Assise à la table des Gryffondor, où elle s'était machinalement installée dans l'espoir resté vain de croiser Scarlett ou Scipion, Sarah lisait le dernier numéro de la Gazette du Sorcier, abandonnée là par elle ne savait trop qui. Une fille, probablement, puisque le test soi-disant psychologique était déjà fait. Il y avait même fort à penser que la propriétaire ne s'y était abonnée uniquement pour ça, à cinq mornilles ça faisait cher le test. Il n'y avait pas beaucoup de monde à cette heure-là, juste quelques élèves qui terminaient de déjeuner en vitesse avant de partir assister au match de Quidditch. Depuis le carnage du dernier, elle s'était promis de ne plus y mettre les pieds, et comptait bien s'y tenir. Elle n'avait de toute façon aucune raison de le faire. Ce n'était certainement pas la présence de débiles sur un balai qui allait l'attirer dans les gradins. Quelques regards étonnés se posaient sur elle et sur sa place inadaptée, mais elle ne prenait pas la peine d'y faire attention, feignant d'être trop absorbée dans sa lecture pour y faire attention. Magenta Comstock exposait une dernière fois dans la partie sorcière de la Tate Britain, à Londres, une exposition qui durerait un mois et demi, puis elle se retirerait complètement de la vie artistique sorcière après des décennies de bons et loyaux services, si on pouvait réellement appeler ça ainsi.

Elle commençait à comprendre pourquoi la fille à qui avait appartenu cet exemplaire s'était contentée de voir "Quel âge mental" elle avait lorsqu'apparut un article sur l'incendie de l'Université. Les gros titres étaient passés, bien sûr, cela faisait plusieurs jours que le sinistre était survenu donc on commençait déjà à se lasser d'en entendre parler à tout va. Il ne faisait même pas une demi-page mais cela suffit à attirer son attention. Un papier anonyme qui prétendait que tous les malheurs du monde des sorciers étaient liés; de l'assassinat à la Coupe du Monde au terrible Incendie en passant par la sombre découverte des cachots... A côté de ça, Kingsley Shacklebolt n'arrêtait pas de proclamer que tout était sous contrôle, qu'il ne s'agissait que d'incidents isolés, que tout n'était qu'histoire de coïncidence. Il appelait au calme et à la confiance tout en rappelant que le dernier Mage Noir avait été tué il y avait vingt ans et que le Monde Magique ne risquait rien. C'était étonnant de lire le contraire dans la Gazette du Sorcier alors que le journal était généralement sous la coupe du gouvernement... Sans la moindre surprise, Sarah n'avait aucun mal à y croire. Elle n'avait jamais rien eu contre le Ministre, mais il fallait avouer que son histoire de coïncidence était un peu grosse à avaler. Un soupir s'échappa d'entre ses lèvres.

Depuis le drame, elle avait l'impression de voir sa vie lui échapper totalement. Elle prenait réellement conscience de ne plus voir beaucoup son petit copain, de croiser difficilement sa meilleure amie et d'être fuie en quasi-permanence par la personne qu'elle préférait au sein de sa maison... Si la solitude n'avait jamais vraiment été un problème, elle commençait à se faire réellement pesante ces derniers temps. Elle s'était même surprise à passer un après-midi tout entier à tenir compagnie à une première année dont la meilleure amie était coincée à l'infirmerie pour un léger début de dragoncelle, léger peut-être mais contagieux. Elle l'avait aidé à faire ses devoirs, et lui avait montré comment entrer dans les cuisines, ce qui était parfaitement interdit et ce qu'en tant que Préfète, elle savait très bien. Pendant ce temps-là, ses proches vivaient leur vie loin d'elle. Elle avait bien reçu une lettre de Saint-Valentin de la part de Scipion mais elle n'avait jamais pris la peine d'y répondre. Bien que touchée par son geste, elle aurait largement préféré qu'il daigne lui accorder de son temps, plutôt qu'il griffonne rapidement une jolie lettre entre deux Opérations. Le tableau de leur vie merveilleuse commençait malheureusement à se ternir. Elle n'était pas convaincue d'avoir envie de mener éternellement une existence comme celle-ci, à attendre patiemment qu'il prenne enfin la peine de se souvenir qu'une fille avait parfois besoin qu'on s'intéresse à elle...

Elle termina le jus de citrouille qu'elle s'était servie en arrivant et replia le journal qu'elle reposa là où elle l'avait pris, au cas où Miss Psycho ait envie de le récupérer. L'heure tournait et elle ne pouvait pas rester indéfiniment ici en attendant que quelqu'un arrive. Il devait lui rester quelques exercices de Sortilèges à finir... Ce n'était pas une perspective réjouissante mais c'était toujours mieux que rien. Si elle les avait fini avant l'heure du dîner, elle se plongerait dans le catalogue d'une grande marque de prêt-à-porter haut de gamme sorcière parisienne, qu'elle avait reçu ce matin-même, et peut-être même qu'elle se laisserait aller à écrire à son beau-père pour lui demander de passer commande à sa place. Il y avait fort à parier qu'il accepterait pour un peu que sa lettre soit mielleuse et lui rappelle combien ses notes étaient bonnes en ce moment. Alors qu'elle allait pour se lever et rejoindre sa salle commune, elle eut la joie de remarquer que Scarlett passait enfin les immenses portes de la Grande Salle. Un sourire rayonnant s'agrippa à ses lèvres tandis qu'elle renonçait purement et simplement à ses projets pour tuer cette journée.

« Eh ! Chérie ! Ca fait tellement plaisir de te voir ! » s'enthousiasma t-elle avec sincérité alors qu'elle regardait la blonde avancer et se diriger droit sur elle. « Tellement plaisir ! »

Ce jour était certainement à marquer d'une pierre blanche. Un événement sensationnel venait d'avoir lieu, Scarlett Levinson avait peur de se faire remarquer. La rouge et or qui d'ordinaire, tentait en permanence d'être au centre de l'attention se trouvait devant les immenses portes de la grande salle depuis plusieurs minutes sans pour autant y oser entrer. Pourtant, elle n'était pas moins jolie que d'habitude, bien au contraire, elle avait enfilé sa tenue de pompom girls le matin même, heureuse de pouvoir se pavaner pendant toute une journée en étant sûre que de nombreux regards se tourneraient vers elle. Cependant, quelque chose était venue troubler sa popularité si chèrement acquise. Pendant la nuit, Scarlett avait fait un drôle de rêve, peu banal dans lequel elle devait absolument trouver un de ses professeurs en urgence en plein milieu de la nuit. Ce n'était qu'un rêve, bien sûr, et il aurait pu n'avoir aucun impact si elle s'était réveillée dans son lit, comme d'habitude. Mais ça n'avait pas été le cas, malheureusement. Lorsque la jeune fille avait ouvert les yeux, elle avait manqué de se casser la figure en réalisant qu'elle se trouvait au beau milieu de la grande salle, dans un pyjama blanc orné de petites licornes roses qu'elle n'avait jamais eu l'intention d'exhiber en public. La jeune fille avait vite fait volte face et avait certainement battu des records de vitesse pour retrouver son lit, mais ça ne changeait rien à ce qu'il venait de se produire. Toute l'école devait être au courant à présent et elle redoutait les moqueries et les éclats de rire qu'il y aurait lorsqu'elle pénétrerait à nouveau à l'intérieur. Scarlett s'apprêtait à abandonner l'idée de se montrer en public à nouveau lorsqu'une fillette bondissante vint à sa rencontre, parlant si vite que la rouge et or ne parvint pas du tout à comprendre ce qu'elle voulait. Bon, vu son accoutrement, il était évident qu'elle voulait obtenir des conseils sur ses tenues vestimentaires, mais elle n'avait vraiment pas la tête à ça aujourd'hui, aussi s'apprêta-t-elle à la rembarrer sans lui accorder le moindre regard.

« Ecoute, sois gentille, mais va voir quelqu’un d’autre si tu veux des conseils pour te rendre potable. Isis par exemple, c’est une grande blonde de serpentard, elle est absolument merveilleuse, elle a plus de gout en matière de fringues que tous les élèves de l’école réunis, je suis sûre qu’elle te sera d’une aide précieuse. Personne ne lui arrive à la cheville, vraiment personne. » Déclara la jeune fille tout en continuant de scruter les alentours sans regarder le microbe qui se trouvait à ses côtés. « Allez, ouste du vent. »

C'était qui cette petite chose... ? Elle se souvenait avoir entendu Slevin parler d'une petite fille qui la suivait partout en parlant de choses diverses et variées sans pouvoir jamais s'arrêter... Candlynn ? Le petit pot de colle qui s'éloignait en courant dans les escaliers correspondait bien à cette description. De toute façon, ce n'était pas spécialement important, le principal était qu'elle se soit définitivement débarrassée de l'intruse et qu'elle puisse recommencer à s'inquiéter de l'entrée qu'elle pourrait faire dans la grande salle. Scarlett se fit violence, incapable de se résoudre à repartir comme une voleuse, elle était la merveilleuse, sensationnelle, bellissime et fabuleuse Scarlett Levinson ce n'était pas un malheureux petit incident de ce genre qui allait la détrôner. Personne ne méritait autant qu'elle la place que la rouge et or occupait en ce moment, il était absolument hors de question qu'elle la cède aussi facilement et en plus à cause d'une bêtise dont elle n'était absolument pas responsable. La rouge et or prit donc son courage à deux mains et entra la tête haute dans la grande salle où plusieurs élèves étaient en train de déjeuner. Elle jeta un regard noir à un élève qui osa ricaner, conservant avec le plus grand calme toute la contenance qu'elle avait réussi à emmagasiner pour l'occasion. Cependant, elle fut sincèrement ravie d'apercevoir sa meilleure amie non loin de là, elle tombait bien, au moins, la poufsouffle ne se moquerait pas d'elle, elle n'en avait de toute façon pas les moyens, ce qui lui permettrait d'occulter la présence de tout élément perturbateur. Parfait.

« Eh ! Chérie ! Ca fait tellement plaisir de te voir ! Tellement plaisir ! »

Elle n'était pas la seule à avoir eu envie de tomber sur une tête connue visiblement. En même temps, à bien y réfléchir, il était étrange de voir la préfète des poufsouffles assise toute seule à une table, probablement désœuvrée. A croire que sa relation avec Scipion et les révélations de début d'année l'avaient totalement métamorphosée et pas en bien, du point de vue de la gryffondor. Elle n'avait pas pour habitude d'avoir à ses côtés une pauvre petite chose fragile à la place d'une meilleure amie au fort caractère qui ne se laissait jamais marcher sur les pieds. Scarlett commençait vraiment à avoir du mal à la reconnaître et même si elle continuait à espérer retrouver son amie d'avant, elle commençait sincèrement à désespérer de la revoir un jour. Toutefois, la jeune fille n'avait pas du tout l'intention de lâcher Sarah. Qu'elle soit différente ou non ne change rien à l'amitié qu'elle avait pour elle et même si la jaune et noire était beaucoup moins amusante qu'avant ça ne l'empêchait pas de continuer à beaucoup apprécier sa compagnie qui se faisait si rare ces temps-ci. En plus, elle l'aurait visiblement rien que pour elle pendant un moment puisque le match de quidditch qui était programmé pour début d'après-midi n'allait pas commencer dans les dix minutes. Elle n'aurait même pas à regarder une quelconque montre pour se tenir au courant, il suffirait de voir tous les élèves courir vers la sortie pour se précipiter vers les gradins pour savoir que le souafle n'allait pas tarder à être lancé. De toute façon, si le match devait être aussi peu intéressant que la dernière fois, personne ne verrait d'inconvénient à ce qu'elle arrive en retard, il n'y aurait personne à acclamer avant les cinq dernières minutes.

« Moi aussi Chérie ! C’est vrai que ça fait longtemps que je ne t’ai pas vue, tu ne viens pas au match n’est-ce pas ? » Demanda-t-elle en dévisageant la tenue de sa meilleure amie de haut en bas. « Tant pis, ça me fera moins de concurrence, j’aurais plus de chances de rentrer avec un joueur. »

Tout en parlant, la jeune fille commença à faire ses étirements en s’aidant du banc sur lequel était assise sa meilleure amie, laissant entrevoir à l’ensemble des élèves encore présent, la quasi-totalité de ses sous-vêtements à chaque fois qu’elle se baissait un peu trop bas. Evidemment, Scarlett feignait de ne rien remarquer mais ne pouvait s’empêcher de jeter de petits coups d’œil discrets de droite à gauche pour vérifier l’effet qu’elle faisait aux gens. Quand enfin elle fut satisfaite de son effet, elle prit place à côté de sa meilleure amie, ravie de pouvoir passer les quelques minutes qui lui restaient avant le match en si bonne compagnie. Que faisait Sarah ici si elle ne désirait pas assister au match ? Attendait-elle son cher et tendre Scipion ? La jeune fille ne se risqua pas à poser la question de peur de se retrouver confrontée à une déplaisante réalité. Au lieu de ça, elle se mit à pianoter gentiment sur la table, sans se départir de son sourire. Voilà un bon début d’après-midi, elle était heureuse de retrouver la poufsouffle même si elle ne regrettait absolument pas d’avoir enfin réintégré son dortoir. Le mois suivant les vacances de Noël lui avait paru interminable et elle était absolument ravie de ne plus avoir à rester dans la salle commune des poufsouffles qui était, d’après elle, beaucoup moins agréable que la sienne.

« J’ai commencé à regarder les appartements à côté de la maison de mon père, il y en a des pas mal. » Déclara-t-elle de but en blanc. « Si tu veux, tu peux venir passer le début de l’été chez moi, on ira les visiter ensemble et tu pourras choisir celui qui te plait le plus. Enfin, pour ça, il faut que j’ai mes examens de fin d’année, mais je travaille, je te le jure, j’ai trop peur de te laisser partir loin de moi, tu peux me croire. »

Scarlett avait commencé ses recherches dès le début de l'année scolaire, en réalité, très enthousiaste à l'idée de pouvoir construire un projet avec la personne qui comptait le plus dans sa vie. Cependant, avec tous les événements qui avaient eu lieu depuis la rentrée et également pendant leurs vacances au camping, la rouge et or n'était plus franchement sûre que tout ce que Sarah avait pu dire le jour de leur anniversaire soit encore valable et elle avait préféré garder toutes ces informations pour elle et ne pas se précipiter. Seulement, on était maintenant au deux tiers de l'année scolaire et avant que l'été arrive, elle aurait aimé savoir si oui ou non sa meilleure amie allait tenir parole. En retournant les différentes possibilités dans sa tête, Scarlett avait réussi à se convaincre qu'il était tout bonnement impossible que la jeune fille la lâche. Si elle lui avait parlé de son projet d'aller s'installer à Londres ce n'était probablement pas pour lui faire plaisir, mais surtout parce que c'était important pour ses études. Pouvoir être avec la gryffondor devait certainement être un simple bonus mais qui semblait non négligeable pour la jeune fille. Elle allait être obligée de vivre avec son odieuse belle-mère, miss perfection et son père pendant de trop longues années, elle allait certainement avoir besoin d'un endroit où se réfugier quand elle en aurait besoin et elle comptait bien sur la poufsouffle pour lui offrir l'hospitalité lorsqu'elle en aurait besoin. Ce tableau était trop idyllique pour qu'il soit irréalisable, ça ne pouvait pas se passer autrement.

« Ah oui, parce que je t’ai pas dit, j’ai été acceptée dans mon école de stylisme pour l’année prochaine, la directrice a dit que mon travail frôlait la perfection, tu te rends compte ?! » Expliqua-t-elle d’une voix rendue légèrement plus aigüe sous le coup de l’enthousiasme. « Mais par contre, ma mère m’a virée de chez moi et du coup, j’ai été obligée de demander à mon père de payer les frais de scolarité. Il a dit oui mais à condition que je vienne vivre avec lui, donc j’ai accepté, ça va être cool. »

Scarlett avait expliqué ça sur un ton neutre comme si toute cette histoire lui faisait ni chaud ni froid. En réalité, elle en avait bavé ces derniers jours, subissant tour à tour la culpabilité d’abandonner celle qui l’avait élevée et de fortes envies de meurtre à l’égard de son père. Cependant, elle n’en restait pas moins la fabuleuse Scarlett Levinson, ce genre de choses ne devait en aucun cas réussir à l’atteindre et elle était bel et bien décidée à démontrer par tous les moyens que c’était loin d’être le cas.

Sarah ne mit pas longtemps à remarquer que la Gryffondor portait sa tenue de Pompom Girl. Ca n'était pas étonnant en fin de compte. Ce n'était pas parce qu'elle avait préféré laisser tomber après le fiasco de la dernière fois que c'était le cas tout le monde. Et puis ça ressemblait tellement à Scarlett de se mettre sur le devant de la scène de cette manière que ça n'avait rien d'étonnant. Ce n'était pas comme si elle ne pouvait pas se le permettre, elle était suffisamment jolie pour prétendre au titre de Reine des Pompoms. Elle arriva à sa hauteur, visiblement contente de la voir, ce qui acheva de faire remonter en flèche sa bonne humeur disparue. En bonne pouffe qui se respectait, elle commença ses étirements avec une innocence toute particulière, attirant sur elle les regards de tous les garçons de la salle, faisant même recracher son jus de citrouille à un crétin de Gryffondor, Spencer d'après ce qu'elle voyait d'ici, un peu plus loin sur le banc. La Préfète ricana, non sans moquerie, tandis qu'il essuyait dans bien que mal les dégâts avec sa serviette. Elle semblait oublier qu'elle avait été dans le même cas au banquet de Noël de l'année précédente...

« Moi aussi Chérie ! C’est vrai que ça fait longtemps que je ne t’ai pas vue, tu ne viens pas au match n’est-ce pas ? Tant pis, ça me fera moins de concurrence, j’aurais plus de chances de rentrer avec un joueur. »

La blonde croisa les jambes, laissant sa jupe remonter légèrement sans prendre la peine d'y faire attention. Elle croisa les mains sur la table et observa sa meilleure amie terminer ses étirements, puis s'asseoir près d'elle. Alors comme ça, elle voulait rentrer avec un joueur ? Avait-elle seulement regardé la liste de ceux qui se trouveraient sur le terrain cet après-midi-là ? Visiblement pas, sans quoi jamais elle n'aurait émis une telle idée. Elle ricana gentiment avant de poser sur sa camarade un regard faussement compatissant, lui désignant d'un index parfaitement manucuré le rouquin en robe de Quidditch qui peinait toujours à effacer les traces de son accident. Elle reposa sa main sur la table et se mit à suivre avec désintérêt les rainures du bois. Ca lui faisait tellement plaisir de pouvoir enfin passer un peu de temps avec Scarlett ! Et dire qu'elle s'était imaginé qu'avec leur insigne commun, elle ne pourrait plus jamais s'en débarrasser... C'était à peine si elle parvenait à la voir deux fois dans la semaine... Et même si elle ne prendrait pas réellement le risque de le lui avouer, elle lui manquait affreusement. On était bien loin de leurs interminables journées passées à se moquer de tout et de tout le monde, inséparables... Vraiment bien loin... Etait-ce seulement possible que Scipion soit la cause de tous leurs maux ? Comment un seul garçon avait-il pu mettre tant de distance entre elles alors que le château tout entier n'y était jamais parvenu ? Enfin, pour l'instant elle était là, et elle avait mieux à faire que de se lamenter sur leur sort.

« Rentrer avec un joueur, vraiment ? Lequel ? Tu as plus l'embarras que le choix pour le coup. Ce n'est pas comme s'il y avait eu McGregor sur le terrain... Quick aurait pu être envisageable, si seulement il était moins stupide. Fitzgerald aurait dû le laisser se débrouiller. Alors voyons... Potter, Floyd, à moins que les rouquins à fuites remportent ta préférence ? Hmm... Compréhensible. Tellement sexy... » plaisanta t-elle alors qu'elle remplissait proprement son verre. « J'ai entendu dire qu'il avait des vues sur toi d'ailleurs. Tu n'imagines même pas comme je t'envie ! Même si j'avais été au match, crois-moi que je n'aurais pas chercher à te faire la moindre concurrence ! »

Elle rit joyeusement, avant de porter son breuvage à ses lèvres. Son verre tinta lorsqu'il retoucha la table mais elle n'y fit pas attention, se contentant d'essuyer du bout du doigt la goutte qui s'en était échappé. Si elle avait eu l'impression de toucher le fond quelques minutes plus tôt, c'était bien loin désormais. C'était comme si rien n'avait changé, comme si cette dernière année n'avait pas encore commencé. Elle rejeta en arrière ses mèches blondes, dans un geste aussi prétentieux que machinal. Son programme pour ce début d'après-midi s'annonçait en fin de compte bien mieux que ce qu'elle l'avait imaginé, ses exercices étaient remplacés par sa meilleure amie, et elle n'aurait plus qu'à se plonger dans son catalogue lorsqu'elle rentrerait à Poufsouffle. Le bal de fin d'année approchait à grand pas. Il lui faudrait une robe inoubliable pour ce dernier bal au château. A moins que...? Scarlett la tira finalement de ses pensées sans ménagement, mais elle ne lui en tint pas rigueur, posant sur elle un regard attentif et intéressé.

« J’ai commencé à regarder les appartements à côté de la maison de mon père, il y en a des pas mal. »

Sarah ouvrit de grands yeux, surprise par l'initiative de la Rouge et Or. Alors comme ça elle n'avait pas oublié ? Si pour elle, ça avait été un peu compliqué d'y croire réellement au début de l'année alors qu'elle imaginait un avenir incertain mais merveilleux dans les bras de Scipion, elle était finalement revenue un peu sur Terre depuis, plus encore après l'incendie. Ce qu'elle ressentait pour le Gryffondor n'avait pas changé, non, mais elle ne pouvait pas réellement renoncer à sa vie toute entière pour rester à attendre indéfiniment qu'il se souvienne qu'elle existait et qu'il daigne prendre cinq minutes pour le lui faire remarquer... Sa vie à lui semblait difficilement être compatible avec une quelconque vie de couple et si c'était pour voir son petit ami une fois toutes les trois semaines, elle préférait largement avoir autre chose à côté. Ils auraient tout le temps de se voir lorsqu'il lâcherait un peu ses magouilles pour s'intéresser à elle, si seulement il le faisait un jour, en attendant mieux valait finalement prévoir autre chose. Une autre chose qu'elle avait pris plaisir à envisager durant les vacances. D'ailleurs, elle avait commencé à reprendre sa vie en main, rattrapant le peu de retard qu'elle avait accumulé en cours en se laissant aller à flemmarder en se disant que ses ASPICs ne lui serviraient à rien pour partir en cavale, et s'était même convaincue de reprendre son projet professionnel là où elle l'avait laissé en Septembre.

« Si tu veux, tu peux venir passer le début de l’été chez moi, on ira les visiter ensemble et tu pourras choisir celui qui te plait le plus. Enfin, pour ça, il faut que j’ai mes examens de fin d’année, mais je travaille, je te le jure, j’ai trop peur de te laisser partir loin de moi, tu peux me croire. »

Elle avait vraiment une amie merveilleuse, la meilleure meilleure amie qu'on puisse rêver ça ne faisait aucun doute. Elle pouvait vraiment compter sur elle, et si ce n'était pas forcément la première fois qu'elle s'en rendait compte, elle était parvenue à en douter quelques fois. Elle culpabilisait désormais mais elle n'en fit rien paraître. Son sourire s'était agrandi tandis qu'elle hochait la tête, un peu hystérique sur les bords, sautillant gaiment sur son banc. Elle se retenait de se jeter au cou de la jeune femme tant elle était ravie de voir qu'elle n'avait pas eu, comme elle, l'intention de la laisser tomber. Quelle piètre amie elle faisait, tout de même... Heureusement que Scarlett ne semblait pas réellement en avoir conscience. Il fallait espérer que personne ne lui ferait jamais ouvrir les yeux sur le sujet. Elle ne voyait pas vraiment qui aurait pour intérêt de faire ça mais après tout, on ne savait jamais... Elle se savait ne pas avoir que des amis dans le château alors il valait mieux rester prudente.

« Ce serait génial ! Faudra qu'il te plaise un peu aussi, j'ai bien l'intention de te garder avec moi pour des week-ends entre filles. Par contre, j'aurais pas beaucoup de temps pour trouver, j'ai réussi à avoir un stage au Ministère, en Août. Ca va être déménagement express... Tu m'aideras ? Hein, dis moi que tu m'aideras ! Tu les auras tes examens Chérie, y'a pas de raisons. Si tu veux, on pourra aller travailler ensemble dans le parc de temps en temps, j'ai trouvé un coin sympa à l'ombre, près du lac. »

L'entendre dire qu'elle avait peur de la laisser partir loin l'avait fait rosir légèrement mais elle s'était rapidement repris, prenant un air vaguement touché mais sans trop laisser voir à quel point ça pouvait être le cas. Ce n'était certainement pas Scipion qui se serait allé à lui dire ça, il ne l'aurait même pas pensé d'ailleurs. Heureusement que Scarlett était là. Elle s'en voulait de l'avoir délaissé pendant un temps, même si depuis un moment il semblait que c'était plus l'habitude qu'autre chose qui parlait. Elles avaient finalement deux vies sensiblement différentes, c'était étonnant qu'elles parviennent finalement à rester amies malgré tout. Ce n'était pas la Poufsouffle qui allait s'en plaindre, c'était certain ! Elle finit par se calmer, rêvassant à l'appartement parfait, un dressing plein à ras-bord dans un coin, une salle de bain sans fin de l'autre... La présence de Scarlett hantant les lieux aussi souvent qu'elle le voudrait, et un possible animal pour combler le vide lorsqu'elle n'y serait pas. Un animal de compagnie ne valait pas sa meilleure amie, mais ça ferait une présence. Un truc dont il ne fallait pas trop s'occuper... Un rat ? Ca risquait de trop lui rappeler Ruby mais au moins, elle s'y connaissait un minimum en rat, elle en avait déjà eu un... Et puis c'était mignon les rats. Encore fallait-il qu'il soit bien élevé pour ne pas qu'il grignote tout sur son passage. Il devait bien avoir ça, à la Ménagerie Magique, des rats bien élevés...

« Ah oui, parce que je t’ai pas dit, j’ai été acceptée dans mon école de stylisme pour l’année prochaine, la directrice a dit que mon travail frôlait la perfection, tu te rends compte ?! »

Sarah battit des mains avec ravissement en poussant un petit cri enthousiaste avant d'enlacer la Gryffondor. Elle la lâcha presque aussitôt néanmoins. Quelle chance elle avait ! Bientôt, elle serait l'une des stylistes les plus connus de la capitale, et elle pourrait se venter de la connaître depuis des années. Et oui, elle aurait la génialissime Scarlett Levinson dans son entourage proche, si ce n'était pas merveilleux, ça. Ca ferait certainement bien des jalouses dans ses collègues de travail, c'était délicieux à imaginer ! Savoir qu'elle allait finalement faire ce qu'elle aimait la rendait heureuse pour elle. Plus qu'elle n'aurait pu le penser, en fin de compte.

« Je suis tellement contente pour toi, Scarlett ! C'est vraiment génial ! Mais tu aurais pu me le dire avant, que ma meilleure amie était un génie de la mode. J'aurais commencé à me faire envier du reste du monde depuis longtemps, tu t'en doutes. »

Bon, elle n'avait pas spécialement besoin de ça pour que le monde entier puisse l'envier mais tout de même, ça n'aurait fait que rajouter encore quelque chose à la liste déjà bien longue des raisons pour lesquelles on pouvait la jalouser. Les gens semblaient être passé à côté ces derniers temps mais ce n'était qu'une passade, ils réaliseraient bientôt de nouveau combien elle était merveilleuse et combien, dans le fond, ils l'enviaient tous autant qu'ils étaient. Toutefois, lorsque sa meilleure amie reprit la parole, son enthousiasme se brisa rapidement. Elle n'avait pas du tout envisagé ce côté-là de l'histoire et aurait presque préféré qu'on oublie de la mettre au courant...

« Mais par contre, ma mère m’a virée de chez moi et du coup, j’ai été obligée de demander à mon père de payer les frais de scolarité. Il a dit oui mais à condition que je vienne vivre avec lui, donc j’ai accepté, ça va être cool. »

La Préfète posa une main compatissante sur le bras de sa camarade, un sourire un peu désolé sur les lèvres. Bien sûr, elle n'y était pour rien mais quand même, la nouvelle l'attristait sincèrement. Elle préféra ne pas faire de commentaire sur le sujet, reprenant comme si elle ne lui avait jamais rien dit. Il fallait se réjouir de la bonne nouvelle, rien d'autre. Elle attrapa un autre verre et le remplit de jus de citrouille avant de le tendre à Scarlett, avec un sourire rayonnant.

« Ca aurait été mieux du champagne mais bon, on a que ça pour trinquer à ta future entrée dans ton école, alors on va faire avec ! A ma merveilleuse meilleure amie. » dit-elle en levant son verre, tout en riant légèrement.

« Rentrer avec un joueur, vraiment ? Lequel ? Tu as plus l'embarras que le choix pour le coup. Ce n'est pas comme s'il y avait eu McGregor sur le terrain... Quick aurait pu être envisageable, si seulement il était moins stupide. Fitzgerald aurait dû le laisser se débrouiller. Alors voyons... Potter, Floyd, à moins que les rouquins à fuites remportent ta préférence ? Hmm... Compréhensible. Tellement sexy... J'ai entendu dire qu'il avait des vues sur toi d'ailleurs. Tu n'imagines même pas comme je t'envie ! Même si j'avais été au match, crois-moi que je n'aurais pas chercher à te faire la moindre concurrence ! »

Sur ce coup-là, Sarah n'avait pas tort, les joueurs de cette année laissaient sacrément à désirer. Pas de bel homme musclé qu'elle pourrait tenter de séduire, simplement des petits bras mollasson incapable de tenir un souafle plus de quelques secondes sans le lâcher d'un seul coup et le rendre à l'équipe adverse. Le premier match de l'année n'avait pas été spécialement palpitant, considérant ce qu'il s'était passé dans la tribune des pompoms et ce que les joueurs leur avaient offert comme match. Ils ne leur en avaient pas mis plein la vue, c'était le moins qu'on puisse en dire, et ils s'apprêtaient désormais à remettre ça. Cependant, la rouge et or aimait l'idée de pouvoir, éventuellement, se trouver une cible parmi toutes les personnes qui seraient présentes au match. Elle ne voyait pas l'intérêt de revêtir une telle tenue si ce n'était pas pour flirter un peu avec les garçons qu'elle rencontrerait qu'ils soient au couple ou pas. Elle en avait marre de ses nunuches amoureuses qui semblaient s'être multipliées ces derniers temps, le plus drôle restait de voir les couples se déchirer et elle aimait leur donner un coup de main pour ça.

« J'ai pas besoin de quelqu'un d'intelligent, tu sais, le physique m'intéresse plus, mais bon, je laisse tomber Ryan quand même, je ne suis pas une grande adepte des lavettes. Je pensais plus à quelqu'un comme Elian à dire vrai, ou alors je trouverais bien un étudiant dans les gradins, il paraît qu'Enzo commence à se lâcher, j'aimerais vérifier s'il est aussi gay qu'il prétend l'être. Enfin, tu me connais, je trouve toujours une solution. Comment tu le sais pour Slevin ? »

Elle avait vraiment cru que Sarah s'était enfermée dans une grotte ces derniers temps... Elle ne voyait presque pas sa meilleure amie, alors évidemment elle n'aurait pas pu imaginer qu'elle suivait un tant soit peu l'actualité ou même qu'elle furetait un peu pour voir ce qui ne sautait pas spécialement aux yeux. Parce qu'en vérité, la rouge et or ne s'affichait pas vraiment avec Slevin, elle le retrouvait régulièrement, certes, mais elle ne faisait croire à personne qu'il était son petit ami, comme elle l'avait fait avec Logan. Et pour cause, le serdaigle ne rendait pas d'elle l'image qu'elle voulait donner, c'était un garçon mystérieux avec un esprit assez sombre finalement. Ils ne parlaient pas beaucoup, se contentant de passer de cours moment ensemble, mais les rares choses qu'elle apprenait sur lui laissaient penser qu'il n'était pas vraiment quelqu'un de bien ou qu'il avait des idées peu habituelles, un peu dérangeantes peut-être. C'était assez vague comme opinion, mais elle avait du mal à cerner le serdaigle pour le moment, et elle n'arriverait sûrement jamais à comprendre qui il était véritablement. Mais peu importait, tout ce qui l'intéressait dans cette histoire était l'aspect physique et pour l'instant, ça lui convenait fort bien, il était juste étonnant que Sarah en ait eu vent.

« Ce serait génial ! Faudra qu'il te plaise un peu aussi, j'ai bien l'intention de te garder avec moi pour des week-ends entre filles. Par contre, j'aurais pas beaucoup de temps pour trouver, j'ai réussi à avoir un stage au Ministère, en Août. Ca va être déménagement express... Tu m'aideras ? Hein, dis moi que tu m'aideras ! Tu les auras tes examens Chérie, y'a pas de raisons. Si tu veux, on pourra aller travailler ensemble dans le parc de temps en temps, j'ai trouvé un coin sympa à l'ombre, près du lac. »

Des week-end entre filles, le rêve. Scarlett n'avait aucun mal à se projeter dans cet avenir merveilleux que lui faisait miroiter la jeune fille. Elle se voyait déjà, assise sur le canapé, en train d'hésiter entre un vernis rouge vif et un vernis rouge sombre pendant que sa meilleure amie lui raconterait les derniers potins du ministère. Elles se moqueraient ensemble de la petite femme un peu ronde qui s'était permis de la réprimander pour sa jupe un peu trop courte et casserait du sucre sur le dos de la fille qui avait osé dire à Scarlett que l'ourlet de sa nouvelle jupe n'était pas assez bien réussi. Bref, elles auraient une vie merveilleuse et rien ni personne ne pourrait les séparer. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle n'avait aucun mal à imaginer Scipion, faisant parti de ce tableau. Elle savait qu'ils continueraient à se voir, mais elle n'avait pas l'impression qu'elle pourrait perdre sa place de privilégiée pour autant. C'était sans doute l'euphorie du moment qui la faisait un peu délirer, mais pour une fois, la jeune fille avait l'impression que tous les problèmes qu'elle avait cru entrevoir n'étaient en réalité que dans sa tête et ça lui faisait beaucoup de bien. Scarlett n'avait pas été aussi sereine depuis une éternité.

« Bien sûr que je t'aiderais ! Ça va être tellement géniale ! Bravo pour ton stage, ma meilleure amie va devenir quelqu'un d'important, je vais pouvoir me la raconter, c'est trop cool ! » Débita-t-elle sans prendre le temps de reprendre ton souffle. « Oui, je pense qu'on devrait faire ça pendant les révisions, je peux pas me permettre d'échouer, je ne veux pas gâcher l'avenir merveilleux qu'on pourrait avoir ensemble. »

Bientôt, elles auraient terminé leurs études à Poudlard et contrairement à d'autres élèves qui tâtonnaient encore, elles avaient déjà trouvé leurs voies. Elles savaient toutes les deux de quoi l'avenir seraient fait et ce n'était pas donné à tout le monde. Encore une preuve qu'elles surpassaient encore et toujours le commun des mortels, qu'elles soient des filles branchées et populaires ou des intellos, le nez dans les bouquins. Elles allaient toutes les deux prendre des chemins différents et c'était étonnant compte tenu du fait qu'elles avaient eu pendant de longues années des personnalités quasi similaires, mais quand on savait tout ce que Sarah avait dissimulé pendant ce même laps de temps, ce n'était pas si étrange que ça, en vérité. Il fallait qu'elle se fasse à l'idée que sa meilleure amie était certainement plus douée qu'elle pour utiliser sa tête et qu'une carrière au sein du ministère était probablement ce qui pouvait lui arriver le mieux. Depuis combien de temps rêvait-elle d'y entrer ? La rouge et or n'en savait trop rien, elle avait tant de choses nouvelles à apprendre sur la poufsouffle. Désormais, elle n'avait plus aucune raison de lui cacher quoi que ce soit.

« Je suis tellement contente pour toi, Scarlett ! C'est vraiment génial ! Mais tu aurais pu me le dire avant, que ma meilleure amie était un génie de la mode. J'aurais commencé à me faire envier du reste du monde depuis longtemps, tu t'en doutes. »

La rouge et or gloussa, trop heureuse que sa meilleure amie ait accepté si facilement son secret. Elles n'avaient pas eu l'occasion de se voir vraiment souvent depuis qu'elles étaient entrées à Poudlard. Scarlett avait imaginé qu'elle passait tout son temps libre avec Scipion et le reste à travailler à la bibliothèque maintenant que tout le monde savait qu'elle avait besoin de potasser ses cours pour obtenir des notes potables. Cependant, en revoyant le rouge et or, il n'y avait pas si longtemps que ça, elle avait cru comprendre qu'en réalité, ils n'étaient pas aussi souvent ensemble qu'elle l'avait imaginé. Scipion avait enfin repris ses petites magouilles, délaissant très certainement sa petite amie pour quitter un peu le monde des Bisounours. Finalement, elle n'avait pas à chercher très loin pour savoir comment provoquer sa perte, il était assez grand pour lui faire tout seul et sa stupidité la servirait tôt ou tard. Bien sûr, tout n'était pas terminé, Sarah était toujours avec lui et elle ne pouvait pas faire en sorte que leur relation se termine. Mais peu importe, tant que sa meilleure amie revenait.

« Ça aurait été mieux du champagne mais bon, on a que ça pour trinquer à ta future entrée dans ton école, alors on va faire avec ! A ma merveilleuse meilleure amie. »

La rouge et or saisit son verre, heureuse que tout soit de nouveau comme elle l'avait toujours voulu. Elles allaient trinquer, papoter, échanger les derniers potins comme si elles ne s'étaient pas éloignées, déchirées, trahies pendant des mois et des mois. Maintenant, tout allait rentrer dans l'ordre et même si Scarlett n'avait pas apprécié cette longue et douloureuse dispute, elle avait l'impression que ça avait fini par les rapprocher, finalement. Au moins, elle savait que leur relation n'était pas uniquement basée sur des sentiments superficiels et une envie de surpasser l'autre en permanence. Elle aimait savoir qu'elle avait quelqu'un sur qui elle pourrait compter, quelqu'un à qui elle pourrait confier ses secrets... Jamais elle n'avait imaginer qu'elle puisse dire à qui que ce soit ce qu'il se passait avec sa famille sans craindre que l'information soit divulguée au château tout entier. Mais maintenant, elle avait pleinement confiance en la poufsouffle. Après tout, Sarah n'avait pas renoncé à leur vie future quels que soient les obstacles qu'elles aient pu rencontrer, c'était sans doute bon signe.

« A notre avenir ensemble. » Déclara-t-elle solennellement avant d'engloutir son verre d'une traite.

Cette journée était bien mieux que ce qu'elle avait pu imaginer. Après tout ce qu'il s'était passé avec Sarah, elle n'avait pas imaginer que les choses puissent devenir aussi... Normales entre elles. Scarlett avait regretté que les choses ne soient plus aussi simples entre elles et avait cherché tous les moyens possibles et imaginables à récupérer le bonheur qu'elle avait perdu. Jamais elle n'avait pensé que ça aurait pu être aussi facile, mais elle n'en était que plus ravie. Elle avait retrouvé sa Chérie à présent et elle n'avait pas l'intention de la perdre de nouveau.

« J'ai pas besoin de quelqu'un d'intelligent, tu sais, le physique m'intéresse plus, mais bon, je laisse tomber Ryan quand même, je ne suis pas une grande adepte des lavettes. Je pensais plus à quelqu'un comme Elian à dire vrai, ou alors je trouverais bien un étudiant dans les gradins, il paraît qu'Enzo commence à se lâcher, j'aimerais vérifier s'il est aussi gay qu'il prétend l'être. Enfin, tu me connais, je trouve toujours une solution. Comment tu le sais pour Slevin ? »

Sarah gloussa à la première phrase de sa meilleure amie. Aussi méchant que ça puisse être, quoi qu'encore c'était plus réaliste qu'autre chose, elle avait bien compris que l'intelligence ne faisait pas partie des critères de sélection qu'elle pouvait avoir mis en place pour le choix de ses proies. Ca n'avait rien d'étonnant et personne dans cette école ne devait croire qu'elle ait pu un jour chercher à viser aussi haut. Enfin, elle pouvait parler mais elle n'était pas forcément la mieux placée pour critiquer. Elle avait beau aimé Scipion, il n'avait certainement pas une chaise à son nom dans les hautes sphères du gratin intellectuel de Poudlard, elle en était plus que consciente. Il avait un million d'autres qualités, mais certainement pas celle de savoir se servir correctement de sa tête... Cependant, la question qui ponctua la tirade de la Gryffondor l'interpella davantage encore que toutes les histoires sur Ryan ou Enzo... Un sourire intéressé étira alors les lèvres de la blonde qui se pencha légèrement dans la direction de sa camarade, comme pour l'inciter à se laisser aller aux confidences.

« J'entendais simplement qu'il était de loin le mâle le plus attirant de nos équipes et qu'il était bien dommage que tu ne puisses pas rentrer avec lui après le match, rien de plus. Je ne crois pas qu'il faille des diplômes à la pelle pour s'en rendre compte. Par contre toi... Tu sembles avoir des choses à dire. Qu'est-ce qui se passe, donc, avec Slevin ? Tu as réussi à le prendre dans ton filet ? »

Comment avait-elle pu imaginer un seul instant qu'elle eut su quoi que ce soit sur le pauvre McGregor, qu'elle ne connaissait simplement que par son physique on ne pouvait plus attractif ? Elle ne lui parlait pas, et ne parlait d'ailleurs pas à grand monde en général, si bien que les seules rumeurs qu'elle était capable d'intercepter, quand elle ne prenait pas la peine de les lancer pour occuper cinq minutes entre deux devoirs, étaient celles que répétaient inlassablement les gamines de deux ou troisième année que ce soit dans les couloirs ou à la bibliothèque. Et autant dire que ce n'était pas du très haut niveau ! Aucune d'entre elles ne mentionnait Scarlett, à la différence de Slevin qui semblait être le chouchou des moins de quinze ans tant il apparaissait couronné d'amourettes sans importance et de groupies par millier... Il était certainement très difficile pour sa meilleure amie d'être passée à côté, elle qui savait tout sur tout le monde avant même que la personne en question ne le sache elle-même. Etait-ce pour ça qu'elle l'avait choisi ? Pour se prouver qu'elle n'avait aucune concurrence ? Mais comment la concurrence de gamines de treize ans à peine pouvait-elle l'inquiéter ? Il y avait sûrement autre chose derrière tout ça, une autre chose dont elle ne savait rien... Ce qui l'enquiquinait d'ailleurs, et dont elle avait bien l'intention d'en apprendre davantage avant la fin de cette entrevue. Elle en avait bien trop dit pour se taire maintenant, il lui fallait désormais tout lâcher, c'était mieux pour tout le monde. Et puis, ne se faisaient-elles pas confiance maintenant ? Ce n'était pas une histoire de coeur, ce qui était bien haut pour qualifier une histoire comprenant Scarlett, qui allait changer la donne !

« Bien sûr que je t'aiderais ! Ça va être tellement géniale ! Bravo pour ton stage, ma meilleure amie va devenir quelqu'un d'important, je vais pouvoir me la raconter, c'est trop cool ! Oui, je pense qu'on devrait faire ça pendant les révisions, je peux pas me permettre d'échouer, je ne veux pas gâcher l'avenir merveilleux qu'on pourrait avoir ensemble. »

Le sourire de la Poufsouffle s'agrandit. Elles allaient passer plus de temps encore que ces dernières années, elles vivraient pratiquement sous le même toit parce qu'il y avait fort à parier qu'elles auraient bien dû mal à se voir uniquement le week-end, partageraient tout plein de choses et auraient le meilleur avenir qu'elle n'aurait jamais pu espérer, bien loin des risques et des idioties qu'elle avait entraperçus avec Scipion. En plus, la belle Levinson venait d'accepter de passer une partie de ses révisions en sa compagnie, ce qui allait les rapprocher davantage. A ce train-là, elles ne se quitteraient plus et cette perspective était on ne pouvait plus rassurante. Qu'elle lui avait manqué depuis leur dispute de l'année précédente ! Elles avaient mis bien du temps à retisser de vrais liens, mais maintenant que c'était fait, elle n'avait pas l'intention de la laisser filer de nouveau. Et dire que quelques dizaines de mois plutôt, elle aurait donné n'importe quoi contre la promesse que jamais Scarlett ne ferait partie de sa vie d'adulte... Qu'il était bien loin ce temps-là, que les choses avaient changé depuis ! Elle était loin de s'en plaindre, c'était les meilleurs changements qu'elle pouvait espérer. Tout était rentré dans l'ordre et rien ne pourrait plus jamais mettre la zizanie entre elles. Si elles avaient surmonté cette crise, elles les surmonteraient toutes, ça ne faisait pas le moindre doute.

« A notre avenir ensemble. »

Sarah rougit légèrement avant de vider son verre à son tour. Et dire qu'elle avait failli passer à côté de tout ça... Qu'elle aurait été stupide ! Elle ne regrettait pas l'aparté qu'elle s'était offert avec le jeune homme mais laisser toute sa vie à sa merci aurait été la pire bêtise de son existence, pour preuve ; il peinait à donner signe de vie, comme si ses magouilles comptaient plus qu'elle. Etait-elle encore en mesure d'en douter ? Probablement pas... Si elle ne remettait pas réellement en cause ce qu'il disait ressentir pour elle, elle ne pouvait que poser un point d'interrogation sur sa capacité à avoir une vie sentimentale stable et réelle. Elle n'avait jamais été une grande habituée des relations amoureuses mais elle avait été prête à faire tous les efforts du monde pour ne plus jamais avoir à le quitter... Enfin, il fallait croire qu'ils étaient trop jeunes pour que ça fonctionne réellement. Rien n'était forcément fichu mais les rêveries des premiers jours s'étaient enfuies depuis longtemps... Elle reposa son verre sur la table dans un tintement distrait tandis qu'elle reposait son regard clair sur la jeune femme.

« Au fait, comment s'est passé ton entretien avec ton école ? T'as présenté quoi ? Tu m'as rien dit du tout, raconte moi ! »

« J'entendais simplement qu'il était de loin le mâle le plus attirant de nos équipes et qu'il était bien dommage que tu ne puisses pas rentrer avec lui après le match, rien de plus. Je ne crois pas qu'il faille des diplômes à la pelle pour s'en rendre compte. Par contre toi... Tu sembles avoir des choses à dire. Qu'est-ce qui se passe, donc, avec Slevin ? Tu as réussi à le prendre dans ton filet ? »

Ah mince, donc elle ne savait rien. D’un autre côté, ce n’était pas comme s’ils s’étaient affichés officiellement ensemble, elle en avait totalement conscience, mais elle savait que Sarah était douée pour s’intéresser aux petits détails sans en avoir l’air et être au courant de plein de choses avant que l’école toute entière ne parle de ça, la plupart du temps parce qu’elle s’était chargée elle-même de divulguer la rumeur. Cependant, elle n’avait jamais eu l’intention de lui cacher quoi que ce soit à ce sujet, aussi était-elle ravie de pouvoir lui relater en détail cette nouvelle aventure, qu’elle n’avait pas vraiment cherchée. Entre Slevin et elle, tout était allé très vite, peut-être même trop vite, puisqu’ils n’avaient pas échangés trois mots avant de se retrouver dans les bras l’un de l’autre. Mais la rouge et or s’en fichait, elle aimait cette relation un peu « je t’aime moi non plus », elle était sûre qu’il n’y aurait aucun attachement et qu’ils pourraient continuer à jouer au chat et à la souris sans risquer de faire souffrir l’autre. Quoi qu’il puisse se passer entre eux, leur « histoire » finirait bien et elle trouvait ça plutôt pas mal. Elle ne rencontrait pas des garçons comme ça tous les jours, et c’était bien dommage.

« Tu sais que j’adore me vanter, mais sur ce coup-là, je n’ai pas eu à déployer une imagination débordante pour parvenir à mes fins. Il était déjà plus qu’intéressé la première fois qu’on a discuté et ça s’est un peu terminé en séance de bouche-à-bouche, enfin, tu vois le genre. » Expliqua-t-elle comme si elle parlait de la pluie et du beau temps. « Mais avec toutes les rumeurs qui parlent de lui, je ne sais pas trop ce qu’il va se passer, il parait qu’il drague les gamines de treize ans et même si j’ai du mal à y croire, les pédophiles c’est pas trop mon truc. Ah et il y a cette poufsouffle qui le traque aussi, cette… Leila, je crois ? Une vraie psychopathe cette fille, j’ai presque peur qu’elle me tue dans mon sommeil. »

Franchement, le fait d’avoir de la concurrence ne lui faisait ni chaud ni froid, surtout cette concurrence là. En plus, dans sa tête, ce n’était pas vraiment des adversaires puisqu’elle n’était pas officiellement avec Slevin. Elle s’était simplement contentée de passer un peu de bon temps avec le jeune homme, loin de vouloir se l’approprier. Ils convenaient ensemble d’un moment pour qu’ils puissent se retrouver, jonglant habilement avec les obligations des uns et des autres sans jamais se prendre la tête. S’il ne pouvait pas, il ne pouvait pas, elle ne lui demandait rien, ne cherchait pas à savoir ce qu’il avait de mieux à faire que de passer du temps avec elle et appréciait qu’il agisse exactement de la même façon. Tout compte fait, elle avait peut-être eu de la chance de ne jamais réussir à obtenir Alexander. Certes, c’était un beau garçon, mais il réfléchissait beaucoup trop et elle se serait probablement rapidement lassée d’une relation où elle aurait dû jouer les hypocrites en permanence. C’était un peu étrange venant de la fille la plus fausse de l’école, mais elle était plutôt naturelle lorsqu’il s’agissait de Slevin et appréciait ce genre de changement aussi rare soit-il.

« Attends une minute, si tu vas au ministère, tu vas devoir porter un tailleur ? Oh mon Dieu, ça va être trop drôle, j’espère que tu m’autoriseras à faire les boutiques avec toi pour qu’on le choisisse ensemble. » Demanda la jeune fille, soudain inquiète à l’idée d’être exclue d’une étape aussi importante de la vie de sa meilleure amie. « De toute façon, tu pourrais même te balader nue que tu ne serais pas aussi pitoyable que cette pauvre Hailey, des vergetures, non mais tu te rends compte ? Bon, d’accord, c’est moi qui ai inventé la rumeur, mais vu ce qu’elle m’a dit au dernier match, cette petite peste, elle le méritait amplement. D’ailleurs, j’espère que celui d’aujourd’hui sera mieux que le précédent, avec Hecate qui ne sait pas tenir une batte correctement et Euprhasia qui donne des pots de vins pour devenir capitaine, c’est plus une école, c’est… J’ai même pas les mots, franchement, j’ai hâte qu’on soit loin d’ici. »

Reprendre le cours normal de sa vie, pouvoir casser du sucre sur le dos des élèves pendant que sa meilleure amie l’écoutait attentivement, ou au contraire, tenter d’emmagasiner un maximum d’informations sur les cancans du château qui n’étaient pas parvenus jusqu’à ses oreilles, c’était tout ce que Scarlett demandait. Certes, leur relation avait évolué ces derniers temps, elles s’étaient rapprochées, puis éloignées, mais elle avait la nette impression que tout pouvait encore rentrer dans l’ordre et que leur nouvelle relation serait même mieux que l’ancienne, simplement parce qu’elles pourraient laisser de côté tous les secrets et les mensonges. Elle avait enfin retrouvé sa meilleure amie, la jeune fille qui n’avait pas l’air de s’ennuyer à mourir quand elle parlait, celle qui se montrait enthousiaste dès qu’il s’agissait de faire « des trucs de filles », qui ne refusait jamais une opportunité de pouvoir s’exhiber. Certes, Scipion était dans sa vie, à présent, et elle ne pouvait pas faire comme si de rien n’était, mais ça ne voulait pas dire qu’elle devait changer pour lui, le jeune homme ne s’était pas gêné pour reprendre ses anciennes activités sans chercher à savoir si elle les approuvait ou non.

« Au fait, comment s'est passé ton entretien avec ton école ? T'as présenté quoi ? Tu m'as rien dit du tout, raconte moi ! »

Oulala, ça allait être un long récit et Scarlett avait bien conscience d’être en train de monopoliser la conversation. Tant pis, Sarah avait l’air de vouloir sincèrement connaitre ce qu’elle avait vécu et elle était contente de pouvoir enfin en parler à quelqu’un. Depuis le début de l’année, elle avait enchainé les démarches administratives, priant pour être reçue dans les établissements dans lesquels elle postulait. Elle avait demandé une place à l’étranger, pensant que son français pourrait l’aider à faire plus facilement à se faire une place dans ce monde, tout en sachant pertinemment qu’elle n’avait aucune envie de quitter sa vie londonienne. Finalement, toute l’énergie qu’elle avait dépensé dans cette histoire n’avait pas été inutile, loin de là, Scarlett avait appris peu de temps qu’elle était conviée à passer des examens d’entrée dans plusieurs écoles et malgré deux refus qui lui avaient semblé, sur le coup, insurmontable, elle avait la nette impression de s’en être plutôt bien sortie. Elle avait choisi l’école qu’elle préférait, celle qui avait toujours été en tête de sa liste et elle ne regrettait rien. Bientôt, elle aurait une vie merveilleuse et Sarah en ferait bien sûr partie.

« Oh bah en fait, j’ai d’abord passé un concours sur le thème « retombez en enfance ». Du coup, j’ai eu l’idée de confectionner des vêtements de poupée, et honnêtement, c’est presque plus dur que ceux que je fais habituellement, il faut être beaucoup plus minutieux pour les détails. Bref, les meilleurs passaient un entretien de motivation, évidemment, j’étais sur la liste. En même temps, la fille qui était à côté de moi a fait des vêtements en bonbons à son mannequin, je crois que je n’avais pas trop de soucis à me faire. Bon, tu te doutes bien que je n’ai pas trop joué la carte de la franchise, j’ai fait des sourires, ouvert un bouton sur mon T-shirt et expliqué à quel point j’étais motivée et voilà. Je crois qu’on ne se refait pas. » Dit-elle simplement. « Bon, je parle, je parle, mais toi tu ne dis rien, je veux tout savoir, déjà, c’est quoi cette histoire avec Londubat, t’es un peu comme la vierge Marie, je vois pas trop ce qu’ils peuvent te reprocher ? Et avec ton amoureux, vous avez prévu un truc pour les vacances ? »

Scarlett était tellement heureuse qu’elle peinait à contenir le flot de parole qui se déversait. Elle avait tellement de questions à poser, tellement de choses à savoir sur sa meilleure amie. Quelqu’un, qui ne les connaitrait pas, aurait certainement pu croire sans problème qu’elles n’avaient pas eu de nouvelles l’une de l’autre depuis des années. Tant pis si elle devait louper le début du match, une star se faisait toujours désirer de toute façon et elle aurait beaucoup aimé voir le visage paniqué de ses coéquipières lorsqu’elles se rendraient compte de l’absence de leur leader.

Spoiler:

« Tu sais que j’adore me vanter, mais sur ce coup-là, je n’ai pas eu à déployer une imagination débordante pour parvenir à mes fins. Il était déjà plus qu’intéressé la première fois qu’on a discuté et ça s’est un peu terminé en séance de bouche-à-bouche, enfin, tu vois le genre. Mais avec toutes les rumeurs qui parlent de lui, je ne sais pas trop ce qu’il va se passer, il parait qu’il drague les gamines de treize ans et même si j’ai du mal à y croire, les pédophiles c’est pas trop mon truc. Ah et il y a cette poufsouffle qui le traque aussi, cette… Leila, je crois ? Une vraie psychopathe cette fille, j’ai presque peur qu’elle me tue dans mon sommeil. »

Ainsi, le séduisant Slevin s'intéressait depuis un moment à la Gryffondor ? Ca n'avait rien de très étonnant dans le fond, qui ne s'y intéressait pas ? Elle était convaincue que même les plus insignifiants élèves du château avaient un jour ou l'autre posé un regard envieux sur sa meilleure amie. Mais tout de même, de là à finir par un échange salivaire dans les règles... Enfin, ça lui ressemblait parfaitement, il fallait bien le dire. Quiconque entendrait cette histoire hocherait la tête avec un air entendu et une moue désapprobatrice de circonstance, comme si tout ce que pouvait faire Scarlett tenait du mal. Elle ne piquait le copain de personne, ne rendait pas cocue un pauvre garçon sans défense, bref, elle était libre de ses faits et gestes, aussi discutables soient-ils. Une lueur surprise traversa les yeux clairs de la Poufsouffle en entendant les derniers mots de la jeune femme. Alors comme ça, la Grande Scarlett Levinson pouvait avoir peur de quelqu'un dont elle ignorait presque tout ? C'était étrange... Inattendu en tout cas. Elle haussa légèrement les épaules alors que ses doigts suivaient avec négligence les rainures du bois.

« McFadyen n'est pas une psychopathe, elle n'est pas grand chose pour être honnête. Elle est asociale, solitaire, invisible presque. Je doute qu'elle puisse faire du mal à qui que ce soit d'autre qu'elle-même. » expliqua t-elle avant de baisser la voix, comme pour lui confier un secret. « On dit qu'elle se blesse volontairement pour avoir des raisons d'aller à l'infirmerie. Elle serait en manque d'attention ou quelque chose comme ça... Elle est folle, mais je ne pense pas qu'elle soit dangereuse. »

A vrai dire, elle ne se souvenait pas avoir adressé la parole rien qu'une fois à cette Leila, mais elle la savait de chez eux, c'était à peu près tout ce dont elle savait sur son compte d'ailleurs mais ça lui suffisait visiblement largement pour réussir à en faire son portrait, quelque peu détérioré peut-être, mais tellement révélateur ! Elle se basait principalement sur des bruits de couloirs mais n'était-ce pas là la seule chose réelle de cette école ? Si on pouvait cacher son jeu pendant des années, ce dont elle était particulièrement consciente et bien placée pour savoir, on ne pouvait se défaire de l'impression qu'on donnait aux autres, et cette réputation était là tout ce qui comptait dans la vie en communauté. Si cette fille n'avait pas d'ami, c'était parce qu'elle n'était pas capable de faire naître chez eux l'envie de la connaître, quelque soit le moyen pour y arriver. La pauvre avait encore beaucoup à apprendre mais elle ne se sentait pas de perdre le temps qu'il faudrait à la former. Scarlett, peut-être, prise d'une envie de bienfaisance, s'en donnerait à coeur joie, mais après tout ça ne la regardait pas. Sa meilleure amie était suffisamment grande pour faire ce que bon lui semblait, on racontait d'ailleurs qu'elle s'était attachée à Mayfair, qui n'avait strictement d'attachant soit dit en passant.

« Attends une minute, si tu vas au ministère, tu vas devoir porter un tailleur ? Oh mon Dieu, ça va être trop drôle, j’espère que tu m’autoriseras à faire les boutiques avec toi pour qu’on le choisisse ensemble. De toute façon, tu pourrais même te balader nue que tu ne serais pas aussi pitoyable que cette pauvre Hailey, des vergetures, non mais tu te rends compte ? Bon, d’accord, c’est moi qui ai inventé la rumeur, mais vu ce qu’elle m’a dit au dernier match, cette petite peste, elle le méritait amplement. D’ailleurs, j’espère que celui d’aujourd’hui sera mieux que le précédent, avec Hecate qui ne sait pas tenir une batte correctement et Euprhasia qui donne des pots de vins pour devenir capitaine, c’est plus une école, c’est… J’ai même pas les mots, franchement, j’ai hâte qu’on soit loin d’ici. »

Un tailleur ? Par Merlin, oui ! Ce détail ne lui avait absolument pas traversé l'esprit et elle s'imaginait sans mal aller se balader dans les couloirs du Ministère affublée de ses habituelles mini-jupes et tout ce qui allait avec. Un tailleur... C'était le ciel qui lui tombait sur la tête, et l'air complètement dépité qui venait de se peindre sur son visage n'en laissait pas le moindre doute. Nom d'un Doxy enragé, un tailleur... Elle finit toutefois par se reprendre, feignant de n'être jamais passée à côté d'un tel changement et hocha la tête avec un aplomb un peu trop feint pour sembler réel mais elle s'en fichait, au point où elle en était de toute manière. Elle allait prendre dix ans rien qu'en enfilant cette chose. Et dire qu'elle était sur le point de ressembler à sa mère, si celle-ci s'était donné la peine de travailler un jour. Elle n'en était vraiment pas pressée en fin de compte. La suite la fit sourire, éloignant d'elle les images affreuses d'un miroir lui renvoyant le reflet détestable de sa génitrice. Heureusement que Scarlett était là, tout de même !

« Bien sûr que tu pourras venir ! J'aurais bien besoin de ton avis, c'est toi la grande styliste de nous deux. C'est toi qui as inventé la rumeur ? Alors ce n'est pas vrai ? Je le pensais pourtant... Si elle est vraiment enceinte, ça ne mettra pas longtemps à devenir réalité. Comment peut-on réellement s'approcher de Spencer, j'aurais trop peur qu'il soit contagieux. »

Enfin, après tout, peut-être que cette histoire d'enfant était inventée également...? Elle ne connaissait Rosebury que de nom mais l'imaginait assez mal suffisamment stupide pour tomber enceinte d'une horreur pareille. C'était même plus de la stupidité à ce niveau-là, mais carrément du suicide. Pauvre môme, tout de même... N'avait-elle pas eu honte d'infliger ça à un enfant même pas encore conçu ? Avec un géniteur pareil, il risquait largement de passer sa vie à Saint-Mangouste pour de graves troubles psychologiques... Enfin, ça ne la regardait pas, après tout, chacun était libre de faire ce qu'il voulait, même si c'était de repeupler la Terre avec des versions miniatures d'Elephant-Man... Peut-être avait-elle pour but de se faire embaucher dans un cirque ? Dans un tel cas, elle pourrait prendre avec elle toute sa petite famille sans le moindre soucis. Les monstres étaient toujours bien acceptés dans ce genre d'endroit.

« Oh bah en fait, j’ai d’abord passé un concours sur le thème « retombez en enfance ». Du coup, j’ai eu l’idée de confectionner des vêtements de poupée, et honnêtement, c’est presque plus dur que ceux que je fais habituellement, il faut être beaucoup plus minutieux pour les détails. Bref, les meilleurs passaient un entretien de motivation, évidemment, j’étais sur la liste. En même temps, la fille qui était à côté de moi a fait des vêtements en bonbons à son mannequin, je crois que je n’avais pas trop de soucis à me faire. Bon, tu te doutes bien que je n’ai pas trop joué la carte de la franchise, j’ai fait des sourires, ouvert un bouton sur mon T-shirt et expliqué à quel point j’étais motivée et voilà. Je crois qu’on ne se refait pas. Bon, je parle, je parle, mais toi tu ne dis rien, je veux tout savoir, déjà, c’est quoi cette histoire avec Londubat, t’es un peu comme la vierge Marie, je vois pas trop ce qu’ils peuvent te reprocher ? Et avec ton amoureux, vous avez prévu un truc pour les vacances ? »

Sarah écouta sa meilleure amie lui raconter son entretient avec de grands yeux émerveillés, mais elle se rembrunit néanmoins lorsque la conversation tourna et s'arrêta sur elle. Elle fit un geste dédaigneux de la main, comme si tout cela n'avait pas d'importance avant de se raviser, imaginant sans mal que Scarlett ne laisserait pas tomber l'affaire aussi facilement et qu'elle la traquerait nuit et jour dans l'espoir d'avoir une réponse, aussi insignifiante soit-elle. Et bien soit, elle l'aurait. Ses doigts stoppèrent leur étrange danse sur le bois de la table, ses mains se firent plus nerveuses tandis qu'elle tâchait de paraître totalement désintéressée par tout ça. Au fond, elle s'en voulait un peu, mais elle n'y pouvait pas grand chose. Toutes les fautes ne lui appartenaient pas et elle en avait bien conscience mais cette fois, se dédouaner d'une partie des responsabilités ne l'empêchait pas de culpabiliser...

« Soit-disant que je couchai avec lui pour obtenir des notes correctes. Je sais que la rumeur a couru un long moment et que j'ai jamais démenti, mais il ne l'a pas fait davantage... Je ne suis pas stupide, j'aurais été dans son sens s'il l'avait fait. Je finis par croire que ça devait être flatteur pour lui, finalement. Enfin, il paraît qu'il a donné sa démission à cause de cette histoire. Ce n'est pas vraiment de ma faute, si ? Quant à Scipion, j'aimerais bien qu'on prévoit un truc pour avant les vacances, avant de voir aussi loin... Je crois qu'il préfère sa vie de célibataire à toute autre chose, tu vois... J'ai dû mal à me faire offrir cinq minutes de son précieux temps, en ce moment. »

« McFadyen n'est pas une psychopathe, elle n'est pas grand-chose pour être honnête. Elle est asociale, solitaire, invisible presque. Je doute qu'elle puisse faire du mal à qui que ce soit d'autre qu'elle-même. On dit qu'elle se blesse volontairement pour avoir des raisons d'aller à l'infirmerie. Elle serait en manque d'attention ou quelque chose comme ça... Elle est folle, mais je ne pense pas qu'elle soit dangereuse. »

Folle mais pas dangereuse ? Sarah avait une façon très étrange de voir les choses. Cette fille pouvait se montrer particulièrement imprévisible et nul ne savait si l’envie ne lui prendrait pas de sortir un couteau de son sac et de s’attaquer à tous les élèves d’une salle de classe. Lorsqu’elle regardait la télévision chez sa mère, la rouge et or entendait bien assez d’histoires sordides sur des adolescents mal dans leur peau pour savoir que ce genre de chose pouvait arriver n’importe quand. Toutefois, la poufsouffle était certainement bien placée pour savoir quel genre de personne était Leila puisque les deux filles partageaient la même maison. Et puis, elle devait bien reconnaitre que les traits de caractère qu’elle lui prêtait étaient plutôt réalistes et elle était loin d’être surprise par ce portrait assez peu glorieux. Pour être tout à fait honnête, Scarlett appréciait d’autant plus ce moment qu’il s’était passé de longs mois sans que sa meilleure amie ne daigne s’intéresser aux ragots qui circulaient. Elle était en train de lui prouver qu’elle avait enfin repris du service, certainement pour de bon, cette fois.

« A dire vrai, ça ne m’étonne pas trop, mais je pense pas qu’elle cherche simplement des raisons de se faire remarquer et elle y arrive. Pour une solitaire, je trouve qu’elle court un peu trop après Slevin, mais bon, ce n’est que mon opinion. » Déclara-t-elle en haussant les épaules. « De toute façon, ce n’est pas comme si j’y étais attachée, il fait ce qu’il veut avec qui il veut tant qu’il ne nuit pas à ma réputation, je n’ai pas forcément envie de le rajouter sur ma liste de personnes à éliminer. »

Slevin n’était pas sa propriété privée et si elle insistait beaucoup sur ce point, c’était surtout pour réussir à ne jamais être associée au jeune homme. Certes, ce n’était pas spécialement évident, il devait arriver à d’autres élèves de les croiser ensemble et elle était bien placée pour savoir qu’à Poudlard, les conclusions hâtives étaient plus que courantes. Cependant, la rouge et or tenait toujours autant à son indépendance, et se savoir « la copine de… » était certainement ce qui l’effrayait le plus à l’heure actuelle. Cependant, ce n’était pas pour autant qu’elle allait essayer de garder ses aventures secrètes, sans pour autant les étaler, elle tenait à sa discrétion mais savait que les secrets ne tenaient pas le coup bien longtemps au sein du château, il était donc primordial qu’elle évite les cachoteries. Elle était bien placée pour le savoir puisqu’elle n’hésitait pas à écouter les conversations pour en extraire des informations intéressantes ou des propos qu’elle pourrait réutiliser ultérieurement. La jeune fille aurait franchement détesté se faire prendre à son propre jeu.

« Bien sûr que tu pourras venir ! J'aurais bien besoin de ton avis, c'est toi la grande styliste de nous deux. C'est toi qui as inventé la rumeur ? Alors ce n'est pas vrai ? Je le pensais pourtant... Si elle est vraiment enceinte, ça ne mettra pas longtemps à devenir réalité. Comment peut-on réellement s'approcher de Spencer, j'aurais trop peur qu'il soit contagieux. »

Tant mieux. Même si en tailleurs, elle ne s’y connaissait pas trop, Scarlett avait l’impression que c’était une étape importante dans la vie de sa meilleure amie et elle ne voulait pas la louper. C’était assez symbolique comme vêtement finalement et la rouge et or voyait sans mal ce passage obligatoire comme l’entrée de la poufsouffle dans l’âge adulte. Elle avait bien conscience de se montrer un peu ridiculement sentimentale, aussi ne lui fit-elle pas part de ses commentaires à ce sujet. Cependant, elle avait la ferme intention d’être présente même si elle devait prendre un train bondé de moldus transpirant pour la rejoindre dans sa boutique favorite. Enfin, avec un peu de chance, Sarah choisirait bien gentiment une boutique de Londres, qui serait certainement plus adaptée à ses besoins qu’une boite de conserve de campagne. Scarlett avait toujours vécu dans une grande ville et sa première découverte de Pré-au-Lard lui avait confirmé ce qu’elle pensait sur les petits villages de campagne, c’était vide, inintéressant et pas très enthousiasmant. Il n’y avait aucune chance pour qu’elle quitte Londres un jour, elle aimait bien trop cette ville.

« Je ne sais même pas si c’est vrai ou non, c’est juste tout ce que j’ai trouvé pour qu’elle se retrouve au centre des moqueries pendant les deux prochains mois. Tu sais, cette fille mérite ce que je lui fais subir, elle a voulu s’attaquer à nettement plus grand qu’elle. » Répondit-elle avec toute la conviction possible. « Ouais, je vais regarder ça de près, si elle est vraiment enceinte de Spencer, non seulement ça ne va pas tarder à se voir, mais il vaut mieux pas qu’elle prenne la décision d’avorter rapidement. »

Hailey ou la pauvre fille de l’école. Elle n’avait vraiment rien pour elle, sa tenue vestimentaire laissait bien souvent à désirer, elle semblait toujours un peu gauche, voire même carrément manchote et ne pouvait pas aligner trois mots sans avoir l’air d’une vraie gourde. Scarlett avait eu tout le loisir de constater les dégâts pendant ce premier match de quidditch en tant que pompom girl et elle espérait très fortement qu’elle n’aurait pas la mauvaise surprise de la retrouver une fois de plus. Cette fille devait certainement savoir qu’elle était à sa place uniquement enfermée dans le noir au fond d’une cave, là où on ne pouvait ni la voir ni l’entendre. Ses pauvres parents avaient dû être dépités lors de sa naissance en voyant l’enfant qu’ils avaient créé. Au moins, elle avait fait la fierté de sa mère, elle, mais il n’était pas sûr que les Rosebury aient eu un si bon souvenir que ça de leur séjour en maternité. Bon, d’accord, si madame Levinson avait été ravi, c’était surtout parce qu’elle avait compris qu’elle allait pouvoir gagner un peu d’argent, quant à son père, il n’avait pas vraiment fait l’effort de s’attendrir, aussi sa situation n’était-elle pas plus glorieuse, mais nul n’était obligé de le savoir.

« Soi-disant que je couchai avec lui pour obtenir des notes correctes. Je sais que la rumeur a couru un long moment et que j'ai jamais démenti, mais il ne l'a pas fait davantage... Je ne suis pas stupide, j'aurais été dans son sens s'il l'avait fait. Je finis par croire que ça devait être flatteur pour lui, finalement. Enfin, il paraît qu'il a donné sa démission à cause de cette histoire. Ce n'est pas vraiment de ma faute, si ? Quant à Scipion, j'aimerais bien qu'on prévoit un truc pour avant les vacances, avant de voir aussi loin... Je crois qu'il préfère sa vie de célibataire à toute autre chose, tu vois... J'ai dû mal à me faire offrir cinq minutes de son précieux temps, en ce moment. »

La rouge et or leva les yeux au ciel. Les révélations de Sarah avaient eu l’effet d’une grosse pierre jetée sur sa tête, elle avait été complètement sonnée et ce durant plusieurs jours. Alors franchement, elle n’arrivait pas à comprendre comment la direction avait pu être assez stupide pour accuser le professeur Londubat d’avoir eu une liaison avec la jeune fille. Qu’ils aient eu un doute avant, pourquoi pas, mais là, il paraissait évident que les bonnes notes de la préfète étaient dû à son travail sérieux plus qu’à sa plastique pourtant pas loin de la perfection. Mais bon, visiblement, elle était la seule à se montrer un minimum réaliste dans cette histoire, puisque le professeur en question n’avait même pas attendu de savoir si ces accusations étaient fondées avant de partir. On parlait de démission, mais la rouge et or aimait penser qu’il s’agissait en réalité d’un renvoi pur et simple. Sa version à elle était un peu plus dramatique et donc plus intéressante à raconter, en plus, elle pouvait faire croire à qui voulait bien l’entendre qu’elle avait été informée de la situation par la directrice en personne et il était plutôt amusant de constater la crédulité de certains de ses camarades.

« Pfff, c’est ridicule, surtout après ce que tu as révélé en début d’année, s’ils avaient dû l’enquiquiner à ce sujet, ils auraient dû s’y prendre bien avant, là ça faisait un peu cheveu sur la soupe. T’as rien à reprocher dans tout ça, je suis sûre qu’ils avaient simplement envie de le voir partir mais qu’ils ne trouvaient pas vraiment de raison valable de s’en débarrasser. » Affirma la jeune fille. « C’est vraiment dommage pour Scipion, je crois qu’il doit avoir du mal à réaliser la chance qu’il a, je ne peux pas l’en blâmer, j’ai fait pareil il n’y a pas si longtemps. »

D’accord, elle n’aimait pas Scipion, mais elle n’avait aucunement l’intention de l’enfoncer davantage, ce serait particulièrement déloyale de sa part. D’un autre côté, lorsqu’il s’agissait de loyauté, le jeune homme n’était probablement pas la personne vers qui tous les regards se tournaient. Peu importait après tout, elle était de bonne humeur et elle en faisait généreusement profiter le rouge et or. Ça ne durerait probablement pas, elle n’avait aucun souci à se faire de ce côté-là, ils n’étaient vraiment pas fait pour s’entendre.

« A dire vrai, ça ne m’étonne pas trop, mais je pense pas qu’elle cherche simplement des raisons de se faire remarquer et elle y arrive. Pour une solitaire, je trouve qu’elle court un peu trop après Slevin, mais bon, ce n’est que mon opinion. De toute façon, ce n’est pas comme si j’y étais attachée, il fait ce qu’il veut avec qui il veut tant qu’il ne nuit pas à ma réputation, je n’ai pas forcément envie de le rajouter sur ma liste de personnes à éliminer. »

Sarah leva les yeux au ciel en riant. Bah non, ce n'était pas comme si elle y était attachée, pourtant elle voyait d'un mauvais oeil que Leila tourne autour de lui. Elle prétendrait certainement que ce n'était qu'un point de vue de prédatrice, qu'elle ne pouvait décemment pas laisser les gens s'approcher de trop près d'une de ses proies mais lorsque ça avait été le cas avec Alexander, elle avait fini par s'effacer purement et simplement, si bien que depuis l'incendie, elle ne l'avait pas vu une seule fois essayer de s'approprier l'ancien Serdaigle. Scarlett, quoi qu'elle veuille en dire, s'était attachée à Slevin et le considérait, à défaut que ce soit comme un petit ami, comme un sex friend attitré. Il n'était pas rien pour elle, et il faisait ce qui voulait dans la limite du supportable. Elle n'accepterait certainement pas de le voir roucouler réellement avec une autre qu'elle, même s'il était libre d'agir comme bon lui semblait. Enfin, ça ne la regardait en rien. Ce n'était pas ses histoires et elle avait suffisamment à faire avec les siennes pour ne pas véritablement se mêler de celles des autres.

« Je ne vois pas en quoi il pourrait nuire à ta réputation. On parle de McGregor, et s'il n'est pas le garçon le plus intelligent de l'école, ce n'est certainement pas le plus bête. Il ne fera sûrement rien qui puisse te mettre dans l'embarras. »

Après, elle n'était sûre de rien. Elle ne le connaissait pas vraiment, Slevin. Elle l'avait vu souvent, lui avait parlé quelques fois avec le même désintérêt qu'on met quand on parle au Tout Poudlard dans les couloirs ou dans la Grande Salle, mais elle n'avait jamais pris la peine de faire sa connaissance, pas même de s'intéresser à qui il était vraiment, à part l'un des mâles les plus attractifs du château. Et puis, il fallait être honnête, il ne l'intéressait pas le moins du monde. C'était agréable de le regarder passer, d'écouter ce qu'il se disait à son sujet, d'assister distraitement à ses entraînements de Quidditch depuis une quelconque salle de classe mais ça s'arrêtait bien là. Si l'occasion se présentait, elle ne la repousserait pas mais elle n'irait certainement pas chercher à mettre la main dessus. Après, si la Gryffondor avait trouvé en lui le partenaire idéal, ce n'était sûrement pas pour rien, il devait avoir des qualités, en plus de son physique. A moins qu'elle ait fini par perdre totalement la tête, puisqu'il se pouvait qu'il s'agisse là d'un Logan bis... Elle touchait du bois pour que ça ne soit pas le cas, mais là encore, elle ne pouvait être sûre de rien.

« Je ne sais même pas si c’est vrai ou non, c’est juste tout ce que j’ai trouvé pour qu’elle se retrouve au centre des moqueries pendant les deux prochains mois. Tu sais, cette fille mérite ce que je lui fais subir, elle a voulu s’attaquer à nettement plus grand qu’elle. Ouais, je vais regarder ça de près, si elle est vraiment enceinte de Spencer, non seulement ça ne va pas tarder à se voir, mais il vaut mieux pas qu’elle prenne la décision d’avorter rapidement. »

La Poufsouffle gloussa et reposa son regard sur le rouquin un peu plus loin. Celui-ci venait de se lever et quittait la Grande Salle, faisant voler derrière lui les pans rubis de sa robe de Quidditch. Le match n'allait certainement pas tarder à commencer. Elle reporta son attention sur sa meilleure amie. Elle allait bientôt devoir s'en aller, rejoindre ses gradins, ses pompons et ses camarades pompom... Enfin, ça ne faisait rien, elles auraient très certainement l'occasion de se retrouver bientôt. Et puis, elles auraient tout le reste de leur vie à Londres pour se voir encore et encore alors ça n'était certainement pas un petit après-midi qui allait la déranger.

« Imagine que ce soit vrai, tout de même, la tête de ses parents quand ils apprendront avec qui leur fille s'envoie en l'air... C'est dommage, elle n'est pas affreuse, elle pourrait trouver mieux. »

Elle soupira, faussement compatissante alors que dans le fond, elle s'en fichait comme de sa première plume. Rosebury avait le droit d'avoir un faible pour les monstres si ça lui faisait plaisir, ça n'était là encore pas ses affaires. En tout cas, Scarlett avait été brillante sur ce coup-là, il y avait de fortes chances pour qu'on entende encore parler de ses rumeurs l'an prochain, mais manque de chance, elles ne seraient plus là pour le voir, ni l'une ni l'autre, triste histoire.

« Pfff, c’est ridicule, surtout après ce que tu as révélé en début d’année, s’ils avaient dû l’enquiquiner à ce sujet, ils auraient dû s’y prendre bien avant, là ça faisait un peu cheveu sur la soupe. T’as rien à reprocher dans tout ça, je suis sûre qu’ils avaient simplement envie de le voir partir mais qu’ils ne trouvaient pas vraiment de raison valable de s’en débarrasser. C’est vraiment dommage pour Scipion, je crois qu’il doit avoir du mal à réaliser la chance qu’il a, je ne peux pas l’en blâmer, j’ai fait pareil il n’y a pas si longtemps. »

Sarah rougit un peu timidement, étonnamment touchée d'avoir quelqu'un pour la soutenir. Scipion, lui, lui en avait voulu et faisait le mort depuis presque aussi longtemps, Astride lui avait reproché le départ de leur professeur sans vraiment chercher à savoir ce qu'il s'était passé, c'était définitif, elle n'avait bel et bien qu'elle. Elle n'eut malheureusement pas le temps d'en profiter davantage puisqu'un groupe de supporters aux couleurs des Rouge et Or quitta la salle bruyamment en scandant le nom de leurs joueurs. Elle les regarda disparaître dans un boucan pas possible puis se tourna derechef vers Scarlett.

« Bon... Je crois que tu vas devoir filer si tu ne veux pas te faire piquer la vedette... »

« Je ne vois pas en quoi il pourrait nuire à ta réputation. On parle de McGregor, et s'il n'est pas le garçon le plus intelligent de l'école, ce n'est certainement pas le plus bête. Il ne fera sûrement rien qui puisse te mettre dans l'embarras. »

Sarah n'avait pas tort mais elle n'avait pas totalement raison non plus. Ce n'était pas ça qui inquiétait Scarlett, en vérité, Slevin s'était toujours bien comporté avec elle, il ne l'avait pas jetée en publique et n'avait pas exprimé le désir de le faire. C'était ce qui aurait pu se produire de pire pour la jeune fille, jamais elle n'avait vécu de réelle humiliation, elle faisait tout pour avoir toujours un coup d'avance, prévoir les réactions des uns et des autres et les manipuler à sa guise pour qu'ils fassent ce qu'ils attendaient d'elle. Ou alors, si elle n'était pas certaine de pouvoir les manipuler, elle faisait en sorte d'être la plus détachée possible pour pouvoir fuir dès que ça commencerait à sentir le roussi. La Gryffondor agissait exactement de cette façon avec Slevin, non pas qu'elle n'aurait pas pu se sentir proche du jeune homme, il faisait parti des garçons qui l'intéressaient dans cette école, il avait les qualités requises et un physique plutôt avantageux. Le seul problème était qu'elle ne lui faisait absolument pas confiance, loin de là. Il était assez instable, un jour il penserait blanc, l'autre il penserait noir, elle ne pouvait pas le formater comme elle l'avait fait pour d'autres plus naïfs, et si ça faisait parti des choses qui lui plaisaient, ça lui mettait également des bâtons dans les roues.

« En courant après des filles qui ne m'arrivent pas à la cheville, il ne me rend pas service, c'est tout. » Expliqua-t-elle. « J'aurais préféré que mes rivales, si on peut appeler ça comme ça, soient à ma hauteur. »

Et aussi des filles qui ne faisaient pas partie de ses amis, ce qui, très franchement, paraissait assez difficile pour la simple et bonne raison que Scarlett considérait que seules ses véritables amies étaient dignes d'elle et que les autres lui étaient inférieurs. Slevin n'avait donc absolument aucun droit, mais elle refusait purement et simplement d'admettre qu'elle ne voulait pas le voir avec quelqu'un d'autre, de peur qu'on puisse s'imaginer que c'était parce qu'elle s'intéressait à lui plus qu'elle ne voulait le laisser penser. Elle n'était pas faite pour être en couple, elle en avait totalement conscience et ce n'était pas du tout quelque chose qui la tentait. Sa vie, elle la voyait plus avec plein de garçons différents qui la couvriraient de cadeaux en permanence pour obtenir ses faveurs qu'avec une seule et même personne avec qui elle devrait travailler pour construire une relation durable relativement stable. Mais visiblement, certaines personnes dans l'école n'étaient pas aptes à comprendre que d'autres puissent avoir des aspirations différentes pour l'avenir, elle ne comptait plus le nombre de fois où on l'avait accusé de voler tel ou tel petit copain alors que non, elle s'amusait un peu, rien de plus, s'il lui arrivait parfois de faire des emprunts, elle ne volait personne et ce n'était toujours pas dans ses projets.

« Imagine que ce soit vrai, tout de même, la tête de ses parents quand ils apprendront avec qui leur fille s'envoie en l'air... C'est dommage, elle n'est pas affreuse, elle pourrait trouver mieux. »

Scarlett ne put s'empêcher de rire bien qu'elle ne soit pas totalement d'accord avec tout ce qu'avait pu dire sa meilleure amie. Non, elle ne trouvait pas qu'Hailey n'était pas affreuse, bien au contraire, c'était une insupportable petite gamine qui n'avait absolument rien pour elle et qui se permettait de faire des remarques à des personnes qui étaient bien plus importantes qu'elle ne le serait jamais. Cependant, elle aurait donné cher pour voir la tête des parents de la future femme de Flynn, que ce soit Hailey ou non. Ils allaient faire une de ces têtes... Il n'y avait pas plus laid par ce garçon, à croire qu'il était descendant de Quasimodo ou quelqu'un du même style. Le pire était qu'il n'avait même pas l'air d'avoir honte de ce qu'il était, il n'avait jamais essayé de mettre un masque ou même de se maquiller pour camoufler le carnage. D'un autre côté, il avait raison, il valait mieux qu'il assume maintenant son apparence ingrate plutôt qu'il cherche à la dissimuler, il devrait vivre ainsi toute sa vie, à moins qu'il décide de mettre fin à ses jours, autant qu'il commence dès maintenant à s'accepter.

« Bon... Je crois que tu vas devoir filer si tu ne veux pas te faire piquer la vedette... »

La rouge et or jeta un coup d’œil tout autour d'elle et remarqua que tout le monde avait déjà quitté la pièce sauf deux ou trois élèves qui se dirigeaient vers la porte en jacassant. Il lui coûtait de devoir laisser sa meilleure amie à peine leurs retrouvailles commencées, elle s'attendait à qu'elles jacassent pendant des heures et des heures, mais elles n'avaient pas ce luxe à s'accorder. Scarlett avait pris un engagement à savoir, celui de se rendre au match où elle devrait secouer ses hanches de gauche à droite pour enthousiasmer le public et déstabiliser les joueurs. C'était amusant, elle n'avait pas à se plaindre, pour quelqu'un, qui, comme elle, aimait se retrouver sous le feu des projecteurs, il était relativement plaisant de se sentir regardé en permanence, seulement, la rouge et or aurait vraiment aimé pouvoir partager ça avec une personne qu'elle aimait. Sarah n'avait pas jugé bon de rester dans l'équipe après le fiasco de la première rencontre et elle le comprenait parfaitement, mais c'était leur dernière année dans une même école, la Poufsouffle allait se diriger vers le ministère, et chacune prendrait son propre chemin. Certes, il y avait bien Isis dont elle avait toujours été relativement proche, plus depuis qu'elle l'instruisait afin qu'elle prenne sa place lorsqu'elle ne serait plus là, mais ce n'était pas pareil que lorsqu'elle était avec sa meilleure amie.

« Ça ne risque pas, personne ne m'arrive à la cheville, Bloodworth était peut-être un très bon joueur, mais pour ce qui est de notre recrutement, il est vraiment très mauvais, j'aurais aimé m'en charger toute seule, je suis ce qui se rapproche plus d'un capitaine, mais évidemment, jamais il ne me laissera faire. » Déclara la jeune fille en soupirant. « Mais tu as raison, un match palpitant m'attend, je te rejoins après le match, si on perd ce dont je ne doute pas un instant. »

Sur ces bonnes paroles, elle prit congé de la jeune fille et s'éloigna avec légèreté. Arrivée à la porte, elle se retourna vers Sarah pour lui envoyer un bisou avant de poursuivre sa route. Dehors, le tumulte des gradins lui parvenait déjà aux oreilles, signe qu'elle était en retard pour le match. Scarlett pressa le pas, ne voulant pas se retrouver au second rang, derrière ses camarades. Il était primordial pour elle qu'elle soit sur le devant de la scène en permanence, que ce soit dans des concours où les concurrentes risquaient de l'effacer ou au match où elle surpassait de loin toutes les autres filles.