C’est trop long. Les jours sont trop longs. Pas de nouvelles, bonne nouvelle, c’est bien ça qu’on dit ? Bah non, c’est de la torture. On est tous groupés dans un dortoir pendant que les originaux sont fouillés de fond en comble. On pieute tous dans un même nid loin d’être douillet, pendant que nos amis blessés, voir inconscients, peinent à retrouver un état stable. Le pire c’est quand on est en cours. Y’a une ambiance de mort et leur absence est encore plus remarqué. Quand est-il vraiment d’eux ? La dernière fois que j’ai vu Hadley, je la portais comme un poids mort. Elle vomissait, elle saignait, elle faiblissait. J’ai vraiment cru qu’elle allait mourrir dans mes bras, vraiment cru que j’étais responsable. Je ne suis pas Spiderman, pour autant je me sentais comme un Peter Parker minable, surplombé par son trop de sentiments, incapable de sauver sa Gwen Stacy. J’étais trop occupé à m’inquiéter pour elle, que je ne suis pas retourné dans la salle aider les autres. Milo a été blessé en héro, ça je le sais, de même pour Artemisia. Je suis fier d’eux, et pourtant, je ne parviens pas à être fier de moi. Oui je joue les cons, souvent, à rêver l’incarnation d’un Captain America ou d’un Jedi, à vouloir vivre les évènements comme un héro de film ou de jeu vidéo. Mais bordel de nouille, une fois que t’es dedans, une fois que t’en es sorti, tu te sens complètement con. Surtout quand t’as pas été capable d’enchaîner deux sortilèges pour sauver ton fessier et celui des autres. Jeter des sorts en situation de panique ? Pas check du tout.

Je suis posé sur mon matelas depuis une heure au moins, 60 minutes que j’ai passé à lire mes cours et le peu de notes que je prends. Je me dis que, c’est ce que feraient Hadley et Lena en ce moment. Elles ne changeraient certainement pas leurs habitudes et s’accrocheraient à ce qu’elles font le mieux. Il n’y a rien que je face mieux que nourrir une amitié, sourire à la vie et user de mon sarcasme comme seule défense. Rien de tout ça n’est vraiment d’actualité, alors je me réfugie, au contraire, dans ce que je n’ai pas l’habitude de faire. Mais tu vois ce mal de crâne qui vient d’une traite, comme ça, alors que t’as rien demandé ? Comme une barre qui te fracasse le front juste parce que tu fais pas semblant de bosser et de réfléchir pour une fois ? Autant dire que je suis pas super concentré en prime, alors je me dis que je devrais mieux arrêter, filer papoter avec quelqu’un. Ironie du sort, tous les gens avec qui je veux parler en ce moment-même, sont foutu en quarantaine. Je m’apitoie pas sur mon sort hein, je joue pas non plus les caliméros. Mais vous avez déjà vu quelqu’un au top de sa forme chaque jour que la vie fait ? Bah on est tous un peu beaucoup en dessous de la moyenne en ce moment, c’est normal. Fermer mon bouquin d’un claquement distinct, sentir mes os craqués suite à l’affalement de mes fesses sur le matelas. Ouais, je l’ai senti passer ça ! Après c’est bien beau, je me lève, mais pour faire quoi ? C’est possible de se faire chier à ce point ? Même le roi du Hasbeen qu’est le hand spinner, je l’accepterais si ça peut m’occuper ! Bref, un dernier regard à Gandalf endormi dans sa cage, et je quitte la salle commune. D’ailleurs celui-là il se fou vraiment de moi. Il passe sa vie à causer, mais quand moi j’ai besoin de compagnie, il roupille. L’emplumé est plus malin que moi, j’vous jure.

Passer la porte de la salle commune, savoir que j’ai cours dans une heure, sentir mon bide s’affamer pour ne pas changer. Mes pas suivent ceux d’un Serpentard que je reconnais bien, Stolas, beau gosse fermé, simple connaissance, jamais longuement discuté avec, jamais vraiment dans la même bande. Mais je sais un peu comment il est, autrement dit, totalement différent de moi. Si je lui ai jamais causé, c’est justement parce que son côté anti social bouffe tout le reste. Ou alors il m’apprécie pas, ça peut jouer aussi. En tout cas, j’ai cours avec lui dans une heure justement. Je sais pas, je vois que lui dans ce couloir, et .. J’ai envie de discuter. Causer avec des gens que je connais pas, c’est une habitude, croyez moi. Mais là c’est quand même extrême comme situation. Il est trop fermé ce mec, et moi ça me fou comme un défi, un challenge à relever. Je suis curieux aussi, je l’ai toujours été. Alors j’accélère le pas, totalement inconscient, afin d’arriver à son niveau. Mini bouclettes brunes au vent dans le freinage, se permettre d’esquisser en coin et de laisser apparaître une petite fossette sur une joue. Pas de salutation banale, pas de débarquement commun, c’est pas mon genre. « Je m’ennui comme un rat mort, j’ai presque hâte d’être en cours là ! » Plein de sympathie, je ne cache quand même pas mon ennui et ma frustration. Cacher des sentiments, c’est pas trop mon truc. Et là, je me dis pas que je vais peut-être me prendre une pelle en pleine tronche ? C’est vrai quoi, qu’est ce qu’il en a à foutre de ma vie ? Qu’est-ce que je fou là surtout ? Approcher des mecs comme lui, c’est pas dans mes habitudes. Pourtant je suis là, à côté de lui, les mains dans des poches aussi grosses que celles que j’ai sous les yeux. Un peu plus et je lui lâchais un "Yo poto, tu fais quoi de beau ?" On essaie de se rattraper façon Ollie qui commence à trop causer ? Ouais, c’est pas drôle sinon. « Je sais pas où tu vas, mais je m'en fiche. Je peux t’accompagner ? Sauf si t'es parti pour mouler un cake, là je te laisse y aller seul ! » Mouler un cake ? Vider le conduit si vous voulez ? Bref, déplacé. N'empêche que le ton d'amusement faussement refoulé y était, et qu'il ne m'échappe jamais. Faut me buter quand je fais ça hein ! Non mais vraiment.. !

Je peux revenir en arrière ou il est trop tard pour sauver ma dignité ? Je ne m’attendais bien sûr par à sauter dans des bras grands ouverts. Mais la punchline du genre, je l’avais écarté. A la limite, le regard loin d’être avenant et joviale, il était prévisible. Sa réflexion me surprend un peu. C’est vraiment la preuve d’un esprit carrément limité. Parce qu’une personne n’est pas ton pote, tu ne devrais pas pouvoir tolérer sa présence ? Challenge définitivement accepté. Je ne suis ni vexé, ni ennuyé, ni énervé. Non, j’hausse simplement les épaules et les sourcils, lèvres tombantes, sans réponse face à sa question et aux miennes. Vous voulez que je lui réponde ce que le monde entier aurait répondu ? "Ah bah toi c’est pas l’amabilité qui te bouffe et gnagna j'ai pas de personnalité" Non merci. Je préfère économiser mon sarcasme à des fins plus cool, quit même à ne rien dire du tout. Ceci-dit, je me mets à l'aise quand même. « Ouais je t’avoue que je m’attendais effectivement à une bonne dose de sympathie. Mais j’me suis dis que j’étais plus à ça prêt. » Là par contre c'est du Calimero pour le coup. La différence entre lui et moi après notre réflexion ? Moi j'ai l'air sympa. Soyons honnête, je m’y attendais. Et pourtant, je suis là quand même. Personne n'est mort, ni humilié, ni en danger, ni en pleure, alors on peut dire qu'on s'en fou et que demain j'aurais oublié. Nan ? Je me vexe pas pour ça. Bon je fais le mec là, mais encore deux comme ça et je pars m'enterrer. Pour le coup, ça me pousse presque à surenchérir. La preuve est là, sans pression j'ai demandé à l’accompagner. Vous savez, dix ans d'amitié imaginaire ça créé des liens uniques, ça unie des peuples et ça permet de se comporter comme un crétin ! Notez l'ironie, notez comme je m'auto-fou de ma gueule après cet engagement vers lui.

Puis surprise, le Serpentard déclare me garder avec lui pour cette fois. J’ai juste l’impression d’être un animal de compagnie collant, un serviteur qui a besoin de la pitié de son maître pour recevoir une part d’humanité. Ça ne me tourne pas au pitoyable là, franchement ? Les gens hautains, voilà ce que moi je ne tolère pas comme présence. Une chance pour le vert et argent, la suite de ses propos me retient. Il veut qu'on mette un peu d’ambiance, et qu’en prime je commence ? A chaque fois, je parviens à trouver des gens toujours plus direct que moi. « Tu sais, je veux juste un peu de compagnie, je cherche pas un grand manitou ! » Calmer le pas, m’arrêter au milieu du couloir alors que je tourne ma tête vers lui, un sourcil haussé. Puis j'y pense.. est-ce que j’ai vraiment envie de faire le con là ? C’est pas vraiment ma période la plus drôle. J’aurais l’impression de profiter de l’absence de Milo. Alors je baisse la tête quelques instants, réfléchis. Je me sens seul, j’ai pas la forme, je suis inquiet constamment, alors si ce type peut m'apporter un peu de baume au cœur, je crois que je le prendrais. Je me laisse un petit temps rapide de réflexion, offrant finalement une réponse positive. « J’ai faim, ça te dit un tour en cuisine ? » Dis-je mesquinement avec une idée dans la tête. Si ça, ça ne lui parle pas, je m'avoue vaincu, mais seulement le temps d'une demi-seconde, le temps de trouver une nouvelle idée.

C’est vraiment cliché, et je trouve ça triste. La maison Serpentard n’abrite vraiment que des trouffions froids et méchants ? C’est dû à quoi ça ? Un Credo qui n’appartient qu’à eux ? Je vous jure, Serpentard c’est une vraie secte. C’est quoi leur but ultime, vaincre les templiers ? Rien n’est vrai, tout est permis ? Je vais l’appeler Ezio Auditore, combattant des Slytherin’s Creed. Sans déconner, c'est quoi le trip du Choixpeau ? Prendre tous les connards de l’école et les mettre ensemble ? Soit il veut monter une armée de serpents, soit il veut préserver les autres maisons, mais y’a forcément une explication. Allé plus sérieusement, je l’ai mérité. Je viens râler chez lui en sachant que ça ne serait pas du gâteau, et je m’étonne encore de son hospitalité ? Je l’ai sûrement enragé, plus qu’il ne l’était, et même si j’ai envie d’en placer une, je vais me contenter de me taire. Réveiller la bête c’est déjà dangereux, alors la provoquer en prime, c’est signer son arrêt de mort. Je n’ai pas peur de lui. Je ne fais juste pas partie de ceux qui cherchent le conflit. Mais je pouvais pas me refuser ce challenge !

Sentir le regard glacial de ce type, je vous cache pas que ça ne fait pas que du bien. Je me sens un peu con sur le coup, je vais pas vous mentir. Mais pour toutes les fois où je me suis humilié juste en étant moi-même, je pense que je peux survivre. Ça peut paraître gratuit venant de lui, et ça l’est carrément. Mais en même temps, un petit rigolo décoiffé qui vient jovialement taper la discute alors que t’as décidé d’être dark toute ta vie, je peux comprendre que ça t'énerve. Je voulais complètement venir perturber sa darkitude, c’est ça, vous avez tout compris ! Bref, j’ai donc préféré ne pas répondre et me contenter de réfléchir à sa proposition. Si j’ai envie de faire le con ? Non. Mais j’en ai besoin. Voilà des semaines que je vie sans eux, à enchaîner des cours que je n’ai même pas goût à suivre. A quoi bon apprendre des sortilèges si je les plante lorsque je pourrais sauver des vies ? Voilà un peu ma façon de penser ses derniers temps, c’est tout sauf vraiment positif. Alors je lui donne une réponse positive, alors je lui propose d’allé faire un tour en cuisine. Je disais avoir une idée derrière la tête, mais en vérité, c’est mon bide affamé qui a parlé. J’ai aucune idée de ce qu’on va faire ! Si je compte lui dire ? Je suis pas encore suicidaire. Ceci dit j’ai proposé un lieu interdit aux visites, alors y’a sûrement de quoi en être inspiré nan ? « Même si j’avais pas d’idée, j’en trouverais rapidement une ! La nourriture ça me motive plutôt bien généralement. » N’empêche, à nous écouter, aucun de nous deux ne souhaite réellement la compagnie de l’autre. Alors pourquoi s’embêter ? J’en sais rien, c’est bizarre mais, j’en ai besoin et envie. Je n’ai pas choisis le plus réceptif et pourtant, c’est lui que j’ai choisis, basta. Allez savoir.

Alors nous avançons vers le sous-sol, partis pour la cuisine. Alors je compte bien y chourer deux trois bricoles histoire de me remplir partiellement le bide, lieu bien connu pour être occupé par les elfes de maison, et uniquement les elfes de maison. Autant dire que notre venue ne sera donc pas la bienvenue, surtout en cette période de forte autorité. C’est presque suicidaire, en sachant que les Aurors rôdent. Attendez une minute, et si ce mec avait quelque chose à voir avec toutes ses histoires ? On ne sait plus à qui faire confiance de nos jours. Qui sait ce dont ce mec est capable ? Paranoïa ou méfiance justifiée ? Je me dis que je n’ai aucune envie de me prendre la tête aujourd’hui. Au pire, je sais me défendre. Enfin pas contre un serpent géant visiblement, mais contre un élève de ma classe je l’espère.
On ne se parle pas beaucoup pendant le trajet, et ce n’est pas plus gênant que ça. Je n’ai pas beaucoup la parlote en ce moment, et je réfléchis beaucoup au risque de vous surprendre. Mais je ne suis pas non plus un adepte des grands silences. « Faudrait rester prudent quand même. Avec les Aurors qui traînent et tout ce qu’il se passe en ce moment, j’aimerais mieux éviter de trop attirer l’attention sur nous tu vois, alors on y va molo quand même. » Je chuchote d'un geste de main en signe de calm down, alors que nos pas nous mènent enfin à la porte de la cuisine. Je ne me défile pas, loin de là, je le met juste en garde sur une chose qu’il sait sûrement déjà. En gros, faisons nous plaisir, mais n'abusons pas. Bon. Il avait dit que je devais commencer. Sauf que j'ai pas du tout d'idée, chose que je n'ai même pas démentie d'ailleurs. Je prends une inspiration, à l'aspiration d'inspiration. Me souvenir cette fois où je suis venu avec Lena, chatouiller la poire verte, voir apparaître la poignée de la porte, porte que j’ouvre d’une traite. Me tourner vers lui, en marche. « Bon, tu veux la manière douce ou la manière forte ? Soit on la joue espion de pacotille, soit je rentre comme chez ma mère et je fais diversion pendant que tu choure à manger. A moins que t'aies de meilleures idées ? » Je ne me montre pas désagréable contrairement à ce qu'on pourrait penser. Je partage mesquinement un plan, même s'il voulait me voir commencer. S'il veut me voir à l'oeuvre, il m'y verra, y'a pas de soucis ! Les idées me viennent sur le moment. Je passe mon temps à improviser, faut pas m'en vouloir. Je sais, je parle de ne pas trop attirer l'attention sur nous, mais la manière forte n'est pas si forte qu'elle en a l'air si ça peut vous rassurer. Il voulait de l’ambiance après tout. Restons dans le thème.

Son haussement d’épaule, y’a pas plus expressif comme "je m’en fou". Bien mon gars, au moins c’est clair. De toute façon, je crois que se faire chopper n'est pas la pire des chose qui puissent m'arriver en ce moment. J'ai échappé à la morsure d'un Serpent de mer géant pendant que je portais le poids mort d'un être chère. Je crois qu'on peut pas mieux faire. Honnêtement, ça pourrait presque être l’anecdote la plus drôle du mois. Parce que je sais que je vais m’amuser, peu importe ce que je décide de faire. Je ne rendrais pas mon préfet fier, mais il n’est pas là. Personne n’est vraiment là depuis des semaines. Alors je fais copain-copain avec un serpent adepte des regards noirs. Désespoir ou simple envie de dépaysement, la différence est mince. Je ne sais pas ce qu’il me prend, mais c’est bon à prendre.

Je lui propose deux manières d’entrée, mais au fond, je sais déjà laquelle je vais choisir. Ça sera la manière forte qui fait diversion. C’est l’option qui lui plaît, et je ne suis pas surpris. Après tout, dès le départ il est parti pour ne rien foutre. A mon tour d’hausser les épaules. « Choppes ce que tu peux ! » Il a sûrement un peu de place dans les poches et dans le sac pour faire ça vite nan ? Sans laisser de reste je rentre dans la cuisine, paré de mon côté, à faire ce que j’ai à faire. Tellement motivé, tellement prêt pour ma connerie, que j’ai plus confiance en moi qu’en Stolas pour le coup. Bref, une grande expiration, et je suis parti ! Mon but ? Balancer un tel ramassis de connerie paradoxales, que ça leur fera fumer du crâne. Après ça marche ou ça marche pas hein ...! J'ai pas la science infuse !

Rentrer dans la cuisine, tomber sur seulement quatre elfes présents à cette heure, quatre petits bonhommes à fond dans leurs tâches de rangement. Moi je viens les perturber sans crier gare, leur exposant ma voix sans aucune discrétion recherchée. « Bonjour bonjour ! » Dis-je en les saluant de la main, comme un bébé éléphant dans un magasin de porcelaine. Sauf que moi, je veux être remarqué, mais surtout, ne leur laisser aucun moment pour en placer une. « Excusez-moi de vous déranger mais je cherche un Elfe de maison et je me suis dis que vous pourriez peut-être m’aider ?! Alors, il est pas très grand, pas plus haut qu’un pékinois, pas plus petit qu'un pois chiche. Il travaillait pour ma famille à l’époque. Il me lisait plein d’histoires quand j’étais petit, comme "Tchoupi fait du poney", ou "Les Trois petits cochons". Bon d’accord, j’avoue, j’adorais la petite sirène, mais vous gardez ça pour vous d’accord ? » Enchaîner, c’est tout ce que je me donne pour mission de faire. Mais surtout, je me déplace dans la pièce de manière à éloigner leurs regards de la porte derrière laquelle se trouve Stolas. « Je vous ai dis qu’il était borgne ? Ouais, je lui avais crevé l’œil avec mon hochet alors que j’avais pas encore un seul poil sur le caillou ! Vous avez vu mes cheveux maintenant ? 10 milles queues de cochons plongées dans la boue, c'est infernale ! Vous avez de la chance que ça pousse pas chez vous ! Alors ça vous dit quelque chose ou pas ? » Je nous autorise une petit pause quand même, l'idée n'est pas de crever parce que j'aurais oublié de respirer hein. « Nan mais si je vous demande ça, c’est parce que j’ai appris qu’il était à Poudlard maintenant, et j’espère qu’on m’a pas fait de faux espoirs ! Je peux pas vous aider plus, le problème c'est que j'arrive même pas à me rappeler son nom ! Sûrement à cause de mon père qui était alcoolique. Cet ivrogne l'appelait tout le temps Jäger-serviteur ou Whisky Elfemann..alors comprenez que ça aide pas vraiment ! » Je suis pitoyable, mais ma carte de l'innocence et mon jeu semblent fonctionner. Ils me regardent, outrés, ne comprenant rien à ce que je raconte. De plus, big up à un père que je n'ai jamais connu et que j'invente au plaisir de le dénigrer. Alors oui, ça fonctionne, mais pour combien de temps ? Que je cause ou pas, ils vont sûrement pas tarder à me foutre dehors. Où il en est le serpent ? Il a pu se glisser derrière une table ? Je ne le cherche même pas du regard. Je ne cherche que leurs regards, ceux des elfes. L’un d’eux tourne d’ailleurs soudainement la tête, sûrement qu’il a senti quelque chose ou j’ignore quoi d’autre. Alors je m’empresse de m’approcher de lui, complètement fou. « Oh mais tu lui ressemble beaucoup toi ! Regardez, c’est son sosie mais avec deux globules ! Les mêmes oreilles, les mêmes bras, et quand tu fais la tronche comme maintenant, t'as les mêmes plies sur le front, c’est dingue ! » Oui, c’est un elfe quoi. Plus c’est gros, et plus ça se voit. Attirer l’attention de tout le monde, c’est détourner leur regard de ce que je ne veux pas qu’ils voient. J’aurais bien voulu me la jouer Mentalist, mais je suis pas Patrick Jane et les elfes de maison sont plus bien malins qu’on ne l’imagine. Mais j’ai au moins un avantage : Je sais comment faire pour ne pas m’arrêter de parler. En fait, c’est ma spécialité. Ma seconde spécialité ? L’imagination.

--------

1 - 3 - 5 : Bon, comme prévu ça fonctionne le temps d'un moment, mais comme je n’ai rien à foutre ici, l’un des elfes commence à me pousser vers la sortie. Je vais pas me défendre, je suis pas là pour leur faire du tort bien sûr ! Ceci-dit ça ne m’empêche pas de trouver quelque chose pendant que le temps m’est compté. Bingo ! J’ai ! Je me rétame. Ouais, tout simplement, je me rétame la tronche. Faire semblant de trébucher dans le processus, sortir sa plus belle grimace de douleur derrière les bouclettes brunes tombées devant le visage pendant la chute. La honte ne m’a jamais tué, et ça ne commencera pas aujourd’hui. Temps gagné, et attention rapporté. Mais pas pendant encore longtemps. T'façons on va pas voler la cuisine tout entière, il en est où ?

2 - 4 – 6 : Bon ok, ça a fonctionné au début, mais au final l’un des elfes tourne la tête vers Stolas. Un bruit échappé, ou un instinct de fou, qu'importe ce qui l'a alarmé. Il est grillé là nan ? A ton tour de trouver quelque chose mon pote. Quoique, je peux peut-être l’aider un peu ?

Si 2 - 4 - 6 :
1-3-5 : Je donne un coup de sac "accidentel" dans une casserole et celle-ci tombe, provoquant un petit raffut qui rapporte l’attention de l’elfe vers moi, même le temps de quelques secondes. « Ah la boulette ! » Petit visage innocent, trop facile lorsqu'on possède déjà le visage d'un ange.
2-4-6 : Non, j’ai rien, va falloir qu’il se démerde. Ça fait 1 elfe/4. J'espère qu'il a pu chopper quelques trucs déjà. On a pas besoin de la cuisine entière t'façons ! T'en es où serpent ?