Les cours de Sortilèges étaient loin d’être les pires aux yeux de Kryštof. Au moins, cela se rapprochait le plus de ce qui pouvait s’apparenter à « l’apprentissage de la magie » au sens strict du terme mais le professeur Aylmer dégageait une certaine prestance qui poussait au respect. Néanmoins, cela faisait quelques temps que son attention et sa curiosité étaient tournées vers quelqu’un d’autre. Une élève de Poufsouffle, dont le nom lui était étrangement familier. Frustré, il ne parvenait à mettre un contexte dessus. Il était cependant sûr de ne jamais avoir vu la fille dans sa vie. Il avait la mémoire des visages et le sien ne lui disait rien. Pourtant, instinctivement, il la détestait. Ce n’était pas un sentiment très rare pour Kryštof cela dit. Rares étaient les personnes qui daignaient avoir un peu de sa considération. Même ses « amis » de Durmstrang, il les voyait comme des pions. Et malgré son apparence chétive par rapport aux colosses nordiques, il savait user de sa cervelle pour s’attirer les bonnes grâces de ces titans. Ici, tout avait changé. Il tâtait le terrain et devait se montrer plus subtil, plus fin. Mais il y avait quelque chose en cette Özdemir qui l’intriguait fortement et ne pas savoir l’irritait fortement.

Et puis finalement, ce fut durant ce cours de Sortilèges un peu trop théorique au goût de Kryštof qu’il parvint à faire le lien. C’était elle, quelques années auparavant, qui avait laissé des petites notes anti-Sang-Purs dans Durmstrang. Elle qui avait souillé les idéaux de la noble école avec ses commentaires immondes et répugnants. Voilà pourquoi il la détestait viscéralement. Voilà pourquoi il ne ressentait pour elle que de l’animosité violente. Une Sang-de-Bourbe, encore une. Il parvint tant bien que mal à réprimer sa colère et à finir d’écouter le cours. Mais il se promit de lui faire comprendre que les conséquences avaient des actes et que ces petites tentatives militantes à deux sous étaient parfaitement inutiles. La fange comme elle ne méritait pas de courir en liberté, lâchement cachée par Poudlard l’impie, pas après un pareil affront. Il attendit patiemment la fin du cours pour sortir rapidement de la salle, attendant la dénommée Özdemir pour lui faire comprendre ce qu’il se passait. Quoique fusse sa relation avec Dmitri, elle devait savoir que les van Aken ne rigolaient pas avec la pureté du sang. À moins que son petit frère ne commence à trahir sa vraie nature. Ce ne serait pas étonnant de sa part.

— Excuse-moi, Özdemir, c’est ça ?

Il eut un sourire faussement mielleux et amical. Autant ne pas rentrer tout de suite dans la confrontation. Et tâter un peu le terrain.

— J’ai beaucoup entendu parler de toi, tu sais.

Devait-il préciser pourquoi ? Était-ce raisonnable que de dévoiler tout de suite ses réelles intentions ? Il savait qu’il ne pourrait pas se retenir trop longtemps. La haine prédominait un peu trop ses émotions et de la haine, il en avait. Mais il aimait prendre de court, là, à peine à la sortie de la salle de Sortilèges. Il préféra cependant ne rien ajouter pour l’instant. Autant aviser en fonction des réactions de l’impure. Si elle se montrait amicale, il ne se priverait pas pour lui déverser son fiel au visage. Dans le cas contraire… et bien la confrontation ne lui faisait clairement pas peur.