Une heure du matin. Une heure du matin. Une heure du matin, et elle était hors de son lit ! La blonde n'en revenait pas. Elle qui normalement était une vraie marmotte, la voilà errant dans les couloirs. Bon, elle avait une excuse aussi : elle avait faim. C'était en effet son ventre qui, manifestant son mécontentement, l'avait réveillée. Il ne pouvait pas s'estimer un minimum heureux de ne pas avoir de travail, celui là ! C'était pourtant sympa de ne rien avoir à faire, pensait la blonde. Toujours est il que son cerveau avait bien pris en compte les réclamations de l'estomac et, avant qu'elle ne sorte totalement de son sommeil, ses jambes l'avaient déjà mené en dehors de la salle commune. Un des avantages de se perdre souvent était, qu'à la longue, on connaissait bien le château et ses passages secrets. Notamment celui qui menait à la cuisine. La Gryffondor se dirigea donc silencieusement, ce qui, il faut le préciser, était un exploit venant d'elle, vers les sous sols. Elle espérait vraiment ne croiser aucun membres du corps enseignant dans les couloirs, sinon elle était bonne pour une retenue. Haussant les épaules, elle se dit que de toute façon les sorties nocturnes n'étaient pas dans ses habitudes, elle aimait trop le confort de son lit pour ça, et que, si Dieu il y avait, il n'avait aucune raison valable de lui infliger cette désagréable rencontre. Et puis mince ! Elle avait faim, elle !
Elle continua donc son chemin, la main collée au mur pour garder un certain sens de l'équilibre dans le noir. En effet, Avril avait trouvé plus prudent de ne pas allumer sa baguette magique. "Depuis quand les Gryffons sont-ils prudent ?", allez vous me dire. Et bien depuis qu'il savent qu'un Lumos lancé dans un couloir du château en pleine nuit revenait à un panneau disant clairement "Je suis là, venez m'attraper !". Arrivée devant le tableau gardant l'entrée du Paradis sur Terre pour tout gourmand ou gourmande qui se respecte, elle plissa les yeux pour essayer de retrouver la poire dans la pénombre ambiante. Deux longues minutes passèrent en efforts vain. Il faisait vraiment trop noir ! Déjà épuisé par les grognements répétitifs de son ventre et agacée par ce petit imprévu dans son temps de sommeil, elle capitula. Après tout, la prudence, comme vous l'avez fait remarqué plus haut, n'est pas le fort des rouge et or et encore moins la patience.

"Lumos, chuchota-t-elle"

Un fin rayon de lumière lui permit de trouver immédiatement ce qu'elle cherchait. Elle gratta immédiatement le fruit qui se mit à gigoter avant que le tableau ne pivote et la laisse entrer dans la cuisine. Une dizaine d'elfes s'affairaient déjà à préparer le petit déjeuner. Elle les salua avec un petit sourire gêné, ne sachant pas trop bien comment ils allaient réagir. Mais avant qu'elle n'est pu ouvrir la bouche, le passage s'ouvrit à nouveau. La blonde ferma les yeux, priant avec ferveur pour que ce ne soit pas un professeur ou, pire, le concierge.

"Fringale nocturne ?"

Avril rouvrit prudemment les yeux pour se retrouver face à face avec une jeune fille de son âge, blonde elle aussi. Sauvée, fut le mot qui traversa son esprit à ce moment précis. Il faut dire qu'elle avait eut une de ses frayeurs ! Apparemment, les autres élèves du château aussi connaissaient ces petits désagréments en plein milieu de la nuit. Comme quoi : elle était tout à fait normale ! Elle sourit donc à la nouvelle venue. Elle détailla sa tenue mais les deux blondes étaient en pyjama et il n'y avait aucun moyen de savoir à quelle maison appartenait sa désormais compagne de casse croute.

"Exactement ! Je suppose que c'est la même chose pour toi ? Je me présente : Avril Boyd. Enchantée. Je suis à Gryffondor, et toi ?"

Son ventre se rappela à son bon souvenir en un grognement sonore qui la fit rougir. Elle adressa un petit sourire gêné à l'autre sorcière avant de se tourner vers un elfe de maison et lui demander poliment un sandwich jambon fromage, tout ce qu'il y a de plus banal. Elle ne put s'empêcher d'être surprise quand il s'empressa de s'exécuter, comme si c'était la chose la plus importante de sa vie. A croire qu'elles ne les dérangeaient pas du tout ! Pourtant, ils devaient avoir assez à faire comme ça avec les repas pour, en plus, prendre plaisir à nourrir tous les gourmands que comptaient le château ! Impressionnant, songea-t-elle.

"Je dois avouer que c'est une des premières fois que ça m'arrive. Je n'aimerais pas que tu me prennes pour une gloutonne, rit-elle."

D'ailleurs, une question s'imposait à elle : pourquoi fallait-elle toujours qu'elle passe pour une drôle de fille à chaque fois qu'elle faisait une nouvelle rencontre ? A croire qu'elle était maudite à ce niveau là...

Serdaigle ? Ca faisait une trotte de la tour des Aigles jusqu'aux sous sols et donc à la cuisine... Elle devait vraiment avoir faim ! Quoique, cette salle était aussi assez loin de la tanières des rouge et or quand on y réfléchissait. A croire que la logique important peu quand on avait le vide creux ! Tout ce qui comptait pour Avril était en effet de le remplir pour pouvoir retrouver son doux lit et son agréable sommeil. Etonnant de la part d'une jeune fille aussi survoltée, non ? Pourtant dormir était une de ses activités favorites et il n'était pas rare que, les dimanches, la blonde ne donne pas signe de vie jusqu'au repas du midi. Dans ces cas là, pas besoin d'aller la chercher très loin : elle se blottissait sous sa couette, profitant autant qu'elle le pouvait du confort immense que lui offrait le lit à baldaquin. Que voulez-vous ? Les contradictions étaient légions chez la Gryffondor et devenait une habitude pour ceux qui la côtoyait.

"Je dois dire que je m'en suis douter, et pour tout te dire je suis plutôt une habituée des cuisines à une heure aussi tardive, alors c'est plutôt toi qui va sans doute me prendre pour une gloutonne. Mais bon quand on est affamé autant faire son possible pour ne l'être, parce que Mr notre Estomac ne se taire pas. Ah, je parle un peu trop, désolée."

Hey ! Normalement c'était elle qui s'excusait de parler trop ! Avril sourit à cette idée. Comme quoi, elle n'était pas la seule pipelette que comptait le château, loin s'en faut ! Elle fit un rapide portrait de Katy : blonde -comme elle-, affamée -comme elle-, souriante -comme elle-, -bavarde -comme elle-. Il faudrait vraiment qu'elle demande à sa mère si elle était sure de ne pas avoir donné naissance à des jumelles parce que ,là, la ressemblance devenait flagrante et, dans un certain sens, troublante. Elle ne souhaitait pas particulièrement avoir de soeur mais c'était pourtant une des explications les plus logiques. Mais, qui sait ? Peut être chaque maison avait une élève dans le genre ? Une sorte de rituelle, en quelque sorte. Elle songea un instant à ce que cela aurait pu donner si elles s'étaient toutes deux retrouvées chez les griffons. Déjà que leur salle commune et leurs dortoirs n'étaient pas réputés pour être les plus calmes, ils auraient surement été rapidement transformés en bordel sans nom par les deux furies. C'est donc amusée que la blonde répondit à sa camarade.

"Pas de soucis, je suis aussi une très grande pipelette, alors je comprend. Mais je dois avouer que tu as raison sur un point : l'estomac est vraiment un organe capricieux ! Et égoïste avec ça : il prive tous ces collègues d'un repos bien mérité et les harcèle jusqu'à ce qu'ils cèdent à sa demande. Si ce n'est pas un ignoble personnage, ça !"

Elle arrêta de pester contre ce si mal aimé estomac quand l'elfe revint avec leurs sandwichs. Un grand sourire illumina son visage quand elle pensa que, bientôt, tout ceci ne serait qu'un souvenir et qu'elle pourrait remonter se coucher. Pas que la compagnie de l'autre blonde la dérange, au contraire, mais elle avait sommeil. Et cela devait certainement se voir : elle ne gigotait pas dans tous les sens, avait de petit yeux, ses cheveux partaient dans tous les sens et, surtout, son pyjama trop grand lui donnait l'air d'une petite gamine réveillée par un cauchemar. Encore heureuse qu'elle n'ait croisé aucun garçon dans son état ! Elle imaginait d'ici la catastrophe que cela aurait pu causer... Une réputation entière de belle blonde sportive à reconstruire ! Elle secoua la tête en chassant vite fait bien fait cette idée et sourit à la Mademoiselle Gibson.

"Merci et vous aussi, très chère !"

Sans plus hésiter elle croqua dans le sandwich et apprécia immédiatement le pain frai, le beurre bien dosé, le fromage pas trop fort et, bien évidemment, le goût appétissant du jambon. On n'appréciait jamais un repas que quand on avait vraiment faim, avait coutume de dire sa mère. Et bien, elle devait avoué que, une fois encore, elle avait raison ! Grignotant sans se presser le casse croûte, elle observa pensivement l'autre adolescente. Son visage lui disait quelque chose sans qu'elle réussisse à mettre le doigt dessus. Quelle sensation désagréable ! Exactement comme quand on a un mot sur le bout de la langue. Elle reprit finalement la parole, pas que le silence la dérange, mais elle préférait profiter de cette rencontre fortuite pour mieux connaitre l'autre.

"Tu es en sixième année, non ? C'est possible que je me trompe totalement mais j'ai l'impression de t'avoir déjà vu en cours... En parlant de cours ! Quelle est ta matière préférée ? Parce qu'en tout, cas on a les mêmes goûts en ce qui concerne le domaine culinaire apparemment."

Elle avait prononcé sa dernière phrase en désignant leurs sandwichs, tout deux au jambon et au fromage. Etrange ressemblance qui venait s'annoncer à une liste plutôt longue, pour une rencontre datant de cinq petites minutes.

Les sortilèges ? Elle appréciait aussi cette matière mais un peu moins. Il faut dire qu'il n'y avait aucune comparaison possible entre ça et L'Histoire de la Magie ou même le Quidditch. Quel sport impression c'était ! Sans aucun doute beaucoup plus passionnant que tout ce qui ce faisait chez les Moldus. Parce qu'il y avait quand même une grande différence entre courir après un ballon et voler après une balle. Voler ! Qui n'en avait jamais rêvé ? La liberté qu'elle ressentait sur un balais était de celle qui vous donnait envie d'éclater de rire et de sourire à la vie sans aucune raison particulière. Sa définition du bonheur, en somme. Et en ce qui concernait l'Histoire de la Magie, elle avait toujours l'impression de découvrir un conte de fées. De toute manière, Avril avait toujours été très curieuse par rapport au pourquoi du comment alors l'Histoire était déjà sa matière préférée chez les Moldus. Aucune raison pour que cela change une fois arrivée à Poudlard !

"J'aime assez les Sortilèges mais mes matières préférées sont vraiment l'Histoire de la Magie et le Quidditch. Quoi de plus féérique que ces deux choses ? En ce qui concerne les Potions, elles arrivent juste après dans ma liste. D'une certaine manière, le fait qu'il faille tout le temps vérifier le feu et les instructions précises qu'on doit respecter me permettent de me vider la tête. Ça me fait toujours du bien de préparer une bonne potion !"

Elle essaya de réfléchir sur le cours qu'elle pouvait bien avoir en commun mais ne trouva pas. Comment cela se faisait ? Ce n'était pourtant pas compliqué que de se souvenir des cours qu'elle avait en commun avec les Serdaigles, que diable ! Elle porta sa main devant sa bouche pour masquer un bâillement, interrompant là ses réflexions. Bon, ok. C'était dur de se triturer les méninges à une heure du matin. Elle avait maintenant une parfaite excuse ! Puis elle sourit en songeant que, de toute manière, la prochaine fois que les Griffons partageraient leur salle avec les Aigles, elle saura reconnaitre la demoiselle Gibson. Elle offrit un petit sourire à cette dernière avant de reprendre la parole.

"Je n'ai strictement aucune idée du cours qu'on peut bien avoir en commun. Je suis désolée mais, à cette heure là, mes neurones sont déjà tous partis se coucher. Et puis, ce n'est pas comme si on ne se connaissait plus maintenant. on se retrouvera bien la prochaine fois !"

Concluant sur ces quelques mots elle se remit à grignoter son délicieux sandwich tout en laissant ses pensées vagabonder sur tout un tas de choses comme la taille immense de la cuisine, le temps de sommeil des elfes de maisons, le travail qu'il fallait fournir pour nourrir tout ce château...

Le chocolat... Chocolat blanc, noir, au lait, aux noisettes, pralinés, à boire, peu importe. Avril aimait le chocolat. Comme toute gourmande qui se respecte, le cacao était une pure merveille. Le nombre de recette que l'on pouvait appliquer à cette substance était hallucinant ! Rien qu'à y penser, la blonde était sure que des étoiles devaient danser dans ses yeux. Elle finit tranquillement son sandwich avant de répondre à Katy.

"Qui n'aime pas le chocolat ? C'est une des merveilles de ce bas monde, voyons ! Et... pour ce qui est de l'Histoire de la Magie, je n'ai jamais vraiment trouvé ce cours soporifique. Il est vrai qu'un autre professeur aurait de quoi rendre la matière passionnante aux yeux de tous mais, pour ma part, j'ai toujours l'impression d'entendre un conte de fées."

Un autre professeur... N'importe quel adulte pourrait faire de ce cour le préféré des élèves en animant plus la matière, à la manière d'un conteur d'histoires. Cependant, Avril aimait savoir le pourquoi du comment et cette matière l'intéressait donc particulièrement. Pas comme la divination, art pourtant assez populaire chez les jeunes filles de Poudlard mais qu'elle détestait cordialement. Franchement... Lire l'avenir dans une tasse de thé ? Mais oui ! Comme si on allait prendre une boisson et finalement regarder à l'intérieur pour déclarer que demain une personne allait mourir, tout ça bien confortablement calé dans un fauteuil. A d'autres...
Elle sourit en écoutant la Serdaigle faire son petit discours. Une chose était sure, elle ne passerait jamais pour une folle devant cette fille, elle même étant un sacré cas. Comme quoi, tout les Serdaigles n'étaient pas des acharnés de travail et encore moins des gens sérieux. Apparemment. Elle ne put s'empêcher de rire légèrement, pas pour se moquer, mais juste parce que l'autre blonde était vraiment comique.

"Et oui ! Pas de portable dans l'enceinte de Poudlard. Entre nous, peu d'élèves connaissent ce genre de technologies... Mais je pense qu'on se retrouva facilement dans les couloirs, maintenant qu'on a fait connaissance, déclara-t-elle en se levant. Et bien, j'ai été ravie de passer ce petit moment en votre compagnie, très chère mais... Mon lit m'appelle et je ne souhaite pas le faire attendre plus que nécessaire, poursuivit-elle en riant. Sur ce, je vous souhaite une bonne fin de nuit !"

Elle salua les elfes de maison d'un geste de tête et, adressant un dernier sourire à sa camarde, elle se glissa à l'extérieur. Elle mit une bonne minute à s'habituer à la semi-obscurité qui l'entourait avant de se remettre en chemin le plus silencieusement possible. Elle réussit à rejoindre sa salle commune sans problèmes, affronté le sermon de la Grosse Dame et rentra finalement dans son dortoir. Elle se figea en entendant une de ses camarades de chambre grogner puis se glissa sous sa couverture. Qu'il était bon retrouver son lit, le ventre enfin plein !