♦ Si elle devait choisir une seule matière ce serait laquelle ? : La métamorphose. Ethel a toujours souhaité changer d'enveloppe charnelle selon ses humeurs, se transformer en ce qu'elle désirait sur l'instant présent. Cela pour trouver la quiétude, pour échapper à ses problèmes, pour se fondre dans la nature. Au fil des années, c'est donc devenu sa matière favorite. Elle la travaille naturellement, avec plaisir ; transmettant ses envies et lubies par le biais de sortilèges plus ou moins complexes. Son ambition ultime est d'un jour se réincarner en oiseau - elle estime cependant que la métamorphose, malgré l'attachement qu'elle apporte à cet enseignement, ne lui permettra pas de réaliser ce vœu.

♦ Si elle s'approchait d'un chaudron d'Amortentia, elle sentirait quoi ? : La jeune fille a déjà effectué cette expérience lors d'un cours de Potions. Le trouble qu'elle avait ressenti ultérieurement est longtemps resté ancré en elle, si bien qu'aujourd'hui encore, elle peut se remémorer la senteur exacte de la potion comme si elle venait tout juste de la humer. Les volutes de fumée qui s'étaient évaporées du chaudron d'étain étaient plutôt plaisantes, voire totalement délicieuses. La première odeur qu'elle était parvenue à repérer, celle qui prédominait, était l'iode marine. Quelque chose de vif, qui déclenchait en elle des réminiscences joyeuses et nostalgiques : le souvenir de son enfance regrettée sur la côte marine. Une odeur de gazole, aussi, ou d'échappement, que dégageait jadis le port de Wexford. Des effluves de vase ou d'algues en décomposition qu'elle trouvait parfois sur les plages, et un faible relent soufré qui parvenait sans doute de vents d'amont de raffineries lointaines. Ses sens olfactifs s'étaient derechef mis en éveil, ainsi que des flashs sporadiques au creux de son esprit, ceux d'une mer déchaînée, d'une écume bouillonnante, d'un ciel gris et furieux. Par la suite, un doux arôme de parchemin vieilli avait saisi Ethel, lui rappelant les courriers qu'elle avait écrit il y a fort longtemps, et qui n'avaient jamais trouvé destinataire. C'était lorsqu'elle prenait la plume pour elle-même, enfant, parce qu'elle se sentait seule et triste. Une senteur amère mais nécessaire d'un plaisir étrange, gâché par l'adolescence. Enfin, une faible odeur de pollen qui lui rappelait qu'elle avait un jour été insouciante. Une ballade dans un pré, seule, en sautillant, parmi les abeilles et les herbes hautes.

♦ C'était comment avant Poudlard ?: Un jour, alors que la fillette était assise sur la petite plage de galets qui jouxtait la maisonnette familiale, elle s'était demandée quelque chose. Son père lui en voulait-il ? Elle ne savait pas quelle était la réponse à cette interrogation informulée, qui l'inquiétait cependant énormément. Pour tout dire, elle n'avait jamais vraiment vécu l'absence de sa mère comme un manque. Elle avait sept ans, et pour elle le fait de ne pas avoir de mère avait toujours été une évidence. Il était vrai que, parfois, elle jalousait ses copines d'école qui pouvaient câliner ces jeunes femmes jolies et souriantes. Ces «mamans». Elle ne savait pas vraiment ce que signifiait ce mot, mais elle se doutait bien, à la vue du minois des susdites créatures, que ce devait être quelque chose de très positif. Pourtant, elle, elle n'en avait pas, et elle se portait très bien... Elle s'était aperçue de cela très jeune. En revanche, elle ne s'était jamais vraiment questionnée sur son père. Lui avait connu sa mère. Il avait dû l'aimer. Elle devait lui manquer. Allait-il bien ? Elle le savait mélancolique, et cela la peinait un peu. La seule femme de sa vie, désormais, c'était elle. Ethel. Car elle avait tué sa «maman» en naissant.
Elle commençait à se dire que c'était de sa faute. Si son père était malheureux, c'était parce que son épouse était décédée à cause d'elle. Elle commençait aussi à comprendre les silences appuyés de son géniteur quand elle voulait lui parler de sa mère. Il lui en voulait, c'était certain. Il lui reprochait la mort en couche de sa femme. Cette inquiétude était longtemps restée en elle, mais elle n'en avait pas parlé. La vie avait repris, la routine aussi. Elle était une enfant éveillée, timide mais intelligente. Elle apprenait vite et était curieuse de tout. Son père lui avait d'ailleurs expliqué qu'elle était différente, que cette qualité lui venait de sa mère, et qu'elle arriverait à faire des choses étranges dans les années qui viendraient.
Elle aimait bien sa vie, la vue sur la mer qu'elle avait de sa chambre, et aussi son père. C'était le seul membre de sa famille. Mais plus pour bien longtemps, car alors qu'Ethel venait de fêter ses huit ans, il s'était suicidé. Pendaison. On l'avait enterré rapidement, sans que la petite fille n'ait eu son mot à dire. Et à vrai dire, elle aurait été trop choquée pour parler. Car la mort de son père était totalement différente de celle de sa mère. Elle l'avait connu pendant huit longues années, et il représentait pour elle la sagesse, le fierté, l'exemple à suivre.
Sans qu'on ne lui expliquât quoi que se soit, on l'avait envoyée dans un orphelinat dublinois. Là-bas, elle n'avait pas été forcément bien traitée. L'établissement accueillait beaucoup d'enfants, pas toujours très gentils, et elle s'était fermée sur elle-même. Elle avait appris la solitude, et à ne se confier qu'à elle-même. Et pourtant, elle aurait bien aimé avoir une épaule sur laquelle se reposer. Son père lui manquait. Souvent, le soir, elle pleurait, seule sur son oreiller. Chaque perle salée qui s'écrasait sur le tissu était pour elle un message d'amour à son géniteur.
Lorsqu'elle eut onze ans, une lettre expédiée d'un collège au nom bizarre était arrivée pour elle. La première qu'elle n'eût jamais reçue. Une promesse d'espoir, de changement et de bonheur.

♦ Et une fois qu'elle en sera sortie, elle fera quoi ? : A sa sortie de Poudlard, Ethel prendra sans doute le chemin du Ministère, où elle espère trouver un poste haut-placé dans le département de la Justice Magique. Son sens de l'équité, sa logique et sa réflexion lui seraient effectivement d'une grande utilité, et elle se plairait à exercer ce genre de métier. Ça, c'est une possibilité. L'autre solution, plus personnelle, serait de retourner sur sa côte Irlandaise, près de la mer. Elle adorerait tenir une auberge et vivre une vie simple à l'instar de sa famille paternelle. Elle trouverait un homme du village, se marierait à lui et aurait quelques enfants. Son existence serait ponctuée de hauts et de bas, rythmée par la houle et les rouleaux qui s'écrasent sur les rochers noirs. A vrai dire, la jeune femme n'a pas encore décidé de ce qu'elle ferait après l'école... Elle se demande si elle serait plus heureuse à mener une une vie urbaine ou rurale. Ses origines la pousseraient à opter pour la deuxième option, mais sa raison la mène à la première.
Cependant, elle ne se fait pas forcément de soucis pour son avenir. Elle effectue des études brillantes, et sait qu'elle pourra faire ce qu'elle désire lorsqu'elle sera adulte. Le destin la guidera, tout en respectant la mémoire de ses parents et leur volonté de voir réussir leur seule enfant.

♦ Père: Amargein LeCompt est né au beau milieu de la campagne Irlandaise, dans un minuscule village spécialisé dans l'élevage d'ovins. Sa famille de moldus, plutôt pauvre, décida d'émigrer vers la côte lorsqu'il eut atteint l'adolescence, à Wenxford. Son père devint alors pêcheur, et sa mère teint une auberge. Malheureusement, cette dernière décéda bien vite et lui et son père durent subvenir à leurs propres besoins ; c'est pourquoi le jeune homme dut se mettre au travail très jeune. Il choisit le même chemin que son père et fut embauché au port. Là-bas, il y rencontra Ana, une jeune femme qu'il décida premièrement d'abhorrer pour sa condition sociale. Mais celle-ci s'installa en ville, et il succomba à ses charmes après plusieurs années de côtoiement. Il découvrit l'existence du monde des sorciers à cette même époque, et ses certitudes cartésiennes en furent grandement bouleversées. Les deux jeunes gens se marièrent finalement en été, lorsque chacun eut atteint ses trente ans. Toute la ville fut conviée à la cérémonie, et les invités se souviennent de cette fête comme d'une merveilleuse célébration de l'amour. Lorsque son père mourut, Armagein s'installa dans la maison familiale avec son épouse, et celle-ci tomba pour la première fois enceinte. Mais lorsqu'elle enfanta, des complications survinrent et elle s'éteignit sans avoir pu tenir son nourrisson dans ses bras. Amargein en fut grandement bouleversé, mais il tenta d'élever sa fille, la petite Ethel, tant bien que mal, en faisant abstraction de la douleur lancinante qu'avait provoqué chez lui le décès de sa fraîche épouse. Cependant, huit années plus tard, il donna raison à sa tristesse et se suicida. Il savait que cet acte était lâche et que c'était mal pour sa fille, mais peut-être vivrait-elle mieux sans le fardeau d'un père éploré.

♦ Mère: Ana McAdams est issue d'une famille de sang purs londonienne. Ses parents travaillaient tous deux au Ministère de la Magie et gagnaient bien leur vie. Elle avait deux sœurs aînées, avec qui elle entra en conflit très jeune à cause d'idéaux divergeant. Elle étudia à Poudlard dans la maison Serdaigle, et fit preuve dans cette école de ses qualités indéniables de sorcière. A sa sortie dudit établissement, elle entra au Ministère sous l'impulsion de ses parents, comme l'avaient fait avant elle ses sœurs. Mais cela ne la satisfit pas, et quand elle eut vingt-cinq ans, Ana prit une année sabbatique pour visiter le monde. Lors de son passage à Wenxford, en Irlande, elle rencontra un jeune roturier qui l'intrigua plus que nécessaire. Elle le trouvait formidable, mais les deux jeunes adultes n'étaient pas du même monde. D'ailleurs, le garçon le lui fit rapidement remarquer, en l'ignorant totalement. Elle décida de s'installer en ville, et ils tombèrent finalement amoureux. C'était un moldu, et il était pauvre. Lorsqu'ils se marièrent, les McAdams coupèrent donc tout naturellement les ponts avec leur fille, déshonorés et outrés. Mais la jeune femme aimait sa nouvelle vie, et elle décida d'offrir un enfant à son époux. Malheureusement, l'accouchement ne se passa pas comme prévu, et elle décéda brusquement, au printemps de sa vie, quand elle mis au monde sa petite fille. Ses funérailles furent touchantes, et les habitants de la région se souviendront longtemps de son sourire. L'enfant à qui elle avait eu le temps de donner la vie avant sa mort porte d'ailleurs un prénom qu'elle avait choisi : Ethel.