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Sun may shine (Thaddeus & Blue)
August P. Rowle

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Message(#) Sujet: Sun may shine (Thaddeus & Blue) Sun may shine (Thaddeus & Blue) EmptyMer 15 Sep - 17:51

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Sun may shine
But it won’t rise in your gaze @Thaddeus C. Rowle

Il n’y avait finalement aucun sens à souffrir pour être belle, quand il suffisait d’accueillir quelques rayons de soleil par une agréable fin d’après-midi d’été. Les fleurs le savaient pertinemment, écloses et chatoyantes aux éclats solaires, ternes et éteintes par les nuits d’orage. Après la tempête qu’elle avait traversée, les insomnies qui l’avaient rongées et le néant qui l’avait dévorée, Bluebell avait ainsi perçu dans l’arrivée de la belle saison un délicat symbole qui avait réchauffé son corps entier et qu’elle comptait savourer jusqu’à ses dernières lueurs. Si elle préférait l’automne, elle ne pouvait nier que cet été lui avait été particulièrement bon - il lui avait rapporté la santé, son frère, des ambitions. Un rictus sans émotion couvrit ses lèvres alors qu’elle songeait à ces deux mois passés, contemplant silencieusement l’étendue du lac devant elle. Elle avait suffisamment pâti de ses élans pour ne plus se figurer de tourments dans le présent, si bien que son visage s’était réellement allégé de la crispation de ses traits qui l’avait jusqu’alors collée comme une ombre. Il ne s’agissait guère d’un simple effet du teint légèrement doré qu’elle affichait, car enfin, sa guérison trouvait source dans de bien plus insidieuses racines - mais il était inutile de replonger dans ces cavernes obscures quand elle pouvait désormais se contenter d’accueillir les rayons qui picotaient sa peau, et ce en élégante compagnie. Faisant glisser ses lunettes de soleil noires sur le bout de son nez en trompette, Bluebell inspecta les rives environnantes sans pour autant distinguer la longue silhouette de Thaddeus. Il était en retard, mais qu’y avait-il de surprenant ? Les oisifs n’envisageaient guère la ponctualité comme une distraction. Aussi Bluebell releva-t-elle ses lunettes sur son crâne (car enfin, il ne conviendrait pas de terminer ce bronzage par une disgracieuse trace blanche autour de son regard) avant de s’enfoncer un peu plus contre le dossier du siège en bois où elle était installée. Le Serpentard était d’une présence fort agréable, mais le silence n’était pas non plus déplaisant. Au moins ce dernier savait-il se montrer docile. L’un de ses sourcils s’arqua de lui-même au souvenir désobligeant de l’étrange tournure qu’avait prise son ultime conversation avec Thaddeus. Les pics faisaient partie de leur rhétorique, dans la mesure où ils ne s’embêtaient guère d’une appellation amicale et qu’en ces circonstances quelque peu taboues, il était important de garder des répliques cinglantes et détachées. Néanmoins, les timbres de voix ne trahissaient jamais la vérité tapie derrière leurs roulements de langues claquants et il était apparu que les coupes de champagne échangées dans leur parc au cours de l’été avaient ajouté à leurs propos un éclat métallique presque offensif, loin de la délicate souplesse qu’ils couvaient d’ordinaire d’un soupçon de moquerie. Rien de grave, ceci étant : puisqu’ils n’étaient pas amis, ils n’avaient guère besoin d’explications. Non, Bluebell ne l’avait convié que par volonté de proroger un peu plus l’été en profitant d’une présence adéquate - et le motif des explications qu’elle avait argué par hibou ne constituait de fait qu’un argument subsidiaire. N’est-ce pas ?

Les paupières fermées pour mieux se soustraire à l’aveuglément du soleil, Bluebell crut alors, après quelques longues minutes, distinguer des bruits de pas sur les galets environnants. Elle rouvrit les yeux qu’elle garda plissés pour ne pas heurter ses royales rétines et constata effectivement la présence approchante de Thaddeus qui lui valut un sourire en coin. Oui, le silence avait au moins la délicatesse de se montrer docile, mais qu’il était d’un affligeant ennui face au minois railleur et prétentieux du Serpentard. C’est que les divertissements se faisaient rares dans leur cercle, et quand bien même les spéculations politiques revêtaient un caractère stimulant, rien ne valait quelques secrètes confidences et futiles aveux. “Thaddeus, j’avais fini par croire que la perspective de te confronter à nouveau à ma pâleur cadavérique avait eu raison de ton engagement” l’accueilla-t-elle alors qu’il parvenait à la hauteur du décor qu’elle, ou plus exactement son elfe de maison, avait installé en ce coin reculé du lac, car il ne s’agirait pas de laisser quelques impurs s’approprier un espace aussi distingué. De fait, non loin de l’orée du bois qui en faisait le tour, deux sièges de bois (bien évidemment travaillés à la main) avaient été installés l’un à côté de l’autre, face au rivage pour mieux capter le soleil qui déclinait progressivement en cette fin de journée. Une petite table avait été pourvue entre ces deux places pour proposer de quoi se substanter : du raisin blanc de saison, quelques macarons et du jus d’airelles déjà versé dans deux coupes de cristal. Quant à savoir s’il s’agissait d’un mimosa sorcier où du champagne avait donc été discrètement versé, il ne tenait qu’à Thaddeus de le découvrir… “Fort heureusement, à défaut d’être courtois, tu sais tenir parole” ajouta-t-elle d’un ton feignant le désarroi, contrasté par un rictus d’autant plus amusé. Lui faisant signe de s’installer sur le siège libre, la Serpentard se redressa de son prélassement pour faire pleinement face au jeune homme. De toute évidence, elle ne l’aurait guère convié s’il était poli, puisque c’était précisément leur impertinence qui les avait liés de prime abord. Y avait-il plus agréable que de se moquer impunément de la galerie quand on essayait de tuer le temps en de pompeuses cérémonies ? Ce qui avait renforcé leur lien, par la suite, provenait paradoxalement de sa propre vulnérabilité qu’il avait su lire dans le tourment de ses prunelles désormais portées avec arrogance sur lui. Son état s’étant arrangé, qu’aurait-il pu subsister de leur rapport, si ce n’était cette insolence commune ? Bluebell se raccrochait naturellement à ce lien, dans toute sa difficulté à reconnaître de plus profonds ancrages et dans toute sa volonté de tapir à jamais la fragilité de son état désormais révolu. S’emparant de l’une des coupes de jus d’airelles, Bluebell leva son verre en direction de son invité qu’elle gratifia d’un clin d'œil entendu. “A notre rentrée, à mon teint et à ton supplice qui s’achève par la même occasion” fit-elle alors en faisant référence à son courriel où il ne s’était guère privé de lui mentionner le fardeau qu’avait représenté pour lui son teint cadavérique désormais disparu. A quoi bon s’enivrer, quand ils étaient d’ores et déjà capables des pires répliques ? Le cristal tinta délicatement avant que les deux jeunes gens n’avalent quelques gorgées rafraîchissantes. Curieux, comme à de si délicieux moments peuvent parfois succéder de terribles mésententes.

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Message(#) Sujet: Re: Sun may shine (Thaddeus & Blue) Sun may shine (Thaddeus & Blue) EmptyVen 17 Sep - 15:06

Sun may shine

and sun will burn

Je me sentais déjà rougeoyer, cette après-midi de cours touchant lentement à sa fin. J’avais toutes les raisons pour me draper de rouge et éclater en un millier de fragments stellaires, en un millier de fragments de verre, espérant entraîner tout l’univers dans ma propre fin. J’avais toutes les raisons de craindre pour mon intégrité, de craindre pour l’empire que je me créais, de craindre pour la trahison de mes actuels alliés. Restez à mes côtés. À mes côtés pour toujours et à jamais. Mes amis pourraient-ils écouter et satisfaire la requête d’un mourant ? Car je mourais. Il me fallait mourir pour mieux renaître et toute mon année passée n’avait été que la préparation d’une mise à mort. Je mourrais à la fin de cette année afin de synthétiser le meilleur de moi-même, de garder dans le marbre la perfection et de dépeindre le chef d'œuvre de toute une vie. Je me sentais déjà rougeoyer, proche de mon apogée une fois élevé aux plus hauts rangs de cette petite société estudiantine. Cette dernière année était pour moi l’occasion de prouver ma valeur, de mettre de côté la discrétion qui avait toujours dicté ma vie, elle-même dictée par un paternel désuet. J’avais tant de choses à accomplir, tant de choses à faire et à défaire pour me trouver une place au sommet et ne plus la quitter. J’étais prêt à devenir les yeux de quelqu’un d’autre l’espace d’un instant si cela me permettait d’avoir les yeux posés sur moi plus tard. Et je me sentais déjà rougeoyer de jalousie pour l’importance qui croissait une fois de plus pour les Sørensen. Et je me sentais déjà rougeoyer de colère pour tout ce qu’ils me prenaient : de l’honneur, un ami d’enfance et, désormais, une fleur empoisonnée. Et je me sentais rougeoyer déjà, un feu destructeur au creux de la poitrine et qui prendrait bientôt mon corps tout entier. Un feu aussi destructeur que créateur, je l’espérais, afin de façonner le monde à mon image. Un feu qui n'hésiterait pas à brûler la fleur, souffrante ou non, pour avoir osé tourner ses pétales dans une autre direction que la mienne.

J’étais heureux de retrouver une Bluebell proche de celle que j’avais toujours connue : rayonnante, piquante, mortelle et belle, pleine de dédain pour le monde et mêlant son venin avec le mien. Toutefois, je ne pouvais oublier son changement d’allégeance. Tout comme Junior, elle me semblait s’échapper de mon étreinte pour rejoindre celle d’un autre. Qu’avais-je loupé ? Qu'avais-je manqué ? De quoi manquais-je pour que l’on quitte ainsi mes grâces ? Cette fleur de jeune fille avait longtemps eu le même effet que mes cachets à base de reine des prés, mais désormais… Elle alimentait mes migraines, elle devenait une nouvelle raison de réveiller les épées de ma douleur cérébrale. Nos discours empoisonnés se déversaient aussi bien sur les autres que sur nous-même et je savais, par Merlin je savais, que cette paresse sous le soleil ne serait qu’une façon de rattraper notre pique-nique échauffé à demi-mots. Toutefois, ce serait une belle fin d’après-midi. J’avais avalé un cachet, en prévision - voire peut-être trois d’un coup, pour faire bonne mesure -, avant de glisser le flacon dans l’une de mes poches, et je m’étais mis en route. Les derniers rayons d’été continuaient de réchauffer le parc et invitaient les paresseux à s’allonger à l’ombre d’un arbre pour profiter d’une fin de journée en bonne et due forme. Ils allongeaient les ombres des silhouettes, des arbres et des nouvelles statues de marbre blanc, vous brûlant la rétine si vous vous risquiez à les regarder trop longtemps. Pourtant, elles, elles ne se privaient pas de vous observer, chevauchant leur monture reptilienne… Tout était devenu si pittoresque, cette année, que je me sentais facilement submergé. Toute cette beauté et cette colère réunies dans un seul être… J’étais curieux de voir le résultat de tout ceci. Peut-être mon rendez-vous avec Bluebell me donnerait un aperçu convenable de cette guerre : la colère gagnerait-elle ? l’amitié ? ou bien créerions-nous une toute nouvelle émotion qui ne serait propre qu’à nous ? Tout ce que je savais, c’est que tout commencerait par notre sarcasme habituel, et ma chère camarade me donna raison. Je l’accueillis avec un charmant sourire, elle m’accueillit avec une charmante remarque. « Je n’ai qu’une parole. » Mais plusieurs voix. Pour elle, tout du moins, je saurais n’en utiliser que deux : une pleine de notre sarcasme adoré, et une autre pleine de reproches justifiées.

« Je ne me souviens guère d’un horaire précis pour venir te rejoindre, pourtant » répliquais-je sur le même ton qu’elle. Le temps était agréable pour une balade, alors je ne m’étais nullement pressé. J’étais arrivé, selon moi, au meilleur moment possible et le meilleur moment n’avait pas d’horaire. Je pris place sur l’un des sièges en bois, prenant aussitôt mes aises et appréciant ce petit coin qu’elle nous avait trouvé pour profiter du soleil, du lac et de nourritures terrestres. J’étais très attaché à cette fleur qui s’était détériorée avant de retrouver toute sa splendeur, comme par magie. Mais je craignais que cette nouvelle fleur ne puise son énergie dans des eaux plus sombres, plus… septentrionales. Si je n’avais qu’une parole, il me semblait désormais qu’elle en avait plusieurs pour ainsi changer sa baguette de main et s’afficher avec celui qu’elle avait toujours renié devant moi. Je ne l’oubliais pas. Je ne l’oublierais jamais. Et je rougeoyais. « À notre rentrée, à ma courtoisie et à ton nouvel âge d’or. » Et nous trinquions, le tintement du verre qui s’entrechoque semblable au fracas de deux glaives lancés l’un contre l’autre. Il ne me fallut qu’une seule gorgée pour sentir mon humeur s’assombrir. S’il n’était pas rare d’en boire à diverses soirées, le jus d’airelles restait propre à un ennemi. Une odeur et un goût agréable pour un homme dénué de charisme. Pourtant, il semblait s’attirer toutes les bonnes grâces de ce monde et je le jalousais… « Tes goûts se seraient-ils alignés sur ceux de notre cher Finnbjörn ? » … si fort… « Serait-ce un cadeau de sa part en gage de votre amitié récente ? » Et j’espérais que qu’elle ne soit rien d’autre que « récente », cette amitié qui n’aurait jamais dû être si Bluebell avait été fidèle à elle-même. Mais l’année passée l’avait changée. Je ne savais pas pourquoi, je ne savais pas comment, mais cette vipère se montrait déjà moins vive à vilipender cette chère Erin en ma compagnie, puis s’affichait au bras de son frère comme si de rien n’était… Des trahisons, j’en avais connu, mais jamais ne s’étaient-elles montrées aussi ostentatoires que celle de Bluebell. Tout n’était une question d’image. Tout n’était qu’une question de rôle à jouer. Mais il était impossible de mentir sous le soleil. Et je nous sentais prêts déjà à rougeoyer.
(c) DΛNDELION
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Message(#) Sujet: Re: Sun may shine (Thaddeus & Blue) Sun may shine (Thaddeus & Blue) EmptyMar 21 Sep - 18:40

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Sun may shine
But it won’t rise in your gaze

Thaddeus avait quelque chose des statues grecques. Peut-être était-ce la droiture de son arête de nez, la coupe nette de sa mâchoire ou encore l’ondulation bouclée de ses cheveux d’ébène, mais il dégageait somme toute une allure glacée, gracieuse et secrète. Loin d’être Pygmalion, Bluebell songeait toutefois que, contrairement à d’autres nobles de leur espèce, Thaddeus n’évoquait pas l'élégance : il l’incarnait. Nul besoin de se parer des tenus les plus recherchées ou des étoffes les plus précieuses, il lui suffisait de relever le menton pour mépriser tout ce qui se situait en-deçà de la saillance de sa pomme d’Adam. Cette accroche prétentieuse avait sauvé Bluebell en bien des occasions, essentiellement lors de réceptions mondaines où il lui était arrivé d’avoir la sensation d’étouffer parmi les apparats criants et les lourds parfums. En ces quelques fois, elle avait alors levé les yeux à la recherche de ce profil sculpté pour voguer jusqu’à lui et se raccrocher au récif édentelé de son sarcasme. Car au-delà de son arrogance innée, Thaddeus excellait dans la rhétorique. Sarcasme, ironie et piquant enrichissaient son vocabulaire d’une toile bien plus brillante que l’or qui couvrait les bijoux des convives. Résolument, il était cette île perdue au cœur de flots anonymes, cette parcelle aussi plaisante que sauvage, aussi admirable que dangereuse, où Bluebell avait pris l’habitude de se réfugier quand les houles devenaient trop pesantes. En cette splendide fin de journée, Thaddeus arriva fidèle à lui-même, sûrement plus effroyable encore que les statues qui peuplaient désormais le parc, probablement plus agréable, aussi. Sa voix chaude et grave habillait sa silhouette d’une étincelle de vie des plus revigorantes après des mois de léthargie. De fait, le rictus de la jeune fille s’élargit davantage aux premières répliques de son camarade (car enfin, qui oserait jamais qualifier leur cordial rapport d’une amitié ? La raillerie qui les reliait dans les pompeux mouvements de foule ne couvait aucune tendresse, après tout - ou au fond d’une caverne que ni l’un ni l’autre n’avait jamais souhaité arpenter, préférant la lueur paresseuse du soleil qu’ils idolâtraient) laissant ses canines apparaître dans le recoin de ses lèvres étirées. “Allons, je ne souhaitais guère te manquer de respect en soumettant ta noble nonchalance à une heure précise” répondit-elle du même ton léger lorsqu’il prit place à ses côtés. Thaddeus était une œuvre d’art à part entière.

Son regard s’attarda un instant sur le mouvement souple des boucles du jeune homme lorsqu’il leva son verre à son tour, prêt à trinquer. Le tintement eut quelque chose de consolant, comme un écho de fastes dans un environnement scolaire où les gueux se mêlaient aux aristocrates. Avalant une première gorgée de son mimosa au jus d’airelles, Bluebell arqua un sourcil à la mention du Serpentard, car il avait touché juste. Il s’agissait en tous points d’un nouvel âge d’or - aussi bien cette rencontre précieusement organisée à la lueur dorée du soleil déclinant qu’en cette période particulièrement savoureuse de la nomination d’un des leurs à la tête de ce château jusqu’alors décadent. Sa propre renaissance. Après s’être humiliée pendant des mois, à déambuler sans une once de vie dans son regard éteint et sans le moindre éclat sur la pâleur de son visage, à marcher silencieusement parmi les ombres comme elle aurait glissé dans l’au-delà pour hanter les murs de cette école, à se soustraire aux regards avides et à la curiosité griffante de ses semblables, Bluebell avait repris à respirer, à claquer ses talons quand elle pénétrait un lieu, à balayer son souverain regard sur ceux qu’il lui incombait de mépriser - ou de soutenir. A commencer par Maxton, à l’origine de l’or qui peuplait désormais ses aspirations, de la gloire qui brillait dans ses rêves, de la flamme qui dansait à nouveau dans ses iris. “En effet” confirma-t-elle alors en croisant les prunelles glacées de Thaddeus à sa gauche, “ton règne de Crésus est hélas terminé, car tu seras à nouveau contraint de profiter de tous ces éclats avec moi.” Un sourire entendu habilla ses lèvres qui trouvèrent à nouveau le cristal de sa coupe. Son nouvel âge d’or la projetait sur le devant de la scène et par tous les dieux, elle comptait bien récupérer sa place dans la société, dans les démonstrations, dans les soirées mondaines ; et elle ne doutait pas que le jeune homme serait satisfait de partager nouvellement sa malédiction des présences d’or des autres convives. Oui, les autres étaient d’or quand ils étaient de diamants et quelles autres pierres précieuses que celles de leur regard clair pouvaient ainsi dominer sur l’or ? Peut-être les reflets opalins qui ondulaient dans le regard de Finnbjörn. Cette réponse souffla presque en même temps que la remarque du jeune homme, l’arrachant à son verre. Si son visage afficha malgré elle une expression évidente d’étonnement, car enfin il était bien déstabilisant que cette mention orale appuie une pensée pourtant confidentielle, ses traits se tirèrent ensuite en une moue amusée face à la stupidité des propos ainsi tenus.“Oh” fit-elle alors avec un haussement d’épaules avant de réajuster ses lunettes sur son crâne, qui avaient commencé à glisser sur sa chevelure ainsi relevée. “J’ignorais que l’appréciation du jus d’airelles était réservée à Finnbjörn et en ce cas, peut-être devrions-nous alerter tous ceux qui auraient l’absurde idée d’ainsi le plagier” nota-t-elle avec moquerie. “D’autant qu’il me semblait que tu te délectais toi aussi de ce breuvage... Mais si ce n’est pas le cas, inutile de te forcer à en boire. J’ai suffisamment de raisons pour me permettre de trinquer seule” ajouta-t-elle alors en prenant une gorgée de mimosa.

Bluebell, gardant un instant le silence, reposa finalement sa coupe pour piocher parmi la grappe de raisins. Laissant une boule rouler entre ses doigts, elle jaugea le Serpentard du regard. En ces quelques secondes de suspens, une succincte tension opacifia leur flegme, que Bluebell décida néanmoins d’ignorer en vertu du moment appréciable qu’ils se devaient de passer, faisant fi par la même occasion de la jalousie pourtant évidente que son compagnon venait de témoigner. En réalité, elle ne saisissait même pas la raison de la mention imprévue de Finnbjörn, si bien qu’elle tomba allègrement dans le panneau. “Nous ne sommes pas amis” poursuivit-elle en se défaisant des prunelles du jeune homme pour jeter un œil désintéressé sur le lac devant eux. De silencieuses vagues roulaient sur l’eau à leurs pieds, ce qui semblait curieux au regard de la surface lisse qui miroitait le soleil en son centre. “Nous en avons convenu. Après tout, l'amitié serait une insulte à ce qui nous lie.” Retrouvant le visage du jeune homme, Bluebell récupéra sa coupe. Il ne pouvait guère nier, lui qui avait été au premier rang de ses frasques, que la haine teintée d’admiration, que la proximité tâchée de rancœur qui les caractérisaient ne pouvaient se contenter d’une appellation aussi restrictive. “A propos, comment se sont passées tes vacances à Durmstrang ? Il paraît que vous avez profité d’une chambre remarquable. Ton goût pour les belles décorations a-t-il été satisfait, à défaut de ta paresse ?” s’enquit-elle alors avant de croquer dans le raisin avec lequel elle avait joué tout ce temps. Des vacances studieuses n’avaient sûrement pas plu à son camarade, mais enfin, il avait au moins eu la chance de jouir d’un dortoir plus élégant que les murs de Poudlard… La seule perspective de retrouver les murs de son cachot en présence de Skyler la dégoûta tant qu’elle se consola d’une gorgée de mimosa. Les bouffées d’air frais et pur étaient hélas bien trop rares.
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Message(#) Sujet: Re: Sun may shine (Thaddeus & Blue) Sun may shine (Thaddeus & Blue) EmptyMar 16 Nov - 22:20

Sun may shine

and sun will burn

Personne n’attendait du Soleil qu’il ne se plie à la volonté du premier venu. Personne n’attendait du Soleil à ce qu’il soit présent à toute heure de la journée, à tout endroit du monde. Personne n’attendait du Soleil que ses rayons soient tout aussi vivaces en été qu’en hiver. Personne n’attendait du Soleil autre chose que des bienfaits pour la peau et pour les récoltes, pourtant le Soleil ne se contentait pas d’autant de générosité. Personne n’attendait du Soleil à ce qu’il soit omnipotent, et pourtant, tout le monde reconnaissait sa puissance. Pourquoi serais-je différent ? J’étais pareil que lui par bien d’aspects : personne n’attendait qu’il ne rougisse qu’on le regarde, et le regarder trop longtemps pouvait rendre aveugle. Je m’étais souvent retrouvé dans cet astre, ou bien avais-je toujours voulu lui ressembler et être le centre du monde dans lequel j’évoluais, qu’on gravite autour de moi et non point l’inverse… L’un ou l’autre ne changeait rien à mon ambition de conquérir mon monde et d’en être le roi sans personne pour remettre en question mon autorité et ma légitimité. Je me savais promis à un tel destin et pourtant tout mon royaume semblait craqueler en des surfaces que je n’avais soupçonnées capables de se fissurer ainsi. J’errais en plein cauchemar, passant d’une calamité à une autre. Cette petite prélasserie en compagnie de Bluebell pourrait tout aussi bien m’offrir une pause que me jeter en plein tourment une nouvelle fois. Je ne sais quelle opinion mes connaissances pouvaient bien avoir de moi, mais la plupart devait oublier que mon coeur n’était pas si solide que le reste de mes qualités. « J’espère ne pas avoir trop fait attendre cette majesté pleine de bonté que je ne reconnais point. » Il avait été si facile d’évoluer aux côtés de Bluebell, depuis tout ce temps. Ces soirées mondaines oppressantes et ennuyantes étaient rapidement devenues nos terrains de jeu et nous y évoluions comme des poissons dans l’eau. Or, malgré ce décor lacustre, nous étions loin de nos soirées mondaines adorées. Il n’y avait personne à impressionner, aux abords de ce lac, si ce n’était nous-mêmes. La nature ployait déjà devant nous. Or, nous nous tenions fièrement, droits, l’un à côté de l’autre, refusant probablement de céder à la domination dont nous usions auparavant pour mépriser notre monde et l’imaginer à nos pieds. Nous nous supportons plus que nous ne nous apprécions, car s’apprécier voudrait avouer une amitié qui n’a jamais eu le temps de bourgeonner. S’occuper d’une plante prenait bien trop de temps, et je préférais voir la mort de mon environnement que parvenir à le faire vivre envers et contre tout. Finalement, peut-être méritais-je tous ces abandons : j’étais fort peu difficile à convaincre pour abandonner moi-même. Or, nous étions de nouveau l’un en compagnie de l’autre.

Installé sur mon siège, elle sur le sien, nous trinquâmes chacun à la gloire de l’autre puisque nous ne méritions pas moins. Nous trinquions à sa renaissance qui lui avait redonné de la couleur aux joues et tout ce piquant que j’aimais dans ses paroles. Elle-même acquiesça, non sans une moquerie qui me fit sourire également. « Quelle déception ! » fis-je en exagérant mon ton et mes gestes. Comment ? Il me faudrait accepter le fait de ne plus régner seul ? Enfer et damnations ! Par quel maléfice une chose était-elle possible ? Par quel maléfice, oui, c’était une bonne question… « Mais la question serait plutôt : » commençai-je en me penchant vers elle, « es-tu réellement resplendissante, ma chère, ou bien reflètes-tu simplement la lueur des autres ? » Car je ne doutais point de mon éclat, mais je ne doutais point du sien non plus. Néanmoins, elle avait montré des signes de faiblesse. Des signes d’une possible extinction, proche ou future. Et je ne me voyais nullement partager mon quotidien avec des étoiles fracturées et proche de leur implosion finale. Toutefois, si cet astre devait s’éteindre, je voulais en être. Je voulais participer à sa fin, voire en être la raison principale, car Bluebell méritait au moins cet honneur… Je laissai échapper un rire tandis que je revins à ma place. Crésus ne pouvait être une femme, ou au moins pouvait-elle être l’épouse de Crésus si seulement Bluebell savait faire preuve de bon sens. Or, j’avais toutes les raisons de soupçonner que ses quelques attraits pour la perspicacité, le mordant et les traits de génie lui avaient été enlevés lors de sa convalescence. Ne restait plus que les folies et l’idiotie d’avoir changé de bras sur lequel se reposer lors des soirées. Elle avait beau me dire qu’elle était revenue telle qu’elle était, fidèle à elle-même et disponible pour diriger nos éclats sur la plèbe ensemble, j’avais bien remarqué qu’elle s’épenchait d’une autre côté plutôt que du mien. L’amertume et l’allégresse me firent boire la première gorgée de ce jus d’airelles que je n'associais que trop bien à cet homme qui me volait la beauté à mes côtés. Je ne pus retenir quelque remarque acerbe qui, depuis un certain temps, était bien trop dirigée contre elle plutôt que contre un ennemi commun. Dire qu’elle prenait même sa défense ! « Alerter ? Et pourquoi non pas châtier ? Condamner ? » À force de se fondre dans son ombre, peut-être finirait-elle pas payer ses propres fautes. « Le soleil aurait-il brûlé ta rétine sans tes lunettes ? Tu ne vois plus assez loin. » Je tentais d’attiser son ambition, car si elle pensait et agissait d’une façon qui voulait faire croire qu’elle était redevenue celle qu’elle avait toujours été, à mes yeux, cette jolie fleur venait de prendre racine - dans un endroit charmant, certes, mais quel manque cruel d’avidité pour toutes les terres de ce monde. À ce train-là, elle ne finirait guère mieux que Phoenix qui avait pourtant eu un bel avenir devant elle. Liée à un Sørensen pour l’éternité… Et Bluebell qui pensait de bon augure de se rapprocher ainsi d’eaux avec cet exemple flagrant sous les yeux. Oh, Junior n’était guère mieux sur ce point-ci. Tous aveuglés autant qu’ils étaient. Des papillons de nuit qui s’excitaient à la moindre petite lumière vascillant à leur intention. Quitte à ne jamais les récupérer, je souhaitais au moins que leur descente dans les ténèbres se feraient dans des douleurs longues et sans fin… Je connaissais les techniques pour éplinger un papillon et le conserver pour longtemps. J’en connaissais d’autres pour arracher leurs ailes sans les casser en mille morceaux. À eux de me dire ce qu’ils préféraient. « Ses goûts sont à la heureur des miens, ne t’en fais pas », dis-je en reprenant une gorgée. Et c’était la moindre des choses, à dire vrai.

Abandonnant mon armure de raideur, je pris mes aises sur ce siège afin d’accorder au soleil le plus de surface possible à ses rayons bienfaisants. Les dernières vitamines directes avant la saison sombre de l’année… Je fermai les yeux afin d’en apprécier l’entièreté, ma coupe tenue à bout de doigts, à bout de bras, pouvant tomber à tout instant si j’avais le malheur de me laisser aller une petite seconde à l’assoupissement qui me prenait chaque fois dans une situation semblable. Il n’y avait rien de meilleur qu’un bain de soleil et, dans cette position, dans cette disposition, j’aurais pu en oublier la présence de Bluebell si seulement elle n’avait pas ouvert la bouche pour reprendre cette conversation au sujet du Gryffondor. Je ne bougeai pas d’un pouce, attendant la suite pour daigner ouvrir un œil et lui montrer que je l’écoutais bel et bien. « Quel mot mettez-vous sur cette relation, alors ? Amants ? » demandai-je en crachant le dernier mot. Qu’elle ne vienne pas me faire croire qu’ils n’étaient pas amis ou moins que ça. Associés. Partenaires. Amants. Elle pouvait appeler cela comme elle le désirait, cela n’en restait pas moins une association qui n’aurait jamais dû voir le jour. Tout comme son entente avec la harpie sans plumes n’auraient jamais dû naître. Ne voyait-elle pas le mal qu’elle me faisait ? Le trou béant qu’elle créait ? J’avais l’impression d’être un enfant abandonné - encore une fois. Je me redressai tandis qu’elle changeait la direction de cette conversation. Je balayai le tout dans une réponse courte et entendue : « Je te l’ai déjà dit : ses goûts sont à la hauteur des miens. » Durmstang avait été plus que vivable grâce à lui et ses avantages dont il m’avait fait profiter en partageant son dortoir, mais je n’étais pas homme à l’avouer de vive voix. Je pouvais me montrer doucereux en compagnie du Gryffondor pour qu’il me pense être son ami, mais cela s’arrêtait là. Terminant ma coupe pour la reposer, je repris ma précédente position, laissant le silence que j’avais apprécié reprendre ses droits. Avant de mieux le briser moi-même. « Et nous ? Quel mot mettrais-tu sur notre relation ? » S’il nous en restait une, cependant.
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August P. Rowle

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Message(#) Sujet: Re: Sun may shine (Thaddeus & Blue) Sun may shine (Thaddeus & Blue) EmptyMer 1 Déc - 18:35

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Sun may shine
But it won’t rise in your gaze

Précisant sa pensée, Bluebell s’aperçut que Thaddeus n’avait pas seulement quelque chose des statues grecques : il incarnait littéralement toute cette culture ancestrale, figurant certes dans la sculpture de ses traits fuselés la volupté des arts, mais soulevant également dans ses ambitions et sa délicieuse rhétorique tous les mythes qui avaient survécu aux vestiges. Un héros homérique, une tragédie mythologique. Son obsession pour le soleil n’avait donc rien d'étonnant contrairement à ce que laissait comprendre la légère fascination qu’elle suscita en Bluebell, laquelle cueillit un nouveau grain de raisin en contemplant le visage penché du Serpentard à ses côtés. Il lui avait déjà signalé une certaine préoccupation en lui stipulant qu’elle ne pourrait guère se dire guérie si elle se contentait de copier la lueur d’autrui et voilà qu’en leur rencontre, il lui réitéra de vive voix son interrogation. Arquant un sourcil, aussi bien par surprise quant à cette curieuse lubie que par défiance de le voir ainsi douter de sa propre incandescence, Bluebell ommit de regarder le fruit avec lequel elle jouait entre ses doigts, préférant le gris bleuté de ses iris portées sur les siennes. Aussi ne s’aperçut-elle guère de la pression qu’elle exerçait sur le raisin. “Douterais-tu de ma lumière ?” s’enquit-elle en guise de réponse, un éclat provoquant proférant à son visage une malice qui n’atteignit cependant pas les commissures de ses lèvres, figées en une moue impatiente. C’est alors que le fruit éclata entre ses doigts, laissant le jus couler le long de son pouce gauche. En dépit de la fraîche sensation du liquide qui glissait ainsi sur sa peau, Bluebell demeura encore un instant immobile, comme essayant de lire outre les reflets de diamant que lui renvoyaient les yeux de Thaddeus face à elle. En vain, naturellement. Ils n’étaient pas amis, ils n’étaient pas familiers - ils n’étaient que deux importantes personnes qui se complaisaient à échanger quelques répliques dans le seul espoir de divertir leur intelligence. En ce sens, comment aurait-elle pu être compétente pour deviner les sous-entendus du jeune homme ? Et à l’inverse, comment aurait-il pu envisager les secrets souillés qu’elle tapissait dans ses cauchemars, les doutes de légitimité qui l’assaillaient, les troubles qui couvaient ses plus insidieux songes ? Ce ne fut qu’à l’issue de quelques secondes qu’enfin, un sourire poignit sur les lèvres de la jeune femme qui consentit à s’occuper de l’épais jus désormais parvenu jusqu’à son poignet. “Tu vas finir par me vexer, cher Thaddeus. Si j’ai longtemps jugé ta paresse, je n’ai en revanche jamais remis en cause ton potentiel. Je pensais qu’il en valait de même pour toi.” Railleuse, sa voix stipula néanmoins une intime nuance de froissement, comme si elle avait été déçue plus que de nécessaire de la méfiance de son camarade… Absurde, puisqu’il n’était qu’une connaissance, tout au plus. “Te voilà pourtant à me comparer à la lune.” Ce qui revenait au même que de la situer sur un piédestal inférieur puisqu’il se voulait soleil. Se pourrait-il réellement qu’il soit au courant de quelque chose ? Bluebell chassa cette désagréable pensée d’une légère morsure de ses dents sur le côté de sa main pour avaler le jus du raisin qui s’y était étalé. L’acidité se conjugua au sucre du fruit creuvé qu’elle glissa finalement entre ses lèvres, faisant mine de se désintéresser de la situation qui l’avait cependant piquée. “J’ignore l’origine de cette demande inopinée, mais je vais faire preuve de la même franchise. Au lieu de déplorer mon manque d’éclat, réjouis-toi à l’inverse que je t'épargne mes feux. Ne serait-il pas navrant d’avoir à brûler un si délicat minois ?” susurra-t-elle avec sarcasme, le visage légèrement penché pour conférer à sa menace une naïveté d’autant plus perfide. Plutôt que de la moquer ou, pire, de présager quelques affreuses hypothèses, mieux valait-il pour lui de profiter de la clémence qu’elle lui offrait.

Faisant fi de l’ironie du Serpentard sur les goûts de Finnbjörn et sur son propre jugement dans la mesure où les moqueries étaient monnaie courante dans l’équilibre précaire de leurs rapports, Bluebell abandonna le raisin au profit d’une nouvelle gorgée de mimosa qui, additionnée au spectacle du paysage de la fin d’après-midi, avait un goût champêtre et assainissant en dépit de l’alcool. Thaddeus devait en penser de même au regard de la nonchalance qu’il arbora, s’installant un peu plus confortablement dans son siège, les paupières closes. Bluebell profita du silence qui s’était installé pour évoquer plus justement ses liens avec le Norvégien, arrachant finalement un regard de son camarade qu’elle n’aperçut pas, distraitement happée par les pointes ondulées de ses cheveux qu’elle caressait du bout de ses doigts libres. La remarque du jeune homme, d’apparence innocente, se conclut d’une surprenante amertume qui l’arracha finalement à sa contemplation pour retrouver son visage. A nouveau désarçonnée par la réaction si virulente du jeune homme pour finalement bien peu, Bluebell haussa des épaules en conservant un instant de silence. Oh, bien entendu qu’elle connaissait la réponse à cette demande et en vérité, elle lui aurait déjà signifié que non, ils n’avaient absolument rien de romantique - et que cette idée était aussi malvenue que saugrenue, aussi saugrenue que surprenante, aussi surprenante qu’étourdissante - si l’acidité de sa voix ne s’était pas révélée aussi marquée que celle du jus du raisin qu’elle venait d’avaler. “Amants ?” répéta-t-elle finalement, plus pour appuyer sur cette corde sensible dans le but d’aboutir à une nouvelle réaction de Thaddeus, dans une sorte de curiosité malsaine, que pour s’accorder le temps d’une réflexion déjà toute faite. Résolument, la réponse était non - mais après cette étrange démonstration et surtout la pique déplacée qu’il lui avait crachée au sujet de la pâleur de sa lumière, toujours coincée en travers de sa gorge, Bluebell n’avait pas l’intention de lui donner le plaisir d’une réponse facile et vraisemblablement bienvenue. Rien qu’une petite brûlure, en témoignage du potentiel de son ardeur. “Voilà encore un mot bien trop encadré pour la fureur sauvage de nos caractères” observa-t-elle alors d’un air complètement détaché, faisant mine de retourner à la caresse de sa propre chevelure. “Nous préférons tout bonnement ne pas la nommer, car enfin, notre relation ne peut se plier à nulle comparaison” enchérit-elle à nouveau en prenant le soin de ne surtout pas regarder Thaddeus afin de mieux assurer son rôle désintéressé. Si elle devait retenir une seule chose de ses années d’enseignement de la provocation, élevée par un frère dont l'arrogance n’avait d’égale que la sournoiserie et mue par l’impérieuse nécessité d’être intéressante en accaparant toutes les attentions, c’était précisément de se détacher de ce qui comptait vraiment. En l’occurrence, montrer à sa Souveraineté le Soleil que la lune pouvait aussi resplendir par d’autres lumières que son seul halo. Après tout, n’y avait-il pas plus grand et royal astre dans l’infinie de l’univers que cette pauvre petite étoile jaunâtre qui disparaissait de tous les regards dès que la Terre lui tournait le dos ?

Et bien évidemment, sa stratégie paya. Après avoir soigneusement contourné les allusions de Thaddeus en s’intéressant ensuite à un sujet des plus futiles, ce dernier revint à la charge en réitérant à nouveau que ses propres goûts étaient tout à fait à la hauteur de ceux du Norvégien. Ce ne fut qu’à cet instant que Bluebell rassembla les pièces disséminées jusqu’à présent, lui permettant de compiler le puzzle final dans un tel éclair qu’il lui creusa un large rictus. Celui-ci découvrit jusqu’à ses canines retroussées dans les commissures de ses lèvres étirées. Ainsi donc, Thaddeus ne se montrait-il aussi fermé et insolent que par jalousie. Comme pour lui donner davantage raison, il lui demanda alors quel mot elle emploierait pour leur propre rapport. Bluebell ne put contenir le rire effronté qui s’échappa de ses lèvres, flattée d’être confortée dans sa devinette, méprisante qu’il s’avillise à si basse émotion, amusée que le soleil s’ennuie des rotations de la lune. Tout compte fait, elle avait parlé trop vite : elle doutait à son tour du potentiel du Serpentard ainsi érodé par un caprice enfantin. “J’ignorais que la jalousie figurait parmi la liste de tes vices” persiffla-t-elle dans un sourire moqueur qui transparut à l’instant où son regard se reporta sur la tempête grisâtre des prunelles du jeune homme. Pourtant, tout faisait sens, désormais. Ils n’avaient jamais été particulièrement proches, mais il lui fallut admettre que depuis quelque temps, il s’était en effet éloigné d’elle - et leur humour avait dévié. Il ne s’agissait plus de délicates morsures, mais de réelles exhibitions de crocs, si bien qu’elle s’était presque agacée de leur précédente correspondance épistolaire. En quel honneur était-il si possessif ? Il pouvait s’agir soit d’un réel dédain envers le Norvégien, soit d’un réel attachement envers elle… Ce qui aurait été en tous points surprenant, aussi chassa-t-elle cette pensée en relevant le menton face à son camarade. La raillerie de ses traits se figèrent dans une froideur progressive lorsqu’elle interrompit le léger silence intervenu entre eux. “Cette futile émotion t’aurait-elle donc fait perdre ton bon sens ? Tu devrais pourtant savoir qu’il n’existe pas de “nous”. Allons, tu te satisfais seulement de ma compagnie quand la solitude mondaine t’ennuie et de la même façon, je ne m’adresse à toi que pour me divertir” résuma-t-elle, apathique, avant de reprendre une gorgée de mimosa. La vérité pouvait s’avérer légèrement nuancée, maintenant qu’il y songeait - outre leur sarcastique entente, ils avaient mis le doigt sur une sensibilité commune. Thaddeus était narcissique, mais il n’en demeurait pas moins perspicace : il avait parfaitement entrevu son mal être antérieur et sans y mettre aucun mot, il avait suffi de quelques regards et répliques pour cristalliser un tacite soutien. Mais dans une société comme la leur, où la vulnérabilité et la douleur ne doivent jamais sanguinoler sous peine d’éveiller des instincts cannibales, Bluebell ne pouvait pas retenir cette silencieuse empathie comme gage d’un quelconque “nous”. On aurait pu la dire injuste d’avoir au contraire argué ce fait pour souligner sa proximité avec Faust et sa promiscuité avec Finnbjörn - mais ces deux derniers en savaient davantage sur elle, là où Thaddeus se contentait de la surface et des rayons du soleil dorant sa peau. La fraîcheur de sa boisson sembla se réverbérer dans son regard, qui était presque devenu glacial à mesure que ses pensées défilaient. Se pourrait-il seulement que tout ce raisonnement ne soit pas identique pour lui ? Ou plus exactement, se pourrait-il qu’il ait consenti à franchir la glace invisible qu’ils avaient établi pour ne jamais se prendre d’affection sans qu’elle en soit au fait ? “A moins que tu souhaites me contredire ?” conclut-elle en arquant un sourcil de défi, comme l’invitant à se prononcer fermement sur la question. Elle comptait bien comprendre l’origine de cette curieuse jalousie, au même titre qu’elle attendait de lui de mettre des mots sur ce qu’il apercevait derrière le miroir de courtoisie qu’ils se contentaient d’ériger entre eux. Non pas qu’elle s’intéresse foncièrement aux ressentis de Thaddeus ni à sa potentielle amitié. Seulement, son attitude lui paraissait affreusement opaque et rien n’était plus désagréable que de prendre le soleil avec la présence de brouillard.

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Dangerously fine and unforgiven,
I bet you're too terrified
to try your best
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