Anabela avait attendu avec impatience le moment où elle reverrait son frère pour la première fois depuis lui semblait-il des années. Alexander était en effet à l'université depuis le début de l'automne et cette année avait été la première ou il n'avait pas accompagné Ana durant le trajet du Poudlard Express depuis qu'elle l'avait prise à l'âge de onze ans pour sa première année. Les premières semaines avaient été les plus dures, elle avait mis quelques temps avant de comprendre qu'elle ne pourrait plus apercevoir Alex dans les couloirs de l'école, entre deux course qu'elle ne pourrait plus passer ses week-end avec lui, qu'elle ne pourrait plus s'amuser à le taquiner… Enfin bon, tout ça n'était pas près de de terminer de sitôt puisque la jeune fille avait encore deux ans à passer à Poudlard sans son frère, mais au moins, elle pourrait l'avoir rien que pour elle pendant les vacances. Enfin... Cette affirmation avait pris un coup quand Alex lui avait annoncé qu'Hecate passerait les vacances avec eux. Bien sûr, elle était contente pour son frère, ces deux-là avaient vraiment besoin de se retrouver, de faire le point sur ce qui s'était passe entre eux il y a quelques mois, et de se pardonner mutuellement leurs stupidité, mais elle était aussi un peu jalouse. Et elle avait peur aussi. Peur qu'Alex ne passe plus de temps avec son ancienne meilleure amie qui se trouvait peut-être être un peu plus que cela maintenant qu'avec elle, sa sœur adorée. Ça n'avait pas vraiment manqué pour les premiers jours, mais Ana pouvait tout à fait le comprendre, après tout, elle venait bien de dire qu'ils avaient besoin de passer du temps ensemble, et Ana ne pouvait pas en vouloir à Alex de la délaisser un peu, même si intérieurement, elle pensait le contraire. Elle ne voulait pas passer après une énième fille dans sa vie, et voulait toujours avoir la première place dans son cœur. Mais ça allait être difficile maintenant. Il y avait Hecate et tout ça… En attendant, Anabela avait passé le temps en lisant un livre sur les sortilèges et enchantements. Bien qu'elle n'appréciait guère ce type de lecture, elle avait promis à Alex de faire un effort, et elle essayait tant bien que mal de tenir cette promesse. Ce qui promettait vraiment d'être difficile en ce qui concernait les sorts. Elle n'aimait pas vraiment la magie, ce qui pouvait être considéré comme anormal pour tout sorcier se respectant, y compris Ana. Mais le fait était qu'elle avait grandi dans un tout autre monde et que depuis, elle n'avait pas réussi à surmonter sa peur de la magie. Et ce n'était pas faute d'essayer… Enfin bon, tout ce qu'Ana espérait en ce moment, c'était qu'elle puisse passer un peu plus de temps avec son frère chéri. Et d'ailleurs, en parlant d’Alexander, il devait certainement l'attendre pour faire la vaisselle, comme d'habitude. Aussi, elle finit de se brosser les dents en vitesse et redescendit dans la cuisine pour l'aider dans les tâches ménagères. Arrivée devant la porte, elle sourit devant la vision d’Alex, concentré sur sa vaisselle. Anabela lui était reconnaissante de ne pas utiliser la magie pour faire la vaisselle, elle savait qu’il aurait bien aimé finir cette tâche au plus vite, et rien que pour cela, elle s’approcha de lui silencieusement, et le prit dans ses bras alors qu’il avait une assiette remplie de savon dans les mains.

« Tu t’es perdue en route ? Tu as rencontré un trou noir en chemin, c’est pour ça que ça t’as pris plus de temps que prévu ? »

Anabela soupira d’exaspération tout en rigolant. Les provocations de son frère lui avaient terriblement manqué. Bien sûr, il continuait toujours à user de son humour légendaire dans ses lettres, mais ce n’était pas pareil. On ne pouvait pas comprendre toute la subtilité d’un ton employé dans une lettre. Après tout, ce n’était qu’une suite de mots collés les uns aux autres et formant une phrase. Il n’y avait pas d’intonation particulière dans une lettre, et l’humour était souvent mal comprise. Tout comme les jeux de mots ou autre futilités dans le même genre. Anabela décida de rentrer dans son jeu et de pousser un peu plus la plaisanterie.

« En fait, non. J’étais partie chasser le troll des Montagnes. Mais ne t’en fais pas pour moi, j’ai pas une seule égratignure. » Répondit-elle en souriant et en relevant ses manches pour lui montrer ses bras.

Puis, elle attrapa un chiffon et une assiette, et commença à l’essuyer pour la ranger. Elle fit de même avec le reste de la vaisselle qu’Alex lavait, puis une fois la dernière petite cuillère propre comme un sous neuf, elle se lava les mains pour enlever toute trace de reste de savon. Puis elle se retourna et s’adossa à l’évier pour regarder Alex. Anabela se demandait s’il allait encore l’abandonner pour Hecate, qui subissait en ce moment-même les histoires de leur père, et espérait fortement que non. Sinon, elle pourrait le forcer à passer la journée avec elle, et demander à Monsieur Maddox de raconter toutes les petites anecdotes familiales à Hecate. Ça lui laisserait le temps de profiter un peu de son frère adoré qu’elle ne voyait pas souvent ces derniers temps. Mais Ana n’eut pas le temps de préparer son plan diabolique qu’Alex lui proposa une petite sortie rien que pour tous les deux. Elle accepta avec plaisir, et le suivit dans l’entrée pour se préparer à sortir et à affronter le froid et l’air marin. Ça faisait longtemps qu’Ana ne s’était pas promené dans l’île, et elle ne se souvenait plus à quel point le paysage pouvait être magnifique en hiver.

« Alors ça va toi ? On n’a pas vraiment eu le temps de parler tous les deux … Quoi de beau à Poudlard ? »

Oulà… C’était une bonne question. Et la Poufsouffle ne se voyait pas trop lui répondre qu’elle ne faisait pas grand effort pour essayer de s’intégrer un minimum au milieu des élèves. Elle avait bien essayé avec Astride, une de ses camarades de chambre, mais quelque chose lui disait que ça ne s’était pas très bien terminé au final. Et puis, elle ne parlait pas de Seth, ce serait une très mauvaise idée. Et de toute façon, elle ne l’avait pas revu depuis quelques temps déjà. Et pour ce qui était de Clyde, Ana lui en avait parlé dans une lettre, et il n’y avait rien de plus à dire là-dessus. Elle avait bien sympathisée avec Eden depuis l’an dernier, mais leur relation restait encore un peu tendu après qu’Ana ait « brisé le cœur » de Jacob, le meilleur ami et ex par la même occasion d’Eden.

« Oh… tu sais… les cours sont de plus en plus difficiles, les profs nous donnent toujours plus de devoirs, et tout s’enchaine très vite. Parfois j’ai l’impression d’avoir passé seulement quelques semaines à Poudlard, alors qu’en fait, ça fait déjà plusieurs mois… Et puis, c’est différent sans toi. »

Anabela savait qu’elle ne répondait pas vraiment à la question posée mais… qu’est-ce qu’elle pouvait bien répondre ? Elle ne savait pas ce qu’il attendait d’elle, ce qu’il voulait savoir. Et puis, elle était intimement persuadée qu’Alex avait des espions à son compte à Poudlard, qui surveillait le moindre de ses faits et gestes, et donc il était déjà au courant de tout. Du coup, elle ne savait pas trop quoi lui dire de plus.

« Le plus étonnant dans cette histoire, ce n’est pas tant que tu es partie chassé sans avoir peur de te casser un ongle, que le fait que tu ne t’es pas perdue …»

Anabela tourna la tête vers Alex pour lui jeter un regard noir. Susceptible, Ana ? Absolument pas ! Sauf en ce qui concerne son sens de l’orientation, ou encore ses devoirs, ses notes désastreuse, son future proche, ou encore son frère. Non, vraiment, il n’y avait pas de quoi dire qu’elle était susceptible. C’était juste Alexander qui avait un don pour la faire réagir à tout et n’importe quoi. Ça avait toujours été ainsi, et elle espérait que ça ne changerait pas avant longtemps. Déjà, elle avait eu peur pour Alex depuis le début de l’année. Il avait traversé une période difficile, perdu ses amies – et plus – proches, et n’était pas retourné à Poudlard pour une huitième année consécutive. Ça faisait beaucoup de changement pour une même personne, et pendant quelques instants, Ana avait cru perdre son frère, et elle était bien contente de constater que ce n’était pas le cas. Et puis, elle savait qu’il se moquait d’elle gentiment, et qu’il attendait une réaction de sa part, et il l’aurait, même si ce n’était pas celle qu’il attendait. En effet, la Poufsouffle n’était pas en train de chercher une réplique cinglante à balancer à la figure de son frère adoré, mais plutôt un autre type de réplique. Mais pour cela, elle devait déterminer comment elle allait lui répondre. Sur un ton méchant ? Ou bien neutre ? Ou encore froid ? Finalement elle se décida pour aucun des trois, eten choisit un autre, même si elle ne savait pas encore ce que cela allait donner.

« Ah bon ? Tu n’admires pas mon talent pour me sortir de situations pareilles indemne ? Je suis déçue là… » Dit-elle en faisant semblant de bouder.

Finalement, ça n’avait pas été aussi catastrophique que ce qu’elle avait pu penser. Elle s’en était même plutôt bien sortit, même si ce n’était pas encore une pro du boudage de grand frère pour une réflexion aussi peu important. Quoi que, elle s’en sortait pas mal depuis le temps. Ça lui avait manqué de ne pas pouvoir bouder son frère trois jours par semaines à Poudlard, pour aller le voir le lendemain et faire comme si rien de tout cela ne s’était produit. Ou bien, juste le voir, pour le voir. Lui parler de tout et de rien, se chamailler avec lui, ou encore squatter la table des Serdaigle pour être à côté de lui à midi, au risque de se faire virer par un préfet ou un prof. Elle s’en fichait pas mal de se prendre des réflexions tant qu’elle pouvait passer du temps avec Alex. C’était lui le plus important, et elle ne pouvait pas penser un seul instant à comment serait sa vie sans lui, parce que sans lui, elle n’existerait pas. Ana leur devait tout, à lui et sa famille, qui était la sienne aussi maintenant. Jamais elle n’oublierait tout ce que les Maddox ont fait pour ses parents biologiques – puissent-ils demeurer en paix – et pour elle. C’était gravé dans sa mémoire pour le reste de ses jours.

« Je suis sûr que tu vas t’en sortir … et sinon Ami(e)s ? Petit ami peut être ? une décision quant à ta prise de voile ? Le couvent t’ira à merveille tu sais, c’est au calme, pas de garçon sauf moi l’unique amour de ta vie … I-DE-ALE »

S’en sortir… C’était de bien grands mots. Comment elle pouvait s’en sortir sans lui ? Déjà qu’avec lui, c’était compliqué, mais alors maintenant qu’il n’était plus là pour la supporter, l’encourager, ou l’aider peu importe son problème, elle ne savait pas vraiment quoi faire. Bien sûr, niveau scolaire, il y avait Fitzgerald, un Poufsouffle en même année qu’elle. Il lui était d’une aide précieuse quand il s’agissait de l’aider à travailler, à comprendre ses cours, ou bien à faire ses exercices, puisqu’il refusait de les faire à sa place. Alors, oui, elle pourrait s’en sortir pour les cours. Mais en même temps, Fitzgerald ne passerait pas ses examens de fin d’année pour elle, et elle serait donc seule devant sa copie, et si elle ne savait pas quoi écrire, elle ne pourrait pas demander à quelqu’un d’autre de l’aider à comprendre l’énoncé. Bien sûr, elle avait eu ses BUSEs l’an dernier, mais elle ne comptait plus le nombre de nuit blanche qu’elle avait faite pour les avoir. Anabela ne savait pas encore comment elle avait fait pour avoir un Acceptable en Sortilèges, mais elle se disait que si seulement l’examinateur savait tout ce qu’elle avait fait pour les avoir, il lui aurait mis un Optimal, pour persévérance. Question amis à l’école, ce n’était pas trop ça. Elle avait failli ruiner, sans faire exprès, son amitié naissante avec Astide, et s’en était sorti en mentant légèrement à propos d’Eden, la seule fille qu’elle pouvait considérer comme sa meilleure amie. Si seulement la concernée savait ce qu’elle avait osé dire à son sujet, elle ne s’en remettrait pas, c’était certain. Anabela se demandait comment Alex pouvait lui poser pareilles questions. Il devait savoir mieux que personne qu’elle n’avait pas énormément d’amis et que la plupart de ses relations étaient… tendues ou inexistantes. Alors pourquoi parler de petit ami ? Elle en avait eu un, l’an dernier, mais elle ne l’avait jamais dit à Alex. Ni à personne d’autre d’ailleurs. Seuls Jacob et Eden était au courant, et ce n’était pas plus mal.

« Je l’espère aussi… Tu me connais, bien sûr que j’ai des amies. Tu vois qui c’est Eden Johns ? Une Gryffondor en septième année, c’est une des seules personne que j’arrive à considérer comme ‘proche de moi’. Mais sinon, je parle aussi aux filles de mon dortoir, je ne suis pas à ce point marginale, tu sais ? » Répondit-elle sur un ton plus agressif qu'elle ne le voulait. « Alexander, je n’irais jamais, au grand jamais dans un couvent, et si tu insistes tellement, je vais me trouver un petit copain. Et juste pour te faire rager, j’en choisirai un qui je suis sûre, te fera dresser les cheveux sur la tête. Na ! » Dit-elle en tirant la langue pour ponctuer son onomatopée enfantin.

Non mais oh ! Elle, dans un couvent ? Il ne faut pas rêver non plus. Alexander la voyait-il vraiment comme une nonne quand il la regardait ? Est-ce que son cas était à ce point désespéré pour qu’elle doive penser à sa voiler ? Seigneur ! Elle espérait que non. Déjà que la religion et elle, ça n’avait jamais été trop ça. Quand ses parents lui en parlait, elle restait sceptique, et faisait semblant de comprendre tous les mots scientifiques qu’ils employaient. Elle ne voulait plus jouer la comédie avec ça. S’il y avait bien une chose qu’elle avait appris, c’était qu’on ne rigolait pas avec Jésus.

« Ton talent innée pour le chant t’a dû encore une fois d’être d’une aide précieuse j’en suis sûre, le pauvre Troll n’a dû avoir aucune chance … je le plains sincèrement ! »

Anabela ouvrit la bouche pour répliquer, mais aucun mot n’en sortit. Elle était littéralement bouche-bée. Comment son propre frère osait dire de telles choses au sujet de sa voix ? Sa magnifique voix qu’elle n’utilisait que rarement. Ce n’était quand même pas de sa faute si elle ne savait pas chanter, mais de là à le lui dire ainsi… Elle savait bien sûr qu’il ne voulait que se moquer d’elle, et avoir le dernier mot par la même occasion, mais pour le coup, son envie de vaincre ne suffisait pas pour qu’elle trouve une réplique cinglante à lui balancer et continuer ainsi leurs enfantillages. Elle était quand même assez énervée par ce qu’il venait de lui dire, et elle cherchait une manière de lui faire payer. Même si elle ne le désirait pas, la colère devenait sa principale source d’inspiration pour le moment, et elle ne pouvait rien faire contre cela. Anabela observa son frère d’un œil malsain. Irritée par sa remarque qu’elle trouvait déloyale. Elle s’éloigna de lui dans l’optique d’aller dans sa chambre, mais c’était sans compter sur Alex, qui s’approcha d’elle et la serra dans ses bras, l’étouffant à moitié par la même occasion. Anabela n’était pas vraiment d’humeur à tenir un discours civilisé pour s’extirper des bras puissants de son frère. Elle essaya de se sortir doucement de son emprise, mais en voyant le peu d’effet que cela avait eu, elle opta pour utiliser une méthode plus efficace et moins douce.

« Ahhhh ! » Hurla-t-elle en commençant à se débattre tout en rigolant. « Lâche-moi ! Lâche-moi espèce de cure dents ! Ta force ne fais pas le poids face à mes coups de pieds, tu le sais très bien jeune chenapan ! »

En effet, la jeune fille avait commencé à battre des pieds dans tous les sens pour essayer de se libérer de l’emprise de son frère, qui, malgré sa perte de poids, ne semblait pas avoir perdu un seul kilo de muscles, bien au contraire. C’était d’ailleurs à se demander ce qu’il faisait de ses journées à l’université. Il lui avait bien dit qu’il travaillait, mais travailler sur quoi ? Ses abdominaux ? En tout cas, ce n’était certainement pas sur son régime alimentaire qui semblait inexistant. Heureusement que leur mère avait réussi à le nourrir en le forçant à se servir au moins deux fois de chaque plats. Anabela, tout comme sa mère, préférait voir Alexander éclater d’avoir trop mangé plutôt que d’être squelettique et pâle comme un mort. Mais ça n’excusait pas le fait qu’il était en train de l’étouffer parce que môssieur refusait de la lâcher. S’il continuait ainsi, Anabela n’aurait pas d’autre choix que de se mettre à chanter pour qu’il la lâche enfin et s’éloigne d’elle. Et elle n’hésiterait pas une seule seconde. Malgré tout, la situation la faisait rire, et le discours qu’elle tenait ne semblait pas si menaçant qu’elle ne l’avait espérée. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne s’était pas retrouvée dans cette situation, à essayer de sortir des bras d’Alex. En général, elle cherchait à s’y réfugier et non pas l’inverse.

« Eden ? Oui je la connais bien, une chouette fille, c’est bien que vous vous entendiez bien, je suis content de l’apprendre. Vous parlez de temps en temps avec Hecate … tu ne m’as jamais dis si tu l’appréciais d’ailleurs …. Mais … heu … rassures moi … tu ne vas pas me faire ça … hein ?! Pas à ton frère chéri … ? Laisses moi vivre dans mon monde parfait s’il te plait où tu es encore une enfant adorable qui ne s’intéresse à personne à part son grand frère qui est son héros … »

Anabela regarda étonnée son frère. Elle ne se souvenait pas l’avoir déjà entendu lui dire qu’il approuvait ses relations amicales, ou autre. Et c’était d’autant plus étonnant qu’il la connaissait. Elle ne le savait pas, et Eden ne le lui avait jamais dit. Anabela ne savait pas du tout quelle relation son frère et Eden entretenait, mais elle espérait qu’il n’était qu’amie. Elle ne pourrait plus regarder Eden du même œil si jamais elle était passée dans son lit. EURK ! Non, décidemment, elle ne pouvait pas imaginer cela. Avec Hecate c’était différent bien sûr, elle la connaissait d’Alex, et au vu de leur histoire à tous les deux, elle n’avait rien à dire de toute façon. Ce n’était pas une personne qu’elle pourrait qualifier d’amie proche. Alors ce qu’elle faisait avec Alex lui passait totalement au-dessus de la tête. Sauf si elle le rendait malheureux. C’est ce qu’elle avait fait, certes, mais compte tenu des circonstances, elle n’avait rien à dire. Elle aurait même été tentée de frapper Alex sur la tête pour lui remettre les idées en place s’il ne souffrait pas déjà assez à cause de Lara. Anabela explosa de rire devant la tête que faisait Alexander quand elle commença à parler de trouver un garçon qu’il n’aimerait pas. Elle ne pensait pas qu’il aurait pu la prendre au mot, il devait savoir qu’elle valait mieux que ça, et qu’elle en avait conscience.

« Ouais… on parle mais vraiment de temps en temps. On ne se voit pas beaucoup Hecate et moi, elle a ses ASPICs à la fin de l’année, et en plus, elle est préfète alors… Et rassure-toi, si je ne l’aimais pas, tu le saurais. » Répliqua-t-elle d’un ton impénétrable. « Mais je suis toujours aussi adorable qu’avant, voyons. C’est juste que j’ai grandi, et que je ne suis plus une enfant. » Dit-elle en posant une main sur l’épaule d’Alexander et en le regardant comme s’il était un bébé à qui l’on expliquait le sens de la vie. « Et puis, ça te va bien de me faire la moral sur avec qui je veux sortir et tout, comme si toi, tu te préoccupais des filles avec qui tu « sors ». »

Non, la Poufsouffle n’était plus une enfant, et il serait temps qu’Alex le remarque. Elle avait grandi, muri et était devenu encore plus indépendante qu’elle ne l’était petite. Elle avait appris à s’affirmer davantage, à dire non, et surtout à répliquer à d’autre personne que son frère. Elle savait se défendre depuis toujours, mais plus encore depuis le début de l’année, parce qu’elle n’avait pas son frère à ses côtés tous les jours de l’année. Elle comprenait l’envie de son frère de la garder aussi petite et mignonne qu’elle ne l’était il y a dix ans, mais aucune magie ne pouvait faire cela, ce qui la ravissait au plus haut point. Ana n’aurait pas supporté de voir Alexander grandir sans elle, déjà qu’elle avait eu du mal à accepter le fait qu’il aille à Poudlard sans elle il y a huit ans, puis maintenant le fait qu’il en soit parti et ce toujours sans elle, mais alors si elle l’avait vu partir tous les ans sans elle, elle ne l’aurait pas supportée. Elle avait aussi du mal à comprendre pourquoi il était aussi macho. D’après lui, il avait le droit de sortir avec qui il voulait, mais elle devait rester aussi pure que quand elle avait sept ans. Ce n’était pas juste, et elle lui faisait bien comprendre.

« Jeune chenapan ?! … Ahahah ! Tu sors ça d'où ? Faut que t'arrêtes d'aller à la bibliothèque toi ou que t'arrêtes de fréquenter des rats de bibliothèque, au choix ! »

Anabela était plus amusée qu’autre chose par sa petite chamaillerie avec son frère. Ahlala, cela faisait tellement longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion d’être dans ses bras protecteurs et forts. Quand elle y était, elle avait le sentiment d’être invincible, que rien ne pouvait lui arriver parce qu’Alexander serait toujours là pour la protéger. Même s’il avait eu une période plus sombre ces derniers temps, au moins, il avait l’air de s’en être sorti pas trop mal, malgré la perte de poids qui s’en était suivis. La dépression n’était jamais quelque chose de bien, mais Alexander avait beaucoup été affecté avec tous ses événements qui s’étaient suivis sans lui laisser le temps de respirer. Et même si Ana ne pouvait supporter que difficilement la vue de son frère ainsi, elle savait qu’il avait de bonnes raisons de s’être laissé aller. Heureusement que tout ceci était fini n’empêche, parce qu’elle n’avait jamais vécu avec un dépressif, et qu’elle ne voulait pas tenter l’expérience avec son frère, qu’elle avait toujours cru invulnérable. Mais voilà, ce n’était pas le cas, il devait même souffrir autant qu’elle, si ce n’était plus. Bien sûr, ce n’était pas la même souffrance. Elle, s’était plus une peur angoissante et continuelle de la magie. Elle pourrait même qualifier son état de maladie chronique. Lui… lui avait souffert différemment. Tout d’abord Laura, puis Hecate, ou bien l’inverse, elle ne savait pas trop dans quel ordre tout ceci s’était enchainé, et elle ne voulait pas lui demander, de peur de le voir devenir amorphe. L’important c’était qu’il était là, souriant et qu’il allait ben mieux

« Il se trouve que moi, je suis cultivée. » Répliqua-t-elle en accentuant sur le mot « moi ». « Je ne fréquente pas des rats de bibliothèque, mais des êtres humains, tu devrais essayer aussi. »

Même si Ana appréciait plus qu’elle ne voudrait se l’avouer les disputes de ce genre avec son frère, elle n’en avait pas moins été vexée par sa remarque à propos de sa voix. Mais c’était plus pour être vexée par quelque chose que parce qu’elle était vraiment vexée. Comment elle pourrait en vouloir à Alex de trouver sa voix horrible alors qu’elle-même se refusait de chanter quand il y avait quelqu’un d’autre dans la pièce. Parfois, elle se laissait aller à quelques notes sous la douche, mais quand elle se trouvait à Poudlard et qu’elle réalisait ce qu’elle faisait, elle se stoppait nette. Et si jamais une des filles du dortoir avait l’audace de lui parler de cela, elle niait tout en bloc. Par contre, elle ne réservait pas le même traitement à ses parents et à Alex quand elle était chez elle. Elle ne se gênait pas vraiment pour chanter, surtout qu’elle allumait toujours ma radio quand elle prenait sa douche, et que de se balancer au rythme de la musique tout en chantant approximativement les paroles et en se lavant était une expérience à tester. Bien sûr, elle avait fait un effort pendant ces vacances, puisqu’ils avaient une invitée, et pas n’importe qui. Anabela ne voulait pas effrayé Hecate, en lui cassant les oreilles, alors elle s’était retenue. Surtout qu’elle aurait tout le temps de lui faire subir le même sort qu’à sa famille si elle en devenait un membre à part un jour.

« C'est justement parce que je sais qu'il existe des gars comme moi … voir pire, que j'ai envie de te protéger. Méfies toi des beaux-parleurs surtout, ce sont les pires, ils savent ce qu'ils vont et sont très doués pour l'obtenir. Et je sais que tu n'es plus une petite fille, j'ai bien tenté de multiples expériences pour que tu ne grandisses plus mais ça à lamentablement échoué mais … promet moi une chose : si tu sors ou que tu veux sortir avec quelqu'un, je ne veux pas être le dernier au courant, ni l'apprendre par une tierce personne … s'il te plait. »

Sa théorie tenait debout. C’est vrai qu’étant donné la manière dont il agissait avec les filles – et encore, ce n’était pas du tout la pire – il devait en effet savoir repérer les garçons qui agissaient comme lui, et qui avaient des mauvaises intentions. Mais honnêtement, Anabela préférait faire confiance à son instinct pour ce genre de chose. Après tout, il ne l’avait pas trompé au sujet des Maddox quand elle leur avait accordé sa confiance. Certes, cela n’avait pas eu le même taux de réussite pour Jacob Greenwood, mais grâce à cela, elle avait rencontré Eden, et ne le regrettait pas. De toute façon, à quoi ça servirait ? Ce qui est fait est fait, et personne ne pouvait changer cela. Elle comprenait bien sûr le fait qu’il ne voulait pas que quelqu’un d’autre que lui ne touche à sa sœur, mais ça ne lui avait jamais posé de problème, lui. Il n’avait pas attendu qu’elle lui donne son accord pour aller vers les filles. Au moins, Alex savait qu’elle avait grandi, même si dans les faits, on pouvait vraiment se poser des questions à ce sujet. C’était limite s’il ne lui offrait pas une poupée Barbie pour ses anniversaires et une robe rose pour fillette de dix ans à Noël. Cependant, elle était étonnée de savoir qu’il avait vraiment essayé de l’empêcher de grandir. Elle n’en avait jamais rien su, et trouvait cela étrange de l’entendre maintenant. Ce n’était pas qu’elle doutait de la capacité à Alexander de tester toutes les idées bizarroïdes qui lui passaient par la tête, mais plus le fait de n’avoir jamais eu envie de rester petite et de voir Alexander arraché de son emprise par une autre fille, pour qui il porterait plus d’intérêt qu’elle et tout ça sans pouvoir rien faire. Il n’y avait aucun doute pour elle, que s’il avait réussi à mettre un terme à sa croissance, elle serait bien plus triste que maintenant. Elle ne pourrait pas comprendre les problèmes qu’il traversait, et ne pourrait pas essayer de l’aider en lui changeant les idées. C’était horrible de ne pouvoir rien faire pour lui, elle refusait de penser à cela.

« Tu te considères comme un beau parleur alors ? » Demanda-t-elle en mimant d’être intriguée. « Zut, moi qui voulais finir ma vie avec toi ! Mais bien sûr que tu ne seras pas le dernier au courant. Tu es mon frère non ? Je comptais te prévenir en avant avant dernier, juste avant les parents. Parce que si je leur annonce avant toi, ils risquent de cracher le morceau en ta présence et je ne veux pas non plus que tu l’apprennes par quelqu’un d’autre que moi. »

« Et Hecate c'est quoi ? Un poney magique qui fait des pets arc-en-ciel ? Elle va apprécier le compliment j'en suis sûre ! »

Etonnée de sa remarque, la Poufsouffle se stoppa nette dans sa recherche de la liberté. Pour le coup, elle n’avait pas vraiment pensé à Hecate en disant cela, mais c’était surtout pour la taquiner. Jamais elle n’aurait pu dire une telle chose de la Serdaigle. Elle l’aimait bien, même si elle était un peu jalouse de l’attention que son frère lui portait. Anabela n’avait absolument rien contre le fait qu’il l’ait invité à passer les vacances avec eux en Ecosse, mais elle n’avait pas vraiment imaginé qu’elle serait reléguée au second plan derrière sa meilleure amie. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas vu son frère, qu’elle aurait au moins espéré qu’il lui réserve un accueil plus chaleureux que cela. Mais Alexander n’avait d’yeux que pour Hecate, lui semblait-il, et la Poufsouffle s’en voyait légèrement énervée par la situation. C’était son frère à elle, et Hecate n’avait aucun droit de passer avant elle dans les préoccupations du jeune homme. Heureusement pour lui, Alexander semblait s’être souvenu de la présence de la jeune fille dans leur maison, et avait enfin réussi à lui accorder un peu de son temps si précieux. Et une fois la vaisselle finie, frère et sœur se lancèrent dans une chamaillerie qui leur rappelait de bien lointains souvenirs. Mais c’était agréable de se disputer comme avant. Pour la Poufsouffle, cela montrait que certaines choses n’avaient pas changées.

« T’as de la chance qu’elle ne t’ait pas entendu. Je n’ose imaginer sa réaction si elle venait à apprendre l’insulte que tu as proférée à son égard… »

Ou comment retourner une situation en sa faveur. Oui, Anabela avait osé menacer son frère de tout révéler à Hecate, et alors ? Il l’avait bien cherché en l’emprisonnant et en l’empêchant d’aller bouder comme elle le voulait. Et puis de toute façon, il savait pertinemment que sa menace n’était que des paroles en l’air. Elle n’avait aucun besoin d’aller dire à Hecate ce qu’Alex pensait de lui, puisqu’elle le savait déjà de toute façon. Et puis, même si ce n’était pas le cas, et qu’effectivement, Anabela se risquerait à s’approcher de trop près d’Hecate pour lui annoncer cela, cela n’aurait aucun impact sur rien, puisque cela ne reflétait pas la réalité. La seule chose que la Serdaigle pourrait faire, c’est faire semblant d’être fâchée après Alexander. Quoi qu’Anabela ne savait pas vraiment si la Serdaigle était du genre à agir ainsi. Ou alors, elle rirait un bon coup, ce qui ne pouvait pas lui faire de mal. Quand les deux meilleurs amis se retrouvaient dans la même pièce, elle avait parfois l’impression qu’un vent glacial s’était soudainement levé. L’atmosphère devenait tendue, et la Poufsouffle se retrouvait bien souvent sans savoir quoi faire pour qu’un éclat de rire sorte de leur bouche. Parfois, c’était vraiment trop difficile d’être témoin de telles scènes, et Anabela préférait encore les laisser seuls, dans l’espoir qu’ils se parlent plus en tête à tête.

« Moi je suis un beau parleur qui n'entourloupe pas les filles pour les mettre dans son lit. Elles savent exactement à quoi s'attendre en étant avec moi … Et la question ne se posait pas, tu finiras ta vie avec ton grand frère adoré que tu aimes et que tu adores ! C'est ça fous toi de moi petite peste, j'ai des informateurs de partout, je le serais quoi qu'il arrive et si je l'aime pas ton jules, je me ferais un plaisir de lui rendre la vie impossible … oh moins on sera s'il tient vraiment à toi ou pas. »

Un beau parleur qui n’entourloupait pas les filles ? Anabela n’avait jamais entendu de telles choses. Depuis quand les beaux parleurs savaient être aimables ou au moins respectueux envers les filles ? La seule chose qui les intéressait, c’était le sexe, et la Poufsouffle ne voyait pas comment Alexander pourrait dire le contraire. Certes, de tous les beaux parleurs du monde, Alexander devait être le moins… beau parleur. Elle ne savait si c’était parce qu’il ne voulait pas que sa sœur chérie ait une mauvaise image de lui, ou bien, parce qu’il avait vraiment du respect pour la gente féminine, mais Ana pouvait au moins lui accorder le fait de ne pas traiter les autres filles comme de la merde. En tout cas, Ana espérait qu’il se moquait d’elle en parlant de rendre la vie impossible à son hypothétique copain. Il était hors de question que « monsieur le beau parleur qui n’entourloupe pas les filles » se mêle des affaires de la brunette.

« Oh, donc tu es un beau parleur gentleman ? Je ne savais pas que ça existait, contente de l’apprendre. Mon grand frère adoré que j’adore, d’accord, mais je n’ai jamais dit que je t’admirais. Evite de prendre tes rêves pour la réalité, tu veux ? » Balança-t-elle avec un grand sourire. Puis estimant qu’il avait assez souffert comme ça, Anabela s’approcha de lui, et se réfugia dans les bras de son protecteur pour la vie. « Mais tu sais bien que si je me fous de toi, comme tu dis, c’est parce que je t’aime. Bien sûr que tu ne seras pas le dernier au courant. Mais en retour, je t’interdis de critiquer mes relations. Et je suis sérieuse Alex… »

C’était cela que l’on appelait l’amour. Le fait d’aimer tellement une personne, qu’on ne peut s’empêcher de vouloir la faire réagir à tout ce qu’on dit. Mais dans toute relation, amoureuse, amicale ou encore fraternelle, il y avait des limites, et l’un se devait de respecter la vie privée de l’autre. Sinon, la guerre éclatait. Et de nos jours, ce n’était pas si rare. En même temps, la jeune fille trouvait cela plutôt normal, si tout le monde agissait comme son frère, il ne fallait pas s’étonner qu’il y ait autant de disputes dans tout couple, dans toute amitié, et dans toute fraternité.

« Hoouuu j'ai peur ! Cela dit c'est toi qui a prétendu la première qu'elle n'était pas une personne, je n'ai fais que tenter de deviner ce que tu avais dans la tête. Mais tu as raison, elle préférait largement être une jolie petite loutre plutôt qu'un poney… »

Pour le coup, Alex n’avait pas tort, même si Anabela avait momentanément oublier Hecate en disant cela à son frère chéri. En même temps, on ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Hecate avait monopolisé son frère pendant tout le début du séjour et maintenant qu’elle pouvait enfin passé un peu de temps avec lui, elle n’avait aucune envie de penser à elle. Déjà que la Serdaigle monopolisait les pensées de son frère la plupart du temps, mais si en plus elle se mettait à envahir ses pensées à elle ?! Et puis quoi encore ? Ce serait la cerise sur le gâteau. Ana était heureuse de savoir Hecate à Poudlard sans Alex, même si elle aurait largement préféré que la situation soit inversé. A savoir qu’Alexander soit encore à Poudlard et que Hecate soit à l’université. En revanche, savoir que les deux amis seraient tous les deux à l’université l’an prochain, et ce sans elle, la contrariait légèrement... Que deviendrait son frère là-bas en compagnie de la Serdaigle ? Même en espérant qu’ils règlent tous leurs problèmes d’ici là, si Alex avait sa meilleure amie, ou copine, ou je-ne-sais quoi encore... bref, s’il avait Hecate avec lui à l’université, il n’y avait aucun doute pour Ana qu’il l’oublierait pendant l’année, et qu’il se souviendrait d’elle en rentrant à la fin de l’année. Et Ana ne voulait pas perdre son frère, même si, ce détail à part, elle n’avait absolument rien contre Hecate. Elle était même certaine qu’elle était une très bonne meilleure amie pour son frère, et que sa présence était nécessaire à son bon développement moral. Surtout après tout ce qui lui était arrivé ces derniers temps...

« Te moque pas. Tu devrais prendre cette menace au sérieux, tu sais que j’en suis capable. Et toi, c’est en quoi que tu veux te transformer déjà ? »

Honte à elle, Anabela était incapable de se rappeler si son frère avait déjà mentionné l’animal dont il voulait prendre la forme en devenant animagus. Enfin, elle se doutait qu’il l’avait fait, mais elle n’avait pas dû écouter à ce moment-là. La question était pourquoi ? Elle n’avait pas pour habitude de ne pas écouter ce qu’on lui disait, même si c’était des insultes. Comment voulez-vous qu’elle sache ce que les gens lui reprochent si elle n’écoutait pas les personnes qui avaient quelque chose contre elle ? Bien sûr, il n’était écrit nul part qu’elle rendait les coups, ou qu’elle en avait quelque chose à faire, mais elle aimait bien être informé de ce qu’on pensait d’elle. Même si ce n’était pas sympa. Or, il état impossible qu’Alex dise du mal d’elle, alors pourquoi n’avait-elle pas retenu cela ? C’était tout simplement impossible qu’elle n’ait pas écouté un traitre mot de ce que son frère lui avait dit à ce sujet. A moins bien sûr qu’il parlait d’Hecate à ce moment-là, et que du coup, elle n’ait pas écouté parce qu’elle en avait eu marre d’entendre parler de la Serdaigle. Ce n’était d’ailleurs pas si étonnant que cela si c’était vraiment le cas. Ana savait bien qu’Hecate et lui avait envie de devenir animagus, et il n’y avait aucun doute qu’il le ferait ensemble.

« Te voilà bien cruelle, tu viens de briser le cœur de ton pauvre grand frère pourtant si gentil. Tu devrais avoir honte jeune fille ! »

Honte ? Non, Ana ne voyait pas du tout pourquoi elle devrait se sentir honteuse pour n’avoir fait que de dire la vérité. Et puis, elle savait bien qu’Alexander ne disait cela que pour rire, tout comme elle, quoiqu’elle était certaine à cent pour cent d’être plus sérieuse que lui. Pour un soit disant beau parleur, Ana trouvait que son frère avait le coeur un peu trop fragile. N’était-il pas censé maîtriser ses émotions mieux que le commun des mortels ? Franchement, il faisait un bien piètre acteur, et Anabela espérait que jamais il n’aurait l’envie de se lancer dans une telle carrière, parce que sinon, elle se jurait de ne plus le connaître si on lui posait la question un jour.

« Ah bon ? » Demanda-t-elle d’un ton innocent. « Je suis plutôt fière de moi pour le coup. »

Et comment, qu’elle en était fière. Ce n’était pas souvent qu’elle pouvait lancer de telles piques à son frère. Cela faisait tellement longtemps qu’elle ne l’avait pas vu, et qu’elle n’avait pas pu se moquer de lui. Il ne fallait pas croire, mais c’était une des choses qu’elle préférait dans le fait d’avoir un frère. Pouvoir se moquer de lui sans risquer d’autres représailles que des moqueries sans fondement ou des chatouilles. C’était génial, et si elle n’avait pas pu trouver en Alex, un frère, elle en aurait trouvé un autre. Bien sûr, il y avait aussi des inconvénients dans une fraternité. Comme par exemple le besoin de savoir ce que l’autre fait de sa vie, et contrôler ses moindres faits et gestes. L’interdire de sortir avec untel, ou encore lui demander des conseils. Mais ce dernier était plus un avantage qu’un inconvénient. Sauf si l’autre se servait de cela pour interférer dans la vie privée de sa soeur.

« Je sais que tu es sérieuse et tu sais que je ne ferais jamais rien pour te blesser volontairement. Je t'aime trop pour ça. Ils seraient si fière de toi. Tu es devenue une belle jeune fille, forte, intelligente et avec un grand cœur. Ils n'auraient pas pu rêver mieux ! »

Qu’est-ce qu’elle était bien dans ses bras ! C’était certainement le seul endroit où elle pouvait obtenir autant de réconfort qu’elle recherchait sans rien demander en retour. Qu’est-ce qu’elle l’aimait ce frère sur-protecteur et parfois trop confiant ! Non, vraiment, elle ne s’imaginait pas vivre sans lui, pas même cinq petites minutes. Le fait qu’Alex se mette tout à coup à la couvrir de compliments et à parler de ses parents lui fit chaud au coeur, si bien que ses joues s’empourprèrent. Elle baissa les yeux et tenta de reprendre une teinte moins soutenue, en pensant qu’elle serait comblée si elle arrivait à trouver un garçon comme son frère pour lui servir de petit ami. Parce que si c’était le cas, alors elle saurait qu’elle n’aurait rien à craindre. Jamais.

« Je t'aime Alexander. » Répondit-elle après lui avoir fait un bisou sur la joue.

« A la base en aigle ou en un oiseau quelconque. Le plaisir de voler, la sensation de sentir le vent dans mes plumes, cette sensation d'être libre … un pur plaisir. Mais finalement je finirais en loutre, comme Hecate et je serais cent fois plus beau qu'elle parce que j'aurais un splendide pelage qu'elle me jalousera … et toi, si tu pouvais te transformer en un animal, tu choisirais quoi ? »

Anabela écouta son frère avec attention. Elle trouvait elle aussi qu'un aigle, ce n'était pas mal comme choix de transformation. La liberté était recherchée par beaucoup d'être humain, et il était clair qu'Alexander n'en faisait pas exception. Ana le comprenait tout à fait. Alex devait en avoir marre de tous ces regards autour de lui, l'observant comme une bête de foire ou autre, et le ciel devait constituer un bel échappatoire pour lui. Ana aussi serait ravie de pouvoir s'envoler de temps en temps, et de ne plus avoir à penser à autre chose qu'à la sensation d'être pleinement libre. Mais pour voler, il y avait les balais, et elle était loin d'être très à l'aise dessus. Faire de la magie avec un bout de bois, passait encore, mais voler dans les airs avec un balai, là, c'était trop. Aussi, Ana était très bien avec ses pieds touchant la terre ferme à tout instant. La jeune fille se retint de faire un commentaire en apprenant qu'Alex préférait finalement suivre la même voie qu'Hecate et se changer lui aussi en loutre. De toute façon, elle s'était suffisamment exprimé intérieurement à ce sujet. Si Hecate lui piquait son frère, alors elle s'énerverait, c'est tout. Inutile de préciser qu'il était conseillé à la Serdaigle de faire attention. Car une Anabela en colère et jalouse pouvait faire beaucoup de dégâts. Surtout s'il était question de son frère. C'était la chose la plus précieuse qu'elle possédait dans ce monde, et il était hors de question qu'une autre vienne et l'empêche de le voir. Et puis quoi encore ? C'était quand même SON frère. Le sien, et à personne d'autre, alors pas touche !

« Je suis sûre que tu seras le plus beau de vous deux. Mais je ne crois pas qu'elle soit du genre à te jalouser pour une futilité pareille, elle m'a l'air quand même plus sensée. Je ne sais pas trop... Pose des questions plus faciles si tu veux une réponse d'accord ? Parce que là, ça dépasse mes capacités. »

En quoi Anabela pourrait bien se transformer si elle le désirait ? C'était une bonne question. Elle ne savait pas trop, à vrai dire, n'ayant jamais réfléchit à la question. Elle ne savait même pas si elle trouverait la réponse un jour. Enfin, elle pouvait toujours laisser Alexander choisir à sa place, au moins, les risques de déceptions seraient limités. Mais bon... ce qui était sûr, c'est qu'elle voudrait rester sur la terre ferme. Ana était heureuse de constater qu'Alexander était toujours capable de plaisanter à propos de sa meilleure amie. C'était certain qu'il serait plus beau qu'Hecate une fois changé en loutre, comment pouvait-il en être autrement quand on voyait à quoi il ressemblait ? La perfection incarnée ! Ou presque...

« C'est ça, continues comme ça et je vais demander qu'on me change de petite sœur, je suis sûre qu'il y a une possibilité d'échange ou de remboursement si on est pas satisfait de celle qu'on a … je devrais vérifier … »

Mais oui, bien sûr, comme si Anabela allait y croire. Elle savait parfaitement qu'il disait ça pour cacher le fait qu'elle l'avait vexé. Enfin... Elle l'espérait en tout cas. Mais ce n'était pas possible, comment son frère, son propre frère voudrait changer de soeur ? Elle était la meilleure soeur du monde, depuis le temps, il aurait pu le remarquer, non ? Alors pourquoi sous prétexte qu'elle se moque un tout petit peu de lui, il voudrait l'échanger ? C'était quand même son rôle de l'embêter. Ou serait le monde si les frères et soeurs ne passaient pas leur temps à se chamailler pour des broutouilles ? Alex devrait au moins s'estimer heureux qu'elle l'aime énormément. Mais pas de chance pour lui, c'était comme ça qu'elle le lui prouvait. Et puis, c'est ce qu'on disait, non ? "Qui aime bien châtie bien". Anabela n'avait aucun problème à mettre en application ce proverbe avec Alexander. Avec les autres, c'était plus compliquées. Les gens de nos jours, se vexaient beaucoup trop vite, et on ne pouvait plus rigoler.

« Tu me ferais pas ça quand même ? » Demanda-t-elle horifiée.

Il fallait la comprendre aussi, elle ne l'avait pas vu depuis... Septembre. Elle parlait un peu avec lui de temps en temps, lui envoyait des lettres, et tout, mais il lui arrivait parfois d'oublier de répondre à son frère et d'attendre comme une andouille une réponse à une lettre qu'elle n'a jamais envoyée. Et puis, si les profs ne leur donnaient pas autant de devoirs aussi, peut-être qu'elle n'oublierait pas de lui répondre. Mais même si elle lui écrivait une lettre par jour, ça ne remplacerait pas sa présence. Cela faisait trop longtemps qu'elle n'avait pas pu passer du temps avec lui, juste tous les deux. Et puisqu'Hecate était elle aussi venu à la maison pour les vacances, Alex avait encore moins de temps à accorder à sa petite soeur chérie pas si chérie que ça s'il voulait en changer. Alors oui, elle profitait de cet instant pour le couver de moqueries, puisqu'elle n'avait pas eu l'occasion de le faire depuis de nombreux mois. Mais ce n'était pas une raison de vouloir la remplacer.

« Moi aussi je t'aime ma Anabela ! »

Voilà qui était mieux. La discussion était redevenue normale. Ou en tout cas, aussi normale qu'un frère et une soeur exprimant leur amour pour l'autre, et se prenant dans les bras. Oui, normal quoi ! Pour les Maddox en tout cas.

« Il se fait tard, on devrait rentrer. Avant que ta dulcinée ne se demande si je t'ai pas enlevé ! » Se moqua-t-elle.

Ou comment tenter d'abréger une discussion qui n'a pas de suite. Et puis, ce n'était pas Alex qui allait s'en plaindre. Il avait quand même une invitée d'honneur qui l'attendait à la maison depuis un bon bout de temps. Anabela espérait quand même intérieurement que leur père n'avait pas lâché Hecate d'une semelle et lui avait appris tout ce qu'il y avait à savoir sur Alexander enfant, après lui avoir tout dit sur ses nombreux voyages. Après tout, c'était sa meilleure amie, non ? Elle avait bien le droit d'être au courant de tout ce qu'a fait Alex durant sa vie. Et puis, si ça pouvait donner à Anabela une raison de plus de se moquer de lui, elle n'allait pas refuser.

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