Les vacances et les fêtes de fin d’année approchaient à grand pas, pourtant l’ambiance ne paraissait pas tant propice aux réjouissances. Morgan se demandait parfois s’il pourrait passer une année à Poudlard sans s’inquiéter de la survenue événements malheureux. Il essayait pourtant de se convaincre que rien de grave n’arriverait cette fois-ci.

Pour l’heure, ce qui le soulageait le plus était l’idée qu’il pourrait bientôt profiter de journées calmes, sans subir la pression des cours. Calme n’était peut-être pas le terme exact, puisqu’il allait retrouver ses parents et que sa mère n’allait certainement pas le lâcher d’une semelle, mais au moins elle ne lui rajoutera pas des dizaines de devoirs à faire.
Parce que c’était surement ça le plus difficile durant leur année de BUSE, finalement : la quantité de travail phénoménale qui leur était demandé. Jusque-là, il ne s’était jamais spécialement plaint des devoirs à rendre, sauf dans les matières qu’il n’aimait pas, mais maintenant il commençait doucement à saturer.

La soirée était déjà bien avancée, pourtant le jeune garçon se trouvait encore installé à l’une des tables de la salle commune, un parchemin devant lui et une plume à la main. Il avait un devoir de soins aux créatures magiques à rédiger. Le dit devoir n’était à rendre qu’à la fin de la semaine, mais Morgan savait parfaitement qu’il lui faudrait au moins trois jours pour trouver la motivation de le terminer. La preuve en était son inspiration actuelle : plutôt que d’écrire à propos des Salamandres, il s’était passionné dans le fait de dessiner des cubes en continu. Maintenant qu’il avait commencé, il refusait de détourner les yeux de sa feuille tant qu’elle ne serait pas complètement recouverte de ces petits cubes réguliers. Pour une fois, ce n’était pas tant un TOC, mais plutôt une excuse pour ne pas avancer dans un devoir qui ne le passionnait pas des masses.

Au bout de ce qui lui sembla être une heure – et c’était surement le cas – il se décida à faire une pause dans son occupation très peu productive.
Il remarqua qu’Ariel n’était pas bien loin et commença à se dire qu’il l’avait délaissé pour la soirée. Même s’il savait qu’elle s’en offusquait rarement, il s’en voulait quand même de ne pas l’avoir remarqué plus tôt. Maintenant qu’il comprenait mieux la valeur de l’amitié, il essayait de prendre un minimum soin de ses amis. Et Ariel était indéniablement celle qui passait le plus de temps avec lui, et réciproquement.

« Tu rentres chez toi, pour les vacances ? »

Sa question lui parut stupide dès lors qu’il la prononça. La réponse paraissait déjà évidente : après tout, rare était les élèves qui restait durant les vacances de Noël. Il n’avait cependant pas trouvé mieux pour débuter la conversation.
Maintenant qu'il y pensait, il ne savait pas grand chose de la vie d'Ariel en dehors de Poudlard. Il savait qu'elle avait une sœur, bien sûr, mais à part ça il ne savait pas grand chose sur sa famille. En fait, ils ne se parlaient pas tellement d'eux-même. Même durant les périodes sombres, ils s'étaient soutenus sans réellement se dire ce qu'ils ressentaient.

« J'espère que les professeurs ne vont pas nous recouvrir de travail durant les fêtes. »

Morgan jeta un œil à son parchemin en parlant. Il détournait déjà le sujet qu'il avait entamé pour en revenir aux cours et aux devoirs.

En fait, Morgan fut un peu rassuré de remarquer qu’Ariel était penché sur un devoir, elle aussi, avant qu’il n’engage la conversation. Elle n’avait pas dû voir le temps passer, elle non plus. Ça ne le surprenait pas, ceci dit : les cours et les devoirs semblaient être les seuls choses pour lesquelles elle vivait, ces derniers temps.
A bien y songer, cela n’avait rien d’étonnant que les deux amis ne soient pas capables de partager grand-chose de leur vie personnelle, puisque finalement, ils ne profitaient pas eux-mêmes de cet aspect de leur vie.

D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Ariel avait toujours été une élève particulièrement studieuse ; pas étonnant que le choixpeau l’ai envoyé à Serdaigle. Pourtant, il la trouvait encore plus investie dans ses cours que d’habitude, ce qui n’était pas peu dire. Le brun supposait qu’elle devait être stressée, à la fois par les examens de fin d’année que par les lettres de menaces, alors se devait être sa façon de penser à autre chose. Il parvenait à comprendre ce sentiment puisque lui-même compensait, d’une certaine façon, pour ne pas penser à tout ça. La différence était peut-être que lui parvenait à s’occuper aussi avec de la lecture.

La réponse de l’adolescente était bel et bien celle à laquelle il s’attendait, évidemment. Malgré tout, elle lui donnait l’opportunité de continuer un peu la conversation, c’était déjà ça. Son amie ne faisait pas fi de sa maladresse, heureusement. Il faut dire qu’elle devait y être habituée depuis le temps.

« Je suppose qu’on va célébrer les fêtes, de la même façon que d’habitude. J’espère juste que ma mère ne va pas passer son temps derrière mon dos. »

Il se doutait que ses espoirs étaient vains, mais en réalité il était toujours heureux de retrouver ses parents, surtout après des mois sans les voir.
De plus, ils avaient toujours fait en sorte que les fêtes restent assez calmes, pour ne pas le perturber, alors généralement ils restaient juste tous les trois. Ses parents n’avaient pas beaucoup de famille proche de toute façon.

« Ça t’aiderai à te changer les idées, au moins, ajouta-t-il un peu soudainement, par rapport à son commentaire sur sa sœur qui l’emmènerait faire les magasins. »

C’était le but des vacances, après tout, de penser à d’autres choses.

Bien sûr, il avait vite détourné le sujet, mais encore une fois Ariel y était habituée. Cela le rassura de l’entendre dire à voix haute ce à quoi il pensait lui-même quelques minutes auparavant : le harcèlement constant des professeurs au sujet des BUSES. Il se sentait mieux avec un sujet qu’il contrôlait.
En tout cas, si lui pouvait deviner sans mal qu’elle était en train de travailler sur leur dernier cours de botanique, le sujet de son devoir à lui était bien moins évident. D’ailleurs, il ne sut pas vraiment quoi lui répondre sur l’instant, repensant à l’état actuel de son parchemin.

« Je voulais avancer sur notre devoir de soins aux créatures magiques, mais je suis pas très inspiré, comme tu peux le voir. »

Il lui montra ses dessins pour illustrer sa remarque, preuve que la soirée n’avait pas été studieuse pour eux deux.
Ce n’était pas si rare de le voir manquer de motivation face à un devoir. Il avait beau être considéré comme un bon élève, il se contentait d’exceller dans ses matières favorites et de garder des résultats moyens dans les autres. Simple question d’intérêt. Il était capable de faire des efforts, bien sûr, mais maintenir des notes correctes dans ce qu’il n’appréciait pas lui semblait déjà suffisant. Quand viendrait le moment de choisir les matières qu’il poursuivrait en ASPIC, il savait qu’il se contenterait de celles dans lesquels il obtenait les meilleurs résultats. En tout cas, Morgan souhaitait que ce soit aussi simple, mais les professeurs commençaient aussi à leur mettre la pression avec leur orientation : les dernières années à Poudlard approchaient et il était temps qu’ils songent à leur futur métier. Or, le jeune Johansson n’avait tout simplement aucune idée de ce qu’il voudrait faire plus tard.

« Je ne sais pas comment tu fais pour obtenir les meilleures notes dans toutes les matières. Il doit bien y en avoir qui ne te passionnent pas. »

Il y avait beaucoup de choses que Morgan ne comprenait pas du point de vu sociabilité, mais il comprenait encore moins que certaines personnes puissent prendre du plaisir à tourmenter et même à faire du mal aux autres. Entre les récentes lettres et les différentes rumeurs, il ne savait pas si les menaces étaient bien réelles ou si quelques plaisantins mais intentionnés cherchaient à semer la pagaille dans le château. Après tout, avec tous les événements des dernières années, il serait vraiment facile de semer le doute dans les esprits. Malheureusement, il avait du mal à croire que les auteurs des lettres restent éternellement sans rien faire. Certaines choses devaient déjà se tramer dans l'ombre ; restait à savoir quelles conséquences elles auront.

L'adolescent fut presque étonné d'entendre Ariel lui demander pourquoi sa mère serait sur son dos durant les vacances. Il en avait tellement l'habitude qu'il finissait par penser que c'était de notoriété publique. Surtout maintenant qu'elle l'obligeait à lui envoyer une lettre chaque semaine pour lui dire si tout allait bien. Ceci dit, il était vrai qu'ils n'avaient jamais spécialement parler de leurs familles respectives et cela valait aussi bien pour Ariel que pour lui.

« Disons qu'elle est un peu surprotectrice. Elle l'a toujours été, mais avec ce qu'il s'est passé les dernières années elle s'inquiète d'autant plus pour moi. »

Sa relation avec sa mère avait toujours été un peu compliqué, pour eux deux, si bien qu'il pouvait parfois paraître lassé ou légèrement agacé en parlant d'elle. Ce n'était pas qu'ils ne s'entendaient pas, mais plutôt qu'ils ne se comprenaient pas. Elle avait toujours eu du mal à accepter la différence de son enfant et s'était parfois montré un peu brusque pour essayer de le faire réagir, ce qui avait toujours eu des conséquences négatives plutôt que positives. De la même façon qu'elle avait souvent recherché les contacts physiques avec son fils, malgré les difficultés de ce dernier. Avec le temps, Morgan avait fini par s'apercevoir que c'était aussi difficile pour elle que pour lui, même s'il ne parvenait pas à comprendre la façon dont elle ressentait tout ça.
Finalement, au fil des années, ils avaient appris à faire chacun des efforts pour contenter l'autre et même si sa mère continuait à parfois être étouffante, l'adolescent ne pouvait pas réellement s'en plaindre.

Le brun savait qu'il était loin d'être un expert pour reconnaître les émotions – même les siennes. Pourtant, peut-être parce qu'il passait l'essentiel de son temps avec elle, il parvenait à remarquer quelques différences dans le comportement d’Ariel. S'il ne lui en avait pas parlé jusqu'à maintenant, c'était en parti parce qu'il avait toujours difficile à débuter une conversation bien sûr, mais aussi par crainte de la déranger avec ce sujet, surtout qu'elle semblait essayer de le cacher. Il ne savait pas trop à quelle réaction s'attendre, mais il fut assez surpris qu'elle lui demande si lui n'était pas inquiet par le message sur le mur ou par la créature dont tout le monde parlait.

« Je ne sais pas vraiment. Tu sais… c'est un peu comme si je vivais dans un autre monde. »

Il ne savait pas vraiment comment expliquer ça. Quand il était enfant, il ne s'en rendait pas vraiment compte, puisque c'est à peine s'il se rendait compte qu'il existait d'autres personnes autour de lui, avec leur propre réalité. Plus il grandissait et découvrait les autres, plus il comprenait à quel point il ne se trouvait pas sur le même plan qu’eux, comme s'il était imperméable à ce qu'il se passait autour de lui. Bien sûr, il parvenait de plus en plus à s'ancrer dans cette réalité, mais il avait toujours des moments où il se sentait en complet décalage.

« Mais j'ai l'impression que de nouvelles choses se trament, alors je suppose que ça m'inquiète assez. »

Le résultat actuel de son devoir de soins aux créatures magiques était sûrement assez inquiétant aussi, même s'il eut le mérite d’amuser son amie. Effectivement, ce n'était pas très représentatif des salamandres sur lesquelles portaient le devoir qu'ils devaient rendre. Ariel, au contraire, avait l'air d'avoir plutôt bien avancé sur ce qu'elle faisait et ça n’étonna pas vraiment Morgan qu'elle lui propose son aide. Elle avait toujours aimé aider les autres et son ami devait avouer qu'il aurait sûrement de bien moins bons résultats dans cette matière si elle n'était pas là pour le soutenir de temps en temps.

« J'avoue que je ne sais vraiment pas par où commencer. Je crois que je n'ai même pas vraiment suivi le cours, soupira-t-il. »

Ce n'était pas si rare qu'il déconnecte durant les cours, mais il était plus ou moins capable d'assumer ensuite, selon les matières.

La blonde voulait devenir médicomage, c'est vrai. Ça expliquait aussi sa volonté d'obtenir des bons résultats. Il ne connaissait pas les exigences exactes, mais il savait qu'il fallait de très bonnes notes aux examens pour espérer être admis aux études menant à ce métier.
C'était une bonne chose, à leur stade, de savoir quoi faire plus tard. C'est durant cette année que les professeurs commençaient à les questionner sur ce qu'il souhaitaient faire. De son côté, il était toujours incapable d'y répondre.

« Je suis surtout motiver par les matières qui m'intéresse. Je n'ai pas vraiment d'idée de ce que j'aimerais faire après l'école. »

À vrai dire, il ne savait même pas encore s'il saurait s'adapter à un autre endroit qu'à Poudlard.

Même s’il avait engager la conversation, Morgan était un peu étonné de voir la direction qu’elle prenait. Malgré les années, Ariel et lui n’avaient jamais abordés ces sujets et c’était une grande avancé que de penser que c’était lui qui avait commencé à en parler. Malgré tout, c’était assez représentatif de leur relation, puisqu’elle le laissait finalement faire avancer les choses à son propre rythme. A bien y réfléchir, c’était surtout représentatif d’à quel point Ariel avait pu cerner le fonctionnement de son ami. Ce dernier parvenait plus facilement à s’ouvrir si on lui en laissait le temps, plutôt qu’en le poussant à parler davantage.

D’après ce que lui disait l’adolescente, il n’était pas le seul dont les parents avaient du mal à le laisser revenir à l’école, mais comme elle l’avait fait remarquer c’était assez compréhensif après ce qui avait pu s’y passer. Après les décès et les nombreux blessés qu’il y avait eu, n’importe quel parent pouvait craindre qu’il arrive la même chose à leurs enfants, même Morgan parvenait à comprendre cette idée. C’est bien pour cela qu’il avait accepté d’envoyer régulièrement de ses nouvelles à sa mère pour qu’elle sache que tout allait bien pour lui.

« C’est déjà ce que je fais. Elle refusait de me laisser revenir cette année, à moins de lui envoyer des lettres toutes les semaines pour lui prouver que je vais bien, soupira-t-il. »

Ça l’embêtait quand même un peu, mais c’était avant tout parce qu’il n’avait pas l’habitude d’envoyer aussi souvent des messages. Surtout qu’il ne savait jamais quoi y écrire. Il n’avait jamais été bien bavard, même quand il rentrait chez lui après plusieurs mois sans voir ses parents. Donc réussir à leur envoyer un mot toutes les semaines relevaient parfois de l’exploit.
Ceci dit, la crainte des dangers à Poudlard n’était pas la base des problèmes entre lui et sa mère. Elle s’était montrée un peu trop envahissante et protectrice depuis sa plus petite enfance.

« Elle a toujours eu un peu de mal à accepter ma différence, alors elle a toujours été un peu… exigeante. »

Il ne savait pas s’il s’agissait réellement du bon terme, mais c’est celui qui lui semblait le mieux convenir. Après tout, elle avait longtemps essayé de faire de lui un enfant un peu plus « normal ».

La conversation prenait un ton bien plus sérieux maintenant qu’ils abordaient la possibilité que de nouveaux événements arrivent dans l’école. La voix d’Ariel se fit d’ailleurs plus basse au fur et à mesure qu’elle parlait. Le brun n’était pas vraiment étonné d’apprendre que certains élèves pensaient que tout était terminé, maintenant qu’il ne se passait plus rien. En fait, il se demandait même si ces personnes n’essayaient pas de s’en convaincre pour ne plus avoir à s’en inquiéter, puisque lui-même préférait parfois penser qu’il n’arriverait rien de grave cette année. Cependant, il y avait eu trop de choses non résolues, telle que la créature, pour réellement espérer être à l’abri.

« Je connais un peu Bonnie, oui, mais je ne savais pas qu’il lui était arrivé quelque chose. J’espère qu’elle va bien, dit-il d’une voix basse aussi. Je pense qu’il y a eu trop de choses assez étranges depuis le début de l’année pour que rien ne se trame. Sauf que cette fois-ci, c’est bien plus discret que ce à quoi nous avons eu droit jusqu’à maintenant. »

Et c’était mauvais signe, vraiment. Un danger frontal est bien plus facile à esquiver que ce qui se faufile sans bruit.
En fait, sa remarque était assez inquiétante pour lui, d’une certaine façon. Il ne surement serait pas le plus facile à manipuler, puisqu’il n’était déjà pas facile à approcher. Par contre, il n’était pas très doué pour remarquer les petits détails pouvant l’alerter d’un danger potentiel. Enfin, il était peut-être plus à l’abri que les personnes pensant que le danger n’existait plus.

Outre ces sujets bien sérieux, il y avait une chose qui l’était beaucoup moins : son devoir. On y revenait. Le garçon tenta de se souvenir du cours quand Ariel s’étonna qu’il n’en ait pas retenu grand-chose. Malheureusement, il suffisait parfois de bien peu de chose pour que Morgan sombre dans ses pensées et qu’il soit incapable d’en sortir, malgré les stimulations externes. Il se souvient du feu, tout de même. C’est justement lui qui l’a hypnotisé au point de ne plus remarquer le reste.

« Je sais que je les ai vu, mais je n’ai pas vraiment fait attention. »

Depuis le temps, il avait compris que les soins aux créatures magiques était une matière qui tenait à cœur à son amie. Il la voyait toujours assez passionné durant les cours et cela se ressentait aussi quand elle rédigeait ses devoirs. Lui n’avait jamais eu cette passion pour les animaux, qu’ils soient magiques ou non, alors il ne pouvait pas vraiment comprendre.

D’ailleurs, il avait un peu de mal à déterminer une matière qui lui soit vraiment favorite. Il en aimait plusieurs et avait des facilités dans certaines, mais il n’arrivait pas vraiment à en choisir une parmi les autres. Il savait un peu ce qui le passionnait, mais sans jamais réussir à trouver ce qu’il pourrait en faire plus tard.

« J’aime bien découvrir comment fonctionne notre corps et l’influence que peuvent avoir certains stimulus externes. C’est ce qui m’intéresse souvent dans les cours de potions et de botanique, quand on découvre les effets que peuvent avoir certaines plantes ou potions. »

Il s’était toujours passionné de ce genre de chose et c’est bien la raison pour laquelle il avait eu une certaine fascination pour la dissection à une époque. Découvrir par lui-même ce qui composait un corps – quel qu’il soit – et essayer de comprendre le fonctionnement des muscles, l’utilité des tendons, le rôle des organes. La science était déjà un univers complexe et intrigant, mais la magie offrait encore plus de possibilités sur les interactions avec les fonctions du corps.

Il n’y avait pas de solution miracle contre l’inquiétude des parents, tout comme il n’y en avait pas pour l’inquiétude des élèves eux-mêmes.
Poudlard avait été un lieu sécuritaire, à une époque, mais celle-ci était révolue depuis plusieurs années déjà. Ce n’était surement pas maintenant que l’école redeviendrait le lieu convivial et apaisant qu’elle avait été par ce temps. Morgan n’avait pas beaucoup connu cette période, finalement, malgré tout l’endroit était comme une deuxième maison. Le fait d’y vivre la plupart de l’année y aidait surement.

La proposition d’Ariel le fait sourire. Il l’imagine pendant un instant prenant son rôle de garde du corps au sérieux. Bien que ce soit principalement une plaisanterie, l’adolescent songe que sa mère pourrait être rassurée rien qu’en sachant qu’il est en bonne compagnie. Son absence d’ami, durant son enfance, avait toujours été source d’inquiétude pour elle.

« Ne t’embarque pas là-dedans, elle pourrait te faire tout un discours sur comment t’occuper de moi, plaisanta-t-il à son tour. On a déjà fait le plus long de notre scolarité. Les périodes les plus dangereuses aussi. Le reste va vite passer. »

En réalité, les premières années lui semblent s’être déjà si vite écoulées. Il y avait eu des périodes particulièrement longues, avec Blackman et l’ambiance sombre qui s’était installée. Néanmoins, tout ça lui parait à la fois récent et étrangement lointain. Et finalement, c’est surement tout ces événements qui ont fait passer si vite le temps et qui font que vous êtes étonné de vous trouver déjà si proche des BUSES.

« Si on a survécu à tout ça, alors les examens ne devraient pas être un souci. »

Il hausse les épaules, avec le ton de l’évidence. Ce n’en est pas réellement une, parce que l’inquiétude et les nombreux imprévus pourraient facilement venir entacher leurs facultés à apprendre et à gérer durant les épreuves.
En espérant que les professeurs fassent preuve d’une certaine indulgence et prennent en compte ces éléments.


C’est un peu étrange de discuter de toutes ces choses avec Ariel. Inhabituel, plutôt. Ils n’en avaient jamais vraiment parlé jusqu’à maintenant. De ses parents. Des ses différences. Elle lui explique que ce n’est pas une mauvaise chose et qu’il n’est pas si anormal. Tout le monde est différent, c’est une certitude, mais Morgan a pris l’habitude de s’entendre dire qu’il l’est plus que les autres.

« Je le suis peut-être moins, maintenant. »

Il se rend bien compte qu’il est parvenu à se sociabiliser davantage durant les dernières années. Sortir de sa propre tête et s’intéresser un peu plus à ce qui l’entoure. Et c’est principalement grâce à des personnes comme Ariel, qui se sont montré patientes avec lui et qui lui ont donné envie de s’y intéresser.


Il écoute avec attention pendant que son amie lui explique ce qu’il s’est passé avec Bonnie. Il doit surement être un des derniers au courant, pour ne pas changer de d’habitude. Morgan loupait nombre d’information, au final. Alors pour une fois qu’il était réellement attentif, c’était la bonne occasion d’apprendre ce qu’il avait loupé. Surtout que l’histoire était assez étrange, en effet. Même s’il n’était pas particulièrement proche de Bonnie, il se trouvait désolé de ce qui lui était arrivé.

« Le plus étrange, c'est qu'elle n'en ait pas souvenir... Les responsables ont du utiliser des procédés vraiment particuliers pour y parvenir. Surement quelque chose d'interdit, d'ailleurs... »

La ou les personnes qui agissent dans l’ombre sont loin d’être de simples plaisantins, c'est une certitude. Il est encore difficile de dire quel est le but exact, par contre. Où ils s’arrêteront aussi, si tant est qu’ils finissent par cesser leurs actes. C’est loin d’être rassurant, malheureusement.


Loin de toute ces préoccupations, les sourires reprennent pendant que les deux étudiants s’intéressent au sujet des Salamandres. Ariel propose de remettre le devoir au lendemain et c’est avec un certain soulagement que Morgan accepte d’un hochement de tête. Ce n’est surement pas à ce rythme qu’il parviendra à terminer ce maudit devoir, mais il sait que son amie saura lui rappeler sa proposition et qu’elle le motivera à y mettre fin.
Heureusement qu’elle est là.

« C’est vrai que le domaine médical m’intéresserait assez. Mais je suis surement moins fait pour les soins que toi. »

Il ne doute pas qu’Ariel serait très douée pour prendre en charge des patients, avec sa douceur et sa patience. Lui s’épanouirait surement mieux dans les recherches et la conception de remèdes. C’était une idée à creuser, dans tous les cas.