Je n'avais aucune envie de revenir à la réalité. Les vacances à BeauxBâtons n'ont pas été parfaites, loin de là même mais c'était toujours mieux que ma propre réalité. J'étais loin de ma famille, de l'ombre de mon père qui plane constamment au dessus de ma tête, loin de cette pauvreté qu'on m'a imposé et dont je ne veux pas. Pourquoi ? Pourquoi ai-je des parents aussi cruels ? Pourquoi ai-je un père incapable de faire quelque chose de bien dans sa vie ? Qu'il n'ait pas envie de rester sur le droit chemin ne me dérange pas, mais qu'il le fasse au moins correctement, histoire que personne ne l'apprenne. Pourquoi ai-je une mère trop sotte pour réaliser que son attachement pour son époux allait nous causer du tort ? Pourquoi ne pense-t-elle qu'à elle dans l'histoire ? Soit disant que c'est faux, qu'elle veut préserver notre famille et que ce n'est pas l'argent qui nous rendra heureux mais le fait d'être uni ! Si elle savait comme je me moque de cette unité, je veux mon héritage, je veux mes privilèges, je veux retrouver ma vie d'avant, même si cela signifie faire une croix sur mon paternel. De toute façon à quoi cela sert-il de s'accrocher à lui alors qu'il est fort peu probable qu'on le revoit un jour ? Ma mère nous dit d'y croire, qu'elle ait persuadé qu'on sera réuni de nouveau mais vu qu'il n'est pas foutu d'être un hors la loi qui tient la route, je ne l'imagine pas arriver à s'évader et une réduction de peine, je n'y crois pas des masses non plus. Bref, tout ça pour dire que quand j'ai vu l'occasion de continuer à fuir encore un peu l'Ecosse, j'ai sauté sur l'occasion. Je n'ai pas des masses laissé le choix à ma mère, pour être honnête et je l'ai un peu mise devant le fait accompli.

Cela faisait un moment qu'une amie et moi parlions de passer quelques jours ensemble. Et vu qu'il était hors de question de l'inviter dans mon taudis, j'avais tout fait pour qu'elle propose qu'on reste à Londres. Mes frères sont des abrutis, ma mère est très occupée, on est en plein travaux actuellement, bref, toutes les conditions réunies pour ne pas passer un bon séjour. La vérité c'était que personne ne savait qu'on était pauvre et je tenais à ce que personne ne le sache jamais. Il n'y avait au final que Finn qui était au courant, mais je savais qu'il ne dirait jamais rien et qu'au contraire, il m'aiderait à retrouver mes privilèges. En étant sang-pure, mon meilleur ami avait tout intérêt à m'aider s'il voulait que je suive son délire de pureté du sang. Et puis en toute honnêteté, on était trop similaire pour ne pas s'entre aider de base. Ma mère était venue à Londres pour nous récupérer, mon frère et moi et n'était repartie qu'avec mon frère. Comment dire non aux parents de mon amie qui lui exposèrent l'idée que je reste quelques jours à Londres ? Les filles s'entendent si bien, laissons-les profiter de l'occasion de passer encore un peu de temps ensemble avant qu'elles ne s'ennuient chacune de leur côté. Blablabla. Ma mère avait facilement cédé, elle savait comme je le lui ferais regrettée si elle contrecarré mes plans. Autant je peux apparaître comme une fille adorable à Poudlard, autant je suis une vraie peste quand je suis chez moi. Je ne rate jamais une occasion de rendre la vie de ma mère impossible.

Cela faisait quasiment 2 jours qu'on était à Londres et je m'ennuyais déjà ferme. Les visites de musées, de parc et les balades dans les rues de Londres en famille me tapait un peu sur le système. Je me montrais la plus adorable possible, souriant constamment et faisant semblant d'adorer mon séjour mais j'avais réellement envie de me pendre. Pas un moment mon amie n'avait eu envie de faire le mur pour visiter Londres de nuit, alors que moi ça me démangeais depuis mon arrivée. Je crois que ce soir, je lui fais faux-bon. De toute façon, elle s'endort assez rapidement, ça ne devrait pas être bien compliqué de me glisser dehors sans que personne ne me voit. En attendant, cette fin de journée était consacré à quelques achats au Chemin de Traverse. Ses parents nous avaient largué là pour faire quelques cours de leurs côtés pour manger ce soir. On devait tous se retrouver plus tard pour manger une glace tous ensemble. Avais-je la tête d'une enfant de 5 ans qui se réjouit de manger une glace ?Mon amie voulait absolument aller au magasin de Quidditch pour admirer les balais et tout ce qui touche de près ou de loin à ce sport et comment vous dire que je m'en balançais un peu ? Quand elle se plongea dans une discussion animée avec le vendeur, je sentis que si je restais une minute de plus ici en sa compagnie, j'allais essayée de me pendre avec la bride d'un des sacs du magasin. Je m'éclipsais donc et entra dans le magasin d'en face, sans vraiment faire attention à ce qu'il contenait, ne souhaitant juste me cacher de mon amie. J'ai besoin de faire une pause avec elle sinon je vais avoir des envies de meurtres et elle risque de m'être encore bien utile. "Bonjour !" Dis-je plus par réflexe que par réelle envie de saluer le gérant du magasin. Génial, une papeterie, tout ce que j'aime .... ou pas ! Je glisse un regard à l'extérieur et me rends compte que mon amie est toujours en pleine discussion avec le vendeur et que quand elle se rendra compte que je ne suis plus là, ne pensera pas à rentrer ici. Qu'est-ce que je foutrais ici sérieux ? C'est donc la planque parfaite. J'errais donc dans les rayons, m'éloignant de la vitrine, pour observer ce qui m'entourait. Je me rendis rapidement compte que je n'étais pas seule et que cette tête ne m'étais pas inconnue. J'ignorais le nom de cette fille mais je savais qu'elle était à Poudlard. En même temps, rien de bien étonnant dans le coin, on était dans la partie sorcière de la ville. "L'ennui te guette aussi ?" Lui dis-je. J'ignore pourquoi je lui parle, je crois que c'est parce que j'en ai marre de parler toujours aux mêmes personnes et que j'ai besoin de faire une pause. Et qu'en toute honnêteté, je me fais vraiment chier !

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A bien y réfléchir, il est peu probable qu'en d'autres circonstances, je lui aurais parlé. J'ignore en quelle année elle est mais je sais qu'elle est plus âgée que moi et en 4 ans à Poudlard, jamais je n'ai songé à aller lui parler et l'inverse est tout aussi vrai. J'ignore si elle sait qui je suis, je suppose qu'elle a déjà croisé ma face à plusieurs reprises, mais de là à connaître mon nom, j'en doute. Enfin, je n'en sais rien, je dois bien avouer que j'ignore l'étendue de ma popularité et actuellement, je m'en moque un peu. C'est pas le genre de filles ultra sociables que j'ai l'habitude de fréquenter et sans la connaître, j'ai pas la sensation que ça soit son truc de parler aux gens. Je me trompe peut-être, après tout on dit souvent qu'il ne faut pas se fier aux apparences, mais je ne sais pas, c'est l'impression qu'elle me fait. Et le temps de latence entre ma question et sa réponse me laisse à penser qu'elle ne s'attendait pas particulièrement à ce que je m'adresse à elle. Visiblement, je dois attendre qu'elle décide avec elle-même si elle me répond ou pas et je dois bien avouer que sa réponse me laisse perplexe. "Si tu parles de toi, je dirais que oui". Pardon ? C'est quoi cette réponse bizarre ? Je ne suis même pas sûre de comprendre ce qu'elle a voulu dire par là. Je ne parle pas de moi en disant "tu" aux dernières nouvelles. Je sais que je suis narcissique mais j'ai encore mes limites. Sur le coup, je dois avouer que je ne sais même pas quoi lui répondre. Et en y réfléchissant bien, je me dis que je suis juste maudite. Je passe d'une fille trop souriante, naïve et fatiguante sur les bords à une fille étrange, distante et qui parle par énigmes. Evidemment que je m'ennuie meuf, sinon je ne serais pas venue te parler. Je sais que je fais dans le social mais quand même il faut que j'ai des raisons de le faire, sinon je m'abstiens. Et là clairement c'est l'ennui qui m'a conduite ici, dans cette boutique aussi morose que son propriétaire, à parler à cette fille étrange. Mais bon, je suppose que je ne peux pas vraiment l'envoyer bouler ou me moquer d'elle sinon je vais immanquablement retombée dans mon problème premier qui est de retrouver la normalité de ma vie avec mon amie et là, je ne suis pas capable. Pas tout de suite en tout cas.

Alors en bonne faux-cul qui se respecte, je me contente d'une vague sourire où on peut sentir une pointe d'incompréhension. En vrai j'ai juste envie de tourner les talons et de me barrer mais bon, c'est pas comme s'il y avait foule dans la boutique et si je sors, je prends le risque que mon amie me voit. Elle finit néanmoins par reprendre la parole et déjà on revient sur une conversation un peu plus normale. Bon, ce n'est pas la discussion du siècle mais je suppose que pour deux inconnues, on ne va pas pouvoir faire mieux pour le moment. Oui, je me cache, d'une certaine façon de l'ennui, incarné par mon amie, mais pas que. En ayant planifiée ces quelques jours à Londres, je me cache aussi de ma famille, de ma vie morne et sans attrait qu'on a à Invernness. Mon regard glisse sur différentes plumes qui sont devant moi. Elles sont toutes de qualités différentes mais en vrai je m'en moque un peu. Ce n'est pas comme si en achetant une plume haut de gamme j'allais avoir de meilleures notes. Ca ne donnera que l'illusion que j'ai les moyens de me payer des plumes de qualités, ce que je recherche avant tout, mais ce n'est pas pour l'utilisation que j'en fais que les miennes sont vraiment abimées. Pourtant, en quittant le magasin, je repartirais avec de nouvelles plumes, de l'encre et du parchemin de qualité, autant pour me donner une bonne excuse auprès de mon amie que pour préserver les apparences ... et rendre dingue ma mère. Je dépense l'argent qu'elle a bien du mal à gagner, vous pensez bien qu'elle l'a en travers de la gorge à chaque fois. Mais moi, je m'en moque, ce que j'ai en travers de la gorge c'est le fait qu'elle m'a privé de mon futur. Chacun son tour donc. "Oh il m'a trouvé, ne t'inquiètes pas pour ça ... mais je suis généreuse, je ne veux pas le garder que pour moi, ce serait trop cruel !" Ce qui est assez ironique quand on sait comment ce n'est définitivement pas le lieu rêvé pour s'amuser et prendre du bon temps. Mais bon, on fait ce qu'on peut avec ce que l'on a je suppose. "Tu fais déjà tes courses pour la rentrée ?" A-t-on reçu la liste des fournitures scolaires ? J'ai pas le souvenir que les parents de mon amie en aient parlé. Mais cette fille est peut-être prévoyante et aime acheter en avance pour être sûre d'être prête le jour J. A moins qu'elle se fasse vraiment chier et qu'elle passe le temps comme elle le peut ... Triste histoire.

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J'esquisse un sourire. Je sais que je suis adorable. J'ai bien compris que c'était ironique mais qui a dit que ça m'importait ? De base ma réplique était humoristique, du coup je peux très bien continuer sur cette lancée. Ce n'est pas comme si j'avais vraiment envie de faire amie-amie avec cette fille et son avis sur moi m'importe bien peu. Alors je me contente de répliquer un "Je sais !" sur le même ton. Je ne sais pas trop ce que je fous ici à lui parler mais disons que ça passe le temps. Je tourne mon regard vers la vitrine et voit mon amie toujours en pleine discussion avec le vendeur. J'ignore de quoi il parle mais ma disparition n'a pas l'air de les avoir beaucoup touché. Je suis persuadée qu'ils ne l'ont même pas remarqué. Je suis sûre qu'ils sont en train de tenter de persuader l'autre que leur équipe préférée de quidditch est meilleure que celle de l'autre et que leur débat restera vain. Combien de fois ai-je entendu ce genre de discussion ennuyante ? Je ne saurai le dire avec exactitude mais bien trop souvent à mon goût. Quand ils n'auront plus d'arguments à fournir à l'autre, ils finiront par reprendre pied avec la réalité et mon amie remarquera ma disparition. Avec de la chance, elle ne restera pas une éternité dans le magasin et partira à ma recherche. Cela me donnera l'occasion de m'éclipser d'ici pour aller faire un tour ailleurs. J'aurai largement le temps d'acheter une ou deux babioles pour me donner un alibi avant que nos chemins ne se recroisent, je suis large.

Je ne comprends pas trop cet empressement que les gens ont pour Poudlard. Ce n'est pas la première que je croise qui a hâte de retourner à l'école. Et j'ai beau écouter leurs arguments, je n'y adhère toujours pas. Chez moi aussi ce n'est pas la joie de vivre, même si les gens l'ignorent. J'ai aucune envie de croiser la gueule de ma mère tous les matins, ni l'entendre me sermonner dès que l'occasion se présente parce que je n'agis pas comme elle le voudrait. Moi aussi ça me gonfle de me réveiller tous les matins dans cette chambre que j'estime ne pas être la mienne, bien loin de mon pays natal à devoir parler une langue qui n'est pas la mienne et suivre des traditions que je comprends qu'à peine. Mais je préfère encore ça aux longues heures de cours assommantes. Je suis sûre que les choses auraient été différentes si ma vie n'avait pas changé si radicalement. L'école en Colombie aurait été de loin préférable à Poudlard, quoi qu'en dise mes frères. C'est à cause de notre père qu'ils ont vécu un enfer là bas, ça n'a rien à voir avec l'école en elle-même. Tous nos amis, toutes nos fréquentations sont là bas, on aurait dû y faire notre scolarité aussi, c'est injuste. Au lieu de ça, j'ai la sensation d'avoir atterrit dans une école de seconde zone, avec quasiment que des ratés. Heureusement qu'il y en a certains qui rattrapent un peu le tout, Finn et sa famille pour ne citer qu'eux. "Qu'est-ce qui te plait tant à Poudlard ?" Demandais-je, sans mettre plus de curiosité que nécessaire dans cette question. D'une certaine façon, j'avais envie de le savoir, mais cela ne m'étais pas primordiale d'avoir la réponse, on ne va pas se mentir. Mais comme je l'ai dit, j'ai du temps à perdre et le sujet est tombé sur le tapis alors autant en profiter.

La suite s'enchaina de façon assez surprenante, même si je ne montrais rien de mon étonnement. En fait, pour être honnête, je n'étais pas plus étonnée de la voir voler. J'ignore pourquoi, en soit, je n'aurai jamais songé volontairement qu'elle avait une tête de voleuse, mais maintenant que je me retrouvais face à cette situation, je me disais que ça ne m'étonnais pas tant que ça, c'était un trait de caractère qui n'étais pas dissonant avec l'idée que je me faisais d'elle. Parfois, on se fait des idées sur les gens, on a des aprioris, qui se révèlent vrais ou faux et parfois, certaines situations nous dévoilent des qualités et défauts des gens qui soit nous laissent sans voix, soit alors ne nous étonnent pas vraiment. Elle observe deux plumes, de piètre qualités selon moi. Après je suppose que ça dépend de ce que l'on recherche dans une plume. Certains les aiment solides, d'autres fines, ouvragées ou simples, d'un type d'oiseau particulier, etc. Pour être honnête, je n'aurai pas choisi cette plume là volontairement. Alors quand je la vois en poser une et glisse l'autre dans la poche de mon pantalon, je la fixe sans ciller. En toute honnêteté, je n'aime pas quand les gens se croient tout permis. Elle croit quoi ? Que je suis si désespérée que je suis prête à tout pour obtenir ses faveurs ? C'est très mal me connaître. "Pas particulièrement !" Dis-je en glissant la main dans ma poche pour en sortir sa plume et la reposer. Je ne serais pas sa mule, elle peut toujours rêver. J'esquisse un sourire avant de me décaler d'un et me tourne vers les encres. Je me moque de savoir si le gérant m'a vu faire ou pas, son existence n'a aucune importance pour moi. Je sais cerner les gens et je sais que cette fille ne recherche pas la compagnie des gens faibles, qui se laissent manipuler à souhait. Je suis trop habituer à savoir ce que veulent les gens pour m'y caler dessus, histoire de m'en faire des alliés que c'est devenu une seconde nature de reconnaître certains comportements quand je les vois. Je ne suis pas voyante, je ne pourrais ni vous dire ce que pense cette fille, ni vous raconter son histoire, ni savoir avec exactitude ce qu'elle aime et déteste, mais je pense ne pas être mauvaise pour juger les gens. "Mais ma mère adore ça !" Dis-je en appuyant sur le verbe adorer. J'adore la voir râler quand je rentre avec de nouvelles plumes ou de nouvelles fournitures. Je suis inconsciente, une enfant gâtée qui ne connait pas la valeur de l'argent et qui joue les capricieuses. Elle se trompe lourdement, non pas sur le faite que je suis capricieuse ou une enfant gâtée mais sur la valeur de l'argent, je la connais au contraire que trop bien, c'est bien pour ça que je ne prends que des objets luxueux, autant pour me rappeler d'où je viens, que pour la voir se mettre en colère. C'est de sa faute tout ça, il fallait savoir faire les bons choix quand l'occasion s'était présenter.

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Alors Madame vibre pour tout ce qui est illégal ? Je peux le comprendre, quand on est adolescent, on aime enfreindre les règles, c'est notre truc si on écoute les adultes. Un besoin de révolte, de trouver sa place dans la société, de chercher les limites, un truc du genre. J'écoute rarement ces inepties que peut balancer ma mère, c'est d'un ennui mortel ! Les règles sont faites pour qu'on les brise, voilà ce qui se dit et j'aime bien l'idée. Pour ma part, j'essaye de faire ça assez discrètement, histoire de ne pas trop entacher mon image. Mais quand je suis contrainte de faire plaisir à certaines personnes, je n'hésite pas à enfreindre les règles, après tout si ça peut leur faire plaisir et leur donner envie d'avoir confiance en moi, c'est bien tout ce qui compte. "Ta came c'est l'interdit quoi !" Je pense que j'avais compris le concept, ce qui me permis de ne pas être vraiment étonnée quand je la vis glisser une plume dans une de mes poches. En soit je n'ai rien contre qu'elle tente, mais ça ne signifie pas pour autant que je vais accepter sans broncher. En plus je suis persuadée qu'elle préfère que je ne me plis pas à sa volonté, quand c'est trop facile, ce n'est pas drôle, n'est-ce pas ? Je ne suis pas un être faible et naïf, je sais ce que je veux et je suis prête à tout pour l'obtenir. Vraiment à tout. Et je pense sincèrement qu'elle préfère se trouver en face de moi, plutôt qu'en face de mon amie qui est tout le contraire. Elle est douce, naïve, manipulable et tellement candide qu'on se demande si ça ne frise pas la stupidité. Moi je l'aime bien, c'est une sorte de jouet personnel. Je lui accorde mon attention, c'est tout ce qu'elle demande.

Elle ne bouge pas et me fixe et je fais de même. Je ne ploie l'échine devant personne, cependant je suis curieuse de savoir ce qu'elle va faire. Ai-je raison depuis le début et ai-je visé juste avec elle ? La déduction sur les choses qu'on voit chez les gens n'est pas une science exacte. Souvent j'ai raison, mais il arrive parfois que je sois totalement à côté. Mais visiblement je ne fais pas fausse route, je suis contente. Elle finit par se présenter. Rachel Ryder. Jamais entendu parler, je suppose donc qu'elle n'est pas du genre à avoir envie de se faire remarquer. En même temps cela se tient, si elle aime braver l'interdit, il vaut mieux qu'elle se fasse discrète, histoire de pouvoir agir tranquillement, en toute impunité. Je note dans un coin de ma tête ce nom, histoire de, peut-être que ça pourra me servir un jour et je me présente à mon tour. "Phoenix Reyes" Au moins maintenant on sait à qui on parle. Je la vois attraper la plume que j'ai reposé et aller la payer. Décidément, elle la voulait vraiment cette plume. Elle a des goûts somme tout assez simple, il faut bien l'avouer, on est loin de mes goûts de luxe. Je reprends mes propres courses, je ne vais pas la regarder faire ses courses, c'est d'un ennui mortel. Et même si c'est pas l'éclate à l'heure actuelle, j'estime ne pas être tombée aussi bas ! J'ai choisi une nouvelle plume, un parchemin de qualité supérieur et une encre qui, selon comment tu regardes le parchemin, change de couleur. N'est-ce pas merveilleux ? Ma mère en sera ravie, vous pouvez en être sûre et comprendra parfaitement l'utilité de cet achat, sans rien avoir à y redire ... On y croit ! Mais au fond, c'est exactement ce que je cherche, donc je suis ravie.

Je vois Rachel revenir, une fois sa plume achetée. Elle me demande ce qui m'amène, sans préciser si c'est au Chemin de Traverse ou dans cette charmante boutique. Je vais opté pour la seconde option, parce qu'elle est, à mes yeux, beaucoup plus intéressante. Qu'est-ce qui m'amène ? Voilà la grande question. Ai-je envie de lui répondre ? Et surtout, que va être ma réponse ? Vais-je lui dire la vérité ? Que je fuis une amie ennuyante pour m'offrir quelques instants de liberté et de repos. Vais-je inventer une histoire dont j'ai le secret ? Ma mère est en train de m'acheter une surprise pour la rentrée et elle m'a demandé de venir ici pour chercher des fournitures scolaires. Evidemment, je ne peux pas lui dire ça, elle a certainement dû comprendre, si elle n'est pas complètement débile, que les rapports entre ma mère et moi ne sont pas au beau fixe. Je pense que le côté riche passerait crème, mais il vaut mieux se pencher sur autre chose. Mon père avait une réunion importante et il m'a demandé de l'attendre ici. J'erre donc parmi les boutiques pour me divertir. Non. Jamais je ne prononce le mot "père" et ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer. Allons au plus simple, je n'ai pas envie de me prendre la tête avec un vulgaire mensonge, il n'y a aucun intérêt de toute façon, je ne vais rien gagner à mentir et dire la vérité ne me portera pas préjudice. "Mon amie est en train de parler Quidditch avec le vendeur en face et cette conversation n'a aucun intérêt à mes yeux, j'ai préféré les laisser finir leur débat et j'ai avancé !" Bon, ce n'est pas totalement la vérité mais ça ira bien malgré tout. Je me dis qu'il vaut mieux dire ça, au cas où mon amie nous retrouve. On évite le moment où je me demande si Rachel va vendre la mèche ou pas. Là au moins, ça reste la version officielle et c'est tout ce qui compte ! Je pourrais faire passer mes nombreux coups d'oeil par la fenêtre par une peur de voir mon amie disparaître sans m'attendre. Pauvre petite fille perdue que je serai... bouhou ! "Maintenant que tu as tes fournitures, quel va être ta deuxième étape ?" Demandais-je, plus pour faire la discussion qu'autre chose. Je vous l'ai dit, j'ai du temps à perdre et visiblement elle aussi ! Autant qu'on le perde ensemble.

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Jusqu'à présent, ce que j'ai déduit de son comportement est vrai. J'ignore jusqu'où nous allons aller toutes les deux mais je suis plutôt bien lancée. Après il n'y a pas d'enjeu quelconque, raison pour laquelle je ne me prends pas vraiment la tête. C'est vrai, j'ignore tout de cette fille en dehors de son nom, du fait qu'on fréquente Poudlard toutes les deux et qu'elle kiffe l'interdit. C'est assez mince pour déterminer si un jour elle pourrait m'être utile ou pas. En tout cas dans le doute, autant essayer de jouer les bonnes cartes, histoire de ne pas se fermer une porte. Je n'aimerai pas découvrir dans quelques mois que cette fille pourrait être un atout majeur dans mon jeu et ne pas pouvoir m'en servir parce que je l'ai sous estimé. J'ignore ce que cette fille pense de moi, mais si elle me méprisait, je suppose qu'elle s'en serait déjà aller. C'est une simple supposition, certes, mais je n'ai pas la sensation qu'elle soit du genre à s'encombrer des apparences. Quand j'ai reposé la plume, elle n'a pas eu l'air de mal le prendre, au contraire et c'est juste dirigée vers la caisse pour la payer. Je suppose donc que je venais de passer son test, même si je me demande ce que ça aurait été si je l'avais gardé caché ? Je suppose que je ne le saurai jamais ou pas dans l'instant en tout cas. Cette fille est assez étrange, je n'ai pas réellement d'amies dans ce genre là dans mon entourage. Très certainement à raison, car là où elle a l'air de se moquer des apparences, elles me sont très chères. J'ai bien des amies au caractère bien trempé et qui pourrait me détruire si elles y mettaient du leur, je pense à Candice en disant ça, entre autre, mais pas des filles dans son genre. Ce serait peut-être à remédier, sait-on jamais !

En tout cas la voici revenir de la caisse, me demandant ce qui m'amenait dans le coin. Je lui explique la situation, en omettant quelques détails. Elle n'a pas besoin de tout savoir après tout, l'essentiel suffira. Sa réponse m'étire un léger sourire. En effet, grosse journée en perspective, on est sur du haut niveau. On va s'éclater dur. Le problème c'est qu'en soit, la journée est assez banale, mais pas totalement dénuée d'intérêt. Mais disons que plusieurs jours qui se ressemblent, ça me donne le cafard. Les deux premiers jours ça allait, c'était dépaysant, j'étais loin de ma mère ou de mes abrutis de frères et je pouvais m'imaginer être quelqu'un d'autre. Sauf que ce quelqu'un est d'un ennui mortel et que si ça continue comme ça, je vais me prendre avec les lacets de mes chaussures. "Grosse ambiance !" Dis-je ironiquement. On est en effet sur du lourd. C'est bien pour ça que cette boutique qui donne le cafard s'apparente comme un havre de paix et ce patron, un être les plus sympathiques. Ironiquement, bien entendu, mais bon, actuellement c'est toujours mieux que rien. Rachel commence à se rapprocher de la sortie et au moment d'enclencher la poignée de porte, se tourne vers moi pour me proposer un verre. Je suppose que ça ne se refuse pas vu la situation dans laquelle je me retrouve et j'imagine même que ça sera une belle excuse à balancer à mon amie. "Tu étais en pleine conversation et je l'ai vu au loin, je n'ai pas voulu te déranger et je suis allée lui dire bonjour." "Je paye mes articles et je te suis !" Lui dis-je avant de me tourner vers la caisse. Je lui sors l'argent que je lui devais et avant de partir je lui sors avec mon plus beau sourire. "Ce fut un vrai plaisir de passer ce moment dans votre boutique. Vous êtes un véritable rayon de soleil !" Je me moque un peu de savoir comment il aura pris ma petite remarque ironique, je suis déjà dehors en compagnie de Rachel et nous nous rendons au chaudron baveur pour boire un verre. Je ne prends même pas la peine de regarder dans la boutique en face pour voir si mon amie était toujours là. Elle se démerde !

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Mon court périple dans ce taudis prenait enfin fin. Non pas que j'étais ravie de pouvoir dépenser le peu d'argent que ma mère me donnait dans des choses futiles, mais disons que je connais des boutiques beaucoup plus accueillantes, qui vendent des produits qui m'enchantent plus. Mais il faut croire que la chance n'a pas été de mon côté et j'ai fait avec les moyens du bord. Au moins je pourrais toujours prétendre que j'avais besoin impérativement de nouvelles plumes, encres ou parchemins et que je n'allais décemment pas écrire avec mon sang, du bout de mes doigts, sur de vieux papiers que j'aurai récupéré un peu au hasard. Evidemment, elle pourra me prouver que j'avais déjà tout à la maison ou qu'elle aurait pu trouver moins cher ailleurs, mais c'est aussi le plaisir de la chose, savoir qu'elle a raison et la rendre dingue. Je lâche une petite réplique de mon cru au patron de cette boutique. Enfin, on suppose que c'est le patron mais rien ne nous le prouve non plus. Et s'il ne l'est pas, peut-être que le vrai patron devrait envisager de trouver un autre remplaçant à son vendeur fort peu sympathique, ça lui ramènerait peut-être un peu plus de monde. Nous quittons ce trou pour nous diriger vers le chaudron baveur. Je n'accorde pas un regard vers la boutique de Quidditch, au contraire de Rachel qui me demande si on attend pas mon amie. Par réflexe, j'aurai eu tendance à lui dire "pourquoi faire ?" mais je me retiens fort heureusement de justesse. Ne jamais parler sans réfléchir, cela peut jouer des tours. Je m'arrête donc et glisse un regard vers la boutique, essayant de trouver une raison valable à ma non-envie de passer du temps avec elle. "Elle est en de charmante compagnie et je suis persuadée qu'elle m'en voudrait si je venais la chercher maintenant." Dis-je dans un premier temps, avant d'avoir trouver l'excuse parfaite pour expliquer mon envie de la laisser dans son coin. Je glisse un peu plus bas à Rachel, avec un léger sourire en coin "Elle a un faible pour le vendeur et désespérait de ne pas arriver à attirer son attention. Pour une fois qu'elle n'a pas ses parents sur le dos, autant la laisser profiter un peu !" En soit ce n'est pas complètement faux, quand elle vient ici, c'est toujours avec ses parents. Si le vendeur lui plaisait vraiment, elle n'aurait jamais l'occasion de pouvoir lui faire les yeux doux, alors que là, seule, elle peut se faire plaisir et tenter sa chance. Evidemment une fille de 14 ans, au physique banal, n'a aucune chance d'attirer un vendeur d'une petite vingtaine d'années, mais ça, je ne suis pas obligée de le dire à Rachel.

En plus je n'ai pas envie de partager Rachel. On ne se connaît pas encore, mais je sens qu'elle pourrait être intéressante et je ne veux avoir personne dans les pattes pour en découvrir plus sur son compte. Je me dis qu'en tête à tête, j'obtiendrai bien plus d'informations sur elle, verbales ou non. Je ne peux pas l'analyser tranquillement si j'ai l'autre accrochée à moi, mal à l'aise parce qu'elle ne connaîtrait pas Rachel et qu'elle n'accrocherait certainement pas avec son caractère. Et je pense sincèrement que l'inverse serait tout aussi vrai. Alors nous laissons mon amie derrière et nous allons rejoindre le Chaudron Baveur. De toute façon elle sera obligée de repasser par là pour rejoindre ses parents alors je finirais forcément par la revoir. J'ignore combien de temps j'ai encore de répit, mais je prends chaque seconde qu'on m'offre avec grand plaisir. Nous nous installons à une table, dans un coin et Rachel lance la conversation. Tout en m'installant, je réfléchis à sa question. Suis-je dans l'euphorie de la rentrée ? Assurément que non. C'est Poudlard, il ne faut pas déconner non plus. Ils parlent d'une école réputée mais moi je vois un grand laissé aller. C'est affligeant. J'aurais apprécié néanmoins vivre à l'époque des fondateurs, pour rencontrer ce fameux Salazar Serpentard. Extrémiste, certes, mais certainement très intéressant. J'imagine que de dire que j'aurai aussi voulu être à l'époque de Voldemort ferait mauvais genre, mais on ne peut nier que ça aurait été très enrichissant aussi. Une telle ambition ne peut pas être totalement dénigrée. Il savait ce qu'il voulait et s'en est donné les moyens, dommage que ça n'est pas fonctionné. J'offre un sourire à Rachel. "Ni l'un, ni l'autre je dirais ! Ce n'est pas le meilleur endroit sur terre mais il offre quelques divertissements non négligeables." Si j'étais restée coincée à Inverness, jamais je n'aurai rencontré Finn et donc jamais je n'aurai pu envisagé réellement de pouvoir récupérer ce que j'avais perdu. Avec lui comme allié, j'ai encore un espoir de pouvoir reconquérir ma famille et obtenir leur pardon pour les erreurs de mes parents. "On peut y faire des rencontres intéressantes par moment !" Par moment est important, parce qu'on ne peut pas dire que les trois quarts de mes camarades sont extrêmement intéressants ou dignes d'intérêts. Mais certains le sont, c'est toujours ça de pris !

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Je suis ravie qu'elle n'insiste pas sur cette histoire avec mon amie. Je me doute bien qu'en ne la connaissant pas, elle n'aspire pas à chercher plus loin et vous savez quoi, moi ça m'arrange ! Je n'ai rien contre mon amie, elle est sympathique, mais à cet instant, je ne la voulais pas dans mes pattes. Je voulais avoir le champ libre pour analyser cette chère Rachel et savoir à qui j'ai à faire. Ca ne sera pas facile, c'est un fait, mais tant mieux, je n'aime pas quand les choses sont trop faciles, cela devient vite ennuyant et lassant. Sans mon amie dans les parages, je peux devenir qui je veux et laisser voir ce que je souhaite de moi. Si elle avait été là, elle n'aurait pas compris pourquoi j'agis de cette façon et je n'ai aucune envie qu'elle me pose des questions ensuite. Alors c'est pour le mieux qu'elle soit occupée ailleurs et qu'elle me rejoigne plus tard. En attendant je passe un moment assez agréable avec cette fille. Disons que j'aime quand je navigue dans le brouillard mais que ce dernier se désépaissit à certains endroits. Il existe encore de nombreuses parts d'ombre chez elle, mais je commence à cerner lentement le personnage. Je vois vaguement les traits de son caractère et je sens qu'il est tout aussi complexe que moi. Elle ne va pas être facile à cerner et c'est pour le mieux, j'ai besoin de me changer les idées et de pratiquer un peu mon talent en analyse, histoire de ne pas perdre la main. Et si je peux tester mon pouvoir sur elle, je ne vais pas me gêner. Nous quittons la ruelle du chemin de traverse pour rejoindre le Chaudron Baveur. L'ambiance est assez glauque, on ne va pas se mentir, mais c'est loin d'être déplaisant. Il est évident que je préférerais me retrouver dans un endroit chic, qui pue le fric à plein nez et la réussite sociale, mais disons que pour découvrir ce que cache notre amie ici présente, je suppose que ce lieu est tout trouvé.

Nous nous installons à une table et nous passons notre commande. Rien d'extravagant pour moi, je commande un jus de mangue. J'adore le goût léger et sucrés que ce jus laisse dans ma bouche. Je déteste le jus de citrouille, j'ai toujours l'impression de boire du jus de chaussette et je n'aime pas vraiment la bieraubeurre, bien trop sucré et gras à mon goût. J'ignore comment font mes camarades pour boire ce breuvage fort écoeurant, ça me donne la nausée à chaque fois. Rachel me pose des questions et je tache d'y répondre à ma façon. Ne pas trop me dévoiler pour ne pas qu'on s'ennuie mais suffisamment pour relancer la conversation. J'aime laisser planer un peu de mystère, je n'aime pas quand les gens pensent m'avoir cernés. Parfois je fais semblant qu'ils ont vraiment réussi à me cerner, pour leur faire plaisir et ainsi obtenir un peu de leur confiance. C'est vrai, quand on pense avoir cerné une personne, on se dit qu'elle ne peut pas nous jouer un mauvais tour, alors que c'est quand on prend un peu trop la confiance qu'on se mange un mur. Les propos de Rachel m'intrigue un peu et il y a une chose que j'aimerai découvrir par dessus tout : de quel côté elle est. Pourrais-je un jour la voir de mon côté ? Ou est-elle de leur côté à eux ? Me servira-t-elle ? Ou dois-je plutôt me méfier ? Il va falloir que je le découvre rapidement pour savoir sur quel pied danser avec elle. Et si elle est de leur côté, peut-on la corrompre ? C'est une excellente question. "Comment as-tu vécu l'année avec Blackman ?" Demandais-je, l'air de rien. Je ne laisse aucun indice sur ce que je pense de mon côté, je veux savoir à qui j'ai à faire et il me semble que parfois, il ne faut pas trop tourner autour du pot et aller droit à l'essentiel. C'est une simple question et je m'attendais évidemment à ce qu'elle me la retourne. Je ne sais pas encore ce que je vais répondre mais il est certain que ma réponse s'adaptera à la sienne. Je ne suis pas ici pour me griller en trente secondes avec une parfaite inconnue. J'ai toujours su me tenir à carreau et apparaître sympathique aux yeux d'un maximum de monde pour me planter si vite.

"Et quelles sont tes bonnes rencontres ?" Lui demandais-je, curieuse. De qui est-elle proche ? Vers qui se tournerait-elle en cas de besoin ? Dis moi avec qui tu traînes et je te dirais qui tu es. Selon sa réponse, cela m'aidera à m'orienter. Evidemment, elle peut me mentir, mais pourquoi ferait-elle ça ? Elle ignore ce que je pense, ni ce que j'attends vraiment d'elle. Je me contente de poser de simples questions, rien de plus. Des questions qui n'ont l'air de rien mais pourraient m'en dévoiler beaucoup sur elle. Tout le monde parle de l'époque Blackman comme une année d'horreur sans nom. Les gens aiment s'en plaindre, dire comment ils ont souffert ou comment ils ont regardé leurs amis souffrir sans pouvoir rien faire. Ils aiment se vanter d'avoir fait parti de la résistance, que ce soit vrai ou non. Evidemment, je ne m'attends pas à ce qu'elle me dise qu'elle était du côté de Blackman, ça serait du suicide pour elle, mais elle pourrait me laisser à penser que toute cette histoire ne l'a pas plus atteint que ça et ça serait légitime. Je n'ai strictement rien ressentie, en dehors peut-être de la satisfaction de voir enfin justice se faire. Je n'ai rien contre les nés moldus en soit, j'ai quelque chose contre les pauvres et ceux qui ne méritent pas de briller au même niveau que moi. Je suis née pour réussir, devenir quelqu'un et ce n'est pas une erreur de parcours de mes parents qui va détruire mon avenir, c'est moi qui peut vous le dire !

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Je savais que je commençais très fort avec ma question mais c'était le but. C'est de la provocation, pure et dure et j'aime bien, je ne ressens aucune gêne personnellement, ce qui n'a pas l'air d'être le cas de Rachel, assise en face de moi. Et on ne va pas se mentir, cela m'amuse beaucoup même si je ne laisse rien paraître. Je l'observe, tranquillement, analysant chaque centimètre carré de sa physionomie et observant chaque tic et chaque réaction qu'elle pourrait avoir. Ce n'est pas si facile que ça que de décoder le visage des gens. Il n'est pas si évident d'analyser leur comportement pour déterminer ce qu'ils pensent puisque les gens sont bien plus compliqués qu'on pourrait le croire. Certains apparaissent comme un livre ouvert, c'est un fait, mais d'autres sont un peu plus compliqué à la lecture et il faut savoir prendre son temps. Et Rachel m'offre tout le temps que je veux pour essayer de comprendre qui elle est. Déjà, je sais que ce n'est pas une née moldue. Elle en aurait été une, elle se serait lamentée sur son pauvre sort, me parlant des conditions atroces dans lesquelles ils étaient et me barbant sur les tâches quotidiennes qu'elle avait à faire et qui étaient toutes dégradantes. Je le sais tout ça, ils ne font que se répéter, je pense qu'on a compris. Mais est-ce que ça nous intéresse ? Absolument pas. Leur sort m'importe peu. Je suis donc satisfaite de savoir que je ne suis pas en présence d'une née moldue. Ca aurait certainement fait dresser les poils de Finn, si ça avait été le cas mais moi non, mon rapport avec eux et bien différent du sien. J'ai donc le choix entre une sang mêlée ou une sang-pure. Je vais devoir attendre sa réponse pour le déterminer, parce que ce n'est marqué sur son visage. Ce qui est sûr, c'est que je doute qu'elle ait fait partie de la rébellion. En général les gens aiment se la raconter et se mettre en avant par rapport à ça. Déjà on connaît le nom de ceux qui ont été à la tête de la rébellion et elle n'en fait pas partie, mais mon petit doigt me dit qu'elle n'a rien fait du tout. Est-ce pour ça qu'elle met autant de temps pour me répondre. Elle finit enfin par briser le silence qu'elle a installé et sa réponse est assez ... spéciale. Ca m'aide sans m'aider. J'avais raison pour le côté née moldue mais ça ne me dit pas si j'avais vu juste sur la rébellion. "Mon lit était très confortable !" Dis-je en esquissant un sourire. Jusque là, je ne me mouille pas plus qu'elle. Je n'ai pas honte de dire que je n'ai pas fait partie des nés moldus, de toute façon ce n'est un secret pour personne. Je me penche un peu vers elle. "La question qui reste à savoir c'est si tu as eu une âme de révolutionnaire ou non !"

Je sais que je joue à un jeu dangereux, mais je trouve qu'il y a trop de non-dit parmi les sangs purs et les sang mêlés. Parce qu'on ne veut pas être jugé, on se terre dans le silence. Mais pourquoi ? On est des gosses, pourquoi aurait-on honte de n'avoir rien fait ? Qui a dit que je devais souffrir pour les autres ? J'avais 12 ans, j'ai pas signé pour souffrir à la place des autres, désolée. J'ai pensé à ma gueule et pas à celle de mes camarades et j'aime à croire qu'ils auraient fait la même chose. Alors wouhai, ça peut apparaitre comme lâche, mais en soit, je m'en moque. Evidemment, je ne le hurle pas sur tous les toits, mais un petit quelque chose me dit que cette conversation va se révéler fort intéressante. Nos boissons finissent par arriver et notre discussion s'arrête quelques instants, avant de reprendre tranquillement. Et là, Rachel ne met pas 3 ans à me répondre, elle a l'air d'être plus à l'aise avec cette question, ce qui en soit peut se comprendre. Elle parle de quelques camarades à elle de sa maison et d'un Sorensen, sans préciser lequel. Finn m'aurait parlé d'elle s'il la connaissait, non ? Surtout qu'on traîne beaucoup ensemble, je pense que j'aurai fini par la remarquer. Après peut-être que je ne connais pas tous les "amis" de mon meilleur ami, mais je ne sais pas, ça me paraît peu probable. Elle finit par me dire qu'elle parlait d'Hannibal, ce qui avait tout de suite plus de sens. Je ne le connais pas vraiment. En dehors du fait qu'il est très charmant et très proche de sa famille, c'est à peu près tout ce que je sais de lui. J'imagine qu'on finira par vraiment faire la connaissance l'un de l'autre, peut-être à la soirée que donne son grand-père dans quelques jours. Si elle est proche d'Hannibal, je suppose donc que mon intuition était bonne et qu'elle peut-être une personne intéressante. J'aime à croire qu'Hannibal n'est pas un gros blaireau qui se laisse approcher par n'importe qui. Elle augmente lentement dans mon estime. "La famille Sorensen est très respectée dans le monde sorcier." Me contentais-je de dire dans un premier temps. Peut-être pas par tout le monde, après tout, on ne peut pas être aimé de tous, mais on ne peut pas nier qu'ils ont une certaine forme d'influence et qu'il peut-être intéressant d'en rester proche pour voir si ça peut nous servir. C'est en tout cas ce que j'ai décidé de faire. "Tu devrais te pencher sur le cas de Finnbjörn, il n'est pas celui qu'on croit !" Dis-je dans un sourire.

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