L'émoi de la mémoire

- « Comment ça c’est quoi mon nom ?? »

Du fait de son caractère et de son âge, Blaze commençait doucement à avoir croisé un paquet de monde tout du long de sa scolarité au collège Poudlard, y compris au sein des promotions plus jeunes que lui. D’un naturel avenant et ou farceur, il n’avait jamais eu beaucoup de scrupules à s’en prendre à ses benjamins et les inclure dans ses plans, parfois à leurs dépens.

Lilith avait à l’occasion fait partie de ces rencontres transcendant les générations, tout à fait par hasard d’ailleurs puisque de base rien ne prédestinait les deux jeunes gens à s’entendre. L’affaire n’avait de toute façon pas été particulièrement mémorable – littéralement semblait-il – un simple travail collectif en cours de soin aux créatures magiques, une option assez peu choisie et qui réunissait donc des élèves de niveaux différents.

Passer trois heures à démêler les nœuds de la fourrure d’un Chartier qui avait passé la moitié de la séance à les insulter obligeait nécessairement à nouer un minimum de liens et si la jeune fille avait évité de faire les frais d’une farce de son aîné, ils s’étaient tous deux écouté parler plus que de raison.

Alors forcément quand, se retrouvant à la sortie d’un de ces cours de soin, la jeune fille avait expliqué avec la première des naïvetés qu’elle ne le restituait absolument pas dans sa mémoire, Blaze s’était clairement vexé. Être au centre de l’attention faisait parti de ces préoccupations qui occupaient une grande part de son quotidien et il mettait généralement un point d’honneur à se rendre absolument mémorable. Alors qu’une gamine de 4ème année vienne lui annoncer d’un grand sourire qu’elle ne voyait pas qui il était, c’était tout simplement inacceptable.

- « Meuf, on a passé trois putains d’heures ensemble, c’est quoi ton problème ? »

Si Blaze pouvait se montrer charmant sur commande, il devenait également le pire des cons quand les choses n’allaient pas dans son sens et là clairement Lilith avait blessé son égo.

- « Le cours de SACM l’année dernière ? Nan ?? »

@Lilith C. Davis

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Les yeux de Lilith s’écarquillèrent d’affolement. Elle n’aimait pas particulièrement se retrouver dans ce genre de situation. Et pourtant, elle devait aujourd’hui encore fait les frais de sa piètre mémoire. En soit, ça elle en avait l’habitude. Ce qu’elle savait moins gérer en revanche, c’était l’agacement ressenti par son comparse. Il semblait littéralement outré qu’elle vienne de lui demander son nom. Derechef, Lilith se mordilla la lèvre, gênée. Le jeune garçon qui était un peu plus âgé qu’elle venait de l’aborder à la sortie du cours de Soins aux Créatures. Comme à chaque fois qu’un grand venait lui parler, elle s’était légèrement mise sur la défensive et lui avait poliment demandé son prénom en lui adressant un sourire. Elle était trop habituée à ces amis de son frère qui se moquaient d’elle, elle préférait donc être sur ses gardes. Mais c’est là que c’était en train de dégénérer. Visiblement, elle était supposée être au courant de qui il était mais tout lui échappait.

Elle le dévisagea en essayant de se concentrer, comme si cela allait l’aider à se rappeler qui il était. Grand, brun, assez fin et sec, plutôt mignon globalement. Il pourrait très bien être son type si elle s’intéressait réellement à la gente masculine, ce qui était pour l’instant le cadet de ses soucis. Là, elle devait se souvenir. Elle suppliait à son cerveau de lui donner quelque chose, une image floue, un semblant de souvenir … Mais elle n’était pas dupe. Sa mémoire ne marchait pas comme ça. Elle lui lança un nouveau sourire contrit, espérant que cela suffirait à l’apaiser et à lui pardonner son oubli. Après tout, sans se lancer dans de grandes explications sur son état, ça arrivait à tout le monde de ne pas être physionomiste non ?

De toute évidence, il ne comptait pas s’en arrêter là. Il semblait lui tenir à cœur que la jeune rousse se souvienne de lui. Il lui rappela qu’ils avaient passé trois heures ensembles. Mais trois heures, qu’est-ce que c’était vraiment dans une vie ? Un grain de sable dans le sablier du temps. Cela suffit toutefois à inquiéter Lilith. Trois heures dans une vie, ce n’était peut-être rien. Mais dans une journée, ça laissait quand même le temps de faire pas mal de choses.

« Ah bon ? » se contenta-t-elle de répondre, s’interrogeant quand même sur ce qu’ils pouvaient bien avoir fait ensemble. C’était toujours déroutant de se laisser entendre qu’on avait fait des choses dont on n’avait pas le moindre souvenir. Lilith avait souvent l’impression qu’on lui racontait des histoires dont elle ne faisait absolument pas partie, bien qu’elle les ait apparemment vécues également.

Heureusement, il ne tarda pas à lui dévoiler le contenu de ces trois heures. Ils avaient donc travaillé ensemble pendant un de ces mêmes cours qu’ils venaient de terminer à l’instant. Les éléments commençaient à s’assembler et à avoir une certaine logique. « Oh ! » Fut sa première réaction. Pour autant, rien ne lui revenait, mais au moins avait-elle un contexte. « Je suis désolée, je ne m’en souviens pas vraiment. Je … Il faut croire que j’ai une petite mémoire. » Essaya-t-elle de plaisanter. Il n’avait certainement pas encore idée d’à quel point c’était vrai. « Je ne t’avais pas trop ennuyé j’espère ? » Osa-t-elle demander, sachant pertinemment que régulièrement des catastrophes pouvaient arriver à cause d’elle. Fort heureusement, cette matière faisait partie des préférées de Lilith. Elle adorait les animaux, et le fait de ne pas utiliser sa baguette magique limitait les catastrophes. « Et euh … Du coup, tu peux me redire ton prénom quand même ? » Risqua-t-elle, espérant qu’il accèderait à sa requête. Cela lui faisait toujours bizarre de s’adresser à quelqu’un sans savoir son prénom.

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Depuis maintenant six ans qu’il vivait la majeure partie de l’année à Poudlard, Blaze s’était habitué à ce que le château et ses occupants révèlent régulièrement d’étranges étrangetés. Après tout, sa meilleure amie s’était avérée être un loup-garou et une autre de ses plus proche copine une vélane qui pouvait vous charmer d’un simple contact. Etait-ce alors vraiment si surprenant que ça de tomber sur une fille qui perdait la mémoire ? Car elle devait bien perdre la mémoire, on n’occultait pas comme ça de si longs moments de vie sans une bonne raison, Blaze ne pouvait pas y croire, qu’on puisse l’oublier, lui, non décidément c’était impensable.

Il y avait anguille sous-roche.

Se remémorant un film moldu qu’il avait vu cet été avec sa sœur, « Men in Black » que ça s’appelait, le petit gadget qu’utilisait le personnage principal pour faire oublier aux honnêtes gens ses activités secrètes lui revint immédiatement en tête. Blaze avait un esprit volatil et passablement romantique qui voyait des complot et des intrigues de roman un peu partout, pourvu qu’elles lui permettent d’échapper à un quotidien scolaire assez ennuyeux. Il fixa un instant Lilith d’un œil suspicieux, avant de lâcher son nom d’un ton peu enjoué.

- « Blaze. Blaze Mansfield. » il tapota son insigne de préfet, toujours accrochée à sa robe de sorcier. « Essaye de t’en souvenir quand même. »

Clairement, la jeune fille l’avait vexé. Néanmoins, de nature plutôt curieuse, Blaze sentait également qu’il y avait peut-être là-dessous soit un mystère à percer, soit une bonne farce à faire mais surtout il était hors de question de se laisser oublier aussi facilement sans réagir !

- « Tu me devais 10 gallions, je te signale. Ça aussi t’as oublié ? » demanda-t-il en tendant la main, paume ouverte vers le ciel. « J’ai attendu tout l’été, abusé franchement. »

On allait bien voir si elle ne se souvenait VRAIMENT de rien…

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Lilith avait envie de se cacher sous terre. Le regard que lui lançait son camarade la rendait encore plus rouge de honte. Etait-ce vraiment de sa faute si elle ne se souvenait pas de son prénom ? Est-ce que lui pouvait se vanter de se souvenir de tous les visages qu’il croisait ? Certainement plus qu’elle en tout cas, elle n’en doutait pas une seule seconde. Blaze Mansfield. Elle essaya de se répéter ce nom plusieurs fois dans sa tête, comme si cette litanie lui permettrait de le graver. Ce qui ne serait pas le cas, mais ça valait quand même la peine d’essayer. Lorsqu’elle apparue l’éclat scintillant représentatif du signe des préfets sur le revers de sa robe, l’expression de Lilith se modifia encore un peu. Il était préfet en plus de ça ! Et elle n’était même pas capable d’identifier les préfets ! Fichue mémoire. « Oui, je vais essayer, je suis désolée. » S’excusa-t-elle platement, gardant un œil méfiant sur l’insigne du jeune homme.

Elle espérait qu’il n’était pas de la même trempe que Maxwell. Ce dernier avait une fâcheuse tendance à ajouter ou retirer des points en fonction de son humeur. Est-ce qu’il serait capable de faire la même chose et de décider de lui retirer des points pour oubli de son prénom ?

Cette pensée s’envola de son esprit aussi rapidement qu’elle l’avait traversée lorsque Blaze Mansfield lui fit remarquer qu’elle lui devait de l’argent. Lilith était de plus en plus abasourdie et sa bouche s’entrouvrit légèrement sous le choc. En plus de ça, elle devait de l’argent à un préfet ? Mais dans quelle situation s’était-elle encore fourrée ? « Ah bon ? Vraiment ? » Elle passa fébrilement les mains dans ses poches, découvrant qu’elles étaient vides. « Je … Je suis désolée. Je n’ai pas d’argent sur moi. » S’excusa-t-elle de nouveau, la voix hésitante, retournant ses poches en guise de bonne foi. « Je peux peut-être te les redescendre pour le dîner ? Je ne devrai pas oublier d’ici là. » Proposa-t-elle, soucieuse de régler cette histoire au plus vite sans énerver plus que cela son camarade. Elle avait la vague intuition qu’elle l’agaçait à cause de son comportement. Déjà qu’il avait dû attendre tout l’été pour avoir son argent. 10 gallions, ce n’était pas rien. D’ailleurs, elle n’était même pas sûre d’avoir autant d’argent sur elle dans son dortoir. Qu’est-ce qu’elle aurait bien pu faire pour lui devoir autant de sous ? « C’est pourquoi ces 10 gallions déjà ? » Se risqua-t-elle finalement, soucieuse de savoir pourquoi elle devait tant d’argent à un plus grand et à un préfet.

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Bien sûr Blaze avait été vexé que Lilith ne le reconnaisse pas, mais son air contri face à ses remontrances suffisait en partie à racheter sa faute. Pas que le jeune homme soit particulièrement magnanime, mais il aimait bien sentir qu’il pouvait foutre la pression aux autres, ça avait tendance à le satisfaire.

Constatant le malaise de la jeune fille, il hocha la tête d’un air sévère mais conciliant, l’air de montrer sa magnanimité.

- « C’est bon, t’inquiète. C’est juste pas très poli. »

L’affaire aurait pu en rester mais malheureusement pour Lilith, Blaze n’avait rien de prévu à son emploi du temps dans l’immédiat et sans suspecter plus qu’un oubli passager, il était décidé à pousser la situation jusqu’au bout en réclamant une dette imaginaire. Dix gallions, c’était beaucoup d’argent sans être excessif. Surtout qu’avec son grade or, Blaze s’imaginait vaguement que Lilith devait être de sang-pure et donc une petite bourge’ à qui il pouvait bien tirer quelques thunes sans que ce ne soit le scandale du siècle.

Un mensonge qui à la surprise de son premier intéressé passa comme une lettre à la poste tandis que sa camarade ouvrait des yeux ronds avant de s’excuser de n’avoir pas la somme sur elle. Ca auriat été trop beau.

Blaze secoua la tête d’un air conciliant.

- « Bon écoute, y a rien qui presse mais t’as quand même deux mois de retard… »

Plus que de réellement parvenir à ses fins – au fond s’il ne crachait pas sur dix gallions, il n’en avait pas vraiment besoin non plus – c’était de voir jusqu’où il pouvait pousser le bouchon avant que son histoire ne déraille. S’il avait assez de flaire, il pouvait emmener le boniment très loin avant que n’apparaissent les premiers soupçons. Le jeu était alors de s’arrêter à temps pour ne pas voir la supercherie démasquée.

- « Disons, ce soir, dans la grande salle, ça marche ? »

L’affaire semblait plier mais Lilith se permit tout de même de demander la raison de ses dettes. Pas folle. Blaze lui rendit un regard torve, l’air de lui faire comprendre qu’elle était définitivement à côté de ses pompes.

- « T’es sérieuse ? T’as oublié ça aussi ? »

Il la dévisagea d’un air incrédule avant de secouer la tête.

- « On a fait un pari pour savoir qui arriverait à remplacer la baguette de Cassi par un botruc et j’ai gagné. »

Blaze darda sur elle un regard suspicieux.

- « Tu vas pas te défiler hein ? »

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10 gallions. Comment allait faire Lilith pour les obtenir d’ici à ce soir ? Elle ne provenait pas d’une famille particulièrement aisée et même si son stage cet été avait été rémunéré, elle avait suivi les conseils de ses parents et mis une bonne partie de ses économies à la banque. Elle s’assurait ainsi de ne pas perdre la moitié de ses sous à cause de sa piètre mémoire. Elle n’en avait pas la certitude, mais il lui semblait qu’elle avait 5 gallions et quelques noises dans son porte-monnaie. Pas plus. Il lui manquait donc la moitié si elle voulait rembourser ses dettes. Elle pouvait essayer de faire les yeux doux à son frère, avec un peu de chance, il lui prêterait de l’argent sans trop lui poser de questions. Mais si jamais ce n’était pas assez ? Que lui restait-il comme option ? Blaze Mansfield avait déjà attendu un été entier sans avoir les sous promis, il ne pouvait décemment pas attendre beaucoup plus longtemps. Elle comprenait son impatience. Devrait-elle demander de l’aide à Murphy pour ça aussi ? Mécaniquement, elle se mordilla la lèvre, cherchant une solution, quand le préfet des Serdaigle sembla s’apaiser un petit peu. Elle hocha la tête vigoureusement, consciente que deux mois ça faisait long. « Oui, ce soir dans la Grande Salle. Je te retrouverai à la table de ta maison. » Promit-elle en continuant de faire marcher ses neurones. Il fallait qu’elle parvienne à tomber sur Jameson d’ici à ce soir du coup … Et si c’était pressé, il y avait finalement de fortes chances qu’il lui pose des questions. Il était d’une nature assez curieuse après tout.

Lilith commença alors à se demander pourquoi elle lui devait de l’argent. Soit, ils étaient dans la même classe et des interactions avaient été possibles l’année dernière, mais Lilith n’était pas du genre à promettre de l’argent à tout va. Elle n’était pas grande dépensière et détestait gâcher. Elle savait qu’elle ne pouvait pas compter sur sa mémoire, mais elle se connaissait un minimum. Elle avait beau être naïve, elle ne comptait pas se laisser marcher dessus. Elle n’imaginait pas encore que Blaze Mansfield puisse se jouer d’elle, mais un doute commençait à naître en elle. Elle essaya de ne pas se démonter face au regard soudain farouche de son camarade. C’était pas de sa faute si elle n’avait pas de mémoire, okay ? « Euh bah … Disons que oui ? » Balbutia-t-elle, ne pouvant nier la réalité. Elle croyait qu’il allait s’emporter un peu plus mais il se contenta de secouer la tête, dépité. Elle appris donc incrédule qu’elle aurait fait un pari impliquant un Botruc. Ses yeux s’écarquillèrent un peu plus. Elle aurait fait ça, elle ? Elle aurait joué avec un animal de la sorte pour faire une farce ? Elle qui ne faisait même pas de mal à une fourmi. « La baguette de qui ? » Demanda-t-elle, commençant à s’interroger vraiment sur les fondements de ce pari. Le prénom Cassi ne lui rappelait rien du tout. A ce rythme, le préfet allait vraiment s’impatienter et commencer à s’énerver. « Non, non, c’est pas ça. C’est juste que … Tu es sûr que c’était avec moi ce pari ? Pas quelqu’un d’autre ? Ca ne me ressemble pas vraiment de jouer des tours aux gens… » Si ça se trouve, il la confondait avec quelqu’un d’autre. Et il n’y avait rien de mal à ça, elle était bien la dernière personne sur cette terre à pouvoir le reprocher.

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Une fois de plus, Blaze hocha la tête d’un air entendu. Il aimait ce que lui inspirait ce léger mouvement de la nuque, comme si celui-ci avait le pouvoir d’accorder symboliquement sa magnanimité ou, lorsqu’il était retenu, son courroux. Un peu à la façon des Empereurs romains choisissant d'un geste de la main le destin des gladiateurs vaincus. Rien ne plaisait plus à Blaze que de se sentir puissant, d’avoir le pouvoir et ce bobard improvisé qui rendait la jeune fille tributaire d’une faveur imaginaire… c’était vraiment le pied !

- « Ça marche. » approuva-t-il lorsqu’elle lui annonça qu’elle réglerait ses dettes le soir même.

La conversation aurait pu en rester là et même si Blaze était trop joueur pour laisser filer sa proie aussi, il pouvait bien patienter jusqu’au dîner pour remettre – littéralement – une pièce dans la machine. Cependant, Lilith qui avait peut-être des soucis de mémoire mais pas encore complètement fait tombée sa tête de ses épaules lui demanda comment elle était arrivée à contracter une dette envers lui.

Loin de se dégonfler, Blaze improvisa dans le seconde un second bobard, pas du genre très fin mais il était curieux de voir si la jeune fille le goberait comme elle avait gobé l’histoire des gallions.

Le préfet dû se mordre discrètement l’intérieur de la joue pour ne pas esquisser un sourire ravis en voyant les yeux de sa victime s’agrandir de surprise. Non bien évidement elle n’avait jamais signé pour un pari aussi stupide, mais si quelqu’un était capable de le lui faire croire, alors c’était presque comme si c’était vraiment arrivé, non ? De son air le plus sérieux du monde, Blaze secoua la tête d’un air agacé.

- « Cassi. Cassiopeia Borealis. Boringeals qu’on l’appelle parfois parce qu’elle est un peu chiante. Une grande fille de sixième année avec les cheveux roses, elle a redoublé l’année dernière, tu ne vois pas ? »

Peu importait à vrai dire que Lilith se représente qui était Cassi. D’ailleurs si la petite poufsouffle se prenait d’aller interroger son aînée de Serdaigle, le mensonge de Blaze serait bien vite éventré. Cassi connaissait trop bien son tempérament pour ne pas flairer l’embrouille. Mais c’était un risque à prendre et Blaze ne pouvait pas revenir sur un nom prononcé au risque de décrédibiliser son histoire.

Puis, juste pour le plaisir de faire monter à nouveau la pression, il demanda suspicieusement si Lilith ne cherchait pas à esquiver ses obligations financières, ce que la jeune fille dénia immédiatement avant de tout de même lui demander s’il ne se trompait pas de débiteur.

On y était. Qu’elle ait senti l’arnaque ou pas, Lilith se trouvait désormais sur une pente glissante qui, si Blaze n’y prenait pas garde, pourrait la mener droit à découvrir le pot au rose. Il connaissait ce type de situation par cœur, il fallait la faire mourir dans l’œuf immédiatement pour éviter la catastrophe.

- « Tu t’appelles Lilith, tu es à Poufsouffle en quatrième année. » récita-t-il.

Pour partager le cours de Soins aux créatures magiques avec elle, il ne pouvait pas se tromper. Et puis son nom était celui d’une démone, alors il l’avait retenu.

- « Moi contrairement à toi je n’oublie pas les gens. Et je ne les confonds pas avec d’autres. »

Qu’elle essaye donc de répondre à ça sans passer pour une malpolie, tient…

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Lilith se retrouvait coincée. Elle ne voulait pas se mettre le préfet à dos et pourtant elle lui devait, sans vraiment comprendre comment, une somme d’argent assez conséquente. Elle avait toujours le chic pour se mettre dans des situations, ça relevait presque du miracle. Elle essayait de réfléchir à toute vitesse sans donner l’impression à son aîné qu’elle était perdue. Elle n’avait pas 10 gallions. Pourtant, elle venait de lui promettre de lui remettre ce soir pendant le dîner. Deux options s’offraient à elle. Soit elle filait de ce pas pour essayer de trouver son frère et lui demander de lui prêter de l’argent. Soit elle feignait ce soir d’avoir encore oublié et avec un peu de chance, sa mémoire l’aiderait en oubliant vraiment. Cette dernière solution était tentante mais Lilith la balaya vite de ses possibilités. Elle n’aimait pas jouer avec ça. Elle souffrait bien trop de ses amnésies pour en plus faire semblant d’en avoir. Par ailleurs, elle n’était pas certaine que cela pourrait vraiment l’aider. Le Serdaigle venait de lui redemander ses dettes et il aurait du mal à croire qu’elle oublie une telle somme en quelques heures seulement. Si seulement il connaissait vraiment Lilith.

Comme pour se laisser encore un peu le temps de définitivement trancher, Lilith opta pour la curiosité. Elle lui demanda donc pourquoi elle lui devait autant d’argent. Après tout, elle n’était pas du genre à jouer avec ses sous. La raison que lui donna Blaze l’épouvanta tout bonnement. Elle aurait fait un pari avec un préfet impliquant une autre élève ET une créature magique ? Ca ne lui ressemblait tellement pas qu’elle en tombait des nues. Elle qui détestait la méchanceté gratuite aurait pu faire ça ? Il ne lui venait pas à l’idée que Blaze puisse se jouer d’elle, mais elle avait également beaucoup de mal à croire qu’elle avait pu faire ça. Malgré tout, elle savait qu’elle pouvait assez facilement se faire entraîner dans des plans un peu farfelus pour peu qu’elle fasse confiance en la personne. Avait-elle eu à ce point confiance en Blaze ?

Il semblait avoir réponse à tout. Elle ne voyait pas qui était Cassi ? Il n’hésite pas à lui décrire en mettant l’accent sur ses cheveux colorés. C’était quelque chose que les gens devaient sans doute remarquer. Mais ce n’était pas le cas de Lilith qui n’arrivait pas du tout à resituer sa camarade. « Euh non … Je ne vois toujours pas. Elle est encore là ? » Demanda-t-elle en scrutant par-dessus l’épaule de l’aiglon pour essayer d’apercevoir une tignasse colorée. Elle était curieuse de voir à quoi ressemblait la personne qu’on venait de lui décrire et elle se disait qu’elle pourrait peut-être en profiter pour s’excuser en même temps de la farce qu’elle a pu lui faire l’année dernière. Même si elle n’en gardait aucun souvenir, ce n’était pas pour autant que Lilith ne s’excusait pas lorsqu’elle faisait du tort à quelqu’un. Même si elle avait encore du mal à y croire, d’après Blaze, elle lui avait bien fait du tort. Elle essaya d’exprimer ses doutes, en lui demandant si il ne s’était pas trompé de personne. Etait-il sûr d’avoir bien fait le pari avec elle ? Ne confondait-il pas ? Après tout, c’était possible. Lilith avait l’impression d’être assez transparente pour les autres élèves. Elle ne s’imaginait même pas que sa tête flamboyante pouvait marquer aussi bien que les cheveux roses.

Elle se mit à rougir de façon incontrôlable et assez gênante lorsque Blaze cita des informations sommes toute banales. Son prénom, sa maison et son année. Mais cela suffit pour que ses joues se mettent à chauffer. Il avait retenu des trucs sur elle alors qu’elle ne savait rien de lui. Elle était à la fois flattée, mais aussi très gênée. Sa remarque suivante lui fit par contre baisser les yeux. Il avait appuyé là où ça faisait mal. Ce n’était pas de sa faute si elle avait une mémoire de poisson rouge, mais ça Blaze ne pouvait pas le savoir. « Touché. » Répondit-elle en esquissant un petit sourire gêné. Elle releva la tête petit à petit, tandis que des dizaines de questions se bousculaient dans sa tête. Elle réfléchit quelques secondes avant d’oser lui en poser une. « Est-ce qu’on s’est beaucoup parlé ? Enfin je veux dire, pour que je te suive dans un pari, c’est qu’on doit se connaître un minimum non ? On a souvent travaillé ensemble pendant ce cours ? » Elle avait une petite voix timide. Ses questions lui semblaient très obscures et mal formulées. Mais elle cherchait surtout à savoir si elle pouvait vraiment lui faire confiance. Est-ce qu’ils sont supposés être au moins des connaissances ? Est-ce qu’ils avaient déjà parlé de leur vie pendant les cours ? En tout cas, elle ne semblait pas lui avoir fait part de son problème de mémoire, mais avait-elle échangé d’autres informations sur elle ?

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Coup de chance ou pas, difficile à dire, mais Lilith semblait VRAIMENT à la ramasse sur le quotidien de Poudlard et ceux qu’on y croisait. Bon certes leur camarade de Serdaigle était en 7ème année et il pouvait comprendre que tout le monde ne la connaisse pas, mais quand même, avec son côté mère-la-morale et ses cheveux roses, du point de vue de Blaze, on ne pouvait pas la rater. Il acta néanmoins cette nouvelle zone d’ombre dans la connaissance de Lilith et hocha la tête. Finalement, moins elle aurait de branches auxquelles se raccrocher, plus lui-même pourrait dérouler son baratin sans trop de risques de sortir une incohérence.

Et puis si elle le reprenait sur quelque chose, il n’aurait qu’à dire qu’elle l’avait oublié aussi.

D’ailleurs, sa cadette de poufsouffle commençait semble-t-il à nourrir quelques soupçons à son égard. C’était donc ici qu’on commençait vraiment à s’amuser : pile sur la corde raide, Blaze voulait voir jusqu’où il pouvait pousser le bouchon et manipuler la jeune fille sans que celle-ci ne flaire le pot-aux-roses. Quelqu’un de plus prudent aurait sans doute mis fin à la conversation rapidement, mais c’était moins l’argent que le jeu qui amusait Blaze et il avait besoin de se distraire en ce moment.

Avec une certaine satisfaction lorsqu’elle lui accorda le point, Blaze hocha la tête avec un léger sourire en écoutant la suite de ses paroles, demandant s’ils se connaissaient bien.

Habitué qu’il était aux boniments, Blaze sentait qu’il se trouvait désormais face à un embranchement. Soit continuer sur le chemin risqué, soit botter en touche. Il ne connaissait pas exactement l’ampleur des problèmes de mémoire de Lilith – parce qu’il devenait évident qu’elle en avait, on ne demandait pas comme ça aux gens si on était proche d’eux ou pas – et il pouvait tout à fait s’agir d’un piège. D’un autre côté, la jeune fille ne lui faisait pas l’effet d’une grande manipulatrice. Evidement il choisit le chemin risqué.

D’un geste nonchalant il désigna le reste de leurs camarades qui prenaient le chemin du château après avoir rangé leurs affaires.

- « Beaucoup de naze dans cette promo, c’est plus sympa de faire équipe avec toi. »

Les compliments, ça marchait toujours super bien avec les filles, et il agrémenta sa phrase d’un sourire charmant.

- « Si tu veux on peut refaire un pari, ça me dérange pas, comme ça ça te prouve que tout est réglo. »

Hop. Puis il fronça les sourcils donnant l'air d'être sincèrement soucieux.

- « Mais ta mémoire, t’es sûre que c’est normal quand même ? Tu en as parlé à Jane ? »

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feat. @Blaze H. Mansfield & Lilith C. Davis

Lilith essayait de se convaincre qu’elle connaissait ce jeune homme et qu’elle pouvait lui faire confiance. Il paraissait sincère sur cette histoire de défi et naïvement elle se disait qu’il ne pourrait pas aller inventer un truc comme ça. A quoi ça lui servirait après tout. Elle n’était pas quelqu’un de suffisamment important ou doué pour qu’on essaie de se servir d’elle. C’était à peine si elle arrivait à tenir la tête hors de l’eau avec les cours et sa famille n’était pas réputée pour être particulièrement riche. Elle se considérait comme quelqu’un de particulièrement banale et ne pouvait pas imaginer que quelqu’un pouvait se payer sa tête sans motif.

Pourtant, à la fois pour se rassurer et effacer sa gêne grandissante, elle se permit de poser les questions qui la taraudaient. Elle avait besoin de connaître le point de vue de Blaze et le fond de la situation. Elle n’en avait pas le moindre souvenir mais d’après lui, ils se mettaient souvent en binôme car il trouvait les autres nazes. Ce qui signifiait qu’elle n’était pas naze à ses yeux ? Elle senti le rouge lui monter de nouveau aux joues. Son regard glissa vers Harriet qui était en train de ranger ses affaires. Elle ne trouvait pas que son amie pouvait être naze et trouvait la réponse du préfet à la fois sympa pour elle mais également un peu trop tranchante. « Tu dis ça parce que tu ne dois pas connaître tout le monde. » Dit-elle pour nuancer son propos. Son regard glissa également sur Bella. Non, définitivement, il n’y avait pas que des nazes autour d’eux.

Elle fronça les sourcils à la mention du nouveau pari. Elle comprenait que Blaze était du coup quelqu’un de franchement joueur et elle commença à se demander si du coup il n’était pas en train de jouer avec elle également. Peut-être que cette conversation était justement le fruit d’un autre pari lancé avec quelqu’un ? Après tout, les copains de Jameson étaient capables de faire ça, alors pourquoi pas d’autres également ? Sa naïveté commençait à s’effriter. Elle croisa les bras sur sa poitrine dans un geste défensif. « A quel genre de pari penses-tu ? » Demanda-t-elle, suspicieuse. Elle n’aurait certainement pas les moyens de mettre de l’argent en jeu, mais elle était également curieuse de voir jusqu’où le préfet pouvait aller.

Elle tressaillit quand il remit le sujet de sa mémoire sur la table. « Oui oui, tout est sous contrôle. Ma mémoire va très bien, je suis juste un peu … Fatiguée. » Mentit-elle éhontément, peu encline à l’idée de lui avouer qu’en réalité c’est une vraie catastrophe. Elle ne voulait pas lui donner plus de matière pour qu'il puisse potentiellement se jouer encore plus d’elle. Elle n’avait vraiment pas besoin de ça.

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D’un haussement d’épaules, Blaze balaya l’objection de sa camarade. Certes il ne connaissait pas tout le monde, mais il n’en pensait pas moins et de son point de vue, une bonne part des élèves de Poudlard n’avait pas grand intérêt. De toute façon, le point n’étant pas tant de discuter objectivement de qui valait quoi, mais plutôt de glisser une petite flatterie à Lilith, tentative qui avait clairement manqué son but.

N'appréciant pas trop qu’un de ses compliments suscite si peu de réaction de la part de la jeune fille, Blaze se rembrunit un peu. Morosité heureusement tout de suite balayée lorsque sa camarade croisa les bras, manifestement suspicieuse, quand il lui eu proposé de remettre en jeu la somme qu’elle lui devait. Enfin « lui devait »… on se comprenait.

Si Blaze était fan de paris, défis, jeux en tous genre, ce n’était pas forcément le cas de tout le monde et il ne comprenait que trop bien la réaction de défiance de Lilith. L’enjeu maintenant, après l’avoir convaincue qu’elle lui devait bel et bien des sous, était de la convaincre de les remettre en gage. Blaze volait d’un objectif à un autre dans cette conversation, testant en direct où il parvenait à mener sa barque.

Pour la seconde fois, il haussa les épaules d’un air désinvolte.

- « Un test de mémoire peut-être ? » Il leva trois doigts devant le nez de sa camarade puis planqua sa main derrière son dos. « Combien ? »

C’était clairement pour la blague et il ricana en observant sa réaction.

- « T’inquiète je déconne. » reprit-il ensuite. « Mais n’empêche, tu penses que tu serais capable de… » il regarda autour d’eux. « Citer les noms de tous les gens de la classe ? Ou juste cinq ? Et je te rends les pièces. Mon nom à moi compte pas. »

L'émoi de la mémoire

feat. @Blaze H. Mansfield & Lilith C. Davis

La perspective de se lancer dans un nouveau pari ne tentait pas franchement Lilith. Elle n’était pas particulièrement joueuse, surtout quand de l’argent était potentiellement en jeu. Elle avait déjà une dette colossale et ne souhaitait pas prendre le risque de cumuler. Aussi, elle se montra suspicieuse quand Blaze lui proposa amicalement un nouveau défi. Il avait beau se montrer gentil, prévenant presque, son instinct lui recommandait de faire attention. Le problème, c’est que Lilith avait du mal à suivre son instinct. La naïveté prenait souvent le dessus. Elle n’avait aucun mal à se laisser convaincre par les gens. Au final, les ne peuvent pas être foncièrement mauvais, n’est-ce pas ? Prenez Blaze par exemple, elle ne lui avait jamais rien fait, du moins elle n’en avait pas l’impression. Du coup, il n’avait aucune raison de lui faire à l’envers. N’est-ce pas ?

A cette pensée, elle essaya de se détendre. Il ne servait à rien de se braquer. Elle était dans un environnement quelle chérissait et elle discutait tranquillement avec un camarade. Il n’y avait rien d’alarmant à cette situation. Cette pensée se fana assez rapidement lorsqu’il lui proposa un test de mémoire. Il avait découvert sa faiblesse et semblait en train de jauger ses limites. Ces sortes de tests la mettait particulièrement mal à l’aise. Parce qu’elle savait qu’elle n’avait aucun contrôle là-dessus et que ses chances d’échouer étaient beaucoup trop élevée. Elle le regarda lever sa main et une expression interdite se dessina sur son visage. Il voulait vraiment qu’elle compte ses doigts levé ? Quel rapport avec sa mémoire ? Son expression sembla bien l’amuser et il s’empressa de lui dire que c’était pour rire. Elle laissa échapper un petit rire étranglé pour essayer de lui montrer qu’il était drôle. Même si elle avait de plus en plus de mal à s’en convaincre malgré sa bonne volonté.

Elle regarda autour d’eux. La perspective de récupérer les pièces qu’elle lui devait était assez attirant. Mais à mesure que son regard se posait sur le visage de ses camarades, elle se rendait compte de l’évidence : elle n’arriverait pas à remettre les noms de tout le monde. Son sourire crispé m’atténuait petit à petit. Elle n’allait jamais y arriver… « Je … Je peux essayer pour cinq… » Bredouilla-t-elle, peu convaincue de ses capacités. Ce qui était certain, c’est qu’elle ne pourrait pas nommer toute la classe.

Elle commença par glisser son regard sur les visages familiers. Eux au moins, elle était sûre de ne pas se tromper. « Shayne … Harriet… » Enonça t-elle en pointant le menton dans leur direction respective. Elle n’en était pas encore au point d’oublier le nom de ses amis les plus proches. Malheureusement, Murphy n’était pas là et elle ne pourra pas l’aider à compléter le compte. Elle se concentra et continua vers les visages familiers. « Florent. » Son prénom lui échappait parfois, mais aujourd’hui il lui était heureusement revenu. Elle hésita un instant avant d'en prononcer un autre. « Eléonore » Là aussi, elle avait habituellement la fâcheuse tendance à écorcher le prénom de son aîné, mais pas cette fois-ci. Elle continua de laisser son regard courir sur ses autres camarades. De longues secondes passèrent. Mais c’était le vide. Elle était à 4 personnes, elle n’était pas si loin du compte. Elle essaya de ne pas se laisser submerger par la panique lorsqu’une idée lui vint. Comment il avait dit que la fille aux cheveux bizarres s’appelait ? « Et … Cassi. » Tenta-t-elle tandis qu’un petit sourire mêlant fierté et amusement étira ses lèvres. Elle doutait qu’elle était assez maline pour prendre Blaze à son propre jeu mais pour le coup, il n’avait pas précisé que le nom qu’il avait déjà donné ne comptait pas. « Ca fait cinq ! » Conclut-elle, attendant de voir avec impatience la réaction de son aîné. Considérerait-il qu’elle s’en était pas si mal sortie que ça au final ?

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