Installé à mon bureau, je prends enfin le temps de remettre à jour mes notes dans les dossiers de certains élèves. Chose que je n’ai pas pu faire pendant de longues semaines. Depuis la rentrée de Septembre, j’oscille entre une activité intense et un calme relativement plat. Relativement, parce que même s’il ne se passe pas forcément un drame tous les jours, nous sommes dans une école, entre des petits bobos du quotidien et des débuts de grippes, angines, rhumes, etc, j’ai de quoi occuper mes journées. Mais il faut bien avouer que ce mercredi est assez tranquille et ce n’est pas pour me déplaire. Déjà parce que je peux souffler un peu et lever le pied et ensuite parce que même si la situation actuelle est assez préoccupante, il n’y a pas d’attaques chaque jour. Vous allez me dire, si c’était le cas, j’ose espérer que notre directeur fermerait l’école et renverrait tout le monde chez lui. Est-ce qu’on serait plus en sécurité chez nous ? Je l’ignore, j’imagine qu’on ne sera pas attaqué par une créature aquatique, ce qui est plutôt une bonne chose, maintenant serons nous à l’abri d’une attaque d’extrémistes ? Là est la question. Je termine de remplir le dernier dossier d’une de mes piles. Ce n’est malheureusement pas la dernière, j’ai encore un peu de boulot avant de pouvoir me dire que je suis enfin à jour. Mais au moins j’aurai la satisfaction de me dire que j’aurai avancé, ce qui n’est pas un mal. Je vérifie l’heure et me rends compte que je vais devoir faire une pause dans ma rédaction, je dois préparer la potion pour un élève de 2ème année qui a eu une bonne gastro. Il doit repasser bientôt pour sa dernière dose et s’il n’y a eu aucune récidive aujourd’hui, il pourra dormir dans son dortoir ce soir.

Je n’ai pas le temps de sortir de mon bureau qu’une tête brune y entre. Je savais que je faisais face à une des jumelles Caldwell, sauf qu’au premier coup d’oeil, j’étais incapable de savoir laquelle. Savannah ou Avalon ? Instinctivement, je laisse glisser mon regard vers son écusson et voit qu’il s’agit de celle qui est à Serpentard. « Bonjour Miss Caldwell ! Quelque chose de bizarre dis-tu ? Tu peux être plus précise ? » Demandais-je à la jeune fille d’un ton assez calme qui tranchait avec le sien, bien plus alerte. Tout en lui parlant je m’interrogeais sur son identité. J’essayais de me remémorer de la fois où j’ai tenté de venir en aide à Avalon qui était allongée au sol, en train de convulser. De quelle couleur était sa cravate ? … Bleue ! Oui, maintenant que j’y repensais, Avalon était celle qui était à Serdaigle, du coup sans nul doute que j’étais en face de la jeune Savannah. Pas facile tous les jours d’arriver à mettre un nom sur certains visages, surtout que je ne les avais pas en cours, du coup il fallait juste que je me fie aux nombres de fois où ils étaient venus me voir à l’infirmerie. Et dieu sait que j’en croisais des gamins tous les jours. Je connaissais pour la plupart leurs noms, mais il m’arrivait parfois d’être plus lent à la détente ou d’avoir des trous de mémoire. Je suis humain après tout. Mais le fait de savoir laquelle Caldwell était en face de moi ne m’avançait guère. Je savais que ce n’était pas celle qui avait eu une étrange crise de convulsion, je n’allais donc pas lui demander si ça lui avait repris. Mais est-ce qu’elle souffrait du même mal que sa soeur ? Si c’était le cas, il fallait potentiellement oublier la piste de l’empoisonnement pour se concentrer sur quelque chose de génétique plutôt.

Elle avait l’air assez agité et on comprenait assez pourquoi. Visiblement elle venait de vivre un black out. “Un immense blanc”, voilà comment elle me décrivait ce qui venait de lui arriver. Surpris par cette nouvelle, je l’observe aussi intrigué qu’inquiet, me demandant ce qui aurait pu être la cause de cet incident. J’ai mille et une questions à lui poser mais au vu de son agitation et de son état d’esprit actuel, je préfère rester silencieux et patient, afin de lui laisser le temps de remettre en place ses idées et de m’expliquer à son rythme la situation qu’elle traversait. Si elle venait à s’arrêter là, je prendrai le relai pour apprendre quelques informations supplémentaires, mais pour le moment je la laissais faire. Quand elle se rend compte qu’elle n’était pas très clair, je lui offre un sourire compatissant, afin de la rassurer. Oui, en effet, je ne comprends pas tout, mais ce n’est pas grave, qu’elle se rassure et se reprenne, nous avons tout notre temps. Visiblement, un grand pan de sa journée a été balayé d’un revers de main. Etrange. Je comprends aisément son trouble, cela doit être assez perturbant et effrayant de se rendre compte qu’on a un tel trou de mémoire dans sa journée, surtout avec les derniers événements. Sa remarque sur le fait qu’elle ne boit pas, ni ne se drogue me tire un sourire. Je n’en avais pas franchement douté en vrai. Peut-être que dans des circonstances différentes, j’aurai pu me poser la question, mais avec l’amnésie de Bonnie, ce n’est pas ce qui me vient tout de suite à l’esprit. Est-ce qu’un drame est survenu sans qu’on soit encore au courant ? Est-ce qu’un drame se prépare et mêle sans qu’elle ne le sache la jeune Caldwell ? « Suis-moi, tu vas plutôt d’installer vers les lits, tu seras plus confortablement installée que sur cette chaise et je pourrais t’ausculter. » Lui dis-je en l’accompagnant vers le lit le plus proche. Je la laissais s’installer « Bon, si je reprends ce que tu viens de me dire. Tu viens de te rendre compte qu’il te manque un grand pan de ta journée. Ton dernier souvenir remonte à ce matin et depuis, plus rien ? Qu’est-ce que tu faisais ou où étais-tu quand tu as repris tes esprits ? » Lui demandais-je.

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Je suis un professionnel et en tant que tel, je dois montrer l'exemple. J'ai appris, tout au long de ma carrière, à ne pas paniquer pour rien. Même si la situation est difficile ou urgente, il faut avoir des nerfs d'acier et démontrer un certain calme, ne serait-ce qu'en apparence. Les différentes situations auxquelles j'ai dû faire face m'atteignent, d'une façon ou d'une autre, mais je ne dois en aucun cas le démontrer. Il faut savoir garder la tête froide et les idées claires, histoire d'être le plus efficace possible. Ce n'est pas en paniquant que je pourrais réellement leur venir en aide. Alors quand j'ai vu débarquer la jeune Caldwell, je me suis demandé ce qu'il se passait encore. Son agitation était visible et on ne peut pas dire que je n'y étais pas sensible, mais si elle était venue me voir, c'était parce qu'elle avait confiance en mes compétences et qu'elle avait besoin d'aide. C'est donc ce que je vais essayer de faire, en tout cas dans la limite de mes moyens. Maintenant il me restait à comprendre de quoi il en retournait, parce que pour le moment tout n'était pas clair, malgré ses efforts apparents pour essayer d'être la plus transparente possible. Elle m'expliqua qu'elle venait d'émerger d'une longue absence, sans savoir le pourquoi du comment de cette absence. On ne peut nier qu'on était loin d'être dans un cas banal d'absence, en général on était plutôt sur une très courte absence, de quelques minutes, pas de la quasi totalité de la journée. Je serais assez tenté de mettre de côté une absence dû au stress, à la fatigue ou à un épisode traumatisant. Je ne me disais pas que c'était totalement impossible, mais la période en question était quand même assez longue, trop longue pour ce genre de choses. Je préférais donc partir sur d'autres possibilités, en me disant que si jamais je ne trouvais rien, je pourrais toujours revenir sur ce genre de causes. Je ne suis pas un grand expert du cerveau et j'ai beau être médico-mage, je n'ai pas la science infuse, alors j'espérais sincèrement pouvoir trouver la cause de son mal sans avoir besoin de passer par un expert pour nous orienter.

Installée sur le lit le plus proche, elle essaye de mettre à plat les souvenirs qu'elle a de cette journée. Plus précisément, elle tente de répondre aux questions que je lui pose. Je veux tout d'abord savoir où elle se trouvait en se réveillant et ce qu'elle avait l'air d'être en train de faire. Partons de ses derniers souvenirs et tentons de remonter aussi loin que possible. Je sais que c'est une situation difficile pour elle, mais il faut surtout qu'elle retrouve son calme et qu'elle prenne le temps de bien réfléchir à ce qu'il s'est passé aujourd'hui. Peut-être que de cette façon, nous trouverons le fin mot de cette histoire. Selon elle, elle se souvient d'une lettre. Elle ne se souvient pas de si elle devait en écrire une ou si elle en avait reçu une, mais elle sait qu'il était question de lettre. Je hochais la tête, silencieusement. Si elle a envoyé une lettre, on peut supposer qu'elle recevra la réponse tôt ou tard. Et vu qu'elle ne se souvient pas de l'avoir envoyé, elle ne s'attendra pas à la réponse. Du coup, j'imagine qu'en recevant la lettre, elle saura qu'elle a bien envoyé une lettre, elle saura à qui et cette personne pourra même la lui rendre pour qu'elle en prenne connaissance. Après si elle a reçu une lettre, elle doit être quelque part, peut-être qu'en cherchant bien, elle pourrait la retrouver. Une lettre ne disparaît pas comme ça ! « Bon... On peut supposer que si tu as écrit à quelqu'un et que tu as envoyé cette fameuse lettre, tu vas forcément recevoir une réponse de sa part, non ? Si tu penses au fond de toi que c'est une lettre en rapport avec tout ce qu'il se passe, a qui aurais-tu écrit ? J'imagine que ce n'est pas forcément un sujet que tu abordes avec n'importe qui, si ? Vers qui tu te tournes en général pour ce genre de choses ?» Essayons d'aller au plus simple. Est-ce qu'elle pense que sa lettre et ces histoires avec Poudlard sont liées ? Si oui, quelles sont les personnes à qui elle en parle d'habitude ? Peut-être qu'en faisant le tour de ces personnes, elle saura si elle a écrit à quelqu'un aujourd'hui ou non.

Je ne suis pas voyant, actuellement je ne peux pas faire grand chose pour elle en dehors d'essayer de débroussailler toute cette histoire avec elle pour tenter d'y voir plus clair. En parallèle, je peux faire un check-up pour voir si tout va bien au niveau de sa santé et tenter de voir ce qui aurait pu causer cette amnésie. Mais en sortant d'ici, elle n'aura pas des réponses à toutes ces questions. Mais au moins je l'aurai peut-être un peu rassuré et en avançant à deux, on arrivera peut-être à trouver le fin mot de cette histoire. Quand elle continue son histoire, elle me dit qu'elle se trouvait dans un couloir menant aux Tours. Pas franchement le chemin pour sa salle commune, on peut donc supposer qu'elle était sortie de sa salle commune pour aller quelque part. Etait-ce pour voir quelqu'un ? Pour prendre l'air dans l'une des tours du château ? Etait-ce pour un cours ? Beaucoup d'hypothèses, je vous l'accorde. Mais elle n'était pas seule, c'est plutôt une bonne chose. Finnbjörn ? Ca aurait été n'importe qui dans le château, je n'y aurai vu qu'une pure coïncidence, mais un des porteurs du badge rouge ? Vraiment ? Je sais que rien n'indique qu'ils sont vraiment derrière tout ça. Et même si c'était le cas, rien n'indique non plus jusqu'où ces gamins sont impliqués, mais un membre de la famille Sorensen, ça pue un peu non ? Quand un membre d'une famille tourne un peu mal, tu ne blâmes pas la famille, les erreurs de jugement, ça arrive. Mais là toute la fratrie est concernée par cette histoire, je pense qu'on ne peut pas juste parler de hasard. Il y a forcément une éducation derrière. Maintenant je ne veux absolument pas prétendre que ce jeune homme est absolument derrière son amnésie et qu'il faut l'arrêter sur le champ. Je trouve juste que le hasard est cocasse. Dois-je laisser filtrer mes doutes ? Je ne suis pas sûr que ce soit le moment. Cette pauvre gamine est perdue, je risque de l'influencer en parlant de mes doutes sur ce garçon et elle pourrait partir à la chasse aux sorcières. S'il est vraiment derrière tout ça, je la mettrais en danger involontairement. Et s'il n'y ait pour rien, c'est lui que je pourrais mettre en danger. Et même si je me méfie des membres de ce club de mauvais goût, je ne compte pas apporter la pierre pour les lyncher. « Il ne t'a rien dit du tout ? Vous étiez en train de discuter quand tu as repris tes esprits ? Tu te trouvais prêt de lui, comme si vous étiez en train d'avoir une conversation ou suffisamment loin pour que sa présence ne soit que le fruit du hasard ? » Elle avoue elle-même qu'elle ne l'a pas interrogé, difficile donc d'en savoir plus sur son implication, mais je trouve ça assez étrange. Je trouve ça bizarre qu'un gamin s'entraîne dans les couloirs pour un sortilège, alors que n'importe qui pourrait surgir et se le prendre en pleine face. Mais bon, si c'est un couloir où il y a peu de passage, j'imagine que ce n'est pas si rare que ça. Est-ce que je ne voudrais pas que mes rêves deviennent une réalité ? Je dois bien avouer que j'ai un peu peur de prendre en grippe ce gamin parce que ça m'arrangerais qu'il soit coupable. On aurait enfin une piste solide et un coupable tout désigné. Alors je n'ose avancer trop loin dans mes suppositions, même si au fond de moi, une petite voix me dit que ça reste quand même sacrément bizarre comme hasard.

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Peut-on dire qu’on avance ? J’aurai tendance à dire oui, mais peut-être uniquement pour me rassurer, je ne sais pas. Mais au moins on ne recule pas et je n’ai pas non plus la sensation de vraiment stagner. Pour moi, tant qu’on peut encore se poser des questions, c’est bon signe, c’est qu’il existe un chemin à suivre et des possibilités à la clé. Quand on se retrouvera face au mur, avec plus aucune question à se poser, ce sera le moment de faire le point et de peut-être, envisager de faire quelques pas en arrière, au cas où on aurait raté une information importante. On n’a pas beaucoup de matière sur laquelle travailler dans cette histoire, mais que ça ne nous empêche pas de chercher malgré tout. Il est question d’une lettre pour le moment. On ignore si c’est une lettre qu’elle a reçu ou alors qu’elle a envoyé. On ne sait pas non plus si elle l’a vraiment écrite cette lettre ou si elle n’en avait que l’envie, sans forcément prendre le temps de la rédiger. Allons pour le moment au plus simple avec les informations qu’elle m’apporte. Je prends un instant pour réfléchir à tout ça avant de reprendre la parole. « Bon... le plus simple sera d’envoyer un mot à toutes ces personnes pour savoir si elles ont reçu aujourd’hui une lettre de ta part. Et si oui, que cette personne te l’a renvoie. Je sais qu’ils vont trouver ça étrange, mais je ne vois pas d’autres solutions.» Libre à elle de leur expliquer pourquoi ou de garder le silence sur la question. Mais il est important de retrouver cette lettre, si elle a bien existé. « Il est important aussi que tu cherches dans tes affaires, au cas où ce serait toi qui aurait reçu une lettre.» Comme ça au moins on sera fixé sur cette lettre. Enfin, il faut l’espérer, parce que si elle avait l’intention d’écrire à quelqu’un, sans l’avoir fait, on se retrouvera dans une impasse.

Il lui a demandé si elle allait bien ? Bon, difficile de partir sur l’idée immédiate qu’il est coupable. N’importe qui, dans sa situation, lui aurait demandé si elle allait bien, surtout si elle donnait l’impression d’être totalement perdu et d’émerger soudainement d’un brouillard, encore à moitié groggy. C’est étonnant qu’il ne l’ait pas accompagné jusqu’à l’infirmerie, pour éviter le risque qu’elle se perde en route ou qu’elle s’évanouisse ou autre, mais j’imagine que c’est mes côtés infirmier et protecteur qui parlent. Il n’y a peut-être pas pensé ou alors trop surpris par la situation, il ne savait pas trop quoi faire. Après tout, on ne réagit pas de la même façon face à une situation étrange. Et puis j’ai cru comprendre qu’ils ne se connaissaient pas vraiment, en général tu te sens moins impliqué quand c’est une personne que tu ne connais pas que quand c’est un proche. « Je vois ! » En vrai je ne sais juste pas quoi lui répondre. Je n’étais pas présent quand c’est arrivé donc je vais avoir du mal à juger l’attitude du jeune homme. J’essaye de me montrer le plus objectif possible, pour ne pas l’influencer et pour ne pas le condamner, peut-être à tort, sans preuve. Mais ce n’est pas facile parce que la situation est vraiment étrange et qu’il est arrivé quelque chose à cette gamine, il faut juste déterminer : quoi ? quand ? à cause de qui ? et pourquoi ? Et on est loin de pouvoir obtenir facilement ce genre de réponses. Et puis on ne va pas se mentir, il ferait un coupable idéal, ce qui est encore plus dangereux parce que si moi je le pense, à mon avis je ne suis pas le seul et si ce gosse n’a rien fait, on pourrait gâcher sa vie pour toujours. Mais les propos de Savannah me rendirent perplexe. Trop proche ? Reculer ? Comment ça ? Comme s’il s'apprêtait à l’embrasser sans qu’elle s’y attende ? Ou alors qu’elle compter éviter une attaque sans l’avoir pu ? Après c’est peut-être qu’une impression ou que le fruit du hasard. Genre elle reprenait contact avec la réalité au moment où elle esquissait un geste, sans que ça ait un rapport avec lui. Et s’il s’inquiétait pour elle, peut-être voulait-il juste vérifier qu’elle allait bien … Etrange. « Trop proche ? C’est à dire ? Qu’est-ce qu’il faisait lui exactement ? Est-ce qu’il avait ses mains sur toi ? Est-ce qu’il avait sa baguette ? Est-ce que tu avais l’impression qu’il pouvait être aussi proche parce qu’il s’inquiétait pour toi ? Peut-être pensait-il que tu allais tomber ou quelque chose dans ce genre là ? » J’essayais de poser des questions larges et pas uniquement qui pouvait démontrer qu’il pouvait être coupable. Je voulais vraiment essayer de comprendre pourquoi ce garçon était là et ce qu’il faisait vraiment.

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