« … Et le vernis a coulé, j’en avais partout, pourtant j’avais mis des cotons pour protéger, je ne comprends vraiment pas comment j’ai pu être aussi idiote, heureusement, j’avais ma baguette et j’ai pu tout nettoyer à temps, il aurait été tout à fait impensable que je sorte de ma tente avec cette énorme tache ! Mais c’est gentil, je te remercie. On ira prendre le thé à la rentrée, mais je suis vraiment pressée, à plus tard. »

La jeune fille venait de s’arrêter entre deux tentes pour discuter avec une plus ou moins adorable élève de Poudlard qui lui avait fait bien gentiment remarquer qu’elle avait une splendide couleur de vernis. Ce genre de compliment ne pouvait que lui faire plaisir, et il y avait fort à parier que le reste de la journée serait donc excellente. Elle avait bien sûr profité de cette courte pause pour raconter sa vie à la pauvre fille qui devait désespérer d’avoir ouvert la bouche. Scarlett pouvait être redoutable lorsqu’il s’agissait d’être bavarde et d’entretenir seule une conversation qui enquiquinait visiblement son interlocutrice. Elle avait donc passé plus d’une demi-heure à raconter sa vie, commençant par l’endroit où elle avait acheté le fameux vernis qu’aimait tant l’autre élève pour finir par différentes anecdotes concernant les différentes poses de vernis qu’elle avait pu faire pendant les dix-sept premières années de sa vie. En bref, elle avait enquiquiné quelqu’un et c’était ce qui rendait cette journée si merveilleuse. Elle avait déjà passé une excellente matinée puisque Sarah avait décidé de la passer avec elle. Scarlett était toujours ravie lorsque sa meilleure amie la choisissait elle plutôt que son petit ami. Elle avait même récemment décidé de créer un magnifique tableau qu’elle avait divisé en deux colonnes, inscrivant le prénom de son ennemi en haut de la première et le sien en haut de la deuxième. À chaque fois que la préfète devait faire un choix, elle s’empressait de faire une croix au bon endroit, si bien qu’elle pourrait savoir à la fin de l’été si elle était toujours la préférée ou pas. Bien sûr, les fois où elle quittait volontairement la tente pour leur laisser un peu d’intimité ne comptait pas, d’autant plus qu’elle partait bien souvent pour mieux revenir et les espionner. Quoi que… Elle commençait à se lasser de son petit jeu de détective. Elle avait commencé à fouiner pour connaitre des détails croustillants de leur aventure et tout ce qu’elle avait réussi à comprendre pour le moment, était qu’ils voulaient se marier, étaient éperdument amoureux l’un de l’autre et ne pourraient pas survivre à une autre séparation comme la semaine qu’ils venaient de vivre. Bref, ça lui donnait plus envie de vomir qu’autre chose mais elle ne pouvait même pas ouvertement faire des critiques puisqu’elle n’était pas censée suivre les amoureux partout où ils allaient et encore moins écouter leurs conversations. Est-ce que ça ressemblait toujours à ça l’amour ? Deux personnes complétement gaga l’une de l’autre qui passaient leur temps à se dire qu’ils s’aimaient plus que leur famille, plus que leurs études, plus que leurs amis, qui se faisaient des bisous un peu partout et faisaient en sorte de toujours conserver un contact physique quel qu’il soit ? Si c’était réellement à ça que ça ressemblait, la jeune fille était sûre de ne jamais vouloir tomber amoureuse. Elle n’avait aucune envie de se transformer en une guimauve antipathique comme Sarah et tenait bien trop à son image parfaite pour s’abaisser à un tel niveau. Et puis de toute façon, à Poudlard, aucun garçon n’était assez bien pour elle. Si un jour, elle devait se retrouver en couple avec quelqu’un, elle espérait que ça soit un homme plus vieux, et comme elle entrait en dernière année, cette possibilité ne se présentait pas à moins qu’elle se retrouve avec un prof. Celui de vol n’était pas trop, trop mal d’ailleurs. Mais il n’était pas assez riche pour elle et de toute façon, elle avait arrêté de suivre son cours avant même de l’avoir commencé. C’était probablement la seule leçon qu’elle s’évertuait à louper à chaque fois et il était probable que même après six années passées à l’école, il ait totalement zappé son prénom.

Mais de toute façon, elle n’était pas venue au camping pour se trouver un petit ami parfait. De toute façon, elle hésitait encore entre Alexander et Logan, et ce ne serait pas tout de suite qu’elle tenterait de faire un choix. Rien ni personne ne pourrait l’empêcher d’avoir pour elle deux garçons à la fois. En plus, ils étaient totalement différents, ce qui rendait l’expérience encore plus amusante. Le poufsouffle était pourtant du genre tombeur, comme Alexander, il mettait toutes les filles à ses pieds et se fichait de démarrer un jour une relation stable ou pas. Seulement, il semblait tout de même nettement plus réceptif à ses avances que ne semblait l’être le serdaigle. Ca rendait les choses nettement plus amusantes. Au moins, elle avait un garçon avec lequel s’amuser, qui ne se prenait pas la tête et ne la repousserait probablement jamais, et un autre avec lequel il fallait se montrer un peu plus manipulatrice pour arriver à ses fins, mais c’était tout aussi drôle. Scarlett, contre toute attente, trouvait ces vacances incroyablement bénéfiques. Elle ne regrettait absolument pas d’être venu, même si évidemment son été aurait été nettement plus parfait si sa meilleure amie s’était trouvée en permanence à ses côtés. Cependant, elle réussissait visiblement à trouver de quoi s’occuper sans elle et était très fière de ce détachement plus que nécessaire. Au moins, elle montrait à la préfète qu’elle n’était pas son jouet. Non, elle ne pouvait pas la trimballer comme elle voulait et se débarrasser d’elle comme une vieille poupée usagée lorsqu’elle n’en voulait plus, c’était elle qui prenait les commandes, elle qui décidait de la vie qu’elle voulait avoir et de la personne qu’elle désirait avoir à ses côtés. Tout irait donc pour le mieux tant que les choses se dérouleraient de cette façon. Elle était enfin redevenue le centre du monde, ou en tout cas du sien. Elle avait eu du mal à se relever de toutes les épreuves infligées par cette longue et douloureuse année, mais elle avait réussi à remonter la pente et ne comptait pas redescendre tout en bas de celle-ci. Sa mère avait toujours été la première à lui dire que ce qui ne la tuait pas la rendrait forcément plus forte et elle en était convaincue. Il faudrait se lever de bonne heure pour la détrôner à présent, c’était presque mission impossible.

Tout en réfléchissant, la rouge et or s’éloignait des dernières tentes disposées sur le camping. Elle avait prévu quelque chose de particulièrement important pour cet après-midi, mais il fallait qu’elle trouve un endroit tranquille pour mener à bien ses projets. En partant de chez elle, Scarlett avait pris grand soin d’emporter avec elle son nécessaire à couture, tout en sachant pertinemment qu’elle devrait le dissimuler aux yeux de tous. Une jeune fille de son rang ne pouvait pas faire usage d’un fil et d’une aiguille, c’était totalement impensable ! Seulement, sa famille ne roulait pas sur l’or et pour pouvoir porter de nouveaux vêtements tous les jours, elle était bien obligée d’en passer par-là. Acheter des bouts de tissu lui revenait globalement moins cher que le reste et elle s’était très vite rendue compte que non seulement elle avait trouvé le bon stratagème pour faire croire qu’elle était riche mais qu’en plus elle appréciait cette nouvelle activité. Dès les premiers jours de ses vacances à Pré-au-Lard, Scarlett s’était donc hâtée de chercher un endroit où se cacher lorsqu’elle s’adonnait à son passe-temps secret. Elle quittait le camping et traversait ensuite un immense champ, ce qui lui prenait un temps fou en plus d’abimer ses splendides sandales à talons compensés. Mais peu lui importait, à l’autre bout de ce champ, elle avait fini par trouver un petit chemin, menant directement à une praire, là, elle avait trouvé une pierre plate parfaite pour un après-midi couture, et elle s’y rendait une fois deux fois par semaine pour mener son projet à bien. Jusqu’ici personne n’était encore venue la déranger et elle ne doutait pas qu’on la laisserait tranquille pendant encore un moment. Il fallait vraiment jouer aux explorateurs pour arriver ici ou en tout cas vouloir se dissimuler aux yeux de tous. C’est donc sans aucune crainte que la rouge et or déballa tout son matériel, avant de s’atteler à la réalisation peu simple d’une jupe plissée qu’elle avait entraperçue dans la vitrine d’un grand-magasin. Elle avait heureusement une excellente mémoire lorsqu’il s’agissait des tenues vestimentaires et était presque certaine de pouvoir toucher du doigt la perfection sur ce coup-là. Seulement, alors que Scarlett achevait la préparation des différentes bandes de tissus qu’elle allait utiliser, elle entendit le crissement d’une paire de chaussures sur le chemin qu’elle venait d’emprunter. Elle interrompit immédiatement son geste pour tendre l’oreille. Qui que ça puisse être, ça ne présageait rien de bon… Elle n’avait aucun endroit où se cacher, et pas le temps de tout ranger dans son sac. Peut-être que cette journée n’était pas si merveilleuse que ça, finalement.

Plus les pas se rapprochaient et plus la jeune fille paniquait. Tout était si compliqué, pourquoi fallait-il que justement aujourd’hui quelqu’un vienne par ici ? Jusque-là, personne n’était venu la déranger, elle pouvait faire n’importe quoi, lire une revue, se plonger dans ses pensées ou même venir crier son chagrin en étant sûre et certaine que personne ne viendrait la trouver ici. Mais justement alors qu’elle venait de décider de pratiquer l’une de ses activités favorites, il fallait que quelqu’un vienne la surprendre. Scarlett commença à trier maladroitement ses affaires, cherchant tant bien que mal à se débarrasser de tout un tas de choses qui pouvaient nettement compromettre son avenir en tant que perle rare et jeune fille très enviée de l’école. Malheureusement, elle manquait très largement de temps. Au bout d’un moment, elle laissa tomber toute tentative de dissimulation et essaya de dessiner sur ses lèvres, un sourire serein qui était assez compliqué à conserver. La rouge et or était plutôt curieuse de connaitre l’identité de la personne qui viendrait la retrouver. Le mieux aurait tout de même été que ce soit Sarah, même si elle avait bien conscience d’en avoir déjà beaucoup trop dit à la préfète. Si elle devait révéler un secret de plus à un inconnu, elle n’était pas certaine que sa merveilleuse réputation y survive. C’est une jeune fille d’à peu près son âge qui fit bientôt son apparition sous ses yeux. Elle semblait plutôt gentille et n’avait pas la même dégaine que toutes les petites poufiasses qui peuplaient le château, c’était déjà ça de rassurant.

« Alors, tu couds, Scarlett ? Je n’en avais aucune idée. C’est toi qui fais tes vêtements ? »

Mince, perspicace cette petite. Il lui fallait rapidement trouver une idée, une explication à ce passe-temps si étrange qui ne lui ressemblait absolument pas. Non, elle ne s’occupait pas elle-même de créer ses vêtements, c’était tout à fait grotesque, comment aurait-elle pu faire un truc pareil alors que ses parents auraient eu les moyens de lui acheter la ville de Londres tout entière ? Enfin, ça c’était ce qu’elle préférait raconter à toute l’école pour tenter au maximum de préserver son image. Elle avait menti même à sa meilleure amie pendant des années, ce n’était pas pour raconter à une fille qu’elle ne connaissait pas, toute la vérité. Elle trouverait une véritable explication, il n’y avait aucune autre chose à faire. Scarlett tenait plus que tout à la vie qu’elle s’était inventée, il était trop compliqué pour elle de devoir faire face à des défauts qu’on lui avait imposé et dont elle n’était absolument pas responsable. Comment aurait-elle pu les aider à devenir une famille qu’ils n’avaient jamais été capable d’être ? Ce n’était pas à elle de tenter de rendre ses parents amoureux comme au premier jour, de les forcer à bien se comporter envers elle au lieu de lui tourner le dos parce qu’ils se rendaient compte qu’elle n’avait absolument aucune utilité. Tout ce que Scarlett pouvait faire pour se préserver, c’était mentir à tout le monde et tenter de se recréer une vie idéale qu’elle n’avait pas forcément. Personne n’avait besoin de savoir la vérité, ça ne servirait qu’à l’enfoncer au lieu de la faire avancer. Elle n’avait pas besoin de parler de ses problèmes, elle préférait très nettement écouter ceux des autres s’ils en avaient et était bien placée pour savoir que beaucoup de gens profiteraient de son désarroi au lieu de chercher à l’aider. La rouge et or n’avait même pas besoin de réfléchir en définitive, sa décision avait été prise avant même que la jeune fille apparaisse devant elle, mentir était presque une seconde nature chez elle, ou plutôt, déformer légèrement la réalité, rien ne l’en empêchait.

« Oh… Euh… Ça ? Non, bien sûr que non, c’est simplement un passe-temps, je préfère m’acheter les vêtements que je porte, mais c’est une passion comme une autre. Certains aiment le sport et moi c’est la couture. C’est… Mon petit jardin secret. Tu comprends ? »

Ce n’était même pas vraiment un mensonge. Il était vrai que coudre ses propres vêtements avait toujours été un plaisir pour Scarlett. Bien sûr, lorsqu’elle avait commencé à le faire, c’était plus par nécessité qu’autre chose. Elle s’était rendu compte que son argent de poche était totalement suffisant pour satisfaire les énormes dépenses que nécessitaient ses séances de shopping quasi quotidiennes. Déjà parce que sa mère ne pouvait lui fournir cet argent qu’une fois tous les trente-six du mois puisqu’il lui était déjà impossible de s’assumer financièrement mais aussi parce que son père l’oubliait très souvent et que Scarlett décidait avoir à le relancer sans cesse. La plupart du temps, lorsque son géniteur se souvenait de son existence et lui donnait un chèque, elle en donnait une bonne partie à sa mère pour tenter de l’aider du mieux qu’elle pouvait à payer la grande quantité de factures qui s’accumulait à la maison. Ce n’était absolument pas par gentillesse, mais la rouge et or craignait de se voir refuser l’accès à sa propre maison si elle ne contribuait pas activement à l’entretien de cette dernière. Enfin, à l’entretien, c’était vite dit, elles étaient plutôt en train de tenter vainement sa ruine mais ne parvenaient qu’à la ralentir légèrement. Seulement, Scarlett aimait cette immense demeure et les souvenirs plus ou moins heureux qu’elle lui rappelait. Elle y avait vécu depuis qu’elle était née et n’était absolument pas prête à s’en séparer quoi qu’elle puisse dire autour d’elle. Bien sûr, à la fin de l’année scolaire suivante, il lui faudrait certainement trouver une alternative, tout du moins, si elle voulait continuer ses études au lieu de travailler tout de suite. Sa maman ne lui paierait jamais l’université, c’était une évidence et elle voulait être au sommet et ne pourrait certainement pas y arriver sans un cursus universitaire approprié. Mais heureusement pour la rouge et or, il lui restait encore un petit peu de temps avant d’en arriver là, elle pouvait à sa guise choisir son avenir pendant les mois qui lui restaient à passer à Poudlard, il n’était pas encore temps de se mettre la pression.

« Je suis flattée de voir que tu connais mon prénom, mais je connais pas du tout le tien. Qui es-tu ? Je suppose que tu es venue pour participer au camping. À moins que tu ne fasses que passer dans le coin ? Mais ça m’étonnerait, tu dois être une élève, comme moi. »

C’est vrai que se rendre compte qu’une fille qu’elle ne connaissait absolument pas, n’avait aucun mal à trouver son prénom et ne semblait même pas être un petit peu hésitante en le mentionnant était assez flatteur. Scarlett savait qu’elle avait toujours été populaire, mais elle ne pensait tout de même pas que l’école entière la connaissait. Cette fille avait l’air d’en savoir pas mal sur elle, elle semblait savoir qu’elle était une dingue du shopping puisque son étonnement concernant son petit passe-temps allait dans ce sens. La rouge et or semblait presque oublier qu’elle avait à faire à quelqu’un qui pourrait potentiellement étaler toutes les informations qu’elle allait recueillir aujourd’hui. Qu’elle soit flattée ou non n’y changerait rien, elle devait absolument rester sur ses gardes et jouer le jeu correctement. Il n’était cependant pas utile qu’elle se comporte comme une petite peste, Scarlett était plus que convaincue que ce n’était pas la meilleure stratégie à adopter, tout simplement parce que la colère de l’autre jeune fille risquerait justement de la pousser à ébruiter des rumeurs qu’elle préférait nettement garder pour elle. N’était-il pas plus simple de tenter de se faire de cette fille une alliée et une amie ? Bon, bien sûr, ce serait comme d’habitude, soit totalement à sens unique, mais elle ne serait pas obligée d’en prendre connaissance un jour. Scarlett était sûre de parvenir à trouver des avantages non négligeables à cette nouvelle recrue, il y en avait toujours de toute façon. Peut-être était-ce une jeune fille intelligente qui parviendrait à l’aider à faire ses devoirs ? Et si ce n’était pas le cas, elle semblait assez discrète pour pouvoir laisser trainer ses oreilles un peu partout et lui rapporter ce qui se passait dans le château. La jeune fille était sûre d’une chose, elle ne devait pas laisser partir cette fille parce que maintenant elle n’était plus aussi inoffensive que si elle l’avait rencontré sur son propre terrain.

« J’aime beaucoup cet endroit, il est idéal pour ceux qui recherchent la solitude, tu y viens souvent ? »

Premier objectif, essayer de s’intéresser un minimum à ce que pouvait lui dire cette fille. Scarlett voulait en apprendre un maximum sur la nouvelle venue. Facile, il était dans ses habitudes de questionner les gens, il fallait simplement espérer qu’elle était tombée sur une bavarde.

« Ouais, bien sûr que je comprends. Personnellement, je trouve que tu devrais porter plus souvent les vêtements que tu crées. Ils sont magnifiques! »

Un large sourire illumina le visage de Scarlett. Pour elle qui n’avait pas l’habitude de crier sur tous les toits que ses vêtements étaient ses créations, il était plutôt agréable de recevoir un compliment. Bien sûr, il lui était arrivé de temps en temps que quelqu’un complimente un de ses T-shirts, mais ils se contentaient de lui demander où elle avait bien pu acheter ses fringues au lieu de se dire qu’elle avait beaucoup de talents. En même temps, la rouge et or n’avait pas vraiment besoin qu’on le lui dise pour être persuadée d’en avoir. Au moins, elle pourrait se vanter d’être vraiment bonne à quelque chose. Il était bien trop compliqué pour elle d’essayer de comprendre tous les mots qui s’étalaient sur ses livres de cours et bien plus simple de manier un fil et une aiguille, elle en était totalement persuadée. Mais ce n’était pas le cas de tout le monde, loin de là. Sa mère avait toujours eu du mal ne serait-ce qu’à remplacer un bouton sur l’un de ses pantalons et jetait tous les vêtements qui étaient troués sans prendre la peine de les inspecter avant pour en faire quelque chose de nouveau. Scarlett, quant à elle, ne voyait pas du tout les choses de la même façon. Il lui arrivait assez souvent de reprendre des bouts de tissus restants pour créer tout à fait autre chose, sans avoir forcément l’impression de faire uniquement de la récupération. Les rares pantalons qu’elle mettait, finissaient inévitablement par devenir des shorts sans que personne ne la regarde de travers en reconnaissant le pantalon raccourci. De toute façon, la rouge et or était une grande fan de jupes et de robes et ne s’habillait presque comme ça. En plus, elle était obligée, la plupart du temps de porter l’uniforme de l’école ce qui avait le don de l’irriter, elle aimait pouvoir faire preuve de créativité et non pas se retrouver avec toujours la même jupe moche qu’elle avait tout de même arrangée à sa sauce et cette horrible chemise qui ne pouvait même pas être récupérable et donner quelque chose de correct.

« Oh… Merci, c’est super gentil. J’y penserais à l’occasion, je ne pensais pas que ça en valait la peine. »

Faux, complétement faux, bien sûr que ça en valait la peine. Ça lui permettait chaque mois de faire des économies et de pouvoir sauvegarder le peu d’argent de poche qu’elle avait pour des occasions qu’elle ne pouvait pas vraiment manquer. Prendre le thé avec sa meilleure amie était un rituel auquel elle ne pouvait pas échapper et il lui était impossible de rendre les gâteau et de se faire rembourser comme elle le faisait avec les vêtements pour le coup, aussi gardait-elle toujours un peu de monnaie pour leurs sorties entre filles. Se dire qu’elle pourrait rien qu’une seule fois dans sa vie demander de l’aide à sa meilleure amie pour payer quelque chose la rendait malade. Il était hors de question qu’elle laisse sa fierté de côté pour demander quelque chose d’aussi dégradant. Jusqu’ici, elle avait été assez douée pour s’en sortir toute seule et faire croire à tout le monde que sa famille roulait sur l’or et était assez aisée pour qu’elle puisse tout se permettre. Il arrivait souvent à la jeune fille de se faire embarquer dans ses propres mensonges en s’imaginant qu’ils puissent devenir une réalité, mais pas avec celui-là. Elle était confrontée aux difficultés financières de sa mère depuis son enfance et savait qu’à aucune moment elle ne devait l’oublier sous peine de se faire violemment surprendre par telle ou telle facture qu’elle ne pourrait plus du tout payer. Mais surmonter ce problème lui avait donné une grande confiance en elle, au lieu de la rabaisser. Scarlett était persuadée que rien ne lui résisterait jamais puisqu’elle était capable de s’en sortir toute seule, elle n’avait pas besoin de s’appuyer sur ses amis pour aller mieux contrairement au commun des mortels, tout ce qui lui arrivait trouvait sa solution sans qu’elle ait à pleurer dans les bras de Sarah ou de sa mère qui de toute façon l’enverrait gentiment se faire voir, pas forcément ravie d’avoir à l’écouter. Il lui restait plus qu’un an avant de pouvoir prendre son envol et la rouge et or savait qu’elle serait de toute façon très fière de ce qu’elle avait réussi à faire.

« Eleanor Cassidy Castle. Oui, je suis venue au camping, je suis en cinquième année… Serdaigle. »

Ah zut, une serdaigle… Scarlett les avait toujours plus ou moins détestés tout simplement à cause de sa petite sœur, ou plutôt de sa demi-sœur. Quoi de plus normal ? Cette sale gosse lui avait tout pris, son père, l’affection qu’il aurait pu avoir pour elle, l’attention de tout le monde, la fierté de ses parents, tout absolument tout. Même sa mère paraissait parfois regretter qu’elle ne ressemble pas un peu plus à Leanna alors qu’elle restait quand même la cause de ce divorce houleux dont Stéphanie n’arrivait pas encore à se remettre. Mais il était tellement plus simple de parler avec la serdaigle, elle avait une tête d’ange, savait tout sur tout puisqu’elle passait sa vie le nez plongé dans les bouquins, était polie, bien élevée, avait une vie totalement rêvée et une famille qui allait avec. C’était extrêmement frustrant pour Scarlett qui avait tout de même eu une chance sur deux de se retrouver à sa place. Il y avait eu un choix à faire et elle avait perdue, la crétine avait largement gagné et il paraissait pour le moment totalement impossible à Scarlett qu’elle puisse un jour lui accorder son pardon. Elle ne méritait pas son pardon, elle avait gâché sa vie alors qu’elle n’avait pas encore commencé. Même si elle parvenait un jour à s’en sortir ce ne serait pas grâce à cette petite imbécile à qui elle ne devait rien. Cependant, il n’était certainement pas judicieux qu’elle applique à tous les serdaigles le traitement qu’elle infligeait au quotidien à sa frangine. Avec un peu de chance, Eleanor ne la connaissait même pas, il n’était pas donc pas utile qu’elle ramasse ses affaires et s’en aille sans lui accorder un regard.

« L’année des BUSEs alors. Bonne chance, j’espère que tu vas bien y arriver. Enfin, tu entres en cinquième année ou tu viens de la terminer ? »

Le sourire de Scarlett avait légèrement perdu de son intensité, elle voulait être sûre et certaine qu’elle ne se jetait pas dans la gueule du loup. Si elle était bel et bien en présence d’une des amies de sa sœur, elle risquait de lui rapporter qu’elle cousait ses vêtements et il serait alors très simple pour Leanna de rigoler en lui demandant si la pension alimentaire payée par son père ne suffisait pas à combler ses besoins. Mais si Eleanor entrait en cinquième année comme elle venait de le lui dire, il n’y avait pas tant de risques que ça, sa sœur était simplement une élève de sixième année, elle était au moins sûre qu’elles ne partageaient pas le même dortoir et donc qu’elles n’étaient pas obligée de se connaitre. Et puis, même si c’était le cas finalement, ça n’impliquait pas que la serdaigle qui lui faisait face soit un véritable monstre bien au contraire. Il fallait simplement que Scarlett arrête de paniquer pour un rien. Inspirer, expirer, elle ne venait pas de compromettre son avenir et sa réputation, tout allait pour le mieux. Eleanor n’avait pas encore éclaté de rire d’un air sadique, elle semblait même être quelqu’un d’absolument adorable et elle aurait eu tort d’essayer de s’extirper d’un problème qui n’existait pas mis à part peut-être dans sa tête. La rouge et or savait qu’elle pouvait avoir des réactions un peu disproportionnées de temps à autres et ce n’était pas du tout le bon moment pour ça. Le cadre était idyllique, elles étaient tout simplement en vacances et pouvaient passer un très bon moment à deux, il n’y avait aucune raison pour que ça se passe mal.

« Non, ce n’est pas dans mes habitudes de venir ici, mais je recherchais la solitude. Pour dessiner, en fait. Ça te dérange si je m’installe ? »

Dommage, elles avaient toutes les deux cherché la même chose et se retrouvaient toutes les deux ensembles au final, ce n’était vraiment pas de bol. Si Scarlett avait eu envie d’avoir de la compagnie aujourd’hui, elle serait tout simplement restée avec Sarah, que sa meilleure amie ait envie de l’avoir auprès d’elle ou non. Quoi qu’elle puisse clamer haut et fort, la rouge et or devait bien reconnaitre que les personnes dont elle se considérait proches étaient peu nombreuses voire quasiment inexistantes. Elle ne pouvait même pas avouer sans mentir être proche de sa famille, il y avait bien Sarah mais elle était sa seule et unique amie, malheureusement. Elle pouvait aller un peu vers tout le monde en étant sûre de ne pas se faire jeter ou en tout cas, pas tout de suite, mais ce n’était pas des personnes qu’elle voyait comme plus que des connaissances. Finalement, il était assez compliqué pour la jeune fille de se prétendre populaire et aimée de tous alors qu’elle n’arrivait pas vraiment à se lier avec les autres. Bien sûr, elle pouvait être un peu connue à l’intérieur du château puisqu’elle ouvrait toujours sa grande bouche et connaissait tout le monde grâce à ses petites enquêtes. Elle faisait toujours en sorte de fourrer son nez un peu partout dans les affaires des autres ce qui pouvait certainement lui donner une certaine notoriété. Savoir se retrouver au bon endroit au bon moment était un don comme un autre, non ? Enfin pour la rouge et or, il était plus simple de se dire qu’elle faisait quelque chose de bien de sa vie plutôt que d’imaginer que la curiosité était un de ses pires défauts.

« Bien sûr que non, au contraire ! Je suis un peu bavarde alors ce n’est pas plus mal comme ça. »

Un peu ? Doux euphémisme. Scarlett était capable de raconter sa vie en long en large et en travers pendant des heures, ni les tentatives désespérées de ses interlocuteurs de mettre fin à la conversation, ni l’heure qui tournait ne pouvaient l’arrêter lorsqu’elle était lancée dans une de ses histoires. La plupart du temps, ce genre de discours constituait tout simplement en un merveilleux éloge d’elle-même. Il lui était quasiment impossible d’être à cours de compliments lorsqu’il s’agissait de s’en faire toute seule comme une grande. Après, si elle devait trouver une qualité chez quelqu’un d’autre, un talent ou quoi que ce soit du même genre, c’était tout de même un peu plus difficile, elle en avait totalement conscience mais s’en fichait éperdument. Ce n’était tout de même pas de sa faute si les personnes qu’elle rencontrait en temps normal ne lui arrivaient pas à la cheville, il était plus simple d’admirer quelqu’un qui la surpassait au moins dans un domaine plutôt que de mentir en affirmant à un boulet qu’il avait une qualité qu’il ne possédait de toute évidence, pas. Bien sûr, elle semblait bien être la seule à considérer tout cela comme une simple évidence alors que beaucoup devaient pourtant penser exactement la même chose au fond. De toute façon, avec le temps, elle devenait un peu trop gentille à son gout, ça faisait bien longtemps qu’elle ne s’était pas montrée totalement odieuse avec un élève. Elle usait de toute l’hypocrisie qu’elle pouvait accumuler pour tenter d’être toujours la plus adorable possible. Pour l’instant, ça lui réussissait plutôt bien, ou tout du moins, elle en avait l’impression, il fallait simplement espérer que ça dure.

« Et toi, tu aimes la solitude ? C’est parfois bien plus agréable que la compagnie humaine, je dois t’avouer. »

Pour ça, elles n’étaient absolument pas d’accord. Si Scarlett avait choisi d’être seule pour le moment, c’était pour une seule et unique raison, à savoir pouvoir s’adonner à son activité favorite sans craindre que quelqu’un la surprenne. Bon, d’accord, elle avait totalement échoué sur ce coup-là, mais si elle l’avait su un peu avant, jamais elle n’aurait fait tout ce chemin pour rien. Que ce soit pour parler ou pour se taire et écouter, elle préférait très largement être un peu plus proche de la civilisation. Au moins, tous les bruits qui parvenaient jusqu’à ses oreilles la distrayaient et puis, il était toujours intéressant d’avoir un bruit de fond. Scarlett avait toujours eu un peu peur de se retrouver seule, ce qui expliquait très largement pourquoi elle avait tenté de faire disparaitre Scipion lorsqu’il avait manifesté un peu trop d’intérêt pour sa meilleure amie. Elle avait toujours été la seule personne qui comptait dans sa vie, celle qui était censée ne jamais la laisser tomber. Évidemment, elle n’imaginait pas qu’elle puisse un jour la laisser tomber, il n’y avait vraiment pas mieux que la rouge et or, pour qui aurait-elle bien pu la quitter ? Mais Scarlett n’avait pas prévu que Sarah puisse un jour tomber amoureuse, et cet imprévu avait complétement déstabilisé. Avec le temps, elle parviendrait certainement à s’y faire, mais imaginer qu’elle puisse un jour devoir vivre toute seule ne lui plaisait toujours pas, c’était même ce qui lui faisait le plus peur à l’heure actuelle. Une dizaine d’années de plus à Ploudard ne seraient pas de refus.

« Hmm… Ça dépend des circonstances en fait, pour créer mes vêtements, j’aime bien être toute seule mais sinon je crois que je préfère être avec d’autres gens. Tu es venue passer tes vacances ici avec quelqu’un ? »

Il aurait été étonnant que la serdaigle soit venue toute seule au camping. C’était, certes, une bonne occasion de passer des vacances avec d’autres sorciers, mais il était certainement plus agréable de faire le déplacement avec un ou deux amis. Scarlett n’aurait jamais mis les pieds ici si Sarah n’avait pas accepté de l’y accompagner. Quel intérêt de déambuler toute seule entre les tentes à longueur de journée ? La rouge et or n’en voyait aucun.

« Bien sûr que ça en vaut la peine, tes vêtements son magnifiques. J’aimerais être capable de coudre. »

Scarlett sourit de plus belle, ravie que ses créations provoquent un tel enthousiasme de la part de la jeune serdaigle. Bien sûr, ce n'était pas parce qu'elle recevait un avis positif qu'elle allait commencer à avouer à tout le monde que son passe-temps favori était la couture. Elle aimait tenter de préserver au maximum les apparences et entre être enviée pour son argent et les vêtements luxueux qu'elle portait ou être enviée pour son talent de couturière, elle préférait très nettement la première option. Elle lui donnait un peu plus de prestance et la rendait à ses yeux nettement plus inaccessible qu'elle ne l'aurait été en partageant la vie que menait le commun des mortels. Il lui était totalement inconcevable de devoir se mélanger aux autres, elle valait bien mieux que ça et le prouvait chaque jour en accomplissant des choses incroyables. Peut-être que de temps à autres, elle feignait de s'intéresser au bas peuple, mais ce n'était pas par gaieté de cœur, bien au contraire. Et puis, pourquoi Eleanor voulait-elle être capable de coudre ? Ça n'avait aucun sens, ce n'était pas vraiment un talent même si Scarlett était plutôt fière de le posséder. En réalité, elle était bien contente d'être enviée par la serdaigle. Elle avait toujours pensé que son don, si on pouvait considérer ça comme tel, ne serait jamais ce qui la distinguerait des autres, c'était un peu trop banal à son goût et c'était donc loin de coller à son image de fille merveilleuse qu'elle voulait à tout prix essayer de rendre. Apparemment, elle s'était trompée et ça lui arrivait bien trop souvent à son goût, en tout cas, en ce moment. Il fallait espérer que ce soit une habitude qu'elle allait très rapidement perdre, elle ne pouvait pas se permettre de la conserver, ça lui nuisait terriblement.

« Je rentre en cinquième. J’espère effectivement y arriver. Tu les as déjà fait, est-ce aussi dur qu’on le dit ? Et toi, tu vas faire tes ASPICs, non ? »

Est-ce que c'était aussi dur que tout le monde le disait ? Scarlett ne pouvait pas franchement expliquer en la regardant dans les yeux qu'elle n'en savait pas grand-chose vu qu'elle se contentait de travailler comme les autres années, rendant ses devoirs à peu près à l'heure, apprenant ses leçons d'un cours sur l'autre sans en faire beaucoup plus que nécessaire pour passer d'une année sur l'autre. D'ailleurs, ses notes étaient bien loin d'être excellente en définitive. Elle se contentait d'obtenir des notes très faibles mais suffisantes pour qu'elle puisse se retrouver l'année suivante avec tous ses camarades de classe. Que demander de plus ? Elle ne voulait pas faire de longues études difficiles, mais simplement intégrer une école de stylisme, ce n'était pas beaucoup demandé, si ? Oh, bien sûr, elle devrait sans doute maîtriser des sortilèges de base pour réussir à coudre plus vite, mais elle aurait largement le temps de les apprendre lorsqu'elle serait à l'école. N'ayant pas le droit jusqu'ici d'utiliser la magie en dehors de Poudlard, elle s'était toujours contentée de tout faire à la main, elle avait donc une certaine technique, du moins, il fallait l'espérer et n'aurait plus qu'à apprendre comment elle pouvait aller plus vite grâce à la magie, c'était aussi simple que cela. Scarlett ne se faisait pas trop de soucis quant à son futur cursus universitaire. Elle n'aurait pas besoin de ses connaissances en histoire de la magie, ni même de savoir prédire l'avenir et encore moins de savoir comment on s'y prenait pour nourrir un pitiponk. Mais elle ne pouvait pas décemment dire à Eleanor qu'elle misait sur ses tenues vestimentaires de sainte nitouche pour parvenir à amadouer ses professeurs et donc à augmenter ses chances d'obtenir des notes correctes. Il n'y avait aucune raison pour qu'elle lui donne ses astuces sachant pertinemment qu'une serdaigle ne pourrait pas comprendre.

« Ouais, c'est ma dernière année à Poudlard, mais non, les BUSEs ne sont pas si dures que ça, c'est seulement un moyen de faire peur aux élèves pour qu'ils travaillent plus. J'ai eu mes examens sans aucun problème. »

Et c'était un peu vrai, son seul problème avait été de déterminer quelle tenue lui donnait le plus l'air d'être une élève studieuse, parfaitement à l'aise dans son rôle de bosseuse alors que finalement, il n'en était rien. Scarlett n'avait jamais aimé les cours, ils étaient toujours un bon prétexte pour elle de se revernir les ongles ou de choisir sa tenue vestimentaire pour le lendemain. Tant que ça pouvait lui éviter d'avoir à écouter un professeur barbant lui raconter toujours la même histoire en long en large et en travers sans que ça réussisse à s'imprimer dans son crâne. Sur une heure de cours, elle ne parvenait pas à se concentrer plus de cinq minutes, ce qui pouvait paraître un peu court. Sans oublier qu'elle n'était pas capable non plus de rester plongée le nez dans un bouquin pendant des heures afin d'apprendre une leçon. Au bout d'un moment, il fallait automatiquement qu'elle se change les idées, qu'elle sorte ou qu'elle ouvre un de ses magasines de mode pour y lire un ou deux articles beaucoup plus intéressants que pouvaient l'être les cours qu'elle était obligée de lire. En définitive, la jeune fille parvenait à bosser un peu, mais seulement à petite doses. Ça ne l'intéressait pas plus que ça, et elle ne voulait pas faire trop d'efforts pour parvenir à un but qui lui serait totalement inutile pour le reste de sa vie, ça n'en valait absolument pas la peine. Mais là encore, elle devait conserver ses secrets pour elle. Scarlett n'avait jamais eu la prétention de se faire passer pour une élèves modèle, elle n'avait jamais voulu utiliser le même stratagème que sa meilleure amie pour ça et elle ne le voudrait probablement jamais. Mais de là à passer pour une vraie cancre... Ce n'était pas non plus ce qu'elle voulait. Être moyenne ne lui posait pas de problème du moment qu'elle parvenait à se distinguer tout autrement. Et pour ce qui était de se distinguer, elle y arrivait.

« Oui, je suis venu avec Meredith. Elle est à Gryffondor elle aussi. Et mes frères sont venus. Et toi, tu es venue avec quelqu’un ? »

Une élève de gryffondor ? Vraiment ? Comme c'était touchant. Et ses frères ? Parce que cette fille avait des frères ? Qui étaient-ils ? Il fallait espérer que ce n'était pas des garçons mignons comme ceux qu'elle avait l'habitude de draguer pour obtenir des informations sur tel ou tel élèves qui l'intéressait. Malheureusement, cette explication semblait bien trop évidente. Ça lui faisait maintenant comprendre pourquoi Eleanor en savait autant sur elle et c'était plus flippant qu'autre chose. Elle ne voulait pas du tout que la serdaigle ait une mauvaise image d'elle en tête. Pas après ce qu'elle avait découvert, c'était totalement impossible. Il fallait à tout prix qu'elle pense être en face d'une fille sympathique, ouverte d'esprit qui ferait une formidable amie au moins pendant toute l'année à venir. Elles n'avaient qu'à s'entendre assez bien jusqu'à ce que Scarlett quitte Poudlard et jamais elle n'aurait l'idée stupide et saugrenue de révéler à toute l'école ce qu'elle avait pu voir aujourd'hui. Heureusement, la petite Eleanor ne semblait pas jouer dans la cour des grands ce qui lui évitait d'avoir à affronter un redoutable adversaire. Seulement, de récents événements lui avaient appris qu'il ne fallait sous-estimer personne et que chaque mauvaise estimation pouvait lui coûter très cher. Sa rencontre avec Scipion en avait été la preuve. Elle avait cru prendre le dessus en lui demandant un petit service, mais visiblement, elle s'était mis le doigt dans l’œil. Cette mésaventure ne lui arriverait pas deux fois, elle en pouvait pas se le permettre. Que la serdaigle paraisse gentille était une chose, ça ne lui prouvait pas qu'elle l'était réellement.

« Ah oui ! Meredith, je la connais vaguement, en même temps, je connais tout le monde ici. Moi je suis venue avec Sarah ma meilleure amie, on voulait passer des vacances entre filles. »

Enfin tout le monde... Ce n'était pas tout à fait exact puisqu'elle n'avait pas reconnu Eleanor lorsqu'elle était arrivée. En fait, Scarlett connaissait surtout les personnes qui avaient fait parler d'elles ce qui n'était visiblement pas le cas d'Eleanor, sinon elle n'aurait eu aucun problème pour mettre un nom sur son visage. Il y avait très peu de chances pour qu'elle oublie quelqu'un qu'elle avait traqué pendant plusieurs semaines. C'était ce qu'elle s'était amusée à faire avec Sarah pendant un bout de temps maintenant. Elle se rendait compte qu'un élève gardait un secret et elle allait en parler à sa meilleure amie pour qu'elle l'aide à le découvrir. Ensuite, elles s'occupaient ensemble de retracer toute l'histoire et se se concertaient pour savoir si elle valait la peine d'être balancée à l'école toute entière ou s'il valait mieux la modifier un peu pour en faire quelque chose d'un peu plus intéressant. Elles s'étaient vite rendu compte que tout rumeur pouvait être agrémentée de plusieurs petits détails qui la rendaient nettement plus croustillante. Ce n'était même pas un mensonge, juste une façon d'enjoliver légèrement la réalité, il n'y avait rien de mal à ça. Enfin, si, peut-être un petit peu mais Scarlett s'en contrefichait, ce n'était pas comme si elle n'avait jamais entendu dire du mal d'elle dans les couloirs. Certaines filles gloussaient sur son passage en chuchotant assez fort pour qu'elle entende que son T-shirt la boudinait ou une autre remarque pas très agréable à entendre. La rouge et or tentait le plus possible de garder la tête haute mais ce n'était pas toujours facile. Elle préférait donc très largement rabaisser les autres avant d'être elle-même rabaissée, elle était la meilleure et voulait que tout le monde s'en souvienne.

« Dis Scarlett, tu crois que tu pourrait m’apprendre ? À coudre, je veux dire. »

La jeune fille sursauta violemment, surprise par une telle demande. Elle était sérieuse ? Elle voulait réellement qu'elles passent leur après-midi assises sur une pierre plate à apprendre les rudiments de couture ? C'était étrange, très étrange même mais la rouge et or n'avait pas grand-chose contre ça. Il était toujours aussi agréable pour elle de constater qu'une personne s'intéressait à ce qu'elle faisait vraiment et non pas à ce qu'elle était seulement en surface. Après tout, Scarlett avait bien conscience d'être une fille plus que superficielle, mais cette superficialité lui plaisait parce qu'elle la mettait en permanence hors d'atteinte. Bien sûr elle ne s'attendait pas du tout à ce qu'on comprenne ses choix ni à ce qu'on les accepte mais elle ne changerait pas d'avis pour autant. Maintenant, si Eleanor voulait réellement découvrir son jardin secret pourquoi la lui en priver ? Après tout, elle en savait déjà beaucoup trop sur les occupations de la rouge et or, ça ne pouvait pas franchement être pire que maintenant. Eleanor semblait être réellement intéressée en plus, ce n'était pas simplement une manière comme une autre de flatter on égo. Seulement, Scarlett n'avait jamais joué les professeurs de sa vie et s'en sentait bien incapable. Elle n'avait jamais écouté les siens et n'avait pas envie de jouer le rôle du vieux croulant un peu trop chiant qui passait sa vie à radoter pendant que les élèves tombaient de sommeil sur leurs tables. Malheureusement, savoir ce qu'elle voulait à tout prix éviter comme comportement ne l'aidait pas à savoir lequel elle devait adopter, bien au contraire. Pour la première fois de sa courte vie Scarlett devait réellement se creuser la tête pour trouver une solution potable, chose qu'elle n'était pas forcément sûre d'apprécier.

« Oh... Euh... Je ne sais pas comment on fait pour apprendre ça à quelqu'un. J'ai appris toute seule. »

Scarlett hésita avant de ressortir son nécessaire à couture de son sac. Si on lui avait dit qu'elle apprendrait un jour à coudre à une petite serdaigle, elle aurait probablement éclaté de rire, affirmant que c'était totalement insensé et qu'elle ne ferait jamais une chose pareille. Comme quoi, tout pouvait arriver.

« Ouais, c'est ma dernière année à Poudlard, mais non, les BUSEs ne sont pas si dures que ça, c'est seulement un moyen de faire peur aux élèves pour qu'ils travaillent plus. J'ai eu mes examens sans aucun problème. »

Au moins, Eleanor était rassurée. Scarlett avait peut-être raison, c’était probablement seulement un moyen de faire peur aux élèves pour qu’ils se poussent à fond dans leurs études. Mais même si ça rassurait la bleu et bronze, elle n’était pas prête à négliger ses études pour autant. Elle n’allait en aucun cas faire baisser ses notes. Ses notes passaient la plupart du temps avant tout. En fait, les BUSEs et les ASPICs comptaient plus que tout. Les autres examens comptaient moins. Si elle en échouait un de temps à autre, ce n’était pas grave, mais les examens finaux allaient probablement beaucoup compter pour son avenir de sorcière. Il fallait qu’elle se concentre absolument sur ceux-ci. Mais elle ne devait pas trop s’en faire, tout de même. Elle ne devait pas s’être retrouvée à Serdaigle pour aucune raison. Elle était intelligente, et studieuse, elle le savait très bien. En fait, elle était plus consciente de ses traits de caractère à cause du reste de sa famille. Sa mère et son père étaient très intelligents, tout comme ses frères et ses sœurs. Il serait étonnant qu’elle n’aille pas héritée de ce trait de caractère aussi. Elle n’aimerait pas être le mouton noir de la famille, ça ne serait pas très amusant. Mais si Scarlett disait qu’elle avait passé ses BUSEs sans problème, Eleanor allait lui faire confiance. Elle devrait devoir les passer sans problème, elle aussi.

« Ah oui ! Meredith, je la connais vaguement, en même temps, je connais tout le monde ici. Moi je suis venue avec Sarah ma meilleure amie, on voulait passer des vacances entre filles. »

Oui, bien sûr. La plupart des personnes qui étaient venues au camping était accompagnées d’au moins un ou une ami(e). C’était bien le but des vacances, non ? De passer du temps avec les gens qu’on aime. À quoi bon passer son été a simplement ne rien faire, avec sa famille ? Ne vous méprenez pas, ce n’est pas qu’Eleanor n’aimait pas sa famille, au contraire, elle l’adorait. Mais elle savait que si elle restait tout l’été avec ses parents, ils ne risqueraient pas de faire quelque chose de très intéressant. De toute façon, c’était comme ça, des parents, non ? Ça l’aimait faire des activités que les jeunes n’aimaient pas. Elle préférait de loin passer son été avec sa meilleure amie. Elle avait eu peur de s’ennuyer de ses frères, mais par chance ils avaient acceptés de passer l’été au camping. C’était sûr qu’ils n’allaient pas passer leurs vacances ensemble, ils avaient leurs amis respectifs, mais au moins, elle savait que si elle était seule, elle pouvait toujours aller avec eux. Et puisqu’elle connaissait un peu leurs amis, cela ne la mettrait pas dans une situation gênante.

La Gryffondor fut surprise lorsqu’Eleanor lui demande si elle pouvait lui apprendre à coudre. Et pourquoi donc ? Si on avait un talent, il fallait mieux le partager que de le laisser dans l’ombre. Mais bon, si elle était comme la Serdaigle, elle ne savait probablement pas comment lui montrer. En effet, Eleanor avait appris a dessiner et chanter toute seule, et si quelqu’un lui demandait de lui apprendre, elle ne saurait surement pas comment lui montrer. Mais bon, elle pouvait toujours essayer… Mais elle ne garantissait pas les résultats. S’il y avait une chose dans laquelle elle n’excellait pas, c’était probablement l’enseignement. Elle ne risquait pas de devenir professeur un jour.

« Oh... Euh... Je ne sais pas comment on fait pour apprendre ça à quelqu'un. J'ai appris toute seule. »

La bleu et bronze sentit que Scarlett hésitait. Pourquoi hésitait-elle ? En tout cas, Eleanor n’avait jamais entendu d’histoire à propos de son passe temps. Peut-être était-ce un talent caché… Hmmm, il semblait que la Gryffondor avait dit que c’était son jardin secret, quelque chose comme ça. Elle s’installa confortablement puis dit :

« Il me semble que je n’ai jamais entendue parler de ton talent. Quelqu’un d’autre le sait ? »

La jeune fille n'était pas sûre de vouloir passer tout le reste de l'après-midi assise sur son rocher en en compagnie de la serdaigle. Non p as que la conversation soit particulièrement désagréable, mais elle ne prenait pas une tournure rêvée. Qu'elle l'ait surpris en train de coudre passe encore même si Scarlett aurait préféré très largement garder ce genre de choses pour elle et Eleanor semblait être un peu trop accrochée à ce sujet de conversation à son goût. Mais de toute façon, elle ne pouvait pas faire grand-chose pour que ça change. Il lui était impossible de planter là la jeune fille qui semblait assez gentille finalement. Si elle avait fait partie des commères de l'école, elle aurait de toute façon été au courant, enfin, normalement. Donc, la serdaigle n'était qu'une gentille fille qui avait fait une promenade au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle ne pouvait pas tout simplement commettre un meurtre ? Le crime parfait devait bien exister, non ? Elle pouvait simuler une attaque par un ours et courir jusqu'au camping pour appeler à l'aide, elle aurait laissé sa camarade morte au milieu du champ et en plus de s'être débarrassée d'une potentielle rivale, elle passerait pour une héroïne, ayant essayé de sauver quelqu'un d'une terrible attaque au péril de sa vie. Pendant plusieurs semaines, elle devrait feindre le choc, elle aurait sans doute du mal à paraître crédible mais elle y parviendrait certainement avec un peu d'efforts. Dans le pire des cas, elle pourrait mettre Sarah dans la confidence, il y avait fort à parier que son amie serait une alliée fidèle dans cette supercherie et son aide ne serait certainement pas de trop pour l'aider à parvenir à ses fins. Enfin, le problème restait qu'il y avait toujours une chance de se faire prendre. Dans le cas contraire, elle aurait probablement déjà mis plusieurs de ses projets de meurtre à exécution. Heureusement pour elle, vouloir assassiner quelqu'un sans le faire ne faisait pas d'elle une criminelle, faute de pouvoir en commettre, elle allait pouvoir continuer à penser à ces meurtres sans que rien ni personne ne l'en empêche.

« Il me semble que je n’ai jamais entendue parler de ton talent. Quelqu’un d’autre le sait ? »

Encore une question sur son don évident pour la couture, n'en avait-elle pas marre à la fin ? Scarlett n'avait pas envie de continuer sur cette voie-la mais pas non plus d'envoyer méchamment balader la serdaigle qui risquait peut-être de se vexer et de se braquer. Si elle ne pouvait plus rien tirer de la jeune fille, la situation deviendrait sacrément problématique. Il fallait espérer qu'elle pourrait compter sur Isis une fois la rentrée arrivée, pour qu'elle puisse surveiller d'un peu plus près les agissements d'Eleanor. La vipère serait probablement partante, de toute façon, elle était obligée ou presque de faire ce que Scarlett lui demandait. Elle était son élève et n'avait pas encore reçu son diplôme, il était impensable qu'elle décide dès maintenant de voler de ses propres ailes et si elle se montrait un peu trop entreprenante, la rouge et or n'hésiterait pas lui faire comprendre que quoi qu'il puisse se passer dans son insignifiante petite vie, elle resterait toujours en-dessous du maître, ou en tout cas, tant que la rouge et or pourrait rester au château. Elle avait un peu de mal à croire que c'était sa dernière année de règne. L'école allait lui manquer, c'était certain, même si elle avait hâte de se lancer dans son nouveau projet et de découvrir si elle pouvait réellement continuer à être au-dessus de tout le monde, même en dehors de Poudlard. En théorie, elle n'en doutait pas. Elle allait simplement se retrouver dans quelque chose de différent, mais les personnes qu'elle fréquenterait seraient presque identiques, soit insignifiantes, affreusement banales et donc inintéressantes... Il n'y avait pas de raison pour que ça change. Dans tout Poudlard, elle n'avait pas réussi à rencontrer une deuxième Sarah, il y avait de fortes chances pour qu'elle n'en retrouver pas une à l'extérieur de l'école, mais comme la poufsouffle serait toujours avec elle quoi qu'il puisse se produire, elle n'avait pas du tout l'intention de remplacer sa meilleure amie, donc tout se passerait bien. Scarlett avait un peu de mal à s'en convaincre, pourtant. Il n'était pas forcément évident pour elle de devoir plonger vers l'inconnu, elle adorait sa vie telle qu'elle était et ne voulait surtout pas qu'elle soit modifiée. Fort heureusement pour elle, il y avait de fortes chances pour que tout reste comme d'habitude.

« Non, personne, je n'en parle pas du tout. A ce propos, si tu pouvais garde ça pour toi, je t'en serais vraiment très reconnaissante. Cette affaire n'a pas besoin d'être ébruitée. »

Vraiment très reconnaissante ? Était-ce réellement elle qui venait de dire ça ? En temps normal, elle aurait probablement fait comprendre d'une toute autre façon qu'ouvrir la bouche n'était pas la meilleure façon pour elle de réussir sa vide. Eleanor n'était qu'une mouche qu'elle pourrait écraser avec le petit doigt si jamais l'envie lui en prenait. Jusqu'ici, la rouge et or s'était montrée affreusement gentille, elle avait même accepté de lui donner un cours de couture alors qu'elle n'avait pas forcément envie d'en donner et était prête à se lier d'amitié avec la jeune serdaigle si c'était ce qu'elle voulait. Mais rien ne l'obligeait à être aussi niaise que ça, elle n'avait aucune envie de supplier Eleanor de l'épargner. Ce n'était absolument pas à elle de le faire, elle s'écartait du rôle qu'elle souhaitait tenir et n'aimait pas ça du tout. Il était toujours temps de faire marche à arrière. N'était-il pas simplement temps de tirer la sonnette d'alarme ? Scarlett était plutôt pour. La serdaigle devait comprendre à qui elle avait à faire. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, la rouge et or n'avait jamais été réellement méchante. Elle avait bien été un petit peu dure avec Erin qui était d'ailleurs aux abonnés absents depuis quelques temps. Bon, il fallait dire que la rouge et or ne l'avait pas vraiment cherché dans les couloirs, leur dernière conversation ne s'étant pas déroulée de la meilleure façon possible. Certes, Scarlett avait découvert qu'elle avait un véritable fan-club à l'intérieur du château, mais la vipère avait tenté de le dissimuler en lui envoyant de lourdes pics assez blessantes finalement. Mais la rouge et or s'en fichait à présent, ce n'était pas une stupide gamine qui allait parvenir à lui mettre un coup au moral, elle valait bien mieux que ça. Et puis, franchement à quatorze, dix-huit ou quarante ans, personne n'était assez bien pour pouvoir prétendre lui faire des reproches. Sa mère avait déjà essayé à plusieurs reprises et Scarlett se contentait en général de ricaner, lorsqu'elle ne mettait pas un terme à la conversation avec une réplique cinglante qui la laissait en général sans voix.

« De toute façon, si tu parles, ta vie deviendra un tel enfer que tu préféreras te jeter du haut de la tour d'astronomie plutôt que d'avoir à me croiser une seule fois au détour d'un couloir. » Lança-t-elle sur un ton nettement plus menaçant avant de reprendre son grand sourire. « Alors, tu la veux quand ta première leçon ? »

La jeune fille n'avait mis que quelques secondes à redevenir l'adorable jeune fille qu'elle voulait être en compagnie de la serdaigle, mais elle espérait très fortement que le message était tout de même bien passé.

«Ne t’inquiètes pas, je ne le dirai à personne, si tu insistes. Tu pourrais peut-être faire des commandes pour d’autres élèves par contre, sans dire que tu fabriques TES vêtements. Tu pourrais te faire un peu d’argent. Mais bon, je dis ça, je dis rien. »

Vendre ses vêtements dans l'école ? Mais bien sûr, et que deviendrait sa si précieuse popularité dans ce cas-là ? Elle en prendrait un sacré coup, il ne fallait pas être Einstein pour s'en rendre compte. Visiblement, les serdaigles n'étaient peut-être pas aussi intelligents que le voulait leur maison. Elle-même se trouvait bien plus futée que la plupart d'entre eux et pensait avoir largement sa place parmi les bleus et bronzes. Elle aimait les gryffondors, elle n'avait aucun problème avec ça, mais le Choixpeau avait dû s'embrouiller avec toutes les qualités qu'elle possédait et la mettre dans une maison au pif puisque de toute façon, elle possédait les atouts nécessaires pour rejoindre chacune d'entre elles. Alors passer du statut de reine du château à celui de simple vendeuse à la sauvette qui tentait lamentablement d'aider sa mère à éviter que la maison tombe en ruine ne lui convenait absolument pas. D'accord, elle avait vraiment besoin d'argent mais nul n'avait besoin de la savoir et encore moins Eleanor. Ce n'était pas que la jeune fille lui déplaisait, mais elle ne la connaissait pas, ne savait pas du tout si oui ou non elle pouvait avoir confiance en elle et n'était pas sûre d'avoir envie de lui déballer toute sa vie sur un plateau d'argent. Sarah avait mis six longues années avant de pouvoir en savoir un peu plus sur sa vie privée et là encore, elle avait du mal à se dire que toutes ces informations resteraient confidentielles aussi longtemps qu'elle resterait à Poudlard. Cependant, la rouge et or ne regrettait pas ce qu'elle avait pu dire ou faire ce soir-là, leur relation avait pris un nouveau tournant et ce n'était pas plus mal. Leur amitié commençait sérieusement à battre de l'aile et avant d'arriver au camping, elle ne savait même pas si la préfète ferait encore partie des personnes qu'elle côtoierait l'année suivante. Maintenant, leur futur semblait s'être un peu éclairci. Certes, leur relation n'était pas toujours rose, mais au moins, elles pouvaient être certaines que leur amitié reposait sur des bases solides et inébranlables. La jeune fille se voyait sans mal passer le reste de sa vie aux côtés de sa meilleure amie à défaut de trouver un garçon qui soit à sa hauteur. De toute façon, Scarlett n'avait jamais eu comme désir profond de fonder une famille, tant qu'elle restait bien entourée, ça lui suffisait très largement, il fallait juste qu'elle parvienne à conserver sa meilleure amie tant qu'elle le pouvait encore.

« Voyons, ne sois pas ridicule, je n'ai pas besoin d'argent. »

Voilà, là au moins c'était clair. S'il y avait une chose que Scarlett redoutait par dessus tout, c'était bien que la serdaigle se rende compte qu'elle ne roulait pas sur l'or comme elle essayait de le faire croire à la terre entière. Pourquoi était-elle obligée de viser si juste à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche ? La jeune fille avait pourtant pris toutes les précautions possibles. D'abord, elle n'avait jamais exposé ses créations aux yeux des autres, elle avait présenté son travail comme un loisir plus qu'autre chose et ne se souvenait pas avoir révélé qu'il lui arrivait de porter ce qu'elle avait fait de ses mains. Ça restait son petit plaisir, il n'était pas du tout nécessaire qu'elle s'adonne à cette activité si elle n'en avait pas envie. Enfin, pour la rouge et or, son nécessaire à couture avait quelque chose de vital, mais il était hors de question que la serdaigle l'apprenne. Une fois, elle avait même envisagé de se créer une couverture pour éviter se faire prendre par l'une ou l'autre des personnes qui occupaient son dortoir. Elle avait entendu parler de poupées de collections dont les vêtements étaient cousus mains. Certes, ce n'était pas ce qu'elle aurait pu avoir comme activité la plus glorieuse, mais si elle avait dit qu'elle cousait des mini-vêtements pour ces fameuses poupées pour faire plaisir, par exemple, à sa mère qui les collectionnait, ça passerait comme une lettre à la poste. Cependant, elle s'était vite rendu compte que son stratagème lui demandait un travail colossal à fournir en plus de celui qui l'attendait déjà. Scarlett avait donc laissé tomber l'idée aussi rapidement qu'elle lui était venue. Au pire, elle apprendrait un jour, à jeter correctement le sortilège d'amnésie qui lui serait bien plus utile que tous les plans foireux qu'elle pourrait inventer. Les cours ne l'avaient jamais beaucoup intéressée mais pour le coup, elle regrettait un peu de ne pas avoir été plus attentive. Au moins, ses professeurs la prendraient peut-être pour une élève assidue si elle allait leur demander la bouche en cœur si elle pouvait prendre des cours de rattrapages pendant l'année scolaire. Ils pourraient croire qu'elle cherchait à se préparer au mieux pour la réussite de ses ASPICs qui arriveraient bien trop vite au goût de tous les septièmes années. Elle n'était pas obligée de préciser qu'elle comptait faire usage de son apprentissage sur ses petits camarades, ça poserait un petit problème quant à la vision de petite fille modèle qu'elle essayait de leur faire intégrer tant bien que mal. Mais pour le moment, le problème ne se posait pas, elle était encore en vacances et comptait bien en profiter un maximum.

« Bah, c’est quand tu veux en fait ! Dès que tu as le temps. »

Ah ouf, elle ne l'obligeait pas à commencer dès aujourd'hui. Finalement, ça ne dérangeait pas tant que cela Scarlett de devoir lui donner une leçon. Après tout, ça lui donnait l'occasion d'étaler un peu son savoir aux yeux de quelqu'un d'autre et le fait qu'Eleanor soit une serdaigle de l'âge de sa sœur ne gâchait rien. Si Leanna avait pu être à ses côtés en ce moment, ça aurait été le pied. Elle aurait montré à cette petite intello ringarde qu'elle n'était pas la seule à montrer certaines aptitudes dans certains domaines. Ce n'était pas parce qu'elle ne passait pas sa vie à travailler à la bibliothèque qu'elle n'était pas douée pour quelque chose. Au final, sa petite demi-sœur avait peut-être un cerveau un petit peu plus développé que le sien, mais rien ne lui disait qu'elle finirait mieux sa vie qu'elle. Après tout, à quoi lui serviraient ses merveilleuses capacités ? Elle serait engagée au ministère de la magie, aurait certainement un poste très important là-bas qui lui demanderait de beaucoup s'investir et de prendre sur sa vie professionnelle et privée pour répondre aux attentes des clients énervés. Seulement, à cause de ça elle passerait sa vie à se surmener, finirait par détester tout ce qu'elle ferait et mettrait la clé sous la porte avant de se chercher un nouveau travail. Sauf que son âge avancé ne l'aiderait pas, elle pourrait alors vivre de ses anciens revenus tout en restant au chômage, elle accueillerait une retraite anticipée avec joie et finirait ses jours toute seule dans une immense villa. Scarlett trouvait ça quand même un peu triste que son intelligence l'emmène si bas. Elle, au moins, allait avoir une vie merveilleuse. La jeune fille n'en avait jamais réellement douté mais elle avait enfin l'impression que ses rêves allaient pouvoir se concrétiser sous ses yeux. Elle allait redevenir la fierté de sa famille, la petite princesse de sa mère et la fille rêvée de son père. Il était sans doute déjà sur la voie de la guérison et n'attendait que de pouvoir ouvrir les yeux pour s'extasier sur le beau papillon qu'était devenu sa jolie blondinette. Enfin, un beau papillon, elle l'avait toujours été, mais puisque ça ne semblait pas être évident pour tout le monde, elle allait se donner les moyens d'y parvenir. A croire qu'il fallait toujours qu'elle fasse tout toute seule. Fort heureusement, Scarlett savait qu'elle était une jeune fille débrouillarde et qu'elle était tout à fait capable de s'en sortir seule dans la vie, mais un peu soutien n'aurait vraiment pas été inutile.

« C’est pas obligé d’être aujourd’hui non plus. Dis, tu as l’heure ? Il doit être un peu tard dans l’après-midi, non ? »

Scarlett jeta un regard autour d'elle comme si elle espérait qu'une montre lui saute d'un seul coup dans les mains pour qu'elle puisse constater d'elle-même que la serdaigle disait vrai. Malheureusement, pendant les vacances elle avait tendance à vivre sans trop se préoccuper d'un quelconque timing, elle se repérait à la température et au soleil. L'ombre était le signe qu'il fallait qu'elle rentre sous la tente puisque de toute façon, elle ne pouvait plus bronzer, il ne lui servait donc pas à grand-chose de rester dehors. Qui plus était, les degrés s'en allaient très vite au fur et à mesure que la nuit tombait et la tenue vestimentaire adoptée par la rouge et or ne lui permettait pas de prolonger ses soirée au bord de la plage tant qu'elle n'était pas allée se changer. Les mini-shorts et les hauts de maillots de bains colorés, c'était très bien pour attirer le regard des garçons dans la journée, mais c'était un peu moins bien lorsque le soleil n'était plus au rendez-vous. Ils avaient d'ailleurs eu beaucoup de chance au niveau du temps cet été là. Il avait fait beau pendant tout l'été ce qui était souhaitable lorsque l'on envisageait de vivre dans une tente assez longtemps. La jeune fille serait rentrée rapidement chez elle si les orages étaient venus bousiller la bonne ambiance qui s'était instaurée au camping. Finalement, elle pouvait dire sans mentir qu'elle réussissait à passer d'assez agréables vacances. En même temps, toute option était bonne à prendre pour ne pas qu'elle ait à passer un mois chez son père et un mois chez sa mère. Il était absolument hors de question qu'elle adopte à nouveau ce mode de fonctionnement un jour. La petite fille adorable qui flattait son papa pour réussir à obtenir de l'argent pour les factures n'existait plus que dans les rêves de Stéphanie. Elle en avait marre de faire des efforts qui ne servaient jamais à rien et encore plus marre d'être prise pour le dindon de la farce en permanence. Si sa famille voulait la revoir venir vers elle un jour, ils allaient falloir qu'ils rampent à ses pieds. Laisser partir une jeune fille aussi merveilleuse qu'elle ne serait pourtant pas venue à l'idée de toute personne sensée. A croire qu'elle était le seul être humain normal parmi une bande de cinglées. Peut-être avait-elle même été adoptée finalement ? L'idée d'appartenir à une famille riche et sans aucun soucis l'avait souvent traversée. Après tout, un échange de bébés à la maternité était si vite arrivé. Ce serait une idée à creuser très prochainement.

« Oh, oui peut-être ! C'est fou comme le temps passe vite quand on s'amuse. Je n'ai rien de prévu personnellement, mais si le devoir t'appelle, tu peux y aller, je ne te retiens pas. »

Si elle pouvait la laisser vaquer à ses occupations, elle serait vraiment très gentille. Seulement, Scarlett ne voulait pas forcer la serdaigle à prendre le large. Rester à bavasser c'était bien, mais la rouge et or aurait aimé pouvoir finir ce qu'elle avait commencé. Sauf qu'avec tout l'intérêt que portait sa nouvelle amie à ce qu'elle faisait, elle n'osait pas s'y remettre de peur que celle-ci choisisse de rester pour l'observer. Le mieux était donc qu'elle s'en aille et le plus tôt serait le mieux.

« Voyons, ne sois pas ridicule, je n'ai pas besoin d'argent. »

Eleanor n’était pas sure de la croire mais elle n’allait pas répliquer. Elle ne l’avait probablement pas remarqué, mais la façon dont Scarlett avait dit sa dernière phrase sous-entendait qu’elle cachait quelque chose. Ou bien qu’elle voulait que la bleu et bronze la laisse tranquille. Pour une quelconque raison, la Serdaigle optait plutôt pour la deuxième option. C’était comprenable, en fait. Si Scarlett cachait bel et bien quelque chose à propos de son budget vestimentaire, elle éviterait toutes questions ayant rapport avec ce sujet. Eleanor devait être épuisante, à toujours poser des questions sur ses vêtements, proposer des idées… Il fallait vraiment qu’elle arrête de s’intéresser trop à la vie des gens qu’elle connaissait à peine. Si quelqu’un arrivait et lui demandait plein de choses sur des sujets qui la mettaient mal à l’aise, elle réagirait probablement mal. Il fallait donc qu’elle réfléchisse beaucoup plus avant de parler. Donc, si Scarlett avait dit qu’elle n’avait pas besoin d’argent, il fallait qu’elle la croie. Ou du moins, qu’elle est l’air de la croire. À ce qu’elle avait entendu, la Gryffondor était une fille quand même assez riche, qui avait l’argent nécessaire pour s’acheter tous les vêtements qu’elle voulait. Elle ne pouvait donc en aucun cas avoir répondu d’une autre façon à la bleu et bronze. Il fallait donc qu’elle pense à la réponse qu’elle allait donner. Un ton qui sous-entendait qu’elle ne la croyait pas ou on ton qui la faisait passer pour une petite fille gentille ? Sachant que la rouge et or ne l’appréciait surement pas beaucoup, il valait mieux opter pour la deuxième option. Eleanor était peut-être naïve, mais pas tant que ça. Elle se rendait bien compte que Scarlett voulait qu’elle s’en aille en quelque sorte, et qu’elle la laisse tranquille en ne lui posant plus de questions. Alors elle ne poserait plus de questions. Il n’était pas question que la Gryffondor profite d’elle. Bien sûr, elle ne dirait pas son secret. Mais si jamais elle en avait besoin, elle avait un moyen de faire chanter la rouge et or…

« Bien sûr, tu as assez d’argent. Je te crois. »

Sans le vouloir, Eleanor avait dit cette remarque sur un ton un peu sarcastique. Elle espérait secrètement que Scarlett n’allait pas le remarquer. D’habitude, la bleu et bronze n’utilisait pas beaucoup le sarcasme, mais la remarque s’était échappée sans qu’elle s’en rende compte. Elle n’avait pas l’habitude de parler en sarcasme, mais il lui arrivait d’avoir un humour plutôt sarcastique, ce qui énervait les autres au plus haut point. Parce que, selon la Serdaigle, pour comprendre une blague ou remarque sarcastique, il fallait avoir un humour sarcastique. Sinon, on prenait la remarque au sérieux. C’est pourquoi elle espérait vraiment que la rouge et or ne comprenait pas le sarcasme. Ou du moins qu’elle aille pris la remarque au sérieux. Peut-être qu’elle penserait qu’Eleanor croyait vraiment qu’elle croyait Scarlett. Ce qui était… Plus ou moins le cas.

« Oh, oui peut-être ! C'est fou comme le temps passe vite quand on s'amuse. Je n'ai rien de prévu personnellement, mais si le devoir t'appelle, tu peux y aller, je ne te retiens pas. »

Eleanor aimerait bien s’en aller, mais elle ne voulait pas passer pour une impolie. Elle prendrait cette opportunité avec joie. Il ne fallait pas que ça paraisse trop, par contre. Non, ce n’est pas qu’elle n’aimait pas Scarlett, loin de là. Mais elle avait bien l’impression que sa présence l’embêtait un peu. Un peu trop, même. Mais elle n’allait tout de même pas lui dire quelque chose du genre «est-ce que tu me dit ça seulement pour que je m’en aille ?». Non, la bleu et bronze était peut-être directe, mais pas à ce point là. Il y avait une différence entre être directe et dire ce que l’on pense et une mort assurée. Si elle disait réellement ce qu’elle pensait, elle savait que sa réputation serait finie. Scarlett pourrait très bien dire des choses à son sujet qui pouvait affecter son image. Oh, elle savait très bien que la Gryffondor ne savait pas grand chose à son sujet, mais ça ne lui empêcherait pas d’inventer des histoires sur elle. Eleanor savait qu’elle en était entièrement capable. Et elle ne voulait pas risquer de perdre tous ses amis, surtout cette année. Elle était déjà stressée pour ses BUSEs, elle ne voulait absolument pas se retrouver sans amis cette année. Surtout pas cette année.

« Ouais, bah en fait j’ai un peu peur du noir, et je n’ai pas vraiment le gout de marcher jusqu’au camping toute seule. » Elle afficha un sourire avant de reprendre parole. «Si tu comprends ce que je veux dire. Je ne risque pas d’être sereine en rentrant pendant la nuit, ou tard dans l’après-midi. On se revoit une autre fois, peut-être ? Tu me feras signe ! »

Après avoir dit ces mots, Eleanor tournait déjà les talons. Elle ne voulait pas gaspiller encore le temps de la Gryffondor. Mais elle réalisa vite que ce geste pouvait être pris comme de l’impolitesse, alors elle se retourna vers Scarlett et afficha son plus gros sourire, qui devait quand même avoir l’air forcé. Mais il fallait mieux qu’elle attende la réponse de son interlocutrice avant de rebrousser chemin. C’était la moindre des choses, quand même ! En tout cas, elle ne voulait pas obliger la rouge et or à vouloir passer du temps avec elle. Si elle voulait bien lui apprendre à coudre, elle lui dirait lorsqu’elles retourneraient à Poudlard. Elles pouvaient très bien revenir à la même place qu’aujourd’hui, non ? Elles n’auraient qu’à passer par Pré-au-Lard… En fait, elles devaient faire la même chose que lorsqu’elles étaient venues ici ce matin. Passer par les champs, le sentier et tout… Eleanor espérait vraiment que la Gryffondor lui donne le droit de partir. Elle n’aimait pas trop cette situation. Elle se sentait très mal à l’aise, car il était presque sûr que Scarlett voulait qu’elle s’en aille… Et vite.

« Bien sûr, tu as assez d’argent. Je te crois. »

Sa remarque ne semblait pas forcément très sincère, mais ça suffirait pour le moment. De toute façon, la serdaigle n'avait sans doute pas une mémoire remarquable. Dans à peine une heure ou deux, elle aurait totalement oublié le début de leur conversation et serait passé totalement à autre chose, oubliant jusqu'à l'existence de Scarlett. Enfin non, quand même pas, on ne pouvait pas oublier qu'on avait croisé la route de la plus sensationnelle des gryffondors, c'était vraiment ridicule. Toutefois, pour la première fois de sa vie, la jeune fille aurait vraiment beaucoup aimé être transparente. Au moins, elle n'aurait pas eu à craindre qu'Eleanor se rapproche trop près de son secret et finisse même par la dénoncer sans réellement avoir de remords. Bien sûr, elle serait là pour lui faire payer sa langue trop bien pendue, mais le mal aurait été fait. Elle serait discréditée aux yeux de l'école toute entière et toutes les pirouettes du monde ne suffiraient pas à y changer quelque chose. Rien que de se projeter dans cette sombre histoire lui donnait des sueurs froides. Bien sûr, la jeune fille imaginait quand même qu'elle pourrait s'en sortir facilement. Après tout, elle s'était montrée légèrement menaçante tout à l'heure et cette menace avait dû suffire à lui donner envie de se taire. Dans le doute, Scarlett aurait sans doute besoin d'élaborer des stratégies d'auto-défense avant la rentrée, mais ce n'était pas nécessaire pour le moment. Elle devait surtout s'arranger pour sonder la serdaigle et faire en sorte qu'elle n'aille pas crier sur tous les toits ce qu'elle avait fait de sa journée. Pour ce qui était de la rouge et or, elle n'avait aucunement l'intention de dissimuler sa rencontre avec la jeune Eleanor, elle n'avait aucun mal à s'imaginer raconter à Sarah qu'elle avait rencontré une serdaigle cette après-midi et qu'elles avaient fait connaissance en discutant une bonne partie de la journée. Si la préfète se montrait un peu curieuse, ce dont elle doutait très fortement, il lui suffirait de se montrer évasive et de rebondir sur la journée de la poufsouffle qui serait peut-être assez intéressante à raconter au point qu'elle en oublie totalement la banale conversation qu'elles venaient juste d'avoir. Finalement, tout se révélait être d'une simplicité désarmante. Heureusement qu'elle était assez intelligente et savait utiliser son cerveau pour se sortir de situations délicates, elle aurait eu bien du mal à imaginer comment allait se dérouler la suite des événements dans le cas contraire. Mais non, elle était toujours aussi fabuleuse et venait une fois de plus de se le prouver, dommage que personne n'ait assisté à toutes les brillantes déductions qu'elle venait de faire, n'importe qui en aurait été estomaqué.

« Super, ça m'aurait embêté que tu t'imagines des choses fausses à mon sujet. »

Noyer le poisson... Était-ce bien nécessaire ? Eleanor semblait être une jeune fille intelligente, capable d'intégrer les informations dès qu'elles étaient prononcées, mais dans le doute, Scarlett préférait en rajouter une couche, espérant que ça contribue à une assimilation plus rapide et plus efficace de ce qu'elle voulait lui transmettre. La rouge et or avait de bonnes méthodes, elle en était convaincue. Peut-être pourrait-elle même lancer une télé-réalité pourtant son nom à sa sortie de Poudlard. Elle pourrait dedans montrer comment il fallait s'y prendre pour réussir sa vie au quotidien aussi bien qu'elle. L'argent de l'émission lui permettrait très certainement de financer ses études si son père ne prenait pas cette initiative. La rouge et or savait déjà qu'elle ne pourrait pas trop compter sur sa mère à ce sujet. Celle-ci passait sa vie à être complètement fauchée et une fois sur deux, lorsqu'elle rentrait chez elle pour les vacances, elle réalisait que sa maman avait renoué avec le chômage et ne faisait absolument rien pour changer ça. Bien sûr, un petit boulot de serveuse ne suffirait pas à rembourser toutes les dettes et à s'occuper de la maison, mais c'était au moins ça de gagner. Scarlett savait bien que tout cela n'était pas forcément facile pour sa mère, mais à sa place, elle aurait au moins tenté de se battre un minimum ne serait-ce que pour conserver sa fierté. Mais non, Stéphanie trouvait visiblement que venir ramper aux genoux de son ex-mari pour commander un peu de sous était le mieux qu'elle pouvait faire pour contribuer à son bonheur. Elle était totalement pathétique et la rouge et or avait bien du mal à concevoir qu'elle puisse réussir à ne pas le remarquer. Pourtant, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure et Scarlett avait bien du mal à comprendre qu'elle puisse se voiler la face aussi facilement. Mais de toute façon, c'était une bataille qu'elle avait perdu depuis longtemps et elle n'avait plus d'autre choix que de laisser sa maman s'enfoncer dans son pathétisme pendant qu'elle-même cherchait une vraie solution pour s'en sortir. De toute façon, elle devait bien reconnaître que Stéphanie serait toujours un boulet qui serait un vrai frein à sa réussite et même si la gryffondor n'avait pas du tout envie de se débarrasser de sa mère, elle ne voulait pas non plus finir au fond du trou comme elle et c'était ce qui risquait de se passer si elle se montrait trop gentille et compatissante. Il n'y avait aucune raison pour qu'elle ne réussisse pas merveilleusement bien sa vie, elle en était persuadée, il restait juste à savoir la façon dont elle parviendrait à ses fins sans avoir le moindre centime sur son compte bancaire. Même en obtenant une bourse, elle allait avoir du mal à survivre une année sans même avoir assez d'argent de poche pour se nourrir voire un toit sur la tête. Mais bon, ce n'était heureusement pas encore à l'ordre du jour, elle avait le temps d'y réfléchir.

« Ouais, bah en fait j’ai un peu peur du noir, et je n’ai pas vraiment le goût de marcher jusqu’au camping toute seule. Si tu comprends ce que je veux dire. Je ne risque pas d’être sereine en rentrant pendant la nuit, ou tard dans l’après-midi. On se revoit une autre fois, peut-être ? Tu me feras signe ! »

C'était l'excuse la plus nulle qu'elle ait jamais entendu mais elle ne chercha cependant pas à retenir la petite fille. Elles semblaient avoir toutes les deux envie de prendre congé mais seule Eleanor avait eu le cran d'ouvrir la bouche pour annoncer son départ, alors aussi nul soit son prétexte, Scarlett avait plus envie de la féliciter qu'autre chose. Au moins, elles allaient pouvoir retourner vaquer à leurs occupations sans chercher à s'obliger à avoir une conversation dont elles ne voulaient visiblement ni l'une, ni l'autre. Bien sûr, si elle y avait été forcée, Scarlett aurait attrapé son nécessaire à couture et aurait expliqué très gentiment les bases à la petite fille, tout en priant pour que l'heure tourne assez vite et qu'elle n'ait pas à passer de longues heures en sa compagnie. C'était peut-être un peu méchant, mais la rouge et or trouvait la situation bizarre, comme si elle était en train de créer une fausse vraie amitié avec une fille qu'elle trouvait pourtant réellement gentille. Le problème restait que la gentillesse n'était pas du tout un critère de sélection pour choisir ses amies chez la gryffondor. Elle avait plutôt tendance à regarder d'abord leur réputation, puis leur compte en banque si toutefois elle arrivait à glaner quelques informations sur le sujet, elle s'intéressait ensuite à leur tenue vestimentaire puisqu'il était évident qu'il ne servait à rien d'avoir d'argent s'il n'était pas correctement dépensé et enfin elle se décidait à entamer une conversation qu'elle voulait la plus amicale possible. Jusqu'ici, elle avait plutôt bien réussi son coup. Sarah, qu'elle avait rencontrée dès sa première année était le type même de l'amie parfaite. D'accord, elle mettait des tenues un peu plus tape à l’œil qu'elle mais elle n'en avait pas moins beaucoup de style et du moment qu'elle faisait tourner quelques têtes, ça voulait bien dire que sa tenue était très réussie. Il y avait eu Isis et Sandrine dans un deuxième temps et les deux jeunes filles aussi méritaient de faire partie de ses amies même si dans leur cas, c'était un peu plus une relation un peu fausse et très surjouée. Elles avaient les mêmes goûts pour le shopping, les garçons et tout un tas de choses dans ce domaine, mais à côté de ça, elles ne partageaient rien mis à part les potins qu'elles prenaient plaisir à diffuser à l'intérieur du château. Eleanor ne rassemblait malheureusement aucun de ces critères. Elle n'avait pas l'air moche, mais elle n'avait pas non plus un style merveilleux, et puis, elle ne la connaissait pas avant aujourd'hui ce qui prouvait bien qu'elle ne cherchait pas à se forger une réputation quelconque au sein du château. C'était le genre de fille qui se faisait toute petite pour ne pas déranger et Scarlett n'avait rien à faire avec elle.

« Mais oui, bien sûr ! De toute façon, on est dans la même école, donc on va sûrement se croiser. Ça m'a fait très plaisir de te rencontrer. »

La rouge et or regarda sa nouvelle amie s'éloigner avec un grand sourire, agitant la main en guise d'au revoir. Ce fut seulement lorsque la serdaigle eut totalement disparu de son champ de vision qu'elle s'empressa de ressortir tout son nécessaire à couture, afin de poursuivre un travail qu'elle aurait déjà dû avoir terminé depuis le temps. Mais bon, elle devait bien, comme tout le monde, savoir faire face aux imprévus. Et avec un peu de chance, Sarah serait jalouse de la voir rentrer si tard, pensant certainement qu'elle avait passé la journée à s'amuser follement avec d'autres amis. Finalement, cette fin d'après-midi n'aurait pas pu être plus merveilleuse.