Don't tell me lies 'cause I'll see it, let me know your heart I'll try to fix it

Elle aurait aimé oublier. Tous ces souvenirs, ces traumatismes, qui prenaient la place dans son corps, enfermaient son coeur dans une glace si épaisse, qui l’étouffaient également. Elle aurait aimé pouvoir faire impasse sur tout ça, mais c’était trop présent, trop fort, trop vivant dans son esprit pour qu’elle puisse faire comme si tout ça n’avait pas la moindre importance. Il fallait dire qu’elle avait grandi dans cette famille depuis ses trois ans, que les coups étaient répétitifs, les brûlures, tous les châtiments dès que cet homme jugeait qu’elle devait subir une punition pour un comportement qu’il considérait comme inacceptable alors que souvent, c’était une attitude normale pour une petite fille. Mais non, il fallait qu’elle se tienne à carreaux et ne s’amuse pas comme les autres, parce que si elle prenait trop de place, ça le dérangeait. Il n’aimait pas être dérangé. Elle l’avait très vite compris, très vite appris, très vite appris à ne pas faire de vague et ne pas faire en sorte que sa présence se remarque. Plutôt faire comme si elle n’était rien de plus qu’un petit fantôme dont la présence ne pouvait évidemment pas se faire voir puisqu’elle n’existait pas. Alors ici même à Poudlard, ce comportement était bien ancré chez elle : elle ne parlait pas en cours, passait ses journées dans la bilbiothèque et jamais ne s’imposait. La seule fois qu’elle l’avait fait, elle s’était faite torturée par le sortilège de Doloris. Autant dire qu’elle ne songeait jamais le refaire. Aujourd’hui, elle avait accepté la proposition de sortie de Lena qui était une connaissance amicale, peut-être même une amie, elle n’était pas trop certaine. Les amis et tout ça, ce n’était pas sa tasse de thé, sa spécialité, pas du tout, elle n’était jamais certaine de ses présomptions. Alors elle ne pouvait pas trop dire si elles étaient amies, mais ce n’était pas si grave que ça non plus.
f u i r
Ellyaïna passait son temps à fuir. Fuir le dehors, fuir les gens. Se fuir elle-même pour fuir les pensées qui se promenaient dans son esprit quand elle n’était pas occupée à se plonger dans la lecture d’un livre bien plus avancé que son niveau. Elle qui était si anxieuse à l’idée de rater les examens, toujours anxieuse à l’idée de ne pas bien faire. Mais quand elle ratait, plus jeune, elle en recevait la pénitence “adéquate” aux yeux de celui qui la nourrissait. Cela avait installé en elle un besoin de réussite maladif qu’elle assouvissait et qui lui fournissait également une excuse pour fuir les autres, se fuir, pour passer son temps dans les bibliothèques pour étudier. Besoin d’être la meilleure en permanence dans ce qui était résultats scolaires. Elle hocha doucement la tête à la question de la Serdaigle. C’était vrai que le soleil pouvait faire du bien maintenant qu’il sortait et réchauffait parfois certains coeurs. L’hiver avait perdu en force pour laisser le printemps venir et l’été approcher. Elle ne voulait pas que l’année ne finisse. « C’est vrai qu’il est agréable, le soleil. » Elle ne regrettait pas totalement d’avoir accepté l’invitation de Lena. Pas totalement. Bien qu’elle continuait de penser qu’elle se portait mieux entre les murs de la bibliothèque.
s o u p i r
épuisée
d’e x i s t e r
D’être elle-même tout simplement. Elle continuait de jouer avec l’herbe, l’arracher de ses mains, tout simplement, dans cet état distrait dans lequel elle était plongée, parce qu’elle s’appliquait à écouter Lena pour ne rien manquer de ce que la Serdaigle pourrait se décider de lui dire. Elle esquissa un léger sourire quand son amie inspira profondément et Ellyaïna prit soin de respirer elle aussi, elle en avait bien de besoin, de cet air frais dans ses poumons. Elle haussa instinctivement les épaules face à la question de Lena. Que pourrait-elle faire cet été ? Son “père” refusait catégoriquement qu’elle assiste à une sortie. « N’importe où. Le plus loin possible de Londres. » Le plus loin possible de cette présumé famille qu’elle détestait de tout son coeur, de tout son être, le plus loin possible de ce lieu qui n’était rien de plus qu’un enfer pour elle. « Et toi donc Lena ?» Parce que la réponse de sa camarade l’intéressait également. Il ne fallait pas seulement parler d’elle.

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