(#) Sujet: white dress and dark habits (BLUEBELL ♚ ERIN) Mer 8 Juin - 2:57
( white dress and dark habits | BLUEBELL ♚ ERIN )
La matinée pluvieuse avait laissé sa place à un déjeuner ensoleillé. Les nuages s’étaient déchirés en mille morceaux et les rayons du soleil printaniers s’étaient imposés, comme pour rendre plus supportable ce qui allait suivre. Car il était bientôt l’heure que je quitte Junior au profit d’une escapade à Londres qui signerait des essayages que je qualifiais déjà d’interminables. Tout ce qui touchait à la cérémonie à venir l’était — le choix des faire-part, des couleurs, des parfums, des invités —, cette étape ne ferait sûrement pas exception. Et, bientôt, ce futur de plus en plus proche le serait lui aussi, interminable. Dans une interprétation bien plus plaisante du terme. Mes lèvres déposèrent un dernier baiser sur celles de mon fiancé avant que je ne délaisse sa douce étreinte pour attraper une robe, la première qui passait — de toute façon, il me faudrait bientôt l’ôter pour d’autres, d’un blanc immaculé — et disperser, ici et là, quelques regrets de devoir l’abandonner. Mon regard croisa le sien, son sourire m’en tira un et, à contre-cœur, je refermai la porte de la Salle sur Demande derrière moi. Les tableaux qui occupaient le couloir n’étaient même plus surpris de nous voir aller et venir en ces lieux comme s’ils nous appartenaient tout entiers et plus aucun n’osait poser son attention sur moi trop longtemps depuis que je les avais chaleureusement menacés d’alimenter un immense bûcher.
Mes pas me guidèrent jusqu’aux portes du château que la silhouette familière d’une certaine vipère s’apprêtait à franchir. Allongeant ma foulée, je fus à ses côtés en quelques secondes, annonçant ma présence d’une moquerie susurrée à son attention. « Bluebell. Nous sommes d’une telle ponctualité que nous allons pouvoirrr fairrre le chemin ensemble. » Un sourire indéfinissable vint danser sur mes traits alors que mes yeux clairs quittaient les siens pour englober le sentier qui quittait Poudlard et ondulait jusqu’à Pré-au-Lard. C’était un après-midi en tête-à-tête qui nous attendait, du moins en grande partie puisque ma mère et celle de mon meilleur ami étaient retenues par une énième visite du lieu de réception. Malheureusement — quelle tragédie — le tailleur chez qui je me rendais était le plus réputé dans tout le Royaume-Uni et n’avait pas eu d’autres moments à m’offrir. Peut-être nous retrouveraient-elles si mon choix n’était pas encore arrêté lorsque leurs repérages seraient terminés. J’espérais bien qu’il n’en serait rien et qu’il ne me faudrait pas plusieurs heures pour trouver une robe à ma convenance.
Une fois en-dehors des limites imposées par les protections de Poudlard, nos pas ralentirent jusqu’à s’arrêter. « As-tu ton perrrmis ? » lui demandai-je, la main suspendue entre nous deux dans l’attente de sa réponse. Je ne l’avais pas sollicitée pour qu’elle reste malencontreusement bloquée ici, après tout. Un choix que certains pourraient trouver étrange, à n’en pas douter. Si nos rapports s’étaient grandement améliorés, elle n’en restait pas moins une vieille ennemie contre laquelle je m’étais longtemps battue. Sans compter que son jumeau avait eu l’insanité de s’arroger quelques faveurs et que sa présence à mes côtés, aujourd’hui, ne pouvait que déplaire à son frère. Enfin, nous avions un accord et je tiendrais ma promesse de ne rien divulguer sur sa compagnie pour ne pas heurter les sentiments de Maxton. La demande de la famille d’Archambault à son encontre l’avait sûrement déjà fait à ma place. Néanmoins, peut-être y avait-il un peu de cruauté à inviter Bluebell Sherwin à me seconder dans ces essayages. Une forme d’ironie insaisissable qui n’avait jamais quitté notre relation. Qui la teintait à merveille, par ailleurs. Avec un peu de chance, cela rendrait le défilé de tissu blanc plus piquant. Tout de même, je n’avais pas menti en soulignant son bon goût. S’il n’était pas parfait — elle semblait parfaitement entichée de mon tendre jumeau — il était tout de même supérieur à toutes les autres filles de cette école.
Nous transplanâmes, laissant derrière nous les bicoques vieillies par le temps, leur préférant les pavés parfaitement alignés d’une rue prospère de Londres. Nous n’avions que quelques mètres à parcourir avant de pouvoir pousser la porte vitrée et illuminée de dorures de cette luxueuse boutique qui n’exposait pas la moindre création en vitrine — l’apanage des plus grands noms qui incluent l’exclusivité dans les prix de leurs inventions. « Mademoiselle Sørensen, quel plaisir de vous recevoir. Mademoiselle Sherwin, bienvenue. Suivez-moi je vous prie. » L’homme avait bien appris ses leçons. Il n’était pas exactement ce à quoi je m’attendais — je me figurais l’un de ces loufoques extravertis qui justifient tout par leur besoin créatif supérieur : ils hantaient parfois les réceptions les moins intimes — et ce n’était pas pour me déplaire. L’hypocrisie surfaite avait tôt fait de m’échauffer.
« Comme prrromis, voilà le champagne. Ne bois pas tout. » soufflai-je à l’oreille de ma compagne d’infortune avant de céder à l’appel impérieux de notre hôte qui m’invitait à me glisser derrière un lourd rideau beige. Mes mensurations lui avaient été communiquées par la couturière de ma famille et il avait pris soin de sélectionner quelques modèles en avance. Le voile épais se referma sur moi, me laissant seule face à cette montagne d’étoffes blanches. Les cinq robes étaient parfaitement alignées, ensorcelées pour léviter à quelques centimètres du sol et se tenir aussi droite que si je les portais déjà. Mes doigts coururent sur la mousseline, mes yeux opalins contemplèrent les motifs délicats… Puis je tirai le rideau, rejoignant Bluebell qui était déjà installée dans l’un des fauteuils de notre salon privé, une coupe à la main. « Je vois que tu ne perrrds pas de temps. » ironisais-je avant de me tourner vers le couturier qui s’avançait déjà vers moi. « Aucune ne convient. Elles sont trrrop… trrrop. » Il hocha rapidement la tête et s’éloigna à pas rapides. « Vas-tu en prrrofiter pourrr te trrrouver une rrrobe ou bien les Sherrrwin serrront-ils absents de ce grrrand jourrr ? » fis-je avec un sarcasme bien lourd en comparaison des bulles qui pétillaient joyeusement dans le liquide doré.
DETAILS EN PLUS Et plus en détails ? Statut Sanguin: Sang-Pur Pouvoirs spéciaux: Magie sans baguette Poste de Quidditch: Aucun Patronus: Un cormoran aptère Epouvantard: Un miroir de plein pied Matières suivies et niveau: Points Défis: (1415/2000) Disponible pour un RP ?: Si t'es pas pressé, c'est d'accord ! D'autres comptes ?: L. Daisy Gibson
(#) Sujet: Re: white dress and dark habits (BLUEBELL ♚ ERIN) Mar 14 Juin - 9:46
White dress and dark habits
Aucune femme n’était à la hauteur de Maxton. Trop criardes ou trop ennuyantes, trop exubérantes ou trop insipides, les filles de cette école formaient une masse inerte qui justifiait autant la solitude de Bluebell que le célibat de son jumeau. Sauf Erin Sørensen. Peut-être parce qu’elle était suffisamment divertissante, relativement respectable et foncièrement intelligente, la Norvégienne s’était dégagée de la masse d’écervellées que comptait Poudlard. Vive d’esprit, elle affichait une raillerie assumée qui, à défaut de la rendre abordable, entretenait assez l’attention divagante de la Serpentard pour qu’elle prenne du plaisir en sa compagnie. Dommage cependant qu’elle soit apprêtée de si vilains défauts. La susceptibilité. L’irresponsabilité. Junior. Ce dernier était certainement la plus grossière tache au tableau. Outre la profonde platitude qui marquait ses mots, au-delà de l’invisibilité qui soulignait sa présence, le jeune homme hantait le corps de sa promise qui ne vivait qu’au travers de lui. Un amour qui aurait pu être noble si d’une part Bluebell n’était pas si imperméable à ces histoires écoeurantes et si, d’autre part, les sentiments de Maxton ne rendaient pas cette union aussi regrettable. Non seulement Erin était l’exception à peu près digne de son frère, mais elle était également la seule pour qui il s’était jamais épris. Aussi la perspective d’aider la Poufsouffle à trouver un accoutrement pour cette stupide union avait-elle d’abord ennuyé Bluebell qui, à force de réflexion, s’était finalement résolue de contribuer à cette mascarade. Elle n’approuvait ni le mari, ni l’effet que tout ce cirque avait eu sur Maxton qu’elle avait dû, à nouveau, redresser de sa seule volonté. En revanche, d’une curieuse façon, elle appréciait Erin, et demeurait convaincue qu’aucune compagnie ne devait jamais souffrir de vulgaires histoires d’hommes. Son frère ne devait ainsi pas s’entremettre au sein de ses propres relations… De la même façon qu’il avait jugé bon de continuer à voir Erin lorsqu’elle entretenait pourtant une haine passionnelle à son égard. Et puis, dans le fond, la Norvégienne n’y était pour rien. Elle avait fait preuve de naïveté (et ce n’était pas faute de sa mise en alerte lors de leur entrevue sur le lac), mais le vrai responsable, outre son manque de poigne sur la question de l'addiction, demeuraient les illusions de Maxton. Là encore, ce n’était pas faute de l’avoir prévenu. Bluebell estimait avoir fait la part de son rôle - et le reste ne la regardait plus tout à fait. Pourtant, une singulière appréhension lui noua le ventre lors du déjeuner, quelque part entre la salade et la viande, entre l’anecdote de Maxton qu’elle n’écoutait pas et le mensonge qu’elle lui chanta pour s’absenter l’après-midi. De la culpabilité, peut-être, de la déloyauté, sûrement. C’était idiot, à bien y penser, un poids inutile. Maxton avait fait pareil en fréquentant Erin contre son gré quelques années plus tôt et elle demeurait maître de son entourage, surtout qu’il ne s’agissait que d’une terrible méprise sentimentale qui ne la concernait pas. Mais n’était-il toutefois pas politique d’ainsi contribuer à l’excellence du mariage ? Comme dans toute situation politique, Bluebell avait pensé que la corruption aurait suffi à faire taire sa morale. Du champagne, une infinie discrétion pour échapper à la connaissance du public. Au lieu de quoi, l’inconfort dans lequel elle fut, n’écoutant que d’une oreille distraite le discours de son jumeau, lui apprit qu’elle avait plus de moral qu’une bouteille ne saurait noyer.
La facilité ne te sied guère. Les mots rédigés par sa camarade étaient aussi justes que forts. Se congédiant auprès de son frère sans avoir terminé son assiette, Bluebell rejoignit son dortoir que Carla avait eu la présence d’esprit de déserter pour prendre une douche illusoirement expiatrice. Elle enfila une chemise plumetis et une jupe à pied de poule avant de remonter ses cheveux encore mouillés dans une pince de nacre. Il n’était plus question de prendre l’absurde risque de se promener avec le peigne des Melrose… Une fantaisie qui avait fini par lui passer maintenant qu’elle avait retrouvé une ambition dans le désordre de son passé. Peut-être était-elle plus pâle que nécessaire, mais il lui sembla finalement être prête à temps. Enfilant une longue cape noire pour affronter les caprices météorologiques de l’Angleterre, Bluebell quitta son dortoir avant de changer d’avis. Empressée comme elle l’était de s’éloigner du château, de son frère et de ses dernières appréhensions, elle n’entendit guère Erin parvenir jusqu’à sa hauteur, manquant de la faire sursauter. “Merveilleux” se réjouit-elle d’un air qui laissait pourtant entendre le contraire. Jetant un œil derrière elles dans une attitude quelque peu paranoïaque, la Serpentard rabattit la lourde capuche de sa cape sur son crâne avant de presser le pas, invitant sa camarade à suivre la cadence pour rapidement traverser le chemin menant à Pré-au-Lard. Ce qu’elles se racontèrent en cette promenade ensoleillée demeura de l’ordre de l’oubli ; quelques futilités, quelques plaisanteries, quelques sujets qui ne retinrent nullement l’attention de Bluebell encore figée sur la porte d’entrée du château. Elle savait que Maxton avait prévu de rester au sein de l’école cette après-midi, mais la potentialité, aussi maigre soit-elle, de le croiser en présence d’Erin serrait suffisamment sa ventre pour être même rebutée à l’idée de tremper ses lèvres dans le champagne promis. Elle jouait encore nerveusement avec sa chevalière, soucieuse aussi bien de croiser le regard de son jumeau que de sentir une chaleur émaner sur son doigt, quand elles franchirent la barrière de Poudlard. Le regard perdu sur le village qu’elles venaient de traverser, Bluebell acquiesca pensivement à la demande de la Poufsouffle, gardant quelques secondes d’un silence préoccupé avant de lui répondre. “Seulement, j’ignore l’adresse exacte de rendez-vous et il serait bien dangereux pour moi de transplaner à l’aveugle.” Elle reporta enfin son regard dans les prunelles opalines de la jeune fille, lui adressant alors un rictus déjà plus assuré par rapport aux mimiques évasives dont elle l’avait gratifiée jusqu’alors. “Et à moins que tu ne souhaites passer l’après-midi avec une borgne ou une infirme, il nous vaut donc mieux voyager ensemble. Après tout, il ne conviendrait pas de prendre le risque d’altérer mon jugement et d’ainsi te laisser choisir une horreur.” Sans autre formalité, elle se saisit de la main tendue entre elles pour finalement arriver dans une élégante ruelle de Londres. L’air était déjà plus sec, les pavés plus droits, les boutiques plus luxueuses. Qu’il était agréable de quitter la vétusté de l’Ecosse pour la mondanité familière de la grande ville. Peut-être par ce changement d’atmosphère ou peut-être simplement par distance physique, Bluebell se sentit davantage soulagée. Le plus difficile avait été fait - mentir à Maxton, se soustraire à sa présence, éviter de le croiser. Il ne s’agissait désormais presque plus que d’une après-midi légère avec une agréable compagnie. Suivant Erin jusqu’à une vitrine particulièrement intime et de fait de bon augure, la Serpentard salua le tenant de la boutique d’un hochement de tête pour pénétrer dans un vaste salon où de lourds canapés de velours bleu semblaient l’appeler à s’y prélasser. Erin lui indiqua avec malice la bouteille de champagne ouverte qui trônait au milieu d’une table basse en marbre, entourée de quelques macarons et autres délicates friandises. Cette vue finit tout à fait de la détendre - non pas par seul plaisir de déguster une bonne bouteille, mais par assurance que ses exigences seraient respectées. Du bon champagne français et un ferme silence sur cette rencontre qui demeurerait entre elles. “Ne traîne pas trop en ce cas, tu sais combien j’apprécie te contredire.” Esquissant un sourire d’amusement, Bluebell observa sa camarade se faire emmener de l’autre côté d’un lourd rideau crème qui l’occulta en quelques secondes.
Désormais seule, Bluebell eut tout le loisir de pleinement considérer la traîtrise de son action. Avec du recul, toutefois - elle connaissait déjà par cœur les arguments qui l’avaient portée jusqu’ici, dans ce charmant salon qu’elle balaya du regard avant de prendre place dans l’un des canapés. Nonchalante, elle posa son crâne contre son poing retenu sur l’accoudoir, réalisant qu’elle était de fait contente d’être en ces lieux malgré la morale questionnable d’ainsi soutenir celle qui était la source des tourments de son jumeau. Elle avait pris cette décision en toute conscience et elle pouvait soit encore se torturer l’esprit, soit savourer le raffinement de l'ambiance. Maxton ne risquait pas de débarquer ici, Maxton ne risquait pas non plus d’être jamais au courant. Lorgnant sur les deux coupes de cristal vides qui accompagnaient la bouteille ouverte, elle se résolut finalement de couler les derniers état d’âme qui pesaient sur ses épaules dans les bulles qui tournoyèrent dans les verres qu’elle remplit. Au-delà de la légitimité de sa présence ici, il y avait également d’autres fantômes à chasser - la singularité d’ainsi épauler Erin sur le choix d’une robe, symbole ultime du mariage, elles qui pourtant se méprisaient encore quelques années plus tôt ; la mélancolie du temps qui passe, constatant qu’elle était dorénavant celle donnant conseil là où Phoenix avait par le passé endossé ce rôle ; l’amertume, aussi, de savoir que les deux femmes indépendantes qui avaient su gagner son estime avaient choisi l’amour à la gloire de la réussite. Phoenix était prometteuse, mais n’était désormais plus que l’ombre d’Hannibal. Erin, à sa façon, était brillante. Le mariage ne signifiait pas nécessairement le déclin des ambitions, mais Bluebell n’était pas non persuadée que la vie à deux facilite les aspirations personnelles. Somme toute, elle ne s’opposait pas foncièrement au mariage… Mais saisissait difficilement l’intérêt d’une telle union au prétendu pouvoir de l’affection. Peut-être était-elle trop égoïste pour comprendre ceux qui auraient tout fait pour l’autre. Peut-être avait-elle au contraire la chance d’avoir déjà ce soutien inconditionnel dans sa vie, un frère, sans nécessiter un autre lien. Perdue dans ses considérations, elle porta une première gorgée à ses lèvres. Le champagne était excellent. Il roula sur sa langue sous ses paupières fermées, se délectant de ces quelques secondes de délice. Sa rétrospective ne rendait l’instant que plus appréciable. Tant d’histoires, de drames et de défiance pour enfin apprécier la paix qui ondulait dans le liquide doré. Mais déjà, Erin refit surface, sans être drappée d’aucune robe, mais précieusement enroulée de sarcasme, comme à son habitude. “Je ne suis pas réputée pour ma patience, à ce que je sache” confirma-t-elle avant de se pencher pour récupérer la seconde coupe qu’elle avait remplie. Elle la tendit à Erin qui venait de donner du fil à retordre au commerçant, restant assise, avant de trinquer avec elle. Sa question lui arracha un ricanement qu’elle conclut d’une nouvelle gorgée. L’acidité de l’alcool couvrit celle qui secouait encore son estomac à l’idée de cacher une telle scène à Maxton, anonymement énoncé dans l’interrogation d’Erin. “Hélas, je doute de trouver mon bonheur ici… Non pas que les tissus semblent de mauvaise qualité - seulement, j’imaginais une robe plus… Sombre. Du noir, peut-être. Nous n’allons pas manquer une si cérémonieuse occasion, mais il me semblerait inapproprié de venir vêtue de couleur à tes funérailles” répondit-elle alors, railleuse. Libre à Erin d’entendre ce qu’elle souhaitait - une désapprobation tacite de sa décision, une crainte potentielle de la voir s'effacer au profit de la platitude de l’amour, une menace légère du comportement de son frère le jour venu. Un mélange de tout cela, certainement. Ce mariage n’avait en fin de compte rien de réjouissant. D’un autre côté, qui était-elle pour s'en mêler ? Erin était entièrement libre de son choix, comme l’avait été Phoenix, comme le seraient toutes ces dignes femmes qui célébraient cet étrange sentiment. “A ce sujet, je ne crois pas être au fait de la manière dont vous avez décidé d’une telle union. Était-ce un choix partagé ou Junior t’a-t-il mis le couteau sous la gorge ?” Elle doutait qu’un tel poltron puisse mettre autant de vigueur à la tâche, mais ce n’était pas non plus à exclure. Et il n’y avait sûrement pas meilleure occasion pour connaître le fond de l’assentiment d’Erin… Si elle avait quelques confidences inquiètes à émettre, c’était le moment. Le champagne, tout comme leur discrétion, pourrait étouffer bien de sulfureux aveux.
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(#) Sujet: Re: white dress and dark habits (BLUEBELL ♚ ERIN) Lun 20 Juin - 1:05
( white dress and dark habits | BLUEBELL ♚ ERIN )
L’après-midi ensoleillé déployait tous ses attraits à ma sortie du château. Était-ce pour mieux me narguer et souligner les heures perdues loin de Junior ou pour colorer cette journée qui s’annonçait particulièrement riche en nuances de blanc ? Franchissant les portes de Poudlard quelques secondes avant que je n’en fasse de même, la silhouette soulignée d’une cape noire de Bluebell Sherwin attira toute mon attention. Le sourire d’un fauve qui s’apprête à dévorer sa proie étira mes lèvres alors que je me rapprochai d’elle, étudiant sa démarche pressée habitée d’une certaine tension. La raison d’un tel trouble n’était guère difficile à deviner. Prenez un frère aux sentiments désordonnés, ajoutez une sœur aussi fidèle que déloyale, placez-les sur l’échiquier d’un mariage à venir et vous obtiendrez une Serpentard ayant accepté mon invitation mais veillant à ne pas être vue de son jumeau. La situation m’amusait sincèrement. Fût un temps où Maxton Sherwin louvoyait entre les ombres de l’influence de sa très chère sœur pour me retrouver. Un temps révolu qui avait laissé la place à son exact opposé. C’était désormais Bluebell qui — je n’en doutais pas une seule seconde — avait dû mentir à son jumeau — sûrement par omission, peut-être frontalement — pour me retrouver aujourd’hui et m’accompagner dans la recherche de ma robe blanche, symbole des espoirs assassinés de son frère. Oui, la situation était exquise pour qui avait un tant soit peu de bon goût. Et j’en avais, assurément. J’avais récemment loué celui de Bluebell et je me demandais s’il s’étendait jusque là alors que mon timbre amusé la saluait, se délectant des regards désordonnés qu’elle jeta par-dessus son épaule. Un rire s’échappa franchement d’entre mes lèvres lorsqu’elle rabattit sa capuche sur ses boucles brunes. « Ma compagnie n’avait jamais fait cet effet-là. » fis-je d’un ton empli de sarcasme. Néanmoins, que Maxton nous surprenne ou n’en sache jamais rien m’était égal, aussi consentis-je à suivre la cadence imposée par ma camarade qui ne souhaitait vraisemblablement qu’une chose : s’éloigner de Poudlard au plus vite.
Le chemin fila sous nos pas et Pré-au-Lard fut bientôt en vue. Avec lui, toute la latitude de transplaner et de laisser derrière nous, enfin, les craintes vivifiantes de la Serpentard. Encore fallait-il savoir si elle était en état de s’enfuir seule ou si mon aide était requise. L’ombre d’un sourire flotta sur mes lèvres alors que les siennes s’agitaient enfin avec leur verve habituelle. « Il semblerrrait que je doive déjà passer l’aprrrès-midi avec une crrriminelle, contentons-nous de cela pourrr aujourrrd’hui. » Nos mains liées mirent un terme à ces plaisantes ironies. La boue du petit village sorcier laissa place aux pavés luisants d’une pluie récente de Londres. Autour de nous, les boutiques luxueuses se succédaient, invitant leur clientèle privilégiée à pénétrer dans ces écrins de bon goût, suggérant à la plèbe de ne même pas poser leurs yeux envieux sur les vitrines. Une nuance subtile flottait dans les airs, faisant savoir aux uns qu’ils étaient à leur place, et aux autres que ce n’était pas un monde à leur portée. Un salon nous était réservé dans l’une de ces maisons intimistes. Le tenant nous l’indiqua à grand renfort de politesses — que je trouvais exagérées mais que le commun des futures mariées devaient trouver à leur goût — avant de nous laisser seules quelques minutes. Le champagne promis était accompagné de quelques bouchées gourmandes — de quoi satisfaire les femmes qui accompagnaient celle dont le grand jour approchait et faire taire leur impatience face aux essayges sans fin. Déjà, notre hôte réapparaissait, m’entraînant avec lui derrière un lourd rideau opaque qui renfermait des étoffes blanches à ne plus savoir qu’en faire. L’ironie de Bluebell m’accompagna jusque là, laissant sur son sillage l’agréable sensation de ne pas être complètement perdue. C’est que l’abondance de blanc, de crème, d’écru et de ces autres nuances dont je peinais à discerner les différences avait de quoi faire tourner la tête et me donner l’impression d’être dans un espace hors du temps. Au cœur de tout cela, la voix douce et piquante de la Serpentard était comme une habitude qui m’assurait que tout était réel. Que ce futur pour lequel je m’étais tant battue, qui avait fait coulé tant d’encre et de larmes, n’était pas un mirage lointain. Junior était bel et bien mon fiancé — l’anneau, à mon doigt, sembla peser de tout son poids pour me rappeler sa présence, et un sourire fugace se posa sur mes lèvres —, ces robes qui m’attendaient avaient bel et bien pour but de faire de l’une d’entre elles la mienne. Tout était réel. La présence de Blubell Sherwin le jour où j’allais décider de la robe que je porterais pour mon mariage ne pouvait qu’être la réalité. Aucun esprit n’était suffisamment fou pour imaginer une telle chose.
Sous mes doigts, les tissus subirent un examen dénué de pitié, aussi rapide qu’implacable. Les cinq propositions ne valaient rien. Comment avaient-elles été sélectionnées ? Le couturier possédait déjà mes mensurations, personne ne lui avait partagé mes goûts ? Quels étaient-ils, ces goûts en question, lorsque le temps venait de choisir une robe immaculée ? Je n’en avais pas la moindre idée. En revanche, je savais que ça n’était pas ce que j’avais sous les yeux. Un bustier tâcheté de pierres précieuses, un jupon qui prenait toute la place, un tissu si lourd qu’il semblait fait de plomb, une traîne parsemée de papillons qui semblaient battre des ailes, une dentelle aux reflets rosés… Je n’avais pas passé plus d’une minute dans la cabine que j’en sortais, enveloppée de certitudes à défaut de l’être de blanc. Ma camarade avait déjà rempli nos coupes de ces bulles dorées qu’elle avait réclamées et s’en délectait, nonchalamment assise sur le sofa bleu. « Et c’est l’une de tes rrrarrres qualités. » Mes doigts s’enroulèrent autour du verre qu’elle me tendait, un éclat de remerciement silencieux au fond de mes prunelles claires. Junior aurait rendu toute cette après-midi aussi évidente que le reste. Sans sa présence, je me sentais simplement projetée dans un rôle qui ne me seyait guère. Pas celui de devenir sa femme, non, celui-ci me plaisait plus que je ne pourrais jamais le verbaliser. Nous serions bientôt Roi et Reine d’un royaume nous appartenant tout entier. L’évidence, sur ce point, ne fléchissait pas. Celui de me plier à tous ces usages dont nous n’avions pas besoin, en revanche, me laissait un goût étrange, relevé par l’amertume pétillante du champagne qui glissa sur ma langue. L’homme s’était précipité en entendant ma voix, pour s’assurer que tout se passait comme je le désirais, ce qui n’était pas exactement le cas. Il s’inclina, avant de disparaître derrière le rideau de velours, renvoyant les robes incommodantes dans le néant. Revenant à ce que je maîtrisais le mieux — les sarcasmes empreints d’une certaine cruauté — je demandai à Bluebell ce qu’elle comptait porter pour ce grand jour qui s’annonçait. À moins qu’elle ne se déclare absente, refusant par la même occasion de se pavaner au bras de mon frère, puisque je ne voyais pas sur quel autre cavalier elle pourrait jeter son dévolu. Son jumeau ? Il n’était pas très mondain de choisir son propre sang comme compagnon.
Ses élans railleurs m’arrachèrent un rire étouffé. Nous y étions. Mon regard opalin glissa sur ses traits, les fouillant sans délicatesse pour en extirper leurs secrets. Était-ce la soeur qui défendait son frère des mois après son rejet ? Voilà qui surviendrait tardivement, j’avais connu la Serpentard plus ponctuelle. La jalousie était à exclure. Ce n’était pas Rowle, que j’avais en face de moi, prêt à tout pour arracher Junior à tout autre forme de vie et se l’accaparer dans une étreinte sans saveur. Je n’étais pas dupe — et pourtant je ne saisissais peut-être pas tout à fait l’ampleur de l’affection malsaine qu’il portait à mon meilleur ami — et je savais qu’il me haïssait en grande partie pour la place que j’occupais aux côtés du Serpentard. De même, je n’étais pas Yaxley, seule et unique personne que Bluebell avait jamais jalousé, assortissant ces élans sentimentaux d’une haine tenace. Ni vengeance, ni envie… L’incompréhension, peut-être était-ce là la raison de son ironie. Les rares fois où nous avions toutes deux parlé de Junior, ses propos n’avaient guère été élogieux. Là encore, j’étais lucide concernant ses sentiments à son égard. Je n’avais jamais cherché à la détromper. Que la perfection de mon fiancé me reste acquise, à moi et à moi seule, les autres pouvaient se méprendre sur son compte, ou le mien, c’était bien le dernier de mes soucis. Fallait-il être aveugle ou stupide pour ne pas voir ce qui crevait les yeux ? La question restait ouverte. « C’est forrrt délicat de ta parrrt. Orrr, toute délicatesse contient une parrrt d’insulte. Me penses-tu si faible pourrr m’annoncer morrrte aussi facilement ? » Amusant, venant d’une femme qui s’était abaissée à bien des manigances pour obtenir l’attention de celui qu’elle convoitait sans se l’avouer. Il me serait toujours possible de porter du noir à mon tour si jamais mon jumeau et sa complice parvenaient à accorder leurs personnalités déshumanisées pour construire un futur commun. « Je crrrains que tu n’aies passé trrrop de temps dans les Enferrrs, chèrrre Bluebell, pourrr confondrrre marrriage et enterrrement. » Le champagne roula sur ma langue, y déposant de nouvelles bulles qui explosèrent contre mon palais. Dans le fond, je ne lui en tenais pas rigueur. La cérémonie en elle-même ne portait pas le moindre sens. Ce n’était qu’une mondanité parmi les autres, une étape nécessaire pour sceller notre victoire déjà acquise. Était-ce pour cela que le marié se vêtissait d’un costume élégant et la mariée d’une robe blanche ? Pour clamer haut et fort que la guerre était terminée, qu’ils avaient gagné et qu’ils n’avaient plus besoin de porter aucune armure ?
Derrière nous, les bruissements cessèrent et le tenant réapparut, s’inclinant respectueusement pour m’annoncer que d’autres robes attendaient mon avis. Un hochement de tête de ma part, et il disparut. Il maîtrisait l’art de la discrétion comme seul un homme rompu à l’exercice le pouvait. Un soupir se déposa sur mes lèvres en même temps que ma coupe sur la table. « Ta question est stupide. » Mes yeux retrouvèrent les siens. Nulle moquerie, nulle insolence. « Imagines-tu vrrraiment qu’un couteau sous la gorrrge aurrrait rrraison de moi ? » Un sourire sauvage remplaça le sérieux qui habillait mon visage. « Tu n’as qu’à penser à Maxton. Il a bien essayé de s’emparrrer de ce qui ne lui apparrrtenait pas parrr la forrrce et cela ne lui a pas exactement rrréussi. » C’était sans équivoque : la présence de Bluebell rendait tout cela indubitablement réel. Rien ni personne ne pouvait se figurer de telles paroles dans l’antichambre du mariage. Tournant les talons, je revins à la place qui n’attendait que moi, effaçant la silhouette de Bluebell d’un geste ferme. Le propriétaire des lieux avait été plus raisonnable. Trois robes me faisaient face, chacune d’une qualité infiniment supérieure à la somme de leurs cinq prédécésseuses. Du bout des doigts, je caressai la dentelle finement ouvragée des manches de la première. « Sache qu’il ne pourrrait y avoirrr de choix plus parrrtagé. Est-ce si difficile à concevoirrr ? » demandai-je, tout en connaissant déjà le fond de la réponse qu’elle me retournerait. Peut-être fallait-il lui raffraîchir la mémoire. « Souviens-toi des montagnes que tu es allée soulever pourrr obtenirrr l’attention de mon tendrrre jumeau. » Était-ce si différent ? Ses stratagèmes n’étaient peut-être pas aussi définitif que cette union, mais leur relation n’était en rien comparable à la nôtre. « Qu’est-ce qui éveille rrréellement ta currriosité ? » finis-je par demander, alors que l’étoffe pâle terminait sa course à mes pieds et que je délaissais ma loge au profit de la plateforme censée permettre à toutes de contempler la course folle d’une future mariée et ses robes.
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(#) Sujet: Re: white dress and dark habits (BLUEBELL ♚ ERIN) Mer 29 Juin - 13:42
White dress and dark habits
Le sarcasme était un art à part entière. Des codes et des règles, un accoutrement travaillé dans une mise en scène minutieusement étudiée. Plus noble que le théâtre, car fidèle aux pensées des acteurs. Plus souple que la danse, car tournoyant dans l’agilité infinie des songes. Comme tous les arts, il recensait de nombreuses recrues mais de rares professionnels. A n’en pas douter, Erin était l’une de ces prodiges, se pavanant non loin de Bluebell, si bien que les duels qui opposaient les deux jeunes filles relevaient de véritables représentations qui méritaient indubitablement l’attention de tous. Peut-être auraient-ils ainsi pu espérer s’élever de la banale misère qui couvrait leurs répliques… L’intelligence savante des deux demoiselles avait effectivement une vigueur qui aurait pu s’avérer particulièrement inspirante pour la médiocrité du monde. Dommage, cependant, qu’elles soient aussi secrètes et exclusives, sauvages et inaccessibles, peu enclines à partager de telles ressources oratoires. Elles préféraient limiter l’exhibition de leur talent qu’à elles-mêmes. Au moins s’assuraient-elles des spectacles dignes de leurs personnes, loin d’un quelconque ennui. N’était-ce pas la raison même pour laquelle elles appréciaient la compagnie de l’une et de l’autre ? Rechercher du divertissement pour s’extraire de l’inertie contagieuse du château et de la lourdeur éreintante des mondanités. Il n’y avait que les êtres fragiles comme Yaxley pour croire que l’on échappait au malheur qu’avec de la bonté. Le véritable moyen pour s’élever n’était assuré qu’avec cette impétuosité décisive qui marquait leurs lèvres de rictus sardoniques. Le sarcasme revêtait une dignité salvatrice. De fait, Bluebell quitta sa torpeur par une première morsure, valant une griffure d’Erin qui se permit de la qualifier de criminelle. Loin de s’en formaliser, la Serpentard laissa échapper un ricanement avant de transplaner au bras de sa camarade. Le mot était excessif, mais l’idée était légitime. Bluebell se sentait fugitive ; échapper loin de son frère en raison d’une faute qu’il n’aurait jamais la clémence de tolérer. Heureusement, Londres était une excellente ville pour une réfugiée de son genre. Du bon goût, de la richesse, de la distance. Une terre assez fertile pour rabattre la capuche de sa cape et avancer le menton relevé. Les ennuis étaient derrière elles à présent - pour quelques heures illusoires seulement - et la jeune fille pouvait donc se permettre un léger relâchement. En effet, mieux valait prendre toute cette situation à la légère. Dans le fond, ne méritait-elle pas ce flottement après toute la lourdeur qui avait pesé sur ses épaules ? L’année passée, un été de surveillance, la violence d’une rechute quelques mois plus tôt. Si elle ne s’accordait pas cette flânerie, il aurait été fort à parier qu’elle aurait fini boiteuse, appesantie de tous les coups forts qu’elle avait encaissés jusqu’alors sans rechigner. C’était égoïste autant que nécessaire. Bluebell n’avait jamais fait preuve d’autant d’abnégation que depuis que son frère avait souffert de son addiction et retrouver toute la superficialité narcissique de son caractère pendant une délicieuse après-midi était une tentation à laquelle elle n’avait pas eu envie de résister. Maxton ne comprendrait jamais sa décision d’ainsi rejoindre Erin, mais il pourrait aisément saisir son besoin d’insouciance, de raillerie, de champagne frais servi dans une coupe de cristal à l’abri d’une élégante boutique sertie de canapés de velours. Et si Bluebell savait qu’elle en paierait le prix, creusant sa dette d’une culpabilité évidente, le sourire rêveur qui avait traversé ses lèvres alors que la Norvégienne avait disparu derrière un épais rideau valait résolument une telle folie.
Erin réapparut après quelques longues minutes d’une rare accalmie. D’un autre côté, Bluebell n’avait pas accepté sa compagnie pour jouir de tranquillité. Son dortoir, quand Yaxley préférait papillonner auprès de sa larve, lui garantissait déjà cet échappatoire. Acceptant la coupe qu’elle lui tendait dans la perspective de trinquer à des funérailles, dans la continuité sarcastique de leur rencontre, Erin exprima une pointe de déception à se savoir considérée assez fragile pour mourir de la sorte. “On raconte que l’amour est aveugle. Tu n’es donc pas faible, seulement éborgnée. Et je m’en voudrais terriblement de te laisser ainsi déambuler vers un cercueil sans t’en avertir.” Arquant un sourcil dans une moue narquoise, Bluebell finit par hausser des épaules comme pour signifier qu’Erin faisait de toute évidence ce qu’elle voulait avant de boire une nouvelle gorgée de champagne. Elle reposa ensuite son crâne sur son poing, considérant la Poufsouffle qui répliquait déjà en retour. Un sourire amusé étira ses commissures à l’entendre parler des Enfers. Comment lui reprocher d’y avoir passé trop de temps alors qu’elle y était née ? Chacun son royaume et en l’occurrence, Bluebell avait fini par s’habituer à l’aridité suffocante du sien. “Pardonne mon ignorance. Accepterais-tu de m’expliquer la différence entre une pierre tombale figurant une identité morte d’un document administratif effaçant définitivement ton nom de famille ?” Parmi tous les motifs pour lesquels Bluebell exécrait l’idée d’un mariage, la suppression du nom de famille figurait en tête de liste. Certes, elle était une fervente défenseuse des traditions qui, selon elle, se devaient d’être perpétrées pour assurer la pérennité de la décence même dans les époques les plus décadentes. Mais la réécriture de l’histoire ne faisait guère partie de ces honorables coutumes, bien au contraire. Qui pourrait accepter l’effacement de sa personne, de sa lignée ? Quoiqu’encore en guerre contre ses racines, Bluebell n’avait aucunement l’intention de laisser sa propre histoire être modulée par un homme qui se permettrait de l’intégrer à son parcours. Un instant de silence flotta quand le tenant de la boutique apparut devant elles. Erin le congédia presque aussitôt d’un mouvement de tête et Bluebell fixait encore le point où il avait disparu lorsque sa camarade souligna la stupidité de sa demande, captant son attention qui glissa sur son regard. Il n’y brillait aucune impertinence, ce qui suscita tout son intérêt. Elles n’étaient plus en train de performer ; leur discussion semblait finalement miroiter une part de franchise autrement plus outrancière. La mention de Maxton fit ainsi claquer sa langue alors qu’elle tournait le visage de l’autre côté de la pièce, accusant le coup loin des prunelles insatiables de la jeune femme. Quelques vases de porcelaine brillaient sous le soleil qui s’infiltrait par les vitraux, là où de tranchantes pensées éclataient sous la brûlure de son mécontentement. Il ne s’agissait pas de l’impertinence d’Erin, il en allait précisément de la justesse de ses propos. Son frère avait essayé de s’emparer d’elle par la force. Son action telle qu’elle se la figurait d’après le récit qu’il en avait fait était embarrassante. N’avait-il pas suffisamment d’estime pour s’épargner une si pathétique offensive ? N’était-il pas assez cavalier pour savoir qu’on ne s’attaquait pas aussi vulgairement à une dame ? N’avait-elle pourtant pas été claire en lui rabâchant qu’elle était déjà promise à un autre ? Son sentiment de responsabilité venait précisément de cette dernière question en suspens. Elle aurait pu insister davantage. Elle aurait dû le protéger de ses fantasmes. “Au moins sommes-nous d’accord sur ce point” répondit-elle finalement après de longues secondes en tournant à nouveau son visage vers sa camarade, le regard lourd de sens. “Il s’est comporté comme un imbécile et ce serait mentir que de t’affirmer que je comprends ce qui lui est passé par l’esprit.” Elle n’avait aucune honte à admettre à Erin qu’elle partageait sa perception et il aurait sot de chercher à défendre l’indéfendable. Néanmoins, elle était incapable de dénoncer entièrement son frère. Aussi déchirée soit sa loyauté, elle n’en demeurait pas moins inébranlable. “Ceci étant”, reprit-elle alors, “je pense qu’il a réalisé son erreur. En vérité, il en a même déjà payé tous les frais.” Son acte avait coûté cher. Un plongeon dans les limbes, une danse avec ses démons. Le souvenir du fantôme qu’elle avait rencontré dans la salle-sur-demande valut une lueur féroce dans son regard qu’elle éteignit rapidement d’une gorgée de champagne avant de se laisser ronger davantage. “Je ne t’insulterai pas en demandant ta clémence. Seulement, il me semble important de te signaler l’inutilité d’une quelconque remontrance. Venant de la reine de la vengeance elle-même, je suppose que mes mots valent bien quelque chose.” Un rictus trancha le sérieux de ses dires à double sens. Erin savait pertinemment combien elle était ivre de revanche à la moindre insulte. Arguer la nécessité de laisser son frère en paix malgré son acte relevait donc aussi bien d’un conseil sincère que d’une menace insidieuse. Maxton était en tort, mais elle n’hésiterait pas à riposter à ses côtés en cas de besoin. Il avait déjà assez souffert et elle ne tolèrerait guère un nouveau coup qui risquerait d’ébranler davantage son instabilité ou de creuser encore son délicat minois.
Déjà, la future mariée quitta les lieux pour revenir dans le secret du rideau, emportant avec elle les confessions sur le Gryffondor. Bluebell pensait la conversation ainsi close quand l’accent de la jeune femme s’éleva à nouveau pour rebondir sur son interrogation précédente, assertissant qu’il n’y avait pas de choix plus partagé et demandant ce qu’il y avait de si difficile à entendre. Elle n’obtint pour réponse qu’un ricanement qui s’acheva dans une gorgée de bulles. Bien entendu, tout cela était flou, terriblement abstrait pour Bluebell qui toisait le salon d’un regard hautain, persuadée de ne jamais avoir à s’abaisser à des mœurs aussi fantaisistes. Elle croisait les jambes en enfonçant davantage son dos contre le moelleux des coussins quand la voix d’Erin reprit pour lui évoquer les jeux malsains qu’elle avait entrepris avec son jumeau. “Oh je t’en prie” souffla-t-elle aussitôt, levant les yeux au ciel face au ridicul de sa remarque. “Tout cela n’a strictement rien à voir et je m’étonne presque que tu te permettes une si grossière comparaison." De fait, elle ne s’était permise des excès de démonstration que par égo et par fierté, incapable d’encaisser les piques du jeune homme sans riposte, incapable de le laisser s’éloigner sans essayer de se raccrocher à quelques pans de son attention. Dans le fond, il ne s’était agi que d’une longue partie de cache-cache, l’un essayant de se soustraire à l’autre qui avait au contraire l’intention de le retenir. Une dynamique assez immature, elle se devait de le reconnaître, qui avait finalement laissé place à un rapport beaucoup plus sain. Incertain, indéfini, imprécis, mais infiniment plus apaisant, dans une liberté d’action qui n’avait rien à voir avec l’officialité choisie par Erin et Junior. Elle aurait pu surenchérir en signalant de fait qu’aucune bague n’était à son doigt quand ses yeux se portèrent pourtant sur l’onyx qui brillait à son annulaire. Erin interrompit l’énième gorgée qu’elle sirotait en conséquence, lui demandant ce qui éveillait sa curiosité. Sans lui laisser le temps de formuler un début de réponse, elle réapparut dans un crissement du rideau, vêtue d’une épaisse robe en dentelles qui écrasait sa silhouette en la tapissant de niaiserie. Le rire qu’étouffa Bluebell fut plus éloquent que toutes les remarques qu’elle aurait pu apporter, si bien que le commerçant disparut aussitôt qu’il s’était approché, déjà prêt à chercher une meilleure alternative - ce qui n’était en soi pas foncièrement difficile. “Premièrement, ce choix douteux” finit-elle par répondre en jaugeant du regard l’accoutrement de la jeune fille. “Deuxièmement, l’obscur motif pour lequel une femme est prête à couvrir son potentiel de dentelles. Ce n’est pas que je ne comprends pas ton désir d’être liée à celui que tu as choisi” reprit-elle alors en se redressant afin de poser sa coupe sur la table, “seulement, pourquoi si tôt ? Pourquoi ne pas attendre d’avoir quitté Poudlard, d’avoir commencé ta vie adulte en-dehors de ces couloirs ? A moins d’un scandale imminent…” et elle garda un instant de silence, quelque part entre ironie et sérieux pour laisser le sous-entendu d’une grossesse flotter entre elles, “je croyais que le mariage précipité de Phoenix avec ton frère t’aurait amené à prendre davantage de temps.” La mine déconfite d’Erin lors des préparatifs avait semblé la décoration principale de la salle de mariage. Un élément de fait suffisamment évocateur pour laisser entendre une désapprobation et si Bluebell savait que la Norvégienne reprochait surtout le choix de la mariée, elle avait également cru déceler là un désaccord profond avec la valeur symbolique d’une telle union. Peut-être s’était-elle trompée sur les intentions de la Poufsouffle. Mais part sur le type de robe qu’il lui faudrait exhiber pour le grand jour. “A propos de temps, tu ferais mieux de ne pas perdre d’autres précieuses minutes là-dedans” nota-t-elle en désignant d’un coup de menton sa tenue. Comme par enchantement, le tenant réapparut avec une autre robe qu’il tendit à la jeune femme sous le regard amusé de Bluebell. Qu’il devait être ennuyeux de jouer à la poupée, mais qu’il était plaisant de voir sa grande rivale ainsi docile. A croire que la guerre est parée d’un charme que les trêves rendent d’autant plus saillant.
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Dangerously fine and unforgiven, I bet you're too terrified to try your best
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(#) Sujet: Re: white dress and dark habits (BLUEBELL ♚ ERIN) Lun 4 Juil - 0:21
( white dress and dark habits | BLUEBELL ♚ ERIN )
Vindicative compagne que je m’étais choisie, dont le venin affilé ne pouvait être adouci, pas même par ce champagne de très grand cru — au contraire, les bulles avaient cet effet décuplant sur la Serpentard, pressant plus vivement encore sa langue derrière ses lèvres rosées. Une résolution prise en connaissance de cause. Si j’avais souhaité être entourée de boniments écoeurants et de fades éloges, mon invitation aurait été acheminée jusqu’à Yaxley ; Reyes aurait été une option envisageable dans un monde où je pourrais avoir envie de côtoyer une telle bassesse ; enfin, si j’avais désiré du calme, je serais tout simplement venue seule. Mes vœux n’étaient aucun de ceux-là. Bluebell était un choix par élimination, certes, mais pas par défaut — je me suffisais encore à moi-même pour n’avoir besoin de personne afin d’essayer quelques robes — et ma volonté n’était pas totalement dénuée de cruauté. J’éprouvais un réel plaisir à la contempler, reposant nonchalamment sur le velours d’un canapé luxueux, tenant entre ses doigts fins une coupe aux bulles frétillantes, trahissant l’ombre de son ombre par sa simple présence, de même qu’un amusement certain à l’entendre pointer sa langue fourchue en direction de noces qu’elle qualifiait d’enterrement. Comme toujours — certaines choses n’avaient ni destinée, ni vocation à changer — nos deux visions s’affrontaient. La mienne, forte, inébranlable, à travers laquelle je contemplais le monde avec une supériorité nonchalante, m’emparant de ce que je désirais et me battant pour obtenir ce qu’on tentait de me refuser, sûre de mes choix et fidèle à mes convictions ; la sienne… non pas faible — elle ne l’était pas — mais fragile, assurément, vacillante comme la flamme d’une chandelle soumise aux forces des vents contraires, craignant pour son âme, apeurée de perdre son identité, chérissant une flamboyance qui s’était déjà trop souvent éteinte. Il me fallait plus qu’une union librement consentie — c’était plus, tellement plus qu’un consentement mutuel, cela tenait d’un désir immuable, de sentiments souverains et entiers qui ne l’étaient jamais vraiment qu’aux côtés de mon meilleur ami — pour refermer sur moi le bois sombre d’un cercueil, plus que des questions de nom éventuel pour m’arracher mon identité. De son côté, Bluebell se retenait à bien peu de choses, avançant d’un pas tremblant sur un pont qui pouvait à tout moment la faire chavirer dans les eaux d’un océan déchaîné, là où je marchais sans crainte, drapée d’une arrogance innée, certaine de toujours retrouver mon souffle. Aussi fragile soit-elle à mes yeux — je ne m’en étais jamais cachée — elle était néanmoins capable de sortir ses griffes acérées pour se défendre. Fragile, mais pas dénuée de combativité. Présentement, elle ne se préservait d’aucune animosité, elle attaquait, purement un simplement, les lèvres ourlées d’un sourire à l’ironie tranchante. « Je pensais que tu vivais dans les Enferrrs mais peut-êtrrre que le Moyen- ge serrrait plus juste. Qui a parrrlé d’effacer mon nom de famille ? » demandai-je en haussant un sourcil dans sa direction. Finnbjörn ne se lasserait pas de me reprocher un tel choix s’il avait un jour fleuri dans mon esprit et été appliqué administrativement. C’était une raison plus que suffisante pour ne rien en faire, même si telle n’avait jamais été mon intention. Tout le monde semblait faire grand cas de cette cérémonie — nos parents, notre entourage, mon frère, Bluebell… — là où je me pliais à l’exercice pour l’éclat de notre victoire, sans discerner aucune rupture entre l’avant et l’après. Toutes se passaient sur le plan des dénominations, des mondanités, des paperasses sans beaucoup de sens. Ça et un surnom supplémentaire à la liste de ceux dont nous usions déjà depuis longtemps. Nous avions déjà la certitude que plus personne ne se mettrait en travers de nos sentiments et que cette relation hésitante construite au fil des années nous appartenait toute entière. La loi des autres n’avait rien à ajouter à cela.
Un autre se glissant pourtant entre la Serpentard et moi, une ombre appelée par les sous-entendus de la vipère qui savourait le liquide doré de sa coupe. Je ne cillai pas, les traits dénués d’arrogance ou de moquerie, en déposant entre nous une vérité qu’elle serait incapable de nier. Junior n’était pas celui qui avait usé de violence pour obtenir de moi ce qu’il désirait. Je lui étais gré de cette ouverture qui ne tarda guère à étirer mes lèvres en un rictus brutal, accentué par sa réaction. Son regard se replia, s’échappant en vers les vitraux qui nous offraient cette parfaite intimité et sa réprobation se manifesta en un claquement sec et unique. Le champagne qui roula sur ma langue tandis que je la contemplais était vraiment savoureux. Finalement, Bluebell me revint, parée d’un mécontentement qui ne m’était pas destiné, je pouvais le certifier. Était-il dirigé contre son jumeau ou sa propre personne, en revanche, je n’en savais rien. D’un mouvement léger du menton, j’accueillis notre entente avec l’ombre d’une intuition qui ne tarda pas à s’ancrer pleinement dans un sourire plus grand encore. Mais. Le voilà, le moment où la sœur reprenait son rôle, drapée des responsabilités qui lui incombaient, prête à défendre farouchement l’être cher. « Rrremontrrrance ? » Mes sourcils se haussèrent, allumant une lueur narquoise au fond de mes prunelles claires. « Je ne vois pas où tu veux venirrr. Il s’est comporrrté comme un imbécile et n’est définitivement pas sain d’esprrrit. Ceci étant, » Mon sourire se fit brièvement plus moqueur avant qu’une moue absente ne le remplace. « je ne peux êtrrre accusée d’aucun châtiment puisque nos rrrapporrrts sont tout bonnement rrrompus. Je ne ressens nul besoin de vengeance à son égarrrd, mais une parrrfaite indifférrrence. » Il s’était mépris sur la valeur qu’il avait à mes yeux et cela lui avait coûté mon intérêt. Au-delà de ça, Bluebell ne pouvait décemment pas m’accuser de tourmenter son frère… Alors que je le faisais peut-être de la plus cruelle des façons, détachée d’un être qui souffrait mal le désintéressement. N’était-ce pas la raison pour laquelle il avait supporté sans broncher mes questions les plus inhumaines, m’offrant de quoi satisfaire mon avidité sans reculer ?
Le motif de notre présence ici se rappela à moi, prenant la forme de cinq nouvelles robes disposées à ma vue. « Contente-toi de m’accompagner surrr le choix de ma rrrobe, ma vue seule est suffisamment aiguisée pourrr le rrreste. » conclus-je en tirant le rideau occultant le temps de passer la dentelle blanche de la première qui s’offrait à moi. Le tissu était dense et nécessita quelques secondes d’ajustement, parfaites pour interroger Bluebell sur son manque de compréhension. N’était-elle pas elle-même engagée dans un jeu dangereux avec mon frère, après tout ? Un jeu qui l’avait repoussée au-delà des frontières de la tempérance et qui avait exacerbé les aspects les plus sombres de son caractère. Nos deux situations étaient bien différentes, elle s’empressa d’ailleurs de le souligner, m’arrachant un ricanement moqueur. Aussi nuancées soient-elles, des similitudes n’en étaient pas moins visibles. « C’est que j’essaie d’utiliser des éléments que tu es en mesurrre de comprrrendrrre, aussi grrrossiers soient-ils. » De l’autre côté, seul le silence me répondit, m’offrant quelques secondes pour ajuster une manche avant d’accompagner mon retour dans la pièce principale d’une nouvelle question. J’étais curieuse. Comme avec le frère, je cherchais à percer les intentions de la sœur, fouillant les expressions pour mieux saisir les impressions. Que Finnbjörn ne comprenne pas ce qui me poussait auprès de Junior, je pouvais le concevoir, il avait une capacité émotionnelle remarquablement limitée, mais venant de la Serpentard, plus sujette aux violents émois, je m’attendais à ce qu’elle puisse saisir toute la saveur de sentiments puissants. Il n’y avait pas de miroirs, derrière le lourd rideau de velours, aussi le rire de Bluebell accompagna ma propre découverte de cette robe que j’aurais pris un malin plaisir à brûler s’il s’était agi de l’une de celles que Grand-Mère me forçait à porter lorsque j’étais plus jeune. Une moue traversa mon visage, oscillant entre un dégoût certain et une approbation silencieuse de celui de ma camarade. Quelque part dans mon champ de vision, une ombre s’agita avant que je ne puisse l’interpeller, filant à la recherche d’une alternative plus plaisante. Un soupir m’arracha de mon reflet et guida mes doigts jusqu’à la coupe de champagne que j’avais délaissée un instant. Il fallait bien ces bulles subtiles pour nous accompagner dans ce qui ressemblait à une tâche vaine. Maintenant que j’avais enfilé la première, je me demandais sérieusement s’il était seulement possible qu’il en existe une qui trouve grâce à mes yeux ? Je n’étais pas habituée aux robes extravagantes et je commençais à constater que celles des mariées l’étaient par essence.
Le culot de la Serpentard m’arracha un rire étranglé. Planta mes prunelles claires dans les siennes, une lueur amusée luisant en leur centre, j’avalai une longue et lente gorgée de champagne. Enceinte, voyons donc. Ses doutes étaient divertissants, ses comparaisons offensantes l’étaient bien moins. « Nous n’avons rrrien à voirrr avec cette harrrpie, ne soit pas insultante. » sifflai-je d’un ton menaçant. Mes yeux clairs glissèrent sur ma silhouette, dans le miroir, couverte de dentelles comme elle l’avait justement pointé du doigt, mes pensées caressant diverses façons de lui présenter les choses. Son esprit vif n’en était pas moins terriblement obtu lorsqu’il s’agissait de certains sujets, celui-ci en faisant vraisemblablement partie. « Tu sais bien que cerrrtaines familles voient le marrriage comme un contrrrat commerrrcial entrrre deux parrrties, avec des avantages qui ne tiennent pas compte des volontés filiales. » soufflai-je, l’esprit ailleurs, parcourant des champs de bataille qui n’étaient plus que de lointains souvenirs, avant que toute mon attention ne se reporte sur la Serpentard. « Eh bien, nous nous sommes battus pourrr qu’il n’en soit rrrien. Nous avons gagné. Et maintenant, nous avons le pouvoirrr de nous montrrrer complaisant avec les égos blessés des perrrdants. C’est le prrrivilège des vainqueurrrs. » Je gardai le silence un instant, savourant le goût tenace du champagne autant que mes pensées, puis un sourire sardonique fleurit mes lèvres. « De plus, je trrrouve que la victoirrre est un plat qui doit se déguster brrrûlant. » Mon sourire s’accentua tandis que je guettais ses réactions. Ce mariage était soudain pour bien des personnes étrangères à notre relation, pour moi, il n’était qu’une continuité qui devait se produire, tôt ou tard. Nous ne l’avions pas pensé dès la fin de notre scolarité, ce serait mentir que d’affirmer le contraire, mais que valaient quelques mois de plus ou de moins ? Si ce n’était l’aspect mondain de cette cérémonie, rien ne pouvait plus me faire plaisir. « Et puis nos mèrrres se sont emparrrées de son orrrganisation à une rrrapidité affolante. Nous avons à peine eu le temps de cligner des yeux que la date et le lieu étaient déjà fixés. » Une petite grimace barra mes lèvres. Entre temps, j’avais pris un certain plaisir à imposer mes choix, avec mon meilleur ami, pour obtenir une journée qui nous plaise et nous ressemble, mais de retour à ce dîner qui avait scellé officiellement des sentiments qui n’appartenaient qu’à nous, je n’aurais pas souhaité une plongée de tels détails à ma pire ennemie. Qui se trouvait justement à mes côtés aujourd’hui, sirotant des bulles pétillantes autant que son incompréhension. Notre échange avait laissé le temps au couturier de revenir, du tissu blanc nacré entre les mains, classifiant les quatre robes qui attendaient dans la cabine comme des choix non-valables. J’espérais que celui-ci s’approcherait de ce que je recherchais. Ma patience commençait déjà à s’effriter.
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(#) Sujet: Re: white dress and dark habits (BLUEBELL ♚ ERIN) Dim 31 Juil - 14:25
White dress and dark habits
Une douche de lumière coulait entre les murs de la boutique, inondant la vitrine d’éclats colorés selon les vitraux qui l’ornaient, reflétant le champagne d’ondulations dorées capables de délier les plus sévères langues. Bluebell argua l’absurdité du changement de nom, Erin répliqua l’archaïsme de ce songe. Aussi la Serpentard arqua-t-elle un sourcil de surprise - il était rare que la mariée souhaite conserver son identité et elle n’avait de fait pas pensé qu’Erin se prête à cette nouveauté du temps. A dire la vérité, elle n’était pas certaine que leurs ancêtres tolèrent ce qu’ils devaient considérer comme une pure frivolité. Néanmoins, la jeune fiancée semblait assurée de sa décision, comme si elle en avait eu le dernier mot. A croire qu’en fin de compte, la promesse d’une union, les fleurs et les dentelles ne risquaient guère d’attendrir la Norvégienne. Cela pouvait sembler évident pour certains, mais Bluebell ne s’était jusqu’alors pas défaite d’un léger doute. Après tout, la reine de la manipulation elle-même avait flanché dans les bras de son amant - qui savait encore qui était Phoenix Reyes, dont le caractère s’était noyé dans le plomb de l’ennui de son mariage ? “Au moins ne peux-tu me reprocher mon absence de considération” souligna-t-elle dans un rictus avant de déguster une nouvelle gorgée de la coupe de cristal retenue entre ses doigts. “De nos jours, les femmes dotées d’un minimum de bon sens se font rares. Parmi toutes ces pâles et ennuyeuses ombres, je tenais seulement à m’assurer que le seul esprit brillant que je connaisse ne soit pas éteint par une curieuse frénésie d’amour.” Sa voix détacha chaque syllabe de ces derniers mots dans une intonation railleuse qui étira davantage ses commissures. Bluebell considérait encore les prunelles hautaines de la Poufsouffle quand celle-ci prit place à ses côtés, s’emparant de la coupe restante dans laquelle tournoyaient d’innombrables bulles. Elles trinquèrent en silence pour siroter leur boisson, ce qui ne manqua pas de solliciter dans son esprit le souvenir de leur réconciliation par un soir d’été en Norvège. Que ce temps semblait lointain et proche à la fois. Des années d’une haine mutuelle pour finalement s’accorder une trêve arrosée d’alcool, d’un bassin d’eau chaude, d’une brise nocturne. Peut-être par un trop plein de méfiance ou un excès d’arrogance, elles étaient loin de s’affubler d’une quelconque nomenclature quant à leur récent rapprochement, mais nul ne pouvait ignorer l’étonnante connivence qui se dégageait de leurs échanges. Réplique contre moquerie, sarcasme contre rictus, elles se suivaient dans des échanges vivifiants qui luisaient dans le fond de leur regard comme autant de feux folets, malicieux, provocants. Erin était réellement l’une des rares femmes de son entourage dont Bluebell appréciait l’esprit. Quel dommage d’avoir perdu autant de temps dans une guerre enfantine, ou au contraire ; peut-être que celle-ci leur avait mieux permis d’appréhender leur fureur respective, soulignant leurs féroces qualités qui parvenaient enfin à s’accorder, même sur les plus délicats sujets.
De fait, Erin rappela la situation de Maxton dont le nom embarrassa la Serpentard. Celle-ci détourna le regard, observant sans vraiment les considérer les jeux de lumière qui glissaient depuis la vitrine, préoccupée par le souvenir de sa médiocre tentative envers la Norvégienne. Il avait manqué de présence d’esprit, il était vrai, mais elle s’était elle aussi montrée inconvenante de ne pas faire preuve de plus de fermeté à ce sujet. Que valaient des mises en garde contre l’assurance présomptueuse de son frère ? Elle aurait dû se douter qu’il aurait requis plus que quelques vulgaires avertissements et voilà qu’il s’était brûlé d’ainsi jouer avec le feu. Erin n’était pas une petite lumière que le caractère félin de son jumeau pouvait attraper. Elle était cet incendie qui l’avait rongé dans ses plus insidieuses insécurités. Le claquement de langue qui résonna sembla attiser le plaisir que tirait Erin de toute cette histoire, laquelle exhibait de fait un large sourire affamé. Aussi Bluebell résolut-elle de ne pas se perdre davantage dans ses remords - qu’importe ses fautes et au diable le comportement effronté de son frère. La conclusion demeurait identique. Il avait pâti de son relâchement qu’il ne devait plus tolérer, elle avait compris qu’elle devait continuer, résolument, de le soutenir contre les autres. Bluebell rappela donc qu’il ne convenait pas de tenter de nouvelles remontrances, au risque implicite de solliciter sa propre intervention, ce à quoi Erin se montra surprise sans pour autant se priver de préciser que Maxton n’était pas sain d’esprit. Ce constat arracha un franc ricanement à sa jumelle. “Comme si tu l’avais ignoré jusqu’à présent” susurra-t-elle alors dans un sourire narquois. Le sujet d’une potentielle démence avait longtemps été tabou pour eux dans la simple mesure où leur mère était alitée de psychose et leur père mort de folie. Toutefois, Bluebell n’avait pas la prétention d’affirmer que son frère et elle étaient les plus mesurés et les plus clairvoyants et par conséquent, elle commençait à accepter leurs déviances qui pouvaient même être considérées comme la source de tout leur potentiel à venir. Après tout, sans ce petit grain d’imprudence, Maxton ne l’aurait pas sauvée d’une mort certaine, et Bluebell n’aurait pas rendu justice en torturant Mansfield. Sirotant une gorgée pour la laisser conclure sur une prétendue indifférence qui ne suscitait en elle aucun élan de vengeance, Bluebell reposa sa coupe désormais vide sur la table à ses pieds avant de s’enfoncer davantage dans le canapé de velours, le bras sur l’accoudoir pour reposer sa tête sur son poing dans une moue sarcastique. “Et j’imagine donc que la décision de ton futur époux d’en faire son témoin vient de la plus pure des intentions, et nullement d’un plaisir saugrenu de lui faire regretter son comportement ? Je m’en voudrais presque de vous avoir jugés aussi vite alors que Maxton ne suscite en réalité que votre parfait désintérêt." Un sourire en coin plissa ses lèvres quelques secondes avant qu’elle ne reprenne un air sérieux, levant par ailleurs une main pour anticiper une éventuelle réponse d’Erin. “Mais comme nous nous y sommes accordés par lettre, je ne m’aventurerai pas plus loin dans cette péripétie qui ne regarde que vous. Je tenais seulement à signifier que celle-ci ne devait pas se pérenniser davantage, et il semblerait que nous partageons cet avis. Comme quoi, il nous arrive en quelques très rares occasions de nous entendre.” L’ironie dans sa voix mourut dans un rire. “Permets-moi seulement une dernière question à ce sujet… Vas-tu vraiment te fermer à lui, ou ne s’agit-il que d’une mesure temporaire pour laisser passer sa fougue ?” Et il n’y avait rien de personnel dans cette interrogation, bien au contraire. La neutralité de ses traits signalait la pure curiosité de sa question, et non un besoin de savoir ce que ferait Erin de l’amitié de son frère. Après tout, elle détestait suffisamment les histoires de cœur pour ne pas s’empêtrer d’une aventure qui n’était pas la sienne, mais seulement des petits ragots qui, à défaut de les rendre pertinentes, leur conféraient un peu de divertissement.
A juste titre, Erin rappela la raison de leur venue et s’éclipsa en conséquence derrière un épais rideau pour se lancer dans de premiers essayages. La conversation reprit naturellement sur son intention de marier Junior, qui lui demeurait toujours bien opaque. Erin se risqua donc dans une comparaison alambiquée, cherchant comme elle le put à lui illustrer un concept indéfini, soulevant l’agacement de la jeune fille qui ne voyait rien d’autre que la grossièreté de l’image proposée. Ce qui la liait à Finnbjörn ne pouvait se risquer en une si fragile représentation, et Erin se justifia dans une réplique qui fit aussitôt retomber la conversation. En effet, la Serpentard n’avait pas l’intention de surenchérir sur une telle absurdité, d’autant qu’elle n’avait pas envie de s’épancher sur ce qui la reliait au jeune homme. Si elle s’était amusée par le passé à arguer leur complicité pour jouer avec les nerfs de la Poufsouffle, il lui semblait en ce jour avoir suffisamment de maturité et de pudeur pour au contraire préserver l’intimité de leur rapport. A dire la vérité, même Maxton n’était pas au courant de tous les récents évènements qu’elle tenait à garder secret pour l’heure, aussi bien pour profiter de leur primeur que pour prendre le temps de considérer ce qui l’animait réellement dans une confusion trop fraîche pour être admise. Bluebell se pencha en avant pour arroser ces pensées de champagne, remplissant à nouveau sa coupe de cristal, quand Erin réapparut, drapée d’un costume tout à fait risible qui suscita presque aussitôt leur ricanement. Le tenant comprit en cette seule réaction l’erreur commise et disparut par conséquent à la recherche de meilleures propositions, laissant le temps à Bluebell de rappeler la précipitation de Phoenix et Hannibal l’année passée. Naturellement, Erin s’en offusqua, ce qui tira ses lèvres en un rictus d’amusement. Le sujet était vraisemblablement encore sensible, et à raison - pour elle, Phoenix avait simplement disparu, alors que pour la Norvégienne, elle était devenue membre à part entière de sa famille. Une intrusion violente qui passait difficilement pour Erin, davantage habituée à ce que l’on réponde positivement à tous ses caprices. Les deux jeunes filles croisèrent leur regard dans le miroir où se contemplait inutilement Erin - il était évident que cet accoutrement ne soit bon qu’à être retiré - et cette dernière précisa alors sa décision dans une métaphore belliqueuse qui seyait parfaitement l’imagination de Bluebell.
Ainsi donc il en allait d’une résolution stratégique pour vaincre leurs ennemis. Voilà qui était hautement plus intéressant qu’une quelconque aventure amoureuse empressée. Sans avoir tous les tenants et aboutissants de cette guerre qui venait de lui être résumée, la brune hocha la tête en se figurant sommairement le sentiment de victoire que devait ressentir sa némésis. “Je ne me permettrais guère de te contredire sur ce point” répondit-elle avec sérieux en s’emparant de la coupe qu’elle avait remplie quelques instants plus tôt. Elle savait pertinemment combien la chaleur de la réussite valait mieux que tous les triomphes réfléchis et refroidis par le temps. La patience n’avait jamais été son fort et ce défaut reliait plus les demoiselles que n’importe quel autre vice. Erin ajouta que leur mères avaient accéléré le processus en s’engageant dans les préparatifs, un argument effectivement de taille : Bluebell ne doutait pas qu’en bonnes matriarches de familles prospères, les héritières s’étaient empressées de prévoir une cérémonie à l’envergure de leurs espoirs. “Soit” conclut-elle finalement après plusieurs secondes de silence où elle avait perdu son regard sur quelques babioles décoratives, le verre contre ses lèvres. “Quoique soudaine, quoique radicale, votre décision apparaît au moins légitime… Je suppose que choisir son avenir vaut bien l’ennui de porter du tulle le temps d’une journée.” Erin n’était toujours pas réapparue, ce qui était de bon augure - au moins prenait-elle le temps de se défaire de cette robe immonde et de considérer de meilleures options. Sans pour autant approuver l’heureux élu, Bluebell comprenait qu’il valait mieux qu’une quelconque pièce rapportée par l’opinion de leur sphère mondaine. Le concept du mariage lui restait absurde, mais certainement pas autant que celui de s’unir à quelqu’un qui lui aurait été imposé. “Même si à être tout à fait honnête, la couverture d’une grossesse non désirée aurait été un alibi hautement plus alléchant qu’une simple bataille contre l’opinion familiale” ajouta-t-elle avec légèreté, amusée par une telle hypothèse. “Après tout, Romeo et Juliette vous ont déjà volé la primeur de cette gloire.” Un sourire taquin habillait encore ses lèvres quand elle devina, derrière le tissu, les mouvements de coude d’Erin pour revêtir un nouveau tissu. Pourvu que celui-ci soit plus pertinent, car jusqu’à présent, seule la conversation qu’elles entretenaient empêchait cette après-midi de se conclure sur un échec ; à l’exception du champagne qui échauffait progressivement son corps de plus en plus nonchalant contre la rondeur du canapé.
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Dangerously fine and unforgiven, I bet you're too terrified to try your best
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(#) Sujet: Re: white dress and dark habits (BLUEBELL ♚ ERIN) Ven 19 Aoû - 17:46
( white dress and dark habits | BLUEBELL ♚ ERIN )
Bluebell savait assurément manier l’ironie de la plus délicieuse des manières. Son insolence que j’avais détesté ces dernières années était tout ce qui stimulait nos échanges depuis que la paix avait été entérinée, entre les bulles d’un bain chaud et celle d’un champagne presque aussi doré que celui du jour. La fraîcheur de nos paroles dépourvues de complaisance était appréciable en ces lieux qui devaient baigner d’ordinaire dans une odieuse hypocrisie. Du moins, c’était ainsi que je me le figurais, théâtre d’une comédie aux antipodes de la sincérité qui enveloppait notre union, avec Junior. Ainsi, même si le venin de la vipère venait taquiner mon assurance pour en vérifier la vitalité, j’appréciais la sincérité qui se dégageait de tout ceci et ne pouvait que me féliciter d’avoir fait le bon choix en la choisissant comme témoin de cet instant particulier. « Je m’en étonne simplement. » rétorquais-je avec l’ombre d’un sourire. Dans quel monde vivait-on pour que cette ennemie de toujours devenue bien plus que de simples adjectifs désuets se soucie de ma survie ? « Ne t’en fais pas. La frrrénésie que tu mentionnes est loin d’éteindrrre quoi que ce soit. C’est même tout l’inverrrse. » Pâleur et ennui étaient deux notions qui n’avaient plus le moindre sens dès lors que j’étais en présence de mon fiancé. Le reste du monde en était lourdement doté mais lui savait comment les chasser d’un simple sourire ou d’un simple geste. Ce n’était pas pour rien que l’un de nos passe-temps favoris consistait à fuir la compagnie morne de personnalités dénuées d’intérêt. Tout en savourant l’éclat amer de cette boisson des rois, je contemplai pensivement les nobles traits de ma camarade. Pouvait-elle seulement comprendre une telle chose ? J’en doutais. Aussi proche soit-elle de Finnbjörn, j’avais le sentiment que le chemin à parcourir pour admettre qu’un amour partagé avec un être aussi exceptionnel que l’était mon meilleur ami — titre auquel mon jumeau pouvait prétendre, à sa manière — avait une saveur inégalée.
À la lueur hâlée des vitraux qui nous entouraient, Bluebell se débattit quelques secondes avec ses propres pensées avant de me redonner toute son attention, la langue amère du comportement de son jumeau qui lorgnait les folies les plus sombres. C’était amusant de l’écouter se préoccuper d’une vengeance que je pourrais vouloir fomenter puis de souligner ses démences avec au moins autant de férocité que je ne le ferais, sans faire preuve de pitié, encore moins d’indulgence. Le sujet la touchait néanmoins, en témoignait cette coupe désormais vide au creux de laquelle elle avait puisé une force lénifiante qui lui conférait certainement cette nonchalance alors que nous disséquions sans aucune tendresse les états d’âme de son frère. « C’était même ce qui faisait tout son intérrrêt. » admis-je sans sourciller. Plongé dans une folie qui lui était propre, Maxton franchissait bien des frontières, se jouait de bien des limites. C’était plaisant à contempler, satisfaisant à vivre à ses côtés. Finnbjörn et moi étions nés ainsi. De fait, il n’y avait aucune surprise derrière nos facettes les plus grandioses. Mais ce n’était pas le cas du Gryffondor qui s’était lentement, au fil des années, tourné vers des élans de plus en plus sauvages et parfaitement fascinants. Jusqu’à ce qu’il se permette celui de trop. Enfin, si cela pouvait rassurer sa protectrice de toujours, je ne comptais pas me venger de cet affront. Il n’était plus qu’une silhouette que je drapais de la même indifférence que tant d’autres autour de lui, un membre de notre entourage qui ne méritait rien de plus que des politesses sommaires dénuées d’intimité. En revanche, que Junior fasse le choix de lui rappeler quelle était sa place en le faisant son témoin pour s’assurer qu’il se situe aux premières loges de sa défaite… Non, je ne pouvais nier que c’était absolument divertissant. Bluebell était parvenue sans peine à la même conclusion mais ne me laissa pas le temps de lui retourner une ironie semblable, arguant qu’elle ne s’opposerait pas à ce rappel tant qu’il était le dernier et non le premier d’une longue série. Il ne craignait rien. Il n’était qu’un élément d’une victoire qui se ferait éclatante le jour de notre mariage. Il n’avait pas l’étoffe pour être la cible d’une rancune tenace. Je pensais que le rire de la Serpentard venait de clôre définitivement le sujet mais sa voix s’élevait déjà pour une dernière question, aux tenants bien personnels, à l’inverse de cette neutralité qui habillait ses traits. « Sa fougue ? Est-ce ainsi que tu nommes ses délirrres ? Quelle dévotion de ta parrrt. » Un rire et j’avalai les dernières gouttes de champagne au fond de ma coupe, la déposant sur un mobilier quelconque avec la même déconsidération que je portais désormais au frère de ma camarade. « Maxton n’est pas un enfant que je punis. Notrrre alliance aurrra été intérrressante, mais elle est terrrminée. » Il ne s’agissait pas d’une dispute furieuse que les années pourraient nourrir d’un feu dévastateur, comme cela avait été le cas avec celle qui me faisait face. Il n’y avait tout simplement plus le moindre feu, aucune braise à raviver. Un rideau glacé était tombé sur les flammes de notre entente lorsque ses lèvres avaient cherché à s’emparer des miennes et il n’en restait plus que des souvenirs éteints.
Sur cette constatation, il me fallut retourner derrière le rideau de velours qui abritait ces tenues toutes plus blanches les unes que les autres. Le ridicule de la première fit l’unanimité. Au moins le temps n’était-il pas tout à fait perdu puisque, tandis qu’on nouait le corsage autour de ma taille et qu’on ajustait la traîne dans mon dos, Bluebell atténuait mon impatience d’une conversation fort divertissante. Mon impatience naturelle ne pouvait souffrir de rester plus longtemps dans un accoutrement aussi extravagant et aux antipodes de ce que j’avais l’habitude de porter. Il allait de soit que mon quotidien n’était pas de me vêtir d’un blanc aussi immaculé en vue de remonter une allée jusqu’à rejoindre mon fiancé, mais tout de même, j’escomptais trouver une robe qui me renverrait un reflet non pas travesti, mais magnifié. Ce jour serait celui de notre victoire, comme je le dépeignais à Bluebell, aussi ma tenue ne pouvait-elle être autre chose que parfaite. Mes explications n’avaient pas pour but de chercher l’aval de la jeune femme, le seul que je recherchais de son côté était lié à la robe que je ferais mienne, mais il me fallait tout de même la défaire de ces insultes qu’elle dispersait autour de nos fiançailles. Je tenais trop à ce futur qu’elles présageaient pour la laisser faire. Alors qu’elle mentionnait la tulle qu’il me faudrait porter le temps d’une journée pour savourer pleinement cette victoire sur l’avenir, mes doigts glissaient justement sur un jupon qui en était parfaitement dénué. Les éclats satinés se reflétèrent dans mes prunelles claires et, d’un geste ferme, j’ordonnais à l’habilleuse de détacher cette robe-ci de son cintre. Le tissu glissa sur ma peau avec légèreté, s’ajustant à la perfection sur les courbes que la dentelle précédente travestissait éhontément. Mes doigts lâchèrent mes boucles brunes dans mon dos laissé à nu tandis que les bretelles fines trouvaient leur place sur mes épaules. Elle était d’une simplicité désarmante et, de fait, ne l’était absolument pas. C’était finalement ce qui convenait le mieux à une prestance déjà écrasante. Assurément, si une grossesse non désirée était la raison de ce mariage, une telle tenue ne pourrait cacher la déconvenue familiale. D’un pas assuré, comme si je n’avais déjà plus besoin de l’avis de Bluebell, je la retrouvai de l’autre côté du rideau. Le champagne avait retrouvé sa place, au creux de ses mains fines et non loin de ses lèvres amusées. Le silence qui m’accompagna alors que je m’arrêtais sur l’estrade censée mettre en valeur les futures mariées se pavanant sous les regards des femmes venues l'accompagner en disait long sur la clarté du choix qu’il convenait de faire. Dans un coin de la pièce, le tenant des lieux contemplait la scène d’un air anxieux qui disparut d’un simplement hochement de tête de ma part. Durant tout ce temps, mes yeux ne quittèrent pas mon reflet, silhouette élancée vêtue d’un blanc sans fioritures et un sourire qui n’était destiné à personne autour de moi étira mes lèvres. Je savais que c’était ainsi vêtue que je voulais que Junior me découvre tandis que mes pas lents me conduiraient vers l’autel au bras de Grand-Père. « Nous avons encorrre le temps de prrrofiter de Londrrres, qu’en dis-tu ? » proposai-je à Bluebell une fois les rares ajustements mesurés et la robe soigneusement mise de côté. Cela avait finalement pris bien moins de temps que prévu et tapissait ma poitrine d’un sentiment que je n’avais pas un seul instant envisagé.