une fille qui n'a encore rien fait de sa vie à part avoir une grande gueule, c'est fort amusant de t'entendre parler d'ambition. C'est pas parce que tu distribues des badges que ça fait de toi une révolutionnaire. Et si je suis une traînée alors on doit considérer ton frère comment ? »

Mais qu’est-ce qu’elle pouvait être bête ! Rhiannon n’arrivait pas à croire qu’elles soient en train de comparer leurs expériences de vie respectives, c’était tout simplement ridicule. A quatorze et dix-sept ans qu’avaient-elles vécus de sensationnel ? Avaient-elles fait leurs preuves ? Non, bien sûr que non, elles n’étaient pas des enfants prodiges avec un talent exceptionnel dans un domaine particulier, elles ne s’étaient pas fait spécialement remarquer, elles étaient juste des sorcières qui continuaient leur scolarité à Poudlard et il n’y avait rien de plus à dire. Seulement, Naïa semblait considérer que durant sa très courte vie, elle avait déjà fait de grandes choses ce qui était bien trop prétentieux de sa part. Décidément, cette Serpentard était particulièrement exaspérante. Sans son lourd sac qu’elle portait difficilement, Rhiannon aurait probablement jeté l’éponge et couru vers le château pour ne plus avoir à supporter cette conversation qui, de toute évidence, ne les mènerait nulle part. Elles n’avaient aucun point commun et n’en aurait jamais, la vipère s’ennuyait, elle voulait juste passer à autre chose, mais il semblait que même ça, ce soit trop demandé.

« J’ai quatorze ans, t’es vraiment conne, c’est normal que je ne sois pas une vraie révolutionnaire. Je sais ce que je veux faire de ma vie, c’est tout ce qui compte, et toi à part pleurer sur les épaules de papa-chéri et profiter de son argent, tu vas faire quoi ? » Demanda-t-elle légèrement hargneuse. « Mon frère est juste un imbécile. »

Elle n’avait pas honte de le dire. Elian ne se comportait pas de la meilleure des façons. Il se laissait aveugler par des sentiments qu’il n’arrivait visiblement pas à contrôler et se laissait embarquer dans une histoire qui ne lui apporterait rien de bon. Alors évidemment, elle avait envie de le secouer, de lui faire comprendre qu’il agissait comme le dernier des idiots, mais elle savait que tôt ou tard, ça lui retomberait dessus. Elle se contentait donc de rester simple spectateur impuissante et ça ne lui plaisait pas du tout.

« C'est très aimable de ta part de te soucier de ma crédibilité, mais je serais la gérer seule. Quant à ce que peuvent penser les autres, saches que je m'en tamponne royal. »

Et dire qu’elle avait essayé de lui faire entendre raison, autant apprendre à un muet à dire son prénom. Naïa était incapable d’entendre ou de comprendre qui que ce soit, c’était dans sa nature et elle avait eu tort d’essayer. Mais au moins, elle ne pourrait pas se reprocher de n’avoir pas fait d’effort ce qui empêcherait certainement son frère de lui faire la morale quand il aurait vent de cette conversation. C’était évident qu’il allait être au courant d’une façon ou d’une autre. Elles étaient en train de traverser Pré-au-Lard, ce n’était pas comme si elles avaient essayé de s’isoler pour discuter tranquillement, elles s’étaient croisées et s’étaient envoyé leur quatre vérités en pleine tronche sans prendre la peine de baisser la voix pour que personne ne les entende, elle s’attendait donc à ce que leur conversation fasse l’objet de rumeurs pas forcément très sympathiques. Tant pis, Rhiannon restait convaincue de ne rien avoir à se reprocher dans cette histoire et si ses amis ou son frangin n’étaient pas d’accord avec sa façon de voir les choses, elle n’en avait rien à faire.

« J’aurais essayé. »

La jeune fille ponctua ses paroles par un haussement d’épaules qui voulait tout dire. Elle n’était pas du tout du genre à croire à tous ces trucs de fatalité, destin et autres choses comme quoi elle ne pouvait pas influencer les paroles et les actes d’autres personnes. Justement, elle croyait qu’en trouvant exactement les bons mots, elle pouvait influencer même le plus sceptique des hommes et ce, quelle que soit la direction dans laquelle elle voulait aller. Peut-être était-ce un peu prétentieux de sa part, elle n’avait sans doute pas un charisme aussi développé qu’elle voulait bien le croire. Mais elle voulait changer les choses, ça avait toujours été son but dans la vie et si elle se mettait déjà à croire qu’elle en était incapable, elle n’irait pas loin dans son projet. Elle préférait imaginer que pour Naïa, c’était différent, parce que la vipère la connaissait depuis toujours et qu’elle avait accumulé assez de haine contre elle pour survivre pendant toute une vie sans se fier à son jugement. C’était bien dommage, mais Rhiannon ne souhaitait pas s’intéresser à un cas désespéré comme l’était la petite amie de son frère.

« Et j'espère que tu réaliseras à quel point ton avis m'indiffère. »

Oh, ça, elle avait eu le temps de le réaliser depuis le temps. Déjà lorsqu’elles étaient enfant, Rhiannon avait l’impression d’être invisible pour la vipère. Certainement parce que son grand-frère était nettement plus intéressant à ses yeux, même si à cet époque, il n’était encore qu’un camarade de jeu et non pas un petit-ami potentiel, comme maintenant. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle avait toujours été la sale gamine qui lui mettait des bâtons dans les roues. Elle n’avait pas envie de l’emmener avec eux lorsqu’ils allaient faire du vélo, ni quand ils partaient faire les courses, et elle n’était pas forcément conviée à leurs réunions d’aventuriers top secrètes lorsqu’ils commençaient un nouveau jeu. Heureusement, Elian, lui, essayait de partager son temps à peu près équitablement sans exclure l’une ou l’autre des deux filles, mais le comportement de Naïa envers elle l’avait toujours profondément attristée et aujourd’hui encore, elle lui en voulait de l’avoir traité de cette façon. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas comme si elle pouvait ne serait-ce qu’espérer que la vipère finisse par comprendre et elle préférait ne pas chercher à lui expliquer, ce serait une belle perte de temps.

« Si encore il n’y avait que le mien… » Répondit-elle avec lassitude. « Tu te fiches de tous les avis que n’importe qui peut te donner. »

En réalité, il était parfois normal de ne pas écouter les avis des uns et des autres. Ils étaient souvent bien différents selon les personnes et la jeune fille savait par expérience qu’il était totalement impossible de faire plaisir à tout le monde. Et puis, elle n’en avait pas forcément envie, seul l’avis de ses proches comptait pour elle, ou en tout cas, des personnes qui la connaissaient, quand elle devait prendre une décision importante. Mais justement, Naïa aurait dû se douter qu’elle était dans le vrai parce qu’elles se côtoyaient depuis de nombreuses années déjà. En plus, le fait qu’elles ne s’apprécient pas aidait Rhiannon à se montrer vraiment objective puisqu’elle ne faisait pas en sorte de faire plaisir à son ennemie. Seulement, la vipère ne se montrait pas particulièrement réceptive et la future quatrième année aurait probablement agi de la même façon à sa place, elle ne pouvait donc qu’accepter leur incapacité à communiquer réellement. Elles auraient pu rejoindre le château en silence, ça aurait eu exactement le même résultat sur le reste de la journée, et un impact inexistant, évidemment.

« Oh ne t'inquiètes pas pour moi, mon avenir est tout tracé et il est bien loin de ce que tu penses. Tu le verras en temps voulu, en attendant, je vais vous abandonner toi et ton fardeau, vous êtes bien trop lent à mon goût ! »

Pour une fois que Naïa avait une bonne idée, c’était un jour à marquer d’une pierre blanche. La jeune fille regarda son ennemie s’éloigner avec un étrange sentiment de satisfaction, mêlé à un brin de culpabilité. Ça n’aurait pas dû se dérouler comme ça, elle avait choisi de feindre une entente cordiale pour préserver la relation qu’elle avait avec son frère. Cependant, elle ne fit pas le moindre geste pour essayer de rattraper la vipère, ça ne servirait à rien si ce n’était à empirer les choses. Rhiannon choisit de continuer tranquillement sa route, essayant tant bien que mal d’effacer cette conversation.