Jill & Savannah

Je sors à l’instant de l’infirmerie où je suis allée rendre visite à ma sœur en pleine convalescence. La pauvre n’a vraiment pas eu de bol de tomber sur le maitre chanteur de Brooklyn… Car c’est lui qui est à l’origine de ses convulsions, j’en suis intimement persuadée. Cette période n’est vraiment pas la meilleure pour moi. Entre les lettres anonymes, l’accident de ma jumelle, le ras-le-bol de mon frère qui s’est transformé en tentative de suicide et les avances bizarres de Dan que je ne sais pas vraiment interpréter, j’ai fort à faire et je ne vois pas le temps passer. J’ai peur de ce qui va nous arriver. Je sais que quelque chose va nous arriver. C’est très angoissant de ne pas savoir ce qui nous attend mais en ayant quand même une petite idée du côté négatif de la chose. J’aimerais pouvoir me réjouir avec mes camarades des vacances de Noël approchant, du début de cette saison de Quidditch qui commence extrêmement bien pour nous, les Serpentard, et de toutes les bonnes choses que la vie a à m’offrir. Cependant, je n’y parviens pas. Dans ces moments-là, Isidore, Spencer et Elliott me manquent affreusement. Certes, une rupture amoureuse n’est jamais très drôle, mais là j’ai perdu non seulement mon amoureux, mais également mes amis, mes piliers, mes soutiens, ceux qui étaient à mes côtés au quotidien. J’ai beau tout essayer pour refaire surface, je n’y arrive pas vraiment et certains jours, comme aujourd’hui, j’ai du mal à penser à autre chose qu’à ce que j’ai perdu. Pourtant, mes séances avec Avril m’aident énormément en ce sens, j’ai repris le Quidditch à fond grâce à ma nouvelle nomination au poste de capitaine, je me suis remis à peindre, ce qui a provoqué l’étrange rencontre avec Dan, le garçon fuyant devenu subitement plus que collant, et je m’investis à fond dans toutes les histoires perturbantes que j’ai pu observer au sein du château ces derniers temps. Tout ça, en plus des révisions pour mes examens ne me laisse pas vraiment le temps de broyer du noir mais dans de rares moments, mes vieux démons me rattrapent encore et je ne peux m’empêcher de songer au passé avec une pointe de nostalgie. Je ne dis pas que j’aimerais effacer quoi que ce soit dans ce que j’ai vécu à Poudlard, mais je crois que si je le pouvais, je profiterais davantage de tous les instants de bonheur que j’ai pu vivre en compagnie de mes amis, instants qui me semblent si loin désormais. On dit qu’on ne réalise la valeur des choses que lorsqu’on les a perdues et je réalise aujourd’hui que c’est beaucoup trop vrai. Je prenais mon amitié avec Isidore, Elliott et Spencer pour acquise, je pensais qu’ils seraient toujours là pour moi et finalement maintenant que je ne les ai plu, je réalise à quel point ils étaient essentiels à mon quotidien et combien ils me manquent.

Mais je ne dois pas m’apitoyer sur mon sort. Des amis, j’en ai encore, des choses à faire, j’en ai plein, et je ne veux pas pleurnicher, ça ne me ressemble pas et je trouve qu’il n’y a rien de plus chiant que les personnes qui ne parviennent pas à aller de l’avant. Bon, honnêtement, on ne va pas se mentir, aller de l’avant n’est clairement pas mon point fort. Ça fait plus d’un an maintenant et je n’arrive pas à me remettre de ma rupture avec mon ex ce qui est clairement pitoyable. Cette relation a, pour moi, un vrai goût d’inachevé et malgré tous mes efforts, je n’arrive pas à m’en défaire totalement. Je ne dois pas y penser, ça ne m’apporte rien de bon. Je détache enfin mon regard du sol alors que je marche tel un robot vers ma salle commune pour aller commencer mes devoirs pour le lendemain, c’est à ce moment précis que je croise le regard de Jill dans ce même fichu couloir. A l’origine, j’aurais eu tendance à détourner les yeux, nous ne nous connaissons pas toutes les deux, ou en tout cas très peu, et même si j’ai beaucoup entendu parler d’elle à travers Spencer durant cette dernière année, j’avoue ne pas être très à l’aise avec l’idée d’engager une conversation avec une inconnue sans savoir si je la dérange ou non. Mais les choses ont changé cette année, Spencer n’est plus là à présent et j’entrevois pour la première fois une personne qui pourrait être dans une situation similaire à la mienne. Alors je fais volte-face et rattrape la Poufsouffle en trottinant. « Eh Jill… Salut… Tu vas bien ? » Dis-je en la rattrapant, les joues légèrement rosies par l’angoisse que me procure le fait d’interpeler la jeune fille sans y avoir été invitée au préalable. Décidément, les cachots m’ont bien changée. Et dire que, quelques mois auparavant, aller vers les autres n’était absolument pas un problème pour moi. Maintenant, j’ai constamment peur de ne pas être à ma place. Il faudrait peut-être que j’en parle à Avril lors de nos prochaines séances, je suis certaine qu’elle pourrait être d’excellent conseil. « Je ne sais pas si tu te souviens vraiment de moi… Je suis Savannah, pas Avalon, Avalon c’est ma… Enfin bref, j’étais super proche de Spencer et Isidore avant leur départ et je me demandais si tu avais des nouvelles… De Spencer, bien sûr, pas D’Isidore… Il nous parlait beaucoup de toi. » J’omets volontairement de préciser qu’Izzie le charriait sur ses sentiments envers la jeune femme et que Spencer l’envoyait méchamment bouler en laissant limiter penser que Jill était la pire des garces de l’univers. De mon côté, mon instinct féminin me laissait penser que le jeune homme avait un faible pour cette jolie jeune fille et il y a de quoi, Jill est vraiment sublime. J’espère qu’elle ne va pas me trouver trop intrusive, ce n’est pas le but, je veux juste parler avec une amie, rien de plus. « J’ai reçu deux ou trois lettres, mais ce n’est plus vraiment pareil, maintenant. » Ils sont tellement loin tous les deux, les lettres ne font pas illusion et je sais que je ne retrouverais jamais réellement mes amis à moins de quitter l’école à mon tour.

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Jill & Savannah

« Euh… oui…oui, ça va… » Merde, elle n’a pas du tout envie de me voir en fait… Ou alors elle est surprise ? Je crois que je vais rester sur cette dernière hypothèse parce que sinon il ne me reste plus qu’à partir en courant. En même temps, même si Jill et moi nous connaissons, je ne peux pas dire que nous sommes les meilleures amies du monde et elle ne doit pas en revenir ne me voir lui tomber dessus sans prévenir comme ça… En plus, peut-être avait-elle quelque chose de prévu et n’était-elle pas prête à avoir une discussion maintenant. Si ça se trouve, je suis juste une chieuse qui l’empêche d’exécuter ses plans pour la journée. « Je ne te dérange pas, j’espère ? » En même temps, cette fille a reçu une bonne éducation, j’en suis sûre, je me doute qu’elle ne me dira jamais que je la dérange et qu’elle préférerait me voir partir. C’est donc une question stupide. Heureusement, je ne suis pas gênée très longtemps puisqu’elle finit par avoir l’air de se faire à ma présence et je suis ravie de voir que finalement je n’ai pas l’air de la déranger tant que ça. « Les touches de vert sur tes vêtements m’auraient sûrement permis d’affirmer que tu es Savannah et pas Avalon… » Je souris. C’est vrai que l’uniforme aide et nous avons des styles très différents ma sœur et moi ce qui fait que malgré notre similitude physique, il reste très difficile de nous confondre. Toutefois, comme je sais que Jill ne nous connait pas parfaitement bien, je n’avais pas envie de l’embarrasser en l’obligeant à se demander pendant les vingt prochaines minutes à qui elle est réellement en train de parler. Mais c’était sans compter les uniformes que j’ai parfois tendance à oublier. Heureusement pour nos camarades, ma sœur et moi n’avons pas été envoyées dans la même maison ce qui simplifie grandement les choses. « C’est vrai, j’ai tendance à l’oublier… Mais elle aurait toujours pu me piquer mes fringues pour se faire passer pour moi ! » Oui, enfin dans ce cas, elle aurait peut-être pas commencé par dire qu’elle était moi pour tenter de convaincre son interlocuteur, j’essaie de me raccrocher aux branches comme je le peux mais c’est peine perdue, j’ai juste été bête de faire les présentations.

« Des nouvelles de Spencer… ? Non… Aucunes. » Je sens une certaine amertume dans ses propos. Et j’éprouve beaucoup de déception pour elle parce que je comprends qu’elle se sente trahie et abandonnée mais je dois avouer que je suis soulagée de me rendre compte qu’elle n’a pas eu plus de nouvelles que moi finalement. Je me sens immédiatement horrible de penser une chose pareille, je sais bien qu’il y avait quelque chose entre eux et même si Isidore, Spencer et moi étions un trio ce n’est pas comparable à une relation amoureuse ou à un début de relation amoureuse, c’est pour ça que je ne dois pas comparer son désarroi avec le mien et être rassurée qu’il nous inflige le même sort, il ne devrait pas l’ignorer comme ça, ce n’est pas correct. « Oh… Je suis désolée. » Pourquoi le suis-je ? Après tout, ce n’est pas de ma faute s’il a décidé d’arrêter de donner des nouvelles à Jill mais en même temps je suis vraiment désolée, c’est totalement sincère, j’aurais aimé, pour elle, qu’elle puisse avoir le droit de tourner la page avec de vraies explications, ou même ne pas tourner la page si elle ne voulait pas en étant sûre de pouvoir le retrouver de temps à autres en sortant de Poudlard. Je crois que j’ai encore du mal à réaliser qu’il est parti, ça me parait vraiment surréaliste, c’est comme si au détour de chaque couloir, j’allais voir surgir Isidore et Spencer, en train de blaguer pour une raison que j’ignorerais probablement car ils ne voudront certainement pas la partager avec moi. Leur absence crée un énorme vide et je n’ai jamais vraiment pu le partager avec qui que ce soit jusque-là, alors oui, je comprends très bien ce que peut vivre Jill et je suis sincèrement désolée pour elle, je sais qu’elle ne mérite pas ça.

Je crois qu’elle essaie de faire bonne figure face à la situation mais au fond je sens bien qu’elle souffre de tout ça. Ou alors c’est moi qui aimerais qu’elle souffre pour que nous puissions souffrir ensemble de tout ça ? Si c’est le cas, c’est vraiment horrible, je souhaiterais évidemment qu’elle aille bien et qu’elle arrive à passer au-dessus de tout ça plus facilement que moi. « Je… je pense que je ne recevrai plus rien venant de lui, à l’avenir… Tu as raison, rien ne sera plus pareil, mais notre situation est différente de la vôtre. » Plus rien ? Comment ça plus rien ? Ce serait-il passé quelque chose que j’ignore ? C’est fort possible, en plus je suis douée pour mettre les pieds dans le plat alors ça ne m’étonnerait même pas que j’ai encore fait de la merde, une fois de plus. « Vous ne vous êtes pas quitté en bons termes ? » Ai-je bien fait de poser cette question ? Je n’en suis pas vraiment sûre. « Tu n’es pas obligée de répondre si c’est trop indiscret. » Et comment ça sa situation est différente de la nôtre ? Parle-t-elle de notre trio ? Sûrement. Il est vrai que notre amitié était particulière et qu’elle gardera toujours une place spéciale à mes yeux. Malheureusement, je dois faire le deuil de cette relation très complice maintenant. On ne fait pas sa vie avec ses amis et les miens ont choisi leur voie à présent, je ne peux pas les retenir mais je ne peux pas non plus me retenir d’avancer. « Je ne vais pas être en mesure de te fournir des nouvelles de Spencer – et je ne suis même pas encore sûre de les vouloir, ces nouvelles… - mais… mais j’espère que toi, tu en auras quand même… J’imagine que ce début d’année n’a pas été le plus simple à vivre, je me trompe ? » Non, elle ne se trompe pas mais j’hésite vraiment à livrer ce que j’ai sur le cœur. Il est vrai que mon début d’année a été chaotique et je ne me suis pas vraiment livrée à ce sujet à qui que ce soit à part peut-être à Avril mais c’est différent. « Non, tu ne te trompes pas. » Je n’en ajoute pas plus, je ne sais pas trop quoi dire, je ne sais même pas si je devrais vraiment dire quelque chose à dire vrai. « Tu veux en parler… ? » Je crois que j’aimerais, oui, mais je ne sais pas quoi dire, comment aborder les choses, c’est vraiment trop compliqué. « Je crois que je ne sais même pas quoi dire… C’est juste vide. J’ai l’impression d’être toute vide. Tu ressens ça toi aussi ? » Est-ce qu’elle peut vraiment me comprendre ? Je crois que oui. J’en suis même persuadée.

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Jill & Savannah

J’avais espéré trouver auprès de Jill une alliée dans la gestion de cette souffrance liée au départ d’un proche mais finalement je ne suis pas sûre que ce soit une très bonne idée. En agissant de la sorte, je la force à ressasser des souvenirs, peut-être douloureux qu’elle n’avait pas envie de voir remonter à la surface. Spencer était très secret concernant sa relation avec la jeune fille, j’ignore ce qu’il s’est réellement passé et je m’avance en terrain inconnu ce qui risque probablement de heurter la sensibilité de la Poufsouffle. Malgré tout, il est trop tard pour faire marcher arrière et je n’essaierais même pas. « Je suis désolée… Je ne savais pas que tu essayais de fuir les gens… Et je n’ai jamais cherché à te fuir, pour ma part, c’est juste que je ne jamais vraiment su comment t’aborder auparavant alors quand je t’ai croisée, je me suis dit que pour une fois que j’en avais l’opportunité, ce serait stupide de ma part de passer à côté de cette occasion. » C’est très honnête de ma part, je n’ai pas cherché à me tenir loin de Jill de manière volontaire, c’est une gentille fille auprès de laquelle j’aurais pu certainement trouver une amie mais les choses ont fait que nous n’avons jamais vraiment pu nous rapprocher autant que je l’aurais souhaité. Peut-être que si Spencer était resté ça aurait fini par se produire, j’en suis même persuadée, mais il s’est volatilisé avant que nous ayons cette chance. « Mais tu n’as pas du tout à t’excuser, au contraire, tu as bien le droit d’apprécier un peu de solitude… Ce n’est pas quelque chose de facile à trouver lorsqu’on vit en collectivité. » Voire même totalement impossible, notamment lorsqu’on a une sœur comme Avalon qui s’est mis à épier le moindre de vos faits et gestes pour éviter que la dépression ne vienne de nouveau frapper à la porte. Cela dit, je ne lui en tiens nullement rigueur, elle agit pour mon bien, j’en ai parfaitement conscience. « J’ai connu des jours meilleurs… Et toi ? » Généralement, quand on nous demande si on va bien, l’idéal est de répondre un « ça va » qui veut tout dire et rien dire à la fois, mais comme la raison de ma présence de Jill est en vérité que ça ne va pas fort, je ne me vois clairement pas lui faire croire quelque chose de faux pour revenir dessus quelques temps plus tard. « Je n’ai jamais essayé d’être ma sœur, mais ça pourrait être marrant… Rien qu’une seule fois. Par contre, je ne peux pas te garantir qu’elle n’ait jamais tenté l’expérience. » Il faudrait peut-être que je me renseigne à ce sujet et si jamais elle l’avait fait avec Isidore ? Ce serait affreusement gênant, mais j’ai du mal à envisager que ma sœur puisse s’introduire à ce point dans mon intimité. A mon avis, elle n’aurait jamais fait une telle chose sans me concerter au préalable, je la connais et je lui fais confiance à cent pour cent.

Le véritable sujet de notre présence ici ne tarde pas à arriver sur le tapis. Spencer. Son départ a été un véritable choc pour moi, tout comme celui d’Isidore et je peine à m’en remettre encore aujourd’hui, malgré le temps qui passe. La douleur de cette absence pesante ne s’atténue pas avec le temps et parfois, j’aimerais tout plaquer pour aller les rejoindre. Bien entendu, je n’en ferais rien, ce serait bête de ma part de plaquer mes études pour aller à la poursuite de deux garçons qui n’ont pas jugé bon de tenir le coup pour rester avec moi. D’un autre côté, j’ai conscience que je ne peux pas leur en vouloir, ils étaient peut-être mes amis mais ils ne m’avaient pas promis de rester à mes côtés pour toujours, nous ne devions pas faire notre vie ensemble. Malgré tout, j’avais imaginé que nous finirions notre scolarité tous les trois et même éventuellement que notre amitié serait toujours aussi forte durant nos études universitaires et à l’âge adulte. Je suis bien obligée de constater à présent que ces rêves n’étaient qu’utopie et la réalité est toute autre. Je n’ai plus de nouvelle désormais et ça me fait énormément de peine de voir notre amitié balayée aussi rapidement. « C’est ce que je me suis dit aussi, mais je ne vois pas ce qui pourrait empêcher quelqu’un d’envoyer juste un petit mot de trois lignes pour que nous soyons rassurées… » Que sont trois lignes dans une vie ? Rien du tout, ça lui aurait pris cinq minutes, peut-être dix le temps de trouver un hibou potable pour faire l’envoi de la missive. Il aurait même pu nous envoyer un message groupé à toutes les deux pour gagner du temps. Mais non, il a choisi le silence et évidemment, comme Jill, j’en ressens une profonde tristesse. « Mais tu dois avoir raison, s’il ne donne pas de nouvelles, c’est certainement pour une bonne raison et peut-être qu’un jour nous finirons par savoir. En fait, je crois que c’est ça le plus dur, attendre sans avoir de date d’échéance. Peut-être qu’on attend quelque chose qui ne viendra jamais. » Je crois que nous ferions mieux de ne rien attendre du tout pour éviter toute déception mais c’est évidemment bien plus facile à dire qu’à faire. « Désolée de te décevoir mais je crois que nous en sommes exactement au même point… Moi non plus je ne l’ai pas quitté en mauvais terme, mais il était devenu si secret… » Ou peut-être l’avait-il toujours été avec moi ? Sauf qu’Isidore était proche de lui et me racontait ce qu’il y avait à savoir, c’est probablement ce qui me donnait l’illusion d’être proche de lui. Je ne sais pas trop si mon analyse est bonne. « Je crois que tu as raison, il ne nous a pas tout dit mais je crois qu’on perdrait notre temps à essayer de savoir ce qu’il nous cachait, Spencer est très doué pour ne pas se livrer quand il n’en a pas envie. » Et il en avait rarement envie, avec moi, je crois, il avait tendance à rester en retrait. Pourtant, il pouvait aussi se montrer très présent pour moi et je le considérais sincèrement comme mon meilleur ami. Ce sentiment n’était peut-être pas partagé en fin de compte. « Je crois que je comprends exactement ce que tu ressens… La colère, c’est vraiment le sentiment qui prédomine en ce moment. » Je suis étonnée qu’on soit à ce point sur la même longueur d’onde et je regrette de ne pas m’être rapprochée d’elle avant. Nous aurions pu être de grandes alliées dans cette bataille. « Je comprends ta frustration… Mais je crois que Spencer était comme ça, il aimait construire des murs autour de lui pour se protéger et quand il a pris la décision de partir, il s’est juste barricadé derrière ces murs pour ne pas avoir à regretter sa décision en nous voyant en souffrir. C’est quelqu’un de dur… » Je m’en suis rendue compte à de nombreuses reprises lors de mes rapports conflictuels avec Isidore. J’ai eu l’habitude de son côté pragmatique et non sentimental mais visiblement, Jill n’était pas préparée à tout ça.

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