« Certains affirmeront que je vis dans le passé, je vous dirais que je ne renie simplement pas d'où je viens. »

C'est la première fois en vingt ans ans que je dois m'installer de ce côté d'un bureau de cabinet de psychologie. Je ne me sens pas spécialement à l'aise à l'idée de me faire aider par un collègue. L'institut local d'éducation magique m'a imposé des séances tout le long de l'année à cause du cadre « fragile » que présentait Poudlard après les fameux événements de 2022. Je commence à trifouiller les boutons de ma chemise, laissant l'anxiété m'emporter dans ce genre de manières. La porte s'ouvre dans un grincement peu agréable pour mes oreilles et une grande femme s'avance devant moi avant de s'installer dans son fauteuil. Je n'ose pas prendre la parole.

- Bonjour, monsieur van Mastroëm. Je suis psychiatre, travaillant sous la tutelle du ministère britannique de la magie. J'imagine que vous savez pourquoi vous êtes là ?

- Bonjour. Toujours aussi anxieux, je finis par faire tomber le bouton sur lequel je passais mes nerfs. Je suis au courant. Vous voulez vérifier que je sois stable pour pouvoir m'occuper d'élèves ayant subi des traumatismes importants.

- Je ne formulerais pas les choses de cette façon, mais en soit, vous avez raison. Est-ce que vous pouvez me parler de votre parcours ?

- Bien.. Je suis l'unique fils de deux sorciers d'une lignée de sang-mêlés dont le seuil de vie était plus qu'acceptable pour l'époque. J'étais loin d'être un des chérubins les plus démunis. Nous vivions dans une petite maisonnette en bordure de la grande cité économique de Rotterdam, il y avait tout ce qu'il fallait aux alentours pour m'épanouir. Pour moi, même si l'école moldu a été difficile les premières années, principalement parce que je n'aimais pas vraiment cette fâcheuse tendance que ce lieu m'imposait de rester enfermé entre des murs d'une prison à ciel ouvert, je me sentais à ma place parmi les autres.

Elle me regarde pendant quelques instants avant de noter des mots illisibles, du moins, d'ici, sur sa feuille. Je n'aime jamais quand on prend le temps de noter ce que je dis. Elle prend la parole à nouveau tandis que je reprends une pause dans mon récit.

- Vous aviez des difficultés à vous socialiser ?

- Non. Au contraire, j'arrivais à m'intégrer avec aisance parmi les autres. Bien sûr, comme tout petit garçon entre cinq et neuf ans, il m'arrivait parfois de me faire punir, ou de me battre avec un de mes camarades pour une histoire de billes, mais rien de grandement marquant à mes yeux. J'ai appris l'existence de la magie assez.. Simplement. Mes deux parents étaient des sorciers, alors j'ai pu facilement avoir toutes les réponses aux questions que je me posais à cet âge.

- Je vois, je vois. J'ai cru comprendre que vous étiez à Beauxbâtons lors de votre jeunesse ?

- Beauxbâtons ? Je n'ai pas grand chose à raconter sur ces années. J'ai privilégié le fait de m'en sortir plutôt que d'essayer de parler aux autres. Je m'en suis avec des excellentes notes tout le long de mon séjour en France notamment à mes BUSE, malgré quelques difficultés dans les cours de Potions, vers mes dernières années là-bas. J'ai fini ma septième année avec des notes vacillant entre l'optimal et l'acceptable.

- Vous étiez un des meilleurs élèves en étude des moldus, d'après les retours de vos anciens professeurs. C'est cette matière qui vous a poussé à vous spécialiser dans la psychologie ?

- Oui, et non. J'ai toujours été ouvert, dès ma plus tendre enfance, à l'écoute des autres et aux sentiments humains en général. C'est principalement grâce à l'éducation de mes deux parents, eux, qui m'ont appris à être intolérant à toutes formes de violences.

- Bien, bien. Passons à l'université, vous êtes venu en Angleterre après vos études après vos diplômes en poche. Pourquoi avoir choisis l'université de Brighton et pas ailleurs ?

- En premier lieu, c'était une idée de mes parents. Je comptais revenir dans mon pays d'origine, mais ces derniers m'ont fait comprendre avec insistance qu'il fallait que j'apprenne l'anglais pour pouvoir m'adapter à un monde où le marché du travail se fait de plus en plus rare. L'idée ne me ravissait pas, dans un premier temps, mais j'ai accepté. J'ai su m'adapter aux cours de Beauxbâtons, alors, je me disais que je pourrais perfectionner la maîtrise de langue sur le tas.

- Je lis que vous avez repassé votre deuxième année en psychologie. Quelle est la raison de cet échec, vous qui étiez un si bon élève, auparavant ?

Je déglutis avant de baisser les yeux en direction du tapis. Je savais très bien que la question allait venir au bout d'un moment, mais je suis toujours aussi gêné que quand on m'a posé la même question il y a vingt ans.

- Vous savez.. Quand on est jeune, on se laisse souvent bercer par le charme d'un endroit nouveau. On se laisse déconcentrer par les traditions.. La culture. Haha...

- Une fille, c'est ça ?

- Un garçon.

- Oh. Je vois. Désolée de mon indiscrétion.

Elle semble légèrement surprise, tandis que mes joues deviennent presque pourpres. Je n'aime pas spécialement parler de mes erreurs de jeunesse avec les autres, comme tout le monde, d'ailleurs.

- Reprenons. Vous êtes de nationalité anglaise, maintenant, c'est cela ? D'où vient cette envie de rester en Angleterre ?

- Je suis resté en Angleterre en premier lieu pour le travail. La crise faisait rage dans le domaine de psychomagie à l'époque, aux Pays-bas. Puis.. J'ai commencé à m'attacher au pays. Puis, à Brighton, j'avais encore pas mal d'amis que j'avais rencontré pendant ma licence. J'ai accepté un emploi de conseiller d'orientation dans le public. Je vis depuis presque quinze ans là-bas, enchaînant entre un studio proche du centre-ville et une maisonnette au style victorien sur laquelle j'ai épargné sur sept ans afin de devenir propriétaire avec l'aide de mes deux parents.

- Bien, bien, je crois qu'on a fait un peu le tour. Pas de compagnon, pas d'animaux, vous vivez seul... Elle tapota son crayon sur sa feuille, en relisant ses notes. Oh. J'ai seulement une dernière question pour vous. Plus tôt, vous vous disiez « intolérant à toutes formes de violences » ? Faites-vous plus clair, je ne suis pas sûr de bien saisir.

- Je suis convaincu que chaque être mérite un soutien et que chaque personne de trouver quelqu'un pour la comprendre. Vous savez très bien ce qu'il s'est passé dans cette école et c'est bien pour cette raison que j'ai demandée mon transfert dans cette dernière. Je ne veux pas voir d'autres enfants souffrir et je donnerais tout ce que j'ai pour les aider.

- Vous pensez pouvoir aider, protéger même, des jeunes élèves ? Vous n'êtes pas spécialement le meilleur en duel, sans vouloir vous offenser, il faut vous faire une évidence sur le fait que nous ne sommes pas tous fait pour protéger les autres.

- … J'ai exercé pendant une dizaine d'années dans le centre de jeunesse de Brighton, mais vous le savez sûrement, ça. J'ai réussi à protéger des jeunes de finir à la rue, de situations familiales violentes et des tas d'autres situations compliquées. Même si je dois passer des mois en formation à la défense contre les forces du mal, je veux être là pour rattraper les erreurs du passé.

- On voit que vous portez une envie certaine d'aider ses jeunes, c'est une de vos qualités principales, vous avez fait vos preuves en travaillant en équipe plusieurs fois, ça ce n'est pas un problème et il est vrai que vous avez déjà démontré votre efficacité en tant que conseiller d'orientation à Brighton. Nous vous rappellerons dans le mois, mais normalement tout devrait être bon pour votre transfert dans le privé à partir de la rentrée prochaine, en août 2024.

Margarietje van Mastroëm, née Janszon :

Sexe : ♀

Baguette : Cerisier, crin de licorne, 26,5 cm, fine.

Métier : Auror pour le ministère de la magie néerlandaise.

Âge : 67 ans.

Ancienne école : Beauxbâtons

Affiliation : Sang-mêlé. Fille d'une sorcière et d'un moldu.

Caractère : Souriante – Prudente - Anxieuse – Mesurée – Modeste – Positive - Consciencieuse

La mère de Darren est une mère aimante qui est toujours là pour son fils. Contrairement à son père, elle est toujours là pour accueillir son fils unique qu'elle sait émotif. Elle a toujours été là pour pousser son fils dans ce qu'il faisait et elle est particulièrement fière de ce qu'il est devenu. Elle ne travaille plus, maintenant à la retraite, mais autrefois, elle était une des meilleures enquêtrices néerlandaises.


Conrad van Mastroëm :

Sexe : ♂

Baguette : Noisetier, plume de phœnix, 34,6 cm, épaisse.

Métier : Maître de conférence de l'école des hautes études en sciences sociales de Rotterdam.

Âge : 68 ans.

Ancienne école : Durmstrang

Affiliation : Sang-pur. Fils de deux sorciers.

Caractère : Ouvert d'esprit – Sévère – Désordonné – Rigoureux – Pragmatique - Courtois

Le père de Darren est quelqu'un de travailleur, qui sait ce qu'il veut. Il sait cependant reconnaître quand il a tort et comme dit sa femme, il a souvent tort. Il enseigne les sciences sociales dans une faculté se trouvant à Rotterdam et a développé une ouverture d'esprit sur les moldus qu'il a voulu partager à son fils dès son plus jeune âge, pour qu'il ne finisse pas comme ses grands parents, du moins, de leurs vivants. Il aimerait que son fils fasse un peu plus ses preuves dans le monde et le fait qu'il rejoigne la célèbre école de magie Poudlard est pour lui le meilleur moyen pour qu'il encre son nom dans l'histoire.

Il est 13h34, sur ma montre. Merde. Le rendez-vous de la demie doit m'attendre devant la porte de mon bureau, j'avais complètement oublié. Je lui dirais que le directeur voulait me voir et que je ne m'attendais pas à ce qu'il parle autant, ça passe toujours. J'écrase ma cigarette, dont la fraîcheur de cette simili-mentholine me détruit les poumons de jours en jours, en prenant bien soin de ne pas laisser le mégot allumé dans le parc de l'école. Personne ne traîne dans ce coin de toute façon. Je remets ma chemise en place. J'ai du sûrement prendre du poids, car j'ai l'impression qu'elle est trop serrée. Personne ne prêtait attention à ça de toute façon.

Dans les couloirs, je passe devant une glace. Je ne me sens jamais vraiment bien quand je suis mal coiffé, alors je prends quelques minutes pour me refaire une beauté, du moins un minimum. Mes cheveux sont tellement secs, je devrais peut-être aller voir ma collègue dans les serres si elle n'a pas une plante ou une vieille recette de grand-mère pour moi. Je me contente de les plaquer sur le côté, n'assumant qu'à moitié les pellicules et les cheveux blancs qui sertissent ma chevelure brune. Investir dans un shampoing antistress pourrait être une bonne idée.

J'arrive devant le fameux élève et je lui explique rapidement la fausse raison de mon retard. Il me regarde dans le blanc des yeux, des rougeurs apparaissant sur mes joues en plus d'une moue amicale, avant de me répondre avec ce côté laconique qui m'insupporte légèrement.

- Cool, je rate mon cours de potions.

Je ne réponds pas, je l'invite simplement à rentrer, dans mon bureau qui n'était pas le plus ordonné. Des fois j'ai l'impression de voir mon évier rempli de vaisselle sale depuis bien trois semaines, quand je rentre ici, ça fait toujours un choc. Il y a des dossiers, ici et là, sur une table en bois sur laquelle il ne reste presque aucune place. Je m'installe en face de lui avant de ranger les quelques dossiers qui traînent pour prendre celui de mon interlocuteur. Un gros morceau, ce garçon. Aucune note ne dépasse l'Acceptable, premier rendez-vous en six années, comportement turbulent.

- Bien. J'aimerais vous faire savoir que je ne suis pas là pour vous réprimander. Je suis du genre à penser que tout le monde a une place dans notre système et je suis là pour vous aider à trouver votre place. Enchanté.

- Je n'ai pas besoin d'aide.

Sa réaction est normale. Rien de surprenant. Il était dans une position défensive, assez classique chez les élèves de sa trempe. J'en vois passer tous les jours.

- Très bien. Vous n'avez pas besoin d'aide. Je vous crois. J'aimerais juste savoir ce que vous comptez faire après Poudlard, quel est votre projet, quelles sont vos envies ?

J'ai remarqué qu'il avait pris un peu de temps avant de répondre. Il semble moins spontané que la dernière fois.

- Je sais pas.

- Bien sûr que vous ne savez pas. Je dépose mon stylo avant de me redresser sur mon siège en cuir. -Vous voyez, je peux comprendre que l'orientation est un procédé très angoissant qui est la première grande décision de votre vie. Il faut se dire « qu'est-ce que j'ai envie de faire dans cinq-dix ans. » et la première vraie question à se poser c'est « qui suis-je en tant qu'individu » ?

- C'est très flou et cliché. Vous pouvez me dire comment on sait « qui on est en tant qu'individu », monsieur van Mastroëm ?

- Je ne peux pas vous dire qui vous êtes, mais en tant que conseiller d'orientation, je peux vous aider à aboutir à la résolution de ce problème. Vous avez plusieurs aides pour cela ; par exemple, vous trouverez à la bibliothèque des tests d'orientation, c'est gratuit, c'est facile à faire, mais il faut vous dire que ce n'est pas de la divination, c'est une base de négociation qui permet de se rapprocher de ce qu'on peut faire et pas ce qu'on doit faire. Bien sûr, vous devez aussi prendre sur vous et vous renseigner auprès des vos professeurs, de l'assistant social et du psychologue scolaire, ce sont des adultes qui pourront vous aider à comprendre vos capacités. Vous vous sentez prêt à faire ce genre de travail sur vous-même ?

- … Ouais. Enfin, peut-être.

- Vous n'êtes pas très bavard, jeune homme. D'après votre dossier, je remarque que vous avez eu récemment un E. E en sortilèges, je vous félicite. Je remarque que vous êtes capables de grandes choses, mais que vous vous ne donnez pas les moyens pour réussir.

- Ce n'est pas ce que pensent mes parents.

- Vos parents ? Intéressant. Vraiment intéressant. Je reprends mon stylo avant de noter quelques informations sur mon carnet. Si vous voulez bien, nous allons reprendre un autre rendez-vous dans un premier temps. On va parler un peu plus de vos parents après cela, mais d'abbord on va se dire.. Hmm.. Je ne suis pas disponible avant le douze février, ça vous va ?