Depuis quelques semaines – des mois maintenant – la vie à Poudlard était clairement à chier... Entre les restrictions pourries, Thomas qui était moins merveilleux qu'il en avait l'air et cette révolution qui ne verrait jamais le jour parce que clairement tout le monde s'en foutait et que, toute seule, elle ne pouvait décidément rien faire, c'était à se demander s'il y avait encore un truc de positif... Honnêtement, elle en doutait... Le moral dans les chaussettes, les nerfs à fleur de peau, la compagnie du reste du monde commençait à se faire difficilement supportable. Même Hayden, qu'elle adorait plus que n'importe qui dans cette école, lui tapait un peu sur le système avec ses problèmes de gamin capricieux... Franchement, ils étaient privés de plein de libertés fondamentales et lui tout ce qu'il retenait c'était qu'il pouvait pas prendre sa douche tranquille...? Elle savait que c'était pas vraiment ça, et qu'il s'accrochait à ce qu'il pouvait, comme ils le faisaient tous... mais quand même ! Elle aurait préféré le voir monter au créneau pour des trucs moins égoïstes, qu'il lui propose de se battre avec elle pour sauver le monde ou elle ne savait trop quoi... à la place, il s'enveloppait un peu plus dans ce rôle de môme fragile qui la poussait à vouloir le protéger au lieu de profiter de leur lien pour en faire un allié de taille. Un allié en qui elle aurait eu confiance... un allié sur qui elle aurait pu compter... à la place, il n'était que le meilleur ami qu'elle foutait dans du coton pour éviter qu'il soit trop égratigné. Et c'était nul. Et elle lui en voulait un peu pour ça, même si ça aussi c'était nul !

Alors, plutôt que de s'en prendre à la Terre entière pour relâcher la pression, Michaela avait fait ce que n'importe quel ado avec deux neurones en état de fonctionner aurait fait à sa place : trouver un coin tranquille. Et elle l'avait trouvé au quatrième étage, dans une salle déserte. Il faisait suffisamment beau pour que les gens préfèrent aller dehors pour bosser, ou à la bibliothèque – mais bon, elle avait plus le droit de s'y installer alors rien à foutre – et les rares élèves qui avaient ouvert la porte s'étaient fendus d'un « oh, désolé » avant de la refermer et de chercher une autre salle. Ça lui allait. Penchée sur sa table, griffonnant un énième tract visant à convaincre ses camarades d'arrêter d'utiliser les hiboux comme facteur pour des courriers qui ne le nécessitaient pas, elle pouvait enfin profiter d'un tant soit peu de calme... qui avait un petit quelque chose de pesant... qui lui rappelait encore et toujours que quelque chose clochait dans cette école maudite. Mais avant qu'elle n'ait eu le temps d'achever sa phrase, la porte s'ouvrit une fois de plus. Elle s'apprêta à faire un sourire crispé qui voulait dire « t'inquiète, c'est pas grave » mais le visage de Jasper Bellingham passa dans l'embrasure... puis tout le reste de sa personne, entrant comme s'il y avait été invité, sans un bonjour, sans demander si ça la dérangeait, en faisant littéralement comme si elle n'existait pas. Elle lâcha sa plume assez fortement pour que l'embout de métal tape contre le bois de sa table mais ça n'eut pas l'air de l'arrêter puisqu'il lança un sort et entreprit de faire sa vie. Elle le suivit des yeux, hallucinée. Mais il était pas bien, ce gars-là ! D'où on faisait des choses comme ça ? C'était un château immense, avec plein de salles qui servaient à rien... Si elle était là et pas au milieu du reste du monde, c'était peut-être pas une coïncidence ! Et lui, il... il... Rhaaaa ! Son attitude lui donnait envie de l'étriper.

— Ouais, bonjour à toi aussi, Jasper, cracha-t-elle avec mauvaise humeur. Non, t'inquiète, tu me déranges pas, au contraire, ça me fait plaisir de voir des crétins qui font comme si j'étais pas là.

Les bras croisés, le regard planté sur lui, elle espérait une réaction. Presque aller à la confrontation, peut-être. Puisqu'il était décidé à être désagréable, qu'il se rassure, elle aussi ! Non mais vraiment, les garçons, c'était plus ce que c'était ! Y'en avait pas un pour rattraper l'autre. Que des bouffons de la pire espèce !