"Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage." [Bonnie]

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" Ça fait une demi-heure que tu comptes tes pierres, tu les retrouveras à Noël. Dépêche-toi ! "

Abandonnant à contre-coeur sa pierre de lune qu'elle avait trouvée au terme de bien des efforts, Isis se redressa sur son lit afin d'aller vérifier pour la quinzième fois consécutive son reflet dans le miroir. Ayant opté pour une robe oscillant dans les tons pourpres, et avec une multitude de bagues pour orner ses phallanges, qu'elle passait d'ailleurs plus de temps à contempler et exhiber qu'autre chose, elle fit passer ses anglaises blondes derrière ses épaules, puis devant afin de déterminer quel résultat rendrait le mieux. Pour la cinquième fois depuis ses onze ans, elle retournait au château, et comptait bien profiter de cette année pour entrer dans la cour des grands. Ses parents pour leur part n'avaient de cesse de lui répéter qu'elle avait ses BUSEs à réviser, et pour ne pas s'attirer leurs foudres elle se contentait d'hocher la tête distraitement lorsqu'ils le lui rappelaient, préférant privilégier toutes les formalités qu'elle avait à accomplir durant les mois qui se profilaient. Il y avait bon nombre de pièces de collection qu'elle comptait encore s'attribuer afin de pouvoir les ramener avec elle lors des vacances de Noël, les vacances d'été n'ayant pas amenuisé sa convoîtise et ses manies diverses aussi étranges puissent-elles paraître. Constatant que ses efforts pour obtenir le vif d'or n'avaient pas été très fructueux, elle avait décidé de revoir ses plans et de renoncer à infiltrer l'équipe de Quidditch pour s'en emparer, il lui suffirait d'attendre bien sagement que l'attrapeur de Serpentard soit recruté et elle s'empresserait aussitôt de faire en sorte de se le mettre dans la poche, de manière à ce qu'il aille lui chercher lui-même ce qu'elle voulait et le lui apporte. Convaincue du succès de son entreprise, elle comptait bien faire en sorte qu'au terme de cette année elle puisse parvenir à ses fins dans tous les domaines possibles et revienne chez elle triomphante. Pour la première fois depuis qu'elle avait mis les pieds à Poudlard, son grand frère ne serait plus là, à son grand regret... et comme elle ignorait toujours comment elle pourrait faire pour pallier à son absence, elle avait bien l'intention de s'employer à profiter des bienfaits que lui octroyait son entrée en cinquième année. A bien y réfléchir, Greg aussi partirait, mais en fin de compte cela n'avait pas grande importance, elle restait convaincue qu'après leur dernière entrevue elle avait effectué un grand pas qui lui permettrait de progresser dans la hiérarchie du château.

Descendant alors les escaliers qui séparaient sa chambre du troisième étage du rez-de-chaussée avec sa valise volumineuse et Macha, son hibou miniature sur l'épaule, elle se frappa le front du dos de la main et lâcha ses affaires avant de remonter précipitemment. Fouillant un peu partout au milieu de ses diverses collections, qu'il s'agisse de figurines de joueurs de Quidditch miniatures ou de toutes les plumes qu'elle accumulait d'années en années, elle finit par mettre la main sur ce qu'elle cherchait, risquant ses doigts non sans réticence à l'attraper. Garnet, la grenouille que ses parents lui avaient offert, était bien la seule chose qu'Isis n'était pas heureuse de posséder, malgré son ambition maladive de s'attribuer toute chose. Néanmoins, elle n'avait eu d'autre choix que de maquiller son dégoût pour cette affreuse bête en un sourire immaculé devant ses géniteurs, qui lui avaient alors expliqué que s'en occuper finirait par la responsabiliser, ainsi de suite... ce dont elle n'était absolument pas convaincue. Elle avait bien l'intention de s'en débarrasser dans le courant de l'année d'une manière ou d'une autre, ayant toujours eu une sainte horreur des amphibiens et persuadée que cette immondice lui communiquerait sans tarder bon nombre de maladies contagieuses. Fourrant l'animal dans sa poche en essayant d'éviter au maximum d'avoir à le toucher, elle verrouilla alors de nouveau sa chambre comme de crainte que l'on ne s'empare de ses collections durant son absence, laissant seulement à Ygrit, l'elfe de maison, de nettoyer la pièce. A ce propos, elle ignorait encore ce qu'il était advenu de celui qu'elle avait kidnappé avec Naïa lors du bal de fin d'année... était-il encore dans les cachots fourré dans son sac à patates ? C'était une question sur laquelle elle devrait méditer, peut-être en profiterait-elle pour jeter un oeil le soir venu, après le dîner de répartition, lorsqu'elle parviendrait à échapper à la vigilance de ses préfets. Qui seraient-ils, par ailleurs ? A présent que son grand frère avait pris le large, elle n'avait pas encore imaginé qu'il serait remplacé. Cela compliquerait légèrement ses affaires en tout cas, si elle se permettait généralement beaucoup d'écarts en songeant qu'en essayant de l'amadouer il fermerait les yeux, il y aurait peu de chances que cela se révèle aussi efficace avec les nouveaux.

Offrant un large sourire à ses parents qui l'attendaient déjà depuis une bonne heure, ayant privilégié sa rentrée pour son plus grand plaisir au dîner auquel les conviait Marcus, l'imbécile d'employé du Magenmagot qui suivait Clare, leur fille aînée, comme un chien en laisse, elle se contenta d'un "au revoir" poli à chacune de ses soeurs et se dirigea alors vers le long corridor en traînant son énorme valise derrière elle, Macha toujours sur son épaule et Garnet dans sa poche. Cette année, ses parents l'accompagnaient tous deux à la gare, ce qui n'était pas arrivé depuis sa rentrée en première année, et elle ne pouvait que s'en trouver pleinement satisfaite. Au final, c'était un peu comme si elle se trouvait être "la préférée", motif d'une bataille que ses soeurs et elle se livraient depuis leur plus tendre enfance. Elle s'était toujours délectée d'être la petite dernière et ne supportait pas que l'on puisse manquer d'attention à son égard, surtout pour que Clare, Sally, Lexie et Rosa en héritent à sa place. Toutefois, aujourd'hui, son père et sa mère avaient décrété qu'ils viendraient tous deux, aussi c'est dignement qu'elle pénétra dans sa cheminée à leur suite, une poignée de poudre en main, feignant de faire abstraction du poids de ses bagages qui commençaient toutefois à se faire sentir. Une fois le trajet effectué et après avoir disparu dans une fumée verdâtre, elle se retrouva dans un tout autre environnement, Londres. King's Cross n'était qu'à quelques minutes à pied de l'endroit dans lequel ils venaient d'attérir, et si d'ordinaire Isis s'en serait formalisée, protestant et réclamant d'y aller en Magicobus plutôt que d'avoir à marcher, il n'en fut rien. Pour une fois qu'ils s'y rendaient en famille... enfin, famille de laquelle on escomptait ses soeurs. Elle estimait que Cooper méritait bien davantage le titre de son grand frère de substitution que ses aînées avec qui elle n'avait pas davantage de contact que celui que les formalités leur imposait. Une fois arrivée, tandis qu'elle poussait son chariot et que ses parents étaient tous deux restés silencieux, et que Garnet continuait de croasser dans sa poche, elle franchit le mur de la voie 9 3/4 en fermant les yeux et en vérifiant, une fois sur le quai, qu'il l'avaient bien suivie. Cette atmosphère était bien étrange... ils ne souriaient même pas, si bien qu'elle commençait à en ressentir un certain malaise. Tandis que son père saluait un vieux camarade qui s'était retrouvé à Serpentard avec lui et qui accompagnait lui aussi son fils jusqu'au train, sa mère, en revanche balayait la gare de son regard sévère, s'attardant sur quelques familles qui ne semblaient pas avoir grand chose en commun avec le monde de la sorcellerie à en juger par leur tenue vestimentaire, venues faire leurs adieux à leur progéniture.

" Décidément, les moldus sont toujours plus nombreux d'année en année... tu devrais faire attention aux personnes auxquelles tu t'adresses, Isis. Enfin ne te fais pas d'idée, nous n'avons... " persiffla-t-elle avant de se redresser et de reprendre d'un ton éthéré. " ... absolument aucun préjugé envers les moldus, mais il serait toutefois préférable que tu choisisses ton entourage avec une certaine précaution. "

Tandis qu'Isis les regardait avec une certaine incompréhension, l'air hébété, sa mère reprit aussitôt un visage jovial qu'elle orna d'un large sourire. La situation était plutôt complexe... elle connaissait les idées de ses parents mais jamais encore ils ne lui avaient tenu ce type de discours, c'était tout à fait curieux. En même temps, si elle se souvenait bien, il y avait eu cette histoire, au début de l'été, cette histoire avec le bureau de détection et de confiscation des faux sortilèges de défense et des objets de protection au ministère... ils semblaient avoir eu des ennuis avec eux et elle avait entendu son paternel dire une ou deux fois qu'avec les sangs de bourbe que l'on trouvait là-bas, trouver de quoi les faire tomber ne serait pas très difficile. Hochant alors la tête plus pour leur faire plaisir que par conviction, Isis les embrassa tous deux tandis que son père lui mettait une main sur l'épaule et qu'ils conservaient un sourire qui la rendait un peu mal à l'aise. Optant pour abréger ces "au revoir", elle prit alors ses affaires et les hissa non sans difficulté à l'intérieur du wagon, décidant de partir en quête de Scarlett ou de Sandrine. De cette manière, elle pourrait passer le trajet à en apprendre davantage sur les rumeurs qui circulaient et à se mettre à la page, ce qu'elle avait peu eu l'occasion de faire avec les vacances qu'elle avait passées. Après tout, qu'avait-elle fait de notable à part cette mini-fugue et son voyage avec Cooper qui avait duré deux bonnes semaines ? Rien qui puisse lui permettre de rester dans le réseau de Poudlard afin d'être au courant de tout ce qui pouvait s'y passer, elle n'avait par exemple aucune idée des péripéties du camping et elle espérait pouvoir y remédier. Seulement, Scarlett et Sandrine étaient introuvables... renonçant à parcourir le reste des wagons pour les chercher, elle s'installa dans un compartiment libre qui se présentait là en attendant que le chariot de friandises passe. Elle avait pour coutume de toujours récupérer la carte des chocogrenouilles, c'était même pourquoi elle avait failli rater la cérémonie de répartitions lors de seconde année, trop occupée à chercher celle qu'elle avait perdue. Aussi, reportant son regard dans la vitre afin de vérifier son reflet tandis que la gare commençait à s'éloigner et le paysage à défiler, elle se mit à passer ses doigts sur les pierres qui ornaient ses doigts, caressant du bout des phalanges leur surface cristalline, et ne se retournant que lorsque l'ouverture de la porte se fit entendre.

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"Bonnie ! Où tu as mis ton billet ?"

Sortant de la salle de bain en trombe, la rouquine arriva comme une furie dans sa chambre, se brossant les dents d'une main tandis qu'elle tentait vainement de s'essuyer correctement les cheveux de l'autre. Où est-ce qu'elle avait mis son maudit billet ? Elle se souvenait l'avoir posé quelque part en se disant que là, au moins, elle était sûre de le retrouver sauf qu'elle ne se souvenait plus du tout de l'endroit en question. Comme si c'était véritablement le moment ! Elle était affreusement en retard, elle n'avait pas entendu son réveil sonner, ni les hurlements d'Emily en réponse à l'agitation familiale. Il avait fallu que ce soit Shirley, avec une délicatesse inouïe, qui vienne la tirer du lit en lui renversant le contenu de sa bouteille d'eau sur la tête. Résultat il lui fallait s'occuper de sa tignasse en plus du reste, elle ne serait jamais à l'heure, louperait son train et ne pourrait plus jamais retourner à Poudlard. En un sens, ce n'était pas une si mauvaise chose... Elle pourrait profiter des plus jeunes de ses frères et soeurs pour une fois dans sa vie et puis elle pourrait toujours écrire à Cooper en lui disant qu'elle resterait là cette année, et qu'ils pourraient donc se voir plus souvent. Ca ressemblait presque à une bonne idée. Elle s'arrêta au beau milieu de sa chambre, fixa le lit de la plus jeune des Brawne qui croulait sous les peluches et les cahiers de brouillon et se décida à ne pas chercher ce maudit billet de train, il n'avait qu'à être à portée de main, ce n'était pas de sa faute à elle.

"C'est bon, je l'ai ! On t'a déjà dit de ne pas t'en servir comme marque-page !"

Ah. Oui. Maintenant ça lui revenait. Elle l'avait rangé dans le livre qu'elle était en train de lire lorsqu'elle avait reçu sa lettre... Sauf qu'elle avait terminé son livre une bonne semaine plus tard et n'y avait plus touché depuis. Ce n'était pas le meilleur endroit pour le ranger, c'était vrai, mais sur le coup ça lui avait paru être une idée merveilleuse. Dans l'appartement, les cris avaient repris de plus belle. C'était véritablement la panique. Il fallait être à la gare dans une heure, en sachant qu'il y avait déjà quarante-cinq minutes de trajet et que personne n'était prêt. Prendre le train cette année lui semblait bien compromis mais elle ne parvenait pas à s'en désoler plus que cela. Sa mère arriva derrière elle, l'attrapa par le bras pour la ramener dans la salle de bain et brancha le sèche-cheveux sur la première prise venue. Finir de se brosser les dents pendant qu'on vous arrachait les cheveux pour soi-disant les sécher n'avait rien de très pratique, ni de très agréable mais elle ne fit pas le moindre commentaire, laissant sa mère achever son oeuvre. Heureusement, le supplice ne fut que de courte durée puisqu'elle attrapa rapidement Camelia pour lui faire subir le même traitement, le dentifrice partout en moins. Leur frère aîné, qui repartait à Séville que le lendemain, arriva dans la salle de bain à son tour et s'adossa à la porte tandis qu'on lui tendait son jean et son tee-shirt.

"Papa a dit que je t'accompagnais, avec Cam' si elle était prête parce que le temps qu'il puisse avoir accès à la salle de bain, tu serais déjà rentrée pour Noël." expliqua Nathaniel d'une voix étouffée alors que sa tête avait disparu dans le tissus.

L'adolescent acquiesça sans un mot, avant de recracher l'eau qu'elle avait dans la bouche dans le lavabo. Un jour, se préparer dans cette famille serait un véritable moment de plaisir. Pour l'instant, ça ressemblait plus à un départ en guerre, tout le monde était surexcité, ça poussait, ça râlait... Elle avait tiré un trait sur son petit déjeuner, elle prendrait quelque chose à manger dans le train, elle n'avait pas le temps de s'installer à table si elle ne voulait pas arriver à la gare pour rien. Elle enfila un vieux sweat d'une université américaine quelconque qu'elle avait trouvé dans une friperie quelques jours plus tôt, attacha ses cheveux encore humides avec sa baguette comme elle le faisait souvent et sortit enfin de la salle de bain. La porte ne mit pas longtemps à claquer derrière elle sans qu'elle ne prenne la peine de savoir qui s'y était enfermée. Elle jeta sa trousse de toilette dans sa valise, y envoya également un ou deux bouquins supplémentaires puisqu'il y avait désormais de la place grâce à sa soeur puis elle la ferma sans le moindre mal, ce qui ne put que la faire sourire. Elle attrapa la poignée et la tira péniblement derrière elle jusqu'au salon. Son frère terminait d'attacher ses chaussures pendant que sa soeur fermait son gilet. Son aîné lui envoya ses propres chaussures, qu'elle enfila sans se faire prier. Peut-être serait-elle à l'heure enfin de compte ? Il était dix heures dix, il fallait espérer ne pas louper le métro entre temps...

"Emily, Caspian, Shirley ! Venez dire au revoir à Bonnie !"

Sitôt dit, sitôt fait, les trois appelés arrivèrent instantanément, déposèrent un baiser sur la joue de la Serpentard et retournèrent vaquer à leurs occupations le plus normalement du monde. Ses parents l'embrassèrent à leur tour, la serrant dans leurs bras comme tous les parents du monde. Même s'ils ne l'accompagnaient pas à la gare cette année, elle avait le droit à des au revoirs dignes de ce nom quand même, c'était toujours ça de pris... Cette année semblait bien mal partie, ses géniteurs l'abandonnaient là, elle ne retrouverait pas Cooper sur le quai, et Cassidy et Oliver serait probablement déjà dans le train quand elle arriverait, si bien qu'ils ne passeraient certainement pas le voyage ensemble. Génial ! Elle adressa un vague signe à sa belle-soeur qui lui répondit par un sourire mal à l'aise. Pour elle, elle partait dans un internat pour gamin surdoué, ce qui la dérangeait déjà un peu sans qu'elle ne puisse expliquer pourquoi. Qu'aurait-elle donc dit si on lui avait dit la vérité, qu'elle allait faire voler des objets dans un château hanté en Ecosse ? Elle aurait sûrement pris la fuite en abandonnant son mari par la même occasion, de peur que le môme soit aussi dérangé que la frangine. Ca n'aurait pas été plus mal. Elle reprit sa valise et emboîta le pas à Camelia qui était déjà sortie sur le palier.

"Maman, Bonnie elle a oublié Winnie dans la cuisine."

La rouquine entendit sa mère pester à mi-voix tandis qu'elle lui ramenait la cage de sa micro-chouette et la mettait dans les bras de son aîné. Celui-ci leva les yeux au ciel et ferma la porte derrière lui. Il attrapa la lourde valise qu'elle tirait et lui donna l'animal à la place. Elle ne savait pas vraiment si c'était parce que c'était plus léger ou bien si c'était pour éviter d'avoir le regard des passants posés sur lui. Même si la logique voulait que la deuxième hypothèse soit la plus probable, elle préférait se contenter de la première. Elle le remercia distraitement et descendit les escaliers. Nathaniel ne l'avait accompagné qu'une seule fois à la gare, lors de sa première année. De ce qu'elle en avait appris des jumelles par la suite, il avait questionné leurs parents pendant des jours sur les raisons qui avaient poussé sa soeur à monter dans ce train, craignant que ce soit de sa faute à lui si elle avait décidé de partir loin. Ca l'avait touchée, bien sûr, mais ils n'avaient jamais abordé le sujet tous les deux et ne le feraient jamais c'était plus que certain. Une fois dehors, Bonnie leva les yeux vers la fenêtre de l'appartement familial et vit plusieurs têtes collées derrière, lui faisant des grands signes. Elle sourit de nouveau et y répondit de joyeusement avant de se faire ramener à la réalité par le jeune homme. Ils étaient en retard, il ne fallait pas traîner.

Le voyage jusqu'à la gare se passa beaucoup plus calmement. Ils n'échangèrent quasiment pas un mot, se contentant d'indiquer dans une inutilité la plus totale le nombre de stations de métro qu'il restait à parcourir avant de descendre. Elle ne put s'empêcher de repenser à son séjour à Paris avec son petit-ami, aux interminables trajets qu'ils pouvaient faire et à tout ce qui avait bien pu faire là-bas. Ce serait bien différent sans lui, c'était certain. En la voyant ainsi plongée dans ses pensées, sa soeur posa une main compatissante sur son bras. Si elle feignit de ne pas le remarquer, elle ne put s'empêcher de la remercier silencieusement. Comme prévu, les voyageurs les fixaient d'un drôle d'air, regardant Winnie voleter dans sa cage comme s'il s'agissait d'un monstre. Heureusement pour tout le monde, il fut rapidement temps de descendre. Une fois dans la gare, la cadence ne ralentit pas. Il leur restait à peine dix minutes pour arriver sur le quai, mettre Bonnie et ses affaires dans le train et lui dire au revoir. Si c'était faisaible, ça n'était pas pour autant une mince affaire. Nathaniel renonça à prendre un chariot pour poser la valise de sa soeur, si bien qu'il galéra particulièrement à garder le rythme mais il ne s'en plaint pas une seule fois, se contentant de suivre les filles sans broncher. Ils foncèrent dans le mur le plus normalement du monde et partirent aussitôt à la recherche d'un wagon un peu plus vide que les autres. Le jeune homme déposa aussitôt le bagage à l'intérieur et se tourna vers la rouquine.

"On reste en contact pour de bon cette fois, hein ?" la questionna t-il en souriant doucement. "Passe une bonne année, et pas de bêtises hein ?"
"Bonnie, elle ne fait jamais de bêtises Nath', tout le monde le sait."

Ils rirent légèrement, embrassèrent à leur tour la Serpentard et la laissèrent monter dans le train. Elle leur fit un dernier au revoir alors que la sonnerie annonçait le départ. Elle les regarda disparaître et finit enfin par partir à la recherche d'un compartiment de libre, ou mieux de celui d'Oliver et Cassidy sans pourtant y croire vraiment. Tirant avec difficulté sa valise derrière elle tandis qu'elle tenait la cage de Winnie de l'autre, elle arriva enfin devant une porte dont le compartiment n'était occupé que par une fille. Elle ne fit pas attention à l'identité de cette demoiselle, ça n'avait aucune importance, il lui fallait trouver une place et non se faire de nouvelles amies. Elle posa la cage sur le sol, ouvrit la porte et pénétra à l'intérieur sans accorder le moindre regard à l'occupante. Elle mit sa valise sur le porte-bagage, posa la cage de sa chouette sur un siège vide et se laissa tomber sur celui d'à côté en soupirant. Ce fut seulement à ce moment là qu'elle posa les yeux sur l'adolescente qui lui faisait face. Seymour. L'année commençait décidément très mal...

"Oh non..." gémit-elle malgré elle alors qu'elle hésitait à remballer ses affaires et à battre en retraite. C'était un signe, ça ne pouvait pas être qu'une simple coïncidence. Ca allait être la pire année de son existence, c'était plus que certain désormais...

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Le regard perdu dans le paysage qui commençait progressivement à défiler, assez rapidement, puis plus vite encore jusqu'à ce qu'il devienne presque impossible de discerner le moindre élément avec précision, Isis se demandait encore combien de temps il restait jusqu'à ce qu'ils arrivent à destination. Que pouvaient bien faire Scarlett et Sandrine à l'heure actuelle ? Elle n'en avait malheureusement aucune idée, et ne pressentait pas l'envie d'aller fair le tour des compartiments pour prélever quelque rumeur dont elle ferait aussitôt part à la Gryffondor. De toute façon, le chariot à friandises n'était pas encore passé, et il était hors de question qu'elle rate la première carte de chocogrenouille de sa cinquième année, au moins pour sa valeur symbolique. Il y aurait fort à parier qu'elle aurait déjà l'exemplaire en question en triple dans sa collection, mais au fond pouvait-on dire que cela avait réellement de l'importance ? Sally et Rosa s'exaspéraient chaque année de constater que ce qu'elles appelaient "cette fâcheuse manie" ne lui était pas passée, et que lorsqu'elle rentrait de Poudlard c'était encore et toujours avec une valise pleine de nouvelles pièces qu'elle destinait à ses étagères. Elle ne s'en formalisait pas, elle ne s'était pas attendue à ce que qui que ce soit puisse la comprendre. Alors que par ennui total elle avait commencé à se mettre à compter les arbres sans même prendre la peine de les énumérer, elle se retourna en entendant la porte s'ouvrir. Ce n'était pas Scarlett. Et ce n'était pas Sandrine non plus. Ni vraiment la personne qu'elle s'était le plus attendue à rencontrer ici. Dévisageant la fille aux livres qui venait de pénétrer dans le compartiment avec une certaine curiosité, étant donné que cette dernière n'avait pas une fois levée les yeux vers elle, Isis sentit ses muscles se rétracter. Ca risquait d'être tendu, il ne fallait pas avoir fait un cursus de divination pour se rendre compte que cette fille la détestait depuis l'épisode de Gaichiffon...

"Oh non..."

C'était tout ce qu'elle trouvait à dire ? Très flatteur, aussi Isis ne put s'empêcher d'être irritée devant aussi peu d'enthousiasme envers sa personne. Elle aurait au moins pu faire preuve d'un peu d'hypocrisie à sa vue, plutôt que d'une telle spontanéité ! S'efforçant de camoufler son outrance et d'arborer un magnifique sourire, Isis n'était pas certaine d'aimer cette situation. Plutôt que de clairement lui faire savoir qu'elle n'avait aucun plaisir à se trouver en sa compagnie, elle aurait au moins pu aller se trouver un autre compartiment ! La jeune couleuvre, pour sa part, n'avait rien contre elle si ce n'était pas trouver trop taciturne, silencieuse, ennuyeuse, et un peu trop proche à son goût de son grand frère. De toute manière, il fallait vraiment atteindre des extrêmes pour qu'elle ne se mette à détester quelqu'un... il y avait les personnes qui l'intéressaient, et celles qui ne l'intéressaient pas, la rendant parfaitement indifférente vis à vis de ces dernières. Ce n'était pas pour autant qu'elle allait se mettre à les haïr, si ? Ca aurait été insensé, voyons, elle savait seulement que de ce fait elle n'aurait aucun intérêt à les mettre dans ses collections. Mais il était vrai que leur dernière entrevue s'était révélée... étrange, et qu'il n'y avait pas eu là de très bonnes conditions pour qu'elles deviennent les meilleures amies au monde. De toute manière, elle doutait fortement que cela puisse arriver, après tout cette fille était bien trop différente d'elle-même, et bien trop bêcheuse à son goût. Qui plus était, il y avait quelque chose chez elle qui suscitait pour la jeune Seymour un certaine malaise...

" Ravie de te voir également, Bonnie. " répondit-il d'un ton tranquille.

Elle devait d'ailleurs se demander comment elle pouvait connaître son nom, puisque lors de leur dernière - et seule - conversation, elle ne semblait pas avoir trouvé utile de le faire, si bien qu'elle avait fini par la désigner comme la fille aux livres, ou le rat de bibliothèque, ou elle ne savait quoi d'autre. Seulement, Cooper en parlait, et malheureusement trop à son goût... aussi, elle avait fini par l'apprendre. De toute manière, il ne devait être en rien surprenant que tout se sache au château. Il était inutile d'ouvrir les hostilités, n'est-ce pas ? Donc mieux valait ne pas lui chercher de noises pour l'heure. Qui savait ce qu'elle serait capable de lui faire, après tout... cette fille était vraiment trop étrange. Elle savait qu'elle connaissait des sortilèges qu'elle n'était encore même pas censée avoir appris, et que lorsqu'elle s'y mettait elle pouvait se révéler sérieusement déstabilisante. Aussi, mieux ne valait pas lui donner de raison, d'en plus de la considérer comme une ennemie, de la percevoir également comme une adversaire dont il valait mieux se débarrasser. Aussi, par réflexe, elle se mit aussitôt à passer ses doigts dans sa chevelure blonde, avant de recentrer son regard sur le sien, afin que ses yeux l'affrontent directement. Autant faire en sorte que le trajet ne se révèle pas être un cauchemar, ou du moins, s'il était possible, limiter au maximum les dommages colatéraux. A ce rythme, le voyage allait être long, très long, surtout lorsqu'on se bsait sur la grande loquacité de la Serpentard... visiblement, la discussion ne faisait pas partie de ses passe-temps favoris. A moins que ce ne soit le cas qu'en sa présence ? Pas de quoi s'en trouver très honoré. Si ça se trouvait, en dehors elle était même intarrisable et d'un flux de paroles à toute épreuve, même si ell n doutait fortement... Aussi, Isis opta pour essayer de briser la glace, sans pour autant être très convaincue du succès de son opération et s'attendant davantage à un échec cuisant. Toutefois, elle n'avait pas envie de passer l'aller jusqu'à Poudlard à se regarder les mains par malaise...

" Tu as passé de bonnes vacances ? " demanda-t-elle en lui adressant un sourire courtois.

Puisqu'il semblait que ce soit la question de coutume... pourquoi y ferait-elle exception ? Elle n'était pas certaine que son interlocutrice se mette subitement à lui raconter tout ce qu'elle avait pu faire de ses journées en s'attardant sur chaque détail, mais au fond quelle importance cela pouvait-il avoir ? En attendant, elle craignait plutôt de savoir en compagnie de qui elle les avait passées, ses vacances. Que le nom de Cooper n'apparaisse pas ! Elle ne voulait pas savoir qu'ils s'étaient vus, voire pire, que lorsque pendant leur voyage il avait fixé une date d'échéance ce soit pour elle qu'il ait pu le faire. Il était son grand frère avant d'être n'importe qui d'autre ! Ils se connaissaient depuis plus longtemps, elle ne pouvait pas le lui voler, tout comme elle n'aurait jamais permis que l'on puisse toucher à ses pièces de collection. Mais pour l'heure, il s'agissait de paraître parfaitement indifférente et impassible, après tout qui lui disait qu'elle l'avait vu ? Elle n'avait pas le profil type de celle qui aurait choisi le camping, certainement pas, même, mais elle avait très bien pu passer des vacances en famille. Oui, en famille, c'était très certainement le cas, elle n'avait même sans doute pas eu l'occasion de le voir entre deux, ni qui que ce soit d'autre. Si ça se trouvait, il n'était même plus dans leurs ambitions respectives de se revoir un jour, ils finiraient même par se rendre compte que tous les moments qu'ils avaient pu passer au sein de la bibliothèque étaient du temps perdu et qu'ils auraient bien mieux fait de l'employer à autre chose. Oui, exactement, elle ne voyait aucune autre solution, il fallait qu'il en soit ainsi.

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" Ravie de te voir également, Bonnie. "

Tout d'abord surprise qu'elle puisse connaître son nom, la rousse finit par se dire qu'il lui venait certainement de Cooper et soupira en s'affalant sur son siège, tirant sur son sweat comme pour disparaître à l'intérieur. Pourquoi de tous les gens qui peuplaient le château à longueur d'année c'était sur elle qu'elle était tombée ? Pourquoi ?! C'était injuste ! Elle en venait à penser qu'elle aurait préféré partager son compartiment avec Robinson, plutôt qu'avec elle, ce qui était parfaitement stupide au fond puisqu'il n'y avait entre elles qu'une antipathie mêlée de jalousie qu'elle n'était même certaine d'être réciproque, alors que sa camarade de dortoir voulait probablement sa mort depuis qu'elle avait appris qu'elle ne venait pas d'une grande famille de sorciers. Mais elle savait au moins à quoi s'attendre avec Irène. Elle ne la voyait en rien comme une menace, tout juste comme une folle qu'il lui fallait éviter au maximum, ce qui n'était pas le cas avec celle qui lui faisait face. Oh, bien sûr Cooper avait tâché de la rassurer au maximum sur les liens qui les unissaient tous les deux, bien sûr il avait tenté de faire taire les inquiétudes qu'elle pouvait faire naître en elle, bien sûr il lui faisait confiance et ne lui prêtait pas la moindre mauvaise intention... Mais peut-être était-il simplement trop aveuglé par la quasi-perfection qu'il prêtait à sa "soeur" ? Cette fille n'était probablement là que pour se mettre en travers de son chemin. Que le hasard était tout de même cruel de l'y avoir mise, elle... Il n'y avait pas grand monde qu'elle n'appréciait pas de base, il n'y avait même qu'elle au fond, qui ne parvenait pas à obtenir un semblant de sympathie alors qu'elle ne lui avait jamais rien fait de mal, pourquoi avait-il fallu que ce soit d'elle dont son petit-ami soit proche ? Pourquoi avait-il fallu que ce soit avec elle qu'il passe une partie de ses vacances ? C'était injuste mais elle ne pouvait rien y faire. Bien loin était la bonne humeur de ce début de journée. Envolée... Ses lèvres s'étirèrent d'un sourire faussement désolé mais néanmoins convaincant. Savoir jouer la comédie avait parfois ses avantages.

"Désolée. Je reconnais que ce n'était pas très chouette de ma part... Tu m'autorises malgré tout à rester dans ton compartiment ?"

Au fond, elle espérait presque qu'elle lui dise que non, elle ne voulait pas la voir rester. Elle se ferait une joie de reprendre ses affaires et de partir à la recherche d'une autre place pour le voyage, quitte à rester dans le couloir jusqu'à la fin du trajet. Qu'est-ce qui lui avait pris d'ouvrir cette porte sans regarder qui était à l'intérieur ? Que diable lui était-il donc passé par la tête lorsqu'elle avait posé la cage de Winnie sur ce siège avant de s'installer à côté ? La Serpentard lâcha son interlocutrice des yeux et regarda le paysage défilé devant elle. Que la situation aurait été étrange s'il y avait eu le jeune homme entre elles... Elle n'était déjà pas des plus agréables mais il y avait fort à parier qu'elle n'aurait espéré que disparaître totalement si cela avait été le cas. Y était-elle pour quelque chose si elle n'aimait pas Isis ? Si elle ne voyait en elle qu'une idiote sans cervelle qui n'avait pas d'autre intérêt que celui de peupler le dortoir des cinquième année ? Si elle la voyait comme l'ombre sombre et menaçante qui planait au dessus de son couple ? Elle ne pouvait cependant pas s'empêcher de la craindre, ne serait-ce qu'un minimum. Elle ne savait pas de quoi elle pouvait être capable et ne connaissait en rien les desseins qui pouvaient l'habiter... La seule chose dont elle était à peu près certaine était qu'elle n'aurait aucun mal à mettre en pièces son histoire avec Cooper si l'envie lui prenait. Elle n'aurait qu'à raconter sur son compte ce que bon lui semblerait pour un peu que ce soit compromettant à défaut d'être vrai et le tour était joué... Qui croirait-il entre sa soi-disant frangine qu'il connaissait depuis des années et sa petite amie qui n'était entrée dans sa vie qu'une poignée de semaines plus tôt ? Elle ne donnait pas cher de sa crédibilité, et ce même si elle n'avait rien à se reprocher. Sa présence à ses côtés si tôt dans ce début d'année était présage de tous les malheurs du monde et elle finissait par le vivre aussi mal que si le sinitros s'était incrusté à leur réunion aussi indésirable qu'imprévue.

" Tu as passé de bonnes vacances ? "

Elle reporta son attention sur elle en entendant le son désagréable de sa voix résonner dans le wagon. Attendait-elle véritablement une réponse ? Qu'elle lui raconte son voyage à Paris, le mariage de son frère et les nombreuses autres fois où elle avait eu l'occasion d'apercevoir l'ancien Serpentard ? Ou bien se contentait-elle d'espérer qu'elle apprendrait de bien mauvaises nouvelles, qu'elle se mettrait à pleurnicher parce qu'il avait été conclu que leur idylle n'avait plus lieu d'être maintenant qu'ils étaient séparés par plus de kilomètres qu'ils n'en auraient jamais voulu ? Qu'est-ce que ça pouvait lui faire de toute façon ? Elle ne l'imaginait pas prête à s'apitoyer sur son sort si jamais elle avait passé les pires vacances de son existence. A moins que ce ne soit pour lui faire par des siennes, des moments qu'elle avait passé à sa place en compagnie de son petit-ami...? C'était probablement ça, quoi d'autre ? Si elle pensait voir son visage s'assombrir en écoutant son récit, elle se trompait totalement ! Elle était au courant. Enfin... Elle savait qu'ils avaient passé du temps ensemble en tout cas. C'était vrai ça, Cooper ne s'était pas attardé sur le sujet lorsqu'ils s'étaient revus après son retour... Elle n'avait rien demandé au fond, et c'était possible qu'il ait simplement voulu éviter une discussion désagréable supplémentaire mais si c'était plus que ça...? Son regard s'attarda sur la jeune fille. Elle était jolie, il ne l'avait même pas nié lorsqu'ils en avaient parlé lors de leur pique-nique. Vraiment jolie... Et elle savait par expérience qu'il était au fond qu'un garçon comme les autres... Et s'il ne s'était pas attardé sur le sujet pour ne pas avoir à lui mentir et encore moins à lui expliquer ce qu'il s'était passé pendant ce temps-là ? Non, c'était stupide ! Elle n'avait jamais douté de lui depuis qu'ils avaient mis les choses au clair ensemble, ça n'avait aucun sens de commencer maintenant. Elle devait lui faire plus confiance encore qu'elle ne l'avait jamais fait jusque là. S'il n'était pas à l'abris d'une rencontre amoureuse quelque part, il ne la laisserait pas dans l'ignorance... Non, ça ne lui ressemblait pas. N'est-ce pas...?

"Oui, excellentes. Merci." lâcha t-elle pour toute réponse. "Et toi ?"

Elle s'en fichait, elle ne voulait pas le savoir, elle ne voulait rien entendre sur le sujet. Elle avait pu faire le tour du monde et ce à dos de pitiponk qu'elle s'en fichait éperdument ! Elle ne voulait pas entendre parler des merveilleux souvenirs qu'elle avait avec Cooper, des jours entiers qu'ils avaient passé ensemble... Un sourire poli s'était toutefois peint sur ses lèvres, comme si elle s'y intéressait un minimum. Inutile de prendre des risques pour rien...

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"Désolée. Je reconnais que ce n'était pas très chouette de ma part... Tu m'autorises malgré tout à rester dans ton compartiment ?"

Sans trop savoir, Isis détourna son regard afin de le jeter dans le couloir du train, dans lequel les élèves avaient visiblement cessé de circuler. Elle aurait préféré que la Serpentard lui dise que les mots qu'elle avait laissé échapper ne lui étaient aucunement adressés ou qu'il s'agissait d'une plaisanterie ou elle ne savait trop quoi... Elle ne s'attendait certes pas à ce que la Vert & Argent lui dise qu'elle était absolument enchantée de la voir ou qu'elle lui avait manqué tout l'été, il ne fallait pas aller jusqu'à cet extrême non plus, mais passer tout un voyage dans le train avec quelqu'un qui paraissait la détester risquait de s'avérer particulièrement complexe. Elle n'adorait pas spécialement Bonnie, la trouvant trop étrange et taciturne à son goût, et un peu trop proche de son grand frère, seulement, il en fallait bien davantage à Isis pour en arriver à détester qui que ce soit. A l'ordre du jour, personne ne lui avait réellement donné de raison de le faire, elle préférait bien davantage se baigner dans l'illusion selon laquelle tout le monde l'aimait que de prendre le risque de déclarer une guerre ouverte à qui que ce soit. Bien entendu, elle ne se gênait pas pour critiquer les personnes qui lui déplaisaient, mais elle veillait généralement à le faire dans leur dos pour ne pas avoir à en subir les répercussions. Ce que les gens étaint susceptibles, pour se formaliser de toutes les remarques que l'on pouvait faire à leur sujet... d'autant plus qu'elles étaient généralement justifiées, les gens n'avaient qu'à mieux s'habiller ou ne pas donner de quoi alimenter les racontards, c'était entièrement de leur faute. Pourquoi se plaindre que l'on parle d'eux, autrement ? En tout cas, pour l'heure, son interlocutrice, malgré ses excuses, n'avait pas l'air plus ravie de partager avec elle les quelques heures qui les séparaient de leur arrivée en gare de Pré-au-Lard... pour Isis, il semblait évident que l'explication à cette hostilité apparente revenait à cette histoire de robe à Gaichiffon. Il était certain que les choses avaient été pour le moins... tendues à ce moment-là. Oui, elle ne voyait aucune autre explication, même si elle ignorait alors ce qui avait pu clocher chez elle. Par conséquent, ce n'était donc sûrement pas de sa faute et seulement celle de la rousse qui lui faisait face. Néanmoins, elle s'imaginait mal lui dire de lever le camp et de quitter son compartiment sur le champ, même si elle aimait pouvoir affirmer qu'elle possédait beaucoup de choses, son nom n'était en revanche pas inscrit sur celui du wagon. Sans compter que si Cooper venait à savoir qu'elle avait aussi discourtoise pour lui demander de s'en aller, c'était elle qui allait en prendre pour son grade, et ce n'était absolument pas l'objectif qu'elle avait en vue. Non, il s'agissait de paraître le plus agréable possible, même avec une fille qui ne devait pas pouvoir la voir en peinture ce devait être faisable.

" Bien entendu, ne t'en fais pas pour ça. " répondit-elle d'une voix mielleuse. " Au fait, je suis désolée pour cette histoire, à Gaichiffon... j'ai bien conscience que je ne me suis pas montrée sous mon meilleur jour. J'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur. "

Non, elle n'en avait pas conscience, et ne voyait pas même ce qu'elle avait pu dire ou faire de déplacé en sachant que cette robe lui revenait de droit, mais il fallait bien que pour la forme, elle avoue jusqu'à des torts qui, pourtant, ne lui étaient pas attribuées. De toute manière, elle ne s'attendait nullement à ce que cette fille devienne sa meilleure amie du jour au lendemain, elle aurait même de la chance si la Serpentard daignait lui adresser la parole une fois dans l'année autrement que par obligation, mais au moins, on ne pourrait lui reprocher de manquer de courtoisie. En attendant, quelque chose lui disait que ce voyage jusqu'à Poudlard allait se révéler être un véritable calvaire, et qu'elle aurait beau essayer d'y changer quoi que ce soit, il y aurait peu de chance pour que cela fonctionne. Enfin bon, au final cette situation ne la dérangeait nullement, si les efforts venaient d'elle, qui pourrait lui faire le moindre reproche ? Au contraire, elle pourrait même tourner cette histoire dans le sens qui lui plairait. Elle était la pauvre et gentille petite Isis détestée par la méchante, machiavélique et vicieuse Bonnie, qui n'avait nulle autre intention que celle de la séparer que son grand frère adoré. C'était un scénario relativement plaisant, lorsque l'on y songeait... en creusant un peu, elle pourrait même développer un peu tout ça dans l'année. Ainsi, elle pourrait toujours raconter qu'elle était persécutée par la vile Serpentard qui tentait par tous les moyens de se débarrasser d'elle, et il ne suffirait que d'aller pleurer dans les jupons de Cooper pour lui faire avaler son histoire. Il y aurait peu de chance qu'il y croie, mais si elle jouait bien la comédie jusqu'au bout, ajoutait qu'elle regrettait profondément cette situation, et pourquoi pas, qu'elle essayait juste de devenir l'amie de Bonnie, peut-être pourrait-elle parvenir à son objectif. Elle ne perdait rien à essayer...

"Oui, excellentes. Merci. Et toi ?"

Comme réponse développée, on faisait mieux, mais soit. Isis avait déjà compris que ce ne serait pas cette année que l'on décernerait à la Serpentard la palme de la loquacité. Visiblement, elle semblait être restée dans les bouquins un peu trop longtemps, si bien qu'elle devait être à présent bien atteinte. Enfin, elle ne pouvait probablement pas y faire grand chose... Puisqu'elle l'invitait à le faire, la jeune couleuvre aurait avec plaisir fait le récit de ses vacances dans toute son intégralité, énumérant non sans quelque once de fierté chaque pièce de collection qu'elle était parvenue à amasser, et aurait appuyé avec insistance sur son voyage avec Cooper, tout comme si ce n'était absolument pas pour montrer à la Serpentard qu'elle avait eu le plaisir de profiter de sa compagnie pendant deux semaines. Mais si elle en venait à apprendre ensuite qu'elle avait également eu l'opportunité de le voir ? Plus qu'elle ? Elle ne savait pas grand chose des liens qui les rattachaient, d'ordinaire elle évitait soigneusement ce sujet. Néanmoins, mieux valait ne pas s'aventurer sur ce terrain-là, elle risquait de ne rien y gagner, et connaître la manière dont s'étaient déroulées ses vacances devait vraiment être le cadet des soucis de la Vert & Argent. Pourquoi aurait-elle cure de ce qu'elle avait pu faire ces deux derniers mois ? Elle était bien restée en surface sur ce qu'elle avait pu faire de son côté, et elle ne voyait aucune raison de s'étendre davantage de son côté. Sa réponse laconique en disait bien davantage que ses mots...

" De même. " répondit-elle avec un sourire éclatant. " Enfin, même si certaines séparations ne sont pas évidentes. Mais il faut bien passer le cap à un moment ou à un autre. "

Elle avait bien pris le soin de rester vague, après tout il pouvait autant s'agir de celle avec ses parents, ou celle avec ses soeurs... il n'était pas de notoriété publique qu'elle s'entendait mal avec elles. Cette petite comédie qu'elles semblaient jouer toutes deux ne la dérangeait nullement... après tout, si cela pouvait lui faire passer le voyage sans qu'elle n'ait envie de se jeter par la fenêtre du train, cela lui convenait. Elle aurait bien le temps d'aviser pour savoir ce qu'elle ferait ensuite, après tout...

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" Bien entendu, ne t'en fais pas pour ça. Au fait, je suis désolée pour cette histoire, à Gaichiffon... j'ai bien conscience que je ne me suis pas montrée sous mon meilleur jour. J'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur. "

La rousse se contenta de hausser vaguement les épaules. Elle était désolée de quoi ? D'avoir été elle-même pendant tout le temps qu'elles avaient passé ensemble là-bas ? Parce qu'elle pourrait dire ce qu'elle voulait, elle ne l'imaginait guère autrement: capricieuse, immature et intéressée. Ce qui rendait encore plus troublante sa relation avec Cooper. Que pouvait-il donc bien lui trouver qui vaille la peine de s'y intéresser réellement ? C'était une jolie fille, mais c'était à peu près tout. Elle n'avait strictement rien d'autre de remarquable. Elle n'était au fond que l'une de ces imbéciles superficielles et sans cervelle qui n'étaient en cours que pour parler chiffons à tout va. Peut-être se contentait-elle de jugements et de conclusions hâtives mais elle n'en avait que faire, cela lui suffisait largement. Tout était bon à prendre pour un peu que ça puisse terminer la réputation déjà bien peu glorieuse qu'elle pouvait avoir à ses yeux. Elle n'essayait même pas de faire accepter la réalité au jeune homme, n'ayant pas la moindre envie d'avoir le rôle de la méchante dans cette histoire, mais on ne pouvait pas lui reprocher de la descendre silencieusement encore et toujours davantage. Après tout, elle n'en faisait profiter personne et même s'il y avait fort à parier qu'ils se doutaient sans grand mal de ce qu'elle pouvait bien penser de sa camarade, personne n'en avait la moindre preuve. Aussi, Isis pouvait bien s'excuser pendant dix ans si le coeur lui en disait que ça ne changerait absolument rien, elle ne la considérerait pas comme une potentielle amie, pas même comme une camarade agréable. Il était fort probable qu'elle le sache déjà. Peut-être avait-elle promis à Cooper qu'elle ferait des efforts ? Ce n'était pas impossible et ça ressemblait étrangement à ce qu'aurait pu lui demander l'ancien Serpentard avant de prendre le chemin de l'Université. Si seulement le pauvre savait qu'il n'y avait guère d'effort à faire puisque tout était fichu d'avance... Ce n'était pas parce que lui, par un miracle qu'elle ne comprenait pas, parvenait à apprécier la cinquième année qu'il allait en être de même pour elle. Quel maléfice avait-elle bien pu lui jeter pour qu'il soit aussi aveugle à son sujet ? Enfin... Qu'elle ait pu être coupable d'une telle chose paraissait bien impossible si on en croyait le niveau inexistant en sortilège qui était le sien. Elle avait bien eu l'occasion de le remarquer, l'autre fois, à Gaichiffon...

"Non, bien sûr. C'est de l'histoire ancienne." admit-elle en souriant.

Ce qui était loin, à ses yeux, de signifier qu'il n'y avait plus de raison de s'attarder dessus mais elle trouvait cela inutile de lui faire part de ce détail. Elle était loin d'avoir envie de sympathiser avec elle mais elle ne pouvait que craindre qu'elle aille se plaindre auprès de son "grand frère" que son affreuse petite amie faisait tout son possible pour réduire à néant les flots d'efforts qu'elle faisait en permanence à son encontre. Et pire encore, qu'elle aille s'en plaindre en ayant toutes les raisons de le faire... Et puis, qui savait quels liens elle avait pu tisser avec les autres Verts et Argents au fil des années ? Qui savait si elle ne réussirait pas à organiser son assassinat prochain pour l'éloigner définitivement de Cooper ? Elle avait toujours été persuadée qu'elle finirait ses jours dans les cachots, à proximité de cette horrible salle commune qu'elle devait rejoindre chaque jour... Elle n'avait juste pas vraiment envisagé que ce serait à cause d'elle, et encore moins parce qu'elle avait eu le malheur de se rapprocher un peu trop du "mauvais" garçon. Enfin, elle était loin de véritablement voir les choses ainsi puisqu'elle n'avait pas décidé le moins du monde de se rapprocher de lui, encore moins de s'y attacher, ou de finir par sortir avec, et qu'elle ne le considérait pas comme le "mauvais" garçon de cette histoire mais elle ne pouvait que se plier à cette vision-là, sûrement plus proche de celle d'Isis que les autres. Elle était certaine de ne pas avoir grand chose à perdre en pariant qu'elle l'imaginait comme une vile manipulatrice qui avait fait tout cela dans le seul but de lui voler son ami alors qu'il n'y avait au fond rien de plus faux. Jamais elle ne lui aurait adressé la parole s'il n'était pas venu, lui, pour lui demander de l'aide, ce qu'elle avait accepté d'ailleurs dans le seul espoir de rester en vie un peu plus longtemps encore... Certes les choses s'étaient enchaînées rapidement et elle n'avait guère eu le temps de tout comprendre mais toujours était-il qu'elle était hors de cause, qu'elle n'avait rien fait dans un but précis et encore moins celui de nuire à cette pauvre idiote... Il fallait faire bonne impression, paraître vouloir aller dans son sens et sauver sa peau. Rien de plus. Et là encore, c'était la même rengaine.

" De même. Enfin, même si certaines séparations ne sont pas évidentes. Mais il faut bien passer le cap à un moment ou à un autre. "

Bonnie hocha légèrement la tête tandis que Winnie s'agitait dans sa cage, mordillant les barreaux en battant désespérément des ailes. Elle l'ignora. Elle ne pouvait pas la laisser s'envoler ici, il lui faudrait également attendre l'arrivée au château pour se dégourdir les pattes. Manque de chance, ce voyage allait sûrement être interminable, bien plus long que tout ceux qu'elle avait eu l'occasion de faire jusque là. Elle n'y pouvait malheureusement rien et sa chouette devrait s'y faire sans broncher. Au bout de quelques longues dizaines de secondes, l'oiseau parut comprendre de lui-même qu'il ne sortirait pas puisqu'il finit par se calmer et rejoindre son perchoir sans plus de protestation. Pauvre Winnie... Certaines séparations n'étaient pas évidentes... Elle avait eu le loisir de le remarquer. Que cette dernière soirée lui avait semblé bien courte ! Et dire qu'elle devrait attendre des semaines avant de pouvoir le revoir ne serait-ce qu'une heure... Elle n'en était pas arrivée au point désespérant de se mettre à pleurnicher en se plaignant que la vie était trop injuste et qu'elle voulait tout envoyer valser pour rentrer à Londres et rester avec lui jusqu'à ce que la mort les sépare mais elle ne pouvait que reconnaître que c'était bien moins aisé qu'elle ne l'avait tout d'abord imaginé. L'habitude n'y était certainement pas totalement étrangère, au fond, mais elle doutait fort que sa vie reprenne son cours normal rapidement, comme si elle ne l'avait jamais connu, comme s'il n'avait pas fait partie de son quotidien pendant plusieurs mois. Il n'y avait presque pas un jour qui s'était écoulé sans qu'ils ne s'aperçoivent et voilà qu'il lui fallait désormais faire comme si de rien n'était... Bien sûr, elle s'y était attendue mais n'était pas pour autant ravie d'avoir à le vivre.

"Je sais, oui... J'ai tout de même eu de mal à laisser mon frère sur le quai."

Il n'y avait rien de plus faux mais elle n'était pas censée savoir qu'elle n'était pas plus attachée que ça à ses frères et soeurs. C'était surtout un moyen de sous-entendre que son propre frangin tenait suffisamment à elle pour prendre la peine de l'accompagner à la gare, puisqu'elle avait cru comprendre que Cooper ne le ferait pas, notamment à cause de sa rentrée. Elle savait malheureusement que ce n'était pas du tout une question d'attachement ou quoi que ce soit d'autre, simplement ses obligations qui l'avaient obligé à rester loin de King's Cross. Ou du moins c'était ainsi qu'elle l'avait compris. Elle soupira tristement, même si les raisons n'étaient pas les bonnes cela rendait plus crédible son rôle de petite soeur parfaite, et observa les champs filer devant la fenêtre. Plus que quelques heures et elle serait enfin libre, débarrassée de cette pauvre idiote...

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"Non, bien sûr. C'est de l'histoire ancienne."

Souriant de toutes ses dents, Isis ne doutait pas une seconde quant à la bonne foi de son interlocutrice, persuadée que sa petite tirade avait eu son effet chez la vipère. Parfait, il était bien plus plaisant pour la couleuvre de se savoir aimée que détestée, c'était important pour l'image qu'elle désirait refléter. Bien qu'elle n'accordait pas de réelle importance au jugement de Bonnie quant à ses aspirations à la popularité, elle préférait toutefois ne pas s'en faire une ennemie. Déjà parce qu'elle restait convaincue que cette fille était bien plus dangereuse que ce qu'elle essayait de faire croire, puis parce qu'elle entretenait cette relation dérangeante avec son grand frère... à ce sujet, elle restée campée sur ses positions, entre autres que plus rapidement cette dernière cesserait, mieux elle se porterait. C'était certes peut-être de l'égoïsme à son état le plus brut, mais elle n'en avait que faire, on disait bien que la famille passait avant tout, et même si Cooper n'en faisait pas réellement partie, cette règle s'appliquait pour ce cas de figure, du moins c'était ainsi qu'Isis voulait que soient les choses. C'était plus important que son bonheur, non ? Bon, elle n'était pas censée penser une telle chose et se devait certainement de vouloir avant tout qu'il soit heureux et tout ce qui suivait, néanmoins elle continuait de trouver qu'il serait certainement bien plus heureux sans cette fille accrochée à lui comme une sangsue. Soit, elle en doutait, mais aimait à le penser, rechignant à l'idée qu'il puisse lui préférer Bonnie alors qu'il la connaissait depuis plus longtemps qu'elle. Et en plus de cela, pourquoi elle ? Elle n'était même pas intéressante, c'était simplement un rat de bibliothèque parmi tant d'autres qui devait avoir mis toute vie sociale de côté afin de consacrer son temps à dévorer des bouquins. Qu'y avait-il d'amusant à cela ? Isis ignorait ce qui avait tant pu attirer Cooper chez elle pour qu'il se mette subitement à devenir un élève sérieux et assidu rien qu'en la fréquentant, mais elle avait déjà évoqué la possibilité selon laquelle elle avait joué les enjôleuses avec lui. En tout cas, la manière la plus simple de mettre la lumière là-dessus était de ne pas se mettre la Serpentard à dos, moins franc serait le jeu et plus rapidement elle parviendrait à ses fins. Jouer les hypocrites n'avait jamais constitué un problème pour elle jusqu'à ce jour...

" Oh, ravie que tu ne te soies pas attardée là-dessus dans ce cas. Cela m'aurait profondément ennuyée autrement, je n'aurais pas voulu que nous restions sur un malentendu pour une histoire aussi bête. "

Bien sûr, en tout cas elle devrait limiter sur la gentillesse, elle n'avait pas non plus envie que cette fille ait envie de devenir son amie, elle voulait briller cette année, et ce ne serait certainement pas en compagnie de la Serpentard qu'elle y arriverait. Elle avait besoin de gens un tant soit peu influents au sein de l'école, à l'instar de Scarlett, pas de quelqu'un qui se souvenait de temps à autre qu'une réalité existait au delà des encyclopédies et des manuels de cours... autrement, son quotidien serait bien morne. D'ailleurs, à présent qu'elle y songeait, qu'est-ce que Bonnie faisait à Gaichiffon ce jour-là ? Certes, elles avaient toutes deux convoité la même robe, mais pourtant elle n'avait absolument pas le profil de la lécheuse de vitrines par excellence... à moins qu'il ne s'agisse d'un passe-temps secret. Mais dans quelle optique ? C'était stupide de cacher que l'on aimait les vêtements, Isis adorait exhiber ses collections de robes et aller faire les magasins à Pré-au-Lard pour tenter de trouver de nouvelles pièces, et elle était bien loin de le dissimuler. Si la vipère devait avoir honte de quelque chose, c'aurait davantage été, à ses yeux, de cette fâcheuse habitude consistant à passer l'intégralité de son existence dans les livres. En tout cas, la jeune Seymour trouvait bien plus intéressant et passionnant de passer du temps à dénicher de nouvelles affaires ou des éléments qui pourraient être ajoutés à ses étagères ou à sa penderie que de perdre du temps à la bibliothèque. Du moment qu'elle avait des notes un tant soit peu convenables, quel était l'intérêt de viser l'excellence ? C'était un terrain qui était réservé aux psychotiques centrés sur les notes qu'il pouvait obtenir en espérant toujours faire mieux sans réel but derrière, et heureusement pour elle, elle n'appartenait pas à cette catégorie-là. Enfin de toute manière, elle doutait que Bonnie veuille réellement devenir son amie même si elle ne la détestait plus, ou moins... enfin tant que c'était elle qui gardait la carte de la crédibilité, elle n'en avait cure. Lorsqu'elle en aurait besoin, il faudrait que ce soit elle que Cooper croie, et pas l'inverse.

"Je sais, oui... J'ai tout de même eu du mal à laisser mon frère sur le quai."

Refermant ses ongles sur ses cuisses et se concentrant pour que son sourire ne s'efface pas, Isis fit de son mieux pour ne pas paraître atteinte par les mots de la vipère. Probablement n'était-ce pas intentionnel, elle devait même ignorer quel lien l'unissait à Cooper à moins que celui-ci n'ait décidé d'aller lui en parler. Après tout, il était tout à fait possible qu'elle aie un frère auquel elle était très lié et que les séparations aient été un peu difficiles, cela n'avait strictement rien à voir avec l'ancien Serpentard, rien du tout... toutefois, l'allusion, même si elle n'était pas intentionnelle, avait frappé, et plutôt fort. Certes, son grand frère à elle n'était pas venu l'attendre à la gare, alors que multitude de frères et soeurs s'étaient serrés dans les bras sur le quai ou avaient fait la promesse de s'écrire, certains suivaient d'ailleurs même le train jusqu'à ce qu'il disparaisse, continuant d'agiter la main... non, cela ne voulait pas dire qu'il l'aimait moins qu'un frère normal aurait aimé sa soeur, c'était stupide, elle ne devait pas penser cela. Puis elle n'avait certainement pas la moindre envie de reconnaître devant Bonnie que c'était le cas, ce serait bien trop humiliant... mais d'un autre côté, si Cooper l'avait réellement oubliée ? Et si son départ ne lui faisait ni chaud ni froid alors qu'elle n'arrêtait pas de songer qu'il ne serait plus là cette année ? Certes, c'était probablement mieux pour ses collections étant donné qu'à présent il n'y aurait plus personne pour la raisonner un tant soit peu, mais l'ancien Serpentard allait lui manquer, c'était une certitude, seulement son absence sur le quai indiquait simplement que l'inverse de marcherait pas en revanche. Peut-être ne lui écrirait-il même pas, d'ailleurs, et que toutes les promesses qu'il lui avait faites ne seraient jamais tenues... si même lui commençait à la trahir, alors elle ne pourrait plus se tourner vers personne. Toutefois, elle s'efforça de chasser ces pensées noires qui n'avaient que pour vertu de l'embrouiller et de semer le doute dans son esprit, après tout qui lui disait que Bonnie n'était pas en train d'essayer de se moquer d'elle ? Elle ne l'imaginait pas aussi manipulatrice, mais après tout il n'était pas impossible que ce soit le cas. Après tout, Cooper devait avoir une excellente raison de ne pas être venu, il s'excuserait même sûrement très rapidement dans son prochain courrier et elle n'avait nullement à douter de lui... il fallait du moins l'espérer.

" Je comprends, malheureusement le mien n'a pas pu venir. Un empêchement de dernière minute... mais sinon, il serait venu, nul doute là-dessus. " répondit-elle en passant ses doigts dans sa chevelure. " J'ignorais que tu avais des frères et soeurs. "

Cela n'avait rien d'étonnant, elle ignorait presque tout de la fille qui lui faisait face. Si ce n'était qu'elle s'appelait Bonnie, et encore ce n'était même pas elle qui le lui avait dit. Elle savait également qu'elle était en cinquième année, qu'elle connaissait plus de sortilèges qu'elle ne le devrait, et qu'elle était un peu trop proche de son grand frère à son goût, mais hormis cela... que pouvait-elle se vanter de savoir au sujet de la Serpentard ? Elle n'en savait déjà pas beaucoup sur la vie que menait cette dernière à Poudlard alors qu'elles partageaient la même salle commune, ce qui était probablement du au train quotidien certainement très ennuyeux que menait la rouquine comparé à sa vie passionnante rythmée par ses diverses trouvailles et collections, alors en ce qui concernait la vie de famille de la Vert & Argent, elle séchait complètement. De toute manière, quelle importance cela pouvait-il avoir ? Cette information la rendait plutôt indifférente, il y avait peu de chances qu'elle puisse en tirer de quoi aller raconter à Scarlett afin de donner naissance à une rumeur, cela n'aurait rien de bien intéressant.

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Le sourire de la jeune fille laissait penser qu'elle y avait cru sans le moindre problème. Ce n'était certainement pas elle qui allait s'en plaindre, si ça pouvait éviter qu'elle aille se plaindre à Cooper que c'était elle et uniquement elle le problème dans cette affaire c'était toujours ça de pris. Mais sérieusement... Comme si elle pouvait avoir envie d'enterrer la hache de guerre, de faire des efforts pour que les choses se passent mieux à défaut de se passer bien... Envolées les envies de meurtres et autres occasions de lui casser du sucre sur le dos. C'était inconscient d'y croire, bien trop naïf pour paraître normal... Bien sûr, elle n'avait jamais cru que cette pauvre Isis puisse être un tant soit peu normale, aussi ne fit-elle pas attention à ce détail, se contentant simplement de la plaindre un minimum histoire de se donner bonne conscience. Ce que Cooper pouvait bien lui trouver restait encore un mystère, et chaque seconde qu'elle passait en compagnie de la Vert et Argent paraissait l'éloigner un peu plus encore d'une possible réponse. Si elle se fichait pas mal d'en obtenir une ou non, elle aurait au moins apprécié d'avoir l'impression de comprendre les motivations de son petit-ami quant à cette étrange amitié. Il ne semblait pas avoir un quelconque intérêt...

" Oh, ravie que tu ne te soies pas attardée là-dessus dans ce cas. Cela m'aurait profondément ennuyée autrement, je n'aurais pas voulu que nous restions sur un malentendu pour une histoire aussi bête. "

Bonnie ne se défit pas de son sourire admirablement feint, allant même jusqu'à hocher discrètement la tête d'un air compréhensif histoire de coller encore un peu davantage au personnage. Ça l'aurait profondément ennuyée également, bien sûr, elle s'en doutait bien. Passer à côté d'une fille aussi extraordinaire qu'elle aurait été problématique, bien entendu. Comment aurait-elle pu y survivre et continuer sa scolarité normalement avec un tel manque dans sa vie ? Quelle idiote, sérieusement. Ne remarquait-elle donc pas combien elle ne l'aimait pas, combien elle espérait encore aujourd'hui qu'un tragique accident survienne et l'emporte loin de sa vie, et loin de son copain également par la même occasion ? Elle n'avait pourtant pas pensé s'en cacher jusque là, et même encore maintenant elle ne feignait le contraire que par prudence, guère par envie. Faire semblant de l'apprécier suffisamment pour entretenir une conversation somme toute cordiale était on ne pouvait plus désagréable. Elle avait eu à en endosser des rôles depuis la fin de l'année précédente mais de tous, celui-ci était le plus insupportable. Elle ne parvenait pas à voir un bon côté aussi minime soit-il, il y avait bien sûr la menace que cette année soit particulièrement infernale si elle ne tâchait pas de sympathiser avec, ou du moins de ne pas s'attirer les foudres de, ses camarades de maison qui planait au dessus d'elle, sans compter celle qu'elle tâche de tout faire pour l'éloigner de Cooper sans qu'elle ne puisse nier quoi que ce soit en cas de besoin, mais ce n'était pas tant des bons côtés, simplement des pressions auxquelles elle ne pouvait pas résister. La vie était tout de même bien injuste. Elle n'avait pas le choix, il lui fallait rester suffisamment proche de cette idiote pour s'assurer que les autres Serpentards n'aient pas pour but premier de venger un quelconque affront qu'elle aurait bien pu lui faire, et pour être certaine qu'elle ne pourrait pas aller se plaindre au jeune homme du comportement inacceptable qu'elle avait envers elle. Isis devait devenir une sorte de nouvelle amie, au sens le plus hypocrite du terme. Lui dire gentiment bonjour en la croisant, au pire se risquer dans une conversation débile de temps à autre en cas de besoin pour laisser l'illusion intact et prétendre avoir trop de travail si jamais elle tentait de se rapprocher davantage. Normalement, il ne devrait pas y avoir de risques, mais dans le doute... Qui savait de quoi elle serait capable pour lui pourrir la vie ? Elle pourrait bien avoir envie de devenir la meilleure amie qu'elle puisse avoir au monde juste pour être aux premières loges lorsque la décadence arriverait. Avec une fille comme elle à ses côtés, il n'y avait rien à risquer à parier qu'elle ne mettrait pas longtemps pour se faire sentir. La bêtise devait être contagieuse à son niveau.

« Je n'ai pas pour habitude de rester coincée sur une première impression douteuse. Les gens sont rarement ce qu'ils paraissent être au premier abord. Je ne vois pas pourquoi ça n'aurait pas été pareil pour toi. »

C'était vrai pour n'importe qui au château, sauf pour elle... Cassidy lui avait semblé être une chieuse de première, tout juste bonne à la coller sans même lui demander son avis. Cooper lui avait involontairement fait voir sa fin plus proche que jamais et elle y avait cru de longs jours même en le voyant le plus clair de son temps... Elle était en généralement persuadée qu'il y avait mieux à voir que les mauvais côtés de ses camarades, ou en tout cas les sombres desseins qu'elle lui prêtait en permanence faute de savoir réellement à quoi s'attendre mais pour Seymour, ça ne faisait aucun doute, il n'y avait rien d'autre à découvrir que ce qu'elle savait déjà. Cette fille n'était rien d'autre qu'un puits sans fond d'imbécilités incroyables. Elle pouvait se passer de creuser, elle n'avait pas le moins intérêt à se salir avec ça. Comment l'ancien Serpentard avait-il pu passer à côté ? C'était tellement voyant, tellement énorme ! Ou alors était-ce simplement parce qu'il ne voulait pas le voir ? Ou ne devait pas le voir...? Peut-être était-ce plus qu'une amitié entre camarades, au fond ? Elle n'avait aucun mal à imaginer son interlocutrice comme faisant partie d'une de ces familles de Sang-Purs comme il y en avait malheureusement trop à Serpentard... Qui savait, peut-être se connaissaient-ils depuis des années, bien avant qu'ils n'entrent au château ? Avec la chance qu'elle avait, ils étaient sûrement même destinés à se marier ou quelque chose d'horrible dans le genre... Elle devrait voir Cooper finir par disparaître de sa vie et avoir en tête la victoire de l'autre idiote... Elle ne pourrait même pas lutter. La bataille ne se faisait pas à armes égales... Ce n'était même plus de l'injustice à ce niveau-là ! Elle tâchait tant bien que mal de s'accrocher à l'espoir que son imagination se faisait encore des films, qu'elle était partie dans un énième délire comme elle en avait des tas, qu'il lui en aurait sûrement parlé à un moment ou à un autre mais quelle preuve pouvait-elle en avoir ? Aucune. Absolument aucune. Bien sûr ils avaient passé des jours collés l'un à l'autre mais y avait-il un moment opportun pour annoncer à sa copine qu'on allait se marier dans quelques années avec ce qui se rapprochait le plus de la pire ennemie de celle-ci ? Elle en doutait fortement. Et elle ne se voyait vraiment pas lui poser la question de but en blanc dans sa prochaine lettre. Il allait finir par la prendre pour une folle, par penser qu'Isis devenait une véritable obsession. Elle reposa les yeux sur la jeune femme. Etait-ce le cas ? Y avait-il la moindre chance que ça le devienne un jour ? C'était vrai qu'elle revenait souvent dans ses pensées lorsque celles-ci se tournaient vers Cooper mais était-ce là réellement inquiétant ? Non, probablement pas. Ça devait arriver à plein de monde. Elle n'en avait jamais parlé avec personne, bien sûr, aussi n'en était-elle pas particulièrement convaincue mais tout de même. Elle craignait de le voir partir avec elle, c'était normal d'y penser souvent. Elle ne faisait après tout rien d'autre que d'analyser autant que possible le moindre de leurs mots, de leurs gestes. Le moindre détail qui pourrait se faire information sans qu'elle ne le remarque tout de suite.

" Je comprends, malheureusement le mien n'a pas pu venir. Un empêchement de dernière minute... mais sinon, il serait venu, nul doute là-dessus. J'ignorais que tu avais des frères et soeurs. "

La rouquine afficha une moue désolée alors qu'au fond d'elle, elle faisait une véritable danse de la joie. Bien sûr, elle n'avait aucune preuve qu'il puisse bel et bien s'agir de Cooper même si elle savait qu'il n'avait pas pu l'accompagner. Rien ne lui disait qu'elle n'avait pas d'autres frères dans sa vie, qu'ils le soient de sang ou non, mais elle s'en fichait éperdument. Le seul qu'elle lui connaissait n'avait pas pu venir lui dire au revoir sur le quai de la gare, et la coïncidence était bien trop grande pour être innocente. Ça ne lui ressemblait tellement pas... Normalement, elle aurait tout fait pour aller dans son sens, pour lui assurer même si elle n'en savait rien qu'il aurait sûrement aimé être avec elle mais il s'agissait de cette affreuse Serpentard, et non d'une quelconque pauvre fille contre laquelle elle n'aurait rien eu. Alors certes, ça ne lui ressemblait pas mais c'était bien le dernier de ses soucis. Il la préférait à cette idiote. Il la préférait elle alors qu'il la connaissait depuis quelques mois seulement. Elle n'avait pas gagné la guerre mais cette bataille-là lui revenait. Et haut la main en plus ! Elle reporta son attention sur sa chouette, craignant que son regard finisse par trahir son contentement. Elle réussissait pour l'instant à rester dans son rôle jusqu'au bout, compatissant presque grâce à un sourire faussement désolé, s'apparentant à une hypothétique amie, ou au moins à l'une de ses filles que l'on n'hésite pas à aller voir lorsqu'on l'aperçoit dans un couloir, avec qui on va déjeuner ou que l'on accompagne à Pré-au-Lard, faute de mieux... Elle n'avait toujours pas la moindre envie de le devenir mais tant qu'elle était capable de le croire, l'essentiel était sauf. Oliver lui ferait sûrement la morale lorsqu'il l'apprendrait. S'il l'apprenait un jour... Et il y avait fort à parier que ses parents ne seraient pas plus ravis que le serait son meilleur ami. Elle n'avait jamais été une fille parfaite mais elle ne s'était jamais amusée à prendre les gens pour des imbéciles simplement parce qu'elle ne les aimait pas. Bien sûr, elle avait un intérêt à le faire mais il était difficile de leur expliquer qu'il fallait mieux ça que de retrouver son corps sans vie dans un coin reculé des cachots...

« Ce n'était pas prévu qu'il m'accompagne au début, mais comme je n'ai pas passé la soirée d'hier avec lui... Il a préféré laisser sa femme pour me dire au revoir comme il se devait. Je crois qu'elle n'a pas vraiment apprécié. » expliqua t-elle d'une voix absente, comme si elle rêvassait en même temps à ce frangin adorable. « J'en ai cinq. Deux frères et trois soeurs. Et toi ? Tu n'as qu'un frère ? »

Après tout, elle n'avait pas vraiment menti. Elle n'avait pas passé la soirée d'hier avec sa famille puisqu'elle était avec Cooper, il n'avait jamais été question qu'il l'accompagne puisque ça s'était décidé quelques minutes avant le départ et il avait bel et bien laissé sa femme pour venir à King's Cross... Elle avait juste légèrement enjolivé l'histoire. Qui pourrait lui en vouloir ? Et surtout qui en saurait quoi que ce soit ? Quiconque l'avait vu arriver sur le quai l'avait vu avec Nathaniel... Quand bien même elle chercherait à en savoir davantage, elle ne risquait strictement rien. Aucun mensonge, rien qui puisse lui porter préjudice. Elle se redressa légèrement après lui avoir retourné la question qu'elle lui avait indirectement posée, comme si elle était vraiment intéressée par la réponse. Ce n'était pas vraiment faux, après tout. Elle voulait savoir si elle avait eu raison de croire qu'il n'y avait pas de coïncidence possible... Il ne devait pas y en avoir, il ne pouvait pas y en avoir... Cette idiote devait avoir compris que Cooper se fichait pas mal d'elle, elle ne voulait pas qu'il y ait d'autre alternative. Que ce maudit voyage ait au moins eu un intérêt...

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